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28/12/2021 20:16 Le Maghreb dans les relations internationales - Les enjeux de la relation avec les États-Unis - CNRS Éditions

CNRS
Éditions
Le Maghreb dans les relations internationales
 | Khadija Mohsen-Finan

Les enjeux de la
relation avec les
États-Unis
William Zartman
p. 213-242

Texte intégral
1 «  Le Maghreb2 compte  !  », titre un récent rapport spécial3
signé par un certain nombre d’universitaires et de
diplomates américains, dont l’ancienne secrétaire d’État
Madeleine Albright et l’ancien sous-secrétaire d’État au
Commerce et au Trésor Stuart Eizenstat. L’existence d’une
telle initiative indique en effet que la région ne compte pas
autant que le voudraient certains spécialistes de la politique
étrangère américaine et de l’Afrique du Nord. Pour preuve :
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le Centre de l’action préventive (Center for Preventive Action


[(CPA]) du Conseil des relations étrangères (Council on
Foreign Relations [CFR]), l’équivalent américain de l’Institut
français des relations internationales (Ifri), vient de publier
une liste des « 27 priorités des États-Unis pour 2011 », dont
aucune ne concerne le Maghreb.
2 Aux yeux des États-Unis, le Maghreb présente un intérêt
pour diverses raisons : sa position géographique stratégique
(il constitue l’extrémité occidentale du monde arabo-
musulman et se situe sur la rive sud de la Méditerranée), les
menaces liées au développement du terrorisme dans la
région, la richesse de ses ressources et les opportunités
économiques qu’il représente. Les États-Unis ont conservé
un lien spécial et historique avec les pays de la région depuis
leur indépendance – ils ont d’ailleurs joué un rôle important
dans les mouvements de libération nationaux – jusqu’à nos
jours. Le fait qu’il constitue un enjeu important pour
d’autres régions ayant des liens plus directs avec les États-
Unis, comme l’Union européenne (UE) – son premier allié
–, ou encore le cœur du Moyen-Orient (le Machrek) – à
l’égard duquel les politiques maghrébines vont d’un soutien
au processus de paix à un ralliement au sein du front du
refus – double la valeur du Maghreb aux yeux des
Américains. Actuellement, l’importance que lui accordent les
États-Unis tient moins à sa proximité avec la Méditerranée
qu’à la situation au Sahara et au danger du terrorisme, Al-
Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) étant présent dans la
région.
3 L’intérêt des États-Unis pour le Maghreb est surtout
géostratégique, car la région est capitale sur les plans
terrestre et maritime  : sur le plan terrestre, la région est
l’extension la plus occidentale (Al Maghreb Al Aqsa) du
monde arabe  ; sur le plan maritime, elle est l’extension la
plus occidentale de la Méditerranée. Cependant, l’intérêt
politique (et aussi universitaire) des États-Unis pour le
Maghreb est souvent partagé entre une approche orientale et
une approche africaine de la région. Envisagé comme
relevant de la responsabilité européenne, il se trouve souvent

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exclu des considérations à l’origine de la politique étrangère


américaine envers l’Afrique noire et le Moyen-Orient.
L’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger a retiré les
affaires du Maghreb du Bureau africain du département
d’État sans le rattacher totalement au Bureau du Moyen-
Orient et de l’Asie du Sud-Ouest et méridionale. La politique
étrangère américaine à l’égard de la région consiste en trois
ou quatre politiques bilatérales visant au maintien de bons
rapports entre les États-Unis et chacun des pays du
Maghreb, sans réel objectif de complémentarité. Pour
l’instant, le Maghreb ne compte donc pas autant que cela.
Ainsi, quand il y a des bouleversements dans la région,
comme l’annulation des élections algériennes par l’armée
en 1991 ou la chute, en Tunisie, du régime de Ben Ali début
2011 à la suite d’un mouvement de contestation populaire,
les États-Unis se montrent attentifs et réagissent après-coup,
en fonction de leurs intérêts stratégiques.
4 Dans ce chapitre consacré à la politique maghrébine des
États-Unis, nous rappellerons brièvement l’évolution de
celle-ci depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours
en passant par la guerre froide, puis nous examinerons plus
en détail les rapports entre les États-Unis et chacun des pays
membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA), à l’exception
de la Mauritanie. Nous terminerons sur une mise en
perspective des principales caractéristiques des relations
américano-maghrébines et sur le rôle qu’elles seront
amenées à jouer dans les années à venir.

Les relations entre les Etats-Unis et le


Maghreb : rappels historiques
5 Quiconque s’intéresse à l’histoire du Maghreb sait que le
Maroc a été le premier pays à reconnaître les États-Unis4,
en 1787 ; que le traité d’amitié le plus ancien liant les États-
Unis à un autre pays est celui qu’ils ont signé avec le Maroc –
il n’a jamais été rompu depuis  ; que la Tunisie a envoyé le
premier ambassadeur arabe à Washington en  1805  ; et que
«  les rivages de Tripoli  » sont mentionnés dans l’hymne
patriotique des Marines (fusiliers marins américains). Tout
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cela indique que les rapports historiques entre les deux


régions ont été tantôt amicaux, tantôt belliqueux, mais
toujours maintenus. Pendant longtemps ces rapports ont été
sporadiques, jalonnés de témoignages d’amitié ou, plus
rarement, d’hostilité. Avec l’avènement de la colonisation
française, puis italienne, les États-Unis se sont intéressés au
Maroc, à la Tunisie, à l’Algérie et à la Libye dans le cadre de
leurs rapports bilatéraux avec les pays colonisateurs. Il est
intéressant de constater qu’il existe très peu d’ouvrages
universitaires américains sur les pays du Maghreb avant leur
indépendance.
6 Néanmoins, la Seconde Guerre mondiale a entraîné une
redistribution des intérêts américains sur le plan
géographique. Les alliés ont préparé le débarquement sur les
côtes méditerranéennes de l’Europe en débarquant sur les
côtes marocaines et algériennes en  1942. Comme les
Romains, les Arabes et les Européens eux-mêmes, les
Américains se sont rendu compte qu’il était impossible de
considérer une rive de la Méditerranée indépendamment de
l’autre. Même si les colonies et les protectorats de la région
étaient officiellement considérés comme la chasse gardée de
la France et de l’Italie, les États-Unis ont joué un rôle auprès
des mouvements indépendantistes. À titre d’exemples,
citons la célèbre rencontre, en 1943, du président Roosevelt
avec le sultan Mohammed ben Youssef (qui deviendra le roi
Mohammed V quatorze ans plus tard), l’hébergement à
Tunis, en  1938, de Habib Bourguiba (qui accédera à la
présidence de la Tunisie dix-neuf ans plus tard) par le consul
général des États-Unis Hooker Doolittle, et le discours au
Sénat américain, en  1959, de John F. Kennedy (qui
deviendra président deux ans plus tard) en faveur de
l’indépendance algérienne.
7 Durant la guerre froide, les pays du Maghreb, fait
extraordinaire, entretiennent des rapports équilibrés avec les
deux blocs, même s’ils sont censés appartenir au «  Monde
libre  ». Ainsi, tandis que l’Algérie et la Libye, jugées plus
proches de l’Union soviétique, maintiennent leurs rapports
avec l’Occident, la Tunisie et le Maroc privilégient ce dernier

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sans pour autant diminuer leurs relations avec le bloc de


l’Est. Évidemment, le bloc occidental pèse davantage en
raison du maintien des rapports avec l’ancien colonisateur,
et les États-Unis profitent de cet état de fait. De leur côté, et
jusqu’à un certain point, les pays maghrébins utilisent leurs
rapports avec les États-Unis pour réduire leur dépendance
vis-à-vis de l’Europe, notamment de la France. Néanmoins,
dans ce triangle Europe(France)/États-Unis/URSS, les
rapports avec la France restent déterminants.
8 La fin de la guerre froide, qui coïncide avec la création de
l’UMA en  1989, entraîne la disparition de l’un des trois
protagonistes de ce triangle. L’Europe, la France en tête,
garde sa position dominante, légèrement atténuée par la
mondialisation et la multilatéralisation des relations ; quant
aux États-Unis, ils se retrouvent sans adversaire pour
justifier leur intérêt dans la région. Néanmoins, aux yeux des
Américains, le Maghreb continue de présenter un intérêt en
raison de sa position géographique stratégique  : il forme
l’arrière-pays de l’Europe au nord et l’avant-pays du Moyen-
Orient à l’est. Il est important pour les États-Unis de tout
faire pour faciliter le développement du Maghreb afin de
réduire la pression démographique qui pousse sa population
à traverser la Méditerranée, et de mettre les bons rapports
qu’ils entretiennent avec ces pays au service de leur politique
au Moyen-Orient.
9 À l’heure actuelle, ces deux intérêts indirects se fondent dans
un intérêt direct  : la fortification des économies et des
sociétés maghrébines afin de faire barrage à l’intégrisme à la
fois dans sa forme politique et dans sa forme terroriste.
Autrement dit, selon le système de valeurs des États-Unis,
qui joue un rôle majeur dans leur politique étrangère, le
processus de démocratisation doit être poursuivi et les
éléments constitutifs de la démocratie, tels les droits des
hommes et des femmes, le vote libre et juste (free and fair),
la liberté de la presse et l’état de droit, sont la base de bons
rapports. Ou comment un intérêt négatif se transforme en
intérêt positif et touche encore une fois le Maghreb en tant
que région liée à d’autres régions importantes.

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10 Mais les frères ennemis du Maghreb ne constituent une


région qu’en apparence. L’UMA est au point mort. Elle n’est
en rien une communauté sécuritaire, une région où la guerre
comme élément de politique étrangère est impensable. L’UE
est une communauté sécuritaire, ainsi que l’Organisation du
traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Mais pas l’UMA. Si cela
constitue un problème pour ses membres, c’en est un encore
plus grand pour les États-Unis (comme, sans doute, pour
d’autres pays étrangers)  : s’ils entretiennent de trop bons
rapports avec l’Algérie, le Maroc s’en inquiète et vice versa ;
s’ils encouragent le développement économique en Algérie et
en Tunisie, ils sont critiqués en raison du non-respect des
libertés publiques dans ces mêmes pays  ; quant à la
coopération avec les trois pays du Maghreb central (moins
développée avec la Libye) dans la lutte contre le terrorisme,
elle passe par des voies parallèles – et des relations
bilatérales – à Washington au lieu d’être coordonnée et
unifiée sur le terrain. C’est en effet le bilatéralisme qui
permet aux États-Unis de garder de bons rapports avec
chacun de ces pays sans trop se préoccuper des
contradictions que cela engendre, et de ne pas trop œuvrer
en faveur d’une intégration contraignante.
11 Il n’y a pas, au sein du Bureau du Maghreb du département
d’État américain, de sous-secrétaire d’État chargé des
affaires maghrébines, ni de puissants groupes de pression
qui œuvrent en faveur de la région. Les affaires nord-
africaines sont traitées au gouvernement par le Bureau de
l’Afrique du Nord et par les spécialistes de chaque pays au
sein du département d’État ainsi que par le bureau
correspondant au département de la Défense. En revanche,
quand le sujet devient sérieux, c’est le Conseil de sécurité
nationale (National Security Council [NSC]) qui prend les
choses en main. L’administration américaine continue de
soutenir le projet d’autonomie du Sahara occidental proposé
par le Maroc et s’inquiète de l’instabilité en Tunisie et en
Algérie, autant de situations qu’elle observe avec intérêt
mais sans intervenir. Au Congrès, il existe une cellule de
soutien (Caucus) en faveur du Maroc, mais rien de

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semblable pour la région. Le Front Polisario a été très actif


auprès des assistants des membres de la Chambre des
Représentants (moins auprès du Sénat), mais, récemment, il
a relâché ses efforts, battu par l’offensive marocaine  :
en 2008, une majorité de représentants et de sénateurs ont
signé une déclaration de soutien au projet d’autonomie pour
le Sahara occidental proposé par le Maroc.
12 En dehors de la sphère politique, on constate qu’il existe très
peu de programmes universitaires ou de groupes d’hommes
d’affaires consacrés au Maghreb. En revanche, un certain
nombre de spécialistes universitaires – professeurs et
chercheurs – travaillent sur la région. L’Institut américain
d’études maghrébines (American Institute for Maghrib
Studies [AIMS]) compte plus de 200 membres et gère des
centres d’études à Tunis (Centre d’études maghrébines à
Tunis [CEMAT]), à Tanger (Tangier American Legation
Institute for Moroccan Studies [TALIM]), et à Oran (Centre
d’études maghrébines en Algérie [CEMA]) qui accordent des
bourses d’études et organisent des conférences. L’AIMS
publie, en coopération avec des chercheurs en Angleterre,
une revue trimestrielle, The Journal of North African
Studies. L’absence, sur le sol américain, d’une importante
communauté maghrébine contribue à réduire le poids de la
région en tant que sujet d’intérêt public.

Les relations bilatérales des Etats-Unis


avec chacun des pays du Maghreb
Le Maroc
13 Tout au long de son histoire, le Maroc a toujours poursuivi
une politique très indépendante, faisant cavalier seul.
Pendant longtemps, il a constitué sa propre Umma
(communauté de croyants) sous le Khalifat de l’Ouest et il
n’a jamais fait partie de l’Empire ottoman (la Sublime
Porte). Depuis la conquête arabe au viie  siècle, il a pour
régime politique une monarchie, et le sultan – aujourd’hui le
roi – reste l’Amir el-mu’minin, le commandeur des croyants.
Durant le règne des monarchies en Europe, notamment au

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xviie  siècle, le sultan de l’époque, Moulay Ismaïl, se


considérait par exemple comme un monarque parmi
d’autres (et fut surpris quand la main de la Grande
Mademoiselle5 lui fut refusée). La dynastie alaouite règne en
toute souveraineté depuis 1666, y compris sous les
protectorats français et espagnol (1912-1956), conformément
au jugement de la Cour internationale de justice (CIJ) du 28
août 1952 en réponse à une question posée par les États-
Unis sur la continuité de son entité politique. Une fois son
indépendance retrouvée, le Maroc mène une politique
étrangère tournée vers la communauté maghrébine,
musulmane et arabe, vers l’Europe de l’autre côté de la
Méditerranée, et se soucie de sa place sur la scène
internationale. Mohamed VI, l’actuel roi du Maroc, a décliné
ces objectifs en trois cercles concentriques – voisinage,
solidarité et partenariat – qui font respectivement référence
au Maghreb, au Moyen-Orient et à l’Afrique, et enfin au
monde occidental – surtout la France, l’Espagne et les États-
Unis – et à la communauté internationale en général.
14 Le Maroc et les États-Unis ont toujours eu de bons rapports,
même s’ils ont été amenés à traiter des questions
importantes, voire brûlantes. Depuis le jugement de la CIJ et
la conférence d’Anfa en 1943 – on pourrait même remonter à
la reconnaissance, par le Maroc, de l’indépendance
américaine et à la signature du traité d’amitié qui lie
toujours les deux pays –, il règne entre les États-Unis et le
Maroc un climat d’entente. Hassan II, surtout, se déclarait
«  ami et conseiller  » des présidents américains et exigeait
que l’ambassadeur américain à Rabat ait des liens
personnels avec son président (une fois, alors que la
question du soutien américain à la guerre au Sahara
occidental avait été soulevée, l’ambassadeur américain alors
en poste, qui n’avait pas de lien personnel avec le président,
fut remplacé).
15 Dès le début, le Maroc a cherché à consolider ses liens avec
les États-Unis pour contrebalancer ses relations avec la
France, omniprésente. Le développement des premiers étant
jugé indissociable d’une diminution des secondes, les

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rapports triangulaires entre les trois pays ont toujours posé


problème, donnant lieu a des variations d’opinion chez les
dirigeants marocains. La réaction américaine au moment de
l’indépendance du Maroc a été rapide mais insuffisante pour
parvenir à troubler la position dominante de la France.
Pendant les premières décennies suivant l’indépendance,
l’aide économique américaine accordée au Maroc atteint
entre 50  millions et 60  millions de dollars par an. L’aide
militaire augmente également, bien qu’à un degré moindre ;
elle reste insuffisante pour subvenir aux besoins marocains.
Pendant les années  1960, le Maroc teste l’option de gauche
dans ses rapports avec l’étranger  : il est le membre le plus
conservateur du Groupe radical de Casablanca fondé
en  1960, il achète des MiG-17 et d’autres équipements
militaires soviétiques en réponse au refus des États-Unis de
lui fournir des avions de chasse, jugés non nécessaires, dans
son combat contre le Front Polisario. Le commerce entre les
deux pays a de toute façon toujours été relativement faible.
16 Après l’indépendance du Maroc, les relations entre les deux
pays ont connu quelques épisodes orageux. La présence de
bases américaines, installées dans le cadre de l’OTAN au
temps du Protectorat sans consultation préalable des
autorités marocaines, a été considérée comme une entrave à
la souveraineté du pays. Il a fallu attendre vingt-deux ans
pour mettre officiellement fin à ce différend  : les bases ont
été rendues au Maroc en février 1982 pour être utilisées à
des fins nationales. Par exemple, la base aérienne de
Nouaceur, près de Casablanca, est ainsi devenue l’aéroport
international Mohammed V. Plus largement, aux États-Unis,
pays marqué par un passé anti-monarchiste, la situation
politique marocaine est longtemps appréciée. Ce n’est qu’à
partir de la dissolution du parlement marocain en  1965 et
des attentats contre le roi Hassan II en 1971 et 1972 que les
pronostics d’instabilité se multiplient. Les services de
renseignement américains donnent alors dix ans au régime,
le délai s’allongeant d’une année à chaque renouvellement
du pronostic. En août 1972, à Washington, une réunion des
sous-comités de la Commission sur les affaires

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internationales de la Chambre des représentants, consacrée


aux « États de l’Afrique du Nord dans les années 1970 », se
termine sur la conclusion suivante : « Le gouvernement des
États-Unis se trouve lié d’une façon trop étroite au roi
Hassan II6.  » À la fin des années  1970, sous le mandat du
président Carter, le Congrès, plutôt libéral, refusera
d’envoyer des avions anti-guérilla pour aider Rabat face au
Front Polisario, entraînant une dégradation des relations
entre le Maroc et les États-Unis.
17 Il est toujours difficile d’identifier la raison précise à l’origine
d’un tournant dans les relations entre deux pays, mais le rôle
– encore assez indépendant – qu’a joué Hassan II dans le
conflit du Moyen-Orient a été d’une importance capitale. Sa
position a évolué au fil du temps. En 1958, lors d’un voyage
au Liban, il déclare être favorable à l’ouverture de
négociations avec l’État d’Israël, et même à son intégration
au sein de la Ligue arabe  ! Quand celle-ci se réunit à
Casablanca en 1965, Hassan II prône de nouveau l’ouverture
de négociations : en retour, les autres pays du Maghreb ainsi
que l’Égypte rompent toute relation diplomatique avec le
Maroc. Pendant la guerre des Six Jours en  1967, le Maroc
envoie des troupes en Égypte mais elles arrivent trop tard.
Au cours des émeutes antisémites qui s’ensuivent, le roi
protège les Marocains israélites qu’il considère comme « des
citoyens à part entière », comme l’avait fait son père pendant
la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre d’Octobre7
en  1973, les troupes marocaines sont déjà en position dans
les hauteurs du Golan, et c’est à l’occasion du sommet arabe
de Rabat, en octobre 1974, que l’Organisation de libération
de la Palestine (OLP) est reconnue en tant que représentant
légitime du peuple palestinien, au détriment de la Jordanie.
18 Mais c’est avant tout le processus de paix, entamé à Rabat
par H. Kissinger – et qui marque le début de ce que l’on
appellera la «  diplomatie de la navette  » –, qui donne au
Maroc l’occasion de jouer les intermédiaires et de
véritablement rentrer dans les bonnes grâces des États-Unis.
La rencontre, en  1977, entre Moshe Dayan, alors ministre
des Affaires étrangères d’Israël, et Ahmed Al-Touhami, vice-

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Premier ministre égyptien, qui ouvrira la voie à la visite


historique du président Sadate à Jérusalem en novembre de
la même année, a lieu à Rabat. Le Maroc soutient fermement
le processus de paix, qui continue, sous l’égide du président
Carter, avec les accords de Camp David en 1978 puis le traité
de paix israëlo-égyptien signé à Washington en  1979. Bien
que le processus de paix marque le pas au cours des années
suivantes, le Maroc demeure aux côtés des États-Unis
pendant la révolution iranienne. Le roi marocain est
solidaire du Shah d’Iran – il l’accueillera début 1979, le Shah
ayant été forcé de s’exiler – et désapprouve la révolution ; il
condamne aussi la « déviation chiite » de l’islam. Plus tard,
pendant la guerre du Golfe (1990-1991), le Maroc envoie des
troupes, non pour se joindre aux forces de la coalition mais
pour «  défendre les Lieux saints  », une nuance purement
diplomatique. Toutes ces prises de position du roi Hassan II
attestent du soutien du Maroc à la politique américaine aux
moments cruciaux.
19 Son successeur Mohamed VI affiche de la même façon son
soutien aux Américains. Après les attentats terroristes du 11
septembre 2001 perpétrés sur le sol américain, le Maroc tout
entier se déclare solidaire du peuple américain et organise
une commémoration impressionnante dans la cathédrale de
Casablanca. Fort d’une étroite collaboration avec son
partenaire américain en matière de sécurité et d’échange de
renseignements, le Maroc participe activement au
Partenariat transsaharien contre le terrorisme (Trans-
Sahara Counter-Terrorism Partnership [TSCTP]), destiné à
combattre AQMI qui sévit dans le Sahara et au Sahel. Bien
que le processus de paix n’avance pas beaucoup au cours de
la première décennie du règne de Mohamed VI, le Maroc
participe activement, en 2002, au ralliement des pays arabes
en faveur du Plan Abdallah8 pour la reconnaissance d’Israël
et la création d’un État palestinien. Il soutient également les
négociations organisées part le président Bush en 2008 puis
par le président Obama en  2010, tout en entretenant des
rapports avec Israël. Le Maroc est d’ailleurs qualifié par les

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États-Unis de «  pays allié non-OTAN  », au même titre


qu’Israël.
20 La consolidation des liens américano-marocains a eu des
conséquences positives non négligeables. Bien que le
commerce entre le Maroc et les États-Unis n’ait jamais
atteint un niveau significatif pour l’un comme pour l’autre,
les deux pays ont négocié un accord de libre-échange
en 2005, qui complète l’accord du Maroc avec l’UE – après
tout, toute coopération peut être utile. Pour les secteurs
agricole et industriel marocains, cet accord, tout comme
celui qui lie le pays à l’UE, n’est pas sans risque, mais il peut
aussi être considéré comme un défi susceptible de dynamiser
les systèmes de production nationaux. Pour les États-Unis,
l’accord présente en outre un intérêt politique : élaboré sous
l’administration Bush, il fait du Maroc l’un des pôles, avec la
Jordanie, d’une zone de libre-échange qui pourrait englober
tout le monde arabe. Dans la foulée, les États-Unis octroient
au Maroc une aide de près de 700 millions de dollars dans le
cadre du «  Contrat du défi pour le millénaire9  » en vue
notamment de soutenir les petites et moyennes entreprises
(PME), signe qu’ils considèrent le Maroc comme un pays
politiquement et économiquement responsable.
21 Autre région où le soutien marocain s’est révélé appréciable
pour les États-Unis  : l’Afrique. Le Maroc a longtemps
entretenu des rapports assez étroits avec des régimes
conservateurs tels que le Zaïre, le Gabon, la Côte d’Ivoire et
le Sénégal. Quand une action internationale exigeait une
participation militaire des pays de la région, par exemple
pour défendre Mobutu contre l’invasion du Katanga à partir
de l’Angola en 1978, ou encore lors de la Mission des Nations
unies au Congo (MONUC) dans les années 2000, les Forces
armées royales ont toujours répondu présent. Le Maroc a
fourni des gardes du corps aux présidents du Gabon, du
Cameroun, de la Guinée équatoriale, du Togo  ; Mobutu
mourra à Rabat, en exil. De leur côté, les États-Unis
soutiennent – discrètement, tout en gardant une certaine
distance – la position marocaine sur la question du Sahara
occidental (nous y reviendrons en fin de chapitre).

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22 Les relations entre les deux pays sont souvent motivées par
des intérêts partagés. Pour le Maroc, ses liens avec les États-
Unis sont importants pour constituer un partenariat
triangulaire avec l’Europe, renforcer sa situation
économique et faire valoir son autonomie dans les cercles
arabes. Toutefois, sur la question du Sahara occidental, qui
prédomine dans les intérêts marocains, les États-Unis ont
mis du temps à accorder l’appui désiré.

L’Algérie
23 Les rapports entre l’Algérie et les États-Unis sont loin d’être
aussi harmonieux. D’une manière générale, l’Algérie, comme
le Maroc, fait preuve d’une certaine autonomie dans sa
politique étrangère, mais elle se considère comme le leader
de la région. L’Algérie est une nouvelle nation,
révolutionnaire, qui a vaincu l’un des principaux membres
de l’OTAN pour obtenir son indépendance, et qui de ce fait
se sent destinée au leadership du Tiers-Monde. Par sa
situation géographique, elle constitue la pierre angulaire du
Maghreb.
24 Dans ses rapports historiques avec les États-Unis, elle a
d’abord été l’une des bases des corsaires. Au moment de la
Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine a débarqué
sur les côtes algériennes et, de là, a préparé les
débarquements en Italie et dans le midi de la France. Après
la guerre, le pays étant considéré comme un département
français, les mouvements nationalistes algériens ne font pas
l’objet de la même sympathie que ceux du Maroc et de la
Tunisie. En principe, les États-Unis, en raison de leur propre
histoire, sont toujours favorables à la libération des pays
colonisés, mais l’importance de la France au sein de l’OTAN
tempère ces inclinations premières. Malgré tout, les contacts
se développent entre les États-Unis d’un côté et le Front de
libération nationale (FLN) et le Gouvernement provisoire de
la République algérienne (GPRA) de l’autre. En 1961, Frantz
Fanon10 est escorté, pour des raisons de santé, par la CIA
jusqu’à Washington, où il meurt. La cause algérienne est
évoquée par le futur président des États-Unis alors sénateur,

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J. F. Kennedy, qui aura le temps de reconnaître l’Algérie


comme État indépendant avant d’être assassiné en 1963.
25 En termes de politique étrangère, l’Algérie choisit, à partir
des années  1960, une voie qui inquiète Washington. Après
l’admission officielle de l’Algérie au sein de l’ONU le 8
octobre 1962, le président de l’époque, Ahmed Ben Bella,
rentre à Alger en passant par La Havane ; alors que la crise
des missiles bat son plein, il demande avec Fidel Castro
l’évacuation de la base américaine de Guantánamo. En 1963,
les biens américains en Algérie sont nationalisés. En visite à
Moscou en  1964, A. Ben Bella est décoré par l’Union des
républiques socialistes soviétiques (URSS). L’Algérie
soutient le Nord-Vietnam, accepte – mais avec méfiance – la
présence à ses côtés de conseillers égyptiens et russes,
épouse la doctrine du socialisme arabe – qu’elle transforme
toutefois en un socialisme à l’algérienne – et, pendant les
années  1970, prend la tête du mouvement tiers-mondiste
pour l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial.
Au cours de ces deux décennies, l’aide militaire américaine
au Maroc et en Tunisie vise à contrebalancer le poids de
l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne  ; pendant la
guerre des sables en  1963, l’Algérie accuse d’ailleurs les
États-Unis d’avoir aidé le Maroc. C’est la guerre des Six
Jours au Moyen-Orient qui provoque la rupture officielle
entre les deux pays. En juin 1967, l’Algérie rompt ses
relations diplomatiques avec les États-Unis et nationalise ses
investissements pétroliers.
26 Malgré tout, aux États-Unis, l’ensemble des experts du
Maghreb au gouvernement et dans les universités sont
favorables à une politique équilibrée qui tienne compte à la
fois de l’État central de la région – l’Algérie – et des pays sur
ses flancs – le Maroc et la Tunisie. Aux yeux des États-Unis,
l’Algérie est importante pour deux raisons : compte tenu de
son penchant pour le radicalisme, qui la conduit à renforcer,
pendant la guerre froide, ses relations avec l’URSS, il est
dans l’intérêt des États-Unis de développer des rapports
aussi bons que possible avec l’Algérie afin d’empêcher que
ses liens avec l’Union soviétique ne deviennent trop étroits.

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Ce type de raisonnement domine les actions menées par les


deux superpuissances dans les pays du Tiers-Monde
pendant cette période. Plus positif, l’intérêt américain pour
le pays est aussi d’ordre économique, surtout en raison de
ses ressources en hydrocarbures.
27 Malgré la rupture des liens diplomatiques en raison du rôle
supposé des États-Unis dans la guerre des Six Jours en 1967,
la Sonatrach, entreprise nationale algérienne et acteur
majeur de l’industrie pétrolière, signe en octobre 1969 un
accord avec la compagnie américaine El Paso portant sur
l’achat annuel de 10  milliards de m3 de gaz naturel liquéfié
(GNL) algérien sur vingtcinq ans. Ce chiffre sera augmenté
de 50  % en  1971, et d’autres compagnies américaines
installées en Algérie signeront à leur tour avec la Sonatrach.
L’Algérie continue à figurer parmi les plus importants
fournisseurs de GNL des États-Unis. En retour, ces derniers
ont accordé à l’entreprise algérienne des crédits importants
pour l’exploitation pétrolière et l’achat de matériel
américain, ainsi que pour d’autres projets dans les secteurs
de l’agriculture et des travaux publics. En  1973, la guerre
d’Octobre au Moyen-Orient interrompt cette coopération.
Au beau milieu de la guerre, l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP) décide d’augmenter le prix
du baril de 70 %. Trois jours plus tard, l’Algérie propose un
embargo total sur les ventes de pétrole aux États-Unis (et
aux Pays-Bas), entraînant une nouvelle augmentation – de
400  % – du prix du baril11. L’affaire attire l’attention du
secrétaire d’État américain H. Kissinger, qui rend visite au
président Boumediene à deux reprises et obtient, en
novembre 1974, le rétablissement des relations
diplomatiques. L’Algérie a su se servir de son atout majeur –
ses ressources en hydrocarbures – dans ses rapports avec les
États-Unis afin de faire pression sur ces derniers, mais le
résultat n’est pas très fructueux, pas plus du point de vue
politique qu’économique. Son appartenance au front du
refus contre le traité de paix israëlo-égyptien fait du pays un
opposant déclaré des États-Unis et du processus de paix
qu’ils défendent. L’ambiguïté des rapports américano-

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28/12/2021 20:16 Le Maghreb dans les relations internationales - Les enjeux de la relation avec les États-Unis - CNRS Éditions

algériens apparaît très nettement à la fin des années  1970,


avec l’affaire des otages américains retenus en Iran (1979).
Forte de sa position de leader dans le secteur pétrolier et le
mouvement tiers-mondiste, l’Algérie joue un rôle de
médiateur essentiel dans cette affaire, qu’elle espérait mettre
à profit pour se rapprocher des États-Unis.
Malheureusement, il n’en sera rien  ; l’administration
Reagan, arrivée au pouvoir le jour de la libération des otages
le 20 janvier 1981, ne lui manifestera pas la moindre
reconnaissance.
28 Les années  1980, marquées par la présidence de Chadli
Bendjedid, sont dominées par des questions économiques,
notamment le maintien de la livraison du gaz et du pétrole
algériens aux États-Unis. La balance commerciale est
largement excédentaire du côté de l’Algérie. L’annulation par
l’armée des élections de  1991, qui menaçaient de porter au
pouvoir le Front islamique du salut (FIS), non en raison
d’une montée du fondamentalisme parmi le peuple algérien
mais en signe de protestation contre la corruption et
l’inefficacité du gouvernement, ne suscite, dans un premier
temps, aucune réaction particulière aux États-Unis  : le
département d’État aurait vu d’un très mauvais œil qu’un
gouvernement islamiste arrive au pouvoir en Algérie.
Toutefois, il finit par déplorer publiquement l’annulation des
élections démocratiques, entérinant ainsi l’ambiguïté des
relations entre les deux gouvernements. Ainsi au même
moment, au nom de la liberté d’opinion et de croyance, les
États-Unis permettent à Anwar Haddam, un membre du
FIS, de résider en Virginie – ce qui agace le gouvernement
algérien (et français) –, avant de l’expulser quelque temps
plus tard.
29 Malgré l’ambiguïté des relations bilatérales, les deux pays
parviennent à une véritable coopération dans la lutte anti-
terroriste et anti-islamiste, surtout à partir de l’arrivée au
pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika en 1999. Cette coopération a
pour cible principale AQMI. Parmi tous les États du
Maghreb, l’Algérie est celui qui a le plus souffert des
attaques d’AQMI  : elle en a enregistré plus de 100 après

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2006, contre seulement quatre ou cinq pour les autres pays.


Aujourd’hui, pour les États-Unis, l’enjeu majeur de ses
relations bilatérales avec l’Algérie d’A. Bouteflika est la
sécurité  ; de son côté, l’Algérie peut faire valoir sa
vulnérabilité face à AQMI pour demander une aide et une
coopération militaire soutenue. Le président Bouteflika n’a
d’ailleurs pas manqué de le faire lors de sa visite aux États-
Unis en  2004. L’Algérie a reçu entre 2 et 3  milliards de
dollars d’équipement militaire en  2008-2009, surtout du
matériel anti-terroriste. Les États-Unis ont gardé en
mémoire les événements de  1974 et savent qu’il leur faut
éviter l’avènement d’un gouvernement anti-américain s’ils
veulent maintenir leur approvisionnement en gaz et en
pétrole algériens. Washington fait son possible pour
encourager la libéralisation en Algérie, octroyant une
assistance technique d’un million de dollars en faveur des
réformes des législations fiscale, judiciaire et commerciale
afin de permettre à l’Algérie d’adhérer à l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) – ce qui n’est pas encore le
cas, malgré des efforts renouvelés depuis 1987 –, signant des
accords commerciaux bilatéraux, investissant en  2007 plus
de 5  milliards de dollars dans l’industrie pétrolière
nationale12. Depuis plusieurs années, les États-Unis sont le
premier client de l’Algérie dans le secteur des
hydrocarbures13.
30 Malgré des différences évidentes dans leurs orientations
politiques générales respectives, l’Algérie et les États-Unis
sont liés par un partenariat commercial dans le secteur des
hydrocarbures et par la lutte contre le terrorisme. L’Algérie
couvre actuellement 5 % des besoins américains en pétrole et
cherche à faire passer le taux de couverture du marché des
États-Unis à 20  % d’ici 2015. Du fait du poids politique de
l’Algérie dans les conseils arabes, les deux pays se consultent
et essaient de s’influencer l’un l’autre (les visites préalables
de H. Kissinger à Alger dans les années  1970 afin de
promouvoir le processus de paix en sont un parfait
exemple). Depuis le soulèvement populaire tunisien initié fin
décembre 2010 et la naissance d’un mouvement similaire en

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Algérie en janvier 2011, les États-Unis sont attentifs au


gouvernement sclérosé du président Bouteflika, sans
toutefois prendre partie.

La Tunisie
31 Plaque tournante du monde méditerranéen, la Tunisie
bénéficie elle aussi de rapports privilégiés avec les États-
Unis, quoique moins marqués que par le passé. Sa position
centrale entre deux géants radicaux – du moins est-ce ainsi
que l’Algérie et la Libye apparaissent aux yeux des États-
Unis – a imposé à ce petit État un sens de la modération et
même de la médiation politique. Le fait qu’elle ne pèse pas
très lourd dans les conseils arabes et méditerranéens l’a
rendue moins importante que les autres pays alentour pour
la politique étrangère américaine. «  Si les relations États-
Unis/Maroc sont importantes et étroites, tandis que les
relations États-Unis/Algérie sont importantes mais pas si
étroites, celles entre les États-Unis et la Tunisie sont étroites
mais pas très importantes14 », écrivait John Damis en 1993.
32 De par sa modération et sa modernisation, la Tunisie de H.
Bourguiba reste un exemple pour les États-Unis. Cette
considération est d’ailleurs réciproque. L’aide américaine au
développement, modeste mais croissante, représente
beaucoup pour le pays – sur la période 1979-1990, elle
atteint au total plus d’un milliard de dollars15 – et
s’accompagne du soutien de la Banque mondiale. La
majorité de ces aides financières est destinée à l’assistance
économique et une petite partie seulement à l’aide militaire.
Dans les années  1970 et 1980, la politique étrangère
tunisienne, fidèle à elle-même, reste modérée, notamment à
l’égard de la guerre du Vietnam et du conflit israëlo-
palestinien. Les manifestations pro-arabes en Tunisie
perturbent les rapports avec les États-Unis, provoquant
même un débat au Congrès américain, mais la politique de
soutien mutuel est maintenue. Les inquiétudes américaines
quant à la stabilité du système politique tunisien compte
tenu de la santé déclinante du président Bourguiba
apparaissent au grand jour en  1972, lors d’une séance du

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Congrès sur la politique nord-africaine, deux ans avant


l’épuration de l’aile libérale du Parti socialiste destourien
(PSD) et l’élévation de H. Bourguiba au rang de président à
vie. À la même période, la Tunisie soutient les négociations
qui suivent la guerre d’Octobre ainsi que le traité de paix de
Washington. Parallèlement, elle accueille le quartier général
de l’OLP, expulsée du Liban, et celui de la Ligue arabe,
expulsée du Caire ; l’ambassade américaine à Tunis devient
un lieu de première importance pour les contacts arabes.
33 Après la destitution de H. Bourguiba et l’arrivée au pouvoir
de Zine El-Abidine Ben Ali en  1987, les États-Unis sont
plutôt soulagés. Tout en partageant les craintes de H.
Bourguiba face aux attaques du Mouvement de la tendance
islamique (MTI), ils estimaient qu’il ripostait de façon
démesurée. Ben Ali, dont le régime est fondé sur la peur de
voir se répéter en Tunisie les événements sanglants qui ont
déchiré l’Algérie, se présente comme le protecteur de son
pays contre le terrorisme et essaie de vendre cette image aux
Américains. Mais les États-Unis sont au courant de la
corruption qui gangrène les cercles politiques tunisiens
(comme le révélera Wikileaks). Après la chute, en janvier
2011, de Ben Ali, Barak Obama félicite le peuple tunisien
pour son action et garantit le maintien des relations
diplomatiques entre les deux pays.
34 La guerre du Golfe de 1990-1991 ouvre un nouveau chapitre
des relations américano-tunisiennes. Poussé par son opinion
publique qui soutient l’Irak et Saddam Hussein, Ben Ali se
déclare contre « les agissements américains dans le Golfe ».
Même chose lors de la guerre d’Irak lancée en  2003.
Parallèlement, la répression politique et les violations des
droits de l’homme (surtout à l’encontre des membres de
l’opposition) continuent en Tunisie, et l’alibi de la lutte
contre le terrorisme devient de moins en moins convaincant.
Ben Ali, qui a fait modifier la constitution de façon à rester
au pouvoir au moins jusqu’en  2014 – il sera renversé en
janvier 2011 –, a fondé ses mandats sur la lutte contre le
terrorisme et l’essor économique ; or la menace terroriste en

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Tunisie n’est pas si présente et l’économie tunisienne


s’effrite début 2011.
35 La Tunisie a tout pour redevenir le pays modèle qu’elle a été
pendant les deux premières décennies du mandat de H.
Bourguiba. Malheureusement, la disparition progressive de
son libéralisme politique, sous H. Bourguiba d’abord et plus
encore sous Ben Ali, a terni son image outre-Atlantique, et
ses tergiversations politiques l’ont rendue moins digne
d’intérêt. La menace terroriste n’a pas été assez crédible en
Tunisie pour faire oublier aux États-Unis les problèmes de
corruption, de mauvaise gestion, d’élections truquées, qui
sont la cible des critiques officielles américaines. Depuis la
chute du régime, les rapports entre les deux pays restent
stables, dans l’attente d’un renouveau de la proximité
d’antan.

La Libye
36 Premier pays du Maghreb à reconquérir son indépendance
(1951), la Libye traditionnelle et corrompue a toujours
entretenu des rapports stratégiques avec les États-Unis. Un
lien quelque peu curieux si l’on considère que l’image
historique du pays retenue par l’iconographie américaine est
la mention des «  rives de Tripoli  » en tant que terrain de
combat dans l’hymne officiel des Marines… Mais
l’année  1969 marque l’avènement du pire  : le colonel
Mouammar Kadhafi s’empare du pouvoir, ferme la base
aérienne de Wheelus, nationalise les compagnies pétrolières,
autorise la foule à saccager l’ambassade américaine, et
soutient des actions terroristes à divers endroits (en Irlande
du Nord, en Corse, au pays Basque, en Palestine, au
Nicaragua, au Salvador, etc.). L’administration Carter rompt
les relations diplomatiques avec Tripoli, et l’administration
Reagan suspend les rapports commerciaux – minimes –
entre les États-Unis et la Libye.
37 Du point de vue américain, le régime libyen collectionne les
tares : adhésion au front du refus contre le processus de paix
au Moyen-Orient, aide au renversement de gouvernements
en Afrique, production d’armes chimiques et préparation

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d’un projet nucléaire, soutien au terrorisme, lequel culmine


avec l’attaque, en  1986, d’une discothèque de Berlin-Ouest
fréquentée par des soldats américains, que la Libye est
soupçonnée d’avoir commandité. Les États-Unis ripostent
aussitôt par une attaque aérienne contre des sites militaires
libyens. Elle vise même une résidence du colonel Kadhafi.
L’attaque produit l’effet escompté  : le dirigeant libyen se
lance alors dans des «  campagnes de charme  » sans
véritablement changer de politique. Un tournant s’opère à la
fin des années  1980  : en  1988, des agents libyens font
exploser un avion de la compagnie américaine Pan Am au-
dessus de Lockerbie en Écosse, et en  1989 un avion de la
compagnie UTA au-dessus du Niger. Le colonel Kadhafi est
alors qualifié de «  chien enragé du Moyen-Orient  » par le
président Reagan, puis de « principal terroriste du monde et
entraîneur de terroristes  » par le président Bush. En  1992,
l’ONU adopte de lourdes sanctions à l’encontre de la Libye.
Elles seront levées en  2003 à la suite de l’accord entre la
Libye et les familles des victimes.
38 À la fin des années  1990, les prix du pétrole sont bas,
l’économie libyenne est en déclin, son industrie pétrolière
vieillissante, et un mouvement interne d’opposition mené
par les islamistes commence à se faire entendre. Le colonel
Kadhafi cherche alors à reprendre contact avec les États-
Unis. Il prend ses distances avec le terrorisme, assouplit ses
positions au sujet du conflit israëlo-palestinien et tente
d’apaiser ses rapports avec plusieurs pays, notamment
africains. En janvier 2001, un seul agent libyen, Abdel Basset
Al-Megrahi, est condamné pour l’attentat de Lockerbie  ; en
septembre de la même année, la Libye manifeste sa
solidarité envers les États-Unis après les attentats
revendiqués par Al-Qaïda  ; en  2002, la Libye accepte de
payer 10 millions de dollars à chacune des familles des 270
victimes de l’attentat de Lockerbie ; en mars 2003, le régime
libyen contacte le Royaume-Uni afin de commencer des
négociations sur le démantèlement de son programme
d’armes de destruction massive (ADM), y compris
nucléaires.

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39 En décembre 2003, la Libye renonce à son programme


d’armes nucléaires, chimiques et biologiques, et amorce les
paiements des dommages et intérêts aux familles des
victimes de Lockerbie. Le démantèlement nucléaire est
achevé fin 2004. Le processus d’élimination des armes
chimiques n’est pas aussi efficace et reste en suspens. Les
indemnités sont versées, non sans difficulté, aux familles des
victimes de Lockerbie, mais A. B. Al-Megrahi est relâché
en  2009 par les autorités écossaises «  pour des raisons de
santé  » et repart vivre à Tripoli. À l’exception du projet
d’attentat contre le prince héritier d’Arabie saoudite
en  2003, la Libye ne soutient plus les organisations
terroristes16. Au contraire, au Soudan par exemple, le colonel
Kadhafi soutient le gouvernement de Khartoum et s’oppose à
toute intervention de la communauté internationale au
Darfour, comparant la situation à «  un contentieux entre
deux tribus se disputant un chameau ».
40 Au cours des années  2000, en réponse au virage entrepris
par la Libye, aussi incomplet qu’il soit, des compagnies
pétrolières américaines reviennent s’établir en Libye, parmi
lesquelles Occidental, le Groupe Oasis (Amerada Hess,
Marathon, ConocoPhillips) et Exxon. Au total, plus de 50
compagnies internationales s’implantent en Libye pour aider
le pays à retrouver son niveau de production de 3 millions de
barils par jour (MBJ), soit le double de la production
en  2004 (l, 6 MBJ). Le produit intérieur brut (PIB) double
pour atteindre 100  milliards de dollars à la fin des
années 2000, et le commerce avec les États-Unis, inexistant
depuis l’embargo, atteint une valeur de 4  milliards de
dollars. En revanche, la privatisation et la libre-entreprise ne
démarrent pas vraiment en Libye  ; la réforme économique
n’a pas eu lieu et elle ne se produira sans doute pas dans les
conditions politiques actuelles. Même l’objectif des 3 MBJ,
fixé pour 2012, a été reporté à 2017.
41 Autre déception pour les États-Unis  : l’absence de mise en
place d’un processus de démocratisation du régime libyen.
Toutefois, la vague de mouvements de contestation
populaires qui a gagné un à un les pays de la région depuis

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janvier 2011 a également touché la Libye, et ouvrira peut-


être de nouvelles perspectives dans ce domaine.

L’avenir des relations entre les Etats-


Unis et le Maghreb
42 Les principaux intérêts défendus par la politique étrangère
américaine en Afrique du Nord sont les mêmes que ceux qui
caractérisent sa politique étrangère en général, ce qui
confirme la place non négligeable mais toutefois secondaire
que les États-Unis accordent à la région sur le plan
international. Les enjeux majeurs pris en compte par les
États-Unis sont les suivants : la lutte contre le terrorisme, les
hydrocarbures, l’islam, le Moyen-Orient, les processus de
démocratisation et de libéralisation, la coopération régionale
et internationale, la succession au pouvoir, et le Sahara
occidental, seul enjeu à la fois particulier et commun à la
région.

La lutte contre le terrorisme


43 Il s’agit là d’un élément capital de la politique sécuritaire des
États-Unis. Le Maghreb est connu pour être le théâtre
d’activités terroristes  : il a été impliqué dans des attentats
perpétrés en Europe, l’Algérie en particulier a connu dans les
années  1990 une escalade du terrorisme qu’elle a combattu
tout aussi violemment ; la région abrite dans sa partie sud un
foyer terroriste entretenu par AQMI. Pour lutter
efficacement contre le terrorisme, il est essentiel de favoriser
le développement économique de la région et de lutter
contre le chômage qui pousse certains jeunes au désespoir et
à l’aliénation, encourage l’émigration et accentue la
réceptivité aux discours extrémistes. La lutte contre le
terrorisme ne relève pas de la seule responsabilité des agents
en charge de la sécurité  ; elle est à mettre en lien avec le
développement économique et social, et justifie donc l’octroi
d’aides au développement et la promotion du commerce
international. Deuxième point essentiel de la lutte contre le
terrorisme  : la transparence en politique et l’adoption de
bonnes pratiques de gouvernance, sans quoi la population
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pourra être tentée de prêter l’oreille à une opposition qui se


prétend propre, populaire et inspirée. Trop de régimes au
Moyen-Orient (Iran, Somalie, Palestine, Soudan,
Afghanistan) ont succombé à des mouvements dits religieux,
portés au pouvoir par des vagues de protestation contre des
systèmes de gouvernance corrompus et inefficaces. C’est
précisément ce qui inquiète les États-Unis, car l’Algérie, la
Libye et la Tunisie – en tout cas celle de Ben Ali – sont des
exemples de régimes corrompus. Pour reprendre le
vocabulaire de l’OTAN, la «  sécurité dure  » – au sens
militaire du terme – dépend de la «  sécurité molle  » –
relative aux différents domaines de la société civile
(développement économique, humain, respect des droits de
l’homme, etc.).
44 En ce qui concerne AQMI et tout autre groupe salafiste ou
djihadiste, tous les pays du Maghreb coopèrent avec les
États-Unis en matière d’échanges de renseignements et
d’action policière et militaire. Il est toutefois dommage qu’ils
ne coopèrent pas entre eux, faute de confiance mutuelle en
matière de sécurité. L’Algérie étant la principale cible des
attaques terroristes dans la région, elle a tout à gagner à
coopérer avec les États-Unis, mais ses voisins semblent
mener une politique de lutte contre le terrorisme plus
efficace. Pour les États-Unis, l’intérêt opérationnel de ce type
de partenariat est de promouvoir une coopération plus
efficace entre les pays du Magreb eux-mêmes : la lutte contre
le terrorisme s’en trouverait grandement facilitée.

Les hydrocarbures : ressource majeure du


Maghreb
45 Le secteur des hydrocarbures est de plus en plus important
pour les États-Unis, qui cherchent à diversifier leurs
fournisseurs jusqu’à présent concentrés au Moyen-Orient. À
cet égard, l’Algérie et la Libye présentent un intérêt
particulier pour les États-Unis, et ce même si les économies
algérienne et libyenne, fortes de leur rente pétrolière,
constituent une base erratique pour la croissance, la stabilité
et l’approvisionnement. Du fait de leurs importations de

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28/12/2021 20:16 Le Maghreb dans les relations internationales - Les enjeux de la relation avec les États-Unis - CNRS Éditions

pétrole et de gaz, les États-Unis sont le principal client de


l’Algérie et un client majeur de la Libye, dont l’industrie
pétrolière bénéficie également d’importants investissements
américains. C’est un marché que les États-Unis veulent
conserver et même développer dans les années à venir, en
vue d’autres types de coopération. Comme nous l’avons dit
plus haut, la coopération avec la Libye reste ponctuelle ; en
revanche, elle est plus développée avec l’Algérie, et confirme
la nécessité d’accentuer la coopération bilatérale dans la
lutte contre le terrorisme.

L’islam
46 L’islam est souvent mal compris par les Américains, qui ont
tendance à l’assimiler à sa seule forme extrémiste. Pour un
pays qui abrite en son sein des extrémistes religieux de
toutes sortes et qui d’ordinaire fait preuve d’une grande
tolérance en matière religieuse, ces préjugés contre l’islam
sont difficiles à expliquer. Les présidents George W. Bush et
B. Obama ont tous deux affirmé que les États-Unis n’étaient
pas en guerre contre l’islam, mais les attentats du 11-
Septembre ont touché la nation américaine au plus profond
d’elle-même, comme l’attaque de Pearl Harbor en  1941. La
solidarité envers le peuple américain que les pays du
Maghreb ont tenu à manifester après les événements de
septembre 2001 a été appréciée, et l’islam modéré qui y est
pratiqué ajoute à l’intérêt des États-Unis pour la région.
Peut-être les pays musulmans de la rive sud de la
Méditerranée aideront-ils les Américains à mieux
appréhender leur religion. Quoi qu’il en soit, celle-ci
demeurera un élément d’importance dans les rapports futurs
entre les États-Unis et les pays du Maghreb.

Le Moyen-Orient
47 Cette région est d’une importance capitale pour les États-
Unis. Les intérêts qui y sont rattachés sont divers, parfois
contradictoires. Les États-Unis entretiennent avec Israël un
lien extrêmement fort pour plusieurs raisons : son caractère
démocratique et libéral, l’existence d’affinités historiques
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avec la Shoah ou encore sociales avec sa population juive.


Cet engagement envers Israël constitue une entrave aux
intérêts stratégiques américains dans le monde arabe,
essentiellement liés au pétrole. Soucieux de concilier ces
intérêts contradictoires, les États-Unis ont mis en route un
processus de paix, surtout à partir de la guerre d’Octobre
de 1973. Les pays maghrébins ont joué un rôle de médiateurs
non négligeable dans ce processus et ils continuent de le
faire, chacun à sa façon. S’il ne faisait pas office de passerelle
entre les États-Unis et le Moyen-Orient, le Maghreb perdrait
beaucoup de sa valeur aux yeux du partenaire américain. En
se montrant utiles, les pays maghrébins renforcent leur
position auprès des États-Unis et ont voix au chapitre. C’est
donc un partenariat à double sens, élément essentiel pour le
maintien de bonnes relations.

Les processus de démocratisation et de


libéralisation
48 La promotion de la démocratie est un sujet auquel les États-
Unis sont très attachés. Il arrive même qu’elle entre en
conflit avec d’autres priorités plus stratégiques ou
matérialistes. Aux yeux des «  puristes de la démocratie  »,
que l’on retrouve parfois dans les think tanks américains,
chaque pays du Maghreb a ses tares : une junte militaire qui
tient les rênes du pouvoir en Algérie  ; une autocratie
familiale qui empêche toute réelle opposition en Tunisie –
du moins était-ce le cas avant la chute du régime de Ben Ali
début 2011 –  ; une Jamahiriya qui a poussé la
personnalisation du pouvoir à l’extrême en Libye. Il y a du
vrai dans cette analyse, mais elle ne tient pas compte de
l’évolution de ces pays. Si la Tunisie – jusqu’en janvier 2011
– et la Libye stagnent sur le plan démocratique, les systèmes
multipartites en Algérie et, plus encore, au Maroc marquent
un certain progrès sur la voie de la démocratisation. Au
moment où nous écrivons, il est trop tôt pour se prononcer
sur l’avenir de la Tunisie post-Ben Ali. Le Maroc, du fait de
son libéralisme politique plus avancé, essuie plus de
critiques et subit une plus grande pression que l’Algérie,

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mais il marque aussi des points dans ses rapports avec le


partenaire américain.
49 Les États-Unis continueront de promouvoir les libertés
publiques et les droits civiques, notamment la liberté de la
presse, l’état de droit, et la transparence plutôt que la
corruption. Dans les faits, ces principes ne sont pas des
éléments déterminants de la politique étrangère américaine
mais ils créent un cadre, une orientation pour d’autres
questions plus précises. L’administration Obama a émis une
succession de commentaires ambigus et contradictoires au
sujet des soulèvements de contestation populaires observés
en Afrique du Nord depuis la fin 2010, tiraillée entre son
aspiration démocratique et le besoin stratégique de traiter
avec les gouvernements en place.
50 La libéralisation des échanges économiques est tout aussi
importante, mais, dans ce cas, les bénéfices retirés par les
États-Unis sont directs et concrets et dépassent le simple
cadre théorique  : en effet, qui dit économie libérale dit
ouverture aux investissements américains. La
démocratisation et la libéralisation conduisent directement à
deux autres enjeux  : la succession au pouvoir et la
coopération.

La succession au pouvoir
51 Il s’agit d’une question majeure pour quatre des cinq pays de
la région, mais qui tend à sortir du périmètre d’action des
États-Unis. Au Maroc, Mohamed VI a déjà succédé à son
père en  1999  ; la rotation des élites doit maintenant se
produire au niveau des partis politiques, qui demeurent pour
l’instant entre les mains de la vieille génération.
52 En Algérie, l’avenir proche semble offrir peu de perspectives.
Il faudrait une main ferme et déterminée pour libéraliser le
système politique et économique du pays, ce qui peut
sembler contradictoire. Quoi qu’il en soit, les intérêts
américains vont de pair avec le réformisme et la
libéralisation, à l’intérieur du pays mais aussi dans ses
relations avec ses voisins.

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53 En Tunisie, la situation reste ouverte depuis la chute de Ben


Ali en janvier 2011. Le soulèvement populaire qui en est à
l’origine rappelle les émeutes de  1984, mais à l’époque H.
Bourguiba était là pour assurer la stabilité du pays. La lutte
pour le pouvoir, avec une opposition affaiblie sans leader
désigné, rappelle le sort du Néo-Destour devenu le
Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD)
en  1987-1989. La Tunisie n’est pas un pays marqué par
l’instabilité. Le gouvernement américain a accueilli
favorablement la chute de Ben Ali, avec toutefois une
certaine réserve, espérant voir le pays s’orienter vers une
démocratie pluraliste, stable et laïque, après avoir ouvert la
voie de la contestation populaire contre les autocrates
corrompus dans l’ensemble de la région.

La coopération : intermaghrébine d’abord,


internationale ensuite
54 La coopération sous toutes ses formes représente
évidemment un intérêt d’ordre général pour les États-Unis,
mais elle revêt aussi une importance particulière pour
l’Afrique du Nord. Si les pays du Maghreb parvenaient à
former un espace intégré et uni, il serait plus facile pour
chacun d’eux de développer des liens de confiance avec ses
voisins. Ce point a déjà été évoqué dans le cadre de la
coopération avec les États-Unis dans la lutte contre le
terrorisme, mais il est encore plus pertinent dès lors qu’il
s’agit des rapports sécuritaires entre les pays de la région
eux-mêmes. Il semble en effet aberrant que le Maghreb ne
constitue pas, à l’heure actuelle, une communauté
sécuritaire au sein de laquelle la guerre est exclue, alors que
c’est le cas de l’ensemble des pays de l’autre côté de la
Méditerranée et que des rapports similaires existent entre
les pays des deux rives. Il est dans l’intérêt des États-Unis, et
aussi de l’UE, de promouvoir la création d’une communauté
semblable en Afrique du Nord.
55 Plus urgente encore est l’instauration d’une coopération
économique au Maghreb, puis entre le Maghreb, les États-
Unis et l’Europe. Le commerce intrarégional, qui représente

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actuellement l, 3  % du commerce total de la région, est le


plus bas de toutes les régions au monde. Des études
économétriques ont démontré qu’une zone de libre-échange
(ZLE) entre les pays de l’UMA engendrerait une croissance
du commerce régional d’une valeur de l milliard de dollars.
Plus encore, la création d’une ZLE régionale intégrant les
États-Unis ou l’UE permettrait une hausse du commerce
maghrébin de l’ordre de 4 à 5 milliards de dollars ; quant à
l’instauration d’une ZLE réunissant les trois régions (États-
Unis, UE, UMA), elle produirait une hausse de 9 milliards de
dollars. Les investissements directs étrangers (IDE) seraient
augmentés à peu près du même montant, dans un délai de
deux à cinq ans seulement17. Mais ce type de coopération se
heurte à un obstacle de taille : le Sahara occidental.

La question du Sahara occidental


56 Le Sahara occidental a toujours été un problème pour les
États-Unis, étant donné ses rapports avec deux des pays
concernés, le Maroc et l’Algérie. Au départ, les États-Unis
gardent leurs distances par rapport au conflit, mais la
poursuite de ce dernier à la fin des années 1970 et au début
des années  1980 les contraint à intervenir et à fournir une
aide militaire aux forces marocaines18. Sur le plan politique,
les États-Unis, soucieux de ne pas déstabiliser leur allié
marocain, reconnaissent l’enjeu considérable que constitue
la question du Sahara occidental pour Rabat. Ils ont toujours
considéré que la seule solution réside dans l’élaboration d’un
accord entre les parties intéressées. Ils ont soutenu le cessez-
le-feu voté par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991 ainsi
que le déploiement, la même année, de la Mission des
Nations unies pour l’organisation d’un référendum au
Sahara occidental (MINURSO). Malheureusement, les
différents représentants du Secrétaire général de l’ONU qui
se sont succédé pour traiter la question du Sahara
occidental, dont l’ancien secrétaire d’État américain James
Baker, n’ont pas réussi à produire un accord sur la tenue du
référendum ni, surtout, sur l’établissement de la liste des
électeurs.

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57 En  2007, le Maroc propose une autonomie pour le Sahara


occidental mais rattachée à la souveraineté marocaine. La
proposition est rejetée par le Front Polisario et l’Algérie,
mais le gouvernement américain accueille favorablement
l’initiative marocaine, tout comme le Conseil de sécurité qui
la qualifie de « sérieuse et crédible ». Malheureusement, les
pourparlers entre les parties demeurent bloqués, malgré
plus de cinq tours de négociations directes.
58 Les États-Unis n’ont aucun intérêt direct dans le conflit  ;
leur intérêt réside dans leurs rapports avec les deux pays
rivaux du Maghreb central : le soutien au Maroc prime, mais
pas au point d’offenser l’Algérie. Un équilibre des plus
difficiles à tenir… Et ce d’autant plus que les concepts
d’autodétermination, de mouvement de libération, de
référendum font directement écho aux valeurs
démocratiques et libérales des États-Unis. Pour l’instant, le
statu quo est de mise, et reste préférable, aux yeux des
parties au conflit, à l’adoption de la position de l’adversaire.
Le Maroc avait fait un premier pas en proposant le statut
d’autonomie, renonçant ainsi à sa position première, qui
était la revendication pure et simple du Sahara occidental en
tant que territoire marocain. Mais en face, le Front Polisario,
soutenu par l’Algérie, utilise cette concession comme moyen
de pression pour obtenir davantage et ne rien céder de sa
revendication première  : l’indépendance du Sahara
occidental. Souvent, dans pareille situation, l’une des parties
finit par s’épuiser et abandonne. Mais dans le cas présent,
cet épuisement paraît supportable : le Maroc a des appuis et
le Front Polisario peut compter sur le soutien de l’Algérie.
Les alliées traditionnelles de cette dernière – la Russie et la
Chine – ayant elles aussi des problèmes territoriaux
similaires à gérer, ne sont pas aussi présentes qu’elles
auraient pu l’être. Quant aux États-Unis, leur crainte
d’offenser l’Algérie est probablement exagérée. Pour preuve,
lorsque la proposition du Maroc sur l’autonomie du Sahara
occidental a reçu le soutien américain, l’Algérie n’a pas réagi
avec véhémence.

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59 Les observateurs extérieurs au conflit, dont les États-Unis,


craignent qu’un incident fasse monter la tension d’un cran et
les oblige à choisir un camp. D’où la volonté – qui ne s’est
pas encore changée en empressement – des États-Unis et
d’autres pays européens tels que la France, l’Angleterre,
l’Espagne et l’Italie, de trouver une solution au conflit.
L’initiative «  Le Maghreb compte  !  » soumise en  2009 au
gouvernement américain par d’éminentes personnalités
politiques et universitaires proposait une négociation des
détails de l’autonomie suivie d’une reconnaissance du statut,
avec ou sans l’approbation du Conseil de sécurité  : le plus
important était de lancer le processus, le reste suivrait…
Mais l’administration Obama est pour l’instant restée
frileuse sur la question du Sahara occidental.
60 Les républicains et les démocrates n’ont pas tout à fait la
même position sur ce dossier. Les seconds ont toujours
penché du côté de l’autodétermination classique  ; or,
l’administration actuelle a fait un léger pas en arrière en ne
réitérant pas ouvertement le soutien des administrations
Clinton et Bush Jr au projet d’autonomie. Elle préfère laisser
plus de temps au représentant du Secrétaire général de
l’ONU pour le Sahara occidental, l’ambassadeur Christopher
Ross, afin qu’il «  détende l’atmosphère  ». L’administration
précédente – républicaine – avait poussé le Maroc à
soumettre son projet d’autonomie à l’ONU et l’avait
clairement soutenu, sans toutefois aller jusqu’à le défendre
fermement devant le Conseil de sécurité, arrêter une
décision et fixer une échéance.
61 Le Maghreb constitue une région d’importance mais qui
reste secondaire pour les États-Unis, les intérêts américains
dans la région étant majoritairement subordonnés à des
intérêts plus importants concernant d’autres régions
partenaires des États-Unis, comme l’UE ou le Moyen-Orient.
Puisque, de par sa position géographique entre autres
(proximité avec l’UE et le Moyen-Orient), l’Afrique du Nord
constitue une région stratégique, les États-Unis souhaitent
d’une manière générale maintenir de bons rapports avec les
pays qui la composent, sauf si un conflit direct avec l’un deux

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éclate, comme ce fut le cas avec la Libye dans les


années  1980, auquel cas ils n’hésitent pas à prendre les
mesures qui s’imposent. De leur côté, les pays de la région
savent se servir des intérêts américains pour promouvoir les
leurs. Les États-Unis sont bien sûr nettement plus puissants
que les pays du Maghreb, mais chaque partie fait valoir ses
intérêts à l’autre, générant des échanges complémentaires
qui donnent des résultats globalement positifs.

Bibliographie

Bibliographie sélective
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ECA Office for North Africa, 2006.

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implication directe, Louvain-la-Neuve, Université catholique
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Benantar, A. (dir.), Les États-Unis et le Maghreb : Regain


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thématique  : «  Intérêts et politiques de la France et des
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Notes
2. Dans ce chapitre, le terme Maghreb désigne le Maroc, l’Algérie, la
Tunisie et la Libye. La Mauritanie est mise de côté.
3. Why the Maghreb Matters : Threats, Opportunities, and Options for
Effective American Engagement in North Africa, Potomac Institute of
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Policy Studies and The Conflict Management Program (SAIS), The Johns
Hopkins University, 31 mars 2009.
4. Certains attribuent cet honneur à la France, probablement à tort.
5. Il s’agissait d’Anne Marie Louise d’Orléans, princesse de sang royal
française, petite-fille d’Henri IV et cousine germaine de Louis XIV.
6. Ch. Diggs et L. Hamilton (dir.), The States of North Africa in the
1970’s – Joint Hearings before the Subcommittee on Africa and the
Subcommittee on the Near East of the Committee on Foreign Affairs,
House of Representatives, Ninety-Second Congress. July 18, 19 and
August 2, Washington, US Government Printing Office, 1972.
7. Autre nom de la guerre du Kippour.
8. Du nom de son instigateur, le prince saoudien Abdallah, demi-frère
du roi Fahd.
9. Signé en août 2007 entre le Maroc et la Millenium Challenge
Corporation (MCC), organisme gouvernemental américain qui octroie
une aide au développement aux pays qui encouragent la bonne
gouvernance, investissent dans le capital humain et garantissent les
libertés économiques.
10. Essayiste et psychiatre né en Martinique mais ayant vécu plusieurs
années en Algérie, où il noue des contacts avec le FLN et le GPRA. Il est
l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste.
11. K. Benabdallah, La politique étrangère américaine au Maghreb
de 1991 à 2004 : d’un intérêt dérivé à une implication directe, Louvain-
la-Neuve, Université catholique de Louvain, 2007, p. 221.
12. G. C. Hufbauer et C. Brunel (dir.), Maghreb Regional and Global
Integration, Peterson Institute of International Economics, 2008, p. 38,
disponible sur <bookstore.petersoninstitute.org/book-
store/4266.html>.
13. A. Benantar (dir.), Les États-Unis et le Maghreb : Regain d’intérêt ?,
Alger, CREAD, 2007, p. 77.
14. J. Damis, « The United States and North Africa », in I. W. Zartman et
W. M. Habeeb (dir.), Polity and Society in Contemporary North Africa,
Boul-der, Westview, 1993.
15. J. Damis, op. cit. [14], p. 232.
16. D. Moss, Reforming the Rogue  : Lessons from the US-Libya
Rapprochement, Policy Focus # 105, The Washington Institute for Near
East Policy, août 2010, p. 22, disponible sur Washingtoninstitute.org.
17. Pour une analyse détaillée et chiffrée, voir G. C. Hufbauer et C.
Brunel, op. cit. [12].
18. Ce ne fut néanmoins pas le cas au début du mandat du président
Jimmy Carter.
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Auteur

William Zartman

Professeur émérite à l’université


Johns Hopkins à Washington, D.
C.
Du même auteur

La politique étrangère libyenne


in La Lybie nouvelle, Institut de
recherches et d’études sur les
mondes arabes et musulmans,
1975
© CNRS Éditions, 2011

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Référence électronique du chapitre


ZARTMAN, William. Les enjeux de la relation avec les États-Unis In : Le
Maghreb dans les relations internationales [en ligne]. Paris  : CNRS
Éditions, 2011 (généré le 28 décembre 2021). Disponible sur Internet  :
<http://books.openedition.org/editionscnrs/22761>. ISBN  :
9782271129840. DOI  :
https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.22761.

Référence électronique du livre


MOHSEN-FINAN, Khadija (dir.). Le Maghreb dans les relations
internationales. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : CNRS Éditions, 2011
(généré le 28 décembre 2021). Disponible sur Internet  :
<http://books.openedition.org/editionscnrs/22683>. ISBN  :
9782271129840. DOI  :
https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.22683.
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Le Maghreb dans les relations


internationales
Ce livre est cité par
Abourabi, Yousra. (2015) Le Maroc au présent. DOI:
10.4000/books.cjb.1086

https://books.openedition.org/editionscnrs/22761 36/36

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