n palier magnétique passif PMP ne fonctionne que par les forces perma-
U nentes d’interaction entre sa partie fixe et sa partie tournante. Ces forces
peuvent être créées :
— soit par l’attraction entre des pièces en fer doux en vis-à-vis, polarisées par
un flux magnétique ;
— soit par l’attraction ou la répulsion directe entre des aimants permanents.
Le premier principe est utilisé dans les paliers magnétiques passifs à réluc-
tance variable ; le second dans les paliers à aimants permanents.
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Quel que soit le système, ces paliers passifs ont pour fonction soit de centrer
un axe (exactement comme un roulement à billes), soit de contrôler la transla-
tion le long de l’axe. Dans le premier cas, le palier est appelé centreur magné-
tique, et dans l’autre cas butée magnétique. Tous les deux sont des paliers
magnétiques. Nous utiliserons l’appellation « palier magnétique » pour tout ce
qui est valable dans les deux cas, et « butée » ou « centreur magnétique » pour
ce qui leur est spécifique.
Les paliers passifs sont quelquefois utilisés pour contrôler des déplacements
linéaires. Comme les applications de ces paliers passifs linéaires sont très peu
nombreuses, nous ne développerons que les paliers tournants : centreurs et
butées.
Le calcul de ces paliers fait l’objet de différentes méthodes de calcul analytique
ou numériques des forces et des raideurs.
Ces paliers magnétiques ne sont que des composants magnétiques de sus-
pensions. Pour réaliser une suspension magnétique complète, il faut les associer
correctement à des paliers magnétiques actifs.
On peut aussi associer une suspension magnétique partielle de paliers passifs
à un système mécanique de centrage ou de butée.
Le lecteur pourra également se reporter aux références [1] [2] [3] [4] en bibliographie.
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Fer doux A1 A2
Répulsion
Aimant Pièces
polaires E1 E2
Attraction
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a1 a2
Répulsion
e1 e2
Attraction
Fz
Partie tournante
∆Fr
Partie fixe
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W = – V
J ⋅H dV
R rayon du palier
Comme J est constant, il est possible de démontrer que le L distance entre le palier et le centre de basculement
laplacien de cette énergie est nul :
Figure 9 – Stabilisation angulaire par un palier magnétique
d2 W d2 W d2 W
∆W = -------------- + -------------- + -------------- = 0
dx 2 dy 2 dz 2
Les forces et les raideurs exercées sur le corps peuvent être cal- En conséquence, aucun système magnétique réalisé avec des
culées par le gradient de cette énergie d’interaction : aimants ou des pièces en fer doux à aimantation induite ne peut
trouver de position stable dans un champ magnétostatique. Ce
F = – grad W résultat est connu sous le nom de théorème d’Earnshaw.
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a e a
b
d
rm
Disque
conducteur
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avec :
3.1.1.2 Centreur à bagues identiques superposées
[(a + e )2 z 2 ]2
--2- ln [-----------------------------------------------------------------
( 2a + e ) + z ] [ e + z ]
z + Les notations sont les suivantes (figure 12) :
ϕ (z) = 2 2 2 2
-
rm rayon moyen du palier, au milieu de l’entrefer,
e entrefer,
a+e 2a + e e
– 2 ( a + e ) arctan -------------- + ( 2a + e ) arctan ------------------ + e arctan ----- ∆r décalage radial,
z z z
a hauteur des aimants (sens axial),
b largeur des aimants (sens radial),
Fz est en newton, J en tesla, toutes les longueurs sont en mètres J aimantation des aimants.
et les arctan sont exprimés en radians.
Pour obtenir des expressions homogènes avec celles de la
■ Expression des raideurs Kr et Kz configuration précédente, il faut noter que le sens des dimensions
a et b a été permuté.
J2
K r = ------------ r m { 2 ρ ( d ) – ρ ( d + b ) – ρ ( d – b ) } (2) Pour ce type de configuration, il faut calculer la force axiale Fz et
4 µ0 les raideurs Kr et Kz . En position centrée, la force radiale Fr est nulle.
Pour un petit déplacement ∆r, on peut calculer la force radiale par
avec : la relation :
[ ( a + e )2 + z 2 ]2 ∆Fr = – Kr ∆r
ρ ( z ) = ln -----------------------------------------------------------------
-
[ ( 2a + e ) 2 + z 2 ] [ e 2 + z 2 ] Le calcul est valable pour les configurations suivantes :
En position centrée (d = 0), la raideur se réduit à : — centreur type E1 (aimantation axiale) ;
— centreur type E2 (aimantation radiale) ;
J2 ( a + e ) 4 [ ( 2a + e ) 2 + b 2 ] ( e 2 + b 2 ) — butée type e1 (aimantation axiale) ;
K r = ------------ r m ln --------------------------------------------------------------------------------------------
- (3)
2 µ0 ( 2a + e ) 2 e 2 [ ( a + e ) 2 + b 2 ] 2 — butée type e2 (aimantation radiale).
2e cas : décalage vertical d = 1 mm : Cette force axiale tend vers une valeur finie Fc quand les deux
aimants sont au contact (e = 0). Que les aimants soient en attraction
Fz = 46,5 N (en répulsion) [expression (1)] ou en répulsion, le module de la force Fc est théoriquement le
même ; seul le signe est opposé.
Kr = 19,2 · 103 N· m–1 = 19,2 N/mm [expression (2)]
Cette force de contact Fc a pour valeur :
Le décalage axial de 1 mm a engendré une force axiale de 46,5 N.
On peut vérifier la cohérence des résultats : autour de la position cen-
J2 4a 2 ( a 2 + b 2 ) a 2a
trée, on a bien :
µ0
F c = -------- r m 2a ln -------------------------------------
a 2 ( 4a 2 + b 2 )
- + 2b 2 arctan ----- – arctan --------- (5)
b b
∆Fz ≈ 2 Kr d
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Exemple :
Section des aimants a = 5 mm
b = 10 mm a /e = 5
Entrefer e = 1 mm
Rayon moyen rm = 35 mm
2
Aimantation (aimants SmCo5) J = 0,85 T
Calcul de la force axiale Fz (e = 1 mm) [expression (4)] a /e = 3
Fz = 154 N
Calcul de la force au contact Fc (e = 0) [expression (5)]
a /e = 2
Fc = 241 N
1
Calcul de la force de contact quand la hauteur a des aimants est très
grande [expression (6)]
Fc max = 632 N
a /e = 1
Calcul des raideurs radiale et axiale [expression (7)]
Kr = 25,7 N/mm
Kz = – 51,4 N/mm
0
3.1.1.3 Calcul de configurations plus complexes 0 2 4 6 8 10 20 b /e
Ces configurations sont décrites dans les paragraphes 1.2.4 et
1.2.5. Elles fonctionnent par interaction entre un groupe d’aimants
et un autre groupe d’aimants. Figure 13 – Variation de la fonction (a /e, b /e)
Pour calculer ces paliers, il suffit de superposer les forces et les
raideurs exercées sur chaque aimant.
3.1.2 Calcul simplifié de la raideur par abaque La forme de ces courbes permet de visualiser que pour un rapport
a/e donné, la courbe ρ (b/e ) passe par un maximum. Le lieu de ces
Nous ne développerons que le calcul des raideurs. Celles-ci peu- maximums est représenté sur la figure 13 par la courbe en pointillé.
vent se mettre sous la forme : Au-delà de ce maximum, la taille du palier augmente alors que la
1 J2 raideur diminue.
K r = – ----- K z = ------------ r m ρ ( a, b, e ) = 4 ⋅ 10 5 J 2 r m ρ ( a, b, e ) (8)
2 2 µ0 L’examen de ces abaques montre que la forme idéale de la section
où la fonction ρ (a, b, e ) ne dépend que des dimensions de la sec- des aimants est voisine de la section carrée. Il faut généralement
tion des aimants. Les variations de cette fonction peuvent être repré- respecter la relation :
sentées par des abaques (figure 13). Ces abaques ne sont que la
représentation graphique des expressions analytiques calculées a
----- B b B 2a
précédemment. 2
Exemple :
Section des aimants a = 5 mm
b = 10 mm 3.1.3 Calcul analytique simplifié (grand entrefer)
Entrefer e = 1 mm
Rayon moyen rm = 35 mm Quand l’entrefer e est du même ordre de grandeur ou supérieur
Aimantation (aimants SmCo5) J = 0,85 T aux dimensions a et b de la section des aimants, on peut alors uti-
Pour a/e = 5, et b/e = 10, on obtient ρ = 2,55, ce qui nous donne : liser des expressions très simplifiées.
1 En effet dans ces conditions, on peut assimiler les aimants à des
K r = – ------ K z = 4 ⋅ 10 5 J 2 r m ρ distributions linéaires de dipôles en interaction. À une distance r
2
= 26 ⋅ 10 3 N ⋅ m –1 d’une telle ligne de dipôles correspondant à un aimant d’aimanta-
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1 J 2 a 2 b2
K r = – ----- K z = 3 r m -------- ---------------------4- (9)
2 µ0 ( a + e )
∆Fr = – Kr ∆r
J 2 a 2 b2
Fz = 2 r m -------- ---------------------3- (10)
µ0 ( a + e )
Figure 15 – Centreur de type E1 : carte de champ obtenue
— Calcul des raideurs radiale Kr et axiale Kz (même expression
par simulation numérique
que précédemment) :
1 J 2 a 2 b2
K r = – ----- K z = 3 r m -------- ---------------------- (11)
2 µ0 ( a + e ) 4
3.1.4 Calcul numérique
Exemple (figure 14) :
Section des aimants a = 5 mm Les forces exercées dans les paliers magnétiques à aimants per-
b = 5 mm manents peuvent aussi être calculées par simulation numérique, par
Entrefer e = 5 mm exemple avec des méthodes d’éléments finis, ou de différences
Rayon moyen rm = 50 mm finies. Cette solution est à réserver pour les cas très complexes, où
le calcul analytique devient trop difficile.
Aimantation (aimants SmCo5) J = 0,85 T
Calcul de la force axiale [expression (10)] Les figures 15 et 16 montrent les cartes de champs obtenues par
simulation numérique (programme FLUX2D). La première figure
Fz = 35,9 N
montre un centreur de type E1, où les aimants sont en attraction.
Calcul des raideurs radiale et axiale [expression (11)] Pour la seconde, c’est une butée à aimants en répulsion e1.
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Φ
4. Suspensions magnétiques
réalisées avec des paliers
magnétiques passifs
Le théorème d’Earnshaw (§ 2.2) interdit la réalisation de suspen-
sions magnétiques complètes en n’utilisant que des paliers magné-
tiques passifs. Ces paliers passifs ne pourront être utilisés que
comme composants dans des suspensions magnétiques partielles,
ou bien associés à des paliers magnétiques actifs pour la réalisation
de suspensions magnétiques complètes.
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R Cm
Disque de comptage
Cm
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CMP
Type IV
BMA 4 degrés passifs 5. Utilisations
1 degré actif
CMP La raideur des paliers magnétiques passifs est généralement
beaucoup plus faible que celle des paliers actifs. Elle est généra-
CM centreur magnétique lement de l’ordre de quelques dizaines de newtons par millimètre.
BM butée magnétique
Leur charge axiale ou radiale est elle aussi plus réduite. En
conséquence, les paliers passifs sont très mal adaptés aux systèmes
A actif
soumis à d’importantes sollicitations (broches de rectifieuses par
P passif exemple). Par contre, ces paliers passifs étant des systèmes magné-
tomécaniques très simples, ils sont beaucoup plus faciles à utiliser
que les paliers actifs.
Figure 21 – Suspension magnétique à paliers passifs et actifs : Le domaine principal d’utilisation des paliers passifs sera donc
contrôle de l’axe de rotation celui des applications où le rotor n’est soumis qu’à de faibles
perturbations. En utilisant des paliers passifs, on obtient des sus-
pensions magnétiques plus simples, plus robustes et moins chères
que les systèmes tout actifs.
Ces paliers passifs sont surtout utilisés dans les systèmes tour-
nant à très grande vitesse :
— volants d’inertie de satellite ;
— volants de stockage d’énergie ;
CMA Type III — sélecteurs de particules ;
3 degrés passifs — pompes turbomoléculaires ;
BMP 2 degrés actifs — centrifugeuses, etc.
Pour d’autres applications, ce sont certaines caractéristiques par-
ticulières de ces paliers qui sont utilisées :
— absence de frottement pour les suspensions de disques de
compteurs électriques, les anémomètres, etc. ;
Figure 22 – Suspension magnétique à paliers actif et passif : — isolation des vibrations pour les suspensions du plateau de
contrôle du plan de rotation tourne-disques, etc.
Références bibliographiques
[1] YONNET (J.-P.). – Permanent Magnet Bearings Permanent Magnets », edited by J.M.D COEY, Trémolet de Lachaissere, Éditions de Physi-
and Couplings. IEEE Trans. or Magnetics, vol. Oxford Science Publications (1996). que Sciences (2000).
MAG 17, no 1, p. 1169-1173, janvier 1981. [4] Calcul des systèmes à aimants permanents.
[2] YONNET (J.-P.). – Magnetomechanical Devi- [3] Magnétisme : Fondements, Matériaux et Pratique des matériaux industriels, les réfé-
ces. Chapitre 9 de l’ouvrage « Rare Earth Iron Applications. Sous la direction d’Etienne du rentiels Dunod, février 2001.
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