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115e

année – no1 octobre 2004


Le plaisir des mathématiques, Henri Cartan

Á propos d’une inégalité, Franck Taieb

Le théorème d’interversion des limites au service des théorèmes du programme de MP, Saab Abou-jaoudé

Duplication sous l’action d’un groupe, Michel Alessandri

Algorithme de réduction des matrices dans les anneaux principaux, J.-M. Arnaudiès et Pierre Delezoide

Centre métrique d’un compact convexe. Application à des théorèmes de point fixe, Yves DUVAL et Hervé PÉPIN

Sous-algèbres irréductibles de LeK(E), partie I , Romain Krust

6988: Agrégation externe de mathématiques, Mathématiques générales (énoncé), énoncé

6989: Agrégation externe de mathématiques, Analyse (énoncé), énoncé

6989: Agrégation externe de mathématiques, Analyse (corrigé)

Questions et réponses

Du côté des élèves de Terminale S, énoncé

Bibliographie
[Table des matières]

Le plaisir des mathématiques


par Henri Cartan1
professeur honoraire à l’École normale supérieure

Je pense surtout que pour goûter le plaisir des mathématiques, il faut aimer en faire ; dès mon plus jeune âge, j’avais envie de pratiquer
les mathématiques. Même si, par exemple, j’ai toujours aimé la musique et le piano, je n’ai jamais douté de devenir mathématicien.
C’est toujours, à mes yeux, la science fondamentale par excellence. Je ne sais pas si c’est parce que c’était celle de mon père, dont la
discrétion l’avait empêché de m’y pousser ; en tout cas, quand j’allais au lycée, c’étaient elles qui m’intéressaient le plus ; pourquoi, je
ne sais pas. . . Bien sûr, nous avions souvent des conversations en famille : j’ai ainsi été très surpris quand mon père m’a appris, vers
quatorze ans, que l’on pouvait se passer du Postulat d’Euclide !

L’essentiel pour moi, alors, c’était le plaisir que j’avais à faire des mathématiques et à les raconter à mes camarades de lycée ; en
quelque sorte, j’enseignais déjà ! J’ai eu beaucoup de professeurs, bons ou moins bons : mais je ne puis dire que j’ai choisi mon métier
à cause de l’un d’eux. Par exemple, je me souviens de ma classe de Math Élem au Lycée Hoche à Versailles. Là le professeur était très
bon, mais il se trouvait que les solutions qu’il proposait pouvaient être trop compliquées : il m’est donc parfois arrivé de lui expliquer
comment sim- plifier telle ou telle preuve. Il faut dire que nous habitions deux maisons voisines au Chesnay et qu’il admirait mon
père, mais appréciait aussi mes interventions respectueuses.

J’étais arrivé au Lycée Hoche en troisième en 1917 ; je n’ai pas quitté ce lycée où je suis resté deux années en Spéciales avant d’intégrer
l’École normale supérieure (promotion 1923). Avant d’entrer en Spéciales, j’avais naturellement déjà envie de faire des mathématiques,
mais cela m’a causé beaucoup d’efforts ; je n’avais pas suivi de Spéciales Préparatoires, étant entré directement en Spéciales. C’était
donc assez dur pour commencer, mais enrichissant, et je ne regrette pas ces années-là. Je dois dire que cette période de formation
intellectuelle m’a été bénéfique. Il est vrai que certains grands mathématiciens comme Grothendieck ne sont pas passés par cette
filière, mais n’oublions pas que Grothendieck est un être exceptionnel, pas comme les autres, aux approches si neuves - même si au
départ il a pu être influencé par Serre.

Je ne sais pas si j’ai été créatif assez jeune ; par exemple je n’ai rien fait de particulier quand j’étais au lycée. À l’École normale, j’ai suivi,
entre autres, les cours d’Élie Cartan bien sûr, mais aussi d’Ernest Vessiot. À vrai dire, ce dernier professeur donnait un cours régulier, le
mardi soir à dix-sept heures, et était plutôt endormant. . . je préférais donc les cours de Paul Montel et ceux de Gaston Julia, beaucoup
plus vivants ! J’ai également suivi, deux années de suite, les cours d’Henri Lebesgue au Collège de France. C’était assez particulier, les
cours de Lebesgue ; il réfléchissait, s’interrompait, disait : ”mais, je n’y comprends plus rien !”. Il exagérait peut-être un peu.

Je suis assez incapable de dire quel a été mon premier résultat mathématique important, c’est à d’autres de le faire. J’ai rédigé une
thèse ”sous la direction” de Paul Montel, comme l’on dit, mais en fait, une fois qu’il m’eût donné des indications sur le sujet, j’ai
travaillé tout seul pendant les deux ans suivant mon agrégation. Je lui ai alors montré le résultat, et il m’a répondu que c’était bien :
c’est ainsi que je suis devenu docteur en 1928. Cependant j’ai parfois travaillé en collaboration : cela a été une fierté de co-signer en
1931 un article avec mon père sur les groupes de Lie, et plus tard un livre (Homological Algebra, 1956, toujours en vente) avec mon ami
Samuel Eilenberg.

Après un an de lycée (Malherbe à Caen), j’ai occupé différents postes universitaires, à l’université de Lille puis à celle de Strasbourg,
repliée à Clermont-Ferrand en 1939, avant d’être nommé en novembre 1940 à Paris, à la demande des mathématiciens de la Sorbonne,
qui m’avaient chargé d’assurer l’enseignement des mathématiques à l’École normale. Je n’avais pas été candidat à ce poste. Je l’ai
occupé jusqu’en 1945, date à laquelle je suis retourné à Strasbourg pour deux ans. Ayant repris mon enseignement à l’École Normale en
1947, je l’ai exercé jusqu’en 1965, quittant alors volontairement ce poste parce qu’un changement me paraissait nécessaire ; ensuite j’ai
occupé une chaire à Paris puis à Orsay jusqu’en 1975.

J’ai fait de grands efforts pour changer l’enseignement des mathématiques, qui était au départ vraiment obsolète. Ces efforts ont
commencé pendant la guerre, à Clermont-Ferrand en 1939, puis à Strasbourg. Naturellement, cela fut aussi une partie de mon travail à
l’École. Cela a été un grand plaisir d’avoir la chance de rencontrer ainsi plusieurs générations de jeunes mathématiciens ! J’ai trouvé là
une tâche qui exige beaucoup de celui qui veut s’y consacrer, et j’en ai largement été récompensé par ce que les meilleurs de mes élèves
m’ont appris. J’ai essayé de faire que chacun puisse librement venir me voir et discuter dans mon bureau, car il est assez naturel de
s’intéresser aux carrières différentes des étudiants, si diversement doués soient-ils. Les Séminaires qui ont porté mon nom ou auxquels
j’ai participé m’ont aussi donné beaucoup de joie, et j’en ai tiré beaucoup de bénéfices.

Je me rappelle très bien le plaisir d’avoir eu un Jean-Pierre Serre comme élève, encore que ce mot soit une drôle d’expression en ce qui
le concerne, parce que c’est lui qui m’a tellement appris. J’ai surtout le souvenir de longues conversations que j’avais au téléphone dans
mon vestibule, discussions qui pouvaient durer des heures ; c’est l’un des quelques mathématiciens pour lesquels j’ai une profonde
admiration et auquel je dois beaucoup.

Je me sens chez moi en géométrie, plus exactement en topologie ; mais même si, aidé par Serre, j’ai particulièrement apprécié de
pouvoir établir quelques connections entre la topologie algébrique et les fonctions analytiques, il n’y avait pas de partie des
mathématiques qui me plaisait tellement plus que les autres. Vouloir les découper en morceaux séparés par des cloisons étanches ne
peut conduire qu’à la stérilité. Naturellement j’ai souvent écrit sur des sujets précis ; mais la rédaction de Bourbaki, pour laquelle j’ai
été entraîné par mes camarades (surtout par André Weil) et à laquelle j’ai donné beaucoup de temps à partir de janvier 1935, voulait
autant que possible ne négliger aucune des grandes branches des mathématiques de l’époque, en les stimulant souvent. Ces longues
réunions et discussions me passionnaient toujours : nous avons beaucoup travaillé ! J’ai apporté contributions orales et écrites, mais
c’était toujours Dieudonné qui donnait la rédaction finale.

J’ai aussi bien aimé préparer des cours (parfois devenus des livres) : au moment où on le fait, il faut que l’on soit content, que l’on
intéresse les gens et qu’on ait l’air de s’amuser un petit peu. Comme Laurent Schwartz, ou comme Jean-Pierre Serre, qui a toujours
donné l’impression de s’amuser en exposant des mathématiques. Même pour des cours élémentaires, si l’on veut intéresser les
auditeurs, il ne faut pas avoir l’air d’un cendrier quand on leur raconte ce que l’on a à leur dire ! Si l’on a envie de communiquer, on le
fait : on ne garde pas ça pour soi. Si j’ai toujours essayé de donner des explications claires, c’est aussi parce que cela me faisait plaisir. . .

Dans le discours que j’ai prononcé le premier février 1977 à l’occasion de la réception de la Médaille d’Or du CNRS, j’ai tenté de
défendre la thèse selon laquelle les mathématiques relèveraient plutôt de l’art que de la philosophie : il est vrai qu’une théorie
mathématique bien faite inspire en effet un sentiment esthétique, comme une belle construction en architecture ou en musique, et
que les qualités esthétiques d’une belle théorie en facilitent la diffusion, la rendant apte à une utilisation efficace. Mais le
mathématicien qui cherche sait bien que l’essentiel de sa démarche est d’un autre ordre : atteindre une vérité cachée qui refuse de se
dévoiler du premier coup. Il lui faut, sans se laisser se décourager par des tentatives infructueuses, persévérer en se livrant à ce que
j’appellerai des expériences variées, jusqu’au moment béni où il découvrira tout à coup ce qu’il cherchait, ou parfois ce à quoi il ne
s’attendait pas du tout ! Si la pratique des mathématiques est une rude école de probité intellectuelle, la découverte y est
heureusement imprévisible.

Le Professeur Cartan a fêté ses cent ans le 8 juillet 2004. Qu’il veuille bien accepter les remerciements et les vives félicitations de la rédaction
de la Revue de la filière Mathématiques. Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Á propos d’une inégalité


par Franck Taieb
Lycée Louis-le-Grand, Paris

Ré SUM é. On se propose dans cet article de démontrer que si a1,…,an désignent des réels quelconques, alors la valeur moyenne de |ai + aj|, qui vaut ∑ |ai +
aj|, est plus grande que la valeur moyenne des |ai|, qui vaut ∑ |ai|. Le cas d’égalité est discuté. On étend ensuite le résultat à une inégalité portant sur les
fonctions, puis à une inégalité sur les variables aléatoires.

MOTS-CL é S : valeur moyenne, inégalité de convexité, fonctions intégrables, théorème de la modélisation, théorèmes limites en probabilités.

La première partie de cet article est lisible par les étudiants de terminale S.

1.Une inégalité réelle

1.1.Introduction

Considérons des réels a1,…,an quelconques. On définit la valeur moyenne de |a1|,|a2|,…,|an| par ∑ |ai|. Si on considère toutes les
valeurs du type |ai + aj|, il y a alors n2 valeurs dont la moyenne est ∑ ∑ |ai + aj|. L’objet de cet article est de comparer ces deux
valeurs moyennes.

Commençons par étudier le cas où tous les ai sont positifs. Les valeurs absolues disparaissent alors, et on a, en posant s = a1 + a2 + … +
an,

(1)

L’inégalité ∑ |ai + aj|≥ ∑ |ai| est alors immédiate et ne présente guère d’intérêt. Si tous les ai sont négatifs, on aboutit
exactement au même résultat. Le cas intéressant est celui où les ai ne sont pas de signe constant.

1.2.Inégalités de convexité

Rappelons tout d’abord l’inégalité triangulaire dans sa version usuelle : si x1,…,xm sont des réels, on a

(2)

De cette inégalité on tire une inégalité, appelée inégalité de convexité : si α est un réel quelconque, on a l’égalité α + ∑ xi = ∑ (α
+ xi) et donc

(3)

inégalité que l’on peut écrire dans l’autre sens :

(4)

Revenons à notre problème initial. Les valeurs de ∑ |ai + aj| et de ∑ |ai| ne dépendent pas de l’ordre dans lequel sont rangés
les ai. Quitte à les permuter, on peut supposer que a1 , a2 , … , am sont positifs (au sens large), tandis que am+1,…,an sont strictement
négatifs. On suppose aussi, après la partie précédente, que les ai ne sont pas tous du même signe, ce qui revient à dire que 1 ≤ m ≤ n -
1. Notons A et B les moyennes respectives de (a1,…,am) et de (-am+1 , … , -an ). On a respectivement

(5)

Considérons G = ∑ |ai + aj| et scindons la somme double en 4, selon que i et j sont dans {1, 2, … , m} ou dans {m + 1,…,n}. On
obtient

(6)
Or, on a

et, de même, ∑ ∑ (-ai - aj) = 2(n - m)2B. Par ailleurs, en utilisant deux fois l’inégalité de convexité (4), il vient

(7)

La même inégalité tient pour ∑ ∑ |ai + aj|. Il vient donc

(8)

Par ailleurs, le terme de droite D = ∑ |ai| s’écrit

(9)

Posons α = et β = . On a α + β = 1, et avec ces notations,

Dans le cas où A ≥ B, les valeurs absolues s’enlèvent dans le terme de droite, qui devient α2 A + β2 B - 2αβB + αβ(A-B), qui est supérieur
à B(α-β)2, positif. Dans le cas où B ≥ A, le terme de droite est supérieur à A(α - β)2.

On a ainsi vérifié que G ≥ D, ce qui clôt notre démonstration.

1.3.Étude du cas d’égalité

Il est classique en mathématiques, lorsqu’on a prouvé une inégalité, de se demander dans quels cas cette inégalité devient une égalité.
Pour que cela soit le cas, il faut que dans la suite des inégalités successives, on ait à chaque fois une égalité.

Précisons tout d’abord que si les ai étaient tous de même signe, on a vu dans l’introduction que le terme G = ∑ |ai + aj|était égal
à 2D où l’on a posé D = ∑ |ai|. Il ne peut y avoir égalité dans l’inégalité G ≥ D que si D = G = 0, ce qui correspond au fait que tous
les ai sont nuls.

Supposons donc maintenant que les ai ne sont pas tous nuls, ce qui revient à D > 0, et considérons le cas d’égalité G = D. Alors les ai
ne peuvent pas être tous de même signe, ce qui permet de définir A,B,α,β. De plus, ces quatre valeurs seront strictement positives.

Supposons par symétrie A ≥ B. En reprenant l’inégalité (10), on a

Si G = D, alors le terme de droite étant la somme de deux nombres positifs, on a forcément α = β et A = B. Mais l’inégalité (7) doit
aussi être une égalité. Il nous faut donc étudier le cas d’égalité de l’inégalité de convexité.

L’inégalité de convexité de la valeur absolue provient de l’inégalité triangulaire. Or il est notoire que l’inégalité triangulaire ≤∑

|xi| n’est une égalité que lorsque tous les xi sont de même signe. L’inégalité de convexité (4) est alors une égalité lorsque tous les α + xi
sont positifs, ou lorsque tous les α + xi sont négatifs.

Dans le cadre d’application de l’inégalité (7), cela veut dire que B est soit inférieur, soit supérieur, à tous les a1 , … , am . Mais comme B
= A, tous les ai sont du même côté par rapport à leur moyenne. On voit alors que tous les a1,…,am sont égaux à leur moyenne A et que,
symétriquement, tous les am+1 , … , an sont égaux à leur moyenne -B = -A.

Nous avons ainsi prouvé une condition nécessaire : s’il y a égalité dans l’inégalité G ≥ D, alors m = , tous les a1,…,am sont égaux à une
même valeur +v, et tous les am+1,…,an sont égaux à -v. Notons au passage que n doit forcément être pair. Je laisse au lecteur le soin de
vérifier que cette condition est aussi suffisante.

2.Une inégalité fonctionnelle

2.1.Équivalence des problèmes fonctionnel et discret

Considérons une fonction f intégrable (au sens de Lebesgue) sur [0,1]. La valeur moyenne de |f| est naturellement définie par ∫ |f(x)|dx,
tandis que la valeur moyenne de |f(x) + f(y)| est définie par ∫ [0,1]2|f(x) + f(y)|dx dy.

L’inégalité discrète portant sur les valeurs moyennes devient alors

(10)
Cette inégalité était proposée en 2003 dans le cadre de la compétition Putman américaine1 1. Ce problème a été évoqué par Sébastien
GOUëZEL à l’issue de la conférence qu’il a donnée dans le cadre du séminaire mathématique des élèves du Lycée Louis-le-Grand. Qu’il en soit
ici remercié. . Les sources et les corrigés peuvent être obtenus à l’adresse http ://www.unl.edu/amc/a-activities/a7-problems/putnam.
La démonstration présentée ici comporte des éléments originaux, orientés vers des tentatives de généralisation à la dimension n.

Nous allons tout d’abord démontrer l’inégalité (10) à partir de l’inégalité discrète. Remarquons que l’inégalité discrète correspond à la
réalisation de (10) pour une fonction f en escalier à pas constant. Les résultats sur les sommes de Riemann prouvent que l’espace des
fonctions en escalier à pas constant est dense pour ||.||L1 dans l’espace des fonctions continues, lui-même dense dans l’espace des
fonctions intégrables. Il ne reste plus qu’à vérifier que

est continue au sens de L1. Or on a

Donc J est lipschitzienne, et ainsi continue. Par densité, l’inégalité (10) est donc valable pour toute fonction f intégrable sur [0,1]. CQFD

Le petit problème de cette démonstration est qu’il est difficile de conserver l’étude du cas d’égalité. Nous présentons donc une
démonstration autonome de l’inégalité fonctionnelle. Cette preuve est, dans l’esprit, identique à la démonstration de l’inégalité
discrète, mais elle s’écrit dans le langage des intégrales.

2.2.Démonstration autonome de l’inégalité fonctionnelle

Considérons donc une fonction f intégrable sur [0,1], au sens de Lebesgue. Soient A et B les parties de [0, 1] définies par A = {x
[0,1],f(x) ≥ 0} et B = {x [0,1],f(x) < 0}. On a clairement [0, 1] = A ∪ B. Si la mesure de A ou de B est nulle, la valeur absolue disparaît.
On a alors, par exemple dans le cas où f est positive,

(11)

ce qui conduit immédiatement à l’inégalité (10).

Nous supposons donc dans la suite que A et B ne sont pas de mesure nulle. On note μ(A) et μ(B) leurs mesures. On introduit alors la
valeur moyenne m+ de f lorsque f est positive, définie par m+ = ∫ Af dμ. Pour tout réel a, on peut utiliser l’inégalité triangulaire :

(12)

Ce qui conduit à

(13)

On introduit de la même façon m- = ∫ Bf dμ et on obtient pour tout réel a l’inégalité

(14)

Considérons la fonction f, définie sur [0,1] par f(t) = m+ si t A, et f(t) = m- si t B. On a alors pour tout réel a l’inégalité

(15)

L’inégalité (15) s’intègre sur [0,1], et pour toute fonction réelle g intégrable,

(16)

En particulier, on en déduit les inégalités successives

(17)

Pour la deuxième inégalité, on a utilisé le théorème de Fubini-Tonelli, qui autorise l’interversion des intégrations dans le cas des
fonctions positives.

La dernière intégrale est l’intégrale d’une fonction étagée sur [0,1]2, constante sur chacun des quatre pavés A × A,B × B,A × B et B × A.
On obtient alors

(18)

Maintenant, remarquons que

Comme μ(A) = μ(A)(μ(A) + μ(B)) et μ(B) = μ(B)(μ(A) + μ(B)), l’inégalité (10) est donc la conséquence de l’inégalité

(19)

On voit que |m+ -m-|-m+ -m- = -2min(m-,m+). Supposons d’abord que m+ ≥ m-. Le terme de gauche vaut alors

qui est supérieur à m-(μ(A) -μ(B))2, qui est bien positif. Dans le cas où m-≥ m+, on obtient une minoration par m+(μ(A) - μ(B))2. CQFD

2.3.Étude du cas d’égalité

Lorsque f est presque partout de signe constant, les valeurs absolues s’enlèvent, et on a alors

L’égalité n’a lieu ici que f est nulle. Dans la suite, nous supposerons qu’il y a égalité dans (10), que f n’est pas nulle, et donc que A et B
sont tous deux de mesure non nulle.

Le cas d’égalité dans la minoration du terme de gauche dans (19) implique que m+ = m- et que μ(A) = μ(B), la valeur commune de μ(A)
et μ(B) étant forcément . Il faut aussi avoir égalité dans l’inégalité triangulaire (13) et (14), qui n’a lieu que lorsque pour presque tout t,
les valeurs de f(t) sont du même côté de -a. Reportée dans (17), on en déduit que pour presque tout x A, les f(x) sont du même côté
de m-. Mais comme m- = m+, pour presque tout x A, la valeur de f(x) est égale à la moyenne m+. De même, pour presque tout x B,
on a f(x) = -m-. On a donc démontré la

Proposition 1 S’il y a égalité dans (10) pour une fonction f non nulle, alors f = f dans L1.

On vérifie sans peine que cette condition nécessaire est aussi suffisante. Remarquons qu’il ne peut y avoir d’égalité pour une fonction
continue non nulle.

3.Réduction aux variables aléatoires

3.1.Équivalence des problèmes aléatoire et fonctionnel

Nous allons tout d’abord vérifier que l’inégalité (10) est équivalente à l’inégalité suivante :

Proposition 2 Pour tout couple (X,Y ) de variables aléatoires indépendantes et de même loi, intégrables, on a

(20)

Démonstration. Pour démontrer cette équivalence, supposons d’abord que l’inégalité (20) sur les variables aléatoires est vérifiée. Soient
U1 et U2 deux variables aléatoires indépendantes et de même loi uniforme sur [0,1]. Soit f une fonction intégrable sur [0,1]. On pose X
= f(U1) et Y = f(U2 ). Alors X et Y sont deux variables aléatoires indépendantes, intégrables et de même loi. On a :

Ainsi l’inégalité (20) implique l’inégalité (10).

Réciproquement, supposons X et Y indépendantes et de même loi, intégrables. On cherche à prouver que la loi de X est la même que
celle de f(U), où U est une variable de loi uniforme sur [0, 1], et f une fonction intégrable adaptée, ce qui permettra de déduire (20) à
partir de (10). Ce résultat est en fait une application directe du théorème qui suit.

Théorème 1 Théorème de la modélisation Soit F la fonction de répartition d’une variable aléatoire réelle X. On définit F-1(t) = sup{x
R,F(x) ≤ t}. Si U est une variable aléatoire de loi uniforme sur [0,1], alors F-1(U) a même loi que X.

Démonstration. Il suffit de prouver que F-1(U) et X ont même fonction de répartition. On a pour tout y R,
On a ici utilisé le fait que F est continue à droite.

Remarque : s’il y a égalité dans l’inégalité probabiliste, alors en utilisant le cas d’égalité de l’inégalité fonctionnelle, la variable X est une
variable de type binomial, dont la loi charge une valeur +m avec probabilité 1⁄2, et charge la valeur opposée -m avec probabilité 1⁄2.

3.2.Une conjecture

Sous sa forme probabiliste, l’inégalité (20) se généralise au cas de la somme de n variables aléatoires indépendantes et de même loi. Si
X est une variable aléatoire intégrable, on pose

où X1 , … , Xn sont des variables aléatoires indépendantes, de même loi que X. L’inégalité (20) s’écrit alors C2 (X) ≥ 1 pour toute variable
X.

En guise de conclusion, je propose la conjecture suivante :

Conjecture : pour toute variable aléatoire X, Cn(X) ≥ Cn(B), où B est une variable aléatoire de type binomial, dont la loi est définie par
les probabilités IP(B = 1) = IP(B = -1) = 1⁄2.

La loi des grands nombres et le théorème central limite permettent juste de vérifier que lorsque n tend vers +∞, lim ≥ 1. Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Le théorème d’interversion des limites au service


des théorèmes du programme de MP
par Saab Abou-jaoudé
professeur de mathématiques en MP* au lycée privé Sainte Geneviève, Versailles

Ré SUM é. Cet exposé se propose de montrer l’utilité du théorème d’interversion des limites et ses points exacts d’application dans la démonstration de certains
théorèmes du programme de la classe MP, et notamment ceux de Fubini concernant les séries et intégrales doubles, en isolant, dans chaque cas d’application,
le lemme technique spécifique. Nous donnons en outre, en appendice, une démonstration du théorème de convergence dominée sur un segment.

MOTS-CL é S : Convergence dominée, intégrale multiple, interversion des limites, série double.

Dans ce qui suit, E désigne un espace de Banach (espace vectoriel normé complet) qui sera le plus souvent R ou C. On notera la
norme d’un élément x E. C’est la valeur absolue dans R ou le module dans C.

1.Le théorème d’interversion des limites

Soit (un,m ) une suite double à valeurs dans E. On se propose de donner une condition d’existence et d’égalité des limites suivantes :

cette dernière limite étant définie de la façon suivante :

Définition 1 On dit que (un,m) admet l pour limite quand (n,m) tend vers l’infini si :

L’élément l est noté limn,mun,m.

Remarque 1 L’existence de l entraîne, pour toutes suites (np) et (mp) d’entiers tendant vers + ∞, l’existence et l’égalité avec l de la limite
limpunp,mp, ce qui fournit un procédé commode pour établir la non existence de l.

On notera am (resp. bn) la limite limnun,m (resp. limmun,m), quand elle existe. Remarquons que ces limites peuvent exister ou non,
indépendamment les unes des autres, et que, si limnbn , lim m am et limn,mun,m existent, elles ne sont pas forcément égales ; par
exemple :

∙ un,m = (-1)n+m . Dans ce cas, am et bn n’existent pas et l = 0.

∙ un,m = . Dans ce cas, am = 0, bn = n et l n’existe pas.

∙ un,m = . Dans ce cas, am = 1, bn = -1 et l n’existe pas (considérer un,n et u2n,n ).

∙ un,m = . Dans ce cas, am = 1, bn = 1 et l n’existe pas.

Pour établir le théorème d’interversion des limites, nous aurons besoin des définitions suivantes :

Définition 2

On dira que (un,m) admet am pour limite en n uniformément par rapport à m si :

On écrira : am = limn,U⁄mun,m, ou : un,m -→ am .

On dira que (un,m) vérifie le critère de Cauchy en n uniformément par rapport à m si :

Proposition 3 E étant complet, les propriétés (1) et (2) apparaissant ci-dessus sont équivalentes.

Démonstration. ∙(1) entraîne (2) par application de l’inégalité triangulaire.

∙ Supposons (2) vérifiée. Soit ɛ > 0 et N N réalisant :

Pour m fixé, la suite (un,m) est de Cauchy dans E complet. Elle converge donc vers une limite am. Passant à la limite dans l’inégalité ci-
dessus quand q → +∞, on obtient :

c’est-à-dire (1).

Théorème 2 (d’interversion des limites) Soit (un,m) une suite double dans E. On suppose que :

1. limnun,m = am existe.
2. limmun,m = bn existe.
3. La limite en n est uniforme par rapport à m (i.e. am = limn,U⁄mun,m).

Alors : lim m am , limnbn et limn,mun,m existent et sont égales.

Démonstration. Soit ɛ > 0 fixé et N un entier tel que :

Faisant tendre q vers + ∞, on obtient, par l’hypothèse 1 :

Faisant tendre m vers + ∞ dans la première relation ci-dessus, on obtient, par l’hypothèse 2 :

La suite (bn ), étant ainsi de Cauchy dans E complet, y admet donc une limite l. Faisant tendre q vers + ∞ dans la relation ci-dessus,
on obtient :

Écrivons maintenant l’hypothèse 2 pour n = N. Il existe un entier N1 tel que :

Dans ces conditions, pour m ≥ N1, en utilisant l’inégalité triangulaire et les relations ci-dessus, on a :

puis, pour n ≥ N, m ≥ N1, on a :

ʹ
Remarque 2 L’hypothèse 3 ci-dessus peut être remplacée par l’hypothèse 3 :

Nous laissons au lecteur le soin d’en faire la démonstration.

2.Applications

2.1.Limite uniforme d’une suite de fonctions ayant une limite

Théorème 3 Soit A une partie d’un espace normé F, a un point de F adhérent à A (a fini ou infini) et (fn ) une suite de fonctions de A
dans E (Banach). On suppose que :

1. La suite (fn) converge uniformément sur A vers une fonction f : A → E.


2. Pour tout n N, limx→a, x Afn(x) = ln existe.

Alors : lim x→a, x Af(x) et limnln existent et sont égales.

Démonstration. Soit (xm) AN convergeant vers a. On pose : un,m = fn(xm). Alors limn,U⁄mun,m existe et vaut f(xm). Pour n fixé, limmun,m
= ln.

On conclut par la caractérisation séquentielle de la limite.

2.2.Théorème de Fubini pour les séries doubles

Théorème 4 (de Fubini) Soit (xn,m) une suite double dans E. On suppose que :

1. ∑ = ln existe.
2. ∑ ln existe.
Alors :

1. Pour tout n N, ∑ xn,m existe.


2. Pour tout m N, ∑ xn,m existe.

3. Les deux séries ∑ n ∑ xn,m , ∑ m ∑ xn,m et la suite double sont convergentes et on a les égalités :

Démonstration. La démonstration des points 1 et 2 est laissée au lecteur (pour le point 2, utiliser ∑ ≤ ∑ ln).

Pour le point 3, posons : un,m = ∑ ∑ xp,q. L’hypothèse 1 montre que, à p fixé, la série ∑ qxp,q absolument convergente est
convergente, donc, pour n fixé,

Par ailleurs, pour r > s, on a :

d’où, par l’inégalité triangulaire,

la deuxième inégalité étant obtenue en majorant la suite croissante ∑ par sa limite lp. La série ∑ lp étant convergente, elle est de
Cauchy, ce qui valide le critère de Cauchy pour la suite un,m en n uniformément par rapport à m. On conclut par application du
théorème d’interversion des limites.

Remarque 3 On définit σn = ∑ p+q≤nxp,q et sn = ∑ ∑ . Par application du théorème 3 à la suite double ( ), la suite (sn) est
convergente. On a de plus l’encadrement :

Ceci prouve accessoirement que la série ∑ n est convergente et que sa somme est égale à celle de la série double.

Définition 3 On pourra dire que la série double ∑ p ∑ qxp,q est absolument convergente (ou sommable) si la suite double (xp,q) vérifie les
hypothèses du théorème 3.

2.3.Le théorème de convergence dominée sur un intervalle

On utilisera les notations suivantes :

C(I, E) désigne l’espace vectoriel des fonctions continues sur l’intervalle I, à valeurs dans E.
CM(I, E) désigne l’espace vectoriel des fonctions continues par morceaux sur l’intervalle I à valeurs dans E.
Int(I, E) désigne le sous-espace vectoriel de CM(I,E) des fonctions intégrables sur I.
Si J est un segment, on a : Int(J,E) = CM(J,E).

On admet le lemme suivant de convergence dominée sur un segment, dont la preuve figure en appendice :

Lemme 1 (de convergence dominée sur un segment) Soit J un segment de R, (fn) une suite de C(J, R+ ) convergeant simplement sur J
vers 0.

On suppose que : ∃M R ∀n N ∀x J ≤ M.

Alors limn ∫ Jfn = 0

Ce lemme est étendu à une suite (fn) de CM(J,R+) en établissant qu’il existe, pour une fonction f CM(J, R+ ), et pour tout ɛ > 0, une
fonction g C(J,R+) qui vérifie les deux conditions :

On commence par établir ce résultat pour une fonction en escalier, puis on approche uniformément f par valeurs inférieures à ɛ près,
par une fonction en escalier.

On en déduit le corollaire suivant :

Corollaire 1 Soit J un segment de R, (fn) une suite de CM(J,E) convergeant simplement sur J vers une limite f CM(J,E).

On suppose : ∃M R ∀n N ∀x J ≤ M.

Alors : lim n ∫ Jfn = ∫ Jf = ∫ J limnfn.

On applique le lemme étendu à la suite de fonctions de CM(J,R+) qui converge simplement vers 0 et qui est majorée par 2M. On
termine par :

On en déduit, avec le théorème 1 d’interversion des limites, le résultat suivant :

Théorème 5 (de convergence dominée) Soit I un intervalle de R et (fm) une suite de CM(I, E) convergeant simplement sur I vers f dans
CM(I,E). On suppose qu’il existe φ Int(I, R+ ) telle que :

Alors :

1. ∀x I ≤ φ(x).
2. Toutes les fonctions fm ainsi que f sont intégrables sur I (dans Int(I,E) ).
3. limm∫ Ifm = ∫ If = ∫ I limmfm.

Démonstration. ∙1 s’obtient par passage à la limite à x fixé dans l’inégalité :

∙ L’assertion 2 s’obtient immédiatement avec le théorème de comparaison.

∙ Pour 3, on considère une suite exhaustive (Jn) de segments de I et on pose :

Pour m fixé, on a :

Ce qui établit la convergence de un,m vers am uniformément par rapport à m.

D’autre part, pour n fixé, soit M un majorant de φ sur Jn. On a :

Le corollaire 1 nous donne :

On en déduit, par application du théorème d’interversion des limites :

2.4.Le théorème de convergence dominée pour les séries

Nous exprimons le lemme de base en terme de suites et non de séries car il nous paraît plus compréhensible sous cette forme. Nous
donnons ensuite la formulation en terme de série.

Lemme 2 Soit J un segment de R et (fn) une suite de CM(J,E) convergeant simplement sur J vers une limite f de CM(J,E).

On suppose que la série de terme général ∫ J est convergente.

Alors : limn ∫ J = 0 et limn ∫ Jfn = ∫ Jf = ∫ J limnfn.

Démonstration. Soit p un entier fixé et, pour n entier ≥ p, hn la fonction définie sur J par :
∙ La fonction , continue par morceaux sur J, y est bornée par M.

∙ Par ailleurs, avec l’inégalité triangulaire, on a :

De plus, pour x fixé dans J :

⊳ ou bien il existe un entier n0 tel que : ∑ ≥ .

Alors, ∀n ≥ n0 hn(x) = .

⊳ Ou bien pour tout entier n, on a : ∑ ≤ .

Alors, ∀n N hn(x) = ∑ ≥ ,

et le minorant tend vers quand n tend vers + ∞.

Dans tous les cas, on a : limnhn(x) = et la suite (hn) est positive croissante. Elle est donc majorée par M sur J. Par le
théorème de convergence dominée sur un segment,

D’autre part, par définition de hn, on a :

Donc :

On en déduit donc, par passage à la limite quand n → +∞,

Le majorant est le reste d’une série convergente. Avec l’inégalité :

le résultat annoncé s’obtient alors de façon immédiate.

On en déduit le théorème :

Théorème 6 Soit I un intervalle de R et (fn) une suite de Int(I,E) convergeant simplement sur I vers f de CM(I,E).

On suppose que la série de terme général ∫ I est convergente.

Alors f est intégrable sur I et on a : limn ∫ Ifn = ∫ If = ∫ I limnfn.

Démonstration. En remarquant que, si J est un segment de I, la convergence de la série ∑ ∫ I entraîne, par majoration, celle de
la série ∑ ∫ J , la démonstration par le théorème d’interversion des limites est une copie de celle du théorème 4. Mais il est plus
court d’utiliser l’inégalité :

dont la première partie est établie ci-dessus et qui est valable pour tout segment J de I. Elle nous donne, non seulement l’intégrabilité
de f - fp sur I donc celle de f mais aussi l’inégalité :

ce qui établit le résultat annoncé.


En langage de série l’énoncé devient :

Théorème 7 Soit I un intervalle de R et ∑ un une série de fonctions éléments de Int(I,E) convergeant simplement sur I et de somme f
continue par morceaux sur I.

On suppose que la série de terme général ∫ I est convergente.

Alors f est intégrable sur I et on a : ∑ ∫ Iun = ∫ If = ∫ I ∑ un.

2.5.Le théorème de Fubini pour les intégrales doubles sur un rectangle.

Rappels

On appelle rectangle (resp. pavé) de R2 un ensemble de la forme I ×Iʹ où I et Iʹ sont des intervalles (resp. des segments) de R.
Si P = J ×Jʹ est un pavé de R2 et f une fonction continue sur P (à valeurs dans E) on a la formule de Fubini :

et la valeur commune est notée ∫ ∫ Pf.

On note f(.,y) (resp. f(x,.)) la fonction x → f(x,y) (resp. y → f(x,y)).


On dit que la fonction f continue sur le rectangle R = I × Iʹ est intégrable sur R si l’ensemble des ∫ ∫ P lorsque P parcourt
l’ensemble des pavés contenus dans R est majoré. On démontre alors que si (Pn = Jn × J ) est une suite exhaustive de pavés dans I
× Iʹ (i.e. (Jn) (resp. (J )) est une suite exhaustive de segments de I (resp. Iʹ) ), la suite des intégrales admet une limite qui
ne dépend pas de la suite (Pn) exhaustive choisie. La valeur de cette limite est notée ∫ ∫ Rf.
Lorsque f est à valeurs dans R+, l’intégrale de f sur R est aussi la borne supérieure des ∫ ∫ Pf lorsque P décrit l’ensemble des
pavés contenus dans R.

Si f est intégrable sur I ×I ʹ, et si J et Jʹ sont des intervalles contenus respectivement dans I et Iʹ, f est intégrable sur J × Iʹ et sur I × Jʹ
et on a les inégalités :

Il suffit pour cela de remarquer que tout pavé de J × I ʹ ou de I × Jʹ est un pavé de I × I ʹ .

On remarquera aussi que la fonction J →∫ ∫ J×Iʹ , définie sur l’ensemble S(I) des segments de I, est croissante et « tend vers ∫ ∫ I×Iʹ
quand J tend vers I » au sens suivant :

Pour le voir, on utilise la caractérisation de la borne supérieure en choisissant, pour ɛ > 0 fixé, J0 S(I), J S(I ʹ) tels que :

On a alors, pour tout J S(I) contenant J0,

On remarquera enfin que si R est un rectangle, P un pavé contenu dans R et f une fonction intégrable sur R,

Le but est ici de généraliser la formule de Fubini au cas d’un rectangle au lieu d’un pavé, moyennant des hypothèses convenables sur f.
On commence par établir le lemme :

Lemme 3 Soit J un segment de R, Iʹ un intervalle et f une fonction continue et intégrable sur J × Iʹ , à valeurs dans E. On suppose que :

1. Pour tout x J, la fonction f(x,.) est intégrable sur Iʹ.


2. la fonction g(x) = ∫ Iʹf(x,y)dy est continue par morceaux sur J.

Alors, on a : ∫ ∫ J×Iʹf = ∫ Jg = ∫ J dx.

De plus, on a : ∫ J ≤∫ ∫ J×Iʹ

Démonstration. Soit (Kn) une suite exhaustive de segments de Iʹ et (gn) la suite de fonctions définies sur J par la formule : gn(x) = ∫
Knf(x,y)dy. On a, par intégrabilité de f(x,.) sur Iʹ :
D’autre part, il est facile de voir, en utilisant ≤∫ Kn+1 -∫ Kn , valable pour toute fonction h continue par morceaux sur Iʹ,
que l’on a :

et le majorant est le terme général d’une série télescopique de somme partielle majorée par ∫ ∫ J×Iʹ . On est dans les conditions
d’application du lemme 2 à la suite de fonctions (gn) et l’on a :

Mais lim n ∫ Jgn n’est autre que ∫ ∫ J×Iʹf puisque (J × Kn) est une suite exhaustive de J × I ʹ, d’où le résultat annoncé.

On en déduit de plus, par l’inégalité triangulaire :

On peut établir maintenant, par le théorème d’interversion des limites, la formule de Fubini.

Théorème 8 (de Fubini pour les intégrales) Soit R = I ×I ʹ un rectangle de R2 et f une fonction continue sur R à valeurs dans E,
intégrable sur R. On suppose que :

1. Pour tout x I f(x,.) est intégrable sur I ʹ.


2. La fonction g(x) = ∫ Iʹf(x,y)dy est continue par morceaux sur I.

Alors :

1. La fonction g est intégrable sur I.


2. On a l’égalité : ∫ ∫ Rf = ∫ Ig = ∫ I dx.

Démonstration. D’abord, si J est un segment de I, on a les inégalités :

ce qui établit l’intégrabilité de g sur I.

Soit alors (Jn ) (resp. (Kn) ) une suite exhaustive de segments de I (resp. I ʹ). Posons :

Par l’intégrabilité de f sur Jm × Iʹ et sur I × Kn, rectangles contenus dans R, on a :

De plus la première limite en n est uniforme par rapport à m. En effet, par utilisation de (α) et (β), on a :

On en déduit :

Mais, par le lemme 3, le terme de gauche est limm ∫ Jmg, d’où le résultat annoncé.

3.Appendice : démonstration du lemme de convergence dominée sur un segment

Il existe dans la littérature de nombreuses démonstrations de ce lemme (voir, par exemple [1] ou [3] ). En voici une, qui utilise les
fonctions semi-continues et qui s’inspire de [3].

Dans tout ce qui suit, I = [a,b] désigne un segment de R. Pour une fonction f C(I,R), on notera, pour simplifier, ∫ f l’intégrale de f sur
I.
Nous aurons besoin de la version suivante du lemme de Dini :

Lemme 4 Soit (fn) une suite croissante de C(I,R), convergeant simplement sur I vers une fonction f positive ou nulle sur I. Alors limn ∫ fn
≥ 0 ( dans R ).

En particulier si f = 0, limn ∫ fn = 0.

Démonstration. ∙ Soit ɛ > 0 fixé, et, pour tout n N, l’ensemble An = . Les An constituent une suite décroissante de
fermés bornés d’intersection vide. D’après le théorème des fermés emboîtés d’un compact, l’un des An, disons Am, est vide, soit :

Ainsi : ∫ fm ≥-ɛ(b - a). La suite (fn) étant croissante, limn ∫ fn existe dans R et vérifie :

Cette limite est donc positive ou nulle.

∙ Si f = lim n fn = 0, on a : ∀n ∫ fn ≤ 0 et : limn ∫ fn ≤ 0. Les deux inégalités nous donnent alors :

On aura besoin de la définition qui suit des fonctions semi-continues inférieurement (sci).

Définition 4 On dit qu’une fonction f de I dans R est sci s’il existe une suite croissante (fn ) dans C(I, R) qui converge simplement sur I
vers f. Une telle suite (fn) sera dite « adaptée à f ».

Remarque 4 La définition standard de f sci est :

On démontre (voir [2]), mais nous n’en avons pas besoin ici, que ces deux définitions sont équivalentes.

On se propose de définir une intégrale des fonctions sci qui prolonge celle des fonctions continues (qui sont trivialement sci). Pour
cela on établit :

Lemme 5 Soit f une fonction sci bornée, (fn) une suite adaptée à f et g dans C(I,R) qui vérifie :

Alors :

Démonstration. D’abord, si M est un majorant de la fonction bornée f, on a :

On applique le lemme précédent à la suite (fn - g) adaptée à f - g ≥ 0. Il vient :

Corollaire 2 Soit f une fonction sci bornée et (fn), (gn) deux suites adaptées à f. Alors :

Démonstration. En effet, pour m fixé, le lemme appliqué à gm nous donne :

donc :

Le résultat s’en déduit par permutation de (fn) et (gn).


On peut alors poser la définition suivante :

Définition 5 Soit f une fonction sci bornée de I dans R et (fn) une suite adaptée à f. On appellera intégrale de f et on notera ∫ f la
quantité limn ∫ fn.

Remarque 5 Les deux remarques suivantes sont évidentes et utiles dans ce qui suit :

∙ Si f est sci, g continue, f - g est sci et : ∫ (f - g) = ∫ f -∫ g.

∙ Si f et g sont sci et f ≤ g, alors : ∫ f ≤∫ g.

Le théorème suivant étend le résultat du lemme 4 aux fonctions sci.

Théorème 9 (de convergence bornée) Soit (fn) une suite de fonctions sci bornées de I dans R+ convergeant simplement en décroissant
vers 0. Alors :

Démonstration. Remarquons d’abord que : ∀n N 0≤∫ fn < +∞, car les fn sont positives bornées.

Soit alors ɛ > 0 fixé, et, pour tout n N, gn C(I,R+) telle que :

qu’on écrit encore :

Définissons hn = inf k≤ngk. La fonction hn est continue positive, majorée par fn et hn+1 = inf (hn , gn+1) ≤ hn. La suite (hn) converge donc
simplement en décroissant vers 0. Par application du lemme 4 à la suite (-hn), on a : limn ∫ hn = 0. Par ailleurs, utilisant la décroissance
de (fn ) on a :

Par intégration sur I, et utilisation de l’inégalité de définition de gn, on obtient :

Cette inégalité conjuguée avec ∫ (f0 -h0) = ∫ (f0 -g0) ≤ permet d’obtenir, par récurrence, l’inégalité :

La convergence de ∫ hn vers 0 permet de majorer ∫ fn par 2ɛ à partir d’un certain rang n0, ce qui établit le résultat annoncé.

Corollaire 3 (convergence bornée pour les fonctions continues) Soit (fn) une suite de fonctions de C(I,R+) convergeant simplement sur I
vers 0. On suppose qu’il existe un réel M majorant sur I toutes les fonctions fn. Alors : limn ∫ fn = 0.

Démonstration. Soit gn = limk(sup0≤p≤kfn+p). La suite (gn) est une suite de fonctions sci bornée par M, majorant (fn) et tendant en
décroissant vers 0. On applique le théorème et la majoration pour conclure.

Références

[1] Richard ANTETOMASO. Lebesgue partout. RMS, volume 104, pages 481-490.
[2] Gustave CHOQUET. Topologie II. Masson, 1964.
[3] Hervé PéPIN. Convergence monotone et convergence dominée. RMS, volume 107, pages 199-206.
Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Duplication sous l’action d’un groupe


par Michel Alessandri
professeur de mathématiques en MPSI à Montpellier

Ré SUM é. Commentaires sur l’épreuve de mathématiques générales de l’Agrégation Interne de Mathématiques 2004. Ensembles G-dédoublables. Ensembles G -
paradoxaux. Leur non-existence dans certains cas. Constructions d’exemples dans d’autres cas. Compléments non abordés dans le problème.

MOTS-CL é S : action de groupe, plan hyperbolique, croissance d’un groupe, mesure finiment additive, mesure exotique.

Cet article est dédié à la mémoire de Jean-Marie Exbrayat, disparu prématurément. En souvenir de sa grande générosité, de son sens
profond de l’esthétique en mathématique et de notre belle amitié.

1.Les thèmes abordés dans le problème

Le problème d’Algèbre-Géométrie de l’Agrégation Interne de Mathématiques 2004 aborde le thème des paradoxes liés à la duplication
géométrique d’un ensemble sous l’action d’un groupe G. Le texte en présente deux aspects : les ensembles G-dédoublables (Parties
I,II,III) et plus généralement les ensembles G-paradoxaux (Partie V).

Rappelons ces deux définitions, données dans [1].

⊳ Soit E un ensemble non vide et G un groupe de permutations de E. Une partie non vide P de E est dite G-dédoublable s’il existe
des parties Q et R complémentaires dans P et des éléments g et h de G tels que g(P) = Q et h(P) = R.

⊳ On suppose maintenant qu’un groupe G opère sur E. Une partie P de E est G-paradoxale s’il existe des parties non vides Q et R
complémentaires dans P , des partitions finies 1≤i≤met 1≤j≤n de Q et R respectivement et des suites finies 1≤i≤m et 1≤j≤nde G
telles que 1≤i≤m et 1≤j≤n soient des partitions de P.

La définition des parties G-dédoublables garde un sens lorsque G opère sur un ensemble E (remplacer g(P) par g *P . . .). Dans ce
cadre on peut montrer qu’une partie de E est G-paradoxale si et seulement si elle est G-dédoublable sous l’action de transformations
induites par des éléments de G, mais seulement ”par morceaux”.

Précisément :

(1) Si X, Y sont des parties non vides de E on note X ~G Y lorsqu’il existe des partitions finies présentant le même nombre de
”morceaux” notées : 1≤k ≤r, 1≤k ≤r ainsi qu’une suite finie d’éléments de G : 1≤k ≤r vérifiant gk * Xk = Y k (1 ≤ k ≤ r).

(2) Résultat . Une partie non vide P de E est G-paradoxale si et seulement s’il existe une partition (Q, R) de P telle que Q ~G P ~G R.

Les groupes retenus opèrent en préservant la métrique euclidienne sur R ou R2, la métrique hyperbolique sur le demi-plan de Poincaré,
ou bien seulement l’aire sur R2.

1.1.Un résultat dans le plan

On note d le groupe des isométries affines de Rd. Dès la Partie I on montre qu’aucune partie bornée du plan n’est 2-dédoublable. La
méthode suivie, qui utilise la notion de disque enveloppant minimal, est la preuve due à H.Hadwiger et R.Debrunner (1964) (voir [5]).

1.2.La croissance d’un groupe

Rappelons la définition de cette croissance, donnée dans [1], et validée dans [2]. Soit G un groupe, noté multiplicativement. Une partie
S de G est dite symétrique si pour tout s S, s-1 S. Pour n N , on note γS(n) le nombre d’éléments de G qui s’expriment comme un
produit d’au plus n éléments de S. La limite de la suite est un réel Cs au moins égal à 1. Si Cs > 1 pour au moins une partie
symétrique S, on dit que G est à croissance exponentielle. Sinon on dit qu’il est à croissance sous-exponentielle. Par exemple un groupe
abélien est à croissance sous-exponentielle ; le groupe d des isométries affines de Rdest à croissance sous-exponentielle pour d = 1 et à
croissance exponentielle pour d ≥ 2.

L’existence d’une partie G-paradoxale impose une croissance exponentielle du groupe. Autrement dit, une croissance trop faible du
groupe G fait obstacle à la G-duplication. On montre ainsi un théorème de W.Sierpinski : aucune partie de R n’est dédoublable sous
l’action du groupe 1 (voir la Partie III dans [1] et [2]).

1.3.Une construction systématique d’ensembles G-paradoxaux

Cette approche remonte à von Neumann (1929). Supposons que le groupe G se révèle paradoxal lorsqu’on le fait agir sur lui-même par
translations. Typiquement, il contient un clone du groupe libre de rang deux : F2 = Z * Z. Un tel groupe rend alors paradoxal CHAQUE
ensemble E sur lequel il opère SANS POINT FIXE dans la mesure où E n’est alors qu’un ”empilement” de copies du groupe : ses
orbites.

Dans [1] (Partie IV) le groupe Γ est précisément du type F2 et on le fait agir sans point fixe sur le plan hyperbolique H2 (action
isométrique) puis sur une partie bornée de R2. Cette dernière action préserve seulement l’AIRE et la Partie I montre que l’on ne
pouvait espérer une conservation de la métrique euclidienne.
Le paradoxe de Sierpinski-Mazurkiewicz, c’est-à-dire l’existence d’une partie du plan 2 -dédoublable (nécessairement non bornée
d’après la Partie I), présenté à la Partie II, relève de la même idée, mais cette idée est exploitée avec un demi-groupe.

2.Exemple de question ouverte

Signalons un exemple de question encore ouverte à notre connaissance et étroitement liée au texte du problème. Existe-t-il une partie
bornée du plan qui soit 2-paradoxale ? On peut montrer que ceci revient à tenter de dédoubler une partie bornée du plan sous
l’action de transformations planes qui sont des isométries, mais seulement ”par morceaux”. On renvoie au 1) pour une définition
précise.

3.Autres thèmes, non abordés dans le problème

Le texte était suffisamment long et laissait de côté divers aspects fondamentaux de la problématique montrant que celle-ci n’a rien
d’anecdotique et qu’elle relève finalement d’une approche GÉOMETRIQUE de la théorie des groupes. Suivent quelques pistes.

3.1.Le paradoxe de Hausdorff-Banach-Tarski

Dans le langage présenté, on peut formuler une version faible, due à Hausdorff, de ce célèbre paradoxe : la sphère est 3-paradoxale.
On utilise le fait que 3 contient un sous-groupe libre de rang 2 puis on procède comme dans la partie V.

On peut par exemple considérer le sous-groupe G engendré par les matrices de rotation : a = ; b = .

Faire opérer G sans points fixes sur S2 devient possible en le faisant opérer sur la partie G-invariante S2 \ D où D est l’ensemble
(dénombrable) des traces sur S2 des axes des diverses rotations de G \ {Id}.

Dans un second temps, on peut (par une astuce purement technique, mais tout de même spectaculaire !) se permettre de remplacer S2
\ D par S2, ce qui rend la sphère SO3-paradoxale.

Reprenons les notations de la Partie V dans [1] où l’on s’intéresse à l’action linéaire de Γ sur R2, mais vue ”modulo 1”. La même astuce
permet aussi de montrer que la partie [0,1]2 est Γ-paradoxale.

3.2.Le lien avec les mesures finiment additives

⊳ Adoptons un point de vue géométrique et considérons un groupe G qui agit sur un ensemble E.

L’existence (resp. l’absence) de parties G-paradoxales est à relier à l’absence (resp. l’existence) de mesures FINIMENT additives et G-
invariantes sur E.

C’est en ces termes que l’on sait CARACTÉRISER depuis Tarski (1938) les ensembles E qui sont G-paradoxaux.

⊳ Le sujet se révèle très riche lorqu’on pose (en suivant von Neumann) le problème sur le groupe lui-même. Le résultat de Tarski
s’énonce alors comme suit :

Les groupes non paradoxaux sont précisément les groupes moyennables

c’est-à-dire les groupes G pour lesquels il existe une mesure μ universelle (ie définie sur l’ensemble de toutes les parties de G),
FINIMENT ADDITIVE (ie μ(AUB) = μ(A) + μ(B) si A et B sont disjointes), invariante à gauche ie (μ(gA) = μ(A) si g G) et vérifiant μ(G)
= 1 (ce qui écarte les cas triviaux μ = 0 et μ = ∞ et peut être vu aussi comme une condition de normalisation).

Bien entendu, l’existence d’une telle mesure interdit clairement à G d’être paradoxal.

⊳ Si G contient une copie de F2, il est clairement paradoxal, mais ce n’est pas la seule possibilité. En 1980, Ol’shanskii a construit un
groupe paradoxal dont tout élément est d’ordre fini ! Autrement dit la classe des groupes moyennables ne coïncide pas avec celle des
groupes ne contenant pas de groupe libre de rang 2. Toutefois, dans le cadre des groupes matriciels, (Tits, 1972), ces deux classes sont
identiques.

3.3.Mesures exotiques

Pour conclure, citons le problème de (Lebesgue)-Ruziewicz : la mesure de Lebesgue est notoirement invariante par isométries
euclidiennes, mais cette propriété la caractérise-t-elle parmi les mesures finiment additives ?

Une mesure μ finiment additive sur Rn ou sur la sphère Sn est dite exotique lorsqu’elle est définie sur l’ensemble des parties bornées et
mesurables au sens de Lebesgue, qu’elle est invariante par isométries euclidiennes, MAIS qu’elle ne coïncide pas avec la mesure de
Lebesgue. Bien entendu, pour éviter un bête changement d’échelle, toutes les mesures sont supposées normaliser [0,1]n ou Sn .

Résultat 1 (Banach, 1923) : il existe des mesures exotiques sur R, R2 et S1.

Résultat 2 (de 1979 à 1985) : il n’existe aucune mesure exotique sur les autres Rn et Sn .

La liste des mathématiciens ayant apporté leur pierre à l’édifice est impressionnante : del Junco et Rosenblatt, Margulis, Sullivan, et
pour finir Drinfeld !

Bibliographie

[1] Agrégation Interne de mathématiques, RMS 114-2 ; énoncé 6980, Editions Garnier.
[2] Agrégation Interne de mathématiques, RMS 114-3 ; corrigé 6980, Editions Garnier.

[3] J.Mycielski et S.Wagon, Large free groups of isometries and their geometrical uses, Ens. Math. 30 (1984).

[4] S.Wagon, the Banach-Tarski Paradox, Cambridge University Press, 1994.

[5] H.Hadwiger, H.Debrunner et V.Klee, Combinatorial Geometry in the Plane, New York ; Holt, Rinehart and Winston, 1964.

[6] P.de la Harpe, Topics in Geometric Group Theory, The University of Chicago Press, 2000.

. Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Algorithme de réduction des matrices dans les


anneaux principaux
par J.-M. Arnaudiès et Pierre Delezoide
J.-M. Arnaudiès : Professeur honoraire

P. Delezoide : PSI* Lakanal
Pierre.Delezoide@wanadoo.fr

Ré SUM é. L’objectif de cet article est de discuter de la complexité en général de l’algorithme de réduction sous la forme normale de Smith de matrices à coefficients

dans un anneau principal, que nous avons présenté dans la RMS 114, n∘ 3, pages 29 à 34.

MOTS-CL é S : Smith, idéaux, Fitting, réduite, principal, Bézout, pgcd, anneau, matrice, arithmétique.

1.Equivalences modulo GL, modulo SL

Nous avons décrit dans la RMS 114-3 un algorithme qui, étant donnée une matrice M n,m(A), où A est un anneau principal, permet
de calculer deux matrices P SLn(A) et Q SLm(A) et une suite (λ1 , … , λr) croissante pour la divisibilité et constituée d’éléments non
nuls de A, telles que :

L’entier r est évidemment le rang de la matrice M. La matrice de droite dans cette égalité sera notée Sn,m (λ1 , … ,λr). Quand cette
notation est utilisée, on sous-entend λ1|λ2|…|λr.

Nous allons démontrer dans le chapitre suivant l’unicité à facteurs inversibles près de la suite (λ1 , … , λr ). Précisément nous
démontrerons que si PMQ = Sn,m(λ1,…,λr) et PʹMQʹ = Sn,m (λʹ1,…,λʹr), où P,Pʹ GLn(A), Q,Qʹ GLm(A), (λ1,…,λr) et (λʹ1,…,λʹr) suites
croissantes pour la divisibilité constituées d’éléments non nuls de A, alors il existe u1,…,ur inversibles dans A, tels que λʹi = ui λi pour
tout i [1,r]. Admettons pour l’instant ce résultat et dans ces conditions introduisons le vocabulaire suivant : si PMQ = Sn,m(λ1,…,λr)
on dira que la suite (λ1 , … , λr ) est une suite d’invariants de M et que la matrice Sn,m(λ1,…,λr) en est une forme normale de Smith.

La relation entre M et Mʹ dans n,m(A) définie par

est une relation d’équivalence sur n,m(A) qui sera appelée l’équivalence modulo GL. On définit de manière analogue une équivalence
plus fine, l’équivalence modulo SL. D’après ce qui vient d’être admis, si les matrices Sn,m(λ1,…,λr) et Sn,m(λʹ1,…,λʹr) sont équivalentes
modulo GL il existe une suite (u1,…,ur) d’éléments inversibles dans A, tels que λʹi = ui λi pour tout i [1, r].

Nous avions introduit dans la description de l’algorithme une relation d’équivalence a priori plus fine que l’équivalence modulo SL :
deux matrices M et Mʹ dans n,m(A) sont dites équivalentes (algorithmiquement) si on peut obtenir l’une en transformant l’autre par
une suite d’opérations élémentaires portant sur les lignes ou les colonnes. Rappelons que ce que nous avons appelé opération
élémentaire sur les lignes est une transformation de la forme :

Les opérations élémentaires sur les colonnes sont définies de manière analogue. Deux matrices algorithmiquement équivalentes sont
équivalentes modulo SL (donc modulo GL), car une transformation élémentaire sur les lignes correspond à la multiplication à gauche
par un élément de SLn(A) et une opération élémentaire sur les colonnes correspond à la multiplication à droite par un élément de SL m
(A).

Etudions maintenant le problème inverse. Supposons que M et Mʹ soient équivalentes modulo GL. La matrice M est
algorithmiquement équivalente à une matrice sous forme normale N = Sn,m (λ1 , … ,λr) et Mʹà Nʹ = Sn,m(λʹ1,…,λʹr). Les matrices N et Nʹ
sont évidemment équivalentes modulo GL, donc il existe des inversibles (u1,…,ur) tels que λʹi = ui λi pour i [1, r]. Pour i < r
effectuons à partir de la matrice initiale Nʹ les opérations élémentaires (Ci , Cr ) ← (u Ci,uiCr). On arrive à une matrice Nʹʹ
algorithmiquement équivalente à Nʹ, de la forme Nʹʹ = Sn,m(λ1,…,λr-1,uλr) où u = u1…ur. Si r < m on peut terminer par l’opération
élémentaire (Cr , Cm) ← (u-1Cr,uCm) qui transforme Nʹʹ en N (puisque Cm = 0) ; si r < n on peut utiliser l’opération élémentaire (Lr,Ln)
← (u-1Lr,uLn) pour arriver à N ; dans ces conditions M et Mʹ sont algorithmiquement équivalentes. Enfin si n = m = r, les matrices M
et Mʹ sont carrées régulières et u = det(Mʹ)⁄det(M) ; dans ce cas M et Mʹ, équivalentes modulo GL, sont algorithmiquement équivalentes
si, et seulement si, elles ont même déterminant. Ayant admis provisoirement le résultat qui sera démontré dans le paragraphe 2, on
peut conclure de cette étude que l’équivalence algorithmique et l’équivalence modulo SL sont identiques, que si M et Mʹ ne sont pas
carrées régulières elles sont équivalentes modulo SL si, et seulement si, elles sont équivalentes modulo GL, et que si M et Mʹ sont
carrées régulières elles sont équivalentes modulo SL si, et seulement si, elles sont équivalentes modulo GL et ont même déterminant.

2.Idéaux de Fitting, unicité des invariants

L’idéal de Fitting Fk(M), où M n,m(A), est l’idéal engendré par les mineurs d’ordre k de la matrice M. Nous voulons démontrer que
les idéaux de Fitting de deux matrices équivalentes modulo GL sont égaux. Pour cela montrons d’abord que si M n,m(A) et Q
m(A), les mineurs d’ordre k de MQ sont des combinaisons linéaires (à coefficients dans A) des mineurs d’ordre k de M ou encore
Fk(MQ) ⊂ Fk(M).

Des vecteurs colonnes C1,…,Ck étant donnés dans n,1(A) on notera C1 ∧… ∧ Ck la famille des mineurs d’ordre k de la matrice dont
les colonnes sont C1,…,Ck, indexée par l’ensemble des parties de [1,n] de cardinal k ; l’application introduite ainsi est A-linéaire
alternée.

Posons Q = m(A) ; les colonnes de M étant C1,…,Cm, les colonnes de MQ sont Cʹ1 , … , Cʹm où pour tout s [1,m] :

Donc pour tout k-uplet (s1,…,sk) :

Si (r1 , … , rk ) n’est pas injective le produit Cr1 ∧… ∧ Crk est nul ; dans le cas contraire les coordonnées de ce produit extérieur sont au
signe près des mineurs d’ordre k de la matrice M. On voit donc que les mineurs d’ordre k de la matrice MQ sont bien des
combinaisons linéaires de mineurs d’ordre k de la matrice M, ce qu’il fallait démontrer.

Soit M n,m (A), si Q GLm(A), puisque M = (MQ)Q-1 et que Q-1 m(A), Fk (M) ⊂ Fk (MQ) d’où Fk (M) = Fk (MQ). De manière
t t t t
analogue, si P GLn(A), Fk (PM) = Fk ( (PM)) = Fk( M P) = Fk( M) = Fk(M). On en déduit finalement que si P GL n (A) et Q GLm(A),
Fk(PMQ) = Fk(M). Deux matrices équivalences modulo GL ont donc les mêmes idéaux de Fitting.

Nous pouvons en déduire maintenant l’unicité à facteurs inversibles près d’une suite (λ1,…,λr) croissante pour la divisibilité et
constituée d’éléments non nuls de A telle que M soit équivalente modulo GL à N = Sn,m(λ1,…,λr). Notons (Cj) la famille des colonnes
de N. Si k > r, Fk (M) = Fk (N) = {0}. Supposons k ≤ r ; pour toute suite strictement croissante 1 ≤ j1 < … < jk ≤ m, si jk > r alors Cj1 ∧…
∧ Cjk = 0 et si jk ≤ r, les coordonnées de Cj1 ∧ … ∧ Cjk sont divisibles par le produit λj1…λjk donc aussi par λ1…λk car pour tout h [1,r], h
≤ jh donc λh divise λjh. Comme d’autre part il y a un mineur d’ordre k valant λ1…λk on voit que Fk (M) = Fk (N) = λ1…λkA. On en déduit
facilement l’unicité de la suite (λ1,…,λr) à facteurs inversibles près.

La conclusion du paragraphe précédent est donc pleinement démontrée.

3.Application à l’étude de la complexité

Soit M n,m (A) de rang r ; notons dr un pgcd des mineurs d’ordre r de M (donc dr ⁄= 0). Supposons avoir calculé une suite (λ1,…,λk-
1) croissante pour la divisibilité (avec k ≤ r) et une une matrice Mk (nécessairement ⁄= 0) divisible par λk-1 telles que la matrice :

soit algorithmiquement équivalente à M. L’algorithme se continue par une étape de préparation : si la première ligne de Mk est nulle on
lui ajoute la première ligne suivante non nulle, puis par opérations élémentaires sur les colonnes on réduit cette première ligne de telle
sorte que Mk est remplacée par une matrice algorithmiquement équivalente Mʹk de première ligne réduite, de premier terme le pivot p0
non nul, donc de la forme :

La matrice Nk est remplacée par Nʹk.

On entre alors dans la boucle de l’algorithme qui consiste en une alternance de réductions de la première colonne et de réductions de
la première ligne effectuées à partir de Mʹk de telle sorte que leur premier terme, le pivot, forme une suite strictement décroissante
pour la divisibilité. Si la première colonne de Mʹk est divisible par p0, soit tous les termes de Mʹk sont divisibles par p0 et après
annulation par opérations élémentaires des termes sous le pivot on sort de la boucle, soit on ajoute à la première colonne la première
colonne trouvée qui ne soit pas divisible par p0 (ce qui ne change pas le pivot) ; on arrive à une matrice Mʹʹk algorithmiquement
équivalente à Mk dont la première colonne n’est pas divisible par son premier terme p0. En réduisant la première colonne de Mʹʹk par
opérations élémentaires sur les lignes, on obtient une matrice de première colonne réduite dont le premier terme p1 (le pivot) est un
pgcd de la première colonne de Mʹʹk, donc divise strictement p0. La matrice initiale M est algorithmiquement équivalente à la matrice
Nʹʹk obtenue en remplaçant Mk par Mʹʹk dans Nk .

Les k premières colonnes de Nʹʹk sont linéairement indépendantes et aucune n’est dans l’espace engendré (sur le corps des fractions)
par les m-k dernières dont les coefficients sur les lignes de 1 à k sont nuls. Les colonnes Ck+1,…,Cm de Nkʹʹ sont donc de rang r - k ; si
on veut extraire r colonnes linéairement indépendantes de la famille des colonnes de Nʹʹk, il faut donc nécessairement prendre les k
premières et r - k parmi les suivantes. Les mineurs non nuls d’ordre r de Nʹʹk sont donc divisibles par λ1…λk-1p1 puisque les k
premières colonnes de Nʹʹ k sont respectivement divisibles par les facteurs de ce produit (p1 est un pgcd de la colonne k de Nʹʹk). Le
pivot p1 divise donc dr⁄(λ1…λk-1). Dans la suite de la boucle, on obtient une suite de pivots strictement décroissante (pour la
divisibilité) (p1 , … , ps ) qui se termine par ps = λk qui est l’invariant d’ordre k. Les quotients pi⁄λk, pour i [1, s], forment une suite
strictement décroissante pour la divisibilité dont le premier terme divise dk⁄(λ1…λk) = λk+1…λr et dont le dernier terme est 1. L’entier s
est donc majoré par 1 + Λ(λk+1…λr) où pour a A \{0}, Λ(a) est la somme des exposants des facteurs irréductibles dans la
décomposition de a en produit de facteurs irréductibles. En tenant compte de l’étape de préparation et de la réduction finale, le
nombre de réductions de lignes ou de colonnes nécessaires à l’obtention de la réduite suivante Nk+1 est donc majoré par 3 + Λ(λk+1…
λr). Le passage de Nr-1 à Nr est particulier ; le rang de Mr et de Mʹr étant 1, la matrice Mʹr n’a qu’une seule colonne non nulle, la
première ; il suffit donc d’au plus une réduction de ligne et d’une réduction de colonne pour arriver à la forme terminale. Finalement,
le nombre de réductions de lignes ou de colonnes nécessaires à la réduction de la matrice initiale est donc majoré par 3r - 1 + (r -
1)Λ(dr), où dr = λ1…λr est le pgcd des mineurs d’ordre r de la matrice M. Comme les invariants peuvent être tous égaux à 1 sauf le
dernier, λr, et que dans ce cas Λ(λk+1…λr) vaut toujours Λ(dr) pour k [1,r - 1], il n’est pas possible d’améliorer le majorant obtenu.

Nous avons ainsi obtenu explicitement en fonction de la matrice initiale un majorant du nombre de passages dans la boucle la plus
intérieure de l’algorithme. Dans le cas concret A = Z cet algorithme peut être amélioré par l’utilisation de la division euclidienne et on
peut faire en sorte que cette majoration reste valide. Elle permet d’obtenir en fonction de la matrice initiale une majoration des valeurs
absolues de tous les termes calculés dans l’algorithme et par suite du nombre d’opérations élémentaires nécessaires, étant entendu
que ces opérations élémentaires portent sur des chaînes de longueur fixe (8 ou 16 ou 32 bits par exemple). Il faut bien sûr tenir compte
des algorithmes réellement utilisés pour les calculs sur les entiers de longueur variable, en particulier pour l’obtention des identités de
Bézout.

Références

[1] Arnaudiès J.-M. Bertin J., Groupes, Algèbres et Géométrie, Tome 2 (Ellipses, 1995).
[2] Gantmacher F.R., Théorie des matrices, Tome 1, chap. 6 (Dunod, 1966).
[3] Goblot R., Algèbre commutative, p. 33 (Masson, 1997).
[4] Jacobson N., Basic Algebra (Freeman, 1974).
[5] Smith H.J.S., On systems of indeterminate equations and congruences, Philos. Trans., 151 (1861), pp. 293-326.
[6] Frumkin M.A., Polynomial time algorithms in the theory of linear diophantine equations, in M. Karpinski, ed. Fundamentals of
Computation Theory (Springer, Lectures Notes in Computer Science 56, New York, 1977) pp. 386-392.
[7] Kannan R. and Bachem A., Polynomial algorithms for computing the Smith and Hermite normal forms of an integer matrix, SIAM J.
Comput., 9, 1979, pp. 499-507.
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[Table des matières]
[Table des matières]

Centre métrique d’un compact convexe. Application


à des théorèmes de point fixe
par Yves DUVAL et Hervé PÉPIN
Lycée Louis-le-Grand et lycée Condorcet, Paris

Ré SUM é. On se propose de définir un centre métrique pour les convexes compacts non vides d’un espace vectoriel normé, et d’en déduire deux théorèmes de point
fixe. On généralise ainsi en dimension quelconque le résultat établi dans [1] pour les espaces normés de dimension finie. Quelques exemples, applications et
compléments sont donnés en exercices.

MOTS-CL é S : convexe, compact, point fixe, isométries, mesure de Haar

1.Cœur d’un compact convexe

Dans tout l’article, K est un convexe compact non vide d’un espace vectoriel normé (E,∥∥). On munit K de la distance définie à l’aide
de la norme de E : d(x,y) = ∥x - y∥. Pour tout élément x de K, on note dx l’application t d(x,t) de K dans R. L’application dx est 1-
lipschitzienne et convexe ; on note ρK(x) son maximum : c’est le rayon de la plus petite boule fermée de centre x qui contient K.
Comme ρK(x) = maxt Kdt(x), ρk est elle aussi 1-lipschitzienne et convexe. Elle possède un minimum RK.

Le nombre réel RK est donc le minimum de l’ensemble des rayons des boules fermées dont le centre est dans K et qui contiennent K.
On appelle cœur de K l’ensemble des points de K où ρK atteint son minimum RK. On note C(K) le cœur de K.

Proposition 1 (i) C(K) est une partie compacte convexe non vide de K.

(ii) Si K n’est pas réduit à un singleton, RC(K) < RK et C(K) est inclus strictement dans K.

Démonstration : (i) est conséquence immédiate de la convexité de K.

(ii) On suppose que K n’est pas un singleton. Il est clair que RK est strictement positif. C(K) étant compact, il admet un recouvrement
fini par n boules ouvertes de rayon RK dont les centres x1 , … , xn sont dans C(K). On note y l’isobarycentre de x1,…,xn, qui est dans
C(K). On choisit alors un élément t de C(K) tel que d(y,t) = ρC(K)(y). On a

Pour tout k, xk est dans C(K) ; K est donc inclus dans la boule fermée de centre xk et de rayon RK et d(xk , t) ≤ RK. Comme t est dans
l’une des boules ouvertes de centre xk et de rayon RK, l’une de ces inégalités est stricte. Donc

Il en résulte que C(K)≠K et l’inclusion de C(K) dans K est stricte.

Exercice 1 On suppose que E est de dimension finie non nulle et que K est une boule fermée, K = B (a, r). Calculer ρK(x) pour tout
élément x de K. En déduire la valeur de RK et expliciter C(K).

Exercice 2 a) On se place dans (R2,∥∥∞). Soit K = [-1,1] × [-2,2]. Expliciter C(K) (on prouve ainsi que C(K) n’est pas toujours un
singleton).

b) On se place dans (R3,∥∥∞). Soit K = {(x,y,z) [0,1]3 | x + y + z ≤ 1} et Kʹ = [0,1]3. Montrer que RK = et RKʹ = . (On prouve ainsi que
l’application K RK n’est pas nécessairement croissante.)

Exercice 3 On suppose que la norme de E est strictement convexe, soit

Montrer que C(K) est un singleton.

Exercice 4 On suppose que E est un espace préhilbertien. Montrer que l’application K RK est croissante (utiliser la caractérisation
angulaire de la projection sur K).

2.Centre métrique d’un convexe compact

0 n+1(K) = C(C n(K)).


On définit la suite n N par : C (K) = K et ∀n N, C n N est une suite de compacts convexes non vides
emboîtés. On pose Ω(K) = ⋂ n NCn(K) ; Ω(K) est encore une partie compacte convexe non vide de K.

Proposition 2 Ω(K) est un singleton.


Démonstration On note rn = RCn(K). D’après la proposition 1 la suite (rn)n N décroît. On note r sa limite. Soit x un élément de Ω(K).
Pour tout n, x est dans Cn+1(K). On peut donc choisir un élément yn de Cn(K) tel que d(x,yn) = ρCn(K)(x) = rn. La suite (yn)n N possède une
valeur d’adhérence y dans K ; y est alors dans Ω(K), et d(x,y) = r. Donc ρΩ(K) (x) ≥ r.

D’autre part, x étant dans Cn+1(K), l’ensemble Cn(K) est inclus dans la boule fermée de centre x et de rayon rn . Il en est a fortiori de
même pour Ω(K). Par suite ρΩ(K)(x) ≤ rn pour tout n, et ρΩ(K) (x) ≤ r.

Ainsi, la fonction ρΩ(K) est constante égale à r. Il en résulte que RΩ(K) = r et C(Ω(K)) = Ω(K) ; on en conclut que Ω(K) est un singleton
d’après la proposition 1 (et que de plus r = 0).

Définition 1 On note ω(K) l’unique élément de Ω(K) et on l’appelle le centre métrique de K.

Exercice 5 Si K possède un centre de symétrie a, prouver que a est le centre métrique de K.

Exercice 6 On se place dans le plan euclidien et on suppose que K est un triangle (plein). Montrer que ω(K) est le centre du cercle
circonscrit à K si les 3 angles de K sont aigus, et est le milieu du plus grand côté de K si l’un des angles de K est obtus. On remarque
ainsi que le centre métrique dépend de la norme choisie.

Exercice 7 On suppose que E est de dimension finie n ≥ 1. La norme de E est quelconque. a) Montrer que C(K) est d’intérieur vide
dans E. En déduire que C(K) est inclus dans un hyperplan affine de E.

b) Prouver que Cn(K) = {ω(K)}.

c) On se place dans (Rn,∥∥∞) et soit K = ∏ [-2k,2k]. Vérifier que Ck(K)≠{ω(K)} pour tout k < n.

d) En dimension infinie, la suite n N est-elle nécessairement stationnaire ?

3.Théorèmes de point fixe

L’existence de ω(K) conduit immédiatement à un premier théorème de point fixe :

Proposition 3 Le point ω(K) est un point fixe commun à toutes les isométries bijectives de K dans K.

Remarques 1. L’hypothèse de bijectivité peut être omise (voir exercice 8).

2. De la proposition 3 résulte que si une isométrie bijective de K dans K possède un unique point fixe, ce point fixe est le centre
métrique de K (on retrouve ainsi par exemple le résultat de l’exercice 5).

Démonstration Soit f une isométrie de K. On vérifie sans difficulté que ρK ∘ f = ρK et il en résulte que f(C(K)) = C(K). L’application f
induit donc une isométrie de C(K) et une récurrence immédiate montre alors que pour tout n, f(Cn(K)) = Cn(K). Puisque f est bijective,
on a f(Ω(K)) = Ω(K), et donc f(ω(K)) = ω(K).

On en déduit maintenant un théorème de point fixe sur les sous-groupes bornés du groupe des homéomorphismes affines de E
stabilisant K (voir un énoncé plus général dans [2]) :

Proposition 4 Soit G un sous-groupe du groupe des homéomorphismes affines de E stabilisant K. On suppose que le groupe des
applications linéaires associées aux éléments de G est borné ( pour la norme subordonnée à la norme de E). Il existe alors un élément de K
fixé par G.

Démonstration L’idée est de remplacer la norme ∥∥ de E par une norme équivalente N de telle sorte que G devienne un sous-groupe
du groupe des isométries affines de (E, N).

Explicitons : comme est borné par hypothèse, on dispose d’une constante A telle que pour tout ϕ , ∥ϕ∥ ≤ A (où ∥ϕ∥ =
sup∥x∥=1∥ϕ(x)∥ ). On définit alors N(x) = sup ϕ ∥ϕ(x)∥ pour tout x de E.

L’application N est bien une norme sur E et

Les normes N et ∥∥ sont donc équivalentes, et K reste compact dans (E,N). De plus, si ϕ , il est clair que ∀x E, N(ϕ(x)) = N(x).

Le groupe est un sous-groupe du groupe des isométries linéaires de (E,N), et G est par conséquent un sous-groupe du groupe des
isométries affines de (E,N). Comme il stabilise K, il fixe le centre métrique de K muni de la distance définie à l’aide de N (qui n’est pas
nécessairement le centre métrique de K muni de la distance définie à l’aide de ∥∥).

Exercice 8 : Soit f une isométrie de K dans K et x un élément de K. Prouver que x est valeur d’adhérence de la suite (fn(x))n N. En
déduire que f est bijective.

Exercice 9 : a) On suppose que E est de dimension finie. Montrer qu’il existe un point de K fixé par le groupe GE(K) de toutes les
bijections affines de E stabilisant K. (Indication : par translation, on peut supposer que 0 K ; si K est une partie génératrice de E, on
prouve alors que GE(K) vérifie les hypothèses de la proposition 4 ; sinon on considère le sous-espace vectoriel F engendré par K et on
vérifie que tout élément de GE(K) stabilise F.)

Remarque On peut également prouver ce résultat autrement : en dimension finie, la théorie de la mesure permet de définir le centre de
gravité de K, qui est fixé par GE (K)

b) On suppose ici que E est un plan et que K est un triangle. Montrer que le seul point de K fixé par GE(K) est son centre de gravité
(intersection de ses médianes).

Exercice 10 Soit G un groupe topologique compact. Soit E = (G, R), qu’on munit de ∥∥∞. Pour f élément de E et a élément de G on
définit Laf : x f(ax). L’application La est une isométrie de E.

a) Prouver que l’ensemble des La(f) lorsque a décrit G est compact.

On note L(f) l’enveloppe convexe de l’ensemble des La(f) lorsque a décrit G. On sait alors que L(f)est compact et convexe.

b) Vérifier que L(f) est stable sous l’action de chacun des La. En déduire que le centre métrique de L(f)est une fonction constante.
(Pour une démonstration directe de l’existence d’une fonction constante dans L(f) et son application à la construction de la mesure de
Haar de G, voir[3]).

Références

[1] Richard ANTETOMASO. Un théorème de point fixe en dimension finie : application aux sous-groupes compacts de GLn(R). RMS 2, 1993-
1994, page 145.
[2] Walter RUDIN. Functional Analysis. Mc Graw-Hill.
[3] Yves DUVAL d’après VON NEUMANN. Mesure de Haar sur les groupes compacts. RMS 5, 1996-1997, page 353.
Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Sous-algèbres irréductibles de LeK (E), partie I


par Romain Krust
professeur de mathématiques en MP* au lycée Champollion à Grenoble

Ré SUM é. Les idéaux d’une algèbre sont de précieux témoins de ses propriétés. C’est ainsi, par exemple, qu’en dimension finie et lorsque le corps de base K est
algébriquement clos, l’absence d’idéaux bilatères non triviaux caractérise les algèbres isomorphes à Mn (K). On présente dans cette note la démonstration de
Rieffel de ce résultat et on en déduit une preuve brève du théorème de Burnside concernant les sous-algèbres irréductibles de K (E). Cette note est la première
d’une série de trois articles, dont les deux autres seront publiés dans un prochain numéro. Le second ([2]) sera consacré à l’étude des notions de module et
d’espace vectoriel sur un corps non nécessairement commutatif, dont l’objet sera de faciliter la lecture du troisième ([3]) dévolu, lui, à l’examen du cas où le
corps de base n’est pas forcément algébriquement clos.

MOTS-CL é S : idéal bilatère, idéal minimal, algèbre simple, sous-algèbre irréductible, théorème de Molien, théorème de Wedderburn, théorème de Burnside.

Notations On désigne par K un corps commutatif. Le terme d’algèbre sera utilisé pour désigner une K-algèbre associative et unitaire, le
neutre sera noté e. Toutes les algèbres seront de dimension finie. Une K-algèbre à division est, par définition, une K-algèbre, pas
forcément commutative, dans laquelle tout élément non nul est inversible.

Remerciements à Brice Boyer qui a eu la gentillesse de relire attentivement l’ensemble de ces textes.

Définition 1 Soit A un anneau (ou une algèbre sur K).


Un idéal à gauche de A est un sous-groupe additif I de A vérifiant

Un idéal à droite de A est un sous-groupe additif I de A vérifiant

Enfin, un idéal bilatère (ou idéal tout court) est une partie qui est à la fois un idéal à gauche et un idéal à droite.

Tout anneau A admet {0} et A pour idéaux (bilatères), qui sont qualifiés d’idéaux triviaux. Lorsque A est une algèbre, il est aisé de voir
que les idéaux à gauche ou à droite de A sont aussi des sous-espaces vectoriels.

Définition 2 Un anneau (ou une algèbre) qui n’a pas d’autre idéal bilatère que ses idéaux triviaux est dit simple.

On remarque :

Proposition 1 Si E est un K-espace vectoriel de dimension finie, K(E) est une algèbre simple.

Démonstration. Il revient au même de prouver que Mn(K) est une algèbre simple. On sait que si deux matrices A, B Mn(K) sont de
même rang, il existe P,Q GLn(K) telles que B = PAQ. Il en résulte que si un idéal contient une matrice de rang r ≥ 1, il contient toutes
les matrices de rang r. Il contient donc la matrice (en notant Ir la matrice identité de format r ×r et Op,q la matrice nulle de format p ×
q) :

et, par conséquent, toutes les matrices de rang 1, donc en particulier toutes les matrices de la base canonique de Mn (K) et, enfin,
Mn(K). CQFD

Il existe par contre des idéaux à gauche et des idéaux à droite non triviaux :

Proposition 2 Soit E un K-ev de dimension finie.


Les idéaux à gauche de K(E) sont du type

où F est un sous-espace vectoriel de E.

Les idéaux à droite de K(E) sont du type


où G est un sous-espace vectoriel de E.

Démonstration. Démontrons le résultat concernant les idéaux à gauche. Celui qui concerne les idéaux à droite s’obtient par un
raisonnement analogue ou, mieux, par dualité. Constatons d’abord que, pour tout sous-espace vectoriel F de E, IF = {u K(E); F ⊂
Ker(u)} est bien un idéal à gauche de K (E). Soit maintenant I un idéal à gauche. C’est un sous-espace vectoriel de K (E), qui est de
dimension finie. On peut donc choisir u1,u2,…,up I, tels que I = vect (u1 , u2 , …,up). Posons F = ⋂ Ker(ui). Alors, puisque tout u I
est une combinaison linéaire des ui , F ⊂ Ker(u). Par conséquent, I ⊂ IF. Réciproquement, si u K(E) est tel que F ⊂ Ker (u), alors, en
notant g l’application linéaire g : E → Kp définie par g(x) = (u1 (x), u2(x),…,up(x)), on a Ker(g) ⊂ Ker(u). C’est maintenant un exercice
classique que de prouver l’existence d’une application linéaire h : Ep → E telle que u = h ∘ g. On a ensuite, en posant vk(x) = h(0,
…,0,x,0,…,0) (où le x est à la k-ième place),

CQFD

Soit I un idéal à gauche non nul et minimal de K(E). Alors I est de la forme IH = {u K (E); H ⊂ Ker(u)}, où H est un hyperplan de E.
Matriciellement, dans une base adaptée, I correspond à l’idéal V de Mn(K) des matrices de la forme

L’application Mn (K) × V → V définie par (A,X) AX est similaire à l’action de K (E) sur E. Cette remarque montre qu’il est possible, si
l’on connaît une algèbre A isomorphe à K (E), de reconstruire E et l’action de K(E) sur E. Nous l’utiliserons pour prouver le résultat
suivant, dû à Molien (1897), cas particulier d’un théorème ultérieur de Wedderburn et réciproque de la proposition 1 lorsque le corps
de base est algébriquement clos :

Théorème 3 Soit K un corps algébriquement clos. Si A est une K-algèbre simple de dimension finie, alors A est isomorphe à K(E), où E
est un K-espace vectoriel de dimension finie. Plus précisément, A est isomorphe à K(I), où I est un idéal à gauche non nul minimal
quelconque de A.

Nous aurons besoin du lemme suivant :

Lemme 4 Soit K un corps algébriquement clos. Si D est une K-algèbre à division de dimension finie, alors D ≃ K.

Démonstration. Soit x D. Puisque D est de dimension finie, x admet un polynôme minimal πx K[X]. Comme D est une algèbre à
division, ce polynôme est irréductible et, puisque K est algébriquement clos, de degré 1. Par suite, il existe λ K tel que x = λ.e et
l’application de K dans D définie par λ λ.e est un isomorphisme d’algèbres. CQFD

Démonstration. (du théorème 3) La preuve proposée ici est une adaptation de la preuve de Rieffel du théorème du bicommutant (voir
[4]). Désignons par I un idéal à gauche non nul de A, minimal dans l’ensemble des idéaux à gauche non nuls de A (il en existe parce
que A est un idéal à gauche, et qu’il suffit de choisir I de dimension minimale parmi les idéaux non nuls). Prouvons que l’application
γ : A → K(I) définie (en notant γa l’image de a par γ) par γa(x) = ax est un isomorphisme d’algèbres.

On vérifie d’abord immédiatement que cette application est bien un morphisme d’algèbres. Puis on note que son noyau, comme tout
noyau de morphisme d’algèbre, est un idéal bilatère de A. Comme A est simple et que γ n’est pas l’application nulle, Ker(γ) = {0} et γ
est donc injective.

Prouver la surjectivité de γ est plus délicat et demande quelques préliminaires. Désignons par D le commutant de A dans K(I) ou,
plus précisément, le commutant de l’image de A par γ :

L’ensemble D est clairement une sous-algèbre de K(I). Mais les éléments u non nuls de D sont tous des isomorphismes, car on voit
aisément que Ker(u) est un idéal à gauche de A strictement contenu dans I. Vu la minimalité de I, Ker(u) = {0}. La réciproque d’un
élément bijectif de D étant encore, on le voit aisément, dans D, D est une algèbre à division. C’est donc, en vertu du lemme 4, que

Désignons maintenant, pour b I, par δb l’application de I dans lui-même définie par δb(x) = xb. Il est clair que δb K(I) et que γa ∘δb
= δb ∘γa pour tout a A. En conséquence, δb D et il existe λb K tel que, pour tout x I, xb = λbx.

Il en résulte que, pour tout f K(I) et pour tous x,y I,

Enfin, notons IA l’ensemble des éléments de A qui peuvent s’écrire sous la forme
Puisque IA est clairement un idéal bilatère non nul de A et que A est simple, IA = A. Posons en particulier

Nous sommes maintenant prêts à établir la surjectivité de γ. Pour tout f K(I), et x I,

Et, puisque bi I et aix I,

Ainsi, f = γa , où a = ∑ f(bi)ai. CQFD

Notons que ce résultat est faux si K n’est pas algébriquement clos. Il suffit pour le voir de prendre pour A une extension de corps de K,
non triviale et de dimension finie.

Comme application du théorème 3, nous allons établir un théorème dû à Burnside (1905) et qui concerne les sous-algèbres
irréductibles de K(E) :

Définition 3 Soient K un corps, E un K-espace vectoriel de dimension finie, et A une sous-algèbre de K(E). On dit que A est irréductible
s’il n’existe aucun sous-espace vectoriel de E non trivial stable par A.

Théorème 5 Soit E un espace vectoriel de dimension finie n sur un corps algébriquement clos K. Alors K (E) est l’unique sous-algèbre
irréductible de K(E).

Démonstration. Soit A une sous-algèbre irréductible de K(E). Nous allons montrer, dans le théorème 6 ci-dessous, que A est une
algèbre simple. Il en résulte, par le théorème 3, que A est isomorphe à K (J), où J est un idéal à gauche non nul minimal de A. Or, si on
choisit x0 E et u J pour lesquels u(x0) ⁄= 0, Jx0 = {v(x0),v J} est un sous-espace non nul de E stable par A, donc égal à E.
L’application linéaire

est donc surjective, ce qui prouve dimK(J) ≥ n d’où dimK(A) = (dimK(J))2 ≥ n2 et A = K (E). CQFD

Il s’agit ici encore d’un résultat propre aux corps algébriquement clos. On s’en rend compte en choisissant, dans le cas contraire, un
polynôme irréductible P K[X] de degré d ≥ 2, un espace vectoriel E de dimension d, et en considérant l’algèbre engendrée par un
endomorphisme cyclique de polynôme minimal P .

Théorème 6 Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps K. Toute sous-algèbre irréductible de K(E) est une algèbre simple.

Démonstration. La preuve que nous proposons ici, très élémentaire, est valable sous l’hypothèse additionnelle K infini. Elle est donc en
particulier valable pour un corps algébriquement clos. Une autre preuve sera proposée dans [2]. Soit A une sous-algèbre irréductible
de K(E), et I un idéal bilatère non nul de A. Considérons un élément u de I dont le rang r est maximal (donc non nul). Nous allons
montrer que u est inversible dans K (E), donc dans A, ce qui entraînera I = A. Supposons par l’absurde r < n (donc Ker (u) ⁄= {0} et
Im(u) ⁄= E), et choisissons x0 Ker(u) \{0}. Le sous-espace Ix0 = {w(x0 ), w I} est stable par A. Il n’est pas réduit à {0}, car ⋂ w IKer(w)
est un sous-espace vectoriel de E stable par A et distinct de E (parce que I n’est pas nul), donc réduit à {0}. En conséquence, Ix0 = E
et il existe v I tel que v(x0) Im(u). Considérons maintenant deux bases = (e1,e2,…,en) et = (f1,f2,…,fn) de E telles que er+1 = x0, (er+1 ,
… , en ) soit une base de Ker(u), (f1,…,fr) = (u(e1),…,u(er)), fr+1 = v(x0). Les matrices de u et v en prenant pour base de départ et
pour base d’arrivée, ou, plus précisément, les matrices extraites formées des r + 1 premières lignes et colonnes s’écrivent :

Donc la matrice extraite correspondante de la matrice de λu + v a pour déterminant un polynôme en λ dont on voit immédiatement
qu’il est non nul, car de degré r exactement. Par conséquent, il existe λ K pour lequel ce déterminant est non nul (K est infini) et
pour lequel rg(λu + v) ≥ r + 1. Comme λu + v I, ceci contredit le caractère maximal de rg(u). CQFD

Commentaires : On trouvera dans [6] et dans [1] deux autres preuves élémentaires du théorème de Burnside. [5] propose une démonstration
brève du théorème de Molien (théorème 3) à partir du théorème de Burnside, ainsi que d’un théorème de Wedderburn (la dimension d’une
algèbre centrale à division de dimension finie est un carré parfait).

Bibliographie

[1] J. Fresnel, Algèbre des matrices. Hermann, 1997.


[2] R. Krust, Introduction aux modules et aux espaces vectoriels sur un corps gauche. À paraître dans la RMS.
[3] R. Krust, Sous-algèbres irréductibles de K(E) - II. À paraître dans la RMS.

[4] S. Lang, Algebra. Addison Weysley, third edition, 1993.


[5] N. Tosel, Deux théorèmes de Wedderburn. RMS, 108ème année, n
o 8(Avril1998).
[6] P. Tauvel, Exercices de mathématiques pour l’agrégation. Masson.
Ω
[Table des matières]
[Table des matières]

Agrégation externe de mathématiques


Mathématiques générales (énoncé)

6988
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l’appréciation des copies.

Préambule

Le but de ce problème est d’étudier le nombre de solutions modulo un entier naturel q d’une congruence quadratique matricielle

où S et T sont des matrices symétriques données à coefficients entiers, de tailles respectives m × m et n × n, q est un entier
strictement positif et l’inconnue X est une matrice d’entiers de taille m×n, tX désignant sa transposée.

Soit R un anneau commutatif ; dans ce préambule, on note 1R son élément unité, mais on permet d’écrire 1 dans la rédaction. On note
R× le groupe des éléments inversibles de R.

Étant donnés deux entiers m et n strictement positifs, on note Mm,n(R) l’ensemble des matrices à m lignes et n colonnes à
coefficients dans R.

Pour tout entier n strictement positif, on note [1,n] = {i Z |1 ≤ i ≤ n} ; pour simplifier, on note Mn (R), au lieu de Mn,n(R), l’anneau des
matrices carrées de taille n × n à coefficients dans R. Le déterminant d’une matrice carrée X à coefficients dans R est défini par la
formule habituelle et noté detA. On rappelle qu’une matrice de Mn(R) est inversible si et seulement si son déterminant est dans
l’ensemble R× des éléments inversibles de R. On note GLn (R) le groupe des éléments de Mn(R) de déterminant dans le groupe R× .

On note 1n la matrice unité de Mn(R). On note Sn(R) l’ensemble des matrices X de Mn(R) symétriques, c’est-à-dire telles que tX = X.

A. Solutions modulo un nombre premier impair

Dans cette partie A., on fixe un nombre premier impair p et on considère deux matrices symétriques S et T, avec S Mm(Z⁄pZ) et T
Mn(Z⁄pZ), de déterminants respectifs s et t non nuls. L’élément de la i-ème ligne et j-ème colonne de S (resp. T ) est noté si,j (resp. ti,j
).

On introduit l’ensemble p(S, T) = X Mm,n(Z⁄pZ) tXSX = T et on note Ap(S, T) son cardinal.

A.I Un cas particulier

Dans cette section A.I, on prend m = 2 et n = 1. Soit s et t deux éléments non nuls de Z⁄pZ, T = t et S = . La matrice T , de
taille 1 × 1, est identifiée à t ; ainsi Ap(S, t) est le nombre de couples (x,y) dans Z⁄pZ × Z⁄pZ tels que x2 + sy2 = t.

1. Supposons que - s soit un carré dans Z⁄pZ. Calculer Ap(S, t).

2. On suppose dans toute la suite de cette section A.I que - s n’est pas un carré dans Z⁄pZ .

2.a. Montrer que le polynôme X2 + s est irréductible sur Z⁄pZ. Soit K un corps de rupture. Quel est le cardinal de K ?

2.b. Soit F : K → K, z zp. Montrer que F est un automorphisme involutif de corps (F ∘ F = IdK ) et déterminer ses points fixes.

2.c. Soit α une racine de X2 + s dans K. Montrer que F(α) = -α.

3. Soit N : K× → K×, z zp+1.

3.a. Montrer que N est un morphisme de groupes d’image contenue dans (Z⁄pZ)×.

3.b. Déterminer le cardinal du noyau et de l’image de N.

3.c. Calculer N(x + yα) pour x, y Z⁄pZ non tous deux nuls.

4. Calculer Ap (S, t).

A.II Préliminaires

Dans cette section A.II, m est un entier strictement positif et V un espace vectoriel de dimension finie m sur le corps Z⁄pZ.
1. Soit b : V × V → Z⁄pZ une forme bilinéaire symétrique sur V .

1.a. Démontrer que si b(x,x) est nul pour tout x dans V , alors la forme bilinéaire b est nulle.

1.b. Démontrer que V possède une base (e1,…,em) orthogonale pour b, c’est-à-dire telle que pour tous i et j distincts dans [1,m],
b(ei,ej) = 0.

1.c. En déduire qu’il existe une matrice diagonale D Mm(Z⁄pZ) et une matrice inversible P GLm (Z ⁄pZ ) telles que S = tPDP .

2. Dans cette question 2, on prend V = Mm,1(Z⁄pZ) et on considère la forme bilinéaire b définie pour X et Y dans V par b(X,Y ) = tXSY .

Montrer que pour tout n entier strictement positif et tout T élément de Sn(Z⁄pZ), Ap(S,T) est le nombre de n-uplets (v1,…,vn)
d’éléments de V vérifiant b(vi,vj) = ti,j pour tous i et j dans [1, n].

3. Vérifier que pour toutes matrices P de GLm(Z⁄pZ) et Q de GLn(Z⁄pZ), on a

4. Soit φ la fonction indicatrice d’Euler qui à un entier r strictement positif associe le nombre d’entiers de [1, r] premiers à r.

4.a. Montrer que pour tout entier r strictement positif, ∑ d|rφ(d) = r, la somme étant étendue à tous les entiers strictement positifs d
diviseurs de r.

4.b. Soit K un corps fini commutatif à q éléments. Démontrer que pour tout entier strictement positif d diviseur de q - 1, l’ensemble
des éléments de K× d’ordre divisant d est de cardinal au plus d.

4.c. En déduire que pour tout entier strictement positif d diviseur de q - 1, K× possède 0 ou φ(d) éléments d’ordre exactement d.

4.d. En déduire que K× est cyclique.

A.III Le cas n = 1

Soit n = 1 ; on a alors T = t Z⁄pZ et 2st≠0 où l’on rappelle que s = det S.

Soit ω = exp une racine primitive p-ième de l’unité (on a ω C×).

Pour α Z , le nombre complexe ωα ne dépend que de la classe a de α modulo p ; on le note ωa : on admettra que l’on définit ainsi un
morphisme a ωa du groupe additif Z⁄pZ dans le groupe multiplicatif C × .

Pour a (Z ⁄pZ )×, on pose = 1 s’il existe b (Z⁄pZ)× tel que a = b2, et = -1 sinon. Ces notations seront utilisées dans toute la suite
de la partie A.

1.a. Montrer qu’il y a dans (Z⁄pZ)× autant de carrés que de non carrés et que a est un morphisme de groupes multiplicatifs
(Z⁄pZ)×→ C×.

1.b. Pour b Z ⁄pZ calculer ∑ a Z⁄pZωab.

1.c. Pour c (Z ⁄pZ)×, on pose Gc = ∑ a Z⁄pZωca et Hc = ∑ a (Z⁄pZ)× ωca.


2

Démontrer qu’on a Gc = Hc = ⋅ G1.

Dans ce qui suit, G1 sera noté G.

2.a. Montrer que pAp(S, t) = ∑ a,Xωa( XSX-t) où a parcourt Z⁄pZ et X parcourt Mm,1 (Z ⁄pZ ).
t

2.b. Soit D une matrice diagonale inversible élément de Mm(Z⁄pZ), de termes diagonaux s1 , … , sm . Montrer que

2.c. Montrer que G2 = ⋅ p.

On pourra appliquer à un cas particulier le résultat démontré dans la question précédente.

3. Pour a (Z ⁄pZ)× et k entier naturel on pose ɛ (a) = si k est pair et ɛ (a) = 0 sinon.

Cette notation sera utilisée dans la suite du problème.

3.a. Montrer qu’on a l’égalité :


3.b. Préciser pour quelles valeurs de m, s et t la quantité Ap(S, t) s’annule.

A.IV Le cas n quelconque

Dans cette section, on suppose m ≥ n.

1. Soit n ≥ 2 ; soit T Sn(Z⁄pZ) de déterminant t (Z⁄pZ)×. Supposons T = avec δ (Z ⁄pZ )× et T1 Sn-1(Z⁄pZ) inversible de
déterminant t1.

1.a. Montrer que l’application qui à X p(S,T) fait correspondre sa première colonne induit une application γ de p(S, T) dans p(S,
δ).

1.b. Soit C1 p(S, δ). Montrer qu’il existe une matrice symétrique inversible S1 dans Mm-1 (Z ⁄pZ ) dont le déterminant s1 vérifie
= , et telle que γ-1(C1) soit de cardinal Ap (S1 , T1).

On pourra utiliser l’interprétation de la question 2 du Préliminaire en introduisant l’orthogonal W du vecteur C1 pour la forme b de
matrice S dans la base canonique de V = Mm,1(Z⁄pZ).

2.a. En procédant par récurrence sur n, montrer que

2.b. À quelles conditions Ap(S, T) est-il nul ?

B. Matrices à coefficients dans l’anneau Z/qZ

Soit q un entier naturel strictement positif ; on note πq le morphisme canonique d’anneaux Z→ Z ⁄qZ et, si qʹ est un entier naturel
strictement positif multiple de q, πq,qʹ le morphisme canonique d’anneaux Z⁄qʹZ → Z⁄qZ. On pourra remarquer l’égalité πq,qʹ∘ πqʹ = πq. Si
n et m sont des entiers strictement positifs et M un élément de Mm,n(Z), on note aussi πq(M) la matrice élément de Mm,n(Z⁄qZ) dont
les coefficients sont les images par πq des coefficients de M ; on définit de manière analogue πq,qʹ(M) si qʹ est un multiple de q et si M
est élément de Mm,n (Z ⁄qʹZ ). On considérera comme évidentes les propriétés des applications πq et πq,qʹ relativement à la somme des
matrices, au produit d’une matrice par un scalaire, au produit des matrices, à la transposition des matrices et au déterminant.

On dira que les matrices M1 et M2 de même taille et à coefficients dans Z, resp. Z⁄qʹZ, sont congrues modulo q si πq(M1) = πq(M2), resp.
si q divise qʹ et πq,qʹ(M1) = πq,qʹ(M2) ; cette relation sera notée M1 ≡ M2 (mod q).

Dans ce qui suit, m et n représentent deux entiers strictement positifs tels que m ≥ n et S et T deux matrices symétriques, S Sm(Z) et T
Sn(Z), de déterminants respectifs s et t non nuls. Pour tout entier naturel impair q premier avec st, on pose

et on note Aq (S, T) le cardinal de cet ensemble. Pour a Z et p premier impair, on pose χa (p) = 0 si p divise a, χa(p) = 1 si a est un carré
non nul modulo p, et sinon χa (p) = -1.

1. Soit q un entier strictement positif quelconque.

1.a. On suppose q = q1q2, où q1 et q2 sont premiers entre eux.

Montrer que l’application X (πq1,q(X),πq2,q(X)) établit une bijection entre

1.b. Montrer que la bijection trouvée au 1.b induit une bijection entre

1.c. On suppose q = p …p où p1,…, pr sont des nombres premiers impairs deux à deux distincts et α1 , … , αr sont des entiers
strictement positifs. Pour tout i dans [1,r], on pose qi = p . Démontrer que

2. Dans cette question p désigne un nombre premier impair premier avec st et α est un entier naturel ≥ 1. On considère une matrice X
Mm,n(Z) telle que πpα(X) pα(S,T) et on pose = πp (X) et = πp(S).

t
2.a. Montrer que l’application u : H H, est une application Z⁄pZ-linéaire surjective Mm,n (Z ⁄pZ ) dans Mn(Z⁄pZ).

t
2.b. Montrer que l’application v : H H + tH est une application Z⁄pZ-linéaire surjective de Mm,n(Z⁄pZ) dans Sn(Z⁄pZ).
2.c. Montrer que le cardinal du noyau de l’application linéaire de la question précédente est pmn-n(n+1)⁄2 .

3. Montrer qu’il existe une matrice U dans Mm,n(Z) telle que la matrice Y = X + pαU de Mm,n (Z ) satisfasse πpα+1(Y ) pα+1(S,T).

4. Déduire de ce qui précède que l’application

induit une application rα : pα+1(S, T) → pα (S,T) surjective, et que les cardinaux des images réciproques par rα des singletons valent
tous pmn-n(n+1)⁄2.

5. Déterminer Apα(S, T) pour tout α ≥ 1.

6. Soit q un entier naturel impair ≥ 1 premier avec st.

6.a. Exprimer Aq(S,T) en fonction de m, n, s, t, q et des facteurs premiers de q.

6.b. À quelle condition Aq(S, T) est-il nul ?

7. On note l’ensemble des nombres premiers ne divisant pas 2st ; pour tout entier h strictement positif, on pose h = ∩ [1,h] et on
note qh le produit des éléments de h. On fixe m ≥ 1 et n ≥ 1 de sorte que m > n + 2.

7.a. Montrer que la suite h≥1 a une limite finie strictement positive.

7.b. Soit Qh = ∏ p h
ph = q .

Montrer que la suite h≥1 a une limite finie strictement positive.


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Agrégation externe de mathématiques


Analyse (énoncé)

6989Le but du problème est de donner une preuve partielle du théorème de la variété stable
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Préliminaires et notations

Préliminaires généraux

Dans tout le problème, k désigne un entier strictement positif ; R est le corps des nombres réels, C celui des nombres complexes. Le
complémentaire d’un sous-ensemble Y dans X est noté X - Y .

Si E et F sont des espaces vectoriels, (E, F) désigne l’ensemble des applications linéaires de E dans F, End (E) l’ensemble des
endomorphismes de E et Aut(E) celui des automorphismes de E. Le déterminant d’un endomorphisme A est noté detA.

Dans R k , le produit scalaire canonique de deux vecteurs u et v est noté < u,v >.

Si f est un homéomorphisme d’un espace métrique (X, d), on désigne par fn la n-ième itérée de f. Si x est élément de X, la variété1 1.
Dans ce problème, le mot variété est juste une notation. stable pour f du point x est l’ensemble

De même, la variété instable pour f du point x est l’ensemble

Soit γ un réel strictement positif. On rappelle qu’une application f d’un espace métrique (X, d) dans lui-même est lipschitzienne de
rapport γ (ou γ-lipschitzienne) si

On note Liγ l’ensemble des applications f : R → R γ-lipschitziennes s’annulant en 0.

Fonctions définies sur R2

Dans les parties 1, 4 et 5, R2 sera muni de la norme |(x1, x2)| = max |x1|,|x2| .

Soit h une application bornée, élément de C1(R2, R) et dont la différentielle dh est bornée. On note :

|h|∞ = supx R2|h(x)| ;


dhx la différentielle de h au point x dhx (R2, R) ;
∥dhx ∥ la norme subordonnée dans (R2, R) de dhx ;
|dh|∞ = supx R2∥dhx∥ ;

et on pose |h|C1 = max(|h|∞,|dh|∞).

Liens entre les différentes parties

la partie 3 utilise les résultats de la partie 2 ;


la partie 4 utilise les résultats des parties 1 et 2 ;
la partie 5 est indépendante du reste du problème.

Les candidats peuvent admettre les résultats d’une question à condition de l’indiquer clairement et poursuivre le problème en
respectant la numérotation des questions.

1. Introduction

1. Montrer que l’application dγ : (ϕ,ψ) supx R-{0}|ψ(x) - ϕ(x)|⁄|x|, définie sur (Liγ)2, est une distance.

2. Montrer que, pour la métrique définie par la distance dγ, Liγ est complet.

3. Soient μ > 0 , h C1(R2, R) et ϕ Liγ tels que |h|C1(1 + γ) < μ.

Montrer que l’application Gϕ définie par


est strictement croissante. En déduire que Gϕ un homéomorphisme de R.

2. Partie linéaire

Soit A un endomorphisme de Rk. Le rayon spectral r(A) est par définition le maximum des modules des valeurs propres complexes de A.

1. Soit ɛʹ un réel strictement positif. Justifier qu’il existe une base de Ck dans laquelle la matrice

de A est triangulaire supérieure et telle que pour tous i et j vérifiant 1 ≤ i < j ≤ k, on ait |ai,j | ≤ ɛʹ.

2. En déduire que pour tout réel ɛ strictement positif, il existe sur Rk une norme notée N dite ɛ-adaptée pour A, c’est-à-dire telle que
pour la norme d’opérateur subordonnée ∥ ⋅ ∥N :

3. Montrer que, pour toute norme ∥⋅∥ sur Rk et tout réel ɛ strictement positif, il existe une constante Cɛ strictement positive telle que,
pour tout v Rk et tout n N*,

On dira que A End(Rk) est hyperbolique si toutes ses valeurs propres complexes ont un module différent de 1.

Dans toute la suite de cette partie, A désigne un endomorphisme hyperbolique de Rk.

4. Montrer qu’il existe deux sous-espaces vectoriels supplémentaires E+ et E- de Rk stables par A tels que la restriction de A à E+ (resp.
E-) ait toutes ses valeurs propres (dans C) de module strictement supérieur (resp. inférieur) à 1.

On désigne par A|E la restriction de A au sous-espace E.

5. Montrer que (A|E+) est inversible.

6. Montrer qu’il existe une norme dite A-adaptée ∥⋅∥ telle que

et de plus pour la norme subordonnée :

7. Montrer que, pour tout v E-, la suite (An(v))n N converge vers 0.

8. Montrer de même que, pour tout v E+ non nul, la suite ∥An(v)∥ n N tend vers + ∞.

Préliminaires pour les parties 3 et 4

Le tore Tk est par définition le groupe additif quotient du groupe (Rk,+) par le sous-groupe (Z k , +). Tout élément x de Tk peut s’écrire de
manière unique x = (x1, …, xk), avec xi T1, pour i = 1, … , k.

On définit la projection canonique Π : Rk →Rk⁄Zk = Tk..

3. Linéarité et topologie

On considére le sous-ensemble E = L End(Rk) L(Zk) ⊂ Zk de End(Rk) ainsi que le sous-ensemble E = L Aut(Rk) L E et L-1 E
de Aut(Rk).

1. Montrer qu’un élément L de End(Rk) appartient à E si, et seulement si, sa matrice dans la base canonique de R k est à coefficients
dans Z.

2. Montrer qu’un élément L de E appartient à E si, et seulement si, detL vaut - 1 ou 1.

3. Dans cette question, on se place dans R2 et on considère l’endomorphisme L défini, pour tout (x, y) R 2 , par L(x, y) = (2x + y, x +
y). Cet endomorphisme est-il hyperbolique ? Est-il dans l’ensemble E ?

Existe-t-il des exemples comparables sur R ?

Dans toute la suite de cette partie 3, L désigne un élément hyperbolique de E. Les sous-espaces vectoriels E+ et E- sont deux sous-espaces
vectoriels supplémentaires de Rk stables par L tels que la restriction de L à E+ (resp. E-) ait toutes ses valeurs propres (dans C) de module
strictement supérieur (resp. inférieur) à 1 ; l’existence de cette décomposition a été démontrée au 2.4.

On dit qu’un élément x de [0,1]k est un point périodique de L s’il existe un entier p strictement positif tel que Lp (x) -x appartient à
Zk. On désigne par PerL l’ensemble des points périodiques de L.
4. Démontrer que l’ensemble des points périodiques de L est donné par

En déduire que Per L est dense dans [0,1]k.

5. Montrer que pour une distance donnant la topologie usuelle, les variétés stables et instables pour L d’un point a de Rk sont
respectivement W (L) = a + E- et W (L) = a + E+.

6. Soit N une norme sur Rk. On définit une application d de Tk × Tk dans R en posant

1. Montrer que inf z Zk-{0}N(z) est strictement positif.


2. Montrer que d définit une distance sur Tk.
3. Prouver que l’application Π : Rk → Tk est continue.

Dans la suite, Tk est muni de la topologie associée à la distance d.

7. Montrer que L induit un homéomorphisme noté FL du tore Tk satisfaisant la relation de commutation

La suite de cette partie n’est pas utilisée dans le reste du problème.

8. On suppose que la distance d provient d’une norme N adaptée pour L. Montrer que :

1. Π(0 + E- ) ⊂ W (FL) ;
2. Π(0 + E+ ) est dense dans Tk ;
3. la variété stable pour FL du point 0 est dense dans Tk.

Une application continue f : Tk → Tk est dite topologiquement mélangeante si, pour toute paire d’ouverts non vides U et V de Tk, il
existe un entier n0, tel que :

9. Montrer qu’une isométrie de Tk n’est pas une application topologiquement mélangeante.

10. Montrer que FL est une application topologiquement mélangeante.

On pourra utiliser, outre le fait que 0 est un point fixe, la densité de la variété stable pour un automorphisme hyperbolique FL du point 0
ainsi que la densité de la variété stable pour F du point 0.

4. Un exemple presque linéaire dans R2

Dans la partie 4, f est une application élément de C1(R2, R2), fixant l’origine et proche en C1 -topologie d’un automorphisme linéaire
hyperbolique diagonal A défini, pour tout (x, y) R 2 × R 2 par A(x,y) = (μx, λy) avec 0 < λ < 1 < μ. Dans la partie 4, f est une application
élément de C1(R2, R2), fixant l’origine et proche en C1-topologie d’un automorphisme linéaire hyperbolique diagonal A défini, pour tout
(x, y) R2 ×R2 par A(x,y) = (μx, λy) avec 0 < λ < 1 < μ. Ceci signifie que f est de la forme

avec α et β vérifiant α(0,0) = 0, β(0,0) = 0 et il existe un réel δ, strictement positif, tel que |α|C1 < δ et |β|C1 < δ.

Dans la suite δ sera considéré comme petit, ce qui sera précisé par des inégalités.

1. Prouver que si 2δ < λ, f est un difféomorphisme de R2.

On pourra montrer que pour tout (xʹ,yʹ) R2 l’application

est lipschitzienne de rapport a, avec 0 < a < 1.

Inégalités (*)

Dans toute la suite de cette partie on suppose qu’il existe un nombre γ vérifiant les inégalités

Le graphe d’une application ϕ : R →R est la partie de R2 définie par


Dans la suite, on considère l’application Gϕ définie, pour tout x réel, par

2. Montrer que si ϕ est élément de Liγ il existe une fonction ψ : R → R telle que : f(Hϕ) = Hψ.

3. Montrer que f* : ϕ ψ, définie à la question précédente, est une application de Liγ dans lui-même.

4. Prouver pour tous ϕ et ϕʹ dans Liγ et pour tout x dans R, l’inégalité

5. En déduire qu’il existe une application ϕ+ dans Liγ dont le graphe Hϕ+ est invariant par f.

6. Prouver l’inégalité f x, ϕ+(x) ≥ (μ - δ) x, ϕ+(x) .

7. Pourquoi, si γ, δ satisfont les inégalités (*) et si δ est suffisamment petit, peut-on dire que l’ensemble x, ϕ+(x) x R est contenu
dans la variété instable pour f du point (0, 0) ?

Commentaires sur les variétés stables et instables

On prouverait avec les mêmes arguments l’existence d’une variété stable de l’origine qui est le “graphe vertical” d’une fonction
lipschitzienne ϕ- Liγ c’est-à-dire

On pourrait aussi montrer que les variétés stables et instables sont en fait des graphes d’applications de classe C1 .

5. Différentiabilité des fonctions lipschitziennes

Soit ϕ Liγ et x R ; on introduit, pour y≠x, Δyϕ = y,ϕ(y) - x,ϕ(x) ⁄ y,ϕ(y) - x,ϕ(x) , on pose :

et on définit l’ensemble tangent au graphe de ϕ au point x comme

1. Montrer que pr1(Txϕ) = R où pr1 est la projection sur le premier facteur :

On pourra remarquer que pour tout y≠x, |Δyϕ| = 1.

2. Le cône horizontal Hγ est l’ensemble Hγ = (u1,u2) R2 |u2|≤ γ|u1| ..

Montrer l’inclusion Txϕ ⊂ Hγ.

3. On considére la fonction continue sur R définie pour tout réel x non nul par

Appartient-elle à Liγ pour un certain γ ? Expliciter T0φ.

4. On suppose que γ ≤ 1. Montrer que, si Txϕ est un sous-espace vectoriel de dimension 1 de R2, alors ϕ est dérivable en x.
[Table des matières]
[Table des matières]

Agrégation externe de mathématiques


Analyse (corrigé)

6989Le but du problème est de donner une preuve partielle du théorème de la variété stable
Corrigé de Patrick Foulon
Institut de Recherche Mathematique Avancée
UMR 7501 du Centre National De La Recherche Scientifique
7 Rue René Descartes 67084 Strasbourg Cedex
foulon@math.u-strasbg.fr

Introduction

1.

dγ est bien définie car le rapport est borné par 2γ, en remarquant que :

Si dγ (ϕ, ψ) = 0, alors pour tout x R⋆ , ϕ(x) = ψ(x) donc ϕ = ψ.


La symétrie est évidente.
Si ϕ, ψ, θ sont trois éléments de Liγ :
∀x R * , ≤ + ≤dγ(θ,ψ) + dγ(ψ,ϕ)

donc dγ (θ, ϕ)≤dγ(θ,ψ) + dγ(ψ,ϕ).

dγ est une distance sur Liγ

2. Soit (ϕn )n N une suite de Cauchy de . Alors :

(1)

Pour x≠ 0 fixé, on a donc : ∀n≥p≥N, ≤ɛ .

Ainsi, (ϕn (x))n N est une suite de Cauchy de R : elle converge vers une limite ϕ(x).

Comme ϕn appartient à Liγ : ∀n N,ϕn(0) = 0, donc (ϕn(0))n N converge vers ϕ(0) = 0

et ∀(x, y) R 2 , ≤γ donc ≤γ .

Ainsi, ϕ est encore élément de Liγ.

En passant à la limite lorsque n tend vers + ∞ dans (1) :

∀x R \ ,∀p≥N, ≤ɛ donc ∀p≥N,dγ(ϕp,ϕ)≤ɛ.

Ainsi, la suite (ϕn)n N converge vers ϕ dans : est complet .

3.

1. Soit x, y des réels tels que x < y. Alors :

On remarque que : ≤γ donc ≤(1 + γ) .

D’après l’inégalité des accroissements finis :

donc Gϕ (y) - Gϕ(x) > 0 : Gϕ est strictement croissante .

2. Gϕ est continue strictement croissante donc définit un homéomorphisme de R sur .

Or, comme ci-dessus, pour x > 0 : Gϕ(x)-Gϕ(0)≥ x x→+∞ -→ +∞

donc lim x→+∞Gϕ(x) = +∞. De même, limx→-∞Gϕ(x) = -∞.


On peut aussi exploiter le fait que h est bornée pour obtenir ces limites.

Ainsi Gϕ est un homéomorphisme de R .

Partie linéaire

1 et 2. Première méthode pour 2.1 et 2.2

Notons λ1 , . . ., λk les valeurs propres complexes, éventuellement confondues, de A, rangées de façon à ce que :

Comme le polynôme caractéristique est scindé sur C, il existe une base = (ei)1≤i≤k dans laquelle la matrice (ai,j )1≤i,j≤k de A est
triangulaire supérieure.

Soit K = max et α un réel strictement supérieur à 1.

Soit, pour tout vecteur x de Ck de coordonnées (xi)1≤i≤k dans : N(x) = max .

A(x) = y est un vecteur de coordonnées (yi)1≤i≤k dans telles que :

yi = λixi + ∑ ai,jxj

donc ≤ + ∑ K d’où

≤r(A)N(x)+K N(x)≤r(A)N(x)+K N(x)≤ N(x)

On choisit α tel que 0 < ≤ɛ.

Comme l’inégalité précédente est valable pour tout i :

N(y)≤(r(A) + ɛ)N(x) donc N≤r(A) + ɛ

en notant N la norme sur End(Ck) subordonnée à la norme N sur Ck.

La restriction de N à Rk est alors encore une norme sur Rk, qui vérifie toujours

N≤r(A) + ɛ .

Deuxième méthode pour 2.1 et 2.2.

Le polynôme caractéristique de A est scindé dans C, donc il existe une base ʹ = (eʹi)1≤i≤k de Ck dans laquelle la matrice de A prend la
forme d’une réduite de Jordan.

En prenant la base = (ei)1≤i≤k définie par ei = ɛʹi-1eʹi, i , on peut faire en sorte que cette réduite contienne des ɛʹ au lieu de 1 au-
dessus de la diagonale.

Soit ɛ = ɛʹ, λ1 , . . ., λk les termes diagonaux de la matrice, N la norme infinie associée à la base . Alors N ≤ max
≤r(A) + ɛ.

Il ne reste qu’à restreindre à Rk.

3. Comme R k est de dimension finie, est équivalente à N.

Il existe donc α > 0 et β > 0 tels que :

Alors, pour tout v Rk et tout n N* :

Ainsi : ∀v R k , ∀n N*, ≤Cɛ n en posant Cɛ = .

4. Soit P le polynôme caractéristique de A. Comme A est un endomorphisme de Rk, il s’agit d’un polynôme à coefficients réels. P est
scindé sur C, et ses racines sont réelles ou complexes conjuguées deux à deux, de modules différents de 1. On peut donc décomposer P
sous la forme P = QR, où Q (resp. R) est unitaire et n’a que des racines de module strictement supérieur (resp. inférieur) à 1. Comme
les racines complexes non réelles sont conjuguées deux à deux, Q et R sont encore des polynômes à coefficients réels.

Q et R sont premiers entre eux, donc le lemme des noyaux assure que :

Soit E+ = Ker Q(A) et E- = KerR(A) .


E+ et E- sont bien stables par A et supplémentaires dans Rk.

Les valeurs propres de A|E+ (resp. A|E-) sont les racines de Q (resp. R), donc sont de modules strictement supérieurs (resp. inférieurs) à
1.

5. Comme toutes les valeurs propres de A|E+ sont de module strictement supérieur à 1, 0 n’est pas valeur propre de A|E+ donc A|E+ est
inversible .

6. Les valeurs propres de A sont les inverses des valeurs propres de A|E+, donc sont toutes de module strictement inférieur à 1. Ainsi :

r < 1 et r < 1.

Soit ɛ > 0 tel que r + ɛ < 1 et r + ɛ < 1.

D’après 2.2, il existe sur E+ et E- des normes N+ et N- adaptées telles que, pour les normes subordonnées :

≤r + ɛ < 1 et ≤r + ɛ < 1.

La norme définie sur Rk par :

= max si x admet la décomposition x+ + x- dans E+ ⊕ E-

est alors bien une norme sur Rk, et vérifie les conditions imposées.

7. On remarque que, pour tout v E- :

≤ n
n→+∞ -→ 0 car < 1

donc la suite n N converge vers 0 .

Remarque. Dans cette question et la suivante, le comportement de la suite, démontré avec une norme adaptée, est en fait le même
avec toute norme ; en effet, comme on est en dimension finie, toutes les normes sont équivalentes.

8. Soit v E+ \ et, pour tout n N : vn = An(v).

Alors = ≤ n
donc ≥ .

Comme < 1, tend vers + ∞ et est non nulle, donc

( )n N tend vers + ∞

Linéarité et topologie

1. Notons = (ei)1≤i≤k la base canonique de Rk.

Soit L E, l sa matrice dans la base canonique. Chaque ei est un élément de Zk, donc L(ei ) appartient à Zk, donc les coefficients
de la ième colonne de l sont dans Z.

Ainsi, l est à coefficients dans Z.

Réciproquement, soit L End, dont la matrice l dans la base canonique est à coefficients dans Z. Alors, pour tout x Zk de
coordonnées x1,…,xk dans , L(x) a pour coordonnées y1,…,yk dans tels que :

Tous les coefficients yi sont donc dans Z : L(Zk) ⊂ Zk et L E.

L appartient donc à E si et seulement si sa matrice dans la base canonique de Rk est à coefficients dans Z.

2. Soit L E, l sa matrice dans la base canonique de Rk. L appartient à si et seulement si L-1 appartient à E, i.e. si et seulement si l-1
est à coefficients entiers.

Or l-1 = tCom et Com est à coefficients dans Z (car ses coefficients sont des déterminants à coefficients dans Z).

Ainsi, si det l vaut + 1 ou - 1, l-1 est à coefficients entiers, donc L appartient à .

Si L appartient à , l et l-1 sont à coefficients entiers, donc detl et detl-1 sont des entiers tels que :
Ainsi, det l = detL est égal à + 1 ou - 1.

L E est donc un élément de si et seulement si detL vaut + 1 ou - 1

3.

La matrice de L dans la base canonique de Rk est : l = .

Son polynôme caractéristique est :

Les deux valeurs propres, et , sont donc de module différent de 1 : L est hyperbolique.

l est à coefficients entiers et detl vaut 1, donc L .


Sur R , L ne peut être que de la forme x ax, a R.

Pour qu’il soit de déterminant + 1 ou - 1, il faudrait que a vaille + 1 ou - 1. Mais a est aussi l’unique valeur propre de L, donc L ne
peut pas être hyperbolique dans ce cas. Il n’existe pas d’exemple comparable sur R .

4.

Soit x = (x1,…,xk) Qk ∩ k
.

En mettant tous les xi au même dénominateur, il existe q N* et (p1,…,pk) k


tels que :

Soit y = (p1,…,pk) donc x = y.

Comme L(Zk) est contenu dans Zk, Lp(x) est, pour tout entier p N*, de la forme z = (z1 ,…,zk), avec zi Z.

Le reste modulo q de zi ne peut prendre que q valeurs (de 0 à q - 1), donc les projetés par Π des Lp(x), p N, ne peuvent prendre
que qk valeurs distinctes.

Ainsi, il existe deux entiers i < j tels que :

Π = Π donc Lj(x) - Li(x) Zk.

De plus L-1(Zk) ⊂ Zk donc Lj-i(x) - x = L-i Zk

ce qui montre que x est périodique.

Réciproquement, soit x PerL.

Il existe p N* tel que Lp(x) - x = y soit élément de Zk.

L est hyperbolique, donc n’a aucune valeur propre de module 1 ; ainsi Lp - IdRk est inversible et :

De plus, la matrice l de L dans la base canonique de Rk est à coefficients entiers, donc la matrice tCom
de
-1 est à coefficients rationnels, et comme y
est à coordonnées entières, x est à coordonnées rationnelles : x Q k ∩
k.

Ainsi Per L = Qk ∩ k
et comme Q ∩ est dense dans , PerL est dense dans k
.

5. On obtient la topologie usuelle en particulier avec une norme adaptée telle que construite à la partie 2, et nous allons montrer que
cette norme définit une distance qui répond à la question.

Soit x R k . Comme Rk = E+ ⊕ E-, il existe (x+,x-) E+ × E- tel que :

x - a = x+ + x-.

Alors : ∀n N , Ln(x) - Ln(a) = Ln(x - a) = Ln(x+) + Ln(x-).

On sait (cf. 2.7 et 2.8) que, lorsque n tend vers + ∞, Ln(x-) tend vers 0 et tend vers + ∞ si x+ est non nul.
Ainsi, x appartient à W si et seulement si x+ est nul, i.e. si et seulement si x-a appartient à E- : W = a + E- .

On remarque que, par définition, la variété instable de a pour L est la variété stable de a pour L-1. Passer de L à L-1 revient à échanger
E+ et E- donc W = a + E+ .

6.

1. Comme toutes les normes sont équivalentes sur Rk, il suffit de le faire pour une norme particulière, par exemple pour N définie
pour x = par
N(x) = max .

Tout z Zk \ est alors de norme supérieure à 1, donc η = inf z Zk\ N(z) est strictement positif .

2. d est bien une application à valeurs positives.


Soit (y,yʹ) (Tk)2 tel que d(y,yʹ) = 0.

Montrons que d(y,yʹ) = inf est en fait atteint.

d(y, yʹ) = 0 assure qu’il existe des représentants x et xʹ de y et yʹ respectivement tels que N(x - xʹ) < par exemple.

Soit maintenant ξ et ξʹ deux représentants quelconques de y et yʹ.

Alors a = x - ξ - est un élément de Zk. S’il est non nul :

ξ - ξʹ = x - xʹ- a donne N(ξ - ξʹ)≥N(a) - N(x - xʹ) > η - = > N(x - xʹ).

N(x-xʹ) est donc en fait le minimum de : 0 = d(y,yʹ) = N(x - xʹ) donc x = xʹ et y = yʹ.

La définition de d est visiblement symétrique.


Soit y, yʹ, yʹʹ des éléments de Tk. Comme vu ci-dessus, il existe des représentants x et xʹ1 de y et yʹ ainsi que des
représentants xʹ2 et xʹʹ de yʹ et yʹʹ tels que

Comme xʹ1 et xʹ2 sont deux représentants de yʹ, ils diffèrent d’un élément z = xʹ2 -xʹ1 de Zk et xʹʹ1 = xʹʹ-z est un représentant
de yʹʹ qui vérifie encore

d(yʹ,yʹʹ) = N(xʹ1 - xʹʹ1).

Alors : d(y,yʹʹ)≤N(x-xʹʹ1)≤N(x-xʹ1)+N(xʹ1-xʹʹ1) = d(y,yʹ)+d(yʹ,yʹʹ).

Finalement d est une distance sur Tk .

3. Soit (x, xʹ) (Rk)2, y = Π(x), yʹ = Π(xʹ). Par définition :


d(y,yʹ)≤N(x - xʹ) donc d ≤N(x - xʹ).
Π est 1-lipschitzienne donc continue

7.

Soit y Tk , x et xʹ deux représentants de y dans Rk.

Alors x-xʹ appartient à Zk donc L(x-xʹ) = L(x)-L(xʹ) appartient à Zk : L induit bien une application ΠL sur Tk.

Par construction de FL : FL = FL(y) = Π donc FL ∘ Π = Π ∘ L.


k
Soit y et yʹ deux éléments de T . Comme ci-dessus, il existe deux représentants x et xʹ de y et yʹ tels que d(y,yʹ) = N(x - xʹ).

Alors :

d(FL (y), FL(yʹ)) = d(Π(L(x)),Π(L(xʹ)))≤N ≤ NN(x - xʹ)

d’où d(FL (y),FL(yʹ))≤ Nd(y,yʹ) : FL est lipschitzienne donc continue.

Enfin, pour tout y Tk de représentant x dans Rk :


FL-1 = FL-1 = Π = Π(x) = y

et de même pour FL ∘ FL-1, donc FL est bijective, de réciproque FL-1 également continue.

FL est un homéomorphisme.

8.

1. Soit y Π(0 + E-) et x E- tel que y = Π(x).


On sait que (Ln(x))n N tend vers 0, donc (F (y))n N tend vers 0 dans Tk, i.e. d(F (y), F (0)) tend vers 0 lorsque n tend vers + ∞ : y
appartient à Ws(0).

2. Soit y Tk et x k
tel que y = Π(x) ; soit ɛ > 0.
k
Comme PerL est dense dans , il existe x0 PerL tel que :

N(x - x0)≤ donc d(y,y0)≤ en posant y0 = Π(x0).

Comme R k = E+ ⊕ E-, il existe (x+,x-) E+ × E- tel que : x0 = x+ + x-.

Puisque x0 est périodique, il existe p N* tel que Lp(x0) - x0 soit dans Zk.

Alors F (y0) = y0 donc, pour tout n N : y0 = F (y0) = Π + Π .

Comme (Lnp(x-))n N tend vers 0, n N est une suite de points de Π(0 + E


+
) qui converge vers y0.

Pour n suffisamment grand : d(y0,zn)≤ donc d(y,zn)≤ɛ.

Ainsi, Π(0 + E+) est dense dans Tk .

3. En appliquant le résultat précédent à L-1, on obtient que Π(0 + E-) est dense dans Tk et donc que Ws(0) est dense dans Tk .

Grâce à FL-1 toujours, on en déduit que la variété instable de 0 est également dense dans Tk .

9. Soit f une isométrie de Tk, supposée topologiquement mélangeante.

Soit x et y deux points distincts de Tk, ɛ = > 0.

Soit z Tk , V la boule ouverte de centre z de rayon ɛ, U1 (resp. U2) la boule ouverte de centre x (resp. y) de rayon ɛ.

Comme f est mélangeante, il existe N N tel que :

∀n≥N,fn(V ) ∩ U1≠∅ et fn(V ) ∩ U2≠∅.

Soit donc z1 fn(V ) ∩ U1 et z2 fn(V ) ∩ U2.

Il doit exister t1 V et t2 V tels que z1 = fn(t1) et z2 = fn(t2).

Comme f est une isométrie, d(t1,t2) = d(z1,z2) et V est de diamètre 2ɛ donc :

d(x,y)≤d(x,z1) + d(z1,z2) + d(z2,y)≤4ɛ

ce qui est absurde (cela traduit le fait qu’un objet de diamètre 2ɛ ne peut pas intersecter en même temps deux boules distantes de 3ɛ).
Ainsi, une isométrie de Tk n’est pas mélangeante .

10. Soit U et V deux ouverts non vides de Tk. Soit x U, z V , ɛ > 0 tel que la boule ouverte de centre z de rayon ɛ soit contenue
dans V .

Π(0 + E+ ) est dense dans Tk, donc il existe z0 dans Π(0 + E+) ∩ B(z,ɛ).

Soit, pour tout n N, un = F (z0) : (un)n N tend vers 0.

Π(0 + E- ) est dense dans Tk, donc il existe t dans Π(0 + E-) ∩ U.

Soit alors vn = t + un. Comme U est ouvert, vn appartient à U pour n suffisamment grand, et F (vn ) = F (t) + z0 tend vers z0 lorsque n
tend vers + ∞.

Pour n suffisamment grand, F (vn) appartient donc à F (U) ∩ V . FL est mélangeante .

Un exemple presque linéaire dans R2

1. Soit (xʹ, yʹ), (u,v), (uʹ,vʹ) des éléments de R2. On a :

L’inégalité des accroissements finis donne :

donc ≤ .

F(xʹ,yʹ) est donc lipschitzienne de rapport a = < 1.


Comme application contractante dans R2 complet, F(xʹ,yʹ) admet un unique point fixe (u,v), solution de :

(u, v) = , i.e. de (xʹ,yʹ) = f(u,v).

Ceci étant valable pour tout couple (xʹ,yʹ) de R2, f est bijective (existence et unicité du point fixe, i.e. de l’antécédent).

f est 1 comme composée d’applications 1.

Sa différentielle en (x,y) a pour matrice, dans la base canonique de R2 :

Son jacobien est donc :

car toutes les dérivées partielles sont bornées par δ.


2
De plus : δ < < donc J(x,y)≥ - > 0.

Ainsi, f définit (localement ou globalement au choix vu qu’on a déjà l’injectivité) un 1 difféomorphisme, et comme on sait déjà que f
est bijective, f est un 1-difféomorphisme de R2 .

2. On cherche ψ telle que : ∀x R,∃xʹ R,

ce qui est équivalent à : ∀x R,ψ(Gϕ(x)) = λϕ(x) + β(x,ϕ(x).

(*) assure que δ(1 + γ) < μ donc, d’après 1.3, Gϕ est un homéomorphisme de R ; il suffit de prendre l’application ψ définie par :

∀x R,ψ(x) = λϕ + β .

3. Gϕ (0) = 0 donc G (0) = 0 et ψ(0) = 0.

Soit y, yʹ dans R , x = G (y) et xʹ = G (yʹ).

Comme ϕ est γ-lipschitzienne : ≤γ

et γ < 1 donc = .

D’après l’inégalité des accroissements finis :

Alors ≤λ + ≤(λγ+δ) ≤ .

Or : ≤γ ⇔ δ≤ ce qui est bien vérifié ici.

Ainsi ψ est γ-lipschitzienne et f* est bien une application de Liγ dans lui-même .

4. Soit x R , y = Gϕ(x), yʹ = Gϕʹ(x), ψ = f*(ϕ) et ψʹ = f*(ϕʹ). Alors :

= ≤ + .

Comme ψʹ est γ-lipschitzienne : ≤γ

et = ≤δ .

On a : ψ(y) = λϕ(x) + β(x,ϕ(x)) et ψʹ(yʹ) = λϕʹ(x) + β(x,ϕʹ(x))

donc ≤λ + δ .

Ainsi : ≤ .

5. Lorsque x décrit R*, Gϕ(x) décrit également R*. Ainsi :

Or, pour tout x R : ≥(μ - δ)

donc ≤ .

Ainsi : dγ ≤ dγ(ϕ,ϕʹ).

Or : < 1 ⇔ δ < ce qui est bien le cas ici.


f* est donc une application contractante dans l’espace complet (Liγ,dγ) : elle admet un unique point fixe ϕ+ , qui est une application
dont le graphe horizontal est invariant par f .

6. ϕ+ appartient à Liγ donc ≤γ d’où, puisque γ < 1 : = .

De plus, ≥ (c’est le maximum des deux coordonnées donc supérieur à la première)

et ≤δ ≤δ donc ≥(μ - δ) = (μ - δ) .

7. Pour δ suffisamment petit, μ - δ > 1.

Soit x R . Comme le graphe horizontal de ϕ+ est stable par f, f(x,ϕ+(x)) est encore un élément de Hϕ+ donc 4.6 donne par récurrence :

Comme f est bijective, ceci donne aussi, en l’appliquant à f-n(x,ϕ+(x)) qui est toujours un élément du graphe horizontal de ϕ+ :

qui tend vers 0 lorsque n tend vers + ∞ donc (x,ϕ+(x)) est dans la variété instable de (0,0) .

Différentiabilité des fonctions lipschitziennes

1. On prend xn = x + 2-n donc Δxnϕ = .

Δxn ϕ est de norme 1 par construction ; cette suite bornée admet une sous-suite convergente, et quitte à ne garder que la sous-suite, il
existe donc v R2 tel que limn→+∞Δxnϕ = v.

Comme ϕ est γ-lipschitzienne : ≤γ2-n

donc 2-n ≤ ≤α2-n où α = max(1,γ).

Ainsi la première coordonnée de Δxnϕ est comprise entre et 1, et ne peut pas tendre vers 0 : pr1 (v) est non nul. Alors pr1(Txϕ)
contient au moins pr1(Rv) = R et qui est contenu dans R par construction donc : pr1(Txϕ) = R .

2. On note pr2 la projection sur la deuxième coordonnée.

Pour tout (x, y) : ≤γ donc pour toute suite (xn)n N de limite x telle que Δxn ϕ ait une limite v :

donc, à la limite, v est élément de Hγ : Txϕ ⊂ Hγ .

3. φ peut être prolongée par continuité en 0 par φ(0) = 0.

φ est dérivable sur R*. Par parité, on peut limiter l’étude à R+*. On a :

donc φʹ est bornée par .

Pour tout ⊂ , φ est continue sur , dérivable et à dérivée bornée par sur donc -lipschitzienne sur
d’après l’inégalité des accroissement finis.

En recollant avec R-, φ est dans Liγ pour γ = .

Soit (xn )n N une suite convergente vers 0 :

Comme ≤ , la norme du dénominateur est et :

La limite si elle existe est donc dans H1⁄2.

Pour tout (u, v) H1⁄2 tel que u≠0, il existe θ tel que sinθ = .

Soit, pour tout n N : xn = exp .

(xn )n N tend vers 0 et n N a pour limite , donc (u,v) T0φ.


Ainsi, T0 φ = H1⁄2 .

4. Pour γ≤ 1, la norme du dénominateur est égale à donc :

le signe ± dépendant de la position relative de x et y.

Soit (xn )n N une suite convergente vers x par valeurs supérieures par exemple.

n N est bornée donc admet une sous-suite convergente.

La limite est alors le seul vecteur (1,v) de Txϕ de première coordonnée 1. La suite n N est donc une suite bornée ayant une
unique valeur d’adhérence (1,v) : elle converge vers (1,v), ce qui montre que, pour toute suite de convergente vers x,
n N converge vers v.

Le critère séquentiel assure alors que : limh→0+ = v.

ϕ est dérivable à droite, de dérivée v.

On fait la même chose à gauche : pour toute suite (xn)n N de convergente vers x, =
converge vers - v, donc limh→0- = v.

Alors ϕ est dérivable en x , et ϕʹ(x) = v.


[Table des matières]
[Table des matières]

Questions & réponses


Questions

Les questions

Réponses

R38: droites rencontrant deux cercles et leurs axes

R445: une identité algébrique

R446: erratum

R454: un problème de probabilités

R458: extrémums du segment de normale d’une courbe

R466: une intégrale double

[Table des matières]


[Table des matières]

TS
Du côté des élèves
de Terminale S
Questions proposées aux élèves de Terminale S

1. E désigne l’ensemble des fonctions définies sur à valeurs dans , deux fois dérivables, de dérivée seconde continue, telles que f
= f - 1 = fʹ = fʹ = 0 .

a) Déterminer les extremums de fʹʹdans les cas suivants : f = 3x2 - 2x3 et f = sin2 .

b) Déterminer F l’ensemble des éléments de E qui sont des fonctions polynômes de degré inférieur ou égal à 4 ( c’est-à-dire des
fonctions du type x ax4 + bx3 + cx2 + dx + e où les coefficients a,b,c,d et e sont des nombres réels ). Soit M le maximum de pour
f appartenant à F . Quelle est la valeur minimum de M lorsque f décrit F ?

c) Pour toute fonction f élément de E, démontrer que les ensembles et sont non vides.
Ind. On pourra raisonner par l’absurde.

d) Montrer que l’ensemble des graphes des éléments de E est invariant par la symétrie de centre le point de coordonnées .

Dans les questions e) et f), on note f un élément de E.

e) Démontrer l’existence de a tel que 0 < a < 1 et f = a.

f) Montrer qu’il existe x tel que 0 < x < a et fʹʹ > 4, ou qu’il existe y tel que a < y < 1 et fʹʹ < -4.
Ind. On pourra raisonner par l’absurde.

g) ɛ étant un réel strictement positif donné, construire un exemple de fonction f élément de E telle que : ∀x < 4 + ɛ.

2. Une urne contient b boules blanches et n boules noires.

a) L’entier k étant tel que 1 ≤ k ≤ b + n, on tire une à une, au hasard et sans remise, k boules de l’urne. Soit X la variable aléatoire
prenant la valeur 1 si la dernière boule tirée est blanche et la valeur 0 sinon. Déterminer la loi de X.

b) On tire maintenant les boules une à une, au hasard et avec remise. Soit alors Y la variable indiquant le nombre de boules tirées
lorsqu’on obtient la première boule blanche, et prenant par convention la valeur 0 lorsqu’on ne tire aucune boule blanche. Déterminer
la probabilité de l’événement , puis calculer l’espérance de Y .

c) On tire enfin les b + n boules, une à une, au hasard et sans remise. Soit Z la variable aléatoire indiquant le nombre de tirages
effectués au moment où apparaît la première boule blanche. Déterminer l’espérance de Z.

3. Déterminer les entiers relatifs a tels que a4 + a + 7 soit un carré parfait.

4. Dans cette question, parallélogramme est entendu au sens strict (c’est-à-dire de sommets non alignés). Pour chacune des
propositions ci-dessous, indiquer si elle est vraie ou fausse dans l’espace euclidien usuel de dimension 3 ; dans le premier cas, la
prouver, dans le second, en proposer un contre-exemple.

1. Tout parallélogramme peut être projeté orthogonalement selon un carré.


2. Pour tout parallélogramme il existe un carré dont il est l’image par projection orthogonale.

Problème

I. Polynômes de degré 2

Dans ce problème, on appelera polynôme unitaire de degré 2 toute application P : C → C telle qu’existent deux réels b et c vérifiant :

(1)

Dans toute cette partie I, on considère le polynôme unitaire défini par .

I.1. Montrer que si bʹ et cʹ sont tels que pour tout x C, P = x2 + bʹx + cʹ, alors b = bʹ et c = cʹ . Ainsi b et c sont définis de façon
unique : ce sont les coefficients de P.

I.2. Établir l’existence de nombres complexes r et s tels que pour tout x C, P = . Montrer que est unique. On dit
que r et s sont les racines de P.

I.3. Calculer en fonction de b et c les nombres r + s , rs et r2 + s2 .

I.4. On pose S0 = 2 et pour n N*Sn = rn + sn. Donner une formule de récurrence qui exprime Sn+2 en fonction de Sn+1 et de Sn .
I.5. Application : on pose ω = (ω est appelé le nombre d’or).

a) Montrer qu’il existe un unique polynôme unitaire de degré 2, à coefficients rationnels, admettant ω pour racine. On le note A.
Déterminer l’autre racine, notée ωʹ, de A.

b) Montrer que limn→+∞sin = 0.


On pourra commencer par évaluer sin π .

II. Résultant de deux polynômes de degré 2

II.1. On donne b,c, et des réels tels que les deux couples et , sont distincts. Résoudre le système d’inconnue réelle :

Étendre le résultat précédent au cas où l’inconnue est complexe.

Dans la suite de cette partie II on considère deux polynômes unitaires de degré 2, P et , définis par les formules P = x2 + bx + c,
= x2 + x + . On suppose que P est différent de , c’est-à-dire que les couples et , sont distincts.

II.2. On suppose dans cette question que P et ont une racine commune. Exprimer cette racine à l’aide des coefficients b,c, et et
montrer qu’elle est réelle. Que peut-on dire de cette racine si b, c, et sont rationnels ? entiers ?

On pose R P, = ( - c)2 - - b b - c : R P, est appelé le résultant de P et .

II.3. Montrer que P et ont une racine commune si, et seulement si, R P, = 0.

II.4. On pose Δ = b2 - 4ac et = 2 - 4ã . Que peut-on dire des signes de Δ et si R P, = 0 ?

II.5. On note r et s les racines de P , et celles de . Comparer les nombres :

II.6. Montrer que R P, = R ,P .


Pour t , lier R P, et R P, P + t .

II.7.

a) Démontrer que la condition R P, < 0 équivaut à l’existence de racines réelles distinctes r et s pour P et de racines réelles
distinctes et pour telles que l’un des réels et soit dans l’intervalle ouvert alors que l’autre n’est pas dans l’intervalle fermé
. (On dit alors que les racines de P et sont entrelacées).

Dans les questions b) et c) on suppose Δ > 0 et > 0 . On dira que deux intervalles fermés et (a < b et c < d) sont strictement
emboîtés si l’intervalle fermé est inclus dans l’intervalle ouvert ou si l’intervalle fermé est inclus dans l’intervalle ouvert
.

b) Démontrer alors que la condition R P, > 0 équivaut au fait que les intervalles et sont disjoints ou strictement emboîtés.

c) On note S P, = 2 c + - b et l’on suppose R P, > 0. Démontrer que les quatre conditions suivantes sont équivalentes :

1. Les intervalles et sont disjoints.


2. S P, > 0.
3. Δ < b - 2 et < b - 2.
4. Δ + S P, > 0 et + S P, > 0.

III. Thème de recherche

On appelera polynôme unitaire de degré 3 toute application Π : C → C telle qu’existent des réels β, γ et δ tels que :

III.1.

a) Montrer que tout polynôme unitaire de degré 3 admet au moins une racine réelle.

b) Quitte à les adapter, étendre aux polynômes unitaires de degré 3 les résultats obtenus en I.1 et I.2 relatifs aux polynômes unitaires de
degré 2.

Dans la suite, P et Π désignent respectivement un polynôme unitaire de degré 2 et un polynôme unitaire de degré 3 :

On note r et s les racines de P , ρ,σ et τ celles de Π.

III.2.

a) Exprimer Π(r)Π(s) à l’aide des coefficients de b,c,β,γ et δ. Ce réel est noté R(P,Π), c’est le résultant de P et Π.
b) Montrer que R = P P P .

c) Prouver que P et Π ont une racine commune si, et seulement si, R = 0.

III.3. On pose b = , c = ⋅

a) Établir en se restreignant aux valeurs réelles de la variable un lien entre P et Πʹ .

b) Exprimer R en fonction β,γ et δ.

c) Établir que la condition R < 0 équivaut au fait que Π possède trois racines réelles distinctes.

OLYMPIADES INTERNATIONALES DE DE MATHÉMATIQUES

Épreuves d’entraînement et de sélection de la délégation française, communiquées avec l’aimable autorisation de MM. Claude
Deschamps et Yohann Yebbou, auteurs de ces exercices et de leurs solutions. Ces dernières seront publiées dans un prochain numéro
de la revue.

DÉLÉGATION FRANÇAISE

Chaque exercice est noté sur 7 points.

Les calculatrices ne sont pas autorisées.

Premier jour : lundi 24 mai 2004

Durée : 4 heures 30

Exercice 1. Si n est un entier naturel non nul, on considère l’ensemble A = {n,n+1,n+2,…,n+17}.

Peut-on trouver des valeurs de n pour lesquelles il existe un partage de A en deux ensembles disjoints B et C de telle sorte que le
produit des éléments de B soit égal au produit des éléments de C ?

Exercice 2. Dans un parallélogramme ABCD, on se donne M sur [AB] et N sur [BC] de sorte que les segments [AM] et [CN] aient des
longueurs égales non nulles. Les droites AN et CM se coupent en Q. Montrer que DQ est la bissectrice de .

Exercice 3. Dans le plan rapporté à un repère orthonormal, tout point à coordonnées entières est le centre d’un disque de rayon 1⁄1000⋅

Montrer qu’il existe un triangle équilatéral dont les trois sommets sont dans des disques différents.

Montrer qu’un tel triangle a des côtés de longueur plus grande que 96.

Second jour : mardi 25 mai 2004

Durée : 4 heures 30

Exercice 4. Soit n un entier naturel non nul.

On considère 2n réels strictement positifs a1,…,an et b1,…bn vérifiant

Trouver la plus petite valeur de a ⁄a1 + b1 + a ⁄a2 + b2 + + a ⁄an + bn⋅

Exercice 5.

Le cercle inscrit dans le triangle ABC est tangent aux côtés AB, BC, CA aux points P , Q, R.

Montrer

Exercice 6.

On note l’ensemble des nombres premiers.

On considère une partie M de ayant au moins trois éléments. On suppose que, pour tout sous-ensemble fini (non vide) strict A de
M (c’est-à-dire A ⁄= M), les facteurs premiers de l’entier

appartiennent à M.

Montrer que M = .

Remarque. On rappelle que ∏ p Ap désigne le produit des éléments de A.

Corrigé des questions, du problème et du thème de recherche proposés en mars 2004, dans la RMS 114-2.
I. Questions.

1. Soit C une plaque polygonale convexe dans le plan. Pour tout réel d ≥ 0, on note C l’ensemble des points M du plan de C situés à
une distance de C inférieure ou égale à d.

a) Donner une définition précise de l’expression distance de M à C.

b) Montrer que la région C a une aire que l’on exprimera en fonction de d, du périmètre l et de l’aire a du polygone.

Solution rédigée d’après celle de Franck Gabriel, élève en terminale S au lycée Carnot de Dijon.

a) Soit M un point du plan. La distance de M à C est la valeur minimale de MP lorsque P décrit C.

b) Si d = 0, C = C et son aire vaut donc a. On suppose dans la suite d > 0. On note A1 , A2 , , An les sommets de C et l’on pose A0 =
An. On suppose bien entendu l’énumération telle que que chaque segment est un côté de C. On constate alors que C est la
réunion

de C
de rectangles Ri où Ri s’appuie sur le segment , l’autre côté valant d
de secteurs angulaires Di où : Di a pour sommet Ai, pour rayon d et pour angle au sommet π - [ NB : ici An+1
= A1].

On constate que les Di permettent de reconstituer un disque de rayon d complet. Ainsi γ désignant l’aire de C :

soit :

NB : cette formule est bien entendu encore exacte lorsque d = 0. Elle se généralise d’autre part à une plaque convexe quelconque.

2. Soit une famille de quatre points trois à trois non alignés d’un plan P , et s un point extérieur à P : il définit avec la base
abcd une pyramide S. Que peut-on dire de l’ensemble des plans qui coupent les arêtes , , et de S en quatre points deux à
deux distincts formant un parallélogramme ?

, , étant vecteurs directeurs respectivement des droites , , , il existe un triplet de réels tel que : = α + β + γ .
Alors dans le repère avec = α , = β , = γ la droite a pour équations x = y = z. Le plan d’équation px + qy
+ rz = 1 (avec p, q, r, t = p + q + r non nuls) coupe les quatre droites , , , respectivement en A , B , C
et D . La figure formée par les points A, B, C, D est un parallélogramme si et seulement si les segments et
ont même milieu ou encore et , ou et . Par exemple en écrivant que et ont même milieu, on est conduit à la
condition nécessaire et suffisante p = q = -r ou encore a une équation de la forme x + y = z + u avec u réel non nul, et de façon
analogue pour les deux autres cas x + z = y + u, y + z = x + u.

Remarque : il est facile de caractériser géométriquement les plans . Lorsque abcd est en position générale, les paires de droites et
, et et et sont respectivement sécantes en m,n et p. Les plans coupant les droites , , , en quatre points
formant un parallélogramme sont les plans strictement parallèles aux plans , et

3. Montrer que, si 9 divise la somme des cubes de sept entiers, alors 3 divise le produit de ces sept entiers.

Solution de Franck Gabriel, élève en terminale S au lycée Carnot de Dijon.

Soient sept entiers a1,a2, ,a7 tels que 9 divise ∑ a . Supposons que pour tout entier i, 1 ≤ i ≤ 7, 3 ne divise pas ai (ce qui est
équivalent à dire que 3 ne divise pas ∏ ai, puisque 3 est premier). Pour i = 1,2, ,7 : ai ≡ 1,2,4,5,7 ou 8 , donc a ≡ 1 ou - 1 . Notons
n le nombre d’indices i tels que a ≡- 1 : 9 |∑ a se récrit ⋅ 1 + n⋅ ≡ 0 , soit 2n ≡ 7 , ce qui est absurde puisque 0 ≤ n ≤
7. Il y a donc contradiction et 3 |∏ ai .

4. Soit un couple de réels vérifiant 0 < a < b. Démontrer les relations :

Solution rédigée d’après celle de Franck Gabriel, élève en terminale S au lycée Carnot de Dijon.
Les inégalités < et < sont immédiates puisqu’elles se ramènent l’une et l’autre à l’inégalité x <
< y lorsque x < y.
2
- = > 0, donc < .
Nous obtiendrons les deux dernières inégalités comme conséquence du lemme suivant :

Lemme : Doit f une fonction définie sur un intervalle I, à valeurs dans , dérivable et de dérivée strictement croissante. Alors
pour u,v I, avec u < v :

Preuve : ∫ f dt- f = ∫ dt = ∫ g dτ, où : g = f - 2f + f .


Or gʹ = fʹ -fʹ > 0 si τ > 0. Ainsi g est strictement croissante. Comme g = 0, on voit que g > 0 si τ > 0,
donc ∫ g dτ > 0, ce qu’il fallait démontrer.

On applique alors ce résultat à la fonction x → entre a et b, pour obtenir < , puis à la fonction x → ex entre lna
et lnb pour obtenir < .

II. Problème.

La solution proposée pour les parties 1 et 2 du problème est, à quelques points de détails près, celle de Franck Gabriel, élève en
terminale S au lycée Carnot de Dijon.

2.1. Géométrie plane.

1. La tangente à C en A est la perpendiculaire à OA passant par A. Son équation est : a + b = 0 soit ax + by = R2.

2.

Notons les coordonnées du point M . on a :

On résout ce système en remarquant que xuyv - xvyu est non nul puisque O,U,V ne sont pas alignés :

Construction de M : on construit la perpendiculaire à OU en U et la perpendiculaire à OV en V . L’intersection de ces


deux doites est le point M . Voici une mise en oeuvre de cette construction à la règle et au compas ne faisant appel qu’à
quatre cercles. Notons L le point diamétralement opposé à O sur le cercle de centre U et de rayon UO, et K le second point
d’intersection de ce dernier avec le cercle de centre V et de rayon V O. Alors K appartient à la médiatrice du segment UV
comme le point M puisque MU = MV . Par conséquent M appartient à la droite OK. La droite UM perpendiculaire à OU en U
est la médiatrice de OL. Les deux cercles de centres respectifs O et L et de même rayon OL se coupent en deux points de .
Le point M est alors l’intersection des droites et OK.

3. Les triangles OUP et OV P sont symétriques par rapport à la droite OP. La droite UV est donc perpendiculaire à la droite OP .
L’assertion [i], ⋅ = R2 , équivaut à ⋅ = R2 c’est-à-dire encore (compte tenu de 2 = R2 et ⋅ = 0) ⋅
+ ⋅ ⋅ = 0. Par conséquent : [i]⇐⇒ ⋅ = 0, donc [i] équivaut à l’assertion [ii] : Q appartient à la doite UV . On montre de
même : [i]⇐⇒[iii], ce qui achève de prouver l’équivalence des assertions [i],[ii] et [iii].

4. On trace I le mileu du segment OM , puis le cercle Cʹ de diamètre . U et V sont les points d’intersection des cercles C et Cʹ.

5.

a) ⋅ = ⋅ = ⋅ = OΩ 2 - Rʹ2. Donc : OΩ 2 = R2 + Rʹ2 .

b) De a) on déduit que :

Ainsi :

Les cercles de centre O et de rayon R et de centre Ω et de rayon Rʹ sont donc sécants en deux points notés I et Iʹ. Comme OΩ 2 = OI2 +
IΩ 2 le triangle OIΩ est rectangle en I. La tangente à C en I est donc la droite et la tangente à Γ en I est la droite : ces deux
tangentes sont bien perpendiculaires. La situation en Iʹ est la même.

6. Si les tangentes à C et Γ en I sont perpendiculaires, et sont orthogonaux, donc : OΩ 2 = OI2 + IΩ 2 puis, selon le calcul de 5. a)
⋅ = OΩ 2 -Rʹ2 = R2.

2.2. Géométrie dans l’espace.

1. Si P = O, P* est vide. Si P≠O, considérons le point Q0 tel que = ⋅ . Pour Q point de l’espace, on a :
Ainsi, P* est le plan passant par Q0 et perpendiculaire à la droite .

2.

Si OP = R , P* est le plan tangent à S en P .


Si OP > R : plaçons-nous dans un plan Π contenant O et P et traçons dans ce plan les points U et V du cercle C = Π ∩ S tels
que les tangentes à C en U et V passent par P. D’après 2.1.3. U (et V ) sont dans P*, donc P* est le plan perpendiculaire à la
droite passant par U.
Si OP < R : on se place à nouveau dans un plan Π contenant O et P . On trace une droite passant par P qui ne contient pas O et
coupe le cercle C = Π ∩ S en deux points que l’on note U et V . On construit les tangentes à C en U et V qui se coupent en un
point noté M . D’après 2.1.3. , M P*, donc P* est le plan passant par M et perpendiculaire à la droite .

3. Plaçons-nous dans le plan Π = . Grâce à 2.1.5. a) les cercles C = Π ∩ S et Γ = Π ∩ Σ se coupent en deux points I et Iʹ, et on a
⋅ = 0. Soit M S ∩ Σ : M est l’iamge de I par une rotation ρ d’axe . Ainsi ⋅ = ⋅ = ⋅ = 0.

4. Il suffit de se placer dans le plan et d’appliquer la propriété 2.1.6.

2.3. Thème de recherche.

1.

a) Soient P0 et P1 deux points distincts de D. Comme D ne passe pas par O, les droites et sont distinctes et n’ont pas même
direction. Les plans P et P ne sont pas parallèles et se coupent selon une droite Δ. Soit M Δ : P0 et P1 sont dans le plan M*, donc D ⊂
M*. Ainsi, pour tout P D et tout M Δ ⋅ = R2 , donc Δ ⊂ P* . On a ainsi prouvé qu’existe une unique droite Δ incluse dans
chacun des plans P* lorsque P décrit D.

b) Soit Δʹ la droite passant par B et perpendiculaire au plan qui contient O et D. Pour P Δʹ et M D : ⋅ = ⋅


= ⋅ = R2 . Ainsi P M* . par unicité de la droite Δ vérifiant les conditions du 1. a) Δʹ = Δ .

c) La droite associée à Δ est D, puisque pour tout P D et M Δ ⋅ = R2 .

2. Soit A le point de coordonnées et B le point de coordonnées . la question 1. b) montre que si D décrit l’ensemble
des droites passant par A et parallèles au plan d’équation z = 0 , Δ décrit l’ensemble des droites passant par B et parallèles au plan
d’équation z = 0.

3. Franck Gabriel signale à juste titre une erreur typographique dans l’énoncé. Dans la deuxième ligne de cette question, il convient de
remplacer Z = 0 par z = 0.

Notons Π le plan d’équation z = 0, Γ le cercle d’équations z = 0, x2 + y2 = ρ2 et S le point de coordonnées . On a clairement


. Ainsi, si D est une droite de Π , sa droite associée, que l’on note Δ, passe par S. Notons D0 la droite d’équations z = s, x = -ρ
et notons A0 le projeté orthogonal de O sur D0. La droite Δ0 associée à D0 a pour vecteur directeur le vecteur de composantes
qui est orthogonal à la direction de D0 et à ; ainsi Δ0 fait avec l’axe Oz un angle α tel que tanα = . Les droites Δ associées
à une droite tangente au cercle d’équations z = 0, x2 + y2 = ρ2 s’obtiennent alors par rotation de Δ0 autour de Oz et engendrent donc le
cône de révolution de sommet S, d’axe Oz et de demi-angle au sommet α, avec tan α = ⋅
[Table des matières]
[Table des matières]

Bibliographie
LIVRES COMMENTéS

Cours de mathématiques

Denis Monasse

Vuibert, 616 pages.

Critique

Dans la continuité de son précédent cours, Denis Monasse nous propose, toujours en un seul tome, un cours de mathématiques qui a
pour objectif de présenter, sous une forme ramassée et commode, les résultats et outils qu’un étudiant de deuxième année en classe
préparatoire, mais aussi un candidat au Capes et à l’agrégation interne, devrait connaître. Sans être inféodé aux nouveaux programmes
des classes préparatoires, ce livre en suit à peu près les contours, et c’est bien naturel : la deuxième année de classe préparatoire est
simultanément la dernière année de formation mathématique générale pour les étudiants qui se destinent à des voies scientifiques
(ingénieurs, physiciens, etc.) et l’année fondatrice pour ceux qui envisagent de se consacrer à l’enseignement ou à la recherche en
mathématiques.

Il s’agit tout de même d’un défi, que de faire tenir en six cents pages un corpus mathématique d’autant moins négligeable que certains
chapitres sont approfondis. Ces approfondissements sont courts, mais souvent très pertinents, et présentent somme toute peu de
difficultés conceptuelles tout en offrant à l’étudiant de réelles voies de réflexion et de culture. Les séries formelles, par exemple, sont
des objets très aisés à comprendre (parfois trop, et il est bien pour cela que leur statut exact soit précisé), et font l’objet d’un
paragraphe : on sent derrière le mathématicien poindre le professeur d’informatique qui connaît l’usage que l’on peut faire des séries
formelles pour estimer des dénombrements ou des complexités d’algorithmes. La convexité est encore une notion simple, et il est bon
qu’un étudiant l’ait rencontrée dans un cadre géométrique : Denis Monasse donnera quelques résultats fondamentaux qui illustrent
cette volonté, les théorèmes de Krein-Milʹman et de Caratheodory.

Le style de l’auteur, nerveux et précis, est particulièrement adapté à ce qu’il faut bien considérer comme un vade-mecum de l’étudiant
en mathématiques en seconde année de l’enseignement supérieur. Les démonstrations évidentes ne sont pas données, celles qui sont
simples sont esquissées, les autres sont fournies complètement, souvent dans un version efficace et concise. Évidemment, une
conséquence du tome unique est qu’il n’a pas été possible à l’auteur de proposer des exercices ou des exemples en grand nombre.
Cette situation a un avantage : elle permet de retrouver facilement les théorèmes et définitions fondamentaux. Bien entendu, comme
l’indique l’auteur, les livres d’exercices sont suffisamment abondants pour que, non seulement l’étudiant n’ait aucune difficulté à s’en
procurer, mais encore puisse les choisir adaptés à son niveau ou aux concours et examens spécifiques qu’il prépare.

Ce livre est donc destiné à devenir un ouvrage de référence.

Équations aux dérivées partielles et leurs approximations

Brigitte Lucquin

Éditions Ellipses, 227 pages.

Critique

Les équations aux dérivées partielles, on le sait, servent à modéliser un nombre immense de phénomènes simples ou complexes, et
constituent un domaine privilégié d’application des mathématiques. Ce n’est pas un sujet facile, car il se situe au confluent de
plusieurs disciplines : géométrie, calcul différentiel, intégration, analyse fonctionnelle, avec des sujets plus récurrents, tels que les
espaces de Hilbert, les méthodes variationnelles ou les distributions. Tout cela assaisonné d’une sauce plutôt épicée d’analyse
proprement numérique, avec tout ce que cela veut dire de méthodes spécifiques.

C’est avec simplicité que Brigitte Lucquin s’attelle à ce sujet. Plutôt que de commencer par un nombre infini de prolégomènes sur les
distributions, elle propose des exemples simples qui motivent, justement, une introduction raisonnable à l’utilisation des
distributions. La seconde partie est consacrée au théorème de Lax-Milgram et à ses différentes applications. La simplicité de l’énoncé,
dans son cadre hilbertien, ne doit pas faire oublier la relative complication qu’il peut y avoir à interpréter les résultats obtenus. Les
deux derniers chapitres sont consacrés à la mise en œuvre numérique, d’abord par la méthode des éléments finis, ensuite par celle des
différences finies.

Sur un sujet habituellement considéré comme extrêmement technique, l’auteur a réussi un ouvrage agréable à lire et qui, par la
simplicité de ses points de vue, attire le lecteur plutôt qu’il ne le rebute. La contrepartie peut se trouver dans des justifications un peu
rapides, mais en réalité la difficulté d’un tel sujet ne peut être entièrement résolue que par la conjonction de plusieurs points de vue.
Celui de l’auteur a été de rendre agréable une introduction substantielle, et c’est une réussite.

Handbook of Mathematics

Bronshtein, Semendyayev, Musiol, Muehlig

Springer, 1160 pages.

Critique

Cet ouvrage, compact et écrit en petits caractères, est une encyclopédie portative de mathématiques, à l’usage des ingénieurs, des
informaticiens, des statisticiens et autres, mais aussi des mathématiciens. Ce n’est pas le lieu ici de faire la liste des sujets abordés, elle
nécessiterait un numéro complet de cette revue. Disons que les sujets traités sont ceux qui sont les plus utiles aux applications des
mathématiques. Quant à leur niveau, il est variable : des mathématiques élémentaires (les règles de calcul dans R) jusqu’à des sujets
très avancés (les systèmes dynamiques continus).

Un tel ouvrage peut être extrêmement utile, et il est dommage qu’il n’en existe pas de comparable en français. On peut très bien ne pas
se rappeler que le théorème sur la variété à centre dans la théorie des équations différentielles s’appelle le théorème de Shoshitaishvili.
Inversement, on se rappelle que Claude Berge, un des fondateurs de la théorie des graphes, a donné son nom à un théorème sans
nécessairement se souvenir de son intitulé. Tout cela sera réglé en un clin d’œil à l’aide de la table des matières. Plus prosaïquement,
on trouvera grâce à l’une des nombreuses tables la transformée de Laplace inverse de ou, dans l’une des 745 figures, le tracé
de la clothoïde.

On attend avec impatience l’analogue en français d’un tel ouvrage.


[Table des matières]
1. Membre de l’Académie des Sciences, cofondateur du groupe Bourbaki.
[Questions-Reponses]

Q503. Une question posée par Don Zagier est :

”Montrer qu’il n’existe aucun anneau possédant exactement cinq éléments inversibles.”

Plus généralement, trouver des entiers n autres que 5 tels qu’il n’existe aucun anneau A possédant exactement n éléments inversibles.
(M. Omarjee)

Q504. Soit une sous-algèbre (contenant In) de n(C) et ∥.∥ une norme d’algèbre sur .

Comparer les propriétés :

(i) est commutative.

(ii) il existe k > 0 tel que ∥yx∥≤ k∥xy∥ pour tous x, y de .

(iii) pour tous x et y de , (xy = 0) ⇒ (yx = 0).

Reprendre l’étude avec R pour corps de base. (R.Antetomaso)

Q505. Soit G un groupe fini.

On note Aut (G) le groupe des automorphismes de G.

Est-il vrai que le cardinal de Aut(G) tend vers +∞ avec celui de G ? (N.Tosel)

Q506. Soit T(n) le nombre de partitions d’un ensemble à n éléments.

On sait que T(n) = ∑ .

Peut-on exprimer un équivalent de T(n) à l’aide des fonctions usuelles ? (P.Laustriat)

Q507. Soit des complexes non nuls a et b et un réel m > 1.

Peut-on trouver des complexes non nuls c et d et un réel n > 1, n ⁄= m, tels que, pour tout t réel, il existe u réel vérifiant aeit + beimt =
ceiu + deinu ?

Exprimer la relation entre t et u dans le cas d’existence. (LG.Vidiani)

Q508. Inspiré par un exercice de la compétition de Putnam de l’année 2003 ( American mathematical monthly 110-9), où l’on demande
de prouver que parmi cinq points d’une sphère, il en existe toujours quatre situés sur un même hémisphère.

Quelle est la probabilité pour que quatre points marqués au hasard sur une sphère se trouvent situés dans un même hémisphère ?
(A.Tissier)

Q509. Inspiré par un exercice de la compétition de Putnam de l’année 2002 ( American Mathematical Monthly 109-9), où l’on demande
de prouver qu’il existe un arc de parabole inscrit dans le cercle unité dont la longueur est au moins 4.

Etudier le maximum de la longueur d’un arc de parabole inscrit dans le cercle unité. (A.Tissier)

Q510. On note R le réseau du plan dont les nœuds sont les points à coordonnées entières. Deux nœuds sont voisins si leur distance
mutuelle vaut 1. Une configuration est un ensemble fini de pions disposés sur certains nœuds de R (il ne peut y avoir deux pions sur le
même nœud. Un changement de configuration est donné par le choix d’un mouvement. Un mouvement est défini par le saut d’un
pion situé en A par-dessus un autre pion, situé en B, voisin de A, pour se placer sur le nœud C tel que B est le milieu de AC, ce qui
suppose que la case C en question est vide.

Pour des entiers n > 0 et a > 0, on note (n,a) l’ensemble des configurations à n pions incluses dans le demi-plan fermé des (x,y) tels
que y ≥ a.

Le jeu consiste à trouver des configurations à n pions à partir desquelles on peut trouver une succession de n - 1 mouvements à
l’issue lesquels il reste un pion situé en un nœud d’ordonnée nulle. On note (n,a) l’ensemble de ces configurations ”victorieuses”.

La valeur minimale de n tel que (n,a) est non vide est notée M(a).

Il est immédiat que M(1) = 2, un élément de (2,1) étant la configuration donnée par les nœuds (0, 1) et (0, 2).

On trouve M(2) = 4, un élément de (4,2) étant la configuration donnée par les nœuds (0,2), (1, 2), (2, 2) et (0,3).

Après tâtonnements, on montre que (8,3) est non vide, la configuration donnée par les nœuds (0, 3), (1, 3), (2, 3), (3,3), (4,3), (0,4),
(1,4) et (2,4) étant victorieuse.

L’énoncé demandait un élément du type (n,4) avec la valeur minimale de n, c’est-à-dire M(4).

a) Montrer que M(3) = 8.

b) Trouver M(4).
c) Prouver l’existence ou la non-existence de M(5), M(6),…. (F.Vivicorsi)
[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R38. Soit dans R3 deux cercles C1 et C2. Montrer, en se basant sur des propriétés de minimum, qu’il existe au moins une droite qui
rencontre C1 et C2 et leurs axes. (LG Vidiani)

Réponse composée de celles de l’auteur et d’A.Tissier

NDLR. Cette question posée dans [1] figure en exercice dans [2].

Les quatre solutions

Changeons l’énoncé pour augmenter son intérêt.

Montrons élémentairement qu’il y en a général au moins quatre droites distinctes vérifiant la condition demandée.

On note E l’espace euclidien R3. On note xy la distance entre les points x et y de E.

On remplacera la condition ”rencontre l’axe de Ci” par ”est coplanaire avec l’axe de Ci”. On suppose les cercles C1 et C2 disjoints. On
note leurs axes D1 et D2.

On suppose de plus que C1 ne rencontre pas D2.

Soit x un point non situé sur C2 et b un point de C2. Dire que la droite xb est coplanaire avec D2, c’est dire que la fonction y xy,
définie sur C2, est extrémale en b (cette condition contient le cas de xb et D2 parallèles) .

On cherche donc les couples (a,b) de C1 × C2 tels que les fonctions x xb et y ay sont respectivement extrémales en a et b.

Pour tout point x de E \ D2, un raisonnement géométrique simple prouve qu’il existe sur C2 exactement un point α(x) qui réalise le
minimum de y xy, y C2 et exactement un point β(x) qui en réalise le maximum ; ces deux points sont diamétralement opposés sur
C2. Un calcul simple montre que α et β sont de classe ∞. (On peut, dans un repère orthonormal bien choisi les écrire sous la forme :
).

Bien entendu, pour tout x de E \ D2, on a xα(x) < xβ(x).

On paramètre les deux cercles C1 et C2 par les fonctions trigonométriques usuelles. Par exemple C1 est parcouru par x(t) = a + ucost + v
sint, où a est un point et u et v sont des vecteurs orthogonaux et de même norme. De même pour C2, parcouru par y(u) ayant une
expression similaire.

Posons f(t, u) = x(t)y(u). Les points critiques de f fournissent les couples (x(t),y(u)) solutions du problème cherché.

Le théorème du relèvement montre l’existence de fonctions ϕ et ψ, ∞, telles que α(x(t)) = y(ϕ(t)) et β(x(t)) = y(ψ(t)). Posons g(t) =
f(t,ϕ(t)) et h(t) = f(t,ψ(t)). Ces fonctions g et h sont ∞ et périodiques et admettent chacune un maximum et un minimum. Par
construction le minimum de g, atteint en un certain t1, est aussi le minimum de f ; de même le maximum de h, atteint en un certain t4
, est aussi le maximum de f. Posons x1 = x(t1) et y1 = y(ϕ(t1)), et x4 = x(t4) et y4 = y(ψ(t4 )),

Ces deux extrémums absolus permettent de répondre tout de suite à l’énoncé original.

On a α(x1 ) = y1 et γ(y1) = x1.

De même β(x4 ) = y4 et δ(y4) = x4.

Par construction on a pour tout t : (t,ϕ(t)) = 0. Soit t2 un point où g atteint son maximum et u2 = ϕ(t2 ). Le point x2 = x(t2) diffère
de x1 sauf si la fonction g est constante ; mais dans ce dernier cas on peut choisir x2 différent de x1.

0 = gʹ (t2 ) = + ϕʹ(t2) = .

On voit ainsi que est un point critique de f, tel que u2 = ϕ(t2). Posons y2 = y(u2). Le couple est une solution du problème
posé. Il est différent de .

De même, en minimisant t f(t,β(t)), on trouve un point critique autre que tel que y3 = β(x3 ). Comme les fonctions α et β
ne prennent pas de valeurs égales, les quatre couples fournissent des solutions distinctes du problème posé.

Le lien avec la constante d’Euler-Poincaré, par LG Vidiani

On peut relier l’existence des quatre solutions à certains théorèmes de Géométrie Différentielle.

1) Un théorème énoncé par exemple dans [3] ou [4] donne le résultat. Il est relatif à l’invariant d’ Euler Poincaré.

On se donne une surface V de classe 2 qui est compacte et une fonction f à valeurs réelles, de classe 2 , définie sur V . Pour tout point
critique a de f, on suppose que la forme quadratique hessienne en ce point est non dégénérée ; elle est donc de signature (2 - i,i), où i
est un certain entier entre 0 et 2, appelé indice de a. On note, pour tout i de 0 à 2, ci(f) le nombre de points critiques de f d’indice i.
Alors χV = c0(f) - c1(f) + c2(f) est indépendante de f.
Ici on peut considérer la fonction f comme définie sur le tore (voir le paramétrage ci-dessus). Or χV = 0 pour le tore. Donc le nombre
des cols c1(f), est égal au nombre c0(f) + c2(f) d’extrema locaux. Ainsi c1 (f) ≥ 2. Il y a donc au moins deux cols.

Cette relation figure dans [6] sous l’appellation ”relation du montagnard” : ν est le nombre de dépressions moins le nombre de cols
plus le nombre de pics. On y trouve un raisonnement permettant d’intuiter la formule d’Euler Poincaré. On interprète f comme le
niveau d’une mer qui recouvre la surface ; quand le niveau baisse, le nombre de mers (ou lacs) indépendants varie, et en étudiant leurs
fonctions on obtient presque rigoureusement la formule.

2) Plus simplement, on peut considérer le plongement d’un tore dans R3 pour constater qu’il y a quatre plans tangents horizontaux
(voir [5])

Bibliographie

[1] LG Vidiani, RMS avril 1984, Question Q38, Editions Vuibert.

[2] G.Choquet, Cours d’Analyse Topologie, exercice 49 p106, Masson et Cie.

[3] M.Berger et B.Gostiaux, Géométrie différentielle, 1972 p140, Armand Colin.

[4] A.Gramain, Topologie des Surfaces, 1971 p 52, PUF.

[5] D.Lehmann, Géométrie et Topologie des surfaces, 1982 p337, PUF.

[6] HB Griffiths, Surfaces p 132, CEDIC.

[7] G.Huvent et G.Choquet, Quadrature n∘ 29, Juillet-Août-Septembre 1997 p44-45, EDP Sciences.
[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R445. Trouver les solutions entières (a,b,c,d) (tous distincts) de l’équation :

(-a+b+c+d)(a-b+c+d)(a+b-c+d)(a+b+c-d) = 8(ab+cd)(ac+bd)(ad+bc). (J.Hardouin)

Réponse de P.Renfer

Notons (1) l’égalité de l’énoncé. On l’envisage dans un premier temps avec des variables réelles.

Une signification géométrique

La formule de Brahmagupta (mathématicien du septième siècle) permet de calculer l’aire S d’un quadrilatère convexe inscriptible à
l’aide des côtés a,b,c,d :

16S2 = (-a + b + c + d)(a - b + c + d)(a + b - c + d)(a + b + c - d).

Si l’on suppose en outre que le quadrilatère possède deux angles droits opposés, avec a,b comme longueurs des côtés de l’un des
angles droits, alors 2S = ab + cd. Alors dans ces conditions (a, b, c, d) vérifie (1). En effet, après simplification par 16S, (1) revient
maintenant à S = (ac + bd)(ad + bc). Or on a c2 + d2 = a2 + b2 (Pythagore) et les deux membres valent tous deux 2S(a2
+ b2).

Factorisation

Posons : P(a, b, c, d) = (-a+b+c+d)(a-b+c+d)(a+b-c+d)(a+b+c-d)-8(ab+cd)(ac+bd)(ad+bc).

Ce polynôme à quatre indéterminées est nul pour tout quadruplet tel que a2 + b2 - c2 - d2 = 0. Ceci incite à penser que P(a,b,c,d) est
divisible par a2 + b2 - c2 - d2 et les polynômes analogues.

Effectivement on vérifie :

P(a, b, c, d) = .

Un logiciel de calcul formel permet d’obtenir directement la factorisation, mais le détour heuristique par la géométrie est une
démarche plus élégante et indépendante de la machine.

Retour aux solutions entières

Pour obtenir une solution (a,b,c,d) où a,b,c,d sont des entiers distincts, il suffit de trouver un entier pouvant se décomposer de deux
manières comme somme de deux carrés.

Pour un tel entier les facteurs premiers congrus à 3 modulo 4 doivent figurer avec un exposant pair.

On peut utiliser leur décomposition en facteurs premiers dans l’anneau des entiers de Gauss.

Par exemple : 65 = 5 × 13 = (2 + i)(2 - i)(3 + 2i)(3 - 2i).

En groupant les facteurs 2 + i et 3 + 2i, on obtient : 65 = (4 + 7i)(4 - 7i) = 42 + 72.

En groupant les facteurs 2 + i et 3 - 2i, on obtient : 65 = (8 - i)(8 + i) = 82 + 12.

Ainsi trouve-t-on le quadruplet (4,7,8,1).

Une autre formule de Brahmagupta

La formule donnant le rayon du cercle circonscrit d’un quadrilatère convexe inscriptible est :

16R2 S2 = (ac + bd)(ad + bc)(ab + cd).

Si on considère à nouveau un quadrilatère dont deux angles opposés sont droits, (1) donne après simplification par 16S2 :

a2 + b2 + c2 + d2 = 8R2.

Or cette formule est claire car a2 + b2 = c2 + d2 = 4R2.


[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R446. Trouver un équivalent de Sn = ∑ . (D. Hoareau)

erratum

LG Vidiani signale un oubli dans la réponse publiée dans RMS 114-3.

La référence (1), mentionnée en fin de solution, est relative au début de la dite solution :

(1) la suite tend vers la valeur moyenne μf de f.

[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R454. Mon pâtissier vend des galettes des rois. Il place dans chaque galette une fève représentant une pièce d’un jeu d’échecs. On
modélise le problème en attribuant à chaque pièce une apparition de 1⁄32 pour chaque roi ou dame, 2⁄32 pour chaque fou, tour,
cavalier (exemple : les tours d’une même couleur sont indifférenciables, mais les fèves sont bien de deux couleurs), et finalement de
8⁄32 pour chacun des pions.

Combien faut-il en moyenne acheter de galettes pour obtenir le jeu complet des pièces ? (R. Louboutin)

Réponse de D. Lepelletier

La valeur exacte du nombre moyen de galettes à acheter est un nombre rationnel dont le numérateur et le dénominateur comportent
respectivement 249 et 247 chiffres( voir plus loin). Valeur approchée : 83,013. . .

Un problème voisin

Supposons d’abord toutes les pièces différenciées. Par exemple les deux tours blanches sont distinguées par leurs cases de départ : A1
et H1. Il s’agit donc d’obtenir un lot de 32 pièces, chacune apparaissant avec la même probabilité 1⁄32.

Notons Y k la variable aléatoire indiquant le nombre de galettes achetée au moment où l’on obtient une k-ième pièce différente des
précédentes. Vu qu’après l’obtention de cette k-ième pièces les 32 pièces possibles se répartissent en 32 - k pièces utiles et k inutiles,
la probabilité de l’événement Y k+1 - Y k = j est (k⁄32)j-1(1 - (k⁄32)). Il en résulte que Y 32 est somme de 32 variables géométriques
(indépendantes), de paramètres respectifs 1, 31⁄32, 30⁄32, …,1⁄32.

Par suite : E(Y 32 ) = 32∑ .

La question posée

Notons X la variable aléatoire indiquant le nombre de galettes achetées. On a d’abord l’inégalité triviale : 32 ≤ X ≤ Y 32. Donc 1 ≤
≤∑ = 4.06….

Ceci donne déjà un ordre de grandeur du surcoût par rapport à un choix des pièces par le client : un facteur multiplicatif de quelques
unités.

Envisageons maintenant le calcul exact de E(X). Les pièces peuvent être classées en trois groupes : les rois et les dames, pour lesquels
on n’a besoin que d’une pièce dans chaque couleur ; les tours, les fous et les cavaliers, pour lesquels il en faut deux de chaque couleur ;
les pions, pour lesquels il faut huit blancs et huit noirs.

L’état d’avancement du jeu de pièces après un certain nombre d’achats peut être représenté par un vecteur W R 12 , les composantes
donnant d’abord le nombre, 0 ou 1 de rois blancs manquants, puis celui de rois noirs, puis celui de dames blanches, et de dames
noires, puis le nombre, 0, 1 ou 2 de tours, fous, cavaliers manquants ; enfin le nombre, 0 à 8, de pions blancs manquant, et celui de
pions noirs.

Avant le premier achat : W = W0 = (1,1,1,1,2,2,2,2,2,2,8,8).

Notons T(W) la variable aléatoire indiquant le nombre de galettes achetées pour combler un manque indiqué par W = 1≤j≤12, et F(W)
= E(T(W)). On a donc E(X) = F(W0).

On notera 1≤j≤12 la base canonique de R12.

Considérons le système complet d’événements 1≤j≤12 correspondant aux cas possibles pour la première galette achetée et notons pj
la probabilité de Aj. On a pour tout k N, P(T(W) = k) = ∑ pjP .

Or pour j fixé, deux cas se présentent.

∙ Ou bien wj > 0, ce qui revient à dire que le premier tirage est utile pour la réalisation de W. Dans ce cas, après le premier tirage, ce qui
reste à obtenir est W - ɛj. Donc P = P .

∙ Ou bien wj = 0, et le premier tirage n’est pas utile pour la réalisation de W . Dans ce cas, après le premier tirage, ce qui reste à obtenir
est encore W . Donc P = P(T(W) = k - 1).

Notons I le support de W , soit I = et J le complémentaire de I dans [[1,12]]. Il vient :

En effectuant le changement d’indice k = h + 1, en séparant chaque somme en une somme comportant h et une somme comportant
1, puis en regroupant, il vient :

F(W) = E(T(W)) = 1 + ∑ pjF(W - ɛj) + ∑ pjF(W),


donc : F(W) = .

Cette dernière formule permet un calcul effectif au moyen d’une procédure récursive.

Le calcul numérique

Pour faciliter le calcul, on observe qu’une permutation sur les 4 premières coordonnées de W , sur les 6 suivantes, ou sur les deux
dernières ne change pas la loi de T(W). On pourra donc représenter W par le nombre n1 d’indices i entre 1 et 4 tels que wi = 1, le
nombre n2 d’indices i entre 5 et 10 tels que wi = 2, le nombre n3 d’indices i entre 5 et 10 tels que wi = 1, les nombres n4 = min (w11 ,
w12) et n5 = max(w11,w12).

Voici un programme MAPLE qui aboutit :

attente := proc(n1,n2,n3,n4,n5) option remember ; local p, somme ;

if n1+n2+n3+n4+n5 = 0 then 0

else p := n1/32 + (n2+n3)/16 ;

somme := 0 ;

if n1 > 0 then somme := somme + (n1⁄32)*attente(n1-1,n2,n3,n4,n5) fi ;

if n2 > 0 then somme := somme + (n2⁄16)*attente(n1,n2-1,n3+1,n4,n5) fi ;

if n3 > 0 then somme := somme + (n3⁄16)*attente(n1,n2,n3-1,n4,n5) fi ;

if n4 > 0 then

somme := somme + (1⁄4)*attente(n1,n2,n3,n4-1,n5) ;

p := p + (1⁄4) fi ;

if n5 > 0 then

if n4 < n5 then somme := somme + (1⁄4)*attente(n1,n2,n3,n4,n5-1)

else somme := somme + (1⁄4)*attente(n1,n2,n3,n4-1,n5) fi ;

p := p + (1⁄4) fi ;

(1 + somme)⁄p

fi ;

end :

Autre solution

Cette question a été résolue aussi par P.Renfer par une méthode utilisant la formule du crible. On obtient ainsi une certaine formule
globale sommatoire.

[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R458. Soit Γ une courbe plane fermée de classe ∞ et bi-régulière, t M(t). On note P(t) le point d’intersection, autre que M(t), de la
normale en M(t) à Γ. On pose δ(t) = M(t)P(t).

a) Exprimer des conditions nécessaires d’extrémum de la fonction δ.

b) Trouver les extrémums pour le cas où Γ est une conique. Caractériser géométriquement les points M où ces extrémums sont
obtenus. (A. Tissier)

Réponse de l’auteur

Dans un premier temps, rendons l’énoncé plus cohérent. L’unicité du point P n’est pas assurée par les hypothèses. Supposons de plus
la courbe Γ simple. On admettra que dans ces conditions, le point P est unique et dépend de t de façon ∞. Bien entendu dans ces
conditions la conique de b) est une ellipse. Avec cette nouvelle hypothèse, toutefois, l’étude pourrait convenir à d’autres courbes, non
fermées, et par exemple les autres coniques et même à deux courbes, l’une parcourue par M, et l’autre par P.

points critiques de δ

Choisissons un paramétrage t intrinsèque. Notons et les vecteurs unitaires tangent et normal à Γ, le deuxième étant transformé
du premier par rotation de + π⁄2 . Notons γ(t) la courbure de Γ en M(t).

On a = δ(t) ,

puis par dérivation : Pʹ(t) = (1-γ(t)δ(t)) + δʹ (t) .

La fonction δ admet un point critique en t si et seulement si Pʹ (t) = (1-γ(t)δ(t)) .

Ceci ne peut se produire que dans deux cas :

(i) la droite MP est normale commune en M et P à Γ ;

(ii) 1 - γδ = 0, ce qui revient à dire que P est le centre de courbure de Γ en M.

cas de l’ellipse ; une étude directe

Pour l’ellipse, on peut calculer directement δ avec le paramétrage (non intrinsèque) : x = acost ; y = b sin t, avec 0 < b < a dans un
repère orthonormal bien choisi. Bien entendu, en raison des symétries, on ne fait l’étude que pour t [0, ]. Posons c = .

Un vecteur normal en M(t) est U(t) = (bcost,asint). Le point générique de la normale Δt en M(t) est P(t, u) = ((a - bu)cost,(b - au)sint).

Le point P(t, u) autre que M(t) est situé sur Γ si et seulement si :

b2 (a - bu)2 cos 2 t + a2(b - au)2 sin2t = a2b2,

soit : u = h, avec h = = , où m = sin 2 t.

On a donc δ = h∥U∥ et δ = .

On étudie donc δ, fonction de m définie sur [0,1] ; est du signe de m - m0 avec m0 = .

Si c ≤ b, alors m0 ≥ 1, et δ est une fonction strictement décroissante de m. Son maximum est 2a et son minimum est 2b.

Si c > b, alors δ est strictement décroissante puis croissante. Il existe un minimum local strict, qui est aussi son minimum absolu,
pour δ, atteint pour t = t0, avec sin2t0 = . La valeur de ce minimum est : δm = 3 .

interprétation

Manifestement, d’après les coordonnées du vecteur normal, le seul point de l’ellipse où la tangente est parallèle à la tangente en M(t)
est le point diamétralement opposé M(t + π). La normale leur est alors commune si et seulement si elle passe par O, et ceci se produit
aux sommets de Γ.

Les seuls extrémums possibles de δ en dehors des sommets sont donc des points où (ii) est réalisé.

Etudions donc à présent les intersections de Γ avec sa développée. Les coordonnées du centre de courbure Q(t) en M(t) sont, par un
calcul facile : .

Ce point est sur Γ si et seulement si : + = .

Notons ϕ(t) le premier membre de l’équation. On étudie ϕ sur [0, ]. On a ϕʹ(t) = 6costsintψ(t), avec ψ(t) = - . Vu que ψ
est strictement croissante et s’annule en Arctan , ϕ est décroissante puis croissante. On a ϕ(0) = < , et ϕ( ) = . Dire que
ϕ s’annule en un point de [0, [ , c’est dire que > , soit b < c, soit b < (l’excentricité de Γ est strictement supérieure à
).

Cette étude confirme que si b ≥ , alors δ a ses seuls extrémums aux sommets. Elle est donc strictement monotone entre deux
sommets, son maximum étant 2a (aux sommets situés sur l’axe focal) et son minimum 2b (aux sommets situés sur l’axe non focal).

Si b < , alors on trouve un point d’intersection, unique à une symétrie près, de Γ avec sa développée. C’est le point M(t0) donné
précédemment, qui correspond au minimum de δ.
[Questions-Reponses]
[Questions-Reponses]

R466. Calculer ∫ ∫ 0<y<x<π ln(x - y)d xd y. (M. Omarjee)

Réponse de J. Hardouin

Employons la méthode des lignes de niveau relatives à (x,y) y - x.

Pour t > 0, le domaine Dt défini par 0 < y < x ≤ min(y + t,π) a pour aire = S(t). L’intégrale proposée vaut donc I = ∫ (π
- t)lnsintd t.

On a aussi, par le changement de variable t = π - s, I = ∫ tlnsintd t, et finalement I = ∫ lnsintd t.

Le changement de variable t = 2u montre classiquement que :

I = π ∫ lnsin2ud u = ln2 + π ∫ lnsintd t + π ∫ lncostd t

et comme ∫ lnsintd t = ∫ lncostd t = ∫ lnsintd t, on aboutit à I = - ln2.

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