Ces conditions ne concernent que les sociétés commerciales à l’exclusion des sociétés civiles. La
publicité consiste dans l’accomplissement de trois formalités
1- le dépôt au greffe du tribunal d’un exemplaire des statuts : Ce dépôt permet à toute personne
intéressée de prendre connaissance des statuts ou de se faire délivrer une copie.
2- la publication d’un extrait dans un journal d’annonces légales et au bulletin officiel
Toute modification apportée à un statut, doit être soumise aux mêmes formalités de dépôt et de
publication.
3- l’immatriculation au registre du commerce : Toute société commerciale doit être immatriculée
au registre du commerce.
Chapitre 3 : la personnalité morale
La société qui satisfait aux éléments et conditions requis pour sa constitution acquiert la personnalité
morale, c’est-à-dire qu’il se crée par l’effet de la loi, une personne juridique nouvelle distincte de la
personne des associés.
La notion de personnalité morale permet à une société d’avoir la capacité juridique pour agir
indépendamment de ses associés, autrement dit, la société est un sujet de droits et d’obligations.
Para 1 : les attributs de la personne morale
Une société a au même titre qu’une personne physique, un nom, un domicile, une nationalité, un
patrimoine et une vie juridique propre.
1- le nom
Le nom de la société s’appelle la dénomination sociale. Les associés sont libres de donner à leur
société la dénomination de leur choix, il existe dans ce domaine une très grande liberté avec toutefois
deux réserves :
En premier lieu, la dénomination ne doit pas heurter l’ordre public.
En second lieu, la dénomination choisie ne doit pas être identique ou semblable à une dénomination
déjà existante, sous peine d’exposer la société à une action en concurrence déloyale.
C’est pourquoi, il convient de demander au registre central du commerce un certificat négatif qui
atteste que la dénomination choisie est inexistante.
2- le domicile
Le domicile d’une société s’appelle le siège social. C’est le lieu où se trouvent les principaux organes
d’administration et de direction de la société.
Le siège social peut être différent du lieu où l’activité de la société est exploitée.
La société doit être assignée devant le tribunal dans le ressort duquel est situé son siège social.
3- la nationalité
La nationalité est définie comme le lien de dépendance politique qui unit une personne à un état. La
nationalité n’est pas un attribut des seules personnes physiques, les sociétés ont également une
nationalité.
Au Maroc, une société est marocaine lorsqu’elle a son siège social effectif au Maroc, même si elle
est contrôlée entièrement par des capitaux étrangers.
Lorsqu’une société étrangère transfère son siège au Maroc, elle devient une société marocaine et doit
fonctionner selon les règles du droit marocain. En revanche, une société marocaine ne peut pas
transférer son siège social à l’étranger et perdre ainsi la nationalité marocaine, et ce en application du
principe de l’allégeance perpétuelle.
4- le patrimoine
Ce patrimoine est constitué par un actif et par un passif et il est distinct du patrimoine personnel des
associés. Il en résulte les conséquences suivantes :
En premier lieu, les apports faits par les associés à la société deviennent la propriété de la société.
Dès qu’il y a apport, il y a transfert automatique de la propriété de cet apport à la société. L’apport
opère un changement de propriétaire.
En second lieu, les associés ne sont pas copropriétaires des biens appartenant à la société, ils n’ont
qu’un droit de créance sur la société. Ce droit est de nature mobilière même si la société possède des
immeubles.
En troisième lieu, le patrimoine social. Le patrimoine social constitue la garantie des créanciers
sociaux, lesquels ne peuvent être concurrencés sur les biens de la société, par les créanciers
personnels des associés.
5- l’existence juridique propre
C’est ce qui permet à la société d’accomplir les actes de toutes natures nécessaires à la réalisation de
son objet, elle peut ainsi acheter, vendre, fusionner avec une autre société, créer une société filiale,
elle peut également ester en justice sans qu’il soit besoin de mentionner les noms des associés dans
les actes de procédure.
De même, la société répond civilement et dans certains cas pénalement, des délits commis par ses
dirigeants.
Para 2 : naissance et disparition de la personnalité morale
1- naissance
Les sociétés civiles jouissent de la personnalité morale dès la conclusion du contrat de société, c'est à
dire au moment de la signature des statuts.
Les sociétés commerciales n’acquièrent la personnalité morale qu’à compter du jour de leur
immatriculation au registre du commerce.
Toutefois, la société avant son immatriculation peut, par l’intermédiaire de ses fondateurs, passer des
contrats à condition que les engagements souscrits par les fondateurs soient repris par la société après
son immatriculation au registre du commerce.
Une fois repris, ces engagements sont réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société (effet
rétroactif).
2- disparition
La personnalité morale ne disparaît pas avec la dissolution de la société, elle survit pour les besoins
de la liquidation. Cette survivance permet aux liquidateurs d’agir au nom de la société dissoute et
permet également de maintenir la séparation entre le patrimoine social et le patrimoine individuel des
associés.
Ces causes sont énoncées dans le D.O.C, elles peuvent être soit d’origine volontaire, soit d’origine
légale soit d’origine judiciaire.
Les associés peuvent à tout moment mettre fin à la société en prononçant sa dissolution anticipée.
Lorsque la société a été contractée pour une durée illimitée (pas de limite dans le temps), la volonté
d’un seul associé peut provoquer la dissolution de la société à condition que cette renonciation soit
faite de bonne foi et qu’elle ait été donnée trois mois au moins avant la fin de l’exercice social.
3- la fusion
Lorsque deux sociétés décident de fusionner par absorption de l’une par l’autre, la société absorbée
se trouve dissoute.
Lorsque la société est constituée pour un objet déterminé, la réalisation de cet objet met fin à
l’existence de la société.
Il en est de même lorsqu’il s’avère que l’objet de la société est impossible à réaliser, c’est le cas
lorsqu’une société n’obtient pas l’autorisation administrative nécessaire à l’exercice de son activité.
Lorsqu’il n’y a plus qu’un seul associé, la société est dissoute de plein droit.
Lorsqu’une société perd la moitié de son capital elle est dissoute, sauf si les associés décident de
reconstituer le capital ou de le réduire à la somme qui reste.
Cette règle ne joue pour les sociétés de capitaux et pour la SARL que lorsque la perte dépasse les
trois quarts du capital.
En premier lieu, les statuts peuvent prévoir que la société continue avec les héritiers ou les
représentants légaux de l’associé décédé, absent ou interdit. (Ce qui est généralement fait)
En second lieu, même en l’absence d’une clause de continuation dans les statuts, les autres associés
ont la possibilité de continuer la société entre eux, en demandant au tribunal l’exclusion de l’associé
qui est à l’origine de la dissolution avec remboursement de sa part.
Dans ce cas, la dissolution peut également être évitée par le biais de l’exclusion judiciaire.
Cependant, les deux dernières causes de dissolution (5 et 6) sont particulières aux sociétés de
personnes. Elles s’expliquent par l’importance du caractère personnel dans ce genre de société,
puisque chaque associé s’est engagé dans la société en considération de la personne des autres
associés.
En revanche, les sociétés de capitaux et les SARL sont à l’abri de ce genre d’événements (décès,
incapacité…). Ce qui explique que ces sociétés peuvent à la limite être éternelles.
Tout associé peut demander au tribunal à tout moment la dissolution de la société, lorsqu’il y a de
justes motifs en particulier en cas de mésintelligence grave survenue entre les associés de nature à
bloquer le fonctionnement normal de la société.
2- le manquement d’un associé à ses obligations
La dissolution peut être prononcée à titre de peine accessoire à une condamnation pénale, l’article 36
du code pénal prévoit parmi les peines accessoires la dissolution d’une personne morale, cette
dissolution interdit la continuation de l’activité sociale et doit entraîner la liquidation de la société.
Lorsqu’une société est dissoute, il doit être procédé à sa liquidation. La liquidation est l’ensemble
des opérations qui consistent :
2/ à réaliser l’actif social c’est-à-dire la vente des biens de la société et le recouvrement de ses
créances
3/ à acquitter le passif c’est-à-dire à payer les créanciers sociaux et à rembourser aux associés leurs
apports.
Après la réalisation de ces opérations, s’il se dégage un excédent d’actif, cet excédent qu’on appelle
le boni de liquidation est distribué entre les associés proportionnellement à leur participation dans la
société.
Pour mener ces opérations à bien, les associés nomment un ou plusieurs liquidateurs qui vont
remplacer les organes de gestion. Les liquidateurs vont agir au nom de la société qui conserve la
personnalité morale, autrement dit, la société en liquidation conserve son nom, son siège, son
patrimoine qui demeure distinct du patrimoine des associés.
Cette survie de la personnalité morale est strictement limitée aux besoins de la liquidation de sorte
que les liquidateurs ne peuvent pas engager la société dans des affaires nouvelles.
Lorsque la liquidation est terminée, le liquidateur réunit les associés pour statuer sur les comptes de
la liquidation. C’est lors de cette réunion que la clôture de la liquidation sera prononcée. Cette
clôture entraîne la disparition définitive de la société et le partage de l’actif net entre les associés.