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Alternatives Managériales Economiques

E-ISSN : 2665-7511
https://revues.imist.ma/?journal=AME

VOTSOMA ET MOHAMMADOU /Revue AME Vol 2, No 4 (Octobre, 2020) 387-406

Institutions économiques, commerce international et croissance


économique dans un contexte de dépendance des ressources naturelles
VOTSOMA, P.1 et MOHAMMADOU, N.2

1. Enseignant-Chercheur, Université de Maroua, Cameroun, votsomaphilemon@gmail.com.


2. Enseignant-Chercheur, Université de Ngaoundére, Cameroun, nourouacademy@gmail.com.

Date de soumission : 06/09/2020 Date d’acceptation : 29/10/2020


Résumé :

Au-delà des facteurs d’ordre économiques, financiers et socioculturels, la dynamique de la


gouvernance économique apparait comme un facteur déterminant de la croissance économique
dans les pays dépendants aux ressources naturelles.

L’objectif de ce papier est d'examiner l'effet de la qualité des institutions économiques et de


l’ouverture au commerce sur la croissance économique des pays riches en ressources naturelles
dans la zone CEMAC, à l’aide de la méthode des Moindres Carrés Ordinaires en panel, sur la
période de 1995 à 2017.

Les résultats économétriques révèlent premièrement que l’ouverture au commerce a une


incidence positive sur la croissance économique. Deuxièmement, bonne la qualité des institutions
économiques a une incidence positive sur la croissance économique et améliore
considérablement l’effet de l’ouverture au commerce sur la croissance économique.

Mots clés : institutions économiques ; ouverture au commerce ; croissance économique ;


ressources naturelles

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Economic institutions, openness trade and economic growth in a
context of dependence on natural resources
Abstract:

Beyond economic, financial and socio-cultural factors, the dynamics of economic governance
appear to be a determining factor of economic growth in countries dependent on natural
resources.

The objective of this paper is to study the effect of the quality of economic institutions and
openness on economic growth of a panel of data from countries rich in natural resources in the
CEMAC zone over the period from 1995 to 2017. At the Using the Ordinary Least Squares panel
method.

The results firstly show that openness to trade has a positive impact on economic growth.
Secondly, the quality of economic institutions, a positive impact on economic growth and
improving the effect of trade openness on economic growth.

Keywords: economic institutions, trade, economic growth; natural resource

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Introduction

La Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est un potentiel


marché de 42,5 millions d’habitants répartis sur plus de 3 millions de km2. Dans un monde
menacé par des replis nationalistes et des tendances au retour au protectionnisme d’une part ;
et compte tenu des négociations encore en cours entre les pays de la CEMAC et l’Union
Européenne pour l’établissement des accords de partenariat économique sur les échanges
commerciaux. Les importations sont dominées par les produits manufacturés et proviennent
principalement d'Europe et d’Asie soit 53% de marchandises et 41% de marchandises des pays en
développement (OMC, 2019). Son sous-sol renferme également des gisements pétroliers, du gaz
naturel, de l'or, des diamants, du manganèse et de l'uranium. En dehors du pétrole et du bois, la
plupart des ressources naturelles est abondante mais faiblement ou pas du tout exploitée (BAD,
2015). A l'exception de la République Centrafricaine, le pétrole brut est important pour les pays
de la CEMAC : il représente 86% des exportations de la communauté (principalement à
destination d'Europe et d'Asie); le Congo en dépend pour 61% de son PIB, le Gabon pour moitié,
le Tchad pour 40% et le Cameroun pour près de 10% . Le bois est le second produit à l'exportation
de la communauté. Hormis le Tchad, les quatre autres pays tirent de substantielles recettes à
l'exportation des ressources naturelles (OMC, 2017).

Par ailleurs, les échanges intra-communautaires restent faibles en comparaison des niveaux des
échanges atteints par d'autres regroupements économiques en Afrique. D’autre part, les chocs
liés aux prix pétroliers ont pesé sur les cinq pays exportateurs de pétrole membres de la CEMAC.
Les cours du pétrole ont reculé de plus de 55 % depuis juin 2014. Comme le pétrole représente
plus des trois quarts des exportations régionales et la moitié des recettes budgétaires en 2014, la
plupart des pays est confrontée à des pressions budgétaires. Malgré les richesses en ressources
naturelles de la CEMAC, les résultats économiques de celle-ci restent en deçà de ceux de ses pairs.
Dans ce contexte, la qualité de la gouvernance institutionnelle importe dans la relation entre
l’ouverture commerciale et la croissance économique des pays de la CEMAC.

La définition des institutions est très large ; néanmoins, il est toujours possible de distinguer entre
deux types d’institutions : les institutions économiques et les institutions politiques. Les
institutions économiques sont celles qui sont directement liées au coût des affaires ; ils sont donc
cruciaux pour les investisseurs lors de la prise de décisions d'investissement (Bonal et al, 2015).
Dans la littérature, les plus utilisées pour les institutions économiques sont l'application des droits

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de propriété, le risque d'expropriation, les barrières à l'entrée (Ahlerup et al.2009 ; Becker et
al.2009 ) alors que les institutions politiques déterminent la structure politique générale mais ne
sont pas directement liées aux pratiques commerciales. Cependant, l'effet de la qualité des
institutions économiques sur la politique d'ouverture et d'intégration d'un pays dans le commerce
international a été moins débattu dans la littérature. En effet, un nombre limité des travaux ont
analysé l’importance de la qualité des institutions économiques en tant que déterminant de
l’ouverture aux échanges commerciaux (Levenchenko, 2013 ; Maamri, 2016). Selon ces études,
une bonne qualité des institutions économiques encourage le commerce en réduisant les coûts
de transaction et en améliorant la confiance. Elle encourage le compromis et la négociation dans
une économie de marché. Par contre, la faible qualité des institutions économiques notamment,
la mise en œuvre imparfaite des contrats, absence des institutions de création du marché
réduisent les échanges car ils augmentent le risque et l’incertitude associée aux transactions
internationales (Rodrik, 2005).

Toutefois, la plupart de ces travaux examinent les liens entre les institutions et le commerce
ignorant leur effet sur la croissance économique. Cependant, les écarts de performance
économique constatés entre les pays riches et les pays pauvres ces trois dernières décennies ont
conduit à relativiser les effets positifs de l’ouverture commerciale sur la croissance économique
(Couttenier, 2012). Ainsi, toute mauvaise qualité des institutions nationales pourrait nuire
davantage à la croissance économique d'un pays dans la mesure où il pourrait manquer son
intégration dans le commerce mondial. Dans la zone CEMAC, la qualité des institutions
notamment économiques semble mitigée au regard des statistiques de la Fondation Héritage
(2017) et des travaux de El Morchid (2010).

L'objectif de ce papier est de donner un aperçu de l’effet de la qualité des institutions


économiques et de l’ouverture commerciale sur la croissance économique, à l’aide des tests
statistiques et économétriques notamment la méthode des Moindres Carrés Ordinaires. Le reste
du papier est organisé de la manière suivante : la seconde section passe en revue la littérature
existante. La troisième section expose le cadre méthodologique utilisé. La quatrième section
présente les différents résultats obtenus et les discussions qui s’en suivent, et la cinquième
section conclut ce travail

1. Cadre théorique

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1.1. La qualité des institutions économiques comme une cause déterminante de l’activité
économique

La plupart des définitions économiques des institutions met un accent particulier sur la notion de
« règles du jeu » devant réguler les comportements des agents économiques. Plus précisément,
les institutions sont des contraintes qui facilitent la gestion des rapports humains dans leurs
interactions économiques et sociales. Elles sont donc un élément structurant de la vie
économique. Les institutions économiques traduisent l’ensemble des règles régissant les
interactions humaines dans le domaine économique, alors que les institutions politiques
définissent ces règles dans le domaine politique (Acemoglu et Robinson, 2012). Dans un pays, il
peut exister plusieurs types d’institutions économiques. Rodrik (2005) distingue : les institutions
de création du marché (exemple les institutions de droits de propriété), les institutions de
régulation du marché (exemple les organismes de régulation), les institutions de stabilisation du
marché (exemple les institutions monétaires et budgétaires) et les institutions de légitimation du
marché (exemple les institutions de protection et d’assurance sociale). Ces dernières années, les
institutions de droits de propriété et, dans une moindre mesure, les institutions de régulation
sont celles qui ont le plus attiré l’attention des économistes dans leurs travaux empiriques.

Toutefois, la théorie de l’efficience des institutions stipule que chaque société choisit des
institutions économiques efficaces permettant de maximiser le revenu global du pays et la
distribution des gains issus de ces institutions est indépendante de la distribution du pouvoir
politique. Cette théorie se fonde sur le théorème de Coase (1960). Dans ce cadre précis,
l’application du théorème de Coase suppose que, si dans un pays les institutions économiques
existantes sont pénalisantes pour les uns et bénéfiques pour les autres, les deux groupes
d’individus peuvent entrer en négociations en vue de modifier les institutions existantes ou de
créer de nouvelles institutions qui vont produire des résultats bénéfiques pour tous. Donc, selon
l’approche économique, la recherche de l’efficience économique empêcherait l’existence des
institutions inefficaces, c'est-à-dire des institutions de droits de propriété et autre qui ne
permettent pas de maximiser le revenu de l’ensemble de la société.

Les institutions constituent les causes déterminantes les plus significatives de n'importe quels
résultats économiques pour des nombreuses raisons. D'abord, les institutions sauvegardent les
privilèges primaires des investisseurs dans la mesure où elles fournissent une atmosphère
convenable pour l'inspiration et la création, et amplifient la concurrence pour des occasions. Les

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institutions sont alors essentielles à la société. Bien que chaque individu soit traité sans préjudice
ou préférence, les institutions augmentent la concurrence pour des possibilités. La valeur des
institutions affecte également des pays aussi bien que des personnes. Au cas où le décret de la
règle serait imposé et visiblement défini, les droits protégés des capitaux existants dans une
nation. Les institutions sont catalyseurs de la croissance. En effet, une quantité substantielle de
recherche démontre l'influence principale des institutions sur la croissance économique. Après
tout, la croissance économique est affectée par des nombreux éléments tels que les capitaux ou
l'allocation, mais un manque d'institutions bien bâtis affecte la croissance économique
négativement, même lorsque ces éléments sont favorables. Par conséquent, Les institutions
influencent la croissance d'une économie.
1.2. L’ouverture commerciale : un déterminant théoriquement mitigé de la croissance
économique

Dans leurs modèles théoriques de croissance économique, Grossman et Helpman (1990)


prouvent que l'ouverture commerciale améliore le transfert de nouvelles technologies facilitant
le progrès technologique, la qualité de la main d’œuvre et l'amélioration de la productivité. Ce
consensus repose sur la prétention que le commerce crée les incitations économiques qui
amplifient la productivité par deux dynamiques : à court terme, le commerce réduit la mauvaise
allocation d'utilisation de ressource ; à long terme, il facilite le transfert du développement
technologique (Bruckner et Lederman, 2012). D’autres auteurs ont mis en évidence le rôle
important de l’ouverture commerciale comme facteur qui promeut la croissance à long terme.
Parmi les effets favorisant la croissance économique, beaucoup soutiennent la place
prépondérante que joue le processus de l’ouverture commerciale dans l’amélioration du bien-
être par un regain de la productivité (Mercan et al, 2013 ; Ho et Iyke, 2018 ; Votsoma et al, 2020).

D’un point de vue analytique et d’un point de vue théorique, l’ouverture commerciale peut
encore, sous certaines conditions, jouer un rôle important dans la création de richesses . Dans
certains pays d’Asie du Sud-Est, la mise en place des politiques d'ouverture commerciale a
provoqué une hausse des taux de croissance économique (OMC, 2019) alors que dans d'autres
régions du monde par exemple en Afrique Sub-Saharienne ou en Amérique Latine, malgré une
légère hausse des taux d'ouverture, la croissance économique n'a pas atteint les niveaux attendus
(Baher, 2016). Toutefois, la durabilité de la croissance économique est sujette à la caution qui
d’après Mondjeli et Tsopmo (2017) est liée pour une bonne part à la hausse des cours des

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matières premières des ressources naturelles dont dépendent fortement les recettes budgétaires
des pays africains en général.

1.3. La qualité des institutions économiques et l’ouverture commerciale sur la croissance


économique : Une revue empirique

Dans la littérature économique, la qualité des institutions et l’ouverture commerciale constituent


des déterminants clés d’une croissance économique. Sur le plan empirique, la qualité de la
croissance économique1 ne s’explique plus seulement par des facteurs macroéconomiques, mais
également par des facteurs institutionnels ( Vitola et Senfelde, 2015). C’est le rôle de la qualité
des institutions qui est désormais établi. Les institutions sont utiles en réduisant l'incertitude
(North, 1990) et l’instabilité économique (Zaouli et Zaouli, 2015), en abaissant le coût de
transaction (Javaid et Iftikhar, 2011) et en atténuant les chocs commerciaux. La bonne qualité
des institutions économiques a donc des conséquences positives sur le développement
économique, la croissance économique ou encore le succès de la transition du socialisme à
l’économie de marché.

Dans une certaine mesure, à l’aide du modéle VAR (Vector Auto-Regressif), Maamri et Ifourh
(2016) analysent séparément l’ouverture économique et la qualité des institutions économiques.
Ils aboutissent aux faits que seuls les poids des exportations des hydrocarbures dans le total des
exportations et l’investissement dans le capital fixe ont un effet positif et significatif sur la
croissance de l’économie algérienne. Cependant, leurs travaux ne relèvent pas d’effets
significatifs des autres variables (ouverture économique et qualité des institutions économiques)
sur le PIB par habitant en Algérie.

Par contre, sur une méthode DOLS (dynamic ordinary Least Square), Bayar (2016) trouve que les
pays de l’UE ont amélioré leur institution et infrastructure légale pour réaliser une croissance
économique soutenable. Il explique que l’effet associé de l’ouverture commerciale et la qualité
des institutions économiques affectent positivement la croissance économique dans les pays de
l’UE.

Cependant, Khalid (2016), quant à lui, évalue d’abord la relation entre l’ouverture commerciale
et la qualité institutionnelle sous les différents régimes politiques. Cette étude emploie un modèle
longitudinal couvrant 138 pays pendant la période de 1984 à 2010. La période d'observation inclut

1
On considère qu’une croissance accélérée est soutenue lorsqu’elle dure pendant au moins huit ans consécutifs.

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ainsi un moment de la libéralisation commerciale globale intense suivie d'une croissance
moyenne dans des exportations. Il aboutit aux résultats suivants : d’abord, les résultats
confirment un effet positif et significatif de l’ouverture commerciale sur la qualité des institutions
économiques indépendamment du régime politique domestique. En second lieu, l'effet du
commerce sur la qualité institutionnelle économique est considérablement plus petit en présence
des institutions politiques autoritaires. Ces résultats sont robustes aux changements de la mesure
des institutions politiques aussi bien qu’aux différentes stratégies d’identification et les
conclusions générales demeurent semblables.

Par ailleurs, à l’aide de la méthode des MCO (Moindres Carrés Ordinaires) en données de pannel,
Ramzi et Refaei (2013) confirment que l’indice global de la liberté économique proxy de la qualité
des institutions économiques est corrélée avec la croissance. Ces résultats démontrent d’une part
que l’ouverture commerciale est la cause déterminante de la croissance économique et d’autre
part que certaines variables de liberté économique ont un effet significatif sur la croissance
économique. En revanche, sur cinq catégories d’indice, ils trouvent que l’indice de dépenses
gouvernementales et l’indice financier sont négativement corrélés avec la croissance.

Yilmaz (2016) pour sa part, examine l'effet de l’ouverture économique et de la liberté


économique sur la croissance économique des économies de transition dans l'Union Européenne
et, trouve que la liberté économique et l’ouverture commerciale ont un impact positif sur la
croissance économique alors que l’ouverture financière a un impact négatif sur la croissance
économique. Compte tenu de la nature peu concluante des études, des travaux supplémentaires
sont nécessaires pour démêler l’effet de la qualité des institutions économique sur la relation
entre l’ouverture commerciale et la croissance économique.

2. Cadre méthodologique

Cette section expose successivement, le choix des variables, le modèle de croissance économique
à estimer, les données et leurs sources ainsi que la stratégie d’estimation du modèle.

2.1. Choix des variables et échantillon

En l’absence d’une liste précise portant sur les déterminants de la croissance, le choix des
variables est donc ad-hoc et reste dépendant des objectifs spécifiques de notre étude. Nous
retenons ainsi deux types de variables explicatives : les variables macro-économiques et la
variable institutionnelle. La variable à expliquer est représentée par le PIB par habitant pour

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l’ensemble des pays de l’échantillon. Les variables macro-économiques choisies dans notre étude
sont : le taux d’ouverture, investissement privé, la scolarisation ou éducation, les ressources
naturelles, employabilité et la population.

Le produit Intérieur Brut par habitant : Il mesure l’ensemble de production ou de richesse. Les
données sont en dollars américains constants de 2011 et ont été ajustés pour tenir compte de la
parité de pouvoir d’achat afin de permettre la comparaison entre pays (Zahonogo, 2017).

L’ouverture commerciale : elle détermine le taux d’ouverture commerciale. C’est un indicateur


de mesure des échanges extérieurs d’un pays. L’ouverture d’une économie est mesurée par le
ratio des importations et des exportations par rapport au PIB. Les produits qui « entrent » sont
les importations ; les produits qui « sortent » sont les exportations, le pays s'enrichit en
engrangeant des devises étrangères.

La scolarisation : Il est niveau d’éducation dans une population donnée. D’après Barro et Lee
(2013), des taux de scolarisation élevés sont associés à des taux de croissance élevés. Cependant,
plusieurs travaux empiriques antérieurs ont décelé une relation négative entre le développement
économique et le taux de scolarisation au secondaire

La qualité des institutions économiques : elle est l’ensemble des règles régissant les interactions
humaines dans le domaine économique. Elle traduit le bon ou le mauvais état de la liberté
économique dans une nation. A cet effet, la liberté économique peut être définie comme un
manque de restriction d'état à la production, à la distribution et à la consommation des
marchandises et aux services, au-delà des limitations nécessaires pour des individus ou, selon une
autre approche, comme protection de propriété privée et du fonctionnement du mécanisme du
marché privé sous l'interposition publique minimum (Kim et Miller, 2015 ; El Morchid, 2010).

L’investissement privé : cette variable permet de prendre en compte l'ensemble des actifs
corporels ou incorporels destinés à être utilisés dans le processus de production pendant au
moins un an (ce sont des biens durables). C’est l'agrégat qui mesure, en comptabilité nationale,
l'investissement (acquisition de biens de production) en capital fixe des différents agents
économiques résidents. Anciennement appelée investissement intérieur brut consiste en des
dépenses pour des ajouts aux immobilisations corporelles de l'économie plus les variations nettes
des inventaires. L’investissement privé exerce un impact positif sur la croissance à travers

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l’augmentation de la capacité de production ainsi que la productivité des entreprises (Feenstra et
al, 2013).

La population : elle permet de prendre en compte le rôle du facteur travail dans l’activité
économique. Bekaert et al. (2005) stipulent que le taux de croissance de la population affecte
négativement d’une manière significative la croissance économique. En effet, une expansion
démographique augmente la proportion de la population considérée comme non productives,
principalement les enfants et les séniors.

L’employabilité de la population : il mesure le facteur travail, qui définit comme « l’ensemble des
aptitudes, talents, qualifications, expériences accumulées par un individu et qui détermine en
partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres ». La main d’œuvre
est un déterminant important pour expliquer la croissance économique d’une nation (Collier et
Hoeffler, 2005).

Les ressources naturelles : elles sont constituées par les matières premières (pétrole, gaz,
minerais…) et les denrées alimentaires. La notion de rente désigne originellement une
rémunération liée à un droit de propriété sur une ressource rare. La rente naturelle est mesurée
ici par la différence entre le prix de vente des ressources naturelles et leurs coûts d’exploitation,
et semble être le proxy le plus approprié des ressources naturelles. A cet effet nous distinguons
les ressources minières, les ressources pétrolières et les ressources forestières (Belarbi et al,
2015). Le tableau ci-après récapitule les variables du modèle.

Tableau 1 : récapitulation des variables


Type de Concepts Composantes Variables de mesures Code et signe Sources
variables
Variables Croissance Revenu par Produit intérieur brut par PIBHT WDI
dépendantes économique habitant habitant en dollar US
l’investissement Total des investissements INV (+) WDI
privé % du PIB (2000 constant
Variables de Capital physique dollars)
contrôle Ressources Total des ressources RN (-) WDI
naturelles naturelles en % du PIB
Population Accroissement total de la POP (-) WDI
population annuelle en %
Capital humain Capital humain Accroissement du taux HCAP (+) WDI
brut de scolarisation dans
la population en %
Capital travail Employabilité total d’employabilité dans EMP(+) WDI
la population en % (âge :
15-24)
Commerce Taux d’ouverture Ratio (X+M)/PIB en % OUV(+) WDI
international commerciale

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indice agrégé de la qualité QIE (+) Fondation
Institutions économiques des institutions Héritage
économiques
Source : les auteurs

Cette étude utilise les observations annuelles sur la période 1995-2017, dans cinq pays membre
de la CEMAC (Cameroun, Congo, Tchad, Gabon, Guinée Equatoriale). L’incorporation de ces cinq
pays dans le même échantillon peut être justifiée par leurs racines historiques et culturelles
fortes, en plus des liens économiques de faire partie de l'union douanière et monétaire. Les
données sont tirées de la base de données (World Development Indicators), issue de la Banque
Mondiale, exception faite de la variable institutions économiques qui est fourni par la fondation
Heritage.

2.2. Modèle d’analyse


2.2.1. Un modèle dynamique de Grossman-Helpman (1990) de deux-pays

Grossman et Helpman (1990) présentent un modèle dynamique de deux-pays de la croissance


avec le progrès technologique. Selon eux, une pleine compréhension de croissance économique
doit considérer l'accumulation de la connaissance. Le modèle souligne les rôles des économies
d’échelle et de progrès technologique dans la croissance. Fondamentalement c'est un modèle de
deux-pays dans lequel chaque pays s'engage dans trois activités productives : la production d'un
bien final, la production d'un continuum de variétés de produits moyens différenciés et, en
conclusion, de recherche et de développement (R&D). Une fonction de production typique de la
croissance endogène pour chaque pays est la suivante:

 n
 
Yi = BAi LY 1−   xi ( ) d  , 0 ,  1
0 
i

où LYi représente l'emploi dans les marchandises finales du secteur, Xi (ω) dénote l'entrée du ω
moyen de produit, Ai est un paramètre pays-spécifique de productivité, et n est le nombre de
variétés de produits moyens disponibles à ce moment-là. Cette fonction de produit montre le
rendement d'échelle constant pour n donné. Une augmentation de la mesure de variétés
d'augmenter les moyens. Le prix de produits est formé comme suit :

1− 
w  n
 1−


1−
PY =  i  P x ( ) d   ,  (1 −  ) 1
 Ai  0 
i

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où Wi est le salaire dans le pays i et le ω de px(ω) est le prix du ω de variété. Le salaire mondial
de bien final des producteurs et les mêmes prix des produits moyens librement commercés. La
maximisation des bénéfices dans chaque pays mènera à une marque vers le haut de règle des
prix, aussi bien qu'à une maximisation intertemporelle typique du consommateur (il est important
de prendre en compte que la connaissance et le R&D sont inclus dans les variables du modèle.

2.2.2. Les modèles néoclassiques de la croissance par Mankiw et al (1992)

La spécification du modèle de croissance néoclassique développé par Mankiw et al. (1992) est
couramment utilisé. Deux motivations principales sous-tendent la spécification de ce modèle.
Premièrement, le modèle considère le capital humain et le capital physique, qui améliorent la
productivité et stimulent la croissance. Deuxièmement, il permet de prendre en compte le degré
d’ouverture et l’environnement des politiques économiques et institutionnelles. Le modèle peut
être exprimé comme suit :

𝑌(𝑡) = 𝐴(𝑡)𝐾(𝑡)𝛼 𝐿(𝑡)1−𝛼 (1)

La fonction de production de Cobb- Douglas dépend du capital physique (K), de la main-d’œuvre


(L) et du niveau de la technologie (A). Inspiré de cette fonction précédente, le modèle
néoclassique de Mankiw et al (1992) est formulé de la manière suivante :

𝐿𝑜𝑔[𝑌(𝑡)] = 𝐿𝑜𝑔[𝐻(𝑡)] + 𝛼𝐿𝑜𝑔[𝐾(𝑡)]𝛼 + (1 − 𝛼)𝐿𝑜𝑔[𝐿(𝑡)] (2)


Où Y est la production, K est le stock de capital, L est le facteur travail, H est le facteur capital
humain. La forme fonctionnelle globale nous permet d’établir la relation suivante :
𝐿𝑜𝑔[𝑌(𝑡)]𝑖𝑡 = 𝐴0 + 𝐴1 𝐿𝑜𝑔[𝑂𝑈𝑉]𝑖𝑡 + 𝐴2 𝐿𝑜𝑔[𝑋]𝑖𝑡 + 𝜗𝑖𝑡 + 𝜀𝑖𝑡 (3)
𝐿𝑜𝑔[𝑌(𝑡)]𝑖𝑡 = 𝐴0 + 𝐴1 𝐿𝑜𝑔[𝑂𝑈𝑉]𝑖𝑡 + 𝐴2 𝐿𝑜𝑔[𝑋]𝑖𝑡 + 𝐴3 𝐿𝑜𝑔[𝑄𝐼𝐸]𝑖𝑡 + 𝜗𝑖𝑡 + 𝜀𝑖𝑡 (4)

Ou 𝐴0 … 𝐴3 sont des paramètres de la variable du modèle

A partir des déterminants évoqués dans la littérature et à partir des variables retenues, nous
avons pu formuler des hypothèses suivantes :

H1 : L’ouverture commerciale améliore la croissance économique

H2 : la qualité des institutions économiques influence positivement la croissance économique

2.2.3. Stratégie d’estimation

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Ce paragraphe présente la méthode suivie. Dans un premier temps, la stationnarité est
indispensable à l’étude des données de panel, d’où l’importance de s’assurer de leur
stationnarité. Dans un second temps, le test de colinéarité permet de ressortir des variables
colinéaires avant l'estimation. Dans un troisième temps, nous développons le choix de la méthode
d’estimation retenue.

Trois méthodes sont disponibles pour estimer un modèle à l'aide de données de panel : le pooling,
les effets fixes et les effets aléatoires. Les régressions groupées ou aléatoire n’ont pas été
sélectionnées en raison de l'existence d'une hétérogénéité non observée résultant d'effets
spécifiques à un pays ou à une période donnée.

L’estimateur des moindres carrés ordinaires reste l’un des estimateurs les plus fréquemment
utilisés. Il a de nombreux usages. On peut l’utiliser par exemple pour procéder à une description
des données : quelles sont les variables rendant compte le mieux de la variabilité d’une variable
d’intérêt. On peut aussi l’utiliser dans de nombreuses autres situations pour estimer un
paramètre auquel on donne un sens causal : que se passerait-il si on faisait varier une variable
donnée d’un montant donné. Il est basé sur l’hypothèse essentielle que les résidus et les variables
explicatives sont orthogonaux. Il faut d’autres hypothèses pour dériver les principales propriétés
de l’estimateur. L’estimateur des moindres carrés ordinaires a une définition mathématique. Il
s’agit du vecteur des coefficients de la projection orthogonale de la variable dépendante sur les
variables explicatives. Dans le cadre de l’économétrie on s’intéresse néanmoins à l’estimation des
paramètres d’un modèle économétrique. Le modèle central auquel on s’intéresse est le modèle
linéaire que l’on écrit en toute généralité. On considère ainsi le modèle linéaire suivant :

Y = α + β1x1 + · · · + βKxK + u = xb + u
Dans ce modèle interviennent différentes grandeurs : y la variable expliquée ou dépendante ; x1,
. . ., xK, K variables explicatives ou indépendantes, u une perturbation ; b = (α, β1, · · · , βK)0 le
paramètre à estimer. Parmi ces éléments les variables y et x sont observées. En revanche le
paramètre b est inconnu et la perturbation u inobservée. C’est une méthode dite naïve car elle
ne prend pas en compte la nature particulière des données de panel. En effet, elle considère que
les individus qui composent l’échantillon sont rigoureusement homogènes. En d’autres termes,
ils ne se démarquent les uns des autres par aucune caractéristique spécifique. C’est donc tout
simplement l’empilement des moyennes par catégorie. Dans ce cas, Zi = 0 et St = 0 et on obtient
le modèle suivant :

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Yit =  + 1 X it +  it

Dans le modèle à effet fixe, l’estimateur Between néglige les variations temporelles et
l’estimateur Within néglige les variations individuelles.

3. Résultats et Discussions

3.1. Test de stationnarité

L’étude de la stationnarité est indispensable à l’étude des données de panel, d’où l’importance
de s’assurer de sa stationnarité. Au préalable, il convient d’en étudier les caractéristiques
stochastiques avant d’effectuer le traitement d’une série chronologique. Si ces caractéristiques
c’est-à-dire son espérance et sa variance, se trouvent modifiées dans le temps, la série
chronologique est considérée comme non stationnaire ; et, dans le cas d’un processus
stochastique invariant, les données sont alors stationnaires. Ainsi, une série chronologique est
donc stationnaire si elle est la réalisation d’un processus stationnaire. Ceci implique que la série
ne comporte ni tendance, ni saisonnalité et plus généralement aucun facteur n’évoluant avec le
temps. Afin de tester la présence de racine unitaire sur les données de panel cylindré, l’analyse
de la stationnarité est un préalable à satisfaire pour éviter des régressions fallacieuses. Les tests
proposés par Levin, Lin et Chu (2002) pour évaluer l’ordre d’intégration des séries en données de
panel ont été utilisés pour l’étude de la stationnarité des séries.

Tableau 2 : Test de stationnarité des variables


Variables Lin et Chu (2002) intégration en différence

Level 1 Différence
Institutions économiques -1.4681 -1.6362** (1)
Ouverture au commerce -4.394 -4.90140*** (1)
Population -7.971 -7.2898*** (1)
Employabilité -1.3077 73.6766*** (1)
Scolarisation -2.29149 18.9020** (1)
Investissement privé -7.38597 -6.5494*** (1)
Croissance annuelle Hbts 1.81524 21.1720*** (1)
Source : Calcul de l’auteur
Note : Les chiffres entre parenthèses sont les valeurs absolues des statistiques t *** : significatif à 1% ; ** : significatif à 5% ; * :
significatif à 10%.

L’ensemble des séries exhibent une p-value < 5% et donc on rejette H0 et une
série est au moins stationnaire et d’ordre (1). Le test de racine unitaire pratique sur les résidus

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montre que ceux-ci sont intégrés d’ordre I. De plus, nous acceptons H0 ; il y a présence de racine
unitaire et non cointegration

3.2. Test de colinéarité des variables

Tout en supposant qu’il est possible qu’il existe une colinéarité entre les variables explicatives du
modèle, le test de colinéarité permet de ressortir des variables colinéaires avant l'estimation, et
d’éviter les résultats biaiser. Ceci nous permettra de soustraire la variable ou les variables
fortement corrélées.

Tableau 3 : Matrice de corrélation des variables

EMP HCAP INV PIBHT POP RN QIE OUV


EMP 1.000000 -0.340366 0.386763 0.192377 0.029660 0.026440 -0.309829 0.461246
ECF -0.341765 0.124430 -0.425974 0.202808 0.171423 -0.079616 0.919247 -0.512990
HCAP -0.340366 1.000000 0.001587 0.144321 -0.204434 0.296388 0.034785 0.196520
INV 0.386763 0.001587 1.000000 0.381003 -0.452804 0.317548 -0.380388 0.728457
PIBHT 0.192377 0.144321 0.381003 1.000000 -0.550907 0.408571 0.158892 0.165881
POP 0.029660 -0.204434 -0.452804 -0.550907 1.000000 -0.740760 0.149785 -0.485215
RN 0.026440 0.296388 0.317548 0.408571 -0.740760 1.000000 0.022182 0.524669
QIE -0.309829 0.034785 -0.380388 0.158892 0.149785 0.022182 1.000000 -0.511191
OUV 0.461246 0.196520 0.728457 0.165881 -0.485215 0.524669 -0.511191 1.000000

Les coefficients qui tend vers 1 sont dites fortement corrèles. Cependant ces résultats montrent
que les variables sont non corrélées

3.3. Les effets de l’ouverture commerciales et la qualité des institutions économiques sur la
croissance économique en zone CEMAC

On procède à une transformation logarithmique de certaines observations. En effet, la


transformation logarithmique réduit très souvent l’hétéroscédasticité, la transformation
logarithmique mesure l’élasticité de Y par rapport à X en d’autres termes le pourcentage de la
variation de Y par rapport à un pourcentage de changement de X. Les résultats de l’analyse
économétrique effectuée sur les pays de la CEMAC sont présentés dans le
tableau suivant :

Tableau 4 : Institutions économiques, ouverture commerciale et croissance économique

Variable dépendante (PIBHT) Effet de l’ouverture au commerce sur Effet de la qualité des Institutions
la croissance économique économiques sur la croissance
MCO à effet fixe MCO à effet fixe
Coefficient T-Statistique P-Value Coefficient T-Statistique P-Value

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Ouverture commerciale 0.64 2.89 0.004 1.026 4.77 0.000
Population 0.05 0.86 0.325 -0.23 -0.39 0.218
Investissement privé 0.26 1.16 0.024 0.20 1.22 0.031
Employabilité 0.06 0.539 0.052 0.04 0.42 0.043
Scolarisation 1.17 6.24 0.175 1.04 5.81 0.198
Ressource naturelle 0.15 0.94 0.114 -0.721 -0.43 0.002
institutions économiques / / / 0.41 3.95 0.008
Constante -0.31 -0.70 0.046 -0,65 -1.53 0.127
R² 0.813 0.838
R-ajusté 0.8023 0.826
F-statistique 74.14 75.36
P-value 0.000 0.000
Source : Calcul des auteurs

De la lecture simple du tableau ci-dessus, il ressort que globalement le modèle est bon (F-
statistique), et les variables expliquent ce modèle entre 80% et 82%. Nos résultats montrent
qu’exception faite de la variable population et, les cinq variables retenues exercent un impact
statistiquement significatif sur la croissance économique dans le temps et à travers les cinq pays
pris en compte dans notre échantillon. Sur l’ensemble de ces cinq variables, seule la ressource
naturelle a un impact négatif sur la croissance économique.

Bien que les pays de la CEMAC sont faiblement intégrés, commercialement extravertis et
hétérogènes, la croissance économique dans la zone CEMAC dépend de l’ouverture commerciale,
une augmentation de 1% de cette dernière fait apparaitre une amélioration de l’ordre de 0,64%
et de 1,06 % de taux de croissance économique. Nos résultats cadrent avec un ensemble d’études
antérieures dont celles de Busse et Koniger (2012) et celles de Huchet-Bourdon et al (2018). Ceci
explique que l’ouverture au commerce dans la zone CEMAC promeut une croissance à long terme.
De ce fait, nous pouvons avancer que les accords commerciaux entre les pays de la zone CEMAC
et les pays sont favorables à un regain de la productivité. Puisque, plusieurs raisons (transfert de
la technologie, égalisation des prix …) ont expliqué l’engagement des Etats dans les accords
commerciaux bilatérales et multilatérales. Certaines de ces raisons découlent d'initiatives
autonomes et objectives qui se fondent sur la conviction, désormais largement répandue, selon
laquelle l’ouverture commerciale peut encore, sous certaines conditions (soutiens aux entreprises
commerciales locales et protection du marché intérieur) jouer un rôle important dans la création
de richesses.

En ce qui concerne la qualité des institutions économiques dans la zone CEMAC, le coefficient
associé à l'indice la qualité des institutions économiques, est positif et significatif au seuil de 1%.
L’ampleur de l'effet indique qu'une augmentation d'un point de l'indice de la bonne qualité des

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institutions économiques augmente de 0, 41% et la croissance économique. Nos résultats sont
globalement cohérents avec ceux de El Morchid (2010) et Labrie et Doucet (2015) ainsi que les
travaux de Constantinos et al (2014). Ce qui suppose que lorsque la qualité des institutions
économiques s’améliore dans la zone CEMAC, cela se traduit par une hausse de sa croissance
économique. Ce constat très cohérent même si, aujourd’hui encore, ce constat n’est pas apprécié
à sa juste valeur. En effet, depuis la crise financière de 2008, dans la CEMAC, la notion de libre
marché a été fortement critiquée. Pourtant, un fait incontournable demeure plus grand est la
liberté économique qu’un gouvernement laisse à sa population, mieux celle-ci se portera, non
seulement sur le plan du bien-être matériel de base mais aussi sur le plan des indicateurs sociaux
et individuels du bien-être humain, la santé, l’éducation et le bonheur. Cependant dans la zone
CEMAC, la qualité des institutions économiques n'est pas une condition suffisante mais nécessaire
pour une croissance économique.

Quant à l’investissement privé dans la zone CEMAC, le lien est positif et statistiquement
significatif. Une augmentation de 1% du taux d’investissement améliore de 0.20% la croissance
économique. En effet, avec un climat des affaires favorables, l’investissement privé est le moteur
qui entraine les rouages de la machine économique en permettant aux entrepreneurs de réunir
des ressources nécessaires pour produire des biens et des services. Une croissance durable est
favorisée par une conjonction favorable dans laquelle l’entreprenariat et l’investissement
induisent une hausse de la productivité dans la zone CEMAC. Nos résultats corroborent les travaux
de Benhabib et Spiegel, (2005) suggèrent également que l’investissement privé est un catalyseur
de la compétitivité des entreprises.

Par rapport à la variable employabilité, notre estimation suggère qu’une amélioration du niveau
d’emploi de 1% ferait gagner de 0.06% et 0.04 % la croissance économique dans la zone CEMAC.
Ce résultat cadre parfaitement avec les travaux de Collier et Hoeffler (2005). Dans le contexte
précis de la CEMAC, ces résultats supposent que malgré une nette amélioration de politique
d’emploi, les pays de la CEMAC demeurent fragiles en raison de la vulnérabilité sociale, de
l’ineffectivité de réforme du travail et de la précarité des emplois du secteur informel.

En revanche, la dépendance des pays de la zone CEMAC aux ressources naturelles n’est pas
bénéfique, puisque, une augmentation de 1% de la rente des ressources naturelles fait perdre
0.721 % de la croissance économique. Nos résultats appuient le large consensus empirique
existante de Devarajan et Wolfgang (2013). En effet, la malédiction des ressources naturelles

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identifie un effet négatif de la dotation naturelle sur les performances économiques. Plusieurs
mécanismes misent en avant dans la zone CEMAC sont celui de la mauvaise qualité
institutionnelle, notamment les institutions politiques (corruption, conflit interne et externe,
instabilité politique, l’efficacité publique…) des comportements de prédation et l’inefficacité du
système fiscal.

Conclusion et perspectives

L’objectif de cette article était montrer l’effet de la qualité des institutions économiques d’une
part sur la croissance économique et, l’effet de l’ouverture commerciale sur la croissance
économique d’autre part. A la lumière de nos vérifications économétriques, nous pouvons
trouvons que l’ouverture au commerce renforce la croissance économique et la bonne qualité
des institutions économiques est un gain pour la croissance économique et, bonifie
considérablement l’effet de l'ouverture au commerce sur la croissance économique.

Bien que nos résultats soient robustes, ils présentent certaines limites, entre autres, la qualité des
données utilisées notamment celles de l’indice de la qualité des institutions économiques qui
reste essentiellement basé sur des perceptions de la liberté économique. Par ailleurs, nous nous
sommes limités à la méthode de MCO, Il peut exister également, le problème d’ endogeneité
entre les variables. De plus, pour plus de pertinence des résultats, nous n'avons pas pris en
compte l’effet de causalité des variables, la mesure alternative récente de l’ouverture
commerciale et les effets d'autres variables comme les indicateurs environnementaux.

Pour les perspectives de recherche, nous pensons que plusieurs pistes restent à explorer. Il s’agit
notamment d’une analyse comparative entre les pays riches en ressource naturelle et les pays
non riches en ressource naturelle ou des études de cas axées sur la prise en considération des
particularités institutionnelles des différents institutions politiques .

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