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Année universitaire 2019-2020

TRAVAUX DIRIGES – 3e année de Licence

DROIT SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS

Cours de M. Stephan REIFEGERSTE


Travaux dirigés de Mme Donya FORGHANI
________________________________

Séance n° 1 :
LA SOCIÉTÉ EN NOM COLLECTIF

Quelques ouvrages :

- B. DONDERO et P. LE CANNU, Droit des sociétés, Montchrestien, 8e éd., 2019


- M. COZIAN, A. VIANDIER et F. DEBOISSY, Droit des sociétés, Litec, 32e éd.,
2019
- P. DIDIER et P. DIDIER, Droit commercial, tome II, Les sociétés commerciales
Economica, 2011
- P. MERLE et A. FAUCHON, Droit commercial, Sociétés commerciales, Dalloz, 23e
éd., 2019
- G. RIPERT et R. ROBLOT, par M. GERMAIN et V. MAGNIER, Traité de
droit commercial, tome 1, volume 2, Les sociétés commerciales, LGDJ, 22e éd., 2017

I. Typologie des sociétés

Une rapide typologie des sociétés commerciales vous a été exposée au premier semestre.
Pour vous rafraichir la mémoire, une présentation générale – très sommaire - des principales
formes de sociétés est reproduite dans la fiche sous forme de tableau (Document 1), et
tend à exposer sous forme synthétique les diverses structures sociales. A l’aide de ce
document, vous tenterez de mettre l’accent sur leurs ressemblances et dissemblances, sous

1
différents aspects : nombre d’associés, exigences relatives au capital social, modalités de
cession des droits sociaux, diversité des organes sociaux, engagement des associés ...

En saisissant les caractéristiques essentielles des différentes sociétés, vous pourrez mieux
comprendre la spécificité de la SNC étudiée dans cette fiche de TD.

II. Gérance de la SNC

Le gérant d’une SNC peut être associé ou non associé. Il est nommé par les statuts ou par
l’assemblée des associés au cours de la vie sociale à l’unanimité ou, si les statuts le prévoient,
à la majorité.

En l'absence de détermination de ses pouvoirs par les statuts, le gérant peut faire tous actes
de gestion dans l'intérêt de la société, sans empiéter sur les pouvoirs de l’assemblée des
associés. Toutefois, le gérant de la SCN ne saurait engager la société – et encore moins les
associés- par des actes qui ne soient pas dans le périmètre de l’objet social : dans ce cas, ni la
société ni les associés en nom, ne sauraient être engagés.

Document 2 : Cass. com., 12 décembre 2006, RJDA 2007, n° 358 ; Rev. sociétés 2007,
p. 346, F. PASQUALINI et V. PASQUALINI – SALERNO

Dans une SNC –contrairement aux autres sociétés- la révocation du gérant emporte
dissolution de la société, sauf décision contraire des associés optant pour la poursuite de
l’activité (article L. 221-12 Code de commerce).

La question s’est posée à la Cour de cassation de savoir si la décision de révocation du


gérant et la décision de continuation de la société doivent être prises simultanément.

La jurisprudence semble faire une lecture littérale de l’article L. 221-12 précité ; elle estime
que la décision de révocation et celle de continuation doivent avoir été concomitantes :

Document 3 : Cass. com., 26 novembre 2003, Bull. civ. 2003, IV, n° 187 ; Dr. Sociétés 2004
comm. 28, note J. MONNET ; JCP E 2004, 427, note S. REIFEGERSTE ; D. 2003, p. 3055,
note A. LIENHARD ; Bull. Joly 2004, p. 428, note P. LE CANNU ; JCP E 2004, n° 17, p. 601,
obs. J.-J. CAUSSAIN, DEBOISSY et WICKER ; RTD com. 2004, 330, obs. C. CHAMPAUD et
DANET.

III. Responsabilité des associés en nom

Les associés en nom sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
Tenus d'une obligation à la dette sociale indéfinie et solidaire, les associés de la SNC
assument sans doute la plus lourde des responsabilités qui puisse exister pour un associé.

Cette obligation indéfinie des associés en nom rend l’écran social moins important dans la
SNC qu’il ne l’est dans les autres sociétés puisqu’en définitive les associés vont supporter sur
leur patrimoine personnel, les dettes sociales. Ainsi, la séparation des patrimoines n’est plus
si tranchée dans la SNC si bien que certains auteurs ont pu parler à ce sujet de "personnalité
morale atténuée".

2
Toutefois, l’obligation aux dettes sociales demeure, pour les associés en nom, une obligation
subsidiaire. En ce sens, que le créancier social doit d’abord s’adresser à la société et ce n’est
que dans l’hypothèse où la société ne règle pas ce créancier, que ce dernier pourra
poursuivre l’un quelconque des associés (article L. 221-1 Code de commerce).

Il suffit pour cela que le créancier mette la société en demeure de payer. En l’absence d’une
telle mise en demeure, la demande du créancier dirigée contre l’associé en nom ne saurait
prospérer.

Document 4 : Cass. com. 14 juin 2000, Bull. Joly 2000, p.1095, note Y. DEREU.

Document 5 : Cass. com. 17 janvier 2006, Dr. Sociétés 2006, N. 62, note J. MONNET.

L’associé ayant acquitté une dette sociale dispose alors d’un recours contre la société elle-
même puisque son obligation n’est que subsidiaire mais aussi contre les coassociés.

Document 6 : Cass. com. 29 octobre 2003, RJDA 2004, n.327, p. 1095, note Y. DEREU.

Cette obligation indéfinie et solidaire aux dettes sociales a incité la Cour de cassation à
refuser à l’associé en nom la possibilité d’être lié à sa société par un contrat de travail.

Document 7 : Cass.soc. 14 octobre 2015, Dr. Sociétés 2016, N. 1, comm. 9, note D.


GALLOIS-COCHET.

IV. Cessions des parts sociales

Les parts sociales ne peuvent être représentées par des titres négociables. Contrairement
aux actions (SA, société en commandite par actions) librement négociables, la cession des
parts sociales est soumise à des formalités notamment pour son opposabilité. Pour cette
raison, on estime que les parts sociales sont des droits cessibles1 alors que les actions sont
des droits négociables. Quelles sont ces formalités ?

– d'abord, la cession doit être constatée par écrit (article L. 221-14 Code de
commerce alinéa 1) ;

– ensuite, elle est rendue opposable à la société, autrefois, dans les formes lourdes
prévues à l'article 1690 du Code civil (donc signification par huissier ou acceptation
de la société par l'intermédiaire de son gérant). Toutefois, la signification peut être
remplacée par le dépôt d'un original de l'acte de cession au siège social contre remise
par le gérant d'une attestation de ce dépôt ;

1
Le droit cessible est le droit qui est soumis aux formalités de l’article 1690 du Code civil. Aux termes de ce
texte, la cession de créance n’est opposable aux tiers qu’après signification de la cession au débiteur cédé ou
acceptation de cette cession par celui-ci par acte authentique.
Le droit négociable échappe aux formalités de l’article 1690 du Code civil.
NB : Si, depuis le 1er octobre 2016, à la suite de l’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des
contrats, du régime général et de la preuve des obligations, l’opposabilité de la cession de créance se fait dans
les formes assouplies du nouvel article 1324 du Code civil (notification du débiteur cédé), la cession des droits
incorporels notamment la cession de parts sociales demeure, quant à elle, régie par les dispositions de l’article
1690 du Code civil qui n’a pas été abrogé.

3
– enfin, elle n'est opposable aux tiers qu'après accomplissement de ces formalités et,
en outre, après publicité au registre du commerce et des sociétés (RCS). La publicité
au RCS est accomplie par le dépôt en annexe de deux expéditions de l'acte de
cession, s'il a été établi en la forme authentique, ou de deux originaux, s'il est sous
seing privé (article R. 221-9 Code de commerce).
La chambre commerciale de la Cour de cassation admettait toutefois que, même si
l'acte de cession n'a pas été déposé au greffe, une cession de parts est opposable aux
tiers dès lors qu'ont été publiés les statuts mis à jour constatant la cession (Cass.
com., 18 déc. 2007, n° 06-20.111, Sté Gerfloc c/ Cts Pradier: solution rendue en matière
de société civile mais transposable aux SNC).
Depuis l’ordonnance n° 2014-863 du 31 juillet 2014, cette dernière solution ne fait
plus de doute: l’acte de cession de parts sociales de SNC n’a plus à être déposé au
greffe du tribunal de commerce.
Ainsi, l'exigence –pratique- du double dépôt au RCS, à la fois de l'acte de cession et
des statuts modifiés constatant la cession, est supprimée. Désormais, la cession est
rendue opposable aux tiers par le dépôt au greffe des statuts modifiés constatant la
cession et faisant apparaître la nouvelle répartition du capital. Ce dépôt devient
suffisant pour constater la cession et la rendre opposable aux tiers. Ce dépôt pourra
être accompli par voie électronique.
En faisant référence au dépôt au greffe des statuts, les rédacteurs de l'ordonnance du
31 juillet 2014 ont pris en compte le fait qu'en pratique, on procède généralement à
une modification des statuts, en même temps que l'on accomplit les formalités
relatives à la cession de parts sociales. Rappelons qu’en théorie, pour la SNC, la
modification des statuts n'était envisagée par aucun texte. Mais en pratique la lourde
responsabilité qui pèse sur les associés en nom incitait naturellement l’associé en
nom qui quitte la société à demander que l'on ne conserve pas, dans les statuts,
l'indication du fait qu'il serait encore associé…

Exercices à préparer (par écrit) :

-1- Faire une fiche d’arrêt pour tous les documents de la fiche après avoir faire
TOUTES les recherches suggérées.
-2- Commenter le document 4
-3- De la théorie à la pratique… Résoudre le cas pratique suivant, en vous aidant des
éléments du cours ainsi que de la fiche de TD et en suivant la méthode indiquée dans
la méthodologie.

Cas pratique :

La société en nom collectif Dupont et associés SNC est une société commercialisant des
produits alimentaires. Elle a été instituée par trois associés qui se connaissent et se font
confiance, Monsieur Dupont, Monsieur Durand et Madame Sansreproche. Le capital social
de Dupont et associés SNC est de 10.000 euros. Il a été constitué par des apports en
numéraire faits par chacun des trois associés : Monsieur Dupont a apporté 6.000 euros,
Monsieur Durand 3.000 euros et Madame Sansreproche 1.000 euros. Ce capital est divisé en
100 parts sociales, la valeur de chaque part est de 100 euros.

4
Monsieur Dupont est associé majoritaire mais aussi gérant de la société ainsi qu'il a été
décidé lors de l'immatriculation, dans les statuts de celle-ci.

Cependant les affaires de la société Dupont et associés SNC vont mal. En effet, celle-ci avait
souscrit un emprunt de 500.000 euros auprès d'une banque laquelle réclame aujourd'hui le
remboursement de cette somme et menace de saisir les tribunaux compétents en cas de
non paiement.

Dans ces circonstances, un grave conflit éclate entre d'une part Monsieur Dupont, de l'autre,
Monsieur Durand et Madame Sansreproche lesquels contestent les modalités de restitution
de cet emprunt ainsi que ses conditions.

Monsieur Dupont menace de démissionner.

Monsieur Durand et Madame Sansreproche ne souhaitent plus rester dans cette société
qu'ils estiment être mal gérée. Ils approchent alors un certain Monsieur Malparti afin de lui
proposer d'acquérir leurs parts sociales dans la société Dupont et associés SNC.

Monsieur Malparti semble séduit par cet achat de parts surtout que Monsieur Durand et
Madame Sansreproche lui ont fait miroiter les avantages qu'il aurait à entrer dans cette
société…

Il demande néanmoins à obtenir une copie des statuts de la société afin de les lire. La lecture
des statuts de cette SNC, lui permet de constater qu’il n’a pas été dérogé aux règles de
majorité prévues par défaut par la loi pour ce type de société.

Vous êtes le conseil de Monsieur Malparti qui souhaite savoir :

- S’il peut devenir associé de cette société immédiatement, et quelles sont, le cas
échéant, les démarches à entreprendre.
- Quels sont les risques que cet investissement pourrait lui faire courir.

Rappel :

Ø Dans une SNC, les décisions collectives sont adoptées à l’unanimité, sauf si les statuts prévoient une
règle contraire (majorité qualifiée, majorité simple)
Ø Certaines décisions ne peuvent être adoptées qu’à l’unanimité (agrément d’un nouvel associé cf. article
L.221-13 Code de commerce) …
Ø Le sort de la SNC est intimement lié à celui des associés. Ainsi, le décès, la survenance de l’incapacité
de l’un d’entre eux peut aboutir à la dissolution de la société sauf décision contraire des associés
(prise en principe à l’unanimité). De même la mésentente entre associés, dans une SNC, conduit
inévitablement à la dissolution. En effet, au-delà des solutions temporaires consistant dans la nomination
d'un administrateur provisoire ou d'un mandataire ad hoc, il n'est pas légalement possible d'envisager
durablement la poursuite de la société sans le concours ou la participation de tous les associés ;
puisqu’en principe les délibérations collectives ont lieu, sauf stipulation contraire des statuts, à
l'unanimité des associés.

5
Document 1

Cession des Gestion,


Type de Capital Nature des
Associés droits Administration,
société social droits sociaux
sociaux Direction
Consentement
unanime des
autres associés
Au moins 2 pour la cession
Pas de capital
commerçants
minimum
Société́ en Ecrit nécessaire
Responsabilité Gérant associé ou
nom collectif Apports en Parts sociales
indéfinie et non, statutaire ou non
(SNC) nature, en Dépôt des
solidaire à raison
espèces, en statuts modifiés
des dettes
industrie au RCS (depuis
sociales
l’'ordonnance n°
2014-863 du 31
juillet 2014)

Au moins 2
associés, dont 1
commandité
(commerçant) et
un commanditaire

Responsabilité
En principe,
Idem que pour des commandités
cession des parts
la SNC, sauf : idem que pour la
avec
que l’apport en associés en nom Gérant choisi parmi
consentement de
Société en industrie est (cf. ci-dessus) Parts sociales les commandités ou en
tous les associés
commandite interdit pour (sauf dispositions
dehors de la société
simple les Responsabilité statutaires
commanditaires des contraires)
commanditaires :
limitée aux
apports (Idem
que pour les
associés de la
SARL. Cf. ci-
dessous)

Pas de 1 seul associé Cession aux tiers


minimum ni de pour l’EURL soumise à
maximum. l’agrément avec
Pour la SARL rachat en cas de
Société à refus (droit de
classique : 2 au
responsabilité́ Apports en retrait) Gérant associé ou
nature ou en moins, 100 au Parts sociales
limitée non, statutaire ou non
espèces ; plus.
(SARL)
apport en Cession libre
industrie Ne sont pas entre associés
possible selon commerçants sauf disposition
les modalités statutaire
s t a t u t a i r e Responsabilité
limitée au Cession

6
montant des constatée par
apports écrit

Dépôt des
statuts modifiés
au RCS (depuis
l’'ordonnance n°
2014-863 du 31
juillet 2014)

Conseil
37 000 euros 7 actionnaires d’administration,
(même capitale minimum président du conseil
avant 2009 Librement d’administration, et
c’était 225 000 Pas de maximum négociables directeur général (le
euros si la SA cumul des deux
Société́ fait une offre dernières fonctions est
anonyme Ne sont pas Clause
de titres au commerçants d’agrément possible même après
(SA) public) Actions 2001)
possible sous
Responsabilité certaines
Apports en limitée au conditions Où
espèce et en montant de
nature l’apport Directoire et conseil
de surveillance

Librement
négociables
Un seul associé Président
Société́ par Clause
Pas de pour la SASU ou
actions d’agrément
minimum, ni de plusieurs associés Organes librement
simplifiée possible sous
maximum pour la SAS Actions déterminées par les
(SAS) certaines
classique statuts
conditions et
souvent utilisées
en pratique

Un commandité
au minimum
(commerçant,
responsable
Idem SA, seuls indéfiniment et Actions (pour les Pour les actions :
les solidairement des commanditaires) cf. SA
Société en Un ou plusieurs
commandités dettes sociales)
commandite gérants, parmi les
peuvent faire Parts sociales
par actions Pour les parts commandités
des apports en 3 commanditaires (pour les
industrie sociales : cf. SNC
actionnaires au commandités)
minimum
(responsabilité
limitée à
concurrence de la
participation dans
le capital)

7
Document 2

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 15 février 2005), que la société en nom collectif La Résidence (la SNC) a,
de 1989 à 1998, effectué des opérations sur le marché des options négociables par l'intermédiaire de la société
Michaux, devenue la société Michaux gestion, puis, à partir de 1998, par l'intermédiaire de cette même société
agissant en tant que récepteur transmetteur d'ordres et de la société Européenne d'intermédiation financière et
boursière (la société EIFB), devenue la société CIC Securities, agissant en tant que teneur de compte exécuteur
d'ordres ; qu'au mois de janvier 2000, cette dernière société a procédé à la liquidation d'office des positions de la
SNC en raison de l'insuffisance de la couverture ; que le 13 mars 2000, l'assemblée générale extraordinaire des
associés de la SNC a modifié l'objet de celle-ci pour y inclure "la réalisation de toutes opérations de bourse de
toutes natures, y compris celles dites spéculatives" ; que, par actes des 29 décembre 2000 et 3 janvier 2001, la
SNC, alléguant que son gérant n'avait pas le pouvoir de passer des ordres de bourse à caractère spéculatif et que
les sociétés Michaux gestion et CIC-Securities avaient manqué à leurs obligations professionnelles, a fait
assigner ces deux sociétés en annulation des ordres de bourse et en dommages-intérêts ;

Attendu que la SNC fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté l'ensemble de ses demandes, alors, selon le moyen :

1 / que tous les placements de capitaux disponibles d'une société n'entrent pas dans son objet social ; que le
caractère essentiellement et hautement spéculatif de certains placements sur des marchés financiers, par
définition à risque, relève d'un objet social principalement monétaire et financier ou lorsque l'objet social
l'autorise expressément ; d'où il suit qu'en statuant comme elle le fait, sans prendre en compte comme elle se le
devait la nature des opérations litigieuses, notamment leur degré de risque, et la compatibilité de celles-ci avec
l'objet social immobilier de la SNC La Résidence, la cour d'appel ne justifie pas légalement son arrêt au regard
de l'article 1134 du code civil, violé ;

2 / que la confirmation d'un acte nul exige à la fois la connaissance du vice l'affectant et l'intention de le réparer,
d'où il suit qu'en se bornant à se référer à l'approbation annuelle des comptes et à la modification statutaire
autorisant pour l'avenir, à défaut d'indication contraire non relevée par la cour d'appel, des opérations de bourse,
la cour d'appel ne justifie pas légalement son arrêt au regard de l'article 1338 du code civil, violé, ensemble au
regard des règles qui gouvernent la confirmation d'un acte nul ;

3 / qu'en se bornant à retenir que les dispositions de la loi du 2 juillet 1996 et le titre III du règlement général du
conseil des marchés financiers établi par arrêté du 29 juillet 1998, publié le 5 septembre suivant n'étaient pas
applicables à un compte ouvert dans les livres d'EIFB le 1er janvier 1998, sans se prononcer sur le point
pertinent de savoir si la loi nouvelle ne s'appliquait pas aux contrats en cours, la cour d'appel ne justifie pas
légalement son arrêt au regard de l'article 2 du code civil, violé, ensemble de l'article 12 du nouveau code de
procédure civile ;

Mais attendu, d'une part, que les opérations litigieuses relevant de la gestion financière de la société, la première
branche du moyen, tirée d'un dépassement de l'objet social, est inopérante;

Attendu, d'autre part, que la cour d'appel ayant ainsi décidé que les ordres de bourse litigieux n'étaient pas
affectés d'une cause de nullité, la deuxième branche critique un motif surabondant ;
Et attendu, enfin, que les textes visés par la troisième branche n'étant pas applicables aux contrats en cours, il ne
peut être fait grief à la cour d'appel de n'avoir pas procédé à cet égard à une recherche dès lors inopérante ;
D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

Par ces motifs : - Rejette le pourvoi (…)

Document 3

Attendu, selon l'arrêt attaqué (CA Aix-en-Provence, 30 juin 2000), que M. Deruas, gérant associé de la société
en nom collectif SICA a été révoqué de ses fonctions de gérant par une délibération des deux autres associés
gérants, MM. Demuth et Lefèvre, prise au cours d'une assemblée tenue le 7 décembre 1996 à 9 heures 10 dans
les locaux de la société en présence d'un huissier commis à l'initiative de M. Deruas ; que les deux associés se
sont à nouveau réunis le même jour à 9 heures 45 pour décider entre eux à l'unanimité, la continuation de la
société SICA ; que M. Deruas a assigné la société SICA et ses deux associés pour faire constater que la société

8
SICA avait été dissoute dès sa révocation le 7 décembre 1996 ; que la cour d'appel a accueilli cette demande et
dit que les opérations de liquidation de la société devaient être reprises avec effet au 7 décembre 1996 ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :


Attendu que MM. Demuth et Lefèvre font grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen :
1°/ qu'aux termes de l'article L. 221-12 du Nouveau Code de commerce (anciennement l'article 18 de la loi du
24 juillet 1966), la révocation d'un gérant associé statutaire à l'unanimité des autres associés entraîne la
dissolution de la société à moins toutefois que la continuation ne soit prévue par les statuts ou que les autres
associés ne la décident à l'unanimité ; que la décision des autres associés portant continuation de la société est
nécessairement postérieure à celle prononçant la révocation d'un gérant et peut résulter d'une réunion distincte de
celle ayant prononcé la révocation ; qu'en retenant que la décision de continuation, prise à l'unanimité des autres
associés lors d'une réunion tenue à 9 heures 45 le 7 décembre 1996, ne saurait être d'aucun effet sur le sort de la
SNC SICA qui se serait trouvée dissoute dès la fin de la première réunion tenue le même jour à 9 heures 10, la
cour d'appel a violé, par fausse interprétation, l'article L. 221-12 du Nouveau Code de commerce ;
2°/ qu'est dépourvue de qualité pour participer à la décision de continuation de la société prévue par
l'article L. 221-12, alinéa 1er du Nouveau Code de commerce (anciennement l'article 18 de la loi du
24 juillet 1966), l'associé d'une société en nom collectif, révoqué de ses fonctions de gérant statutaire par
décision unanime des autres associés en application du même texte ; que ne constitue dès lors pas une "décision
collective" au sens de l'article 1844 du Code civil, celle par laquelle les autres associés, seuls titulaires d'une voix
délibérative, décident à l'unanimité une telle continuation ; qu'en déclarant que la décision de continuation de la
société SICA n'était d'aucun effet, faute pour M. Deruas d'avoir été convoqué à la réunion ayant décidé cette
continuation, la cour d'appel a de nouveau violé par fausse interprétation, l'article L. 221-12 du Nouveau Code de
commerce ;

Mais attendu qu'après avoir constaté que MM. Demuth et Lefèvre, associés de la société en nom collectif SICA,
avaient pris la décision de continuer la société lors d'une réunion qui s'est tenue après l'assemblée au cours de
laquelle M. Deruas, associé gérant a été révoqué, la cour d'appel, abstraction faite du motif surabondant évoqué à
la deuxième branche, a décidé à bon droit, compte tenu de la résolution adoptée, que la société avait été dissoute
à l'issue de l'assemblée des associés ; que le moyen qui ne peut être accueilli en sa seconde branche n'est pas
fondé pour le surplus ;
Sur le deuxième moyen (...)
Sur le troisième moyen, pris en ses deux branches (...)
Et sur le quatrième moyen (...)

Par ces motifs : - Rejette le pourvoi (...)

Document 4

Vu les articles 10 de la loi du 24 juillet 1966, 15 du décret du 23 mars 1967, ensemble l'article 1er de
l'ordonnance n° 45-2592 du 2 novembre 1945, modifié par le décret n° 55-604 du 20 mai 1955 ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la banque Vemes (la banque) a assigné la société en nom collectif Lemmet et
compagnie (la SNC) ainsi que les associés, les EURL Agracom et Deachris et ses anciens associés, MM.
Lemmet et Guillet en remboursement d'un prêt qu'elle lui avait consenti ; que la société Agracom et M. Guillet
ont soulevé l'irrecevabilité de la demande, faute d'une mise en demeure préalable de la société ;

Attendu que pour accueillir la demande de la banque et condamner solidairement la SNC, ses associés et anciens
associés, la cour d'appel a retenu que la SNC avait été mise en demeure par lettre du 21 octobre 1993 et n'avait
procédé à aucun remboursement et que dans ces conditions, « l'action engagée contre les associés
concomitamment avec la SNC était conforme » aux exigences des articles 10, alinéa 2, de la loi du 24 juillet
1966 et 15 du décret du 23 mars 1967 ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la société devait préalablement être mise en demeure par acte extra-
judiciaire, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :
Casse et annule mais seulement en ce qu'il a rejeté l'exception d'irrecevabilité soulevée par la société Agracom et
M. Guillet tirée du défaut de mise en demeure préalable de la SNC Lemmet et compagnie et les a condamnés
solidairement avec celle-ci à payer une certaine somme à la banque Vemes, l'arrêt rendu le 28 novembre 1997,
entre les parties, par la Cour d'appel de Paris (…)

9
Document 5

Sur le moyen unique :

Vu les articles L. 221-1 du Code de commerce et 15 du décret du 23 mars 1967 ;


Attendu, selon l'arrêt attaqué, qu'en 1989, la société en nom collectif Coince-Gallou (la SNC) a souscrit auprès
de la Caisse de crédit agricole mutuel du Val-de-France (la CRCAM) une ouverture de crédit en compte courant,
les deux associés, MM. Coince et Gallou se portant cautions solidaires du remboursement de ce crédit ; que le
solde du prêt n'ayant été que partiellement remboursé par M. Gallou, la CRCAM a assigné, par acte du 22 mars
2001, l'autre associé, M. Coince, en paiement du solde des sommes restant dues ;

Attendu que pour accueillir la demande, l'arrêt retient qu'il est justifié que la CRCAM a fait vainement
commandement à la SNC d'avoir à payer le solde du prêt par exploit du 10 avril 2003 ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la SNC devait être mise en demeure par acte extra-judiciaire
préalablement à l'assignation d'un associé, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs : Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 28 octobre 2003, entre les parties,
par la cour d'appel de Poitiers (...)

Document 6

Attendu, selon l'arrêt attaqué ( Paris, du 8 octobre 1999 ), que la société en nom collectif Rodefi (la société
Rodefi), marchand de biens, dont le capital était détenu par MM. X... et Y..., a effectué en 1991 une opération
immobilière financée pour partie par une ouverture de crédit consentie par la Caisse centrale des banques
populaires (la CCBP) agissant pour son compte et pour celui de la banque La Henin ; que, M. Y..., également
marchand de biens à titre individuel, ayant fait l'objet d'une procédure de règlement amiable, a signé le 30 juin
1992 avec la CCBP un protocole aux termes duquel il s'engageait à céder l'intégralité de ses parts de la société
Rodefi tandis qu'en contrepartie la CCBP "renonçait définitivement à le poursuivre, à quelque titre que ce soit,
même au titre d'engagement de caution à l'apurement de tout passif qui pourrait résulter de l'opération, objet de
la SNC Rodefi" ; que ce protocole a été suivi d'un acte de cession au profit de la société Spafica, filiale de la
CCBP ; que, par la suite, les associés de la société Rodefi, la société Spafica et M. X... ont apporté en compte-
courant une certaine somme afin de faire face au remboursement des dettes bancaires de la société Rodefi ; que
M. Z... a signé le 12 avril 1994 un acte par lequel "en sa qualité d'associé de la société Rodefi et à raison de
l'incapacité de cette dernière à rembourser la banque du solde des sommes par elle dues dans le cadre de
l'ouverture de crédit, il se reconnaissait débiteur à l'égard de la banque" ; qu'après avoir réglé à la banque ses
quotes-parts de crédit d'origine, M. X..., faisant valoir que l' accord du 30 juin 1992 , par lequel la CCBP avait
déchargé son ancien co-associé M. Y... avait eu pour effet de libérer la société et de le libérer lui-même de ses
obligations envers la CCBP, a demandé la restitution des sommes par lui versées ;

Sur le premier moyen pris en ses cinq branches, le deuxième et le troisième moyen, réunis :
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande en restitution de sommes, alors, selon le moyen :
1 ) que la solidarité établie par l' article 10 de la loi du 24 juillet 1966 à l'égard de l'associé d'une société en nom
collectif, si elle a trait à un engagement subsidiaire, ne s'en rapporte pas moins à une co-obligation à la même
dette et produit tous les effets de la solidarité passive, de sorte qu'en décidant le contraire, la cour d'appel a violé
par fausse application les dispositions du dit texte et par refus d'application celles de l' article 1285 du Code civil
;
2 ) qu'en retenant que l'associé qui aurait payé la dette de la société pourrait en demander le remboursement
intégral à celle-ci quant cette prérogative est seulement caractéristique de l'engagement du codébiteur solidaire
adjoint et n'exclut nullement la qualité de co-obligé solidaire à la dette, la cour d'appel a statué par un motif
inopérant au regard de l' article 1285 du Code civil ;
3) que la renonciation à demander paiement d'une dette vaut remise de celle-ci, ne laissant pas subsister la
créance, de sorte que la cour d'appel qui fait elle-même état de la renonciation de la banque à demander paiement
à M. Y... de la dette de la société Rodefi n'a pas déduit de ses propres constatations les conséquences légales qui
s'en évinçaient nécessairement au regard de l' article 1285 du Code civil ;
4 ) qu'en retenant que les parties à l' acte du 30 juin 1992 auraient d'ailleurs envisagé le recours récursoire de l'un
de ses co-obligés solidaires de M. Y... à la dette de la SNC Rodefi quand l'article 4 dudit protocole ne concernant
pas l'opération réalisée par la SNC Rodefi et se limitait à garantir M. Y... d'une éventuelle action récursoire

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qu'intenterait un codébiteur à la suite des poursuites de l'une des banques signataires du protocole général conclu
distinctement avec les autres banques et auquel la CCBP n'avait pas voulu participer, la cour d'appel a dénaturé
les termes et a violé l' article 1134 du Code civil ;
5 ) qu'en toute hypothèse, il n'est fait échec à la présomption de libération des codébiteurs solidaires instituée par
l' article 1285 du Code civil en cas de la remise de la dette consentie à l'un d'entre eux que sous la condition
d'une réserve expresse par le créancier de ses droits contre les autres ; qu'en prétendant se fonder sur une clause
de l' acte du 30 juin 1992 qui aurait seulement supposé, implicitement, la possibilité d'un recours récursoire
contre les codébiteurs, la cour d'appel qui n'a pas ainsi constaté l'existence de la réserve expresse requise par le
texte susvisé en a violé les dispositions ;
6 ) que la cassation à intervenir sur le premier moyen du chef de l'arrêt ayant débouté la SNC Rodefi et M. Z...
de leurs demandes tendant à voir constater leur libération par application de l' article 1285 du Code civil
entraînera, par voie de conséquence, celle du chef présentement attaqué qui se trouve avec le précédent dans un
lien de dépendance nécessaire en application de l' article 624 du nouveau Code de procédure civile ;
7 ) que la solidarité établie par l' article 10 de la loi du 24 juillet 1966 à l'égard de l'associé d'une société en nom
collectif, si elle a trait à un engagement subsidiaire, ne s'en rapporte pas moins à une co-obligation à la même
dette et produit tous les effets de la solidarité passive, de sorte qu'en décidant le contraire et en refusant la
possibilité d'invoquer la décharge de solidarité qui aurait été consenties à M. Y..., la cour d'appel a en toute
hypothèse violé par fausse application les dispositions du dit texte et par refus d'application de celles de l' article
1210 du Code civil ;

Mais attendu en premier lieu, qu'en retenant que la société Rodefi, seule contractante, était tenue à titre principal
de l'intégralité de la dette qu'elle avait contractée envers la CCBP, que ses associés, bien que codébiteurs entre
eux et coobligés solidaires, n'étaient pas codébiteurs de la société, et que l'obligation des associés n'avait qu'un
caractère subsidiaire, la société devant être poursuivie avant eux, la cour d'appel a, à bon droit, rejeté les
prétentions de la société Rodefi et celles de M. X... fondées sur l' article 10 de la loi du 24 juillet 1966 ;
Attendu, en second lieu, que l'arrêt retient que l'acte par lequel la CCBP a accepté de renoncer à poursuivre M.
Y... ne s'analysait ni en une remise de dette, ni en une décharge de solidarité mais en une contrepartie de la
cession des parts qu'il détenait dans le capital de la société Rodefi, laquelle n'avait pas entraîné novation par
changement de débiteur puisqu'en application des dispositions de l' article 10 de la loi du 24 juillet 1966 , le
nouvel associé, la société Spafica, se trouvait garant de tout le passif de la société, fut il né antérieurement à son
entrée dans celle-ci et que les associés n'étaient pas codébiteurs de la société Rodefi ; que la cour d'appel a, sans
dénaturation de l'acte du 30 juin 1992 , légalement justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches (…)
Par ces motifs : - Rejette le pourvoi (…)

Document 7

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 21 novembre 2013), que la société en nom collectif HKM (SNC HKM)
exploitant un fonds de commerce de « café bar restaurant brasserie » à Paris a été constituée le 26 mars 2009
entre M. Bensid, Mme Menad et M. Sahridj ; que M. Sahridj tenait l'établissement une partie du temps et logeait
dans l'appartement situé à l'étage ; que se prévalant d'un contrat de travail, il a saisi la juridiction prud'homale de
demandes de rappels de salaires et d'indemnités pour rupture abusive ;
Attendu que M. Sahridj fait grief à l'arrêt de rejeter son contredit, de dire que le conseil de prud'hommes de Paris
n'était pas compétent pour connaître de ses demandes et de renvoyer l'affaire devant le tribunal de commerce de
Paris alors, selon le moyen :
1/ que le fait d'être associé, minoritaire et non gérant, d'une société en nom collectif et d'être à ce titre
commerçant, n'exclut pas une relation salariale dans cette société ; que le cumul des qualités d'associé et de
salarié dans la même société en nom collectif est possible, aucun texte relatif aux sociétés en nom collectif ne
l'interdisant ; qu'en se bornant à affirmer, pour rejeter le contredit et renvoyer l'affaire devant le tribunal de
commerce de Paris, que M. Sahridj avait la qualité d'associé de la SNC HKM et donc de commerçant, qualité
exclusive d'une relation salariale, la cour d'appel a violé les articles L. 1221-1 et L. 1411-1 du Code du travail ;
2/ qu'en se bornant à relever, pour rejeter le contredit et renvoyer l'affaire devant le tribunal de commerce de
Paris, que la charge de travail inhérente à la fonction d'associé ne saurait constituer un contrat de travail à
durée indéterminée sans rechercher, comme elle y était invitée, si M. Sahridj n'occupait pas des fonctions
salariées distinctes de sa qualité d'associé puisqu'il lui revenait de prendre en charge une mission purement
opérationnelle en s'occupant, sous la subordination juridique de la société du bon fonctionnement du service
dans le café durant certaines tranches horaires décidées par son employeur, la cour d'appel a privé sa décision
de base légale au regard des articles L. 1221-1 et L. 1411-1 du Code du travail ;
Mais attendu que la cour d'appel, qui a retenu que M. Sahridj était associé de la SNC HKM, et à ce titre, en vertu

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de l'article L. 221, alinéa 1, du Code de commerce, commerçant répondant indéfiniment et solidairement des
dettes sociales, en a exactement déduit que cette situation excluait qu'il puisse être lié à cette société par un
contrat de travail ; que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs :
Rejette le pourvoi (...)

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