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Introduction.
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vraiment possible. » (Henri Oberdoff : Droits de l’Homme et libertés
fondamentales. LGDJ ; 2ème édition p.3)
La discipline des droits et libertés est une discipline transversale et constitue une
matière essentielle de toute culture juridique. Elle intéresse le droit privé comme
le droit public, le droit interne comme le droit international. Discipline carrefour
elle est liée aux autres matières de droit. Ainsi, elle est liée au droit constitutionnel
puisqu’elle détermine l’action politique et son but qui n’est autre que le respect
des droits des individus. Elle touche au droit administratif car elle rappelle aux
autorités publiques les bornes dans lesquelles s’exerce leur action. Elle concerne
le droit civil aussi bien dans le domaine des droits des personnes que dans le
domaine des relations familiales ; et c’est une discipline intimement liée au droit
pénal.
A- Liberté et droit :
Sans entrer dans les débats philosophiques que le terme liberté suscite et
d’une manière simple nous dirons avec René Capitant que : « la liberté d’un être,
c’est l’autodétermination de cet être. » La liberté est donc un pouvoir
d’autodétermination que l’individu exerce sur lui-même. Un être libre est un être
qui choisit son comportement personnel en dehors de tout déterminisme. La
3
liberté en conséquence s’exerce dans l’indépendance c'est-à-dire qu’aucune
intervention d’autrui n’est nécessaire ; ce qu’on demande à l’autre c’est de
s’abstenir d’entraver l’exercice de notre liberté. La liberté ne crée envers autrui
aucune obligation d’agir.
Le droit par contre peut être pris dans deux acceptions et couvrir deux types
de pouvoirs. Il peut être un pouvoir d’autodétermination, dans ce cas il apparait
comme une liberté, libertés et droits sont synonymes ; ainsi on peut dire la liberté
d’aller et de venir comme on peut dire le droit d’aller et de venir. Le droit est
aussi un pouvoir que l’Homme exerce sur autrui. Dans ce cas il se différencie de
la liberté car il exige de l’autre un comportement positif. Ainsi on parle d’un droit
au travail, d’un droit à la santé…, ces droits ne sont pas des libertés.
4
2- Les libertés publiques sont une expression propre à la terminologie
juridique française. Elle a été employée dans des textes y compris
constitutionnels.
L’expression « libertés publiques » est utilisée, d’une part, pour rendre
compte de la consécration juridique des droits de l’Homme. En effet l’adjectif
« public » a pour rôle de montrer que les libertés sont reconnues et protégées par
l’Etat. D’autre part l’expression « libertés publiques » montre que les droits
reconnus font partie du droit applicable dans un Etat. De ce fait elles sont
opposables à la puissance publique essentiellement à l’administration car
généralement c’est le législateur qui leur accorde la consécration juridique. Les
libertés publiques ont un statut législatif.
A retenir :
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Les droits de l’Homme sont des droits inhérents à la nature humaine que
chaque individu peut découvrir en lui-même grâce à sa faculté raisonnante. Les
droits de l’Homme existent en dehors de toute consécration juridique.
6
Chapitre I : Les droits de l’Homme : des adhésions
différentes pour un idéal universel
De nos jours on peut affirmer sans risque d’être contredit que malgré les
atteintes aux droits de l’Homme que nous observons quotidiennement à travers le
monde, existe un discours universel pour un idéal universel des droits de
l’Homme. Mais derrière cette universalité de discours et d’idéal se profilent des
différences de taille quant aux acceptions et aux adhésions.
L’idée de la dignité humaine car l’Homme est une créature de Dieu, il est
donc digne de respect en dépit de ses appartenances ;
8
communication » Appliqué à l’organisation sociale, le courant nominaliste avec
Pierre Abélard et Guillaume d’Occam envisage l’individu de manière singulière
c'est-à-dire de lui-même et par lui-même indépendamment de toute référence ou
appartenance à un groupe quelconque. Pour les nominalistes il n’y a que les
individus, la société ou tout autre collectif n’est pas naturelle elle est une création
des individus. En conséquence tout commence par l’individu. Dès lors il est
nécessaire de l’affranchir de son statut d’élément de l’Univers dans lequel la
pensée antique le confine pour le mettre au centre et au début du tout social. La
société gravite autour de l’individu et non le contraire et elle est créée par
l’individu pour qu’elle soit au service de son autonomie et de son indépendance.
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Grotius et Pufendorf qui vont donner un fondement rationnel au droit naturel ce
qui va le libérer de l’idée religieuse)
10
pouvoirs entre législatif, exécutif, judiciaire, chacun d’eux exerce ses prérogatives
et le pouvoir arrête le pouvoir.
Pour concilier entre pouvoir et liberté Rousseau part des postulats de base de
l’école du contrat social et considère que l’ordre social est fondé sur un contrat
social. Pour la conclusion de ce contrat l’Homme renonce à tous ses droits. En
conséquence les hommes au sein de la société se trouvent égaux comme dans
l’état de nature, et par conséquent aucun ne peut imposer sa volonté aux autres ;
aucun n’est subordonné à un autre ; les hommes sont libres et cette liberté est
fondée sur l’égalité. Le pouvoir dans cette société d’égaux se trouve dans la
volonté générale à laquelle les hommes ont décidé de se soumettre par le contrat
social. En obéissant à la volonté générale chacun fait ce qu’il a choisi et n’obéit
en fin de compte qu’à lui-même car il a participé à la formulation de la volonté
générale. La liberté pour Rousseau est préservée par la participation.
L’expression de la volonté générale c’est la loi qui ne peut être oppressive et
devient le seul moyen de protéger les libertés.
B- L’évolution politique :
La Magna Carta de 1215 : arrachée au roi Jean sans terre par ses barons.
Elle reconnait en faveur des barons et des hommes et des hommes libres le
principe du consentement à l’impôt, le droit de n’être jugés que par leurs pairs,
selon un principe de légalité, ainsi que le droit d’aller et de venir.
La pétition des droits de 1628 présenté au roi Charles 1er Stuart par les deux
chambres du parlement ; ses onze articles prohibaient les arrestations et les
détentions illégales. Il n’a duré que deux ans.
L’Habeas Corpus 1679 : constitutionnalise la pétition ; il dispose que tout
homme arrêté a le droit d’être présenté dans les trois jours à un juge qui statue sur
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la légalité de son arrestation et en cas d’actes arbitraires, cette procédure
protectrice garantit des dommages et intérêts et la sanction des responsables.
Le Bill of Rights de 1689 imposé par le parlement de Westminster à
Guillaume III d’Orange qui a été contraint de le signer avant son couronnement.
Le bill rappelle les droits traditionnels du peuple anglais et de ses représentants.
Il met fin au concept de royauté de droit divin et subordonne l’autorité royale à la
loi car il stipule que le roi ne peut plus suspendre l’application d’une loi ou ne pas
appliquer une loi. La loi donc est au-dessus de tout, ce qui marque la naissance de
la monarchie parlementaire.
À partir du 17ème siècle plusieurs textes ont été adoptés, ils reconnaissent des
droits aux colons d’Amérique. Le plus connu reste la déclaration des droits de
Virginie du 12 juin 1776. La déclaration de Virginie est un texte de 18 articles
dans lequel les rédacteurs reconnaissent le caractère naturel et abstrait des droits
de l’Homme : « tous les hommes sont par la nature également libres et
indépendants et ont certains droits inhérents. » La déclaration précise que « le
gouvernement est institué pour l’avantage commun, protection ou sécurité du
peuple. » La déclaration de Virginie, malgré le fait qu’elle s’adresse à une société
donnée, est rédigée dans des termes très universalistes qui seront repris par la
déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776. En effet dans des termes
très idéalistes la déclaration d’indépendance proclame une vérité évidente d’elle-
même « que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur créateur
de certains droits inaliénables, et que parmi ces droits figurent la vie, la liberté et
la recherche du bonheur. »
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3- La déclaration française des droits de l’Homme et du citoyen :
Premier texte adopté par une assemblée constituante. Elle reste marquée par
son caractère philosophique et universaliste qui lui a permis une large diffusion.
La déclaration contient 17 articles. La liberté, l’égalité, la sureté, la propriété
et la résistance à l’oppression constituent les principaux droits proclamés par la
déclaration.
Ainsi l’article 1 rappelle que « les hommes naissent libres et égaux en droit. »
L’article 4 définit la liberté : « la liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas
à autrui. » Elle ne s’arrête que là où commence celle d’autrui. En dehors de cette
limite, seul le législateur peut déterminer d’autres bornes à la liberté et ce selon
les termes de l’article 5 qui stipule que « tout ce qui n’est pas défendu par la loi
ne peut être empêché, nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. »
1- L’évolution sociale :
Les libertés proclamées dans les déclarations étaient des libertés formelles ;
sous l’influence de plusieurs courants de pensée essentiellement la pensée
marxiste d’autres droits qui touchent de près aux conditions matérielles de
l’homme seront réclamés ouvrant ainsi la voie à une autre génération des droits
de l’homme.
Le britannique Edmund Burke (1729-1797) critiquait le caractère trop
abstrait des droits réclamés par les révolutionnaires de 1789 et prônait la
reconnaissance de vrais droits tels que le droit à l’éducation, le droit à la justice
ou la liberté d’entreprendre.
Les sociaux-démocrates sont contre l’individualisme de la déclaration de 1789 et
réclament une société fondée sur la démocratie politique mais dans laquelle l’Etat
joue un rôle de premier plan dans la satisfaction des exigences des individus. Ils
prônent un modèle fondé sur les prestations de l’Etat ouvrant ainsi la voie aux
droits créances.
La critique la plus virulente est certainement la critique marxiste. Elle est
basée sur trois idées. La première idée c’est que les marxistes refusent l’existence
d’une idée abstraite de l’Homme. L’homme pour les marxistes est le reflet de son
histoire, en conséquence il ne peut y avoir de droits universels. Les droits de
l’homme proclamés en 1789 reflètent un moment donné de l’histoire qui
correspond à la montée en puissance d’une nouvelle classe : la bourgeoisie ; les
droits de l’homme sont un moyen qui permet à cette nouvelle classe de vaincre
l’ordre antérieur et d’asseoir sa domination. La deuxième idée c’est que les
marxistes considèrent que les droits proclamés par les déclarations sont des droits
formels, ils n’ont de sens que pour les concernés. Pour que ces droits soient réels
il faut assurer à chacun les conditions matérielles nécessaires. En conséquence,
les marxistes prônent de nouveaux droits à côté des libertés classiques tels que le
droit au travail, à la santé, à l’éducation…les droits qui forment la 2ème génération
des droits de l’Homme.la troisième idée des marxistes c’est que la liberté n’est
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pas antérieure à la société ; au contraire la liberté réelle c’est la liberté de tout le
monde non seulement de certains et elle ne s’exerce que dans une société où il
n’ya pas d’appropriation des moyens de production c'est-à-dire une société sans
classe. Etant donné que cette société n’existe pas il faut donc commencer par la
construire. La liberté donc pour les marxistes n’est pas une donnée naturelle
comme pour les libéraux mais elle est le résultat d’une conquête et d’une
révolution.
Sous l’influence de ces idées le libéralisme classique va évoluer vers un
libéralisme moderne imprégné de trois caractéristiques. La première
caractéristique c’est que le libéralisme moderne accepte l’intervention de l’Etat et
même la sollicite. D’une part parce que les hommes en société ne sont pas égaux
et ne vivent pas dans une situation de parfaite égalité matérielle ; le jeu des libertés
auquel renvoie le libéralisme classique peut entraîner des situations d’oppression
contre lesquelles il faut dresser l’Etat. D’autre part parce que seul l’Etat est
capable de réaliser une justice sociale avec l’apparition des droits-créances et des
droits reconnus aux catégories défavorisées. La deuxième caractéristique c’est
que le libéralisme moderne admet l’idée de limites à la liberté et refuse l’idée de
liberté absolue ou d’une sphère individuelle dans laquelle toute intervention
étatique est interdite. Les libertés doivent être limitées soit pour protéger la liberté
des autres, soit pour protéger l’individu lui-même soit pour protéger l’ordre
public. La troisième caractéristique c’est que le libéralisme moderne lie entre le
respect des droits de l’homme et la démocratie libérale politique fondée su la
souveraineté du peuple ou la nation, le pluralisme politique, l’institutionnalisation
du pouvoir, la primauté du droit, la reddition des comptes.
16
La convention européenne est un document réparti en deux parties. La
première partie de l’article 1 à 18 concerne les droits reconnus, la deuxième partie
concerne le système de protection. La déclaration est complétée par des protocoles
additionnels.
Dans son premier article, la convention énonce que « les Hautes Parties
contractantes reconnaissent à toute personne relevant de leur juridiction les droits
et libertés reconnus au titre 1 de la convention ». En conséquence la convention
ne prévoit aucune discrimination et s’applique non seulement aux nationaux mais
aussi aux étrangers ou encore aux apatrides. La convention de plus s’applique
même aux personnes morales.
Le titre I de la convention européenne expose les principaux droits reconnus,
il s’agit du droit à la vie, interdiction des traitements inhumains et dégradants,
interdiction de l’esclavage, du travail forcé, protection de la sureté, le droit à un
procès équitable, principe de la légalité des délits et des peines, respect de la vie
privée, liberté de pensée de conscience et de religion, liberté d’expression, de
réunion, liberté de mariage, droit au recours effectif, principe de non-
discrimination.
La convention européenne ne parle pas aux Etats car selon les termes même
de la convention elle reconnait à toute personne, donc la convention impose les
droits de l’homme aux Etats. La convention n’est pas un énoncé de principes mais
un texte juridique qui définit les droits et les libertés, précise les garanties, délimite
le champ d’application et définit les restrictions. La convention reste toujours
caractérisée par le système avancé de protection qui est un système juridictionnel
fondé sur l’existence d’une cour appelée cour européenne des droits de l’Homme
que les personnes peuvent saisir pour faire prévaloir leurs droits même contre
leurs Etats.
En conséquence, avec la convention européenne les droits de l’homme ne
sont plus une aspiration généreuse mais constituent une obligation : l’obligation
droits de l’homme. Les droits de l’homme donc sont devenus un standard
international qui explique l’adhésion unanime, au moins dans le discours et ouvre
la voie à des pratiques qui étaient inexistantes avant celles d’imposer la clause
droite de l’homme dans plusieurs accords tels que les accords de libre-échange,
les accords d’investissements ou les aides internationales.
18
instituée permettant à l’Afrique d’avoir une protection juridictionnelle à l’instar
des continents américain et européen.
19
universels existants et de revendiquer un particularisme dont les fondements se
trouvent dans les préceptes de la religion musulmane.
Les instruments arabo-musulmans : pour les musulmans, l’islam est une
religion de droits qui a devancé de plusieurs siècles l’occident dans la
reconnaissance de droits fondamentaux. Les musulmans défendent l’idée de
l’existence d’une conception islamique des droits de l’homme fondée sur la
dignité, l’égalité, la liberté, le pouvoir limité, la justice et le droit de propriété. Les
instruments adoptés que ce soit dans le cadre de l’Organisation de la conférence
Islamique, ou au niveau de la ligue arabe soit au niveau d’organisation non
gouvernementale comme le conseil islamique d’Europe ont justement pour but de
montrer les droits que l’Islam reconnait.
Ainsi, la déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam adoptée par
L’OCI en 1990 regroupe les droits civils et politiques ( le droit à la vie :art 2,
l’interdiction de la servitude, l’humiliation et l’exploitation :art 11, le droit au
respect de la vie privée, familiale et le domicile : art 18, la liberté d’expression et
d’information : art 22) Au total ce sont 16 articles qui sont consacrés à ces droits
La déclaration consacre aussi les droits économiques, sociaux et culturels
(art 9, 13, 14, 15 et 16 : l’enseignement considéré comme devoir de l’Etat et la
société, droit au travail et les garanties sociales pour les travailleurs, le droit de
propriété.)
La déclaration reconnait les principes du droit humanitaire (art 3)
La déclaration s’intéresse à certains phénomènes tels que la prise d’otage
qu’elle interdit dans L’article 21
A plusieurs reprises, la déclaration mentionne les devoirs de l’Etat, la société,
du peuple et de l’individu.
L’article 17 est consacré à un droit de la troisième génération le droit à un
environnement sain.
A côté de la déclaration du Caire, existe pour le monde arabe la charte arabe
des droits de l’homme adoptée dans le cadre de la Ligue arabe.
L’Islam est une religion messianique : en effet les musulmans pensent que
le message de Mahomet est la continuation des autres messages révélés par les
prophètes avant lui, mais le message de Mahomet est le dernier message, il est
définitif et complet. Ainsi il est dit dans le Coran : « Aujourd’hui j’ai rendu votre
religion parfaite, j’ai parachevé ma grâce sur vous, j’ai agrée l’Islam comme étant
votre religion » Le message de l’Islam s’adresse à l’humanité entière, il est
universel.
La nature de la norme en Islam : la norme en Islam est d’origine divine.
La Shari’a est la seule source de référence. En conséquence, la reconnaissance des
droits en Islam se base sur les règles de la Shari’a et dans les limites imposées par
elle que le musulman ne peut transgresser sans remettre en cause sa foi.
En conséquence les musulmans ne peuvent se réclamer de textes autres que
les textes religieux et ceci explique pourquoi les textes islamiques ne font pas
référence aux documents onusiens et ce contrairement aux textes arabes qui
essaient de réaliser un compromis entre les droits en Islam et les droits proclamés
à l’échelle internationale.
21
Section 2 : un idéal universel :
Les droits de l’homme comme idéal universel a été posé d’abord par la charte
de l’ONU dont le préambule proclame « la foi des Nations Unies dans les droits
fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine. »
Plusieurs articles par la suite précisent que le rôle des Nations Unies est de
développer et d’encourager « le respect universel et effectif des droits de l’homme
et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue
ou de religion. » Sur cette base a été adoptée en 1948 la déclaration universelle
des droits de l’homme qui va jeter les bases du droit international des droits de
l’homme et qui sera aussi l’expression de cet universalisme à atteindre.
La signification de la déclaration :
La déclaration universelle des droits de l’homme est une consécration
internationale de ces droits, elle traduit de ce fait :
Le dépassement d’un ordre juridique fondé sur la distinction entre ce qui est
interne et ce qui est externe ; le droit international des droits de l’homme est un
droit qui dépasse cette dualité.
Le dépassement du cadre étatique car le contenu des droits ne dépend plus
seulement des textes nationaux mais aussi de textes internationaux.
L’apparition d’une protection internationale des droits de l’homme qui fait que
les Etats ne peuvent plus se cacher derrière la souveraineté nationale pour porter
atteinte aux droits.
23
juridiction sera traité comme sujet des droits de l’homme. L’universalité se
comprend donc à l’intérieur d’un ordre juridique national et comprend tous les
êtres humains. L’universalisme dans ce cas ne se confond pas avec
l’internationalisation, il se confond plutôt avec la non-discrimination.
L’universalisme c’est aussi cette adhésion universelle au discours des droits
de l’homme. En effet de nos jours personne ne peut se déclarer prêt à renoncer
volontairement aux garanties et protection contenues dans les instruments
internationaux.
24
En réponse à ces allégations les défendeurs de l’universalisme soutiennent
plusieurs idées. La première c’est qu’il existe une essence humaine qui transcende
les particularismes culturels. La deuxième idée défendue par la suisse Jeanne
Hersch qui invoque « l’exigence fondamentale que l’on perçoit partout » comme
quoi quelque chose est dû à l’être humain du seul fait qu’il est un être humain.
Mireille Delmas Marty défend une troisième idée comme quoi il existe des
principes directeurs communs mais qui seraient appliqués avec une marge
d’appréciation nationale qui reconnaitrait aux Etats un droit à la différence mais
à condition de ne pas dépasser un certain seuil. En somme ce que les universalistes
craignent c’est que les Etats se retranchent derrière les particularismes culturels
pour commettre de graves atteintes aux droits de l’homme. C’est pourquoi leur
attitude consiste à reconnaitre la diversité culturelle vue comme une richesse, à
reconnaitre les droits culturels mais à condition qu’ils n’empiètent pas sur les
droits de l’homme c'est-à-dire qu’en cas de conflit de droits les droits culturels ne
peuvent être invoqués pour justifier les atteintes aux droits ; la primauté sera
donnée aux droits.
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DOCUMENTS
26
Déclaration universelle des droits de l'homme
Préambule
Article premier
27
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués
de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité.
Article 2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans
la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de
sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine
nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. De plus, il
ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international
du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou
territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation
quelconque de souveraineté.
Article 3
Article 4
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants.
Article 6
Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la
loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la
présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Article 8
28
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales
compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus
par la constitution ou par la loi.
Article 9
Article 10
Article 11
1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à
ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes
les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
2. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles
ontété commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou
international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était
applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile
ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute
personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles
atteintes.
Article 13
29
Article 14
1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de
bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées
sur uncrime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux
principes des Nations Unies.
Article 15
Article 16
Article 17
Article 18
30
manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en
privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Article 19
Article 20
Article 21
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale; elle
est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels
indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à
l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et
des ressources de chaque pays.
31
Article 23
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions
équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 2. Tous
ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal 3.
Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui
assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et
complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à
des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Article 24
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son
bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le
logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a
droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de
vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales.
Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la
même protection sociale.
Article 26
32
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et
au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et
tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des
Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à
leurs enfants.
Article 27
Article 28
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international,
un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y
trouver plein effet.
Article 29
1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et
pleindéveloppement de sa personnalité est possible.
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun
n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la
reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux
justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une
société démocratique.
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux
buts et aux principes des Nations Unies.
Article 30
33
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme
impliquant, pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se
livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés
qui y sont énoncés.
34
Série des traités européens -n° 5
Rome, 4.XI.1950
Considérant que le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une union plus
étroite entre ses membres, et que l'un des moyens d'atteindre ce but est la
sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des libertés
fondamentales;
35
Les Hautes Parties contractantes reconnaissent à toute personne relevant de
leur juridiction les droits et libertés définis au titre I de la présente
Convention:
1 Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. La mort ne peut être
infligée à quiconque intentionnellement, sauf en exécution d'une sentence
capitale prononcée par un tribunal au cas où le délit est puni de cette peine
par la loi.
2 La mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans
les cas où elle résulterait d'un recours à la force rendu absolument nécessaire:
36
c tout service requis dans le cas de crises ou de calamités qui menacent la
vie ou le bien-être de la communauté; d tout travail ou service formant
partie des obligations civiques normales.
c s'il a été arrêté et détenu en vue d'être conduit devant l'autorité judiciaire
compétente, lorsqu'il y a des raisons plausibles de soupçonner qu'il a
commis une infraction ou qu'il y a des motifs raisonnables de croire à la
nécessité de l'empêcher de commettre une infraction ou de s'enfuir après
l'accomplissement de celle-ci;
d s'il s'agit de la détention régulière d'un mineur, décidée pour son éducation
surveillée ou de sa détention régulière, afin de le traduire devant l'autorité
compétente;
2 Toute personne arrêtée doit être informée, dans le plus court délai et dans une
langue qu'elle comprend, des raisons de son arrestation et de toute accusation
portée contre elle.
37
4 Toute personne privée de sa liberté par arrestation ou détention a le droit
d'introduire un recours devant un tribunal, afin qu'il statue à bref délai sur la
légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale.
a être informé, dans le plus court délai, dans une langue qu'il comprend et
d'une manière détaillée, de la nature et de la cause de l'accusation portée
contre lui; b disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation
de sa défense;
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Article 7 – Pas de peine sans loi
1 Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment
où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national
ou international. De même il n'est infligé aucune peine plus forte que celle qui
était applicable au moment où l'infraction a été commise.
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2 L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut
être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions
prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté
publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de
la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui,
pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir
l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.
2 L'exercice de ces droits ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui,
prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la défense de
l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale,
ou à la protection des droits et libertés d'autrui. Le présent article n'interdit pas
que des restrictions légitimes soient imposées à l'exercice de ces droits par les
membres des forces armées, de la police ou de l'administration de l'Etat.
40
Article 15 – Dérogation en cas d'état d'urgence
Afin d'assurer le respect des engagements résultant pour les Hautes Parties
contractantes de la présente Convention et de ses protocoles, il est institué
41
une Cour européenne des Droits de l'Homme, ci-dessous nommée «la
Cour». Elle fonctionne de façon permanente. Article 20 – Nombre de juges
La Cour se compose d'un nombre de juges égal à celui des Hautes Parties
contractantes.
1 Les juges doivent jouir de la plus haute considération morale et réunir les
conditions requises pour l'exercice de hautes fonctions judiciaires ou être des
jurisconsultes possédant une compétence notoire.
3 Pendant la durée de leur mandat, les juges ne peuvent exercer aucune activité
incompatible avec les exigences d'indépendance, d'impartialité ou de
disponibilité requise par une activité exercée à plein temps; toute question
soulevée en application de ce paragraphe est tranchée par la Cour.
Les juges sont élus par l'Assemblée parlementaire au titre de chaque Haute
Partie contractante, à la majorité des voix exprimées, sur une liste de trois
candidats présentés par la Haute Partie contractante.
1 Les juges sont élus pour une durée de neuf ans. Ils ne sont pas rééligibles.
4 Un juge ne peut être relevé de ses fonctions que si les autres juges décident,
à la majorité des deux tiers, que ce juge a cessé de répondre aux conditions
requises.
1 La Cour dispose d’un greffe dont les tâches et l’organisation sont fixées par le
règlement de la Cour.
42
Article 25 – Assemblée
Assemblée plénière:
1 Pour l’examen des affaires portées devant elle, la Cour siège en formations de
juge unique, en comités de trois juges, en Chambres de sept juges et en une
Grande Chambre de dixsept juges. Les Chambres de la Cour constituent les
comités pour une période déterminée.
3 Un juge siégeant en tant que juge unique n’examine aucune requête introduite
contre la Haute Partie contractante au titre de laquelle ce juge a été élu.
4 Le juge élu au titre d’une Haute Partie contractante partie au litige est membre
de droit de la Chambre et de la Grande Chambre. En cas d’absence de ce
juge, ou lorsqu’il n’est pas en mesure de siéger, une personne choisie par le
président de la Cour sur une liste soumise au préalable par cette Partie siège
en qualité de juge.
43
Article 27 – Compétence des juges uniques
3 Si le juge élu au titre de la Haute Partie contractante partie au litige n'est pas
membre du comité, ce dernier peut, à tout moment de la procédure, l'inviter à
siéger en son sein en lieu et place de l'un de ses membres, en prenant en
compte tous facteurs pertinents, y compris la question de savoir si cette Partie
a contesté l’application de la procédure du paragraphe 1.b.
1 Si aucune décision n’a été prise en vertu des articles 27 ou 28, ni aucun arrêt
rendu en vertu de l’article 28, une Chambre se prononce sur la recevabilité et
le fond des requêtes individuelles introduites en vertu de l’article 34. La
décision sur la recevabilité peut être prise de façon séparée.
44
solution d'une question peut conduire à une contradiction avec un arrêt rendu
antérieurement par la Cour, la Chambre peut, tant qu'elle n'a pas rendu son
arrêt, se dessaisir au profit de la Grande Chambre, à moins que l'une des
parties ne s'y oppose. Article 31 – Attributions de la Grande Chambre
La Grande Chambre:
b se prononce sur les questions dont la Cour est saisie par le Comité des
Ministres en vertu de l’article 46, paragraphe 4 ; et c examine les
demandes d'avis consultatifs introduites en vertu de l'article 47.
Toute Haute Partie contractante peut saisir la Cour de tout manquement aux
dispositions de la Convention et de ses protocoles qu'elle croira pouvoir être
imputé à une autre Haute Partie contractante.
La Cour peut être saisie d'une requête par toute personne physique, toute
organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui se
prétend victime d'une violation par l'une des Hautes Parties contractantes
des droits reconnus dans la Convention ou ses protocoles. Les Hautes
Parties contractantes s'engagent à n'entraver par aucune mesure l'exercice
efficace de ce droit.
45
2 La Cour ne retient aucune requête individuelle introduite en application de
l'article 34, lorsque a elle est anonyme; ou
b que le requérant n’a subi aucun préjudice important, sauf si le respect des
droits de l’homme garantis par la Convention et ses Protocoles exige un
examen de la requête au fond et à condition de ne rejeter pour ce motif
aucune affaire qui n'a pas été dûment examinée par un tribunal interne.
1 Dans toute affaire devant une Chambre ou la Grande Chambre, une Haute
Partie contractante dont un ressortissant est requérant a le droit de présenter
des observations écrites et de prendre part aux audiences.
Article 37 – Radiation
maintenir; ou
46
c que, pour tout autre motif dont la Cour constate l'existence, il ne se justifie plus de
poursuivre l'examen de la requête.
3 En cas de règlement amiable, la Cour raye l’affaire du rôle par une décision
qui se limite à un bref exposé des faits et de la solution adoptée.
4 Cette décision est transmise au Comité des Ministres qui surveille l’exécution
des termes du règlement amiable tels qu’ils figurent dans la décision.
1 L'audience est publique à moins que la Cour n'en décide autrement en raison
de circonstances exceptionnelles.
47
Les arrêts des Chambres deviennent définitifs conformément aux
dispositions de l'article 44, paragraphe 2.
1 Les arrêts, ainsi que les décisions déclarant des requêtes recevables ou
irrecevables, sont motivés.
2 Si l'arrêt n'exprime pas en tout ou en partie l'opinion unanime des juges, tout
juge a le droit d'y joindre l'exposé de son opinion séparée.
2 L'arrêt définitif de la Cour est transmis au Comité des Ministres qui en surveille
l'exécution.
48
3 Lorsque le Comité des Ministres estime que la surveillance de l’exécution d’un
arrêt définitif est entravée par une difficulté d’interprétation de cet arrêt, il peut
saisir la Cour afin qu’elle se prononce sur cette question d’interprétation. La
décision de saisir la Cour est prise par un vote à la majorité des deux tiers des
représentants ayant le droit de siéger au Comité.
2 Ces avis ne peuvent porter ni sur les questions ayant trait au contenu ou à
l'étendue des droits et libertés définis au titre I de la Convention et dans les
protocoles ni sur les autres questions dont la Cour ou le Comité des Ministres
pourraient avoir à connaître par suite de l'introduction d'un recours prévu par
la Convention.
2 Si l'avis n'exprime pas en tout ou en partie l'opinion unanime des juges, tout
juge a le droit d'y joindre l'exposé de son opinion séparée.
49
Les frais de fonctionnement de la Cour sont à la charge du Conseil de
l'Europe.
1 Tout Etat peut, au moment de la ratification ou à tout autre moment par la suite,
déclarer, par notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de
l'Europe, que la présente Convention s'appliquera, sous réserve du
50
paragraphe 4 du présent article, à tous les territoires ou à l'un quelconque des
territoires dont il assure les relations internationales.
Article 57 – Réserves
Article 58 – Dénonciation
51
Article 59 – Signature et ratification 1
52
______
(*) Cette page comprend le texte de la Convention telle qu’amendée par son
Protocole n° 14 (STCE n° 194) à compter de la date de son entrée en vigueur le
1er juin 2010. Le texte de la Convention avait été précédemment amendé
conformément aux dispositions du Protocole n°3 (STE n° 45), entré en vigueur le
21 septembre 1970, du Protocole n° 5 (STE n° 55), entré en vigueur le 20
décembre 1971, et du Protocole n°8 (STE n° 118), entré en vigueur le 1er janvier
1990, et comprenait en outre le texte du Protocole n°2 (STE n° 44) qui,
conformément à son article 5, paragraphe 3, avait fait partie intégrante de la
Convention depuis son entrée en vigueur le 21 septembr e 1970. Toutes les
dispositions qui avaient été amendées ou ajoutées par ces Protocoles avaient
été remplacées par le Protocole n°11 (STE n° 155), à compter de la date de son
entrée en vigueur le 1er novembre 1998. A compter de cette date, le Protocole
n°9 (STE n° 140), entré en vigueur le 1er octobre 1994, avait été abrogé et le
Protocole n° 10 (STE n° 146) était devenu sans objet.
53
Charte Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples
PREAMBULE
Les Etats africains membres de L'OUA, parties à la présente Charte qui porte le titre de "Charte
Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples";
Considérant la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine, aux termes de laquelle, "la liberté,
l'égalité, la justice et la dignité sont des objectifs essentiels à la réalisation des aspirations légitimes
des peuples africains";
Réaffirmant l'engagement qu'ils ont solennellement pris à l'Article 2 de ladite Charte, d'éliminer sous
toutes ses formes le colonialisme de l'Afrique, de coordonner et d'intensifier leur coopération et leurs
efforts pour offrir de meilleures conditions d'existence aux peuples d'Afrique, de favoriser la
coopération internationale en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme;
Tenant compte des vertus de leurs traditions historiques et des valeurs de civilisation africaine qui
doivent inspirer et caractériser leurs réflexions sur la conception des droits de l'homme et des peuples;
Reconnaissant que d'une part, les droits fondamentaux de l'être humain sont fondés sur les attributs
de la personne humaine, ce qui justifie leur protection internationale et que d'autre part, la réalité et le
respect des droits du peuple doivent nécessairement garantir les droits de l'homme;
Considérant que la jouissance des droits et libertés implique l'accomplissement des devoirs de
chacun;
Convaincus qu'il est essentiel d'accorder désormais une attention particulière au droit au
développement; que les droits civils et politiques sont indissociables des droits économiques, sociaux
et culturels, tant dans leur conception que dans leur universalité, et que la satisfaction des droits
économiques, sociaux et culturels garantit la jouissance des droits civils et politiques;
Conscients de leur devoir de libérer totalement l'Afrique dont les peuples continuent à lutter pour leur
indépendance véritable et leur dignité et s'engageant à éliminer le colonialisme, le néocolonialisme,
l'apartheid, le sionisme, les bases militaires étrangères d'agression et toutes formes de discrimination,
notamment celles fondées sur la race, l'ethnie, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l'opinion
politique;
Réaffirmant leur attachement aux libertés et aux droits de l'homme et des peuples contenus dans les
déclarations, conventions et autres instruments adoptés dans le cadre de l'Organisation de l'Unité
Africaine, du Mouvement des Pays Non-Alignés et de l'Organisation des Nations-Unies;
54
Fermement convaincus de leur devoir d'assurer la promotion et la protection des droits et libertés de
l'homme et des peuples, compte dûment tenu de l'importance primordiale traditionnellement attachée
en Afrique à ces droits et libertés,
ARTICLE 1
Les Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine, parties à la présente Charte, reconnaissent
les droits, devoirs et libertés énoncés dans cette Charte et s'engagent à adopter des mesures
législatives ou autres pour les appliquer.
ARTICLE 2
Toute personne a droit à la jouissance des droits et libertés reconnus et garantis dans la présente
Charte sans distinction aucune, notamment de race, d'ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de
naissance ou de toute autre situation.
ARTICLE 3
ARTICLE 4
La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité
physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit.
ARTICLE 5
ARTICLE 6
Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté
sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi; en particulier nul ne
peut être arrêté ou détenu arbitrairement.
ARTICLE 7
55
a. le droit de saisir les juridictions nationales compétentes de tout acte violant les droits
fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois,
règlements et coutumes en vigueur;
b. le droit à la présomption d'innocence, jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une
juridiction compétente;
c. le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son
choix;
d. le droit d'être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale.
2. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au
moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune peine ne peut être
infligée si elle n'a pas été prévue au moment où l'infraction a été commise. La peine est
personnelle et ne peut frapper que le délinquant.
ARTICLE 8
La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion, sont garanties. Sous réserve
de l'ordre public, nul ne peut être l'objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation
de ces libertés.
ARTICLE 9
ARTICLE 10
1. Toute personne a le droit de constituer librement des associations avec d'autres, sous réserve
de se conformer aux règles édictées par la loi.
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association sous réserve de l'obligation de
solidarité prévue à l'article 29.
ARTICLE 11
Toute personne a le droit de se réunir librement avec d'autres. Ce droit s'exerce sous la seule réserve
des restrictions nécessaires édictées par les lois et règlements, notamment dans l'intérêt de la
sécurité nationale, de la sûreté d'autrui, de la santé, de la morale ou des droits et libertés des
personnes.
ARTICLE 12
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat,
sous réserve de se conformer aux règles édictées par la loi.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Ce droit ne peut faire l'objet de restrictions que si celles-ci sont prévues par la loi, nécessaires
pour protéger la sécurité nationale, l'ordre public, la santé ou la moralité publiques.
3. Toute personne a le droit, en cas de persécution, de rechercher et de recevoir asile en
territoire étranger, conformément à la loi de chaque pays et aux conventions internationales.
4. L'étranger légalement admis sur le territoire d'un Etat partie à la présente Charte ne pourra en
être expulsé qu'en vertu d'une décision conforme à la loi.
56
5. L'expulsion collective d'étrangers est interdite. L'expulsion collective est celle qui vise
globalement des groupes nationaux, raciaux, ethniques ou religieux.
ARTICLE 13
1. Tous les citoyens ont le droit de participer librement à la direction des affaires publiques de
leur pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis, ce,
conformément aux règles édictées par la loi.
2. Tous les citoyens ont également le droit d'accéder aux fonctions publiques de leurs pays.
3. Toute personne a le droit d'user des biens et services publics dans la stricte égalité de tous
devant la loi.
ARTICLE 14
Le droit de propriété est garanti. Il ne peut y être porté atteinte que par nécessité publique ou dans
l'intérêt général de la collectivité, ce, conformément aux dispositions des lois appropriées.
ARTICLE 15
Toute personne a le droit de travailler dans des conditions équitables et satisfaisantes et de percevoir
un salaire égal pour un travail égal.
ARTICLE 16
1. Toute personne a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit
capable d'atteindre.
2. Les Etats parties à la présente Charte s'engagent à prendre les mesures nécessaires en vue
de protéger la santé de leurs populations et de leur assurer l'assistance médicale en cas de
maladie.
ARTICLE 17
ARTICLE 18
1. La famille est l'élément naturel et la base de la société. Elle doit être protégée par l'Etat qui
doit veiller à sa santé physique et morale.
2. L'Etat a l'obligation d'assister la famille dans sa mission de gardienne de la morale et des
valeurs traditionnelles reconnues par la Communauté.
3. L' Etat a le devoir de veiller à l'élimination de toute discrimination contre la femme et d'assurer
la protection des droits de la femme et de l'enfant tels que stipulés dans les déclarations et
conventions internationales.
4. Les personnes âgées ou handicapées ont également droit à des mesures spécifiques de
protection en rapport avec leurs besoins physiques ou moraux.
ARTICLE 19
57
Tous les peuples sont égaux ; ils jouissent de la même dignité et ont les mêmes droits. Rien ne peut
justifier la domination d'un peuple par un autre.
ARTICLE 20
ARTICLE 21
1. Les peuples ont la libre disposition de leurs richesses et de leurs ressources naturelles. Ce
droit s'exerce dans l'intérêt exclusif des populations. En aucun cas, un peuple ne peut en être
privé.
2. En cas de spoliation, le peuple spolié a droit à la légitime récupération de ses biens ainsi qu'à
une indemnisation adéquate.
3. La libre disposition des richesses et des ressources naturelles s'exerce sans préjudice de
l'obligation de promouvoir une coopération économique internationale fondée sur le respect
mutuel, l'échange équitable, et les principes du droit international.
4. Les Etats parties à la présente Charte s'engagent, tant individuellement que collectivement, à
exercer le droit de libre disposition de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, en vue
de renforcer l'unité et la solidarité africaines.
5. Les Etats, parties à la présente Charte, s'engagent à éliminer toutes les formes d'exploitation
économique étrangère, notamment celle qui est pratiquée par des monopoles internationaux,
afin de permettre à la population de chaque pays de bénéficier pleinement des avantages
provenant de ses ressources nationales.
ARTICLE 22
1. Tous les peuples ont droit à leur développement économique, social et culturel, dans le
respect strict de leur liberté et de leur identité, et à la jouissance égale du patrimoine commun
de l'humanité.
2. Les Etats ont le devoir, séparément ou en coopération, d'assurer l'exercice du droit au
développement.
ARTICLE 23
1. Les peuples ont droit à la paix et à la sécurité tant sur le plan national que sur le plan
international. Le principe de solidarité et de relations amicales affirmé implicitement par la
Charte de l'Organisation des Nations Unies et réaffirmé par celle de l'Organisation de l'Unité
Africaine est applicable aux rapports entre les Etats.
2. Dans le but de renforcer la paix, la solidarité et les relations amicales, les Etats, parties à la
présente Charte, s'engagent à interdire:
i. qu'une personne jouissant du droit d'asile aux termes de l'article 12 de la présente
Charte entreprenne une activité subversive dirigée contre son pays d'origine ou
contre tout autre pays, parties à la présente Charte;
58
ii. que leurs territoires soient utilisés comme base de départ d'activités subversives ou
terroristes dirigées contre le peuple de tout autre Etat, partie à la présente Charte.
ARTICLE 24
Tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement.
ARTICLE 25
Les Etats parties à la présente Charte ont le devoir de promouvoir et d'assurer, par l'enseignement,
l'éducation et la diffusion, le respect des droits et des libertés contenus dans la présente Charte, et de
prendre des mesures en vue de veiller à ce que ces libertés et droits soient compris de même que les
obligations et devoirs correspondants.
ARTICLE 26
Les Etats parties à la présente Charte ont le devoir de garantir l'indépendance des Tribunaux et de
permettre l'établissement et le perfectionnement d'institutions nationales appropriées chargées de la
promotion et de la protection des droits et libertés garantis par la présente Charte.
ARTICLE 27
1. Chaque individu a des devoirs envers la famille et la société, envers l'Etat et les autres
collectivités légalement reconnues et envers la Communauté Internationale.
2. Les droits et les libertés de chaque personne s'exercent dans le respect du droit d'autrui, de la
sécurité collective, de la morale et de l'intérêt commun.
ARTICLE 28
Chaque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans discrimination aucune,
et d'entretenir avec eux des relations qui permettent de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le
respect et la tolérance réciproques.
ARTICLE 29
59
7. De veiller, dans ses relations avec la société, à la préservation et au renforcement des valeurs
culturelles africaines positives, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de concertation et
d'une façon générale de contribuer à la promotion de la santé morale de la société;
8. De contribuer au mieux de ses capacités, à tout moment et à tous les niveaux, à la promotion
et à la réalisation de l'unité africaine.
ARTICLE 30
Il est créé auprès de l'Organisation de l'Unité Africaine une Commission Africaine des Droits de
l'Homme et des Peuples ci-dessous dénommée "la Commission", chargée de promouvoir les droits de
l'homme et des peuples et d'assurer leur protection en Afrique.
ARTICLE 31
1. La Commission se compose de onze membres qui doivent être choisis parmi les
personnalités africaines jouissant de la plus haute considération, connues pour leur haute
moralité, leur intégrité et leur impartialité, et possédant une compétence en matière de droits
de l'homme et des peuples, un intérêt particulier devant être donné à la participation de
personnes ayant une expérience en matière de droit.
2. Les membres de la Commission siègent à titre personnel.
ARTICLE 32
ARTICLE 33
Les membres de la Commission sont élus au scrutin secret par la Conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement, sur une liste de personnes présentées à cet effet, par les Etats parties à la présente
Charte.
ARTICLE 34
Chaque Etat partie à la présente Charte peut présenter deux candidats au plus. Les candidats doivent
avoir la nationalité d'un des Etats parties à la présente Charte. Quand deux candidats sont présentés
par un Etat, l'un des deux ne peut être national de cet Etat.
ARTICLE 35
ARTICLE 36
60
Les membres de la Commission sont élus pour une période de six ans renouvelable.
Toutefois, le mandat de quatre des membres élus lors de la première élection prend fin au bout de
deux ans, et le mandat de trois autres au bout de quatre ans.
ARTICLE 37
Immédiatement après la première élection, les noms des membres visés à l'article 36 sont tirés au
sort par le Président de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'OUA.
ARTICLE 38
Après leur élection, les membres de la Commission font la déclaration solennelle de bien et fidèlement
remplir leurs fonctions en toute impartialité.
ARTICLE 39
ARTICLE 40
Tout membre de la Commission conserve son mandat jusqu'à la date d'entrée en fonction de son
successeur.
ARTICLE 41
ARTICLE 42
1. La Commission élit son Président et son Vice-Président pour une période de deux ans
renouvelable.
2. Elle établit son règlement intérieur.
3. Le quorum est constitué par sept membres.
4. En cas de partage des voix au cours des votes, la voix du Président est prépondérante.
5. Le Secrétaire Général de l'OUA peut assister aux réunions de la Commission. Il ne participe ni
aux délibérations, ni aux votes. Il peut toutefois être invité par le Président de la Commission à
y prendre la parole.
ARTICLE 43
61
Les membres de la Commission, dans l'exercice de leurs fonctions, jouissent des privilèges et
immunités diplomatiques prévus par la Convention sur les privilèges et immunités de l'Organisation de
l'Unité Africaine.
ARTICLE 44
Les émoluments et allocations des membres de la Commission sont prévus au budget régulier de
l'Organisation de l'Unité Africaine.
ARTICLE 45
ARTICLE 46
La Commission peut recourir à toute méthode d'investigation appropriée; elle peut notamment
entendre le Secrétaire Général de l'OUA et toute personne susceptible de l'éclairer.
ARTICLE 47
Si un Etat partie à la présente Charte a de bonnes raisons de croire qu'un autre Etat également partie
à cette Charte a violé les dispositions de celle-ci, il peut appeler, par communication écrite, l'attention
de cet Etat sur la question. Cette communication sera également adressée au Secrétaire Général de
l'OUA et au Président de la Commission. Dans un délai de trois mois à compter de la réception de la
communication, l'Etat destinataire fera tenir à l'Etat qui a adressé la communication, des explications
ou déclarations écrites élucidant la question, qui devront comprendre dans toute la mesure du
possible, des indications sur les lois et règlements de procédure applicables ou appliqués et sur les
moyens de recours, soit déjà utilisés, soit en instance, soit encore ouverts.
62
ARTICLE 48
Si dans un délai de 3 (trois) mois à compter de la date de réception de la communication originale par
l'Etat destinataire, la question n'est pas réglée à la satisfaction des deux Etats intéressés, par voie de
négociation bilatérale ou par toute autre procédure pacifique, l'un comme l'autre auront le droit de la
soumettre à la Commission par une notification adressée à son Président, à l'autre Etat intéressé et
au Secrétaire Général de l'OUA.
ARTICLE 49
Nonobstant les dispositions de l'article 47, si un Etat partie à la présente Charte estime qu'un autre
Etat également partie à cette Charte a violé les dispositions de celle-ci, il peut saisir directement la
Commission par une communication adressée à son Président, au Secrétaire Général de l'OUA et à
l'Etat intéressé.
ARTICLE 50
La Commission ne peut connaitre d'une affaire qui lui est soumise qu'après s'être assurée que tous
les recours internes, s'ils existent, ont été épuisés, à moins qu'il ne soit manifeste pour la Commission
que la procédure de ces recours se prolonge d'une façon anormale.
ARTICLE 51
1. La Commission peut demander aux Etats parties intéressés de lui fournir toute information
pertinente.
2. Au moment de l'examen de l'affaire, des Etats parties intéressés peuvent se faire représenter
devant la Commission et présenter des observations écrites ou orales.
ARTICLE 52
Après avoir obtenu, tant des Etats parties intéressés que d'autres sources, toutes les informations
qu'elle estime nécessaires et après avoir essayé par tous les moyens appropriés de parvenir à une
solution amiable fondée sur le respect des droits de l'homme et des peuples, la Commission établit,
dans un délai raisonnable à partir de la notification visée à l'article 48, un rapport relatant les faits et
les conclusions auxquelles elle a abouti. Ce rapport est envoyé aux Etats concernés et communiqué à
la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.
ARTICLE 53
Au moment de la transmission de son rapport, la Commission peut faire à la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement, telle recommandation qu'elle jugera utile.
ARTICLE 54
La Commission soumet à chacune des sessions ordinaires de la conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement un rapport sur ses activités.
ARTICLE 55
63
1. Avant chaque session, le Secrétaire de la Commission dresse la liste des communications
autres que celles des Etats parties à la présente Charte et les communique aux membres de la
Commission qui peuvent demander à en prendre connaissance et en saisir la Commission.
2. La Commission en sera saisie, sur la demande de la majorité absolue de ses membres.
ARTICLE 56
Les communications visées à l'article 55 reçues à la Commission et relatives aux droits de l'homme et
des peuples doivent nécessairement, pour être examinées, remplir les conditions ci-après:
ARTICLE 57
Avant tout examen au fond, toute communication doit être portée à la connaissance de l'Etat intéressé
par les soins du Président de la Commission.
ARTICLE 58
ARTICLE 59
1. Toutes les mesures prises dans le cadre du présent chapitre resteront confidentielles jusqu'au
moment où la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement en décidera autrement.
64
2. Toutefois, le rapport est publié par le Président de la Commission sur décision de la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.
3. Le rapport d'activités de la Commission est publié par son Président après son examen par la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.
ARTICLE 60
La Commission s'inspire du droit international relatif aux droits de l'homme et des peuples, notamment
des dispositions des divers instruments africains relatifs aux droits de l'homme et des peuples, des
dispositions de la Charte des Nations Unies, de la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine, de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, des dispositions des autres instruments adoptés par
les Nations Unies et par les pays africains dans le domaine des droits de l'homme et des peuples ainsi
que des dispositions de divers instruments adoptés au sein d'institutions spécialisées des Nations
Unies dont sont membres les parties à la présente Charte.
ARTICLE 61
La Commission prend aussi en considération, comme moyens auxiliaires de détermination des règles
de droit, les autres conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant des règles
expressément reconnues par les Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine, les pratiques
africaines conformes aux normes internationales relatives aux droits de l'homme et des peuples, les
coutumes généralement acceptées comme étant le droit, les principes généraux de droit reconnus par
les nations africaines ainsi que la jurisprudence et la doctrine.
ARTICLE 62
Chaque Etat partie s'engage à présenter tous les deux ans, à compter de la date d'entrée en vigueur
de la présente Charte, un rapport sur les mesures d'ordre législatif ou autre, prises en vue de donner
effet aux droits et libertés reconnus et garantis dans la présente Charte.
ARTICLE 63
ARTICLE 64
1. Dès l'entrée en vigueur de la présente Charte, il sera procédé à l'élection des membres de la
Commission dans les conditions fixées par les dispositions des articles pertinents de la
présente Charte.
65
2. Le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine convoquera la première réunion
de la Commission au siège de l'Organisation. Par la suite, la Commission sera convoquée
chaque fois qu'il sera nécessaire et au moins une fois par an par son Président.
ARTICLE 65
Pour chacun des Etats qui ratifieront la présente Charte ou y adhéreront après son entrée en vigueur,
ladite Charte prendra effet trois mois après la date du dépôt par cet Etat, de son instrument de
ratification ou d'adhésion.
ARTICLE 66
Des protocoles ou accords particuliers pourront, en cas de besoin, compléter les dispositions de la
présente Charte.
ARTICLE 67
ARTICLE 68
La présente Charte peut être amendée ou révisée si un Etat partie envoie à cet effet une demande
écrite au Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine. La conférence des Chefs d'Etat et
de Gouvernement n'est saisie du projet d'amendement que lorsque tous les Etats parties en auront
été dûment avisés et que la Commission aura donné son avis à la diligence de l'Etat demandeur.
L'amendement doit être approuvé par la majorité absolue des Etats parties. II entre en vigueur pour
chaque Etat qui l'aura accepté conformément à ses règles constitutionnelles trois mois après la
notification de cette acceptation au Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine.
Adoptée par la dix-huitième Conférence des Chefs d'état et de Gouvernement Juin 1981
Nairobi, Kenya
66
Déclaration islamique universelle des
droits de l’homme de 1981
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Déclaration islamique universelle des droits de l’homme proposée par le Conseil Islamique
d’Europe, organisme ayant son siège à Londres. La Déclaration a été promulguée le 19 septembre
1981 à Paris, lors d’une réunion organisée à l’Unesco.
La version française de cette Déclaration, présentée ci-dessous, est, comme la version
anglaise, sommaire. Publiée par le Conseil Islamique, elle diverge notablement du texte original
en arabe.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Ce manifeste-ci est une déclaration adressée aux hommes pour servir de guide et de pieuse
exhortation à tous les hommes pieux (3 : 138).
INTRODUCTION
L’Islam a donné à l’humanité un code idéal des droits de l’homme, il y a quatorze siècles. Ces
droits ont pour objet de conférer honneur et dignité à l’humanité et d’éliminer l’exploitation,
l’oppression et l’injustice.
Les droits de l’homme, dans l’Islam, sont fortement enracinés dans la conviction que Dieu, et
Dieu seul, est l’auteur de la Loi et la source de tous les droits de l’homme. Etant donnée leur origine
divine, aucun dirigeant ni gouvernement, aucune assemblée ni autorité ne peut restreindre, abroger
ni violer en aucune manière les droits de l’homme conférés par Dieu. De même, nul ne peut
transiger avec eux.
Les droits de l’homme, dans l’Islam, font partie intégrante de l’ensemble de l’ordre islamique
et tous les gouvernements et organismes musulmans sont tenus de les appliquer selon la lettre et
l’esprit dans le cadre de cet ordre.
Il est malheureux que les droits de l’homme soient impunément foulés aux pieds dans de
nombreux pays du monde, y compris dans des pays musulmans. Ces violations flagrantes sont
extrêmement préoccupantes et éveillent la conscience d’un nombre croissant d’individus dans le
monde entier.
Je souhaite sincèrement que cette Déclaration des droits de l’homme donne une puissante
impulsion aux populations musulmanes pour rester fermes et défendre avec courage et résolution
les droits qui leur ont été conférés par Dieu.
67
La présente Déclaration des droits de l’homme est le second document fondamental publié
par le Conseil islamique pour marquer le commencement du 15ème siècle de l’ère islamique, le
premier étant la Déclaration islamique universelle annoncée lors de la Conférence internationale
sur le Prophète Mahomet (que Dieu le bénisse et le garde en paix) et son message, organisée à
Londres du 12 au 15 avril 1980.
La Déclaration islamique universelle des droits de l’homme est basée sur le Coran et la
Sunnah et a été élaborée par d’éminents érudits et juristes musulmans et des représentants de
mouvements et courants de pensée islamiques. Que Dieu les récompense de leurs efforts et les
guide sur le droit chemin.
<right>Salem Amin, Secrétaire général, [Paris] 19 septembre 1981 / 21 Dhul Qaidah
1401</right>
Ô hommes ! Nous vous avons créés [des œuvres] d’un être mâle et d’un être femelle. Et nous
vous avons répartis en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez entre vous. Les plus
méritants sont, d’entre vous, les plus pieux (49 : 13).
PREAMBULE
Considérant que l’aspiration séculaire des hommes à un ordre du monde plus juste où les
peuples pourraient vivre, se développer et prospérer dans un environnement affranchi de la peur,
de l’oppression, de l’exploitation et des privations est loin d’être satisfaite ;
Considérant que les moyens de subsistance économique surabondants dont la miséricorde
divine a doté l’humanité sont actuellement gaspillés, ou inéquitablement ou injustement refusés
aux habitants de la terre ;
Considérant qu’Allah (Dieu) a donné à l’humanité, par ses révélations dans le Saint Coran et
la Sunnah de son saint Prophète Mahomet, un cadre juridique et moral durable permettant d’établir
et de réglementer les institutions et les rapports humains ;
Considérant que les droits de l’homme ordonnés par la Loi divine ont pour objet de conférer
la dignité et l’honneur à l’humanité et sont destinés à éliminer l’oppression et l’injustice ;
Considérant qu’en vertu de leur source et de leur sanction divines, ces droits ne peuvent être
restreints, abrogés ni enfreints par les autorités, assemblées ou autres institutions, pas plus qu’ils
ne peuvent être abdiqués ni aliénés ;
68
1) où tous les êtres humains soient égaux et aucun ne jouisse d’un privilège ni ne subisse
un désavantage ou une discrimination du seul fait de sa race, de sa couleur, de son sexe,
de son origine ou de sa langue ;
2) où tous les êtres humains soient nés libres ;
3) où l’esclavage et les travaux forcés soient proscrits ;
4) où soient établies des conditions permettant de préserver, de protéger et d’honorer
l’institution de la famille en tant que fondement de toute la vie sociale ;
5) où les gouvernants et les gouvernés soient soumis de la même manière à la Loi et égaux
devant elle ;
6) où il ne soit obéi qu’à des ordres conformes à la Loi ;
7) où tout pouvoir terrestre soit considéré comme un dépôt sacré, à exercer dans les limites
prescrites par la Loi, d’une manière approuvée par celle-ci et en tenant compte des priorités
qu’elle fixe ;
8) où toutes les ressources économiques soient considérées comme des bénédictions
divines accordées à l’humanité, dont tous doivent profiter conformément aux règles et
valeurs exposées dans le Coran et la Sunnah ;
9) où toutes les affaires publiques soient déterminées et conduites, et l’autorité
administrative exercée, après consultation mutuelle (shura) entre les croyants habilités à
prendre part à une décision compatible avec la Loi et le bien public ;
10) où chacun assume des obligations suivant ses capacités et soit responsable de ses
actes en proportion ;
11) où chacun soit assuré, en cas de violation de ses droits, que des mesures correctives
appropriées seront prises conformément à la Loi ;
12) où personne ne soit privé des droits qui lui sont garantis par la Loi, sauf en vertu de
ladite Loi et dans la mesure autorisée par elle ;
13) où chaque individu ait le droit d’entreprendre une action juridique contre quiconque
aura commis un crime contre la société dans son ensemble ou contre l’un de ses
membres ;
14) où tous les efforts soient accomplis
pour libérer l’humanité de tout type d’exploitation, d’injustice et d’oppression, et
pour garantir à chacun la sécurité, la dignité et la liberté dans les conditions stipulées, par
les méthodes approuvées et dans les limites fixées par la Loi ;
Affirmons par les présentes, en tant que serviteurs d’Allah et membres de la fraternité
universelle de l’Islam, au commencement du quinzième siècle de l’ère islamique, nous engager à
promouvoir les droits inviolables et inaliénables de l’homme définis ci-après, dont nous considérons
qu’ils sont prescrits par l’Islam.
Article 1 - Droit à la vie
a) La vie humaine est sacrée et inviolable et tous les efforts doivent être accomplis pour la
protéger. En particulier, personne ne doit être exposé à des blessures ni à la mort, sauf
sous l’autorité de la Loi.
b) Après la mort comme dans la vie, le caractère sacré du corps d’une personne doit être
inviolable. Les croyants sont tenus de veiller à ce que le corps d’une personne décédée
soit traité avec la solennité requise.
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a) Toutes les personnes sont égales devant la Loi et ont droit à des possibilités égales et
à une protection égale de la Loi.
b) Toutes les personnes doivent recevoir un salaire égal à travail égal.
c) Personne ne doit se voir refuser une possibilité de travailler ni subir une discrimination
quelconque ni être exposé à un plus grand risque physique du seul fait d’une différence de
croyance religieuse, de couleur, de race, d’origine, de sexe ou de langue.
70
a) Toute personne persécutée ou opprimée a le droit de chercher refuge et asile. Ce droit
est garanti à tout être humain quels que soient sa race, sa religion, sa couleur ou son sexe.
b) Al-Masgid al-haram (la maison sacrée d’Allah) à la Mecque est un refuge pour tous les
musulmans.
NOTES D’EXPLICATION
1. Dans la formulation des "Droits de l’homme" qui précède, sauf stipulation contraire dans
le contexte :
a) Le terme "personne" englobe à la fois le sexe masculin et le sexe féminin.
b) Le terme "Loi" signifie la shari’ah, c’est-à-dire la totalité des ordonnances tirées du Coran
et de la Sunnah et toute autre Loi déduite de ces deux sources par des méthodes jugées
valables en jurisprudence islamique.
2. Chacun des droits de l’homme énoncés dans la présente Déclaration comporte les
obligations correspondantes.
3. Dans l’exercice et la jouissance des droits précités, chaque personne ne sera soumise
qu’aux limites imposées par la Loi dans le but d’assurer la reconnaissance légitime et le
respect des droits et de la liberté des autres et de satisfaire les justes exigences de la
moralité, de l’ordre public et du bien-être général de la communauté (ummah).
4. Le texte arabe de cette Déclaration représente l’original.
73
Les Déclarations islamiques des droits de
l'homme
Par Mohammad Amin Al-Midani
74
à quel point le chemin est encore long et combien les efforts sont nécessaires pour sensibiliser
les Etats de cette région à l'importance des droits de l'homme et à la nécessité de leur respect
tant au niveau national que régional et international.
Nous allons examiner les Déclarations adoptées par l'O.C.I. (I), et les Déclarations adoptées par
les ONG (II).
75
sont les droits et les libertés dictées par Dieu dans ses Livres révélés, et qui sont l'objet du
message du dernier Prophète Muhammad.
Ainsi,cette Déclaration confirme le caractère divin, et à la fois sacré, des droits de l'homme qui
trouvent leurs sources d'inspiration dans tous les livres révélés aux prophètes.
D'autre part, la Déclaration du Caire insiste, en premier lieu, sur le rôle de l'Oumma la
communauté des croyants. On attend d'elle, d'après le préambule, de jouer son rôle pour
qu'elle éclaire la voie de l'humanité et pour qu'elle apporte des solutions aux problèmes
chroniques de la civilisation matérialiste.
La Déclaration en question reconnaît les droits de l'homme afin que l'homme soit protégé contre
l'exploitation et la persécution.
Enfin, force est de constater que nous ne trouvons aucune référence, dans ce préambule, ni à la
Charte de l'Organisation des Nations Unies, ni à la Déclaration universelle des droits de
l'homme [4]!
76
L'article 3 parle aussi du droit du blessé et du malade d'être soigné, de l'échange de prisonniers,
de leur droit d'être nourris, hébergés et habillés, et de la réunion des familles séparées.
c) Les devoirs: la notion de devoir ou plutôt la responsabilité individuelle de l'homme et la
responsabilité collective de la communauté sont également affirmées dans la Déclaration du
Caire.
Elle mentionne, à plusieurs reprises, les devoirs de l'Etat, de la société, du peuple et de l'individu.
Ainsi, l'Etat et la société ont le devoir d'éliminer les obstacles au mariage, de le faciliter, de
protéger la famille et de l'entourer de l'attention requise. (art. 5 (b)). Il incombe au mari,en tant
qu'individu, d'entretenir sa famille (art. 6, (b)). Les Etats et les peuples ont le devoir de les
soutenir dans leur lutte pour l'élimination de toutes les formes de colonisation et
d'occupation. (art. 11 (b)).Enfin, si tout homme a droit à une éducation, cette dernière doit
développer la personnalité de l'homme, consolider sa foi en Dieu, cultiver en lui le sens des droits
et des devoirs et lui apprendre à les respecter et à les défendre. (art. 9 (b)).
d) Le problème de la prise d'otages: la Déclaration s'intéresse à quelques phénomènes, en
particulier. Ainsi, l'article 21 traite d'un problème qui préoccupe la communauté internationale,
c'est-à-dire: la prise d'otages. Cet article interdit de prendre une personne en otage sous quelque
forme et pour quelque objectif que ce soit [5].
e) Le droit à un environnement sain: l'article 17 parle du droit de vivre dans un environnement
sain, et il incombe à l'Etat l'obligation de garantir ce droit. Un droit qui ne trouve sa place que
dans l'article 24 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981.
77
d'assister sa sécurité, sauf si son exil est motivé par un crime qu'il aurait commis en infraction
aux dispositions de la Charia.
e) La Charia comme seule source de référence: enfin, les articles 24 et25 précisent que les
droits et les libertés énoncées dans la Déclaration sont soumises aux dispositions de la Charia et
cette dernière est l'unique référence pour l'explication ou l'interprétation de l'un des quelconques
articles contenus dans la Déclaration.
Une grande question se pose concernant cette référence: à quelle Charia ou précisément à
quelle interprétation de la Charia se réfèrent ces deux articles pour expliquer ou interpréter l'un
de ces articles? Car, nous savons qu'il y a au moins quatre écoles sunnites d'interprétations, et
une ou plusieurs écoles chi'ites, et quelle interprétation serait alors valable?!
La Déclaration du Caire mélange en fait les normes des droits de l'homme et les normes du droit
international humanitaire dans un souci de montrer que la Charia comprend des dispositions qui
ressemblent, par exemple, aux dispositions figurant dans les Conventions de Genève de 1949.
Quelques droits et libertés font cruellement défaut dans cette Déclaration comme la liberté de
religion, la liberté de croyance ou la liberté de manifester sa religion!
Il n'en reste pas moins que la Déclaration du Caire contient des dispositions qui sont très
spécifiques, par exemple: l'interdiction de prendre une ou des personnes en otage ou le droit de
vivre dans un environnement sain. Mais la Déclaration ne reflète pas, à notre avis, et dans une
large mesure, une lecture ouverte et tolérante de l'islam d'aujourd'hui.
78
B. Les dispositions de la Déclaration islamique
universelle
La plupart de ces dispositions ressemblent à celles proclamées par la Déclaration universelle des
droits de l'homme comme: le droit à la vie (art. 1er), le droit à la liberté (art. 2), le droit à la
prohibition de toute discrimination (art. 3), le droit à la justice (art.4), le droit à un procè séquitable
(art.5), le droit à la protection contre la torture (art.7), le droit d'asile (art.9), le droit des minorités
(art.10), le droit à la participation à la conduite et à la gestion des affaires publiques et cette
participation est une obligation aussi (art.11), le droit à la liberté de croyance, de pensée et de
parole (art.12), le droit à la liberté religieuse (art.13), le droit à la libre association (art.14), le droit
à la protection de la propriété (art.16),le droit des travailleurs leur statut et leur dignité (art.17), le
droit à la sécurité sociale (art.18), le droit de fonder une famille et les questions connexes
(art.19), le droit à l'éducation (art.21), le droit à la vie privée(art.22) et le droit à la liberté de
déplacement et de résidence (art.23).
Ajoutons à cela quelques droits spécifiques comme par exemple: la protection contre l'abus de
pouvoir (art.6), la protection de l'honneur et de la réputation (art.8), et l'ordre économique et les
droits qui en découlent (art.9) et les droits de la femme mariée (art.20).
Mais ces dispositions laissent aussi quelques interrogations concernant par exemple: la liberté de
manifester sa religion ou le changement de religion même si l'art. 13 stipule que: Toute personne
a droit à la liberté de conscience et de culte conformément à ses convictions. Une autre
interrogation est: l'égalité entre l'homme et la femme? Si cette égalité en dignité est clairement
exposée dans la Déclaration, par contre cette dernière n'est pas très claire concernant l'égalité
entre l'homme et la femme en droits. Ainsi, son préambule affirme, d'un côté, le principe de
l'égalité entre tous les êtres humains, les articles 19 et 20 de la Déclaration maintiennent, d'un
autre côté, la position traditionnelle:…Tout conjoint possède ces droits et privilèges et est soumis
aux obligations stipulées par la Loi (art. 19, al. a), et toute femme mariée au droit: d'hériter de son
mari, de ses parents, de ses enfants etd'autres personnes apparentées conformément à la
Loi (art. 20, al. d).Et, la Loi ici est toujours la Charia.
D'autre part, cette Déclaration tranche d'une façon claire sur quelques questions. Ainsi, le droit de
chercher un refuge et le droit d'asile sont garantis par l'alinéa 1er de l'art. 9: à tout être humain
quelle que soient sa race, sa religion, sa couleur ou son sexe. Par contre, l'alinéa 2 de ce même
article réserve aux musulmans seulement le droit detrouver un refuge à Al Masjid Al Haram (la
maison sacrée d'Allah) à la Mecque. Ce qui explique ensuite que le droit de circuler librement
dans le Monde de l'Islam est réservé à tout musulman(art.23) ce qui signifie que le non-
musulman n'a pas le droit d'entrer, par exemple, dans les villes saintes d'Arabie saoudite, d'après
les législations de cet Etat islamique, ce qui représente à notre avis et comme nous l'avons
signalé précédemment, une interprétation rigoureuse de la Charia.
En guise de conclusion, nous pensons que ces tentatives de la part de l'O.C.I. et des ONG
musulmanes s'inscriront dans les efforts déployés dans le monde arabo-musulman pour faire
avancer le respect des droits de l'homme mais elles n'ont pas pris en compte, dans plusieurs
articles (surtout la Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam), ce que la
communauté internationale a réussit à affirmer comme l'égalité entre l'homme et la femme pas
seulement en dignité mais aussi en droits, la liberté religieuse pourtant réaffirmée à maintes
reprises par le Coran et la tradition du Prophète Mohammed. Une nouvelle version de la
Déclaration du Caire s'impose pour montrer le vrai visage de l'Islam, c'est-à-dire: la tolérance,
l'ouverture et l'amour.
Ainsi un groupe intergouvernemental d'experts est chargé actuellement du suivi de cette
Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam. Il a organisé, à cet effet, et avant janvier
2003, sept réunions qui ont été consacrées à cette tache suivie par le Secrétaire général de
l'O.C.I.[14].
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Notes:
Cet article a été publié sur le site oumma.com, le 31/3/2005.
* Président du Centre Arabe pour l'Education au Droit International Humanitaire et aux Droits
Humains, Lyon.
Directeur adjoint du Groupe d'Etudes et des Recherches en Islamologie, Université Marc Bloch,
Strasbourg.
[1] Voir concernant la création de cette Organisation notre article: Le mouvement du
panislamisme: son origine, son développement, et la création de l'Organisation de la Conférence
Islamique, le Courrier du Geri. Recherches d'islamologie et de théologie musulmane, 5-6 années,
volumes 5-6, n° 1-2, 2002-2003,pp. 109 et s.
[2] Voir le texte de cette Déclaration dans Mohammed Amin AL-MIDANI, Les droits de l'homme et
l'Islam. Textes des Organisations arabes et islamiques. Préface Jean-François Collange,
Association des Publications de la Faculté de Théologie Protestante, Université Marc Bloch,
Strasbourg, 2003,pp. 67 et s. (Ci-après, AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam).
[3] Voir le texte de cette Déclaration dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam, pp. 69 et
s.
[4] Voir notre étude: La Déclaration universelle des droits de l'homme et le droit musulman,
dans Lectures contemporaines du droit islamique. Europe et monde arabe, Presses
Universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 2004, pp. 153-186.
[5] Il est intéressant de signaler que les ministres de la Justice et de l'Intérieur de la Ligue des
Etats arabes ont signé le 22 avril 1998, au Caire, une Convention pour la lutte contre le
terrorisme.Voir le texte de cette Convention dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et
l'Islam, pp. 93 et s.
[6] On lit dans leCoran 2, 256: Pas de contrainte en religion. Le Coran. Introduction, traduction et
notes par Denis. MASSON, Paris, Gallimard, 1967.
[7] Voir, leCoran: 2,256 ; 10,41 ; 10,99 ; 12,103 ; 18,29 ;109,6.
[8] Voir le texte de cette Déclaration dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam, pp.103 et
s.
[9] Voir, Colloques de Riyad, de Paris, du Vatican, de Genève et de Strasbourg sur Le dogme
musulman et les droits de l'homme en Islam, Dar Al-Kitab Allubnani, Beyrouth, (s. d).
[10] Voir concernant les travaux de ce Colloque, Robert CASPAR, Les déclarations des droits de
l'homme en Islam depuis dix ans, Islamochristiana,n° 9, 1983, pp. 65-73.
[11] Lucie PRUVOST,Déclaration universelle des droits de l'homme dans l'Islam et charte
internationale des droits de l'homme, Islamochristiana, n° 9,1983, p.145.
[12] Voir concernant la distinction entre les droits de Dieu (hukuk Allah) et les droits de l'homme
(hukuk al 'abd / hukuk al insan), notre thèse, Les apports islamiques au développement du droit
international des droits de l'homme, Thèse d'Etat en Droit Public,Université de Strasbourg III,
octobre 1987, pp. 17-19.
[13] Oui, nous avions proposé le dépôt de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ceux-ci
ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul l'homme s'en est chargé, mais il est
injuste et ignorant, le Coran, (chapitre 33/72).
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