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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI (UAC)

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FACULTE DES SCIENCES DE LA SANTE (FSS)
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ECOLE SUPERIEURE DES ASSISTANTS SOCIAUX (ESAS)


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MEMOIRE DE FIN DE FORMATION POUR L’OBTENTION DU


DIPLOME D’ETAT D’ASSISTANT SOCIAL

DETERMINANTS SOCIO-CULTURELS DE L'ADOPTION


OU NON DES PRATIQUES DE PREVENTION DU
DIABETE DE TYPE 2 PROMUES PAR LE PROJET
PreDiBe DANS LA COMMUNE DE TCHAOUROU

Réalisé par :

Arël BOVIS

Directeur de mémoire :

Dr BADOU SAVI Agnès

Assistante Sociale, socio-anthropologue

Co-directrice de mémoire:

Dr AZANDJEME Sylvie

Maitre-assistant de santé publique, enseignante-chercheure à l'IRSP

39ème promotion

Septembre 2019
DECLARATION D'ENGAGEMENT
L'école Supérieure des Assistants Sociaux n'entend donner ni
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à leur auteur.

DEDICACE

Réalisé par BOVIS Arël


Je dédie ce travail à ma famille

REMERCIEMENTS

Nos sincères et profondes gratitudes vont à l'endroit de:

 Notre directrice de mémoire, le Docteur Agnès BADOU

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Malgré vos multiples occupations, vous nous avez accordé tout le temps
et toute l'attention pour un travail de qualité. C'est un grand honneur pour
nous de vous avoir comme directeur de mémoire. Votre disponibilité,
votre courtoisie et votre rigueur scientifique font de vous une femme
d'exception. Recevez notre profonde gratitude.
 Notre Co-directrice de mémoire, le Docteur Collecte AZANDJEME
Votre rigueur, votre esprit du dialogue, votre simplicité et votre souci
quotidien du travail bien fait, ont permis l'aboutissement de cette étude.
Merci pour l'encouragement.
 Tous les membres du jury
Recevez nos sincères reconnaissances pour avoir accepté d'apprécier ce
travail. Vos critiques et suggestions nous permettront de l'améliorer.
 Madame Valérie IDOSSOU
En votre qualité de coordinatrice des études et stages à l'ESAS, vous vous
êtes tellement battue pour que nous ayons une formation de qualité.
Trouvez ici le témoignage de notre reconnaissance.
 Le projet PreDiBe pour son appui financier et technique.
 Tous les comités de soutien de la commune de Tchaourou et de tous
les enquêtés
Merci pour votre contribution à ce travail.
 Tous mes ami(e)s et camarades de la 39ème promotion ESAS
Merci pour ces 03 ans de rires et de pur acharnement. Dieu vous bénisse
et nous unisse davantage. Fructueuse carrière à tous!
 Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce
travail, trouvez ici l'expression de notre sincère reconnaissance.

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LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
CERPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole
CS Com : Centre de Santé Communale
CSA : Centre de Santé d'Arrondissement
HZ : Hôpital de Zone
IRSP : Institut Régional de Santé Publique

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OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PreDiBe : Prévention du Diabète au Bénin
UVS : Unité Villageoise de Santé

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES


Tableau 1: Répartition des enquêtés selon l'âge..................................................31
Tableau 2: Sexe des enquêtés..............................................................................31
Tableau 3: Ethnie des enquêtés...........................................................................32
Tableau 4: Religion des enquêtés........................................................................32
Tableau 5: Situation matrimoniale des enquêtés.................................................34
Y

Graphique 1: Niveau d'étude des enquêtés..........................................................33

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LISTE DES ENCADRE
DECLARATION D'ENGAGEMENT...................................................................I
Encadré 1: Mode d'alimentation à Tchaourou.....................................................34
Encadré 2: Rôle de l'influence sociale.................................................................35
Encadré 3: Appréciation de l'influence de l'entourage........................................35
Encadré 4: Vécu de la maladie et culture alimentaire.........................................36
Encadré 5: Système de croyances et problématique du temps............................36
Encadré 6: Système de valeurs et normes sociales du groupe socio-..................37

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SOMMAIRE
DECLARATION D'ENGAGEMENT.....................................................................................................I
DEDICACE...........................................................................................................................................II
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES..............................................................................................V
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES.....................................................................................VI
LISTE DES ENCADRES....................................................................................................................VII
SOMMAIRE.......................................................................................................................................VIII
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................................1
Protocole d’étude...................................................................................................................................4
CHAPITRE 1 : GENERALITES...........................................................................................................7
CHAPITRE 2 : CADRE ET METHODE D’ETUDE...........................................................................21
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DES RESULTATS.......................................................................30
CHAPITRE 4 : DISCUSSION.............................................................................................................39
CONCLUSION ET SUGGESTIONS..................................................................................................48
MINI-PROJET........................................................................................................................................i

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...............................................................................................iv
Webographie.........................................................................................................................................vi
ANNEXE..............................................................................................................................................vii
TABLE DES MATIERES...................................................................................................................xvi
Y

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INTRODUCTION GENERALE

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Les maladies non transmissibles (MNT) constituent de nos jours une
préoccupation majeure de santé publique. Le diabète, une de ces maladies,
connait une ascension fulgurante durant ces dernières années de par sa fréquence
croissante, sa morbidité, sa mortalité et son coût économique (Wild S., 2004);
(Yach D., 2006). En 2000, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait
qu'il y avait dans le monde 170 millions de diabétiques et qu'en 2030, ce chiffre
atteindra 366 millions (Wild S, 2004). En Afrique, Mbanya JC. (2010) rapporte
que les chiffres vont passer de 12,1 millions à 23,9 millions pour la même
période. La prévalence du diabète va augmenter en Afrique dans l'avenir compte
tenu de l'augmentation continue de l'âge des populations, de la fréquence de
l'obésité qui augmente et de l'urbanisation (Sobngwi E., 2001); (Hall V., 2011).
Associé à un risque élevé de mortalité, de morbidité, de coûts élevés et
d'incapacités, il est principalement classé comme de type 1 ou de type 2. Alors,
que le diabète de type 1 affecte souvent les jeunes avec encore de faibles
prévalences (10%), le diabète de type 2 affecte plus les adultes et concerne plus
de 90% des diabétiques. Selon nombre de spécialistes, cette augmentation
exponentielle des cas de diabète de type 2 au sein de la population trouve son
explication dans les mauvaises habitudes alimentaires.

Au Bénin, ce type de diabète ne cesse de prendre de l'ampleur, et sévit de façon


chronique. Cet état de choses a naturellement suscité plusieurs réflexions au
niveau des structures nationales et internationales, compétentes en matière de
santé publique. Ces réflexions se sont matérialisées entre autres par la mise en
place du projet de Prévention de Diabète au Bénin(PreDiBe), né de la
collaboration entre l'Université de Montréal du Canada et de l'Institut Régional
de Santé Publique(IRSP) de Ouidah. Ce projet est appuyé financièrement par la
Fondation Mondiale du Diabète, en collaboration avec la mairie de Tchaourou,
le CERPA Tchaourou, le Centre de Promotion Sociale de Tchaourou et le
Ministère de la Santé à travers le programme national de lutte contre les

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maladies transmissibles. Une étude appelée Steps, est de ce fait réalisée tous les
05ans afin d'identifier les communes à fortes prévalences; cette étude qui, à la
fois conduite par l'OMS et le Ministère de la Santé a révélé que le département
du Borgou a la plus forte prévalence de diabète. Ainsi, la commune de
Tchaourou présente la 3ème plus forte prévalence. Une étude de confirmation a
été faite en 2011, ce qui a permis de confirmer la nécessité de mener des actions.
Au nombre de celles-ci figurent l'organisation des sujets en groupe de soutien,
l'éducation nutritionnelle suivie d'une démonstration culinaire, la promotion de
l'activité physique individuelle et/ou de groupe, la promotion du jardin familial,
la formation du personnel de santé sur la détection des sujets à risque, le
counseling pour la prévention des maladies chroniques ,notamment le diabète et
l'organisation de suivi des groupes de soutien pour les pairs éducateurs. La mise
en œuvre de ces actions a été effective, mais certaines difficultés ont été relevées
comme la réticence, et parfois le refus systématique, voire catégorique de
certaines personnes à adopter les moyens de prévention comme ce type de
diabète (type2). Pendant ce temps, d'autres l'adoptent mais après l'intervention
de plusieurs facteurs clés. Cela nous amène à nous questionner sur les raisons
profondes d'un tel refus, ou d'une telle approbation tardive, soient-elles sociales
ou culturelles. C'est dans l'optique de trouver un brin de lumière à cette
préoccupation qu'il nous a paru nécessaire et opportun d'aborder le sujet:
Déterminants socio-culturels de l'adoption ou non des pratiques de prévention
du diabète de type 2 promues par le projet PreDiBe dans la commune de
Tchaourou.

Protocole d’étude
PROBLÉMATIQUE

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Du fait de l'installation à bas bruit du diabète, il est très difficile d'évaluer la
véritable incidence du diabète de type 2 dans une population. Cette pathologie
continue d'augmenter en nombre et en importance parallèlement au
développement économique et à l'urbanisation, ce qui conduit à une mutation
des modes de vie, caractérisés par une activité physique réduite et
l'augmentation de l'obésité (Whiting DR, 2011). C'est une véritable épidémie de
diabète qui est en cours selon la Fédération Internationale du Diabète (IDF).
Pour Shaw JE. (2010), la prévalence du diabète chez les adultes (âgés de 20-79
ans) était de 6,4 %, affectant 285 millions d'adultes en 2010. Cette prévalence
passera à 7,7 % en 2030 et ce sera 439 millions d'adultes qui seront concernés.
Entre 2010 et 2030, il y aura une augmentation de 69 % du nombre atteints de
diabète dans les pays en développement et une augmentation de 20% dans les
pays développés (Shaw JE., 2010). D'après plusieurs auteurs tels que
Mbanya(2010), Sobngwi(2001) et Levitt(2008), le diabète de type 2 est la forme
la plus prédominante en Afrique. En tant que trouble de l'assimilation, de
l'utilisation et du stockage des sucres apportés par l'alimentation, sa prévention
passe par une alimentation saine et équilibrée riche en fruits, légumes, fibres et
pauvres en gras, sucre et sel, et une activité physique qui permet d'équilibrer les
apports en énergie, d'éviter la surcharge pondérale, et en même temps
d'améliorer les fonctions métaboliques. Le département du Borgou présente les
prévalences les plus élevées du pays soit respectivement 1,8%, 4,6% et 9,2%
en 2001,2006 et 2011. 68,4% des sujets à risque sont d'accord pour recevoir
des séances éducatives en alimentation mais peu l'ont reçu. Aussi, 31,6%
n'ont aucune information sur la prévention du diabète et sont de ce fait,
insensibles aux actions du PreDiBe. Bon nombre d'acteurs ont été réticents face
à l'adhésion aux moyens préventifs. Ce qui suscite en nous le désir et la volonté
de trouver les raisons d'une telle résistance. Aussi, dans le rang de ceux qui l'ont

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adopté, certains facteurs d'ordre socio-culturel se sont avérés déterminants dans
leur adhésion.

Au regard de tout ce qui a précédé, la présente étude sera donc consacrée à la


résolution des questions suivantes: Quels sont les déterminants socio-culturels
ayant favorisé l'adoption des pratiques de prévention du diabète de type 2
promues par le projet PreDiBe dans la commune de Tchaourou? Quels sont les
déterminants socio-culturels ayant favorisé la non adoption des pratiques de
prévention du diabète de type 2 promues par le projet PreDiBe dans la commune
de Tchaourou?

Pour mener à bien cette recherche et obtenir des réponses à nos questions, nous
avons émis les hypothèses suivantes.

HYPOTHÈSES

1. L'entourage immédiat des sujets à risques influe sur leur adhésion ou


non;
2. La peur de la stigmatisation justifie la réticence de certains groupes
ethniques face aux activités ou méthodes sportives;
3. Les pratiques préventives ne cadrent pas avec l'environnement culturel
de la commune.

Afin de bien conduire notre travail de recherche, nous nous sommes fixés les
objectifs suivants.

OBJECTIFS

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Objectif général: Etudier les déterminants socio-culturels de l'adoption ou non
des pratiques de prévention du diabète de type 2 promues par le projet PreDiBe
dans la commune de Tchaourou.

Objectifs spécifiques:

1- Décrire le contexte socio-alimentaire d'intervention du projet;


2- Identifier les facteurs socio-culturels qui facilitent l'adoption ou non des
pratiques de prévention;
3- Expliquer les facteurs socio-culturels de l'adoption ou non des pratiques
de prévention;
4- Proposer des stratégies de contournements des facteurs de blocage.

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CHAPITRE 1 : GENERALITES

1.1 Clarification conceptuelle

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1.1.1 Déterminant

Selon le dictionnaire Larousse, c'est ce qui détermine, décide une action. On


tend généralement, à confondre ce terme à la notion de facteur qui signifie
l'élément explicatif d'un fait ou d'un phénomène. Mais dans le contexte de notre
étude, les déterminants sont l'ensemble des facteurs capitaux, incontournables,
qui sous-tendent l'adoption ou non des pratiques de prévention du diabète de
type 2.

1.1.2 Déterminant socio-culturel

C'est un facteur social et culturel expliquant l'adoption ou non des mesures de


prévention du diabète de type 2.

1.1.3 Adoption

C'est l'action d'adhérer, d'admettre, de recevoir comme sien, soit au propre, soit
au figuré les mesures de prévention présentées par le projet PreDiBe.

1.1.4 Pratique de prévention

Elle peut être définie comme l'ensemble des actions, des mesures qui visent la
limitation du risque par le biais de différentes mesures destinées à réduire, voire
même à supprimer complètement, le risque décelé au cours d'une évaluation.

La prévention selon l'Organisation Mondiale de la Santé(OMS) en 1948: "la


prévention est l'ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la
gravité des maladies, des accidents et des handicaps". On distingue trois types:

 La prévention primaire: c'est l'ensemble des actes visant à diminuer


l'incidence d'une maladie dans une population et donc à réduire, autant que
faire se peut les risques d'apparition de nouveaux cas. Sont par conséquent

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pris en compte à ce stade de la prévention les conduites individuelles à
risque, comme les risques en termes environnementaux ou sociétaux.
 La prévention secondaire: Elle consiste à diminuer la prévalence d'une
maladie dans une population. Ce stade recouvre les actes destinés à agir au
tout début de l'apparition du trouve ou de la pathologie afin de s'opposer à
son évolution ou encore pour faire disparaitre les facteurs de risque.
 La prévention tertiaire: Il consiste à intervenir à un stade où il importe de
diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans une
population et de réduire les complications, invalidités ou rechutes
consécutives à la maladie.
1.1.5 Diabète

Le diabète est une affection caractérisée par une production d'insuline


insuffisante pour répondre aux besoins de l'organisme ou par une réponse
anormale aux cellules et aux effets de l'insuline; ou les deux. L'insuline est
importante parce qu'elle déplace le glucose, un sucre simple du sang, vers
l'intérieur des cellules de l'organisme. L'insuline exerce également un certain
nombre d'autres effets sur le métabolisme. Les aliments ingérés procurent à
l'organisme le glucose que les cellules utilisent comme source d'énergie.si
l'insuline n'est pas disponible, ou si elle n'agit pas normalement pour permettre
au glucose se trouvant dans le sang de passer dans les cellules, le glucose reste
dans le sang. Un taux élevé de glucose sanguin est toxique; De plus, les cellules
qui n'obtiennent pas de glucose sont privées de carburant dont elles ont besoin
pour fonctionner correctement.

On en distingue deux types dont celui de type 2, encore appelé "diabète non
insulinodépendant"(DNID)" ou "Diabète de l'âge mur" et "diabète acquis"
se définit par la présence d'un excès chronique de sucre dans le sang
(hyperglycémie). Dans cette maladie, on constate deux types d'anomalies: la

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sécrétion de l'insuline par le pancréas est modifiée et les effets de l'insuline sur
les tissus sont modifiés: on parle d'insulinorésistance.

1.2 Revue de littérature

1.2.1 Diabète de type 2 et particularités


Plusieurs auteurs ont abordé le diabète de type 2, à travers ses particularités. Ils
ont relevé plusieurs traits qui caractérisent les diabétiques. Sachant que la
majorité des diabétiques sont âgés, il est fréquent d'observer chez eux une
situation permanente de fragilité. Cette dernière représente un état intermédiaire
entre le vieillissement réussi et la dépendance irréversible ou vieillissement
pathologique. «La fragilité est appréciée par des critères cliniques et sociaux:
âge supérieur à 85ans,altération des fonctions cognitives, baisse des réserves
nutritionnelles, support social déficient(solitude, veuvage, pauvreté),
sédentarité, confinement, instabilité posturale, troubles sensoriels mal
compensés, dépression, atteinte rénale, hépatique, polymédication et
hospitalisation à répétition» (D.Graillot et al., 2012). Les diabétique de type 2
sont souvent faciles à reconnaitre par une prise de poids considérable avec une
hypertrophie du tissu-cutané. Plus son poids augmente, plus le taux de glycémie
ne s'élève. H.Gin 2004 présente de ce fait, un tableau comparatif des aliments-
nutriments en fonction du type de diabète.

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 Type 1  Type 2
 Poids  Normal  Surpoids
 Apport  Respecté  Restreint
glucidique
 % glucidique  45 à 50%  45 à 50%
 % lipidique  30 à 35%  30 à 35%
 Apport  Restreint à  Restreint à
protidique 0,8g/kg/j en 0,8g/kg/j en
cas cas
d'insuffisan d'insuffisan
ce rénale ce rénale

Le respect d'une ration glucidique suffisante chez le patient diabétique de type 2


est alors un bon moyen de lutter contre l'insulinorésistance. Ainsi, l'apport
lipidique est ce qui doit être le plus nécessairement restreint afin, de lutter contre
les graisses saturées; il ne doit pas dépasser 35% de la ration calorique.

1.2.2 Diabète et nutrition


Dans la perspective médicale de la prise en charge du diabète, le respect du
régime alimentaire revêt une dimension importante. Ainsi, a été prônée, une
éducation nutritionnelle qui vise la modification des comportements
alimentaires, afin de remédier à l'ignorance et au manque de connaissances
diététiques. Acquérir un savoir et un savoir-faire apparaissent alors comme une
nécessité (Calandre, 2002). Malheureusement, le faible impact des campagnes
de prévention et de sensibilisation à une nourriture diététique montre bien qu'au-
delà de sa dimension bio-nutritionnelle, l'alimentation intègre d'autres
préoccupations d'ordre socio-culturel (Calandre, op. cit). La limite de cette
éducation réside dans le fait qu'elle met en position dominante les critères de
santé et de nutrition, en éclipsant les autres fonctions de l'alimentation,
hédonique, sociale et culturelle. Or l'alimentation n'est pas seulement la
satisfaction d'un besoin psychologique, elle est un acte complexe qui renvoie à

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des réalités psychologiques, sociales et culturelles (Lahlou S., 1998).
L'alimentation est une production sociale et un système de comportements et de
représentations de la vie sociale (Garabuau-Moussaoui, 2002): « Les hommes ne
mangent pas des nutriments mais des aliments cuisinés, combinés entre eux au
sein de préparations culinaires (...) selon un protocole fortement socialisé»
(Poulain, 2002).

Le regard socio-anthropologique, qui tente de comprendre la complexité de


l'objet aliment, s'inscrit dans une logique de refus du jugement de valeur sur les
pratiques alimentaires (Mebtoul, 2007). En se questionnant sur les logiques
sociales déployées par les diabétiques à l'égard de l'alimentation, le sens attribué
au régime et les différentes contraintes auxquelles ils font face, on se rend
compte que la compréhension des sens donnés à l'aliment et au régime est
importante avant de décréter la transformation autoritaire des comportements
alimentaires. Car comme le proclamait déjà Margareth Mead dès 1945: « Avant
de chercher à savoir comment changer les habitudes alimentaires, il faut tout
d'abord comprendre ce que manger veut dire». Françoise Héritier-Augé (1985)
avait écrit: « L'autre, c'est d'abord celui qui ne mange pas comme soi».
L'alimentation apparait donc comme le socle à partir duquel se développent
aussi bien les identités individuelles que collectives. L'alimentation en tant que
fait social constitue un ensemble de représentations, savoirs et pratiques qui
s'affirment dans ses différences par rapport à d'autres systèmes alimentaires
(Suremain et al. 2006).

1.2.3 Famille et diabètes


Plusieurs études qualitatives ont été menées en Algérie principalement à Oran,
par Ouassila Salemi afin de montrer toute la complexité des pratiques
alimentaires auxquelles sont confrontées les diabétiques, de saisir de l'intérieur
leurs logiques et leurs motivations qui président au suivi ou non du régime

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alimentaire. Ainsi, dans son développement, il aborde le lien entre les relations
familiales et le statut du diabète. Manger ensemble apprend à partager une
culture, à manier un système de signes et implique des conduites normées et
interdépendantes de prise en compte d'autrui (Rivière, 1995). Ainsi, les
pratiques alimentaires sont révélatrices de la nature des rapports sociaux qui se
tissent au sein des espaces domestiques. Camille Lacoste-Dujardin(1996), dans
son ouvrage traitant de la maternité et du patriarcat au Maghreb, a développé
une analyse très pertinente des relations familiales. Elle a montré que la femme
n'accède au statut que la société lui reconnait, qu'en se mariant et en devenant
mère et garçon de surcroit. Cette tradition de la femme mère-avant-tout est
intériorisée par la femme elle-même selon les préceptes de l'idéologie
patriarcale basée sur la domination masculine. Nos pratiques alimentaires sont
révélatrices de la prégnance du fonctionnement de ce modèle traditionnel basé
sur les rapports sociaux de sexe. Les hommes mangent seuls, ou alors il y a un
ordre de repas: celui des hommes précédant celui des femmes (Lacoste
Dujardin, 1996). Le régime alimentaire du diabétique, produisant des
modifications dans les pratiques culinaires socialisées au sein de l'espace
familial, peut-être ainsi producteur de tensions entre les membres de la famille.
Les relations familiales structurent de ce fait les pratiques alimentaires, à travers
les disputes, les tensions à répétitions... le malade diabétique est parfois obligé
de se conformer à la norme sociale. Manger apparait ainsi comme un
engagement dans le groupe et un élément d'appartenance et de cohésion sociale.
En effet, «Nous ne mangeons pas seulement pour nous nourrir, mais aussi pour
des raisons cérémoniales et sociales» (Rivière, op, cit.). Cela fait ressortir
l'influence de l'environnement social immédiat sur le comportement du
diabétique. Il opère un travail de mise en scène pour se prémunir du regard de
l'autre et préserver ainsi sa réputation (Goffman, 1967).

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1.2.4 Santé et déterminants sociaux
En abordant le changement du comportement alimentaire, plusieurs
déterminants ont été décryptés par Lahlou Saadi (2005). Il décrit le modèle naïf
qui est un modèle simplement psychologique dans lequel le sujet est guidé par
ses désirs et décide de son comportement. Changer son comportement, c'est
s'écarter d'un processus validé par l'expérience et qui nous permet d'agir en
mode routine, de manière efficace sans avoir à réfléchir. En termes
d'alimentation, ce processus crée deux difficultés: l'une est cognitive (les sujets
préfèrent appliquer des méthodes connues pour résoudre les problèmes, et ils
n'essaient autre chose qui si les solutions connues ne marchent pas; c’est-à-dire
ne produisent pas une solution suffisamment satisfaisante) et l'autre est objectif
(Si le changement alimentaire proposé n'est pas aussi efficace quotidiennement
sur le plan technique, économique et social, le sujet va y perdre). Mais ceux qui
nous intéressent ici, sont ceux sociaux.

«L'alimentation est un facteur de sociabilité» (Lahlou S. ,2005). Changer son


alimentation est synonyme de l'éloigner d'un réseau social dont il partage les
habitudes alimentaires. L'expérience de Lewin en 1940 portant sur la
comparaison de l'efficacité de la méthode éducationnelle et des échanges
interactifs de groupes sur un sujet poignant, a cependant montré que le groupe
est un facteur fort de maintien des changements, par l'engagement qu'il permet.
L'éducation seule ne donne pas de résultats, c'est la prise du sujet au collectif, et
son engagement dans un processus socialisé qui va être décisive. De ce fait,
l'engagement du sujet est plus facile en groupe, que tout seul.

Selon l'OMS [Commission des déterminants sociaux de la santé(2008)], «les


déterminants de la santé sont notamment les environnements social, physique et
économique, ainsi que les caractéristiques et les comportements individuels. Le
contexte où vivent les gens détermine leur santé, pas moins que leur héritage

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génétique, leurs choix personnels et leur mode de vie. Il n'y a donc aucune
raison de blâmer les gens d'être en mauvaise santé. Nombre des déterminants
de la santé échappent dans bien des cas au contrôle individuel direct». Au
nombre de ces déterminants figurent le revenu et la situation sociale, l'éducation,
l'environnement physique, l'emploi et les conditions de travail, les réseaux de
soutien social, la culture, les coutumes et traditions, les caractéristiques
génétiques, le comportement personnel et les capacités d'adaptation, les services
de santé et le genre.

Certains chercheurs se sont cependant penchés sur l'influence sociale comme


facteur de changement de comportement. Bénédicte Apouey et Fabrice Etilé
dans leur article "Notre entourage détermine-t-il nos comportements?", se sont
intéressés aux effets d'influence entre «pairs» et aux effets de normes sociales,
avec des applications portant sur un vaste éventail de comportements de santé.
«Les effets d'influences et de normes sociales peuvent jouer un rôle clé dans le
succès ou l'échec d'une politique». Si les membres d'un groupe habitent dans des
environnements caractérisés par une même pauvreté de l'offre alimentaire, leurs
poids évolueront de la même manière au fil du temps. Si l'un d'entre eux
constate que la pratique du sport est bénéfique, après en avoir observé les
conséquences chez l'un des membres du groupe, il se mettra lui aussi au sport.
On parlera alors d'apprentissage social. Ainsi, la présence de ce dernier lors de
sa pratique sportive ne sera que d'un effet positif: la facilitation sociale (Norman
Triplett, 1898).

1.2.5 Culture et Santé


La culture est souvent divisée en deux grandes catégories, aux deux extrémités
opposées au continuum: le collectiviste et l'individualiste (ONG Les soins aux
enfants néo-canadiens, 2018). La plupart des cultures se situent quelque part
entre ces deux pôles et possèdent des caractéristiques de chacun d'eux. De plus,

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dans une culture donnée, des variations individuelles oscillent dans le spectre. Il
est toutefois utile de connaitre les caractéristiques des cultures collectivistes et
des cultures individualistes, parce qu'elles aident les praticiens à déterminer ou
se situe une famille dans le continuum culturel et à adapter les soins aux patients
en conséquence. Selon la position du patient dans le continuum culturel, il peut
être utile d'inclure la famille élargie dans les discussions et le traitement. Il
faudra peut-être obtenir le consentement de la famille élargie avant de procéder
à certains diagnostiques thérapeutiques.

Plusieurs études dont celles menées en 2008 ont permis d'avoir, la prévalence du
diabète au Bénin qui est de 2,6%, avec le département du Borgou (4,6%) comme
département présentant le plus grand taux de diabète. Des investigations ont été
conduites par Adoukonou et al. (2015), afin d'identifier certains facteurs
favorisants comme le lieu de résidence (p>0,0001), l'ethnie (p=0,002), le statut
matrimonial (p<0,0001), l'obésité(0,0171) et l'hypertension
artérielle(0,004).Aussi, avons-nous d'autres facteurs comme l'influence de l'âge
(p<0,0001), le genre (p<0,33), la consommation du tabac(0,4315), l'instruction
scolaire(0,2124).

Au niveau des groupes ethniques, les Baribas affichent la plus grande prévalence
(10,6) devant les autres ethnies. Ainsi, le diabète est associé à des facteurs tant
génétiques que nutritionnelles. Il existe donc une corrélation entre l'ethnie, le
statut matrimonial, le lieu de résidence, l'âge, le genre, l'instruction scolaire et la
survenue du diabète.

1.2.6 Diabète de type 2 et prévention

Depuis plusieurs années, un grand nombre d'études tentent d'identifier des


stratégies visant à aider les personnes vivant avec le diabète de type 2 à gérer la
maladie, et ce, par l'intermédiaire de l'autosoin. Deux approches sont

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principalement utilisées auprès des patients vivant avec le diabète de type 2, soit
l'approche éducationnelle et l'approche motivationnelle. La première comprend
les différents programmes d'éducation à l'autogestion du diabète: Diabètes self-
management éducation(DSME) et consiste à prodiguer de l'information aux
patients pour augmenter leurs connaissances et mener des changements de
comportements afin d'amener une meilleure gestion de la maladie 18 19 20. La
deuxième approche tente, à l'aide de plusieurs techniques de communication, de
motiver une personne à changer ses comportements de santé 20. Par ailleurs,
selon Thorne et al, les priorités organisationnelles pour soutenir l'autosoin
tendent à être déterminées par une vision conventionnelle axée sur la gestion de
la progression de la maladie et de ses symptômes plutôt que par une
interprétation plus compréhensive des défis continuels imposés par les
complexités de la vie quotidienne des personnes affectées par la maladie
chronique 4. En effet, les programmes d'éducation actuels sont souvent axés sur
la gestion médicale de la maladie et la gestion des comportements, en oubliant
certaines composantes essentielles comme la gestion des émotions et la gestion
des nouveaux rôles associés à la maladie 21 22. Cette approche amène les
professionnels à prodiguer de l'information aux patients sur la façon de contrôler
la maladie en prenant peu à peu en considération leur expérience et la façon dont
ceux-ci intègrent la maladie à leur vie. Souvent les interventions tentent alors de
convaincre les patients à changer leurs comportements afin d'améliorer leurs
paramètres biophysiques plutôt que d'explorer leurs difficultés en lien avec
l'intégration de l'autosoin.

Cependant, plusieurs difficultés peuvent rendre difficile le processus


d'acceptation de l'auto soin dont l'expérience de la maladie, les connaissances,
les croyances et valeurs, la situation de vie et le soutien social1.

Expérience de la maladie

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L'expérience de la maladie fait référence à de nombreux aspects, dont la réponse
émotionnelle, l'expérience des symptômes et la perception des besoins en
autosoin1. Tout d'abord, le fait de vivre avec une maladie chronique
s'accompagne très souvent d'une réponse émotionnelle de la part des patients 22
44 45. L'intensité et la nature de la réponse émotionnelle en lien avec la
perception de la maladie ont un impact important sur le processus d'intégration
de l'auto soin. L'intensité et la nature de la réponse émotionnelle modérée face à
la maladie ont un impact important sur le processus d'intégration de l'auto soin.
Une réponse émotionnelle modérée face à la maladie a une meilleure influence
sur le processus d'intégration qu'une réponse émotionnelle faible ou élevée41.

Dans un autre ordre d'idées, une particularité liée au diabète est que les patients
atteints ne ressentent souvent peu ou pas de symptômes liés à la maladie.
Lorsqu'un patient vit avec une maladie sans ressentir de symptômes, on peut
parler d'une "maladie silencieuse"47. Le patient peut donc se sentir tout à fait en
santé, ce qui peut retarder l'auto soin. Certains auteurs utilisent le concept de
"maladie signifiée"48. Ce terme réfère aux symptômes perçus par la personne
qui agissent comme une preuve de la maladie.

Dans le cas du diabète de type 2, une maladie souvent asymptomatique, il est


possible que le diagnostic (disease) ne représente jamais la maladie en sens de
"illness": la personne n'expérimentant pas la maladie soit parce qu'elle ne perçoit
pas les symptômes ou encore qu'elle se sent en santé..... 48 p.24

Plusieurs auteurs s'entendent sur la fait que de ne ressentir aucun symptôme lié
au diabète peut entraver l'auto soin, le patient ne percevant pas nécessairement la
sévérité et la menace de la maladie 41 43. Chez les patients vivant avec le
diabète de type 2, mn noterait également une sous-estimation concernant leur
risque de développer des complications de la maladie49. Cette perception du
risque eut être influencée par plusieurs facteurs, dont le niveau d'éducation, les

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caractéristiques démographiques, les facteurs sociodémographiques, les facteurs
socio-économiques et les facteurs culturels.

Une étude qualitative portant sur les femmes vivant avec le diabète de type 2
indique également la non perception de la sévérité du diabète comme étant une
difficulté à l’autosoin48. En effet, certaines femmes prennent conscience de la
maladie et de l'importance d'agir parfois seulement lorsque les symptômes et les
complications se présentent ou bien lorsqu'elles en perçoivent les effets chez un
proche atteint48. Sans un de ces éléments déclencheurs: «le diabète dans sa
dimension disease ne parait pas comme une préoccupation pour les femmes,
pourvu qu'elles se sentent en santé, notamment en pouvant accomplir leurs
activités et ne se ressentant pas les symptômes de la maladie48»

Connaissances, croyances et valeurs

Des auteurs indiquent que les personnes vivant avec le diabète doivent posséder
les connaissances requises afin de participer au processus de prise de décisions
nécessaire à l'auto soin leur permettant de gérer leur maladie et leur santé 31 35.
Des auteurs notent d'ailleurs qu'un manque de connaissances sont importantes,
elles n'apparaissent pas suffisantes pour permettre l'auto soin 50.

Concernant les croyances, les personnes vivant avec le diabète ont souvent
plusieurs conceptions concernant la maladie, son traitement et sa gestion dans la
vie quotidienne. Des auteurs affirment que les croyances englobent les attitudes,
les principes et les valeurs des patients et de leur famille 52. Les croyances et les
valeurs du patient peuvent influencer ses priorités d'auto soin ainsi que sa
perception de ses propres besoins d'auto soin 53. Les croyances liées à un
problème de santé comme le diabète peut porter sur plusieurs aspects, soit sur le
diagnostic, l'étiologie, le pronostic, la guérison et le traitement, la maitrise, la
prise en charge et l'influence, la religion et la spiritualité, la place qu'occupe la

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maladie dans la vie de chacun et dans ses relations, le rôle des membres de la
famille et le rôle des professionnels de la santé 52.

Situation de la vie

Plusieurs auteurs recensés notent qu'un accès limité à des soins de qualité ainsi
que des contraintes in acières peuvent influencer négativement les
comportements d'autosoin 31 35 43. Selon certains auteurs, le revenu est associé
aux comportements d'autosoin, un revenu plus élevé menant à un suivi plus
rigoureux concernant les quatre comportements d'autosoin étudiés, soit la
surveillance de la glycémie, l'autoexamen des pieds, l'examen des yeux et la
surveillance de l'Aic 56. Pour d'autres auteurs, les couts élevés reliés à l'achat de
nourriture saine et aux déplacements aux divers rendez vous peuvent aussi
constituer une difficulté à l'autosoin 31 35 45.

Soutien social

Les personnes vivant avec le diabète doivent vivre avec une maladie chronique
qui exige des soins souvent complexes. L'aide de la famille, des amis, et des
proches est donc souvent requise. Plusieurs études démontrent que le soutien
social est un précurseur important de l'auto soin 57 58 59. Certains auteurs
indiquent que le soutien social ne concerne pas seulement le soutien de la
famille et des amis, mais également celui de la société et du système de santé.

Toutefois, une étude qualitative descriptive s'étant intéressée au soutien perçu


par les patients adultes diabétiques de type 2 indique que plusieurs types de
soutien familial peuvent être présents et qu'ils ne sont pas tous considérés
comme bénéfiques pour les patients 60. En effet, certains patients perçoivent le
soutien pratique de leur famille et de leurs amis comme étant non constructif, ce
qui rend difficile l'intégration des activités d'auto soin dans leur vie quotidienne.
Par exemple, ils doivent souvent adapter la préparation des repas aux désirs des

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membres de leur famille, rendant difficile le respect de leur propre diète 60. De
plus, selon Oftedal, plusieurs participants perçoivent chez leurs proches une
attitude négative et une certaine exaspération par rapport à leur diabète, les
amenant alors à discuter rarement de leur diabète avec ceux-ci afin d’éviter leurs
réactions négatives. Parfois, le réseau de soutien provenant de la famille et des
amis peut parfois être non aidant et freiner l'intégration de l'auto soin chez les
personnes vivantes.

CHAPITRE 2 : CADRE ET METHODE D’ETUDE

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2.1 Cadre d'étude
Dans le but d'appréhender les déterminants de l'adoption ou non des pratiques
préventives du diabète de type 2 promues par le projet PreDiBe, nous nous
sommes proposé de mener notre étude dans la commune de Tchaourou,
précisément dans 04 villages à savoir Tchaourou, Worogui, Tchatchou et
Tékparou. Cependant, il nous est nécessaire de faire un bref aperçu du projet.
 Projet PreDiBe

Le Projet de Prévention du Diabète en milieu rural est né de la collaboration


entre l'Université de Montréal du Canada et de l'Institut Régional de Santé
Publique du Benin, et financé par la Fondation mondiale du diabète. Il a
identifié la commune de Tchaourou comme commune pilote. Ce projet cible
1500 sujets à risque moyen ou élevé de diabète (Ben risk>12) et se déroule dans
quatre villages de la commune de Tchaourou que sont Tékparou, Tchatchou,
Tchaourou et Worogui. Deux villages à savoir Badékparou et Kinnou-kpanou
ont été identifiés pour servir de témoins à l'intervention afin de pouvoir détecter
l'effet propre du projet. Les cibles secondaires sont le personnel de santé, les

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assistants sociaux, les paires éducateurs, les techniciens agricoles, les
nutritionnistes et la population totale de Tchaourou.

La durée du projet est de 04ans et vise à réduire de 10% les cas de diabète
chez les sujets de diabètes au bout de 30 mois d'intervention en:

-réduisant de 10% la prévalence de l'obésité globale et abdominale;

-réduisant de 10% la prévalence de l'hypertension artérielle;

-augmentant de 30%, la proportion de sujets ayant adopté la pratique


quotidienne de l'activité physique modérée (au moins 30 minutes de
marche/jour) et la pratique d'activité physique intense (au moins une
fois/semaine);

-augmentant de 30% la proportion de sujets ayant adopté une alimentation riche


en fruits et légumes (au moins cinq portions/j), pauvre en gras et riche en fibres;

-accroissant de 30%, la capacité des sujets à risque de diabète de type 2 pour


l'autocontrôle de leur santé par la contribution des groupes de soutien;

-augmentant de 30%, l'accessibilité des fruits et légumes;

-améliorant de 80%, la capacité du personnel de santé en counseling pour la


prévention du diabète de type 2.

Au vu de ces objectifs, les stratégies prévues sont:


o Une éducation nutritionnelle avec démonstration culinaire
o La promotion de l'activité physique individuelle et/ou de groupe
o La promotion du jardin familial avec des semences biologiques, afin de
favoriser la pérennisation des cultures

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o La formation du personnel de santé sur la détection des sujets à risque, le
counseling pour la prévention des maladies chroniques, notamment le
diabète.

 La ville de Tchaourou

La commune de Tchaourou est limitée au sud par la Commune de Ouèssè, au


Nord par les Communes de Parakou, Pèrèrè et N’Dali, à l’Ouest par les
Communes de Bassila et Djougou et à l’Est par la République Fédérale du
Nigéria. Elle s’étend sur une superficie de 7256 Km2, soit 20% de la superficie
totale du département du Borgou et environ 6,5% du territoire national. Elle
compte sept (07) arrondissements et quatre-vingt-dix (90) villages/quartiers de
ville. Après le quatrième Recensement Général de la Population et de
l’Habitation (RGPH4) en 2013, la commune de Tchaourou compte une
population de 221108 habitants dont 51% de femmes.

Selon le RGPH3, l’agriculture occupe 8.037 des 15.253 ménages que compte la
commune de Tchaourou. Ils représentent 52, 69% du total des ménages de la
commune. Cette proportion de ménages vit d’activités agricoles, qu’il s’agisse
de la production végétale ou animale.

La production agricole est essentiellement basée sur les cultures vivrières


(céréales, racines et tubercules, légumineuses) et les cultures de rentes (coton,
arachide et anacarde.

La commune dispose d’un Hôpital de Zone (HZ), d’un Centre de Santé


Communal (CS Com), des Centres de Santé d’Arrondissement (CSA) dans
certains arrondissements et des Unités Villageoises de Santé (UVS). Mais
notons aussi que la commune est caractérisée par un faible taux de couverture
sanitaire. Ainsi, certaines localités qui abritent pourtant d’importantes
populations humaines ne disposent même pas d’UVS. Les populations de ces

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localités sont obligées de parcourir plusieurs Kilomètres avant d’arriver au
centre de santé le plus proche.

Plusieurs groupes ethniques sont à noter, dont les plus dominants sont les
Baribas (34,2%) ; les Peuls (18,9%) et les Nagos (15,8%). Ces trois (03) groupes
ethniques sont côtoyés par d’autres minorités que sont les Bètammaribè et
apparentés (12,9%), les Fons et Adjas (4%). Tchaourou n’affiche pas de
discrimination ethnique. Toutefois, les peuls, malgré leur forte présence, restent
toujours isolés des autres groupes ethniques et participent très peu à la prise de
décision au niveau de la Commune. Quant aux minorités venues de l’Atacora et
de la Donga et appelées colons agricoles, elles constituent les piliers de
l’agriculture locale, et ne participent pas elles non plus aux prises de décisions
importantes au niveau de la Commune.
Notons que la commune est dotée d'un seul Centre de Promotion Sociale(CPS)
qui coiffe tous les villages.

La carte géographique de la commune de Tchaourou se présente comme suit:

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2.2 Méthode d'étude
2.2.1 Nature et durée de l'étude
Il s'agit d'une étude transversale et descriptive de type qualitatif. Elle s'est
déroulée de la période d'avril à juin 2019.

2.2.2 Population d'étude


La population d'étude est constituée principalement des sujets à risque et des
diabétiques, ciblés par le projet et ayant adopté ou non les pratiques préventives.
Nous nous sommes également entretenus avec leurs entourages, afin de
recueillir leurs avis sur certains aspects de la question.
2.2.2.1 Critère d'inclusion
 Etre diabétique ou sujet à risque.

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 Avoir été identifié comme participant au projet PreDiBe.
 Avoir réellement participé au moins une fois aux activités du projet.

2.2.3 Echantillonnage
Nous avions effectué un échantillonnage non probabiliste de commodité qui
consiste à recruter toute personne répondant à nos critères d'inclusion. Ainsi,
nous avions discuté avec le président de chaque comité de soutien afin de nous
assurer de la disponibilité des sujets.
2.2.3.1 Taille de l'échantillon
Suivant notre procédé d'échantillonnage et nos critères d'inclusion, la taille
de notre échantillon a été de 50 personnes réparties comme suit:
 18 sujets à risques et diabétiques à Tchaourou;
 12 sujets à risques et diabétiques à Worogui;
 10 sujets à risques et diabétiques à Tchatchou;
 10 sujets à risque et diabétiques à Tékparou.
2.2.4 Outils de collecte de données
L'outil qui nous a permis de réaliser cette recherche est le guide d'entretien. Les
résultats obtenus ont été possibles grâce aux entretiens individuels, et parfois au
focus group.

2.2.5 Variables étudiées


Nous avons deux(02) types : la variable dépendante et la variable indépendante.
2.2.5.1 Variable dépendante
Il s'agit des déterminants socio-culturels de l'adoption ou non des pratiques de
prévention du diabète de type 2 promues par le projet PreDiBe.

2.2.5.2 Variables indépendantes

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 Profils des enquêtés: il s'agit des caractéristiques sociodémographiques
générales;
 Qualité et degré d'information sur le diabète de type 2;
 Qualité et degré d'information sur les mesures de prévention présentées;
 Attitudes face à la sensibilisation sur le diabète de type 2;
 Influence de l'environnement familial/ de la culture dans l'adoption ou non
des pratiques préventives.

2.2.6 Déroulement de la collecte


La collecte des données a été effective dans les 04 villages identifiés. Les
entretiens ont généralement débuté par une présentation (bien que déjà faite de
façon succincte au téléphone lors de la prise de rendez-vous). Nous avions
rappelé la problématique de recherche et l'assurance de l'absence de jugement
des réponses. Les entretiens ont été réalisés entre avril 2019 et juin 2019. Ils
duraient en moyenne 30 min. Concernant les sujets cibles et les diabétiques,
nous avions d'abord pris contact avec le président du comité de soutien afin de
nous imprégner de la disponibilité des cibles. Certains ont été pris en focus
group, et d'autres de façon individuelle à leur domicile ou sur les lieux de sport.
Nous avions cependant relevé certaines questions omises, et d'autres non
pertinentes ou moins précises durant nos premiers entretiens. Nous avions donc
intégrer de nouvelles questions et améliorer celles dépourvues de pertinence. Au
total, nous avions 50 enquêtés dont 39 sujets à risques et 11 diabétiques.

2.2.7 Traitement et analyse des données


La saisie et le traitement des données a été faite de façon manuelle grâce au
logiciel WORD 2010. L'organisation des données sous forme de tableaux et de
graphiques a été réalisée à l'aide du logiciel Excel 2013.
2.2.8 Contraintes de l'étude

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La contrainte majeure de cette étude est qu'il nous a été très difficile de
rencontrer les acteurs du village de Tékparou à cause de leur indisponibilité et
de l'inactivité de leur groupe sportif. Nous avons finalement pu échanger avec
certains sujets à risques, grâce à l'implication du Chef village après plusieurs
tentatives infructueuses.

2.2.9 Considérations déontologiques et éthiques


A ce niveau, nous avons:
 Respecté le consentement libre et éclairé des enquêtés à participer à
l'étude;
 Garanti l'anonymat des entretiens et la confidentialité dans le traitement
des informations.

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CHAPITRE 3 : PRESENTATION DES
RESULTATS

3.1 Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés


Pour le compte de cette étude, nous avons enquêté 39 sujets à risques et 11
diabétiques. Sur ces 50 enquêtés, 24 sont d'ethnie Nago et 16 d'ethnie
Bariba.
Les tableaux et graphiques qui suivent nous renseignent davantage sur les
autres caractéristiques sociodémographiques des enquêtés.

3.1.1 Age des enquêtés


Tableau : Répartition des enquêtés selon l'âge

Age (ans) Effectif Pourcentage(%)


15-25 01 02
25-35 05 10
35-45 16 32
45-55 12 24

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55-65 12 24
65-75 02 04
75-85 02 04
Total 50 100
Source: Enquête de terrain, Bovis juin 2019

L'âge moyen des enquêtés est de 50ans. Le plus jeune enquêté a 23 ans et le plus
âgé 81ans. La tranche d'âge la plus représentée est celle de 35 à 45ans soit 32%.

3.1.2 Sexe des enquêtés


Tableau : Sexe des enquêtés

Sexe Effectif Pourcentage(%)


Masculin 21 42
Féminin 29 58
Total 50 100
Ce tableau nous montre qu'il y a une majorité féminine au niveau des enquêtés à
raison de 58% contre une minorité masculine (42%).

3.1.3 Ethnie des enquêtés

Tableau : Ethnie des enquêtés

Ethnie Effectif Pourcentage(%)


Nago 24 48
Bariba 16 32
Fon 05 10
Adja 01 02
Peul 01 02
Idasha 01 02
Gambarou 01 02
Yoruba 01 02
Total 50 100
Source: nos investigations terrain, juin 2019

Ce tableau nous montre que l'ethnie la plus représentée est celle Nago avec 48%.
Celles moins représentées sont Adja, Peul, Idasha, Gambarou et Yoruba avec
respectivement 1% chacune.

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3.1.4 Religion des enquêtés

Tableau : Religion des enquêtés


Religion Effectif Pourcentage(%)
Musulman 30 60
Catholique 15 30
Evangélique 05 10
Total 50 100
Source: nos investigations terrain, juin 2019

Ce tableau nous indique que la majorité des enquêtés est musulmane (60%) et la
minorité évangélique (10%).

3.1.5 Niveau d'étude des enquêtés

Graphique : Niveau d'étude des enquêtés

Niveau d'étude des enquêtés

Aucun niveau
Niveau primaire
Niveau secondaire
Niveau supérieur

Source: Résultats de nos enquêtes, juin 2019

Ce graphique nous montre que les enquêtés ayant aucun niveau d'étude sont en
nombre élevé et représentent, 66% de la population d'étude. Nous avons ensuite,

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ceux ayant un niveau d'étude secondaire 24%, contre 6% et 1% respectivement
pour le niveau primaire et supérieur.

3.1.6 Situation matrimoniale des enquêtés

Tableau : Situation matrimoniale des enquêtés

Situation matrimoniale Effectif Pourcentage


Célibataire 02 04
Marié 48 96
Total 50 100
Source: nos investigations terrain, juin 2019

Ce tableau nous indique qu'il y a plus de mariés (96%) que de célibataires (04%)
au sein des enquêtés.

3.2 Contexte socio-alimentaire à Tchaourou

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