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Lignes aériennes : chutes de tension

par Pierre JOHANNET


Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en génie atomique
Attaché au Département postes et lignes à la Direction des études
et recherches d’Électricité de France (EDF)

1. Calcul des constantes linéiques des lignes aériennes .................. D 4 438 - 2


1.1 Cas général................................................................................................... — 2
1.2 Impédances externes : inductances propre et mutuelle .......................... — 2
1.3 Impédances internes : résistance et inductance interne .......................... — 3
1.3.1 Résistance en courant continu .......................................................... — 3
1.3.2 Éléments affectant la résistivité......................................................... — 3
1.3.3 Impédance interne en courant alternatif .......................................... — 4
1.3.4 Cas des conducteurs bimétalliques .................................................. — 4
1.3.5 Conducteurs en faisceaux.................................................................. — 5
1.4 Capacités ...................................................................................................... — 5
1.4.1 Formulation générale ......................................................................... — 5
1.4.2 Relation entre les capacités réelles et les capacités cycliques des
composants symétriques................................................................... — 6
2. Calcul des chutes de tension................................................................ — 7
2.1 Calcul direct.................................................................................................. — 7
2.2 Cas d’une ligne quelconque ....................................................................... — 8
2.3 Cas des réseaux symétriques ..................................................................... — 8
2.3.1 Réseau triphasé symétrique équilibré : le mode direct................... — 8
2.3.2 Formulation générale : équation des télégraphistes ....................... — 9
2.3.3 Simplifications. Méthode du dipôle .................................................. — 10
2.3.4 Méthode des puissances actives et réactives .................................. — 10
3. Exemple numérique................................................................................. — 11
3.1 Données........................................................................................................ — 11
3.2 Calculs des paramètres de la ligne ............................................................ — 11
3.3 Calcul des paramètres secondaires Zc et γ ................................................ — 11
3.4 Calcul des tensions V2 ................................................................................. — 11
3.5 Bilan .............................................................................................................. — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 438

e calcul des chutes de tension apparaissant le long des lignes de transport


L d’énergie dépend :
— du courant de service de la ligne et de sa tension nominale ;
2 - 1997

— des constantes linéiques de la ligne : résistance, inductance, capacité, qui


dépendent elles-mêmes des paramètres physiques et géométriques de la ligne
(nature des câbles, distances entre conducteurs, hauteurs au-dessus du sol).
Les chutes de tension peuvent être facilement calculées, dans leur formulation
complexe, par des moyens de calcul partout disponibles aujourd’hui.
D 4 438

Nous conserverons cependant dans cet article la formulation simplifiée


(équivalence ligne-dipôle, puissances actives et réactives) qui conserve un intérêt
théorique et didactique certain.

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LIGNES AÉRIENNES : CHUTES DE TENSION __________________________________________________________________________________________________

1. Calcul des constantes 1.2 Impédances externes : inductances


propre et mutuelle
linéiques des lignes
aériennes Si l’on peut se contenter de solutions correctes à bref délai, on
peut utiliser le formalisme suivant [1] [2].
Dans le cas de conducteurs électriques en présence d’un sol plan
Comme tout calcul de chutes de tension, celui-ci nécessite la supposé parfaitement conducteur, on utilise classiquement la
connaissance des impédances et admittances linéiques de la ligne : théorie des images qui permet d’aboutir à une formulation rapide
résistance, inductance et capacité par mètre de longueur. (figure 2).
Les formules sont exprimées à partir du réseau triphasé, qui Comme nous sommes en présence d’un sol mauvais conducteur
résume la quasi-totalité des cas rencontrés. Elles sont identiques dont la résistivité varie de 1 à 104 Ω · m (valeur repère 100 Ω · m),
dans le cas de réseaux à n phases équilibrées. nous allons utiliser la notion de profondeur complexe de pénétra-
tion.
Celle-ci est définie par la relation :
1.1 Cas général
ρs
Considérons une ligne triphasée constituée d’un ensemble de trois δs = ------------ (2)
µ0 p
conducteurs au-dessus du sol qui constitue en fait un quatrième
conducteur qui servira de conducteur de référence (figure 1). avec ρs résistivité du sol (Ω · m),
Les chutes de tension sur une section élémentaire de ligne de µ 0 perméabilité du vide = 4 π × 10–7 H/m [dans le cas d’un sol
longueur dx, pour les trois conducteurs, s’expriment par la relation à propriétés magnétiques, on peut remplacer µ 0 par le
matricielle : produit µ 0 µ r où µ r est la perméabilité relative du sol
V1 Z 1 M 12 M 13 I1 ( µ r  1 )],
∂ p = jω = j 2πf pulsation complexe,
------ V = M 21 Z 2 M 23 I2 (1)
∂x 2 j = –1 ,
V3 M 31 M 32 Z 3 I3
f fréquence (Hz).
avec Vi tension sur le conducteur i, La profondeur de peau complexe δ s est reliée à la profondeur de
peau réelle δ r par la relation :
Zi impédance propre du conducteur i,
M ij impédance mutuelle entre les conducteurs i et j. δr
δ s = ----------
- (3)
En toute rigueur, seules les équations de Maxwell permettent de 1+j
résoudre le système (1) pour une fréquence donnée (par exemple,
la fréquence industrielle) ; on aboutit vite à des expressions inextri-
cables en pratique.
Une solution consiste à utiliser les programmes de calcul de
champ en éléments finis de type Flux 2 D qui donnent des solutions
précises dans des temps raisonnables.

Figure 1 – Éléments généraux pour le calcul


des chutes de tension sur une ligne triphasée Figure 2 – Paramètres géométriques

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On indique dans le tableau 1 les profondeurs de pénétration avec ρc résistivité (Ω · m),


réelles pour plusieurs résistivités de sol en fonction de la fréquence.  longueur (m) ; on prend le plus souvent  = 1 m pour le
(0) calcul des impédances linéiques ,
Tableau 1 – Profondeurs de pénétration réelles  r S section du conducteur (m2).
La résistivité est une caractéristique physique du conducteur. Elle
dans le sol (en mètres) dépend linéairement de la température suivant une relation de la
forme :
f (Hz)
ρcθ = ρc0 (1 + α ∆θ ) (8)
 s (Ω · m)
1 50 103 106 avec ρcθ résistivité à la température θ (oC),
1 503,3 71,18 15,92 0,503 ρc0 résistivité à la température θ0 (oC),
10 1 592 225 50,3 1,59
α coefficient de température (oC –1) à θ0 ,
∆θ différence de température θ – θ0 (oC).
100 5 032 712 159 5,03
Le tableau 2 donne les résistivités et les coefficients de tempéra-
1 000 15 915 2 250 503 15,9 ture pour différents conducteurs. (0)
10 000 50 330 7 118 1 591 50,3

Tableau 2 – Résistivités des conducteurs


On voit que, pour les sols habituels à des fréquences voisines de rencontrés dans l’industrie
la fréquence industrielle, les profondeurs de pénétration sont très
élevées vis-à-vis de la hauteur habituelle des lignes au-dessus du sol. Résistivité
Avec ces hypothèses, l’inductance propre linéique d’un
conducteur au-dessus du sol de résistivité ρs s’obtient en  c à 0 oC  c à 20 oC 
employant la théorie des images ; on obtient : Conducteur
entre 0 et 100 oC
µ 0 2 ( hi + δ s ) (10–8 Ω · m) (10–8 Ω · m) (oC–1)
L i = ------- In -------------------------- ( H ⁄ m ) (4)
2π ri
Argent pur 1,467 1,587 0,004 12
avec hi hauteur du conducteur i au-dessus du sol (m), Cuivre pur 1,543 1,678 0,004 39
Or 1,87 2,24 0,008 3
δs profondeur de pénétration complexe dans le sol (m),
Aluminium pur 2,36 2,654 8 0,004 29
ri rayon du conducteur i (m). Almélec 3,055 3,321 0,004
De même, l’inductance mutuelle entre les conducteurs i et j est Fer pur 8,45 9,71 0,006 51
égale à l’inductance propre entre le conducteur i et l’image j’ du Acier (1) 10,1
conducteur j par rapport au plan complexe à la profondeur δ s : Platine 8,98 10,6 0,003 93
Nickel 9,06 10 0,004 7
µ 0 D ij ′ Étain 10,4 11,4 0,004 2
M ij = ------- In ---------
2π D ij Plomb 18,95 20,648 0,004 1
Mercure 94,07 95,76 0,000 9
2
avec D ij ′ = P ij + ( h i + h j + 2 δ s ) 2 (5) Constantan
55Cu 45Ni 46 46 2 × 10–5
2
Inox 18/8 (1) 83
D ij = P ij + ( h i – h j ) 2 Inconel 600 (1) 100
Pij projection au sol de la distance entre les conducteurs i et j (1) Valeurs indicatives
(figure 2).
Dans le cas où les distances entre conducteurs sont faibles vis-à-vis
de leur hauteur au-dessus du sol, on peut écrire :
1.3.2 Éléments affectant la résistivité

µ 0 2(h + δ s)
En dehors de la température, les éléments affectant la résistivité
M ij = ------- In ------------------------ ( H ⁄ m ) (6) des conducteurs sont :
2π D ij
— le tréfilage des brins, qui modifie l’arrangement des cristaux
métalliques ;
hi + hj — le toronnage des brins en faisceaux, qui augmente le parcours
où h = ---------------
- est la hauteur moyenne des conducteurs au-dessus
2 du courant ;
du sol. — l’oxydation superficielle des brins, qui crée des résistances de
contact lorsque le courant saute d’un brin à son voisin.
1.3 Impédances internes : résistance On majore globalement la résistivité par deux facteurs K1 , K2 :
• K1 tient compte des opérations de tréfilage. Pour le cuivre,
et inductance interne l’aluminium et l’Almélec, on prend K1 = 1 ;
• K2 tient compte de la majoration de longueur due au câblage
1.3.1 Résistance en courant continu des couches extérieures (K2 = 1 pour une âme massive) et des
résistances de passage entre brins.
Lorsqu’un conducteur est parcouru par un courant continu, son
impédance se résume à sa résistance R donnée par l’expression : Le produit K1 K2 est voisin de 1 et conduit à majorer la résistivité
d’une valeur comprise entre 1,2 et 2,3 %.
ρc  En pratique, on prendra :
R = --------- ( Ω ) (7)
S • 1,3 % pour les conducteurs à base d’aluminium ;
• 2 % pour les conducteurs en cuivre.

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1.3.3 Impédance interne en courant alternatif ■ Il existe une autre représentation approchée, moins précise, mais
qui a l’avantage de séparer les parties réelles et imaginaires de
Lorsque les conducteurs sont parcourus par du courant alternatif, l’impédance.
les filets de courant tendent à se rapporcher de la surface du ● En continu, l’impédance du conducteur présente :
conducteur : c’est l’effet de peau ou l’effet Kelvin. Tout se passe ρ
comme si le courant cherchait à minimiser les flux induits à l’intérieur — la résistance R 0 = ----c- ;
S
du conducteur.
µ0 µr
■ Dans ces conditions, l’impédance interne d’un conducteur circu- — l’inductance L 0 = -------------
- (dont l’impédance est nulle en courant

laire de rayon r s’exprime par une relation due à Shelkunoff [3] : continu).
● En alternatif, la résistance varie sensiblement suivant
l 0  ------
r
1  δc  ρc l’expression :
Z i = --------------- ---------------- avec δ c = ----------------
- (9) L0 ω
2πr δ c  r  µ 0µ rp
l 1 ------ R i = R 0 1 + ---------
- (11)
 δc  R0

avec µr = 1
pour un conducteur amagnétique, De même pour l’inductance :
l0 , l 1
fonctions de Bessel d’argument complexe. L0
ρc L i = ------------------------ (12)
Pour f → 0 , on retrouve Z i = -------- . L0 ω
πr 2 1 + --------- -
R0
ρc
Pour f → ∞ , Zi tend vers --------------- . Ces relations permettent d’obtenir rapidement une valeur
2πr δ c
approchée de la résistance ou de l’inductance internes sans passer
Il est possible de condenser ces résultats en une formule par les calculs en complexes.
unique [4] :
■ En fonction de la fréquence :
1 1
Z i = ρ c ------2 + -----------------------2- (10) — la résistance reste sensiblement constante du continu jusqu’à
S ( Pm δ c ) R0
une fréquence f0 définie par f 0 = ------------
- , puis varie en f ;
avec Pm périmètre du conducteur (m), 2πL 0
— à partir de cette fréquence, l’inductance interne décroît en
qui ne diffère de la formule exacte que de quelques % au voisinage 1⁄ f.
de la fréquence de transition définie plus loin.
À noter que le terme d’inductance interne est généralement
À titre indicatif, le tableau 3 donne les valeurs de Z i sous la négligeable vis-à-vis de l’inductance externe (quelques %).
● L’impédance associée à l’inductance interne L i ω tend à devenir
forme module  argument en o avec les deux formules pour un
égale à la résistance interne R i en module.
conducteur en cuivre (ρc = 1,68 × 10–8, r = 5 mm). (0) o
● La phase de l’impédance interne tend vers 45 .

Tableau 3 – Calcul exact (Zi1) et approché (Zi2) 1.3.4 Cas des conducteurs bimétalliques
des impédances internes (module et argument)
Dans le cas de lignes devant être soumises à des efforts importants
f Z i1 Z i2 par suite du vent, du givre ou de la neige collante, on utilise des
(Hz) (Ω · m–1  o) (Ω · m–1  o) conducteurs en aluminium sur une âme en acier.
Par exemple, dans le cas du conducteur Phlox 116, les brins d’alu-
0,001 2,139 · 10–4  8,41 10–5 2,139 · 10–4  8,41 · 10–5
minium ont une section totale de 56,5 mm2 et sont toronnés sur un
1 2,139 · 10–4  0,084 15 2,139 · 10–4  0,084 15 câble d’acier de 59,7 mm2.
50 2,148 6 · 10–4  4,188 7 2,150 4 · 10–4  4,177 6 Le calcul de la résistance globale de tels conducteurs est très
100 2,176 95 · 10–4  8,267 5 2,183 76 · 10–4  8,184 8 complexe et pratiquement inextricable si l’on utilise les équations
de Maxwell.
103 3,973 93 · 10–4  37,91 3,767 96 · 10–4  35,60
— La méthode actuellement la plus satisfaisante consiste à avoir
104 0,001 197 6  43,003 0,001 159 6  44,025 recours aux codes de calcul de flux en éléments finis de type Flux 2 D.
105 0,003 704  44,39 0,003 666  44,90 — Une méthode de calcul approchée est fondée sur les
considérations suivantes :
106 0,011 63  44,81 0,011 59  44,99
• en courant continu, la résistance est celle des conducteurs en
107 0,036 698  44,94 0,036 66  44,999 acier et en aluminium mis en parallèle ;
108 0,115 97  44,98 0,115 93  44,999 9 • à partir de la fréquence de coupure R0 /2πL0 du conducteur en
acier, le courant passe majoritairement par l’aluminium.
L’impédance du conducteur en acier est grande vis-à-vis de celle
Pour le calcul de la résistance, égale à la partie réelle de Z i , l’erreur du conducteur en aluminium.
maximale est inférieure à 2,6 % entre 103 et 104 Hz et bien inférieure Ces remarques autorisent la formulation suivante : l’impédance
pour les autres fréquences. interne Zib d’un conducteur bimétallique est très voisine de l’impé-
dance obtenue en mettant en parallèle l’impédance interne de
Un certain nombre de développements limités ou formules chacun des conducteurs calculée séparément. On obtient :
valables dans une gamme de fréquence donnée (lord Rayleigh,
Levasseur) ont été proposés : leur intérêt s’est éteint avec l’apparition   –1   –1
1 1 1 1
des calculatrices traitant les nombres complexes. Z ib =  ρ a -----2- + -------------------------2- +  ρ f -----2- + -------------------------2-
Sa ( Pm a δ a )  S f ( Pm f δ f ) 
  (13)

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avec ρa résistivité de l’aluminium = 2,7 × 10–8 Ω · m,


Sa section du conducteur en aluminium (m2),
Pma périmètre externe du conducteur en alumi-
nium (m),
ρa
δa = ----------
- profondeur de pénétration complexe dans
µ 0p l’aluminium,
ρf résistivité de l’acier = 10,1 × 10–8 Ω · m,
Sf section du conducteur en acier (m2),
Pmf périmètre externe du conducteur en acier,
ρf
δf = -----------------
- profondeur de pénétration complexe dans
µ 0 µ rp l’acier,
µr perméabilité relative de l’acier ≈ 1 000.
Les résultats du calcul du module de Z ib obtenus par chacune
des deux méthodes sont donnés sur la figure 3. Ils sont équivalents
en pratique. Figure 3 – Impédance interne en fonction de la fréquence
(câble Phlox 116)

1.3.5 Conducteurs en faisceaux


Dans le cas des lignes à haute tension, l’effet de peau et surtout
l’effet couronne conduisent à utiliser deux, trois, quatre, n...
conducteurs en parallèle à la place d’un conducteur unique de
section équivalente. Cette configuration influe sur l’expression des
impédances de la façon suivante.
■ Le rayon r à prendre en compte dans l’expression des inductances
propre et mutuelle est un rayon équivalent req différent de r.
● Si les n conducteurs ont leurs centres régulièrement répartis
sur un cercle de rayon R (figure 4) : Figure 4 – Rayon équivalent : conducteurs multiples réguliers

req = (nr Rn – 1)1/n (14)


● Si les n conducteurs sont entre eux à des distances quelconques,
on obtient, en prenant par exemple le conducteur 1 comme
conducteur de référence (figure 5) :

req = (r D12 D13 D14 ... D1n )1/n (15)

■ La résistance par conducteur dans un faisceau de conducteurs


proches est modifiée par effet de proximité. Cet effet a une origine
semblable à l’effet de peau : la minimisation des flux induits dans le
système.
Dans le cas général, le calcul demeure prohibitif et seuls les Figure 5 – Rayon équivalent : conducteurs multiples quelconques
codes de calcul en éléments finis comme Flux 2D aboutissent à des
solutions en des temps raisonnables.
Dans le cas de deux conducteurs circulaires, il est possible 1.4 Capacités
d’utiliser l’expression donnant l’impédance avec effet de peau
affectée d’un coefficient fonction de la distance entre les 1.4.1 Formulation générale
conducteurs.
Cette expression s’écrit : Pour un ensemble de conducteurs au-dessus d’un plan conducteur
(sol) (figure 6), les charges Qi qu’ils portent sont reliées à leurs
1 1 potentiels Vi par rapport au sol par la matrice des coefficients de
Z i = ρ c ------ – ----------------------------------------------------- (16)
S2 φ2 potentiel :
( Pm δ c ) 2  1 – K ------2-
 D 
V1 λ 1 µ 12 µ 13 Q 1
avec K égal à 0,7 pour des courants de même sens et 0,85 pour
des courants de sens contraires, V 2 = µ 21 λ 2 µ 23 Q 2 (17)

φ diamètre d’un conducteur (m), V3 µ 31 µ 32 λ 3 Q3


D distance entre les centres des deux conducteurs.
Cette relation a été limitée à 3 conducteurs, mais peut bien sûr
se généraliser à n conducteurs.

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λ+µ
Dans le cas de conducteurs de ligne circulaires (figure 7), la théorie avec C p = --------------------------------------- capacité propre (25)
des images fournit l’expression des coefficients de potentiel propres (λ – µ)(λ + 2µ)
et mutuels.
–µ
C m = --------------------------------------- capacité mutuelle (valeur négative) (26)
Les relations exactes s’écrivent : (λ – µ)(λ + 2µ)
hi d
1 p variable de Laplace, équivalent à l’opérateur de dérivation ------ ,
λ i = ------------ ar cos h ----- (18) dt
2π ε 0 ri égal à j ω en régime harmonique.

1 D ij ′
µ ij = ------------ ar cos h ------------ (19) 1.4.2 Relation entre les capacités réelles
2π ε 0 2Dij
et les capacités cycliques des composants
1 symétriques
avec ε 0 = 8,854 2 × 10 –12 ≈ -------------------
- F/m permittivité du vide.
36 π 10 9
■ On remplace V 1 , V 2 , V 3 par V d , a 2 V d , a V d dans le système
Dans tous les cas pratiques, r  D et h, et l’on peut utiliser les
relations approchées : 1 3 1 3
2h i direct, avec a = – --- + j -------- et a 2 = – --- – j --------
1 2 2 2 2
λ i = ------------ ln -------- (20)
2π ε 0 ri
On en déduit :
1 D ij ′
µ ij = ------------ In --------- (21) 1 2π ε
2π ε 0 D ij C d = C p – C m = ------------ = ------------0 (27)
λ–µ D
ln ----
Si Pij est la projection sur le sol de la distance entre les r
conducteurs, on a :
valable également pour une ligne à n conducteurs.
2
D ij = P ij + ( h i – h j ) 2
2
D ij ′ = P ij + ( h i + h j ) 2

La matrice des capacités que l’on cherche est l’inverse de la


matrice des coefficients de potentiel.
En effet :
[V] = [λ] [Q] ou [Q] = [λ]–1 [V ] = [C] [V ]
d’où [C] = [λ]–1 (22)
La matrice des capacités est donc connue dans le cas général.
■ Cas particulier : ligne triphasée avec D  h . Figure 6 – Tensions et charges d’un ensemble de 3 conducteurs
par rapport au sol
On prend une distance moyenne D entre conducteurs ainsi
qu’une hauteur moyenne h au-dessus du sol. Alors :
1 2h
λ = ------------ ln ------- (23)
2π ε 0 r

1 2h
µ = ------------ ln ------- (24)
2π ε 0 D

V1 λ µ µ Q1
V2 = µ λ µ Q2
V3 µ µ λ Q3

I1 V1
I2 = p [ Q ] = p [ C ] V2
I3 V3

Figure 7 – Paramètres géométriques d’un ensemble de conducteurs


Cp Cm Cm
[C] = [ λ ] –1 = Cm Cp Cm
Cm Cm Cp

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Figure 9 – Quadripôle équivalent à une ligne

Figure 8 – Schéma équivalent à un système de 3 conducteurs avec [Y] matrice des admittances,
en présence du sol [ I] vecteur des courants injectés dans les nœuds du sys-
tème. Sauf aux points de raccordement des sources, on
■ On remplace V1 , V2 , V3 par V0 , V0 , V0 dans le système homopo- a généralement I = 0 (lois des nœuds),
laire, d’où : [V] vecteur des tensions aux nœuds par rapport à un nœud
1 2π ε 0 de référence.
C 0 = C p + 2C m = ---------------- = ----------------
- (28)
λ + 2µ 8h 3 La matrice des admittances [ Y ] est généralement très facile à
ln ---------2- construire :
rD
— les termes diagonaux Y ii sont constitués par la somme des
Pour une ligne à n conducteurs, on a :
admittances raccordées au nœud i ;
1 2π ε 0 — les termes non diagonaux Yij sont égaux à l’admittance
C 0 = C p + ( n – 1 )C m = -------------------------------- = -----------------------
- (29)
λ + (n – 1) µ ( 2h ) n raccordée entre les nœuds i et j changée de signe ;
ln ----------------
n –
-
1 — la matrice est symétrique (réseaux passifs).
rD
Le processus de résolution est le suivant :
Le schéma réel équivalent au système des trois conducteurs
— on élimine par substitution les lignes et colonnes corres-
avec le sol est représenté sur la figure 8.
pondant aux courants nuls ;
Les capacités réelles sont, d’une part : — on calcule les courants I entrant en fonction des tensions
1 appliquées aux différents nœuds ;
C k = --- ( C d – C 0 ) = – C m (30)
3 — on résout le système [ V ] = [ Y ] –1 [ I ] où I sont connus, ce
donc la capacité entre conducteurs est la capacité mutuelle changée qui donne les tensions cherchées.
de signe (positive) ; d’autre part : Exemple : il est volontairement très simple.
Ce = C0 (31) On considère un élément de ligne représenté par un quadripôle
élémentaire (figure 9).
donc la capacité entre conducteur et sol est identique à la capacité
homopolaire. Le nœud de référence est le nœud 0 qui n’apparaît pas dans la
formulation : les tensions sont mesurées par rapport à 0.
Remarque : dans le cas de conducteurs en faisceau, on emploie le même rayon équivalent
que celui utilisé pour le calcul des inductances (§ 1.3.4) La formulation sous la forme de l’équation (32) s’écrit :

Cp 1 –1
I1 ------- + ----------------- ----------------- V1
2 R + Lp R + Lp
2. Calcul des chutes I2
=
–1 Cp 1 1 V2
----------------- ------- + ----------------- + -----
de tension R + Lp 2 R + Lp Z

I1 I1
2.1 Calcul direct avec = , I 1 inconnu,
I2 0
Le calcul direct des chutes de tension dans un réseau quelconque,
pour une fréquence considérée, revient à calculer l’état électrique V1 E
du réseau à partir des éléments connus, en utilisant les méthodes = , V 2 inconnu.
classiques des calculs de réseaux : V2 V2
— lois de Kirchhoff ;
— équations des mailles ; Pour simplifier l’écriture, on pose :
— équations des nœuds.
La méthode la plus utilisée par les programmes de calcul des I1 a b V1
réseaux revient à résoudre le système : =
I2 c d V2
[ I ] = [ Y ][ V ] (32)

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L’élimination de V 2 conduit à : Le processus de résolution est alors le suivant (on a supprimé


les crochets pour alléger l’écriture) :
b bc
I 1 – ----- I 2 = a – ---------- [ E ] V1 = V2 + Z I2
d d
comme I2 = Yc V2
Comme I 2 = 0 , l’expression finale est plus simple :
il vient : V 1 = V 2 + Z Y c V 2 = [ 1 + Z Y c ]V 2
bc
I 1 = a – ---------- E
d d’où : V 2 = [ 1 + Z Y c ] –1 V 1
On en déduit les tensions cherchées :
Par ailleurs :

V1
–1  b c I 1 = Y V 2 + ( 1 + Z Y ) I 2 = [ Y + ( 1 + Z Y ) Y c ]V 2
a b  a – ---------- E
=  d  (33)
V2 c d Le système est alors complètement déterminé.
0 L’intérêt de la matrice de transfert réside dans le fait que l’on
peut l’utiliser pour :
d’où V 1 = E (on retrouve la donnée initiale),
— des systèmes dissymétriques ou déséquilibrés ;
1 — des lignes longues ;
c -----------------
R + Lp — des phénomènes rapides ou des fréquences élevées.
et V 2 = – ----- E = -------------------------------------------- E
d Cp 1 1
------- + ----------------- + ----- En effet, dans ces deux derniers cas, les matrices [ Z ] et [ Y ]
2 R + Lp Z
1
peuvent être associées à une fraction --- de la ligne, compatible avec
qui aurait pu être bien sûr obtenue directement de manière plus simple. n
la fréquence des phénomènes à étudier (par exemple 1/20 de la
longueur d’onde correspondante).
2.2 Cas d’une ligne quelconque La matrice de la ligne complète est alors [ T ] n , où n est le nombre
de sections considérées.

Nous entendons par ligne quelconque une ligne seulement défi-


nie par un ensemble de conducteurs parallèles sans symétrie par- 2.3 Cas des réseaux symétriques
ticulière.
Cette ligne peut être entièrement définie par sa matrice impé- Dans le cas des réseaux symétriques, les conducteurs de phase
dance [ Z ] et sa matrice admittance [ Y ] qui se confond avec la sont équivalents, c’est-à-dire qu’ils présentent la même impédance
matrice des capacités p [ C ] dans la plupart des cas. Z et la même admittance Y.
Le schéma de principe du système considéré est représenté sur Cette assertion est correcte dans le cas général des réseaux
la figure 10. triphasés :
La méthode la plus intéressante pour résoudre le système — réseaux en câbles souterrains à haute tension ;
consiste à utiliser la matrice de transfert qui relie les grandeurs — réseaux aériens BT et MT.
d’entrée aux grandeurs de sortie suivant la relation matricielle : Dans le cas de réseaux aériens HT et THT, les distances entre
conducteurs sont du même ordre de grandeur que leurs hauteurs
[ V1 ] [1] [Z] [ V2 ] [ V2 ] au-dessus du sol et le système n’est pas, en toute rigueur, symé-
= = [T] trique, si les conducteurs ne sont pas régulièrement transposés. Sauf
[ I1 ] [ Y ] [[1] + [ Z ][ Y ]] [ I2 ] [ I2 ]
cas particulier où des méthodes spécifiques (§ 2.2) devront être
employées, nous allons supposer le réseau suffisamment
où [ T ] est la matrice de transfert de la ligne, qui se construit très symétrique pour utiliser les méthodes qui vont suivre.
facilement puisque les matrices [ Z ] et [ Y ] sont généralement
connues pour une ligne donnée.
À cette relation matricielle doit être associée la matrice admit- 2.3.1 Réseau triphasé symétrique équilibré :
tance de charge [ Y c ] telle que : le mode direct
[ I2 ] = [ Yc ] [ V2 ] (34) ■ Impédances
Dans un réseau triphasé, les chutes de tension par élément de
longueur sont données par la relation (1).
Un certain nombre de simplifications peuvent être justifiées :
— la matrice est symétrique (cas général des réseaux passifs) ;
— les impédances propres sont voisines si les distances entre
conducteurs sont grandes vis-à-vis de leur hauteur au-dessus du sol ;
— il en est de même des impédances mutuelles.
Dans ces conditions, l’expression (1) s’écrit :

V1 Z Zm Zm I1

------ V 2 = Z m Z Z m I 2
Figure 10 – Paramètres pour le calcul matriciel ∂x
V3 Zm Zm Z I3

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Si le système de courants appliqué est un système triphasé équi- ■ Calcul des impédances et capacités directes
libré, on a : Dans le cas d’un réseau triphasé symétrique, les paramètres géo-
I1 = I métriques sont :
1 3 — le rayon r des conducteurs (éventuellement rayon équivalent
I 2 = a 2 I avec ici a = – --- + j ------- pour les conducteurs en faisceau) ;
2 2
— la distance D entre conducteurs. Dans le cas de distances légè-
I 3 = aI rement différentes, on peut adopter une distance géométrique
moyenne :
D = ( D 12 D 23 D 31 ) 1 ⁄ 3
et toutes les chutes de tension ont la même expression à un
déphasage constant près de 120o : Dans ces conditions, les impédances et capacités directes
obéissent aux relations :

------ V = ( Z – Z m ) I = Z d I (35) µ 0p D
∂x Z d = Z i + ----------- ln ---- (38)
2π r
avec Zd impédance directe du réseau.
avec Zi impédance interne, défini au paragraphe 1.3
Par ailleurs, l’étude des phénomènes de propagation sur les lignes
électriques triphasées (§ 2.3.2) conduit à définir trois modes de 2π ε r ε 0
propagation (modes de Clarke) : C d = ------------------ (39)
D
— un mode homopolaire entre l’ensemble des conducteurs et le ln ----
r
sol ;
— un mode interfilaire où l’on injecte l’onde entre un conducteur pour les lignes aériennes, on a généralement ε r = 1.
médian et les deux autres réunis entre eux ;
— un mode bifilaire où l’on injecte l’onde entre deux conducteurs
extrêmes. 2.3.2 Formulation générale : équation
Dans les deux derniers cas, le système appliqué est le suivant : des télégraphistes
I1 = I I1 = I Le calcul général des chutes de tension en ligne relève des
équations des télégraphistes (article Réseaux électriques linéaires
I2 = 0 et I2 = – I ⁄ 2 à constantes réparties [D 1 100] de ce traité).
I3 = – I I3 = – I ⁄ 2 Rappelons-en la formulation. À un élément de ligne dx sont
associées une impédance série Z et une admittance parallèle Y .
Dans le cas considéré :

On retrouve ------ V = ( Z – Z m ) I dans les deux cas c’est-à-dire la Z = Zd ; Y = Cd p
∂x
même expression qu’avec le mode direct du régime triphasé.
Les chutes de tension et pertes de courant sur dx sont telles que :
■ Capacités
∂ ∂
Nous avons vu que, dans un réseau triphasé, les pertes de courant ------ V = Z I ; ------ I = Y V (40)
∂x ∂x
par élément de longueur sont telles que :
En dérivant une fois chacune des expressions par rapport à x et
I1 Y 1 Y 12 Y 13 V 1 en introduisant le résultat dans l’autre, il vient :

------ I 2 = Y 21 Y 2 Y 23 V 2 ∂2 V ∂2 I
∂x ------------ = ZYI et ---------- = YZY (41)
I3 Y 31 Y 32 Y 3 V 3 ∂x 2 ∂x 2
En posant :
En négligeant les pertes par conductance, ce qui est bien vérifié
dans le cas général, et avec les mêmes hypothèses de symétrie que γ = Z Y constante de propagation (42)
pour les impédances, le système se ramène à :
Z
I1 Cp Cm Cm V1 Zc = ----- impédance caractéristique (43)
Y

------ I 2 = p Cm Cp Cm V2 (36)
∂x les tensions et les courants aux extrémités d’une ligne de longueur
I3 Cm Cm Cp V3  sont donnés par les relations (figure 11) :

où n’interviennent que les capacités propres et mutuelles C p et 


Cm . V 2 = V 1 cos h γ  – Z c I 1 sin h γ  

Dans les deux hypothèses déjà évoquées : V1  (44)

— régime triphasé équilibré en mode direct ; I 2 = I 1 cos h γ  – ------ sin h γ  
Zc 
— propagation en mode bifilaire ou interfilaire ;
on aboutit à la notion de capacité directe, telle que :
auxquelles on doit ajouter :

------ I = p ( C p – C m ) V (37) V2 = Z I2 (45)
∂x
où l’on peut poser : C p – C m = C d . si Z est l’impédance de charge raccordée à l’extrémité.

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Figure 12 – Dipôle équivalent

Figure 11 – Propagation sur une ligne

Tous calculs faits, l’expression générale de la tension à l’extrémité


Figure 13 – Schéma équivalent en 
d’une ligne s’écrit :
V1
V 2 = ------------------------------------------------------------- (46)
Zc
cos h γ  + ------ sin h γ 
Z

Cette expression est très générale dans la mesure où elle


s’applique à tous les phénomènes électriques : continu, fréquence
industrielle, surtensions de toutes natures, hautes fréquences.

2.3.3 Simplifications. Méthode du dipôle

Dans tous les cas où l’on est en présence de lignes courtes à la


fréquence industrielle, on peut utiliser les approximations suivantes :
Figure 14 – Puissances actives et réactives sur une ligne
cos h γ  → 1 sin h γ  → γ 

et Z c sin h γ  → Z d 
Pour simplifier la formulation ainsi que la compréhension des
V1 phénomènes, nous utilisons les tensions simples. Les puissances
d’où V 2 = -------------------- (47) seront donc à multiplier par 3 en triphasé.
Zd 
1 + ---------- La méthode suppose les hypothèses suivantes, sensiblement
Z vérifiées dans les cas pratiques :
Le schéma équivalent devient alors celui de la figure 12, qui est — les pertes de courant en ligne peuvent être négligées ;
la représentation dipolaire de la ligne. — les tensions V1 et V2 sont voisines, c’est-à-dire qu’elles ne
diffèrent pas de plus de 30 %.
Il est possible d’utiliser une représentation plus précise tenant
compte de la capacité (figure 13), qui est le schéma équivalent en Soient P1 et Q1 les puissances active et réactive à l’extrémité 1 :
Π à une cellule. P 1 = V 1 I 1 cos ϕ 1 
 (48)
Q 1 = V 1 I 1 sin ϕ 1 
2.3.4 Méthode des puissances actives et réactives
avec ϕ1 angle de I1 avec V1 , origine des phases en 1.
Cette méthode s’applique à une ligne à la fréquence industrielle La puissance apparente en 1 est :
ne dépassant pas quelques centaines de kilomètres et pour laquelle
un schéma en Π ou en T à une seule cellule peut être utilisé. 2 2
S1 = P 1 + Q 1 = V1 I1 (49)
Son intérêt est double :
— elle évite le recours aux quantités complexes, ce qui présentait De même à l’extrémité 2 :
un intérêt certain à l’époque où les moyens de calculs en complexes P2 = V2 I2 cos ϕ 2
étaient limités, voire inexistants ;
— elle permet une interprétation physique simple des phéno- Q2 = V2 I2 sinϕ 2
mènes, en particulier du rôle des capacités (capacités de la ligne et
capacités de compensation au poste ou au niveau des récepteurs). 2 2
S2 = P 2 + Q 2 = V2 I2 (50)
Pour fixer les idées, utilisons le schéma en T de la figure 14.

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Remarquons que le régime en 2 est en général imposé par ■ Calcul de l’impédance interne :
l’utilisateur, c’est-à-dire par les caractéristiques de la charge : V2 , I2 ,
cos ϕ2 sont connues et le problème revient à calculer V1 pour satis- 1 1
Z i = ρ c ------2 + ----------------------2- = 0,284 1 ⋅ 10 – 3 + j 0,011 93 ⋅ 10 – 3 Ω ⁄ m
faire la demande du consommateur. S ( 2πr δ c )
Le principe de conservation des puissances actives et réactives
conduit au bilan suivant : à comparer à la résistance en continu : 0,283 9 · 10–3 Ω/m.
P1 = P2 + pa On voit que l’effet de peau reste faible à 50 Hz pour la section de
Q1 = Q2 + q – q’ (51) conducteur considérée.
avec pa = R I 2 pertes actives dans la résistance, ■ Calcul de l’inductance externe :
q’ = Cω V 2 production réactive dans la capacité,
µ0 D
q = Lω I 2 pertes réactives dans l’inductance, en L = ------- ln ---- = 0,992 4 ⋅ 10 –6 H ⁄ m
supposant I ≈ I1 , I2 et V ≈ V1 , V2 .
2π r

2 2 ■ Calcul de la capacité :
P2+Q2
Le courant I dans la ligne vérifie I 2 ≈ ---------------------
V
- , ce qui permet le
2π ε
2 C = ------------0 = 11,212 ⋅ 10 –12 F ⁄ m
calcul de pa et q. D
ln ----
2 2 r
On en déduit S 1 = P 1 + Q 1 .
La tension V1 cherchée s’obtient alors par : ■ Calcul de l’impédance directe :

V1 S Z d = Z i + Lp = 0,284 1 ⋅ 10 – 3 + j 0,323 7 ⋅ 10 – 3 Ω ⁄ m
------ = -----1- (52)
V2 S2

On peut éventuellement corriger le bilan des puissances en


fonction du résultat obtenu : le calcul s’opère par approximations 3.3 Calcul des paramètres secondaires
successives. Zc et 
Remarque : notion de puissance caractéristique.
Dans le cas où les pertes et productions réactives sont égales, on a : L’impédance caractéristique s’écrit :
2 2
P 2 + Q 2
L ω  ----------------------
- = CωV 2 Zd
 V2  o
Zc = -------- = 349,68  – 20,64 (Ω)
La puissance apparente s’écrit : Cp

S2 = S1 =
2 2 V2 V2
P 2 + Q 2 = -------- = -------
et la constante de propagation :
L Zc
---- o
C γ = Z d Cp = 1,231 7 ⋅ 10 –6  69,36 ( m –1 )
où l’on retrouve la notion d’impédance caractéristique de la ligne.

3.4 Calcul des tensions V2


3. Exemple numérique
■ Calcul exact par les équations des télégraphistes
Le calcul sera fait avec les hypothèses suivantes :
3.1 Données
— tension simple V 1 = 21 000 ⁄ 3 = 12 124 V ;
Considérons une ligne MT dont les caractéristiques sont : — impédance de charge Z = 121,24 Ω  ϕ pour une intensité
— conducteurs en Almelec de 117 mm2 (ASTER 117) : nominale de 100 A avec longueur de ligne nulle, la phase ϕ étant
• section S = 116,98 mm2 prise successivement égale à – 45o, 0o et 45o.
• rayon r = 7 mm La tension V2 est donnée par la relation (46).
• résistance électrique nominale à 20 oC = 0,283 Ω/km Les valeurs de V2 en fonction de  figurent dans le tableau 4.
— distance entre conducteurs : 1 m
— hauteur des conducteurs au-dessus du sol : 10 m ■ Calcul par la méthode du dipôle
— résistivité du sol : 100 Ω · m (ces deux dernières valeurs Dans les mêmes conditions, les valeurs de V2 données par (47)
n’interviennent que dans le calcul du mode homopolaire). sont portées dans le tableau 5.
■ Calcul par la méthode des puissances actives et réactives
3.2 Calculs des paramètres de la ligne La relation (52) s’écrit :

2 2 2 2
■ Calcul de la profondeur de peau complexe dans l’Almelec : P2 + Q 2 P2+Q2
V 2 = V 1 -------------------------- = V 1 --------------------------------------------------------------------------
P1+Q1
2 2 ( P + p a + ( Q 2 + q – q′ )
) 2 2
ρc 2
δc = -----------
-
µ0 p avec P 2 = R z I2 ,
avec ρc = 3,321 · 10–8 Ω · m, Q 2 = X z I2 en posant Z = Rz + j Xz ,
p = jω = j 2 π f = j 2 π × 50 rad/s, pa = R I2 où R = 0,284 1 · 10–3 Ω/m,
µ0 = 4 π × 10–7 H/m. q = Lω I 2 où Lω = 0,323 7 · 10–3 Ω/m,
q’ = CωV 2 où Cω = 3,522 35 · 10–9 S/m.
D’où δ c = 0,006 485 – j 0,006 485 ( m )
Les résultats sont donnés dans le tableau 6.
(0)
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Tableau 4 – Tensions V2 (en volts) obtenues Tableau 6 – Calcul des tensions V2 (en volts)
à partir des équations des télégraphistes à partir du bilan des puissances actives et réactives
œ Z (Ω ) Z (Ω)
(km) œ
121,24  – 45o 121,24  0o 121,24  45o (km) 121,24  – 45o 121,24 121,24  45o
1 12 127  – 0,2 12 096  – 0,2 12 081  0 85,73 – j 85,73 85,73 + j 85,73
2 12 129  – 0,4 12 067  – 0,3 12 039  0 1 12 123 12 096 12 085
4 12 134  – 0,8 12 011  – 0,6 11 955  – 0,1 2 12 122 12 068 12 046
8 12 142  – 1,6 11 899  – 1,2 11 790  – 0,1 4 12 120 12 011 11 969
16 12 151  – 3,3 11 677  – 2,4 11 475  – 0,2 8 12 113 11 899 11 818
32 12 142  – 13,1 11 249  – 4,6 10 894  – 0,4 16 12 094 11 676 11 526
64 12 015  – 13,1 10 448  – 8,6 9 901,7  – 0,8 32 12 033 11 254 10 984
128 11 387  – 25,6 9 079  – 15,2 8 399,6  – 1,5 64 11 820 10 462 10 040
128 11 112 9 107 8 568
(0)
Tableau 5 – Tensions V2 (en volts) obtenues
3.5 Bilan
à partir de la méthode du dipôle
Z (Ω ) Pour les distances envisagées, les trois méthodes donnent des
œ résultats équivalents.
(km) 121,24  – 45o 121,24 121,24  45o
La méthode des puissances actives et réactives s’avère moins
1 12 127  – 0,2 12 096  – 0,2 12 081  0 performante : l’avantage d’éviter le recours aux complexes conduit
2 12 130  – 0,4 12 068  – 0,3 12 039  0 à une formulation plus lourde et à des résultats moins précis, sans
4 12 134  – 0,8 12 011  – 0,6 11 955  – 0,1 compter l’absence de résultat pour la phase, qui nécessiterait un
8 12 142  – 1,6 11 898  – 1,2 11 790  – 0,1 calcul supplémentaire.
16 12 150  – 3,3 11 676  – 2,4 11 473  – 0,2 Pour les lignes aériennes, l’influence du facteur de puissance cos ϕ
32 12 136  – 6,5 11 243  – 4,5 10 889  – 0,4 (ou de tan ϕ) de la charge est prépondérante sur la chute de tension
64 11 992  – 13 10 429  – 8,5 9 882  – 0,7 obtenue, vis-à-vis des capacités en ligne.
128 11 317  – 25,1 9 020  – 14,7 8 338  – 1,2 Ce résultat n’est évidemment pas valable pour les réseaux majori-
tairement en câbles.
(0)

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D 4 438 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
P
O
U
Lignes aériennes : chutes de tension R

E
par Pierre JOHANNET N
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur en génie atomique
Attaché au Département postes et lignes
à la Direction des études et recherches d’Électricité de France (EDF)
S
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2 - 1997
Doc. D 4 438

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