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Parabole du riche et de Lazare

La parabole

du riche

et de Lazare

Ou

Aimer pour vivre

Luc 16 :19-31
Introduction :

Avant d’aborder le contexte et la signification de cette parabole, il est important de définir ce qu’est une
parabole. Le mot grec Пαρρβολη utilisé par Luc dans son évangile (Luc 13 : 6), signifie avant tout une
comparaison, un symbole, un discours allégorique. La parabole tire sa substance de faits réels ou
imaginaires inscrits dans la pensée populaire. Elle a pour objectif de mettre en relief un enseignement
spirituel. La parabole emprunte donc des images familières de la vie courante ou des histoires connues,
comme c’est certainement le cas dans notre récit. Tout ce que les pharisiens croyaient du temps de
Jésus n’était pas forcément en harmonie avec son enseignement, mais le sauveur s’en est servi pour
délivrer une parole de vérité. On s’accorde à penser que le Seigneur a utilisé dans cette circonstance un
récit connu des anciens, émanant de la tradition talmudique. (1) Mais on retrouve aussi de fortes
analogies avec une légende égyptienne attestée par la découverte de documents du 1er s.apr. J - C. (2).

2 règles de prudence doivent nous habiter en tant que chercheur pour décoder ce message :

1) Dégager l’enseignement principal de la parabole, tout en sachant que l’on ne peut donc pas prendre
tous les éléments de détails de cette parabole, et les considérer comme historiquement vrais.

2) Savoir à qui elle s’adresse, et pourquoi ?

Développement :
Prenons d’abord la deuxième question. Il est clair d’après le contexte de ce récit que Jésus s’adresse à
un auditoire fortuné, composé de Publicains, de gens sans scrupules, et de Pharisiens avares (Cp Luc 15 :
2 et 16 : 14). De plus, ces derniers sont imbus de leur propre justice et ils interprètent la loi à leur
convenance. (Luc 16 : 16-18). Jésus va donc répondre directement à leurs problèmes par le biais de la
parabole. Les disciples sont présents dans cet auditoire. (Luc 17 : 1).

De ce fait, nous pouvons dégager une double intentionnalité du Seigneur :

Délivrer un message d’espoir en donnant à son auditoire l’occasion de se libérer de toute pensée de
propre justice et d’injustice en rapport avec la jouissance des biens de ce monde.

Instruire ses disciples sur les valeurs essentielles de la vie.

Le Christ étant coutumier de l’utilisation de paraboles visant à délivrer un message d’espérance, nous ne
sommes pas surpris par ce procédé. L’utilisation du langage allégorique a une double vertu : décourager
l’auditeur superficiel, et pédagogiquement inscrire plus durablement dans la mémoire l’enseignement
transmis.

Cela dit, reprenons maintenant, notre première question : Quel est le principal enseignement de cette
parabole ?

Le message caché de cette parabole repose sur le deuxième grand principe de la loi : Tu aimeras ton
prochain comme toi-même. En conséquence la responsabilité individuelle de chacun est engagée. Notre
destinée future dépend de cet engagement dans cette présente vie. Après, il y aura un jugement. Ceux
qui n’auront pas vécu cette réalité n’entreront pas dans le programme du royaume éternel. Leur volonté
sera respectée.
Voyons maintenant l’analyse du texte qui corrobore l’affirmation ci-dessus.

Luc 16 : 19, Lit. « Un homme était riche et il se revêtait de pourpre et de fin lin faisant bombance
chaque jour somptueusement.»

Le premier homme à entrer en scène n’a curieusement pas de nom. Est-ce à dire que c’est un
sacrificateur ou un roi ? Eux seuls pouvaient porter ce type de vêtement. (cf. Exode 28 : 5, 6, 8, 15, 33 ;
Juges 8 : 26, Daniel 5 : 7, 16 ; Marc 15 : 17)

Cet humain sans nom est présenté ainsi, peut-être parce qu’il est étranger aux valeurs spirituelles. Ce
serait un homme sans intérêt, car pour lui, seul l’amour de l’argent et les honneurs comptent. Son
comportement, uniquement centré sur l’apparence et la jouissance, le rend transparent. Il est
insignifiant d’humanité. Il ne vit que pour lui-même en faisant ripaille. Il est en dehors de la vraie vie.

Luc 16 : 20 « Un pauvre, nommé Lazare, gisait devant son porche, couvert d’ulcères. Il aurait bien désiré
se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; au lieu de cela les chiens venaient lécher ses ulcères.
»

Le texte, en opposition à l’homme riche sans nom, présente un autre homme en mettant en avant qu’il
est pauvre et surtout qu’il a un nom : Lazare. (Ce nom grec serait la traduction du nom hébreu d’Eléazar.
Il signifie : Dieu aide ou Dieu porte secours ; annotation Nouvelle Bible Segond p. 1370).

Curieusement, ce nom donné intentionnellement est dans l’Ancien Testament lié à la vocation de
sacrificateur. Le premier Eléazar mentionné est fils d’Aaron, famille de Lévi ayant eu la charge d’officier
dans la tente d’assignation ou sanctuaire. (Voir Exode 6 : 23 ; Lévitique 10 : 6 ; nombres 3 : 4 ; 4 : 16).

Lazare est certes un être humain, mais il a un comportement de chien (couché sur le paillasson !), il
mange comme un chien (cherchant à se rassasier des miettes qui tombent de la table du maître), et se
trouve en compagnie de chiens (qui lui lèchent ses ulcères). Autant dire qu’il a, si vous me le permettez,
une vie de chien.
Comme à son habitude, le Christ va prendre à revers notre réflexion en montrant que la vraie vie n’est
pas là où on l’aurait pensé.

La bombance et la luxure masquent une non-vie, tandis que la non-vie du pauvre la révèle.

Le texte repart, de ce fait peut-être, sur le devenir du pauvre :

« Le pauvre mourut et fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut et fut
enseveli » Luc 16 : 22

Le Christ procède encore par opposition des extrêmes :

Lazare est porté par les anges vers le haut, dans le sein d’Abraham ; le riche descend dans la terre, dans
l’ Hadès, le séjour des morts (3).

Avant d’aller plus loin, redisons ici que le Christ utilise une tradition populaire juive, connue de ses
auditeurs. Celle-ci décrivait le sein d’Abraham comme le paradis. Elle aimait se représenter les justes
accueillis par le père des croyants. D’où l’importance d’Abraham dans le récit. En plus, l’historien Flavius
Joseph (1er s.apr. J - C) rapporte que les Juifs croyaient à l’existence de 2 chambres voisines dans le
séjour des morts, l’une pour les justes, l’autre pour les méchants. (On peut trouver une documentation
similaire dans le midrash sur Ruth 1 : 1 ; la sagesse de Salomon 3 : 1 ; le livre d’Enoch 22 : 9-13.)

Le Père Denis Buzy a écrit : « les rabbins qui dissertaient du monde futur postérieur au jugement
universel, se représentaient le jardin d’Eden à proximité de la géhenne ; de la sorte les élus pouvaient
apercevoir les tourments des réprouvés et en concevoir un accroissement de béatitude ; les réprouvés
voyaient aussi le bonheur des élus et leurs tourments en était augmenté ».
Pourquoi cette illustration présentant Abraham au ciel et accueillant les justes sur son sein ne peut être
qu’allégorique ?

D’abord par l’emploi du terme grec κολПον. Ce mot désigne le pli, la sinuosité. Chouraqui traduit
d’ailleurs : les plis d’Abraham. Dans Luc 6 : 38 il s’agit du pan ou de la poche du vêtement. Mais plus
intéressant, chez les Grecs ce mot signifie le sein de la mère ou de la nourrice et au pluriel cela devient
les entrailles, le ventre, le sein de la terre. (Dict. Grec Bailly p. 1115). La psychanalyse nous expliquerait
qu’Abraham est la référence matricielle des ayant foi de notre monde ...

Cela relève bien de l’allégorie, d’autant que d’après le Nouveau Testament Abraham n’est pas au ciel,
mais tout simplement dans l’attente de la résurrection. (Hébreux 11 : 13, 39-40)

Mais revenons au texte : « dans le séjour des morts, le riche lève les yeux ; et, en proie aux tourments, il
vit de loin Abraham et Lazare sur son sein ». Luc 16 : 23

Mais poursuivons... Dans le Hadès, le riche lève les yeux... (Οφθαλμος= œil physique)

Pour un mort, mis sous terre (comme c’était la coutume), voir le ciel, et qui plus est, reconnaître Lazare,
est une sacrée prouesse ! D’autant que le texte précise qu’un grand abîme les sépare. On est en pleine
science-fiction si on sort du langage symbolique ! On a même l’impression qu’ils se parlent face à face.
Pris au sens littéral ce texte prête à sourire !

Plus fort encore, cette soi-disant réalité, décryptée par certains, serait en contradiction flagrante avec la
révélation divine qui interdit formellement l’interrogation des morts, l’invocation et le dialogue avec
l’esprit des morts. (Cf. Deutéronome 18 : 10-14) un tel dialogue entre les élus et les damnés ne peut
relever que de l’imaginaire dans la pensée populaire de l’époque. Le docteur Wilbert Kreiss, de l’église
luthérienne de Chicago, écrit à ce sujet : « le dialogue relaté par notre parabole ne correspond
certainement pas à une réalité » (Site internet, paraboles du Seigneur, le mauvais riche et le pauvre
Lazare, p.1)
Réaffirmons que ce dialogue surréaliste ne peut correspondre à une quelconque réalité. Soutenir le
contraire fait contresens au message de ce récit. Voulez-vous en être convaincu ? Avez-vous déjà essayé
de soulager quelqu’un qui est dans les flammes en humectant sa langue avec un doigt mouillé ?

Le docteur Kreiss le reconnaît bien quand il précise : « quant à la flamme qui fait souffrir le riche, elle
n’est sans doute pas celle d’un feu physique. Un tel feu ne pourrait pas tourmenter les démons qui sont
de purs esprits, ni les damnés qui sont sans corps avant la résurrection. D’autre part, un feu physique
consumerait les corps et les réduirait à néant. Il n’y a pas non plus dans le ciel d’eau dans laquelle Lazare
pourrait tremper son doigt pour soulager le riche. Ce sont des images dont le Christ se sert pour illustrer
son enseignement... ». (Idem. p.2)

La conception d’une damnation dans les flammes d’un feu éternel (4) reposant sur une mauvaise
interprétation de quelques très rares textes, ne s’harmonise vraiment pas avec l’ensemble de la
révélation biblique qui parle de l’inconscience des morts (Ecclésiaste 9 : 5) et surtout du sommeil des
morts (Jean 11 : 11,14)

Raisonnablement, comment concilier une rôtissoire céleste avec l’Amour de Dieu ?

Quelle vérité est alors décrite dans ce dialogue fictif ?

L’enseignement est pour nous ici et maintenant. Ceux qui seront restés insensibles, voire sans pitié, à la
souffrance d’autrui, ne doivent pas s’attendre à la clémence de Dieu. Ce n’est qu’une question de pure
justice. Comme le dit si bien Paul : « Chacun de nous rendra compte pour lui-même... » Romains 14 : 12.
De même Matthieu déclare : « car le fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses
anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres. » Matthieu 16 : 27 Ou encore : « celui qui sait faire
ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché » Jacques 4 : 17

L’injustice subie par ce pauvre Lazare trouvera sa réparation. L’amour et la justice de Dieu étant
inséparables, tout apparaîtra en pleine lumière devant le Christ « parce que Dieu a fixé un jour où il
jugera le monde selon sa justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve
certaine en le ressuscitant des morts... » Actes 17 : 31

Cette réalité nous invite à un double sentiment.

un sentiment de reconnaissance et d’apaisement. Toutes les souffrances injustes sont et seront


entendues par Dieu, et elles auront une réponse totalement satisfaisante. (Aujourd’hui la justice n’est
pas de ce monde !)

Un sentiment de responsabilité. Nous avons pour modèle la vie du Christ, soyons concentrés sur la
qualité de nos rapports les uns aux autres. Jésus a été clair : « Toutes les fois que vous avez fait ces
choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » Matthieu 25 : 40,
(voire aussi contexte v. 31-39)

Mais revenons au texte de notre récit...Les versets 25 et 26 mettent en lumière une grande vérité :
Chacun sera jugé en fonction de son vécu et de son rapport aux autres. Autrement dit, Dieu ne fera
qu’appliquer une sentence que nous aurons délibérément choisie. La justice de Dieu respectera nos
choix. Un homme l’a très bien saisi sur la croix, face au Christ. Il s’est écrié en s’adressant à son compère
brigand comme lui : « pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes, mais
celui-ci (Christ) n’a rien fait de mal » Luc 23 : 41

Disons ici que Dieu ne nous a pas créés pour nous détruire, ce serait absurde ! Il veut notre bonheur et a
tout disposé à cet effet. (cf. Deutéronome 30 : 19-20 ; Jérémie 29 : 11-13 ) Seulement, notre liberté est
d’adhérer à sa relation d’amour ou de la refuser. Ce choix libre qui est le nôtre, aura de justes
conséquences. C’est la plus évidente démonstration que Dieu nous traite en adultes responsables. Nous
pouvons mépriser ou même ne pas reconnaître son amour, personne ne nous contraindra à avoir la foi...
Mais comme Paul le précise : « ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme
aura semé, il le moissonnera aussi. » Galates 6 :7. Réaffirmons solennellement : Nous sommes les
auteurs de nos propres jugements. Dieu nous renverra à nos propres motivations et à nos choix. Ce sera
la minute de vérité. Selon l’expression familière : Aujourd’hui on peut tromper tout son monde, mais ce
jour-là, ce ne sera plus possible. (Il n’y aura pas de non-lieu pour faute de procédure, ni de remise de
peine. On ne pourra plus faire appel...)
Voilà pourquoi Dieu déploie tant de prévenance pour que nous acceptions cet Aimer pour VIVRE, tel
que le Christ l’a vécu parmi nous.

Le texte poursuit : « je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car
j’ai 5 frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de
tourments. » v. 27-28

Le riche, voyant qu’il ne peut plus rien changer à son sort, pense du coup à ses frères. S’il le fait, c’est
qu’il sait maintenant qu’il y a danger pour eux. Ce faisant, il traduit bien les sentiments humains de
solidarité vis-à-vis des siens, face à un danger certain. Seulement, il ignore que la conversion qui engage
la foi, est une démarche personnelle. On ne peut agir par procuration ou à la place des autres. Alors,
dans une demande quelque peu désespérée, il propose la médiation de Lazare. Mais aucune médiation
humaine n’est possible dans le contexte du salut, seule la médiation du Christ est efficiente, unique et
parfaite. (cf. 1 Timothée 2 : 5) Cette situation met en évidence l’erreur des perceptions humaines sur ce
point. Car cet homme laisse entendre que s’il avait bénéficié des mêmes avertissements, il n’en serait
pas là... Indirectement, il accuse Dieu de ne pas avoir fait le nécessaire pour son salut. Ce type de
réaction bien humaine, décrit l’attitude de ceux qui, selon la formule populaire, « veulent le beurre,
l’argent du beurre et le sourire de la crémière ». On retrouve dans la Bible le même procédé : on veut
des miracles pour croire en Dieu ! Mais si Dieu s’imposait avec évidence, où serait le choix de la foi ?

La foi se construit dans l’expérience d’une relation de confiance et d’amour avec Dieu, loin de tout esprit
de revendication et de provocation. Souvenons-nous du spectacle de Golgotha. Que disaient les
passants, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple de Jérusalem : « Il a sauvé les
autres, et il ne peut se sauver lui-même ! S’il est roi d’Israël, qu’il descende de la croix, et nous croirons
en lui ». Matthieu 27 : 42

Dieu n’est point homme à répondre à nos caprices. Il ne nous propose pas non plus une relation à bon
marché. L’exigence est à la mesure de la qualité de son engagement pour notre humanité. Il nous a tout
donné au travers de Jésus-Christ, c’est la raison pour laquelle, seule son intercession est agréée par
Dieu. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même
la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde
entier » Jean 2 : 1-2 (voire aussi 1 jean 5 : 10-13, 20)
Voilà pourquoi le message central de la Bible repose sur le don d’amour de Dieu, révélé en Jésus-Christ,
dans le célèbre texte de Jean 3 : 16.

Le texte de notre récit poursuit : « Abraham répondit : ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les
écoutent. Et il dit : non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et
Abraham lui dit : s’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si
quelqu’un des morts ressuscitait. » v. 29-31

Nous touchons là au climax de l’enseignement révélé dans cette parabole. Rappelons-nous que les
auditeurs étaient juifs. Le contexte parle même de pharisiens avares qui se moquaient de Jésus (Cf. Luc
16 : 14-17) Pourtant, Dieu avait confié à ce peuple, sa loi et ses enseignements (voire Romains 3 : 1-3) Ce
choix de Dieu reposait sur une alliance d’amour, mais elle fut rejetée par ce peuple (Luc 13 : 34-35).

Cette parabole met aussi l’accent sur le rejet d’Israël comme porte-parole des messages de Dieu. Le
choix des personnes citées est éclairant : Abraham est le référent de la démarche de foi et Moïse est le
référent dans celle de la loi. Or Israël n’a pas su faire confiance à Dieu comme Abraham, et s’est
barricadé dans une attitude légaliste en croyant être fidèle à Moïse. Or le comportement de ce peuple
était à l’opposé de celui proposé par Moïse... La relation des Juifs envers leur Dieu était
malheureusement réductrice en relation d’amour ; seule l’obéissance stricte et légale importait. (Lire
Esaïe 29 : 13 et Marc 7 : 6)

Ainsi ce mauvais riche demande une intervention pour que ses frères se convertissent, tout comme
Israël voulait un miracle convaincant pour croire que le Christ était bien l’envoyé de Dieu, le Messie
pourtant tant attendu.

Cependant dans cette parabole, Dieu renvoie à la révélation antérieure de Moïse et des prophètes. Il
estime qu’elle est suffisante et complète pour accueillir son plan et l’envoi de son Messie. Et quand bien
même Dieu agirait en leur envoyant un ressuscité, le texte précise qu’ils ne se laisseront pas persuader.
L’histoire a confirmé cette vérité avec la résurrection du Christ ! En présentant cette parabole, Jésus
annonçait prophétiquement ce qui allait arriver.
Une autre vérité se dégage de ce récit : Dieu n’utilise aucun intermédiaire venant du séjour des morts
pour révéler un quelconque message d’avertissement ou de repentance aux hommes. Il faut avoir en
mémoire que le spiritisme et la divination sont expressément interdits par Dieu. (cf. Deutéronome 18 :
9-14 ; Esaïe 8 : 19,20)

Que celui ou celle qui veut répondre à l’amour de Dieu, révélé en Jésus-Christ son fils, prenne le temps
de lire, de réfléchir et de méditer la Parole divinement inspirée de Dieu. (cf. 2 Timothée 3 : 14-17) alors
son présent, et son avenir auront une autre couleur, celle de l’espérance. Nos amis protestants ont
raison de mettre en lumière cette vérité : « seule la parole de Dieu est moyen de grâce et de salut. Seule,
elle fait naître la foi dans le cœur. Rien de ce qu’on cherche à lui substituer ne peut la produire. » (Petite
dogmatique luthérienne, chapitre sur la doctrine des moyens de grâce, p. 94ss)

Conclusion :

Cette parabole n’a donc pas, comme beaucoup le pensent, pour objectif de nous dire ce qui va se passer
après la mort. C’est même tout l’inverse. Elle nous recadre dans le présent, en insistant sur la nécessaire
prise de conscience, que notre avenir sera déterminé par notre passé et notre présent. Autrement dit,
que notre avenir aura pour référence la responsabilité que nous aurons assumée ici-bas, en regard de la
révélation de Dieu. Comme l’exprime si bien la prière de Moïse : « enseigne-nous à bien compter nos
jours afin que nous appliquions nos cœurs à la sagesse » Psaume 90 : 12 (voire aussi Ecclésiaste 12 : 3-9,
15)

Cette parabole a pour principal objectif de nous repositionner dans l’importance de nos choix de vie. Au
jour du jugement, Dieu ne fera que nous rappeler nos choix. Si nous ne sommes pas dans le désir d’une
relation d’amour à son encontre et vis-à-vis du prochain, ne nous attendons pas au miracle !
Pour être ouvert à l’action salvatrice de Dieu, point n’est besoin d’aller chercher ailleurs que dans sa
Parole. Elle est suffisamment complète pour nous instruire et faire germer en nous le désir d’accueillir
son amour pour nous. (cf. 1 Timothée 2 : 3-5)

Le récit ne condamne pas la richesse et ne prend pas pour référence la pauvreté. Ce serait un mauvais
raccourci... Le riche n’est pas mauvais parce qu’il est riche, mais plutôt parce qu’il a mal géré ses
richesses. Est-il besoin de rappeler que nous n’emporterons rien dans la tombe ! A nous d’être solidaire
de la détresse des plus démunis avec intelligence.

Cette parabole est aussi une mise en garde contre tous les procédés de rattrapage après la mort (On ne
repasse pas l’oral comme au bac !). Michel Polnareff peut bien chanter : « On ira tous au paradis... »
Mais ne soyons pas dupes ! Un Dieu (bonasse) qui passe l’éponge sur tout, ne se trouve pas dans la
Bible. Il ferait de nous des irresponsables ; autant dire que nous n’aurions rien appris de notre passage
sur terre. A nous de ne pas nous laisser séduire par toutes les sirènes qui promettent de pouvoir corriger
toutes nos erreurs après la mort... (5)

Cette parabole fustige la propre justice des pharisiens avares, tout comme elle le fait à notre endroit. Ils
n’avaient besoin de rien, ils se suffisaient à eux-mêmes. Veillons pour que ce danger ne soit pas nôtre.
Sachons être reconnaissants pour ce que nous avons, et vivons simplement dans la confiance en Dieu.
Ce qu’il nous prépare sera en fonction de notre espérance. « L’espérance ne trompe point, parce que
l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » Romains 5 : 5.
Cette espérance consiste, ici et maintenant, à prendre acte et à accueillir avec joie le salut gratuit en
Jésus-Christ et à avoir le désir de faire partie de son royaume éternel. Quelle que soit la noirceur de
notre passé, marchons vers la lumière de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Le brigand sur la croix
démontre que l’on peut, à chaque instant, se remettre en question...

Enfin, cette parabole nous redit que Dieu attend avec impatience, tous ceux et celles qui auront répondu
à son invitation d’amour à l’instar d’Abraham. L’étalon de nos vies restera l’amour de Dieu et du
prochain. C’est cette référence qui servira la justice divine. Point n’est besoin pour celui ou celle qui vit
dans le registre de la confiance et de l’amour, d’avoir besoin de miracle, de démonstration spectaculaire
ou d’envoi d’émissaire d’outre-tombe. Une fois de plus, cette parabole nous recentre sur l’association
indissociable de l’amour et de la justice divine. Il faut vivre pour aimer mais surtout aimer pour vivre
éternellement.
Jacques Eychenne

On retrouve des histoires analogues dans le Talmud de Jérusalem, notamment sous une forme ou le
riche est un collecteur des taxes et le pauvre un spécialiste de la loi. (Commentaire Nouvelle Bible
Segond, p. 1370)

Cette parabole propre à Luc présente des analogies avec une légende égyptienne attestée par un
document du 1er s. apr. J .C. Il y est question d’un riche, qui après un enterrement solennel, souffre au
royaume des morts, et d’un pauvre qui, après avoir été jeté dans la fosse commune, se retrouve auprès
d’Osiris, vêtu des habits somptueux du riche.

Apocryphes : mot venant du grec signifiant ce qui est caché, soustrait aux regards. Ecrits
ressemblants aux livres canoniques, mais n’appartenant pas au canon des Ecritures. Les chrétiens
protestants les dénomment « pseudépigraphes » (du gr. Graphé : « écrit » et pseudès : « menteur ») : «
écrits dont le titre est mensonger ». Ils reflètent les courants de pensée et les espérances du peuple juif
durant les deux siècles qui précèdent et le siècle qui suivit le début de l’ère chrétienne, ainsi que les
déviations de la foi chrétienne aux premiers siècles. (Dict. du Nouveau testament de Léon-Dufour, éd. du
Seuil, p.120). Ces écrits ont une valeur historique, mais ne peuvent engager la démarche de foi, la source
d’inspiration étant douteuse.

Le séjour des morts, en grec : hadès. Terme utilisé comme équivalent de l’hébreu sche’ol, également
traduit par séjours des morts dans l’A.T. (Commentaire N.B.S., p. 1370)

La Bible ne mentionne jamais le mot enfer et le paradis est mentionné à 3 reprises. (Luc 23 : 43 ; 2
Corinthiens 12 : 4 ; Apocalypse 2 : 7 )

Après la mort, c’est l’attente de la résurrection et du jugement. La notion d’immortalité de l’âme est un
emprunt à la pensée païenne. Elle n’a pas de fondement biblique contrairement à la croyance populaire.
Cette conception élaborée par l’homme (Platon etc.) avait pour effet de masquer la peur du néant,
l’angoisse du vide. La peur existentielle de la mort n’a pas lieu d’être quand on est dans la sereine
confiance en Dieu. (cf. Mort d’Etienne, Actes 7 : 55-60, et de tous les héros bibliques de la foi, Hébreux
11 : 13-16,39-40)
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