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F a n C l u b s f r a n ç a i s : l 'i n f o p a r a l l è l e

MARILLION
LÇEUVRE AU N Q I R

Réédition
PAU L MC C

INDOCHINE
Rock ! p ft interview de
Steve Hogarth ,vj
nouvel album y'
La discodu groupe commentée
par Mark Kelly
Le concours :
1 PLV-ét des photos dédicacées
à gagner
Pr ésent e

Christian D eCAMPS "A/i*"


Nouvel Album du chanteur de ANGE

Jean Pascal BOFPO "j\l


Nouvel Album

MUSEA, 1er L a b e l d e r o c k p r o g r e s s i f en F r a n c e
150 productions comprenant les groupes les plus prestigieux de la scène progressive mondiale :

ATO LL-ANG E-PU LSAR-Christian DECAMPS-SANDROSE-EDHELS-Jean Pascal BOFFO-MONA U SA -D R A G O N -


S K R Y V A N IA -M IN IM U M VITAL-FO RG AS-DEYSS-GALADRIEL-RO USSEAU-VERSAILLES-KERRS PINK-TALE CUE-
A SIA M INOR-FANCYFLUID-STEP A H EA D -ZAO -N O W -D AN IEL DEN IS-M EN OF LAKE“ERIS PLU VIA-M ASQ U E-
W EIDORJE-NIGHTRIDER-MOVING GELATINE PLATES”NEUSCHWANSTEIN-ECLAT-ERGO SU M -AN D ER S
HELMERSON-GALAAD-ATRIA-MONTEFELTRO-NORTH STAR-III MILENIO-BAG-REBEKKA-HALLOW EEN-
U N IVERIA ZEKT“IV O R Y “LEVIATH AN "KAIPA-TRILO G Y“SCHWARZARBEIT“FLYTE”LA ROSSA-VISITORS

1000 auto-productions en distribution, catalogue gratuit sur simple demande à:


MUSEA 68 La Tinchotte 57117 RETONFEY.
dernière

Thierry Busson

■ ,y > . ' - - . - - ■ ' > / ; .< 1 •: • ■" • . • • V - - ! y .

Remerciements sincères à :
Tania (EMI) / Zaïa (Phonogram) / Sophie (Musidisc) / Michel (Squatt) / Patricia (MSI) / Elise (BMG) / Nathalie (Chrysalis) / Lauren­
ce (Columbia) / Rose Hélène et Patricia (Epie) / Lorianne (Polydor) / Alain (Musea) / Davy Goffin / Philippe Renahy Jean-Claude
Zener / Patrick Estienney / Bertrand Comte / Benoit Gaudibert / ManY Maguy / Virginie / L’équipe de la “M.O.” / “Occase 53” /
Josette, Jeanne & Philippe / Pascal, Umberto (Studio Tutti Quanti), et tous les autres....
Merci aux lecteurs qui ont participé au concours du n°2 et bravo aux gagnant(es) dont les noms suivent : Marcel Claerhout (33) -
Danièle Audren (59) - Thérèse Cossale (64) - Pedro Vicente (59) - Jean-Pierre Trabesse (40) - Stéphane Polese (82) - Hubert

ZMMMDZB , ïïiWMM
Ganem (95) - Franck Champion (77) - Patrice Hurteau (33) - Bruno Verlaque (83)

r- ^ i
Couverture : MARILLON
(photo : Anne-Sophie Prévôt)
STYLE
ROCKSTYLE Magazine
2, Allée des Glaïeuls
25000 Besançon
Tél : 81 53 84 51
Fax : 81 60 72 38
I N T E R V I E W S
Directeur de publication &
Rédacteur en chef :
Thierry Busson F ig h t 2 0 - Link W r a y 2 3 - The
Rédaction :
Marc Belpois
Thierry Busson
Isabelle Cardin
L e v e l l e r s 24 - F F F 2 6 - T w e lf lh
Nicolas Gautherot
Laurent Janvier
Hervé Marchon
Jean-Philippe Vennin
Conception & réalisation :
Night 2 8 - Waltari 36 - Molodoï 37 -

J.P. Destaing (La Ligue/FOL 25)


Photographes :
Anne-Sophie Prévôt
Anne-Laure Estève
P e t e r Hammill 38 - Ju li e t t e & le s
Ont collaboré à ce numéro :
Christian André
Henry Dumatray
Indépendants 4 i - Bernie Bonvoisin
Christophe Goffette
Thomas Granier
Emmanuel Moreau
(pour Jethro Tull)
44 . - J E T H R O TULL 4®
Pyt
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Rockstyle / Service abonnement Ce mois-ci avec L'actualité internationale sous forme de brèves...
2, Allée des Glaïeuls
25000 Besançon EMI France, Ils font l'actualité, interviews de :
IMPRIMERIE abonnez-vous et lighthouse / ezra / flop
Imprimerie de Champagne
52000 Chaumont recevez, si vous 2 2 __ JUDAS PRIEST (Rétro)
DISTRIBUTION faites partie des 30
NMPP 25 _ ---------------------------------------- On stage
premiers,
ROCKSTYLE est une publication 2 7 ____________ __ __ Rétro CD
un CD Single de
et une marque déposée des édi­
tions "Association Arpèges”. Marillion, 28 TWELFTH NIGHT (Rétro)
Magazine bimestriel - 6 numéros "The
par an.
30 _ ALICE COOPER (Rétro)
Great 32 — ---------------------- Feedback
Dépôt Légal : à parution Escape !"
Commission paritaire : en cours 3 3 Fan-clubs français : l'info parallèle
ISSN : 1248 -2102
La ré d a ctio n de R O C K S T Y LE 3 5 ----- —----------- -------------------- Shopping
Magazine n ’est nullement respon­
sable des textes, photos et illus­ CONCOURS 40 VAN DER GRAAF GENERATOR (Rétro)
trations qui engagent la seule
responsabilité de leurs auteurs. 1 PLV de Marillion
Le s d o c u m e n ts e t m a té rie ls 43 _______ ___________TAXI GIRL (Rétro)
sonores ne sont pas restitués et + 20 photos
le u r envoi im plique l ’acco rd de dédicacées 48 _______________________ CD Reviews
l'auteur ou de son représentant
pour leur libre publication . Le fait à gagner 6 0 ____ ___ __________________ Flashback
de c ite r de s m a rq u e s e t des
contacts au sein du numéro ne foncez page 13 ! 62 PAUL Me CARTNEY (Rétro)
peut être assimilé à de la publici­
té. Toute reproduction des textes,
p h o to g ra p h ie s , illu s tra tio n s 65 __________________________ Backstage
publiés dans ce numéro est inter­
dite. ils demeurent la propriété de
RO C K S TY LE M agazine. Tous
dro its réservés dans le m onde
entier. Toutes les photos sans R O C K S T Y L E N ’3 - Février/M ars 1994
c ré d its p o s s è d e n t de s d ro its
réservés.
N ° 3 - F É V R DE R 1994
■ ri c o u v e r t u r e MARILLION
A prè s q u a sim e n t trois années d'absence,
M A R IL L IO N re v ie n t sur le d e va n t de la
scène avec "Brave", un album a tm o sp h é ­
riq ue q u i renoue avec les grandes heures
du passé. O ublié un "H olidays In Eden" un
p e u tro p tim ide ... C'est avec Steve H og ar-
th e t M a rk K elly qu'Isabelle Cardin s'est
entretenue ré ce m m e n t, à Paris, histo ire de
faire le p o in t a u to u r de ce n o u ve l album
réjouissant. A v e c ce tte in te rview , m ais
é g a le m e n t avec le concours, les c h ro ­
niques de l'album e t p le in d'autres choses,
ce num é ro 3 de Rockstyle p re n d des
allures de spécial M A R ILLIO N .
Et p o u rq u o i pas, fin a le m e n t ?

Oui, INDO CHINE m é rite sa place dans


Rockstyle. Oui, INDO CHINE nous fa it
l'h o n n e u r de sa présence dans nos pages.
Il est tem ps de re m e ttre les p e n d u les à
l'heure e t que les fans de rock réalisent
enfin la chance que nous avons de c o m p ­
te r ce g ro u p e p a rm i les valeurs sûres du
paysage rock français. "Rock", le m o t est
lancé... On o u b lie tro p s o u v e n t q u 'IN D O -
CHINE, c'est ava n t to u t un g ro u p e
co m m e un autre, pas d e u x ou trois
gugusses q u i se trém oussent d e v a n t une
boîte à rythm es ou q u i se ré fu g ie n t d e r­
rière des sam plers. Raté ! INDOCHINE
jo u e , INDOCHINE é c rit des textes finale­
m e n t abstraits e t quelquefois revendica­
tifs. Il ne faudra pas se m e ttre à les écou­
te r qu and ils a u ro n t sp litté . Ecoutez les
album s e t vous com prendrez... NDOCHINE
R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994 5
FLOP
- MARILLION - view du numéro précédent, nous
Commençons par le groupe qui allons rectifier le tir : “Explorer” -
fait la couverture de Rockstyle : c/o Phil Dussausaye - Grande Rue
EMI annonce la sortie d'un moyen - 39240 Thoirette.
G u ita r es pim ­ m étrage (vidéo) de 40 m inutes
pa n t e s et destiné à accompagner en images -SORTIES D’ALBUMS-
PUGNACES, MÉLO­ le concept de “Brave” , le nouvel Sont annoncés : DOMINIC SONIC
DIES S U A V E S ET album. (B a rc la y ), BASH U N G , M EAT
TRÈS DIRECTES ( 1 7 PUPPETS (Barclay), FAITH NO
T IT R E S SU R LE C D - MEGALO-SHOW- M O RE, L7, THE B E A U T IFU L
P O U R U N T O T A L DE Sortie en mars du nouvel album SOUTH (tout ça chez Barclay),
4 5 MINUTES, CHRO- des PINK FLOYD. David Gilmour NO ONE IS INNO CENT, NINE
NO EN MAIN I), HAR a mis un term e au m ix sur sa INCH N A ILS , MY BLO O DY
MONIES VOCALES péniche-studio qui vogue quelque VALENTINE, MARIANNE FAITH-
TRAVAILLÉES, F L O P part sur la Tamise. D'autre part, FULL, PULP (ces derniers chez
P A S S I O N N E PAR SON plus de détails ont été dévoilés Is la n d ), LE V E L 42 (R C A),
HABILETÉ À RÉIN ­ concernant les concerts : d'après ACCEPT (R C A),...
le groupe lui-même, on aura droit
VENTER LES MÉLO­
à “l’ultime spectacle live”. Ce qui -CHOUETTE ‘ZINE -
P É E S P E R D U E S DU
signifie, en gros, que les effets Un des meilleurs fanzines consa­
F L O W E R POP. U N E crés au rock progressif, “ACID
visuels dépasseront la tournée 87-
F O I S N ’ E S T P A S C O U T U M E , C ’E S T A V E C L E B A T T E U R DE C E 88, qu’il s sont l’oeuvre de Mark D R A G O N ” , vous pro po se son
G R O U P E R I C A I N M A I S I N T E L L I G E N T ( R A R E ? ) Q U E LE F ish e r. Les lu m iè re s se ro n t num éro 11. C ontre 25frs (port
S É M IL L A N T N IC O L A S G A U T H E R O T S ’EST E N T R E T E N U . FL O P contrôlées par Mark Brickman qui com pris), vous saurez tout sur
A U R A DU S U C C È S . R I G O L O , N O N ? a quand même bossé avec Bruce Novalis et Taï Phong, sans oublier
Springsteen, le Mandela Tribute, une première partie d'un dossier
Est-ce que vous vous considérez comm e un “college-band" ? les Jeux Olympiques de Barcelo­ consacré au rock progressif au
Nate (batterie) : C'est plutôt un terme de maison de disques, ça ! Mais ne, et le film "Running Man” avec Mexique (si, si, ça existe, la preu­
pourquoi pas, encore qu’on n’en tire aucune fierté particulière. C'est une Schwarzie. Rien que ça ! Et les ve), des interview s des Italiens
définition assez bonne, mais je voudrais quand même souligner que j'ai costumes, c’est qui, Donald Card- d e A s g a rd .d e s E spa gn ols de
quitté l'université depuis 8 ans (rires) ! well ? Bloque, et toutes les rubriques
ha bitu elles (CD, dém os, news,
Vous sem blez assez fanas de science, à en croire vos textes et vos -X- etc). E n tiè re m e n t réd ig é en
titres de chansons... On parle de plus en plus d ’une Anglais (très abordable), ce fanzi-
C'est vrai. Sûrement parce que Rusty (chant) lisait beaucoup de bouquins reformation de GENERATION X, ne, créé en 1986, fait aujourd’hui
et de revues scientifiques quand il a écrit les textes (rires)... l’ex-groupe de BILLY IDOL. Le partie des incontournables de ce
blond Cyberpunk serait de la par­ milieu. Présentation sobre mais
Ca vous amuse de faire tenir 17 titres en 45 m inutes ? tie... efficace, textes intéressants et pas
C’est parce qu’on est trop mauvais pour faire des soli (rires) ! non, en fait du to u t “ p rise s de tê te " (pas
c’est notre touche personnelle, aller à l’essentiel sans avoir besoin d’en - PETS - comme certains I) et optique musi­
rajouter. Peut-être que le prochain album sera plus “free", mais les chan­ Plus d'un million d'exemplaires de cale sé rie u s e . C h au dem e nt
sons courtes captent l’attention dès la première écoute. “Very", le dernier album des PET recommandé. Adresse : “Acid Dra­
SHOP BOYS, ont déjà été écoulés gon", c/o thierry Sportouche - 20
Toi q u i e st à Seattle en ce m om ent, pe ux-tu nous p a rle r de cette en Europe I rue Ferrandière - 69002 Lyon- Tél.
mode “g ru n g e ” ? :78.37.37.33. A noter que parallè­
Ca me rend malade ! Je pense que certaines personnes ont pris ça très - MIRACLE- lement au fanzine, Thierry Spor­
sérieusement, trop peut-être... Tu sais, ça fait rigoler la plupart des habi­ D’après certaines de nos sources touche anime une ém ission de
tants de Seattle ! C’est vrai qu'il y a réellement un son et un look ici, mais non-officielles, le chanteur de DR rad io une fo is par m ois (le
ça n'a rien de prémédité ou de concerté. Il suffit qu'un ou deux groupes FEELGOOD, LEE BRILLEAUX, dimanche, en milieu de mois) qui
du coin deviennent populaires pour qu'on invente une nouvelle étiquette qui avait annoncé récemment que s’appelle “Bande à part", entière­
rassurante : “Oh, tous ces groupes à Seattle jouent du grunge, mon cher suite à une maladie grave il ne m ent co n sa cré e au p ro g ’ , sur
!” (rires). C’est très dur pour nous qui n’avons rien à voir avec tout ça... chanterait plus dans le groupe, Radio Brume Lyon - 90,7 Mhz.
verrait son état de santé s’amélio­
Vous venez jo u e r en France avec les POSIES ! Tu connaissais déjà rer très nettement. Evidemment, -DA NS LA J O IE -
notre pays avant ? si c’est bien le cas, il retrouverait “LE JOYEUX” est une news-letter
En fait, je connaissais surtout l’Allemagne, mais j'avais découvert la Fran­ le chemin de la scène et des stu­ éditée par l’O.R.P.L. (14, rue de la
ce grâce à vos écrivains. J'adore PROUST, RIMBAUD, VERLAINE et dios avec ses comparses du “Doc­ C ro ix -4 4 1 0 N a ntes- T él. :
BAUDELAIRE. Ils sont vraiment très bons ! teur qui se sent bien”. Voilà enfin 40.43.58.51) dont le but est de
une très bonne nouvelle ! créer une dynamique rock sur la
C’est m arrant... D ’habitude, le batteur est considéré comme... région de Nantes. Orientée noisy-
- MAGELLAN - punk-grunge-hard, cette newslet­
... l'idiot du groupe I Je sais (rires) I Je suis habitué I Mais tu sais,
On a oublié de vous communiquer ter peut être demandée par cor­
j'essaye d’apprendre le français, j’aime vraiment beaucoup votre langue.
l’adresse du fan-club européen de respondance contre 2 timbres.
Ca m’ennuie d'être entouré de “vrais” américains qui se foutent royale­
MAGELLAN la dernière fois. Alors
ment des autres cultures. C’est vrai que c'est une attitude à comprendre
pour ceux qui ont découvert ce - CONVENTION -
parce qu'un seul Etat américain est plus vaste que, par exemple, la Fran­
groupe par le biais de notre inter­ “LA VIE EN ROCK" (95 bd Jean
ce mais ce n’est pas une excuse ! La technologie moderne nous permet
d'accéder à tant d’informations que l'isolationnisme me paraît stupide I
La BANDE DESSINEE
La chanson “A P opular D onkey”, c ’est s u r Donkey-Kong ? a enfin son minitel !
Non, c'est d’ailleurs la seule que j’ai écrit I En fait, c'est un hommage à un 36.15 K W
singe qui a été assassiné à côté de Seattle. J'ai donc fait un requiem pour "le premier magazine Rock,
ce singe, c’est court et ça évoque le cirque. J'ai commis ça au milieu de BD et Littéraire sur écran"
la nuit, sous l'influence de nombreux produits chimiques (rires) !
Les NEWS, les NOUVEAUTÉS, les AVANT-PREMIÈRES, un ZOOM
r -D IS C O G R A P H IE - 1 Donc, c ’est un album dédié aux p ro ­ mensuel, l'ANNUAIRE BD des magasins en France et des éditeurs France-
duits chim iques et à la science ! Belgique-Suissc, les SÉLECTIONS KW, les PETITES ANNONCES el le
"Whenever You're Ready"
CONCOURS mensuel avec des dizaines de BDs à gagner !
k (Squatt/Sony - 1993)A Et aux singes ! Le 36.15 KW, c'csl auvsi loufc l'art uj Roci'nHarU cl littéraire...

6 R O C K S T Y L E N 3 ■ Février/M ars 1994


photo : DR
Rostand - 45800 Saint Jean de
TAI PHONG Braye - Tél. : 38.55.24.13) organi­
Le retour... se sa p re m iè re c o v e n tio n du
disque le dimache 22 mai de 10h
Alors que sont enfin réédités à 19h à la salle des fêtes de Saint
en CD (import japonais seule­ Jean De Braye en présence de
m ent) les deu x p rem ie rs Christian Décamps (chanteur de
albums de TAce PHONG, grou­ A N G E) qui d é d ic a c e ra ses
pe français légendaire dont tout
oeuvres.
le monde connaît le tube “Sis-
ter Jane” et le guitariste chan­
teu r JE A N -JA C Q U E S G O L D ­ - A L’AISE B L A IZ E I-
MAN (oui, oui, on parle bien du
même !), STEPHANE CAUSSA-
RIEUX (batterie) et KHANH (gui­
tare), ex-membres du groupe,
Ce n’est plus un scoop (ça n’en a
jamais été un d’ailleurs), le nou­
veau chanteur d’IRON MAIDEN
LIGHTHOUSE
L IG H T H O U S E P O R T E B I E N S O N N O M. D e L E U R S O R C H E S T R A ­
s ’ap pe lle BLAZE BAILEY. Ex­
re fo rm e n t T A Ï PHONG pour, membre de WOLFSBANE (un bon TIONS H A R M O N IEU SE S UNIENT À DES MÉLODIES EN A P E S A N ­
enfin, jouer la musique qu’ils groupe de hard anglais condamné TEUR SE DÉGAGENT UNE RARE LUMINOSITÉ. ET CETTE
aiment et composent. Explica­ à disparaître...), BAILEY collera, L U M I È R E S ’E S T V U E D É C U P L É E P A R L E S P R O J E C T E U R S D E S
tio n s avec le p re m ie r des tant par son look que par sa voix, T r a n s m u s i c a l e s . A c c o m p a g n é s p a r l ’O r c h e s t r e d e
deux...
au style MAIDEN. En tout cas, il
B r e t a g n e , ils o n t a is é m e n t f r a n c h i u n e é t a p e im p o r ­
t a n t e DU C H E M I N M E N A N T À L A R E C O N N A I S S A N C E . I L E S
faut l’espérer...
C o m m e n t T A Ï PH O N G e s t - il T E M P S D ’E N S A V O I R P L U S . L ’ I N T E R V I E W A L I E U D A N S L E U R
m o rt après le troisièm e album F I E F , U N P U B DE L A F A M E U S E “ R U E D E L A S O I F ” R E N N A I S E ,
- ENCORE OUI - P A R M I J O U E U R S DE B I L L A R D E T J O Y E U X F Ê T A R D S . C H A F I K
en 1979 ? YES, do nt on a tte n d to u jo u rs
A partir de 1977, on a essuyé une SE M ONTRE LE PL US BAVARD... (PAR MARC BELPOIS)
l'annonce du line-up, a signé chez
drôle d ’époque musicale : il n’y Barclay. Album prévu bientôt.
avait plus que la disco, ou le punk P ourquoi LIGHTHOUSE ?
qui était un véritable rouleau com­ En fait, certains membres du groupe actuel jouaient, avant mon arrivée,
- LA BLAGUE DU MOIS -
p re s s e u r ! On s 'e s t re tro u vé dans une formation qui avait choisi ce nom. Notre formation actuelle date
L’autre jour, le bon Nicolas Gau-
“vie ux c o n s” . Et c ’est h o rrib le d'un an et demi, voire deux ans à tout casser. On a conservé ce nom
therot arrive à la Rédaction, guille­
d'être traités de vieux quand tu as parce qu'on trouve qu'il correspond assez bien à notre musique.
ret et nous communique ce scoop
une vingtaine d’années I WEA a : “SANTANA a arrêté la musique I
fait le troisièm e album contrac- Maintenant, il vend des rétrovi­ Les "Transm usicales", c ’était votre p rem ier gra nd rendez-vous ?
tuellement - on avait un contrat de seurs de voitu re.” Interrogation Indéniablement, oui. Ne serait-ce que parce qu'on a beaucoup bossé
5 ans chez eux - et ça n’a pas été soucieuse et méfiante de l’équipe pour ce concert. C’était dur à organiser, monter, rassembler les gens,
plus loin. de Rockstyle. “Ben... vous avez trouver les endroits pour répéter. Ce concert là, on l'a répété les neuf
pas compris ? Y’ vend des rétro jours précédents. On a terminé les répétitions le jour même. Et on a
M a is d é jà d è s 1977, J E A N - Santana I” (ouarf, ouarf, ouarf III). enchaîné.
JACQ UES GOLDM AN ne v o u ­ Merci Nicolas... Euh... au fait, t’es
la it plu s faire se pro du ire scène viré ! C’était pas gonflé p o u r ce pre m ier grand rendez-vous de jo u e r avec
avec TAœ PHONG, non ? l ’orchestre ?
Oui, en fait il n’était pas très heu­ - COUP DE BLUFF- C’est vrai que c’était un peu risqué. Mais ça s’est bien passé. Depuis la
reux sur scène. Alors, à partir de Sortie de l’album “Bad For Good” scène c'était super. On était très content. Et le public était très bien éga­
77, on a cherché un guitariste- de JIM STEINMAN, le song-writer lement. On avait le sentiment qu'il y avait une bonne ambiance aussi bien
chanteur pour la scène. Et on a atitré de MEAT LOAF. En fait, il sur la scène que dans la salle. Même si au début on avait un peu le trac.
trouvé MICHAEL JONES. Michael s’agit d'une réédition, cet album Aussi parce qu'on voyait bien le public ; qu'on reconnaissait des gens. Et
est allé voir Jean-Jacques pour tra­ étant paru en 1981! On y retrouve c'est pas toujours très agréable I
vailler les parties de guitare de TAÏ les versions originales de “Out Of
PHONG. Et c’est comme ça qu’ils The Frying Pan" et "Rock And Roll Existe t-il un noyau d u r dans le groupe, et les autres q u i varient en
se sont rencontrés et appréciés. Dreams Corne Through” interpré­ fonction des concerts ?
tées par Tas De Viande sur son Oui. En fait le noyau dur c'est ma soeur Yasmine au chant et à la guitare,
Q u’est-ce q u i a changé en 1993 récent “Bat Out Of Hell 2”... Vincent à la basse, François à la batterie et moi au chant et guitare.
p o u r que vo u s ayez e n vie de Ensuite il y a Diane au clavier, et puis d'autres personnes de façon ponc­
fa ire r e p a r t ir à n o u v e a u T A Ï -MAISON !- tuelle. Ca ne veut pas dire qu'on ne renouvellera pas l’opération, que l’on
PHONG? CROW DED HOUSE, dont vous ne traitera pas une nouvelle fois avec certains d'entre eux. D'autant que
La différence, c’est qu’on sait à pourrez lire une interview dans ça s'est très bien passé. “Les Transmusicales”, c'était la huitième fois que
quoi on s’attaque, on sait ce qu’on notre prochain numéro, risque de l’on montait sur scène... et la première fois qu'on jouait avec cette forma­
a envie de faire et on sait surtout revenir en France aux alentours tion là I Là, on a travaillé avec en collaboration avec l'Orchestre de Bre­
ce qui nous attend. On va faire un du 15 ju in po u r un c o n c e rt à tagne. Nous, on n’a pas fait le Conservatoire mais il y a toujours moyen
nouvel album avec des composi­ l’Olympia. Et la Province, jamais ? de se comprendre lorsqu’on travaille avec des gens ouverts.
tions qui s ’accumulent dans nos Leur nouvel album, le somptueux
“Together Alone” cartonne un peu Quels son t les groupes q u i vous ont influencés m usicalem ent ?
tiroirs depuis des années et on
partout. C'est mérité. D’autre part, Il y en a plein. Je ne sais pas... je pourrais citer BOWIE, T.REX, BUDDY
aura aussi un titre “format radio”.
un des m o rce a u x fo rts de ce HOLLY, NEIL YOUNG... Mais il y en a d’autres.
Alors aujourd’hui, TAï PHONG,
d isqu e, “ Locked O ut", sert de
c’est : Khanh, moi, un clavier et
chanson-thèm e à un film avec Pourquoi avo ir signé su r le jeune label Rosebud ?
un chanteur. Il va en étonner plus
Joh nn y D epp et la cha rm an te C'est une facilité parce qu’il est rennais comme nous. Et puis, c’est le
d’un I Je sais qu’en cette période
Winona Ryder, “Reality Bites”. premier à s’être proposé. On a été complètement libre artistiquement, la
c’est dur de se faire un nom. Mais
on a la chance d’avoir un nom seule contrainte étant liée au budget. Il y a une clause à notre contrat
- LE SOLITAIRE -
connu et d’avoir les compositions comme quoi, à partir d'un certain nombre d'exemplaires vendus, on
La sortie du deuxième album solo
ad équates. Donc, on prend le passe chez Barclay...
de BRUCE DIC KIN SO N (chez
risq u e . C ’est m a in te n a n t ou EMI) a été repoussée à mai.
jamais I (H.M.) Pourquoi chanter en anglais ?
Pour nous, ça s'impose. Et puis ça sonne
-A U SECOURS! -
"7a/ Phong" (W EA-1975)/"W in- SIG U E SIG U E S P O U T N IK se mieux. A - D IS C O G R A P H IE -
dow s" (W EA-1976)/"Last Flight" reforme. Où va-t-on, je vous le - Yasmine (qui se réveille...) : Person­ "Lighthouse"
(WEA-1979) demande... ne n'emmerde BJÔRK parce qu'elle ne
(Rosebud-Barday-1993)
chante pas en islandais I

R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994 7


- VOLTIGE- a bien belle allure, et est disponible
Le groupe TRAPEZE va se refo- au 178 cours Emile Zola - 69100
mer l'année prochaine le temps Villeurbanne
d’une tournée et d’un album live qui
s’en suivra. GLENN HUGUES vous - SPLIT -
en dira plus dans le pro cha in ARRAKEEN, le groupe français qui
numéro de Rockstyle. Alors, ren- a ouvert pour Marillion sur sa tour­
dez-vous en avril I née 90 et qui a sorti deux albums
auto-produits, a jeté l’éponge. Et
- PREVIEW - que va faire la belle Maïko mainte­
A propos du prochain numéro de nant ?
Rockstyle, les amateurs de PINK

EZRA
FLOYD risq u e n t d 'ê tre gâtés. -VIVE LA TELE ! -
Hein... ?! Mais non, j’ai rien dit I Ceux qui ont vu "Taratata” avec
Catherine Lara récemment ont dû
- ADIEU - bien se marrer. Nagui a été royal
E Z R A EST UN GRO UPE DE HARD F R AN ÇA I S . J U S Q U E LA, RIEN DE MICHAEL CLARKE, batteur des quand il a demandé à MEAT LOAF
CHOQUANT. E Z R A EST UN EXCELLENT GROUPE DE HARD FRANÇAIS. BYRDS, est décédé le 20 ce qu’il avait bien pu faire entre son
T i e n s , c ’e s t d é j à m o i n s c o u r a n t , e t q u a n d c e g r o u p e o u v r e décembre dernier. Il avait 49 ans. premier album, “Bat Out Of Hell”
POUR F R E A K O F N A T U R E ET JOUE EN SOLITAIRE À “ LA LOCOMOTI­ (1978) et “ Bat O ut Of Hell II”
VE” , NOTRE CURIOSITÉ EST PIQUÉE ET C ’EST TOUT NATURE LL EME NT -SCORE DU MOIS - (1993). Si Nagui avait lu la biogra­
Q UE L’ON S ’EN VA Q U É R I R Q U E L Q U E S I N FO S . R E N C O N T R E AVEC Le live de CALVIN RUSSELL, dont phie, que lui a certainement donné
G illes Go ulo t, g u it a r ist e . vous pouvez lire la chronqiue dans Virgin, avec attention, il aurait su
(par N icolas Ga u t h e r o t) ce numéro, s’est écoulé à plus de que le bon MEAT LOAF a sorti
40.000 exemplaires, ici, chez nous, quelques albums entre ces deux-là,
Un m agazine de h a rd vous a com paré à QUEENSRYCHE. Tu es en l’espace d'un mois. La France dont l’excellent "Dead Ringer" en
d ’acco rd ? aime le vieux cow-boy et elle a bien 1981. Pourquoi ne pas mettre des
Oui, à condition que ce ne soit pas restrictif. On peut nous comparer éga­ raison I Bravo, amigo... rires enrgistrés à “Taratata” aussi,
lement à EXTREME, pourquoi pas. De toute façon, c’est important d’avoir ça ne serait pas de trop....
des points de repères pour que les gens qui ne connaissent pas le grou­ - ASSO’ -
pe puisse situer sa musique. Et je ne crois pas que ce soit un truc unique­ L'O.C.R.P. est une association qui -GROS POISSON -
ment réservé aux journalistes, le fait de comparer la musique de tel ou tel rassemble les fans de rock pro­ Le fan-club de FISH existe tou­
groupe à celle d'un autre. Je peux te dire que BLUE MURDER par gressif. Infos, news-letters, pour jours, même si le chanteur écos­
exemple me fait penser à machin ou à truc, tu vois. Tout le monde fait ça. tout savoir sur ce milieu, une seule sais ne semble pas être pressé de
adresse : “O C R P" - BP 2451, nous présenter un nouvel album.
Qui com pose dans le groupe ? 38034 G renoble Cedex 2. Pour Ce fan-club édite un fanzine très
J'écris la musique et JEAN-MARC COLLET, le chanteur, s'occupe des recevoir “K oid’9", la nevvs-letter bien documenté “The Company" et
textes. Ca vient assez vite. La plupart du temps, je boucle un morceau en publiée par cette association, il suf­ à la présentation en nette progres­
2 ou 3 heures. C'est vrai que quelquefois, je garde quelques idées, je les fit d’envoyer un chèque de 80 frs. sion de numéro en numéro. Une
mets de côté, parce que je ne suis pas convaincu, je ne vois pas com­ seule adresse :"The Com pany
ment m'en servir sur le moment. Mais je ressort ce qui est bon, même 6 - PENDRAGON- France” - BP 50 - 92322 Chatillon
ou 8 mois après. Vous avez pu lire dans Rockstyle cedex.
n°2 une interview de PENDRA­
A p ro po s du chant, q u i est en anglais... GON. Sachez que le groupe sera -E N AVRIL...-
C’est une volonté, un besoin. Le rock est anglais et je crois qu'on n’a pas en tournée en France en avril pro­ Sortie prochaine (avril) du premier
grand chose à reprocher au chant de Jean-Marc, à son accent. Tu vois, chain grâce à l’a sso cia tio n album d ’ANO XIE chez M ellow
par exemple, le chanteur de NOIR DESIR, bien que chantant en français, •‘Entr'Rock’n’roU”. Concernant les Records, un disque de rock mélo­
a un accent qui tend vers l'anglais. Tu as du mal à comprendre ce qu’il dates de cette tournée, allez vite en dique dont on nous annonce le plus
chante à la première écoute, il module sa voix comme on la module page “On Stage” et vous saurez grand bien. On ne demande qu’à
quand on chante en anglais. tout. Et si vous voulez plus de ren­ écouter...
seign em en ts, n’hé sitez pas à
Vous avez jo u é en pre m ière p a rtie de FREAK OF NATURE. Vous co n ta cte r "E n tr’ R o ck’n’ ro ll” à -...NE TE DECOUVRE... -
avez p u échanger des considérations m usicales entre-vous ? l'adresse suivante : Le nouvel album de CHARLELIE
Oui. Surtout avec le batteur. En fait, ils ont été sympa, ils ne nous ont pas “Entr'Rock'n’roll" - 17 chemin des COUTURE sortira chez Chrysalis.
pris de haut. Et puis le public a, je crois, bien accroché à notre musique. arts - 38100 Grenoble. Son titre : "Feu”. Disponible dans
Les gens savaient qu'EZRA était un groupe français mais ils ne nous ont les bacs aux alentours du 7 avril.
pas jetés. C'était vraiment bien... - ANGELIQUE -
Muséa, le label frança is des -...PAS D’UN F I L ! -
Et "La L o c o ”, tou t seul, en tête d ’affiche ? musiques différentes, annonce BLACK SABBATH sera à Paris
C’était peut-être un peu plus dur parce qu’on était tout seul, les gens pour très prochainement la sortie (Elysée Montmartre) le 16 avril. Le
cette fois étaient venus pour nous. Mais une fois de plus, c’est un bon du nouvel album solo de CHRIS­ nouvel album, "Cross Purposes”,
souvenir. Je crois que le gig a été bon. TIAN DECAMPS, le chanteur de est chroniqué dans ce numéro...
ANGE. Il s'intitule "Nu".
Les contacts avec les labels doivent com m encer à a rriver ? - SERPENTIN-
Oui, mais il nous faut encore tourner et tourner. On a quelques concerts -ANGELIQUE II- Sortie d’un "Best Of” de WHITES-
importants qui se profilent à l’horizon, on a une nouvelle boîte de mana­ D’autre part, une compilation de NAKE cet été. Une reformation du
gement et ce travail commence à porter ses fruits. On a perdu pas mal de ANGE est également sur le point groupe de David Coverdale est
temps dans le passé parce qu'on a eu des problèmes de personnel. Sur­ de sortir chez Phonogram. Avec plausible. Mais avec quel guitariste,
tout au niveau des batteurs I mais ça va mieux. sûrement des inédits. Nous repar­ mon cher ? Euh... Jimmy Page ?
lerons de cette actualité dès le pro­
A quand un no uve l album, alors ? chain numéro... -L A CREME-
On y travaille. On a déjà pas mal de morceaux de prêts, d’autres à peau­ Nouvel album égalem en t pour
finer. On va en mettre quelques uns sur une nouvelle maquette. Le princi­ - ‘ZINE - GARY MOORE. Du blues, encore
pal pour nous aujourd'hui, ce sont les Le fanzine VARIA est sorti. Au du blues, avec cette fois-ci JACK
c o n c e rts , que l'o n v o it EZRA sur ,r - D I S C O G R A P H I E - sommaire de ce numéro 15 : inter­ BRUCE et GINGER BAKER, l’ex-
scène, que notre nom circule... "Days Of Tumult" views de Rick Wakernan, Saga, section rythmique du légendaire
L _______ (Baillemont - 1992)^J Dream Theater. VARIA coût 25 frs, groupe des 60’s, CREAM. Vite I

8 R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994


T O U J O U R S P R E S E N T . U N P I E D DE N E Z
P O U R L E S D É T R A C T E U R S , UN R É G A L
POUR LES FANS ! “ UN JO U R DANS
No tre Vie” est le d er n ier a lbu m en
D A T E D’ I N D O C H I N E , e t p u i s q u e d e
NOMBREUX AUTRES SONT CERTAINE­
M E N T E N C O R E À V E N I R , IL É T A I T T E M P S
DE FA IRE LE POINT AVEC N I C O L A S
S I R K I S ET D O M I N I Q U E N I C O L A S .
R e v en ir en a r r iè r e a ide pa r fo is à
MIEUX C O M PR E N D R E LE PR É SE N T .

par Henry Dum atray


en tretien avec Nicolas SIRKIS
& Dominique NICOLAS

Q u ’aim eriez-vous que les gens disent


et retiennent de “Un Jour Dans Notre
Vie”, votre nouvel album ?
- Nicolas : C ’est difficile à dire... Il faut que
nous gardions une certaine modestie, car
comme nous l’aimons bien, on ne va pas
dire qu’il est génial ! Il nous faut trouver
d ’autres termes. Ce qu’on aimerait avant
to u t, c ’e s t qu e le s g e n s p re n n e n t
conscience de l’évolution du groupe. Ca
fait 12 ans que nous sommes là et même Pourquoi les paroles ne son t-elles pas "Nous ne sommes jamais
si la touche INDOCHINE est toujours pré­ facilem ent abordables, de prim e abord ?
arrivés bourrés à la télé, et )t,r
sente, elle a bien accompagné une évolu­ - N ico la s : C ’est la g riffe IN D O C H IN E .
tion. Q u a n d n o u s a v o n s d é b u té , il y a v a it nous n'avons pas provoqué
- D o m in iq u e : N o u s s o m m e s re s té s TRUST et TELEPHONE qui délivraient un de scandales, c'est vrai. "
fid è le s à ce que nous é tio n s et nous message social très clair. Nous avons tou­
- Dominique -
n’avons pas pris les trains en marche. Ce jo u rs voulu fa ire plus p o litiq u e et plus
n’est pas parce que la mode est au grun­ symbolique. “Dizzidence Politik” était très
ge que nous allons faire du grunge. C ’est politique mais ce qui nous branchait sur­ N icolas : Nous som m es rock mais sans
vrai que nous avons changé, mais nous tout, c'était de faire danser les gens sur dire “culture rock”.
gardons toujours notre ligne directrice. un texte d ’ambiguïté, à la fois drôle et fort, Dominique : Le rock c'est plus dans la tête
plutôt que sur des revendications sociales et dans la démarche, ce n’est pas parce
A vec to u jo u rs la m êm e vo lo n té de p ar­ militantistes. que nous n'avons pas 60 M arshalls que
ta g e r des ém o tio n s ? - Dominique : Ce n’est pas une écriture nous ne sommes pas rock.
- N icolas : C ’est une des priorités de la narrative comm e chez certains auteurs. Nicolas : Nous avons toujours essayé de
musique ! Nous apprécions le fait que les C’est un avantage et un inconvénient car casser cette barrière qui existait dans les
gens qui nous écoutent puissent é ven­ si tu regardes au premier degré, tu peux 70s entre le rock et la variété, le prem ier
tuellem ent ressentir la même chose que penser que c ’est n’importe quoi mais si tu é ta n t m a rg in a l et la s e c o n d e “ g ra n d
nous. Quand nous avons fait “Savoure Le cherches, tu peux avoir une explication p u b lic” . Nous avons fait partie de cette
Rouge”, “Un Jour Dans Notre Vie” ou "Les très personnelle. génération avec RITA M ITSOUKO qui a
Toits Du Monde”, il y avait soit une force - N icolas : A ctuellem ent, nous recevons fini par se retrouver dans les charts.
s o it une c e rta in e g u rn a n ité à d o n n e r. beaucoup de lettres sur des in te rp ré ta ­ K ,
N ous a vo n s eu b e a u c o u p d ’é m o tio n s tions de certaines chansons qui sont inté­ V o tre im ag e n ’a ja m a is été c e lle d ’un
p e n d a n t l’e n re g istre m e n t. Nous avons ressantes. Nous n’avons pas non plus la g ro up e m arginal. En revanche, on vo u s
rencontré des moments de lyrisme durant prétention de dire que nous faisons de la a lo n g t e m p s c o n s id é r é c o m m e un
cette période et nous aimerions bien que poésie car nous som m es avant tout un g ro up e de rock sy n th étiq u e .
les gens partagent ça avec nous. En plus, groupe de rock... Nicolas : Oui, effectivement.
nous pensons que ces morceaux rendront Dominique : L’attitude joue peut-être dans
bien en concert. ROCK ? ce sens. T R U S T c a ssa it to u t d ans les
hôtels, nous ne sommes pas comm e ça.
C o m m e n t les te x te s o n t-ils é té ré a li­ B e a u c o u p ne vo u s c la s s e n t p o u rta n t M ais si notre m aison de d is q u e s nous
sés ? pas dans cette ca tég o rie... prend la tête, nous p ré fé re ro n s ca sse r
- Nicolas : C’est vrai que je les ai fait mais D om inique : Les m édias nous classent c e lle -ci et aller a ille u rs en pre nant des
cette fois la participation du groupe était dans ce rta in e s c a té g o rie s... Au départ, risques. Nous ne sommes jam ais arrivés
plus importante qu ’auparavant. Pour les n o u s a v o n s c o m m e n c é c o m m e des bourrés à la télé, et nous n’avons pas pro­
autres albums, j ’arrivais avec mes textes lycéens en rupture de bancs, puis nous voqué de scandales, c’est vrai.
tout faits et il y avait peu de discussions. sommes passés dans des clubs et finale­ Nicolas : La raison pour laquelle on nous
Là, un travail communautaire s’est opéré ment, la même chanson est passée d’un a affilié au rock synthétique, c ’est parce
sur la finalité de ces paroles. Je voulais stade "branché” à un stade grand public. qu’il y a eu cette vague qui a déferlé mais
vraiment draîner des faits et des choses En fait, nous finissons par ne plus savoir nous avons toujours basé nos morceaux
sociales avec le groupe car je crois qu’un v ra im e n t où n o u s s itu e r. M a is n o tre sur la guitare. “L’A venturier” c ’est avant
groupe est plus fort dans ce registre qu’un dém arche est celle d ’un groupe de rock tout un "gim m ick" de guitare et tous les
artiste solo. car nous sommes très indépendants. titres qui ont marché sont aussi basés là

R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994


Dimltri qui é t

moins musicien aussi, a le plut


mal accepté le succès et tout
ce qui va avec. Je me rappelle
que lors de notre première—
tournée, il passait son bac e l
révisait dans le camion !" ]

dessus. La critique a trop oublié ça. beaucoup plus tard, en juillet 83 ! Pendant
(7 .album par album..7^ ce temps, nous faisions des concerts et
(par Henry Dumatray) P o u r m ie u x c o m p r e n d r e v o t r e p a r ­ tentions de nous faire connaître autant
co u rs, il serait in té res sa n t de l’an alyser que possible.
- L'Aventurier -
(Ariola - 1982) a lb u m p a r a lb u m , a v e c le re c u l q u e
vo u s p o s s é d e z m a in ten a n t. R eveno ns E nsuite il y a eu “ Le Péril J a u n e ”...
donc à “ L ’A v e n tu rie r”... N icolas : Du tem ps s ’était quand même
N ic o la s : C ’é ta it un m in i-a lb u m de six é c o u lé . Ce que nous re g re tto n s c ’est
titres. Nous voulions faire un album et la d ’avoir été un peu poussés par le succès,
maison de disques ne voulait pas, alors dès que celui-ci est arrivé, nous ne vou-
nous les a vo n s p ris de v ite s s e . N ous loins pas être le groupe d ’un single éphé­
som m es rentrés en stu d io pour quatre mère et nous désirions absolument sortir
jours et nous avons enregistré tous les un autre album . “ Le Péril J a u n e ” a été
titres durant ce laps de temps. Le label ré a lis é s o u s la p re s s io n c a r nous ne
Un prem ier album, une prem ière bombe.
Avec "Dizzidence Politik" et "L'Aventurier", s’est retrouvé devant le fait accompli et a sommes restés que trois semaines en stu­
INDOCHINE laisse sa griffe pour longtemps. sorti le disque. C ’était l’apprentissage du d io . C ’e s t un a lb u m q u i c o n tin u e de
Avec "Docteur Love", "Leila" et une reprise travail en studio. Ensuite vint la découver­ vendre bien aujourd’hui encore, alors je
sans complexe de "L'Opportuniste", il divertit
vpar une musique enjouée et spontanée. y te du succès car l’album était sorti en sep­ s u p p o s e q u ’il d o it a v o ir une âm e, ou
tembre 82 et "L’Aventurier’’ fut numéro 1 quelque chose... C’est un concept, le seul

10 R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994


Et c ’est p assé car il y a bien eu q u a tre
sin g les, non ?
Nicolas : Trois officiels. C’est une histoire
- Le Péril Jaune qui a été trè s m al g é ré e c a r si n o u s
(Ariola - 1983)
avions voulu faire beaucoup plus co m ­
mercial, on aurait pu sortir tous les titres.
Ca marchait tellement bien que n’importe
quoi aurait fait l’affaire. “C anary B ay” a
commencé à bien fonctionner, ensuite il y
a eu “3ème Sexe" mais nous avions mis
"3 Nuits Par Semaine’’ en face B, ce qui
était une erreur com m erciale. Puis vint
"T e s Y e u x N o irs ". Ca fa is a it q u a tre
singles, plus ou moins. “A L’A ssaut" est
Superbe album concept dont les plus frileux sorti plus tard, mais dans sa version live.
(ceux qui n ’achètent que les 45 tours) ne Dominique : Le groupe ne voulait plus de
retiendront que “Kao Bang" et "Miss Para- single mais la maison de disques a conti­
mount". Dommage car ce disque se savoure
en intégralité, au gré des ambiances qu'il res­ nué parce que ça faisait vendre.
titue. Un coup de coeur. N icolas : Nous étions dans une sphère
incontrôlable, nous nous sentions surm é­
d ia tis é s . Q uand le c h iffre de 8 0 0 .0 0 0
-3 -
(A rio la - 1985) album s vendus fut atteint, c ’était assez
notre avis. Quand tu sors un single et qu’il
marche, tu peux en faire suivre plein car il
y a une dynamique qui se crée. J ’ai tou­
jours refusé de faire ça car je trouve que r:.
c ’est une fausse dynamique de qualité.

Et p ourquoi ce “ Live Au Z é n ith ” ?


N icolas : Les concerts avaient été te lle ­
m ent fa b u le u x, e x tra o rd in a ire s ... N ous
n’avions ouvert qu’une seule date et fina­
Chef d ’œuvre ? Dans le genre, certainement. lement nous avons rempli quatre soirs de
Une pléïade de titres forts, “Canary B ay”, s u ite I C ’é ta it te lle m e n t fo rt que nous
“Tes Yeux Noirs”, "3ième Sexe", "3 Nuits Par
S em a in e" m ais a u s s i “M onte C risto", A a vo n s s o u h a ité g ra v e r ce s m o m e n ts .
L ’Assaut" et tout le reste I Le sym bole en C'est à ce jour le seul live d ’INDOCHINE
musique de toute une génération. et c ’est pour cela que pendant notre pro­
chaine tournée nous allons en enregistrer
un autre. R étrospectivem ent, c ’est vrai
- Live Au Zénith - que qualitativement... C’était un live pour f
(Ariola - 1986) remercier les gens, pour leur apporter un
Dans le feu de l ’action, un récapitulaitif rapide
des trois prem iers albums. Tout n ’est pas souvenir de la tournée.
parfait, mais l'intensité est bien présente.
Impression scénique à confirm er plus tard “7000 D a n s e s ”, c ’est un alb um de tra n ­
dans la carrière.
sition ?
Nicolas : De reconstruction plutôt. Nous
sortions de cette période ascendante au
- 7000 Dances - n iveau m é d ia tiq u e : nous s o u h a itio n s
(Ariola - 1987)
Brillant, obscur, indécis... “ 7000 Dances" nous éloigner et nous prouver que nous
annonce l'avenir et retient aussi l ’attention étions vraim ent au contrôle des o p é ra ­
grâce à des titres comme "Les Tsars”, ‘‘La tions. La maison de disques n’a pas écou­
Chevauchée Des Champs De Blé" ou le cui­
vré "La Machine A Ratrapper Le Temps". té l’album avant qu’il sorte. Nous étions
fermés à tout.
que nous ayons fait. L’enregistrem ent a
eu lieu en Angleterre, dans un environne­ - Le Baiser - P o u rta n t, il y a e n c o re eu tr o is
m en t trè s pro et nous a v o n s tra v a illé (Ariola - 1990) sin gles...
beaucoup alors que nous étions encore Atmosphérique. Un album moteur qui régénè­ N ic o la s : Oui, et ça a bien m arché en
re INDOCHINE et détermine sa nouvelle tra­
assez gamins. Nous avons assumé. Il y a jectoire. S'attarder sur les extraits "Le Baiser",
plus, avec “Les Tsars”... Sur le plan inter­
eu un certain retour de bâton et les gens "Des Fleurs Pour Salinger" est une erreur. national, ça allait très bien dans des pays
de la presse ont commencé à nous des­ C'est l'album tout entier qui a une âme. comme le Canada, l’Allemagne.
cendre et en revanche notre public gran­
dissait. Notre prem ière tournée en tête On d is a it p o u rta n t d e p u is lo n g te m p s
d ’affiche en France a eu lieu à ce moment q u ’IN D O C H IN E re n c o n tra it b e a u c o u p
là et nous avons pu réaliser que bien des Nicolas : C’est sûr ! Il s’appelle “3” et non de su ccès en S can dinavie.
gens nous aimaient. Une sorte de généra­ “3ème Sexe” comme certains le disent à N ic o la s : O ui, c ’est vrai. Au tro is iè m e
tion arrivait sur nous, nous ne l’avions pas cause du succès de ce morceau : c ’est album, nous avions tourné là bas et ce fut
demandée ni cherchée mais c’était le cas. une erreur. "3" est un chiffre religieux chi­ un vé rita b le d é lire ! Ils d e m a n d a ie n t à
nois très important, et nous nous sommes leurs pro fs de fra n ça is de tra d u ire les
CHIFFRE M AGIQ U E am usés autour de ça. En plus, c’était le paroles. Nous nous sommes aperçus que
tro isiè m e album et tout le m onde nous quand ça marchait dans les pays étran ­
“3 ”, c ’est l’alb um ch arn iè re p ou r IN D O ­ disait que c’était très capital pour le grou­ gers, c’était parce qu’il y avait quelqu'un
C H IN E ? pe : où ça cassait, où ça passait. de motivé sur place qui poussait le grou­

R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994 11


I
pe à fond. C ’est pour ça q u ’à mon avis "... Il y a aussi ces journalistes
tout est possible pour les groupes de rock mercenaires, c'est-à-dire qu'ils
français. Mais tant qu’il n’y aura pas quel­
q u ’un dans une maison de disques aux
travaillent aussi bien dans un
USA qui dira "ce groupe là, c’est ma prio­ canard de rock que
rité", ça n’ira pas. Mais le succès est pos­ dans “Gala" ou "Voici" !
sible, j ’en suis convaincu et j ’en ai la preu­
ve : S c a n d in a v ie , P é ro u . Il y a des Alors, bonjour la crédibilité I
endroits où c ’était carrément magique, car - Nicolas -
nous nous so m m e s re tro u v é s com m e
MICHAEL JACKSON, devant des publics joignent à nous.
é n o rm e s . P o u r “ 7 000 D a n s e s ", n ous Nicolas : Sur scène, il y a toujours eu du
som m es allés au Pérou, après une très monde car nous ne voulions pas avoir des
grosse tournée. C ’est à la suite de ça que Récapitulatif non testamentaire d'un parcours bandes. II y avait déjà des séquencers,
victorieux. Une compil' à laquelle on aurait
n o u s a v o n s d it “ s to p ” c a r n o u s n o u s aimé substituer une intégrale maiq qui définit nous trouvions intéressant le fait de rajou­
sommes rendus compte que ce système parfaitement les grandes traces laissées en ter des éléments acoustiques.
nous avait fait perdre un peu notre qualité arrière, su r le chem in... A vec l'in é vita b le
de vie personnelle. Quand tu as huit ans inédit "La Guerre Est Finie". Q ui est vo tre p ublic, a c tu e lle m en t ?
de passion pour faire monter un groupe, il N ic o la s : Il y a ceux qui nous s u iv e n t
arrive un moment où tu te dem andes où depuis le début, et puis, sur la tournée du
tu h a b ite s, qui tu es, etc. N ous avons - Un jour Dans Notre Vie - “B irthday A lbum ”, nous avons rencontré
(Arlola - 1983)
alors décidé de prendre une année sab­ une nouvelle génération de gens qui ont
batique. 14, 15, 20 ans. C ’est sid é ra nt car cela
s ig n ifie que n o u s to u c h o n s p lu s ie u rs
Le re to u r s ’e s t fa it av e c “ Le B a is e r” , g é n é ra tio n s . M ais il y a to u jo u rs cette
m ais... il en m a n q u ait un ! fo rce “te e n a g e ” , p e u t-ê tre m oins n o m ­
Nicolas : Effectivement, Dimitri qui était le breuse qu’en 86, car il existe une concur­
plus jeune mem bre du groupe, le moins rence effrénée, mais nous avons trouvé
musicien aussi, a le plus mal accepté le quand même un bon renouvellement. Nos
succès et tout ce qui va avec. Je me rap­ nouveaux fans se raccrochent un peu à
pelle que lors de notre première tournée, il to u t, a u x titr e s ré c e n ts c o m m e a u x
passait son bac et révisait dans le camion anciens. Maintenant nous avons un public
! Il s’est retrouvé déstabilisé et a préféré Chronique dans ce numéro en pages "CD très vaste.
raccrocher les gants. M usicalem ent, ça Reviews"
n’a pas changé grand chose parce que le “JE RETOURNE M A VESTE...”
trio était toujours là : Dominique, Nicolas Nous désirions vraiment la contrôler, nous
et Stéphane. Nous n’avons pas voulu faire avons nous-mêmes masterisés les titres. De n o m b reu se s person n es, n o tam m en t
de vagues là dessus, mais les fans ont Les dix ans furent égalem ent fêtés sur d an s la p res se d é te s te n t IN D O C H IN E .
été un peu surpris. C’est sûr que dans la scène avec une petite tournée dans des P o urqu o i ?
MANO NEGRA, on voit moins les change­ p e tite s s a lle s . P e tite s m ais trè s m o ti­ N ic o la s : Il y en a beaucoup, c ’est vrai.
ments I “Le Baiser" symbolise pour nous vantes. Nous pensons ne pas avoir changé, or la
l’e n tré e d an s les a nné e s 90. C ’est un D om inique : Il n’y avait pas de pression presse nous a bien aimé au début, pen­
disque très personnel car vu tout ce qui particulière. d ant les 5 pre m iè re s années, ju s q u ’au
nous est arrivé entre 88 et 90, ce devait Nicolas : Les versions des morceaux ont succès dit “populaire". Mais je crois que
être un album très ém otionnel. C ’est un un peu changé sur scène. A vant, nous cette presse rock n’est plus très crédible.
peu le disque noir du groupe, même s’il y essayions vraiment de reproduire ce qu’il Quand je pense que certains journalistes
a des titre s com m e “ Des F le u rs P our y avait sur album le plus fidèlement pos­ qui nous critiquent sont eux-m êm es des
S a lin g e r” qui s o n t un peu d rô le s . Il a sible, mais là, nous nous somm es aper­ ch a n te u rs de groupes qui m archent ou
vendu 200.000 mais sans tournée - celle- çus qu’il pouvait y avoir deux ou trois ver­ pas... Pendant douze ans, nous avons
ci ra p porte e nviron 100.000 v e n te s en sions différentes pour un même morceau. s y s té m a tiq u e m e n t re fu sé de ju g e r les
plus "Le B aiser” qui était un morceau Nous som m es p a rtis et avons jo u é de autres car quand tu es musicien, tu aimes
très dur, très radical, est tout de même façon plus libre et de nouveaux horizons tous les genres de musique. Nous appré­
bien passé en radio. Nous en som m es se sont ouverts. cions aussi bien le hard rock que le rap,
très contents, et il vend quand même. En même si nous ne sommes pas des fans
revanche, tout le monde dans la presse a Et c ’e s t p o u r ça q u ’ ” U n J o u r D a n s de ces deux styles. Quand tu es musicien,
dit qu’INDOCHINE était fini. Notre V ie ” est ce q u ’il est ? tu n’as pas à faire de censure ni même à
Nicolas : Voilà. C’est la première fois que critiquer. Et puis, il y a aussi ces journa­
La c o m p ila tio n “ Le B irth d a y A lb u m ” , n o u s jo u o n s liv e s u r un d is q u e , to u s listes mercenaires, c’est à dire qu’ils tra­
c ’est im p o rtan t p our vo u s ? ensemble. vaillent aussi bien dans un canard de rock
N icolas : Oui, car nous étions en plein Dominique : Et puis, il n’y a que des vrais que dans Gala ou Voici ! Alors, bonjour la
fre in m é d ia tiq u e . La télé a ch a n g é , et instrum ents, très peu de sam plers. Les crédibilité ! Je parle en général et la géné­
maintenant les vraies stars sont devenues v ra ie s p ris e s de b a s e o n t é té fa ite s ralité est forcém ent sectaire. On nous a
les présentateurs... Alors nous voulions ensemble, par tout le groupe. souvent reproché notre manque de crédi­
vraim ent dire : INDOCHINE pendant dix bilité rock, alors que je pense que cette là,
ans, ça a été ça. Nous ne voulions pas P eu t-être vo tre niveau tec h n iq u e vous b e aucoup de jo u rn a lis te s ne l’ont pas.
que notre label fasse une c o m p il’ dans le perm et-il m a in ten a n t ? P a rfo is , h e u re u s e m e n t, tu re n c o n tre s
notre dos. Nous étions d ’a illeurs sur le Dominique : Non, ce n’est pas ça. Avant aussi des passionnés.
départ et finalem ent ça ne s ’est pas fait nous étions un peu obsédés par le son et
car la com pil’ a très bien vendu, 500.000 la technique, au détriment du fait de vou­ Enfin, q u ’a im e riez-v o u s su rto u t q ue les
exemplaires ! Au bout de quinze jours, il y lo ir jo u e r a ve c des gens. N ous é tio n s g e n s ne d is e n t p as ou ne re tie n n e n t
avait déjà ru pture de sto ck et nous ne quatre et nous voulions rester indépen­ pas d ” ’Un Jo u r Dans N otre Vie
nous attendions absolum ent pas à cela. dants. Maintenant, d ’autres musiciens se Dominique : Son prix !

12 R O C K S TY L E N 3 ■ Février/M ars 1994


CONCOURS
D
F R A N C E
t i m i E

Répondez aux 3 questions ci-dessous ei gagnez :

1er prix :
la PLV officielle
clu dernier album
die Mariinon :
"Brave"

Si votre carte postale fait partie des 20 tirées


20 photos
au sort, vous recevrez une photo dédicacées
dédicacée par les musiciens de Marillion spé­
cialement pour les lecteurs de par le
Rockstyle Magazine
groupe
Question 1 ; Le nom "MariIIion" provient d'un bouquin intitulé "Le Silmariliion". Mais qui l'a écrit ?
a/ J.R.R. Tolkien
b/ Rika Zaraï
c/ Sulitzer & co.

Question 2 ; Dans quel groupe Steve Hogarth officiait-il avant de rejoindre Marillion ?
a/ How We Live
b/ Slayer
c/ Les frères Jacques

Question 3 : Comment s'appelle le fan-club français de Marillion ?


a/ Blue Angel
b/ Green Angel
c/ Pink Angel.

Pour gagner, répondez aux 3 questions ci-dessus avant le 5 avril impérativement sur carte postale uniquement en indiquant votre nom et votre
adresse lisiblement. Envoyez vos réponses à Rockstyle "Concours Marillion" - 2 Allée des Glaïeuls - 25000 Besançon.
Les cartes postales contenant les bonnes réponses seront tirées au sort et les gagnants recevront leur photo dédicacée de Marillion.
Good Luck !

R O C K S T Y L E N -3 ■ Février/M ars 1994 13


photo : Douglas Brothers

M A R IL L IO N
£a septième merveille
IL. E S T T O U J O U R S D I F F I C I L E DE S I T U E R M A R IL L IO N D A N S L E P A Y S A G E R O C K A M B I A N T . C E G R O U P E B R I T A N N I Q U E E S T
B I E N A U - D E L À D E S M O D E S , À D E S M I L L I O N S D ’A N N É E S L U M I È R E S DE LA G A L A X I E G R U N G E OU R A P . I N T È G R E , M A R IL L IO N
L ’A T O U J O U R S É T É . F I D È L E À S A M U S I Q U E , À S E S É P A N C H E M E N T S P O U R L E S B E L L E S R O M A N C E S R I C H E S E N R E B O N D I S S E ­
M E N T S , À S O N I D É E DU R O C K M É L O D I Q U E . E T Q U A N D IL S ’E N É L O I G N E M A L E N C O N T R E U S E M E N T ( L ’A L B U M “ H O L I D A Y S lN
E D E N ” ) , C ’E S T P O U R M I E U X R E V E N I R À S E S P R E M I È R E S A M O U R S , À C E Q U ’IL S A I T F A I R E L E M I E U X . A V E C L E U R S E P T I È M E
A L B U M , L E G R A N D I O S E “ B R A V E ” , M A R IL L IO N F R A P P E F O R T . T R È S F O R T . IL E S T D O N C N O R M A L E T N A T U R E L Q U E STEVE
HOGARTH E T MARK KE LLY , R E S P E C T I V E M E N T C H A N T E U R E T M A Î T R E E S - C L A V I E R S E T Q U E R O C K S T Y L E A R E N C O N T R É
E N J A N V I E R D E R N I E R , S O I E N T H E U R E U X E T F I E R S DE L E U R P E T I T D E R N I E R .
D e b r a v e s g e n s , e n s o m m e ...

par Isabelle Cardin


entretien avec
.STEVE HOGARTH & MARK KELLY,

14 R O C K S T Y L E N 33 ■ Février/Mars 1994
C o m m e n t vo us e s t ve n u e l ’id é e du “quel sty le d ’album a llo n s -n o u s é crire
concept de “Brave" ? m aintenant ?” Avec "H olidays In Eden",
C’était il y a cinq ans, en 88. Je travaillais notre album précédent, beaucoup de gens
dans un studio d ’enregistrem ent à Bath nous ont demandé si nous l'avions inten­
(p rè s de B ris to l en A n g le te rre ) et j ’ai tionnellement écrit dans une optique com ­
entendu un appel sur une radio locale qui merciale. Pas vraiment en fait. C ’est juste
était diffusé pour aider la police. Ils avaient venu com m e ça, tout com m e p our cet
trouvé une fille qui errait sur la M4 (une album. Nous ne savions pas que ce serait
autoroute), au niveau du pont suspendu un album-concept. Quand tu écris, tu com ­
de la Severn, entre l’Angleterre et le Pays m e n c e s p a r tâ to n n e r, p a r m a rc h e r à
de Galles. La raison première pour laquel­ l’a ve u g le tte , puis ça prend d o u ce m e n t
le il l’avait arrêtée est qu’il est bien enten­ form e : tu trouves l'ossature et enfin la
du interdit de se prom ener le long d ’une chair qui va sur les os. Ce n'est qu’à partir
autoroute. Ce n’est qu’après qu’ils se sont de ce stade que tu deviens responsable
rendus compte qu’elle avait subi un trau­ du c a ra c tè re q u e tu va s d o n n e r à la
matisme et qu’elle ne pouvait ou ne voulait musique.
pas parler. Elle a refusé de leur dire quoi
que ce soit pendant deux jours. C ’est ce UN CONCEPT FORT
qui a poussé la police à lancer cet appel à
la radio : ils e s p é ra ie n t que q u e lq u 'u n R eveno n s-en à “B ra v e ”. Dans quelle
pourrait leur dire qui elle était et ce qu’elle m esu re p eut-o n dire que la m u siq u e
faisait là. Lorsque j ’ai entendu l'appel, j ’ai aide à comprendre le concept ?
été particulièrem ent ému par le fait que La m usique m ’aide à dire ce que je ne
quelqu’un puisse être affecté au point de peux pas exprimer avec des mots. Ca joue
ne faire confiance à personne, ne serait-ce au niveau des ambiances. J ’ai commencé
que pour répondre à des questions. J ’ai photo : Anne-Sophie Prévôt à p enser cet album depuis un bout de
pris note de la date, des détails et de sa temps. On y trouve des choses que je vou­
description. Ca ressemblait à la première lais dire depuis un certain temps. Dans un
page d ’un livre plein de m ystères. sens, c’est l’album le plus rageur que
J ’avais presque oublié cette histoire, j'ai fait avec MARILLION. Il y a de la
je l’avais enfouie dans un coin de ma
tête.
"J'ai voulu faire un album colère qui passe dans “ Living W ith
The Big Lie”, j ’y parle de choses qui
que les gens qui n'ont rien me rendent anxieux ou qui me boule­
FUGITIVE versent. Ce que j ’ai appris en prenant
puissent écouter de l’âge s'y trouve également. Et j'ai
Il y a un an de ça, nous avons com­ pensé qu'il était temps que nous m et­
mencé à travailler sur les idées préli­
dans le noir, allongés tions sur le tapis les choses les moins
m in a ire s p our les ch a n so n s de ce à m êm e le sol, un album pla isa n te s a u xquelles le m onde se
nouveau disque, et nous avions une trouve confronté de plus en plus sou­
chanson que JOHN HELM ER nous qui les emmène ailleurs. " vent. Le fait qu’en Angleterre, les abus
avait envoyé (ndj : JOHN HELMER sexuels envers les enfants soient en
est un auteur qui travaille régulière­ a u g m e n ta tio n , de m ê m e q u e la
- STEVE HOGARTH -
ment pour MARILLION depuis 1989). consom m ation de drogues. Ce n'est
Les prem ières lignes parlaient d’une pas surprenant que la consommation
fille qui s'enfuit de chez elle. De mon de drogues augmente quand on voit le
côté, je travaillais sur ce qui allait devenir taux de chômage. Les jeunes qui quittent
photo : Anne-Sophie Prévôt l’école ont de plus en plus de mal à rester
“Living With The Big Lie”, un morceau qui
parle de toutes les choses auxquelles on concentrés sur le présent et leur désespoir
s ’habitue, ces choses avec lesquelles il augmente quand ils pensent au futur et à
faut vivre. Et tout ça m’a fait penser à elle, ce que la vie pourra leur apporter. Quand
j’ai recommencé à penser à cette histoire. j ’a v a is 17 a n s, j ’a v a is p o u r h a b itu d e
Je me suis mis à la recherche des notes d ’écouter de la musique très fort, allongé
que j’avais prises sur mon agenda et je les par terre, les lum ières éteintes. A cette
ait trouvées I C ’est devenu le point de é p o q u e , je n ’a va is pas un ron d, et la
départ. Je suis allé voir le reste du groupe, m u s iq u e é ta it to u t ce qu e j ’a v a is . Je
je leur ai parlé de mon idée et je leur ai n'avais rien d’autre, même pas une petite
dem andé s ’ils aim eraient écrire tout un amie. Et j ’ai voulu faire un album que les
album autour de ça. Ils ont trouvé l’idée gens qui n’ont rien puissent écouter dans
excellente et voilà. Tout est parti de là. le noir, allongés à même le sol, un album
qui les emmène ailleurs. Une fois décidé
Vous n ’aviez donc pas décidé d ’écrire que l’album parlerait de cette fille, qui par­
un concept-album ? lerait de désespoir, de ces abus dont elle a
Non. Nous avions commencé à écrire des développer musicalement. Ca lui a donné
chansons com m e nous l’avons toujours une force nouvelle. Avoir une histoire, un
fait. On jam m ait, on essayait de m ettre concept à développer, nous a tous rendus
ensem ble des idées que nous trouvions heureux, ça nous a permis de mieux nous
fortes et de les marier avec des textes que im pliquer dans une idée que nous tro u ­
j’avais écrit ou que JOHN HELMER nous vions forte. Et cela nous a rendu meilleurs
avait envoyé. Nous avons toujours travaillé d’un point de vue musical. Tout le monde
comme ça : on commence et on voit où ça était content, personne n’avait à penser à
nous m ène. N ous ne so m m e s p a s vdu la fin des chansons et dans ce groupe,
genre calculateur, nous ne disons jamais penser à finir une chanson est quelque

R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994 15


chose que nous détestons. On est plus moi, même en ce qui concerne les textes parer pour choisir les meilleurs moments. Il
détendu quand on sait qu'on n’a pas à finir de JOHN HELMER. Pour "R unaw ay”, je aime conserver nos petits “accidents”, nos
mais juste à faire progresser la musique, la n ’ai g a rd é que les q u a tre ou cinq p re ­ e rre u rs , il a im e g a rd e r c e s m o m e n ts
faire évoluer en quelque chose d'autre. mières lignes de son texte et j ’ai écrit la d ’incertitude qui révèlent notre spontanéité.
D’un point de vue plus technique, il est vrai suite moi-même. J ’ai gardé la base mais Etre au bord de l’incertitude donne une
que la musique aide aussi à comprendre le j’ai essayé d’expliquer pourquoi cette fille fraîcheur particulière à la musique. Parce
concept. Les passages voix-piano sont un avait ressenti le besoin de partir de chez que, si tu répètes et répètes le même pas­
re to u r à l’ h is to ire , un re to u r au p o n t. elle. Je ne sais pas si la musique m’a incité sage ju sq u ’à le savoir ju sq u ’au bout des
L’album débute sur ce pont, elle est là, à à aller plus loin dans le concept mais une doigts, tu finis par le jouer avec tellement
regarder l’eau, les voitures qui passent chose est s°re : nous avons passé beau­ de confiance que tu y perds en émotion. Et
dans le brouillard. Et nous retournons sur coup de tem ps à tra va ille r les a rra n g e ­ Dave aime nos instants d’hésitation. Alors,
ce pont plusieurs fois pendant l’album. Ces ments, l’ordre dans lequel on allait mettre bien s°r, ça lui a pris un temps fou pour tra­
courts passages donnent à chaque fois un les morceaux et les transitions. Les transi­ vailler nos enregistrem ents. Il a vraim ent
peu plus de renseignements sur la fille. Il y tions surtout nous ont demandé un travail bossé dur sur cet album, quatorze heures
par jo u r en m oyenne, de fé vrie r à s e p ­
tem bre. Il a donné beaucoup et nous ne
pouvons que lui en être re connaissant.
Dave a été ingénieur du son pour U2 sur
“The Joshua Tree” mais il a également fait
énorm ém ent de scène avec eux. C ’est à
*/ cette époque qu ’il a le plus appris. Il sait
com m ent enregistrer un groupe hors du
c o n te x te d ’un stu d io d ’e n re g istre m e n t.
C ’est ainsi que j ’ai pu enregistrer mes par­
ties de chant sans casque sur les oreilles,
comme sur scène en fait. MARILLION est
avant tout un groupe de scène et enregis­
trer dans des conditions proches du live
nous a permis d ’être plus à l’aise. La seule
différence était que nous n’étions pas sur
scène mais dans un château.

& LA VIE DE CHATEAU

%
J u s te m e n t. P o u rq u o i a v o ir c h o is i
d ’enregistrer dans un château en Fran­
ce ?
Nous avons choisi d ’aller là-bas parce que
nous s o u h a itio n s faire un disque d ’une
m anière différente. On est toujours à la
recherche d ’une manière qui rendra l’enre­
gistrem ent encore plus excitant et qui lui
a aussi des sections où prédomine le rêve, énorme. Faire un disque comme celui-ci do n n e ra une atm osphère. Nous avions
d’autres où c’est la colère, d ’autres encore est loin d ’être facile d ’un point de vue tech­ en re g istré les deux album s p récédents
qui vont droit au but pour dire ce qui doit nique. Il ne s’agit pas juste d’enregistrer et dans un studio près d ’Oxford, une grande
être dit. Certaines sont très descriptives, de mixer les morceaux. Il faut trouver une maison de campagne, très luxueuse, avec
d ’autres très ouvertes et pas descriptives m anière d ’enregistrer qui te permette de des gens pour veiller sur tout, préparer les
du tout : elles ressem blent à des “trips”. m odifier par exem ple un enchaînem ent repas, etc. C ette fo is-ci, nous voulio ns
C ’éta it assez d iffic ile pour moi parfois, sans que cela cham boule tout le reste. quelque chose d ’un peu moins évident, qui
parce que de nombreux passages sont dits C ’est très co m p le xe . D ’a ille u rs , quand nous laisse une part de "bricolage”. Dave
à la première personne, comme “Hard As nous som m es allés à Abbey Road pour nous a proposé de tro u ve r une grande
Love" par exemple, et je dois me mettre à faire le master des bandes, le gars s ’est maison et d ’y amener le matériel nécessai­
la place de la fille , pen se r et a vo ir les arrêté en cours de travail et nous a dit : “je re pour recréer un studio. Un matériel que
mêmes émotions qu’une fille pour chanter suis désolé, mais je ne peux pas le faire". nous possédons déjà. Nous avons tous
ce morceau qui parle de la haine envers Nous avons d 'a v o ir recours à une autre pensé que cela reviendrait m oins cher.
les hommes, c’est une expérience étrange technologie pour masteriser cet album, et il Nous étions persuadés que nous allions
pour un homme. Pourtant ça ne sonne pas n’y avait qu’une seule personne à Londres faire l’album le moins cher de notre carriè­
“décalé”, je me suis servi de mon imagina­ capable de le faire. re. Nous étions décidés à ne pas dépenser
tion et j ’ai construit le personnage de cette plus de 60.000 livres sterling. Mais ça n’a
fille. Elle n’est pas réelle, la base est vraie C ’est la première fois que MARILLION a pas vraiment marché comme nous l’avions
mais l’album est une oeuvre de fiction, il besoin d ’autant de temps pour sortir un prévu à cause du temps que cet enregis­
n’a rien à voir avec la fille de la Severn. J’ai album . M êm e la période de transition trement nous a pris et nous avons dépassé
voulu dire “voilà ce qui lui est arrivé" mais entre le départ de FI S H et ton arrivée de... je ne sais pas exactem ent mais de
ce n’est pas d’elle dont je parle vraiment, ni n ’avait pas été aussi longue... beaucoup I Quant au choix du château, il
de ses parents. Je ne sais pas si cette fille Ce besoin s'explique par la manière dont est d = à un h e u re u x h a s a rd . A Los
avait été victim e d ’abus se xu e ls. C ’est DAVE M EEGAN (ndj : le producteur de A ngeles, nous avons rencontré M ILES
juste un sujet dont je voulais parler. "Brave”) aime travailler. Il a pour habitude C O P E L A N D , le p ro p rié ta ire de 1RS
de traiter chaque instrument comme une Records, notre m aison de disques aux
DIFFICULTES TECHNIQUES voix. Il aime accum uler les prises et les USA, et il nous a parlé de ce château en
com piler. Pour chaque passage de cinq France q u ’il était en train de restaurer.
L’album parle plus de ce que j’ai voulu que minutes, il a passé quatre ou cinq heures à Nous avons tout de suite pensé que ça
de cette histoire. La majorité est venue de écouter les différentes prises et à les com ­ p ourrait être l’endroit que nous recher-

16 R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994


photo : DR

g u ita ris te . M ais aucun de n ous n ’é ta it


vraiment pour cette solution. MARILLION,
c ’est nous cinq et je suis toujours un peu
"Je crois que STEVE ROTHERY déçu quand je vais voir un concert et q u ’il
et D A VID GILMOUR ont ça en y a des m usiciens supplém entaires. Ca
com m un.'Ils ne se contentent fait partie des choses qui me dérangent
pas de Jouer des notes, Ils chez un groupe comme PINK FLOYD. Si
Jouent plus avec le cœ ur tu es un peu loin, tu n’arrives même pas à
qu'avec la technique. Chez voir lequel des guitaristes est DAVID G IL­
eux la technique est Juste un MOUR ! Alors, bien sûr, nous aurions pu
moyen de faire passer une e n gager des choristes, des g u ita riste s,
ém otion, ce n'est Jamais une des p e rc u s s io n is te s et je ne sa is quoi
fin en sol" encore, ça nous aurait aidé, mais je crois
que n o u s y a u rio n s p e rd u a u ta n t que
- STEVE HOGARTH - nous y a u rio n s gagné. Nous y a urio n s
perdu notre id e n tité . A lo rs nous avons
p ré fé ré re s te r à cin q et nous som m es
fin a le m e n t arrivés à un ré su lta t qui est
100% tout aussi satisfaisant que l’album.
chions. DAVE MEEGAN s’est alors rendu Aux premiers temps de MARILLION, les Je sais m aintenant que l’album sonnera
sur place pour voir s ’il était possible d ’y jo u rn alistes avaient p o u r habitude de live au moins aussi bien qu ’en disque et
installer le matériel, et voilà. Je crois que le c o m p a re r le g ro u p e à G E N E S IS . Ne peut-être mieux encore. C’est égalem ent
ch â te a u a c o n trib u é p o u r b e a u c o u p à crains-tu pas que cette fois-ci, ils par­ la première fois que nous passons autant
l’atmosphère de l’album. Sans lui, certains le n t de P IN K F LO Y D , ave c to u s ces de tem ps à répéter avant une tourn ée.
passages n’auraient jamais vu le jour. Le bruitages... Mark a eu besoin de cinq sem aines pour
morceau “Brave” en particulier est né un Je m’en fiche ! DAVID GILMOUR est très p ro gram m er tous les sam ples dont il a
soir après un dîner copieusement arrosé. certainement mon guitariste préféré. Rares b e s o in . Q u a n d on le v o it jo u e r, on a
Nous avons improvisé et Dave a enregis­ sont les guitaristes qui jouent de manière l’impression de voir un magicien qui crée
tré. Le feeling m édiéval qui passe dans a u ssi e x c e p tio n n e lle m e n t e x p re s s iv e , des sons de nulle part. Pete a aussi sam-
“Brave”, cette impression fantomatique est aussi riche émotionnellement. Je crois que plé des sons sur ses pédales et moi, je
pourtant volontaire. Je voulais que ce mor­ STEVE ROTHERY et DAVID GILMOUR jouerai un peu de guitare ! En revanche,
ceau ressemble à une succession de fan­ ont ça en comm un. Ils ne se contentent je ne me s e rv ira i p a s de m e s g a n ts
tômes, tous les fantômes de cette fille qui pas de jouer des notes, ils jouent plus avec magiques cette fois-ci. On ne peut pas se
grandit. Il y a toutes ces voix dans la partie le coeur qu’avec la technique. Chez eux la perm ettre de prendre le risque q u ’ils ne
centrale, ça commence avec le bébé qui technique est juste un moyen de faire pas­ fonctionnent pas comme cela est souvent
pleure et finit avec la vieille dame. Ce n’est ser une émotion, ce n’est jamais une fin en arrivé sur les tournées précédentes. Et de
pas audible si l’on n’y fait pas attention, soi. Je suppose que les journalistes ont toute façon, je ne peux pas jouer de g u i­
mais c’est là. Ca la représente en train de toujours besoin de com paraisons. Alors tare avec des gants (rires). L’idée d ’avoir
grandir et c ’est comme une succession de pourquoi pas le FLOYD ? C’est vrai que une guitare autour du cou me terrifie plus
fantômes qui sortent des murs. Cela nous “ B rave" est très c in é m a to g ra p h iq u e et que je ne peux le dire avec des mots. Il
a été inspiré par le château bien s°r. Là- assez “drogué” par endroits. Mais cela est va me fa llo ir ê tre c o u ra g e u x ! ( n d j :
bas, nous avions tous l’impression d ’être délibéré. Quand tu peux écrire des m or­ “brave" en anglais). y
entourés de fantômes en permanence. On ceaux qui sonnent com m e une drogue,
pouvait presque les sentir. Parfois j’avais c ’est fantastique. Tu n’as pas forcém ent
l’impression d’être moi-même un fantôme besoin de prendre de la drogue pour écrire F f P P l DISCOGRAPHIE H I 1
qui s’introduisait dans une autre époque. Il ces morceaux, et tu n’as pas forcém ent
était inévitable qu’un de ces fantômes se besoin d’en prendre pour les apprécier. Tu "Script For A Jester’s Tear” (EMI-1983)
retrouve sur l’album. Il est là tout le long peux écouter ce disque au lieu de prendre “Fugazi” (EMI-1984)
mais de manière plus discrète. Il apporte de la drogue et c’est meilleur pour la santé. “Real To Reel” (live) (EMI-1984)
simplement une touche de rêve par-ci par- Et ça revient moins cher I (rires) J’aime ce “Misplaced Childhood” (EMI-1985)
là. De même, le fait d ’être coupé du monde g e n re de d is q u e s . Ce s o n t c e u x que “Brief Encounter” (Import US) (EMI-1986)
- nous étions si loin de tout - nous a obligé j ’écoutais quand j ’étais gamin et que je “Clutching At Straws” (EM I-1987)
“B’Sides Themselves” (Compil’ de faces B)
à ê tre à fo n d d a n s l ’a lb u m . C h a q u e continue à écouter. C ’est vrai qu’on peut
(EMI-1988)
c o n ve rsa tio n que nous a vio n s to u rn a it comparer cet album au FLOYD, mais ce
“The Thieving Magpie” (2CD live) •
autour de ce que nous étions en train de n’est pas la seule référence que l’on peut (EMI-1988)
faire ou de ce que nous allions faire. C’est trouver. Personnellement, la fin de "Paper “Seasons End” (EMI-1989)
important. Je peux difficilement concevoir Lies" me fa it p e n se r à un m orceau de “Holidays In Eden” (EMI-1991)
un enregistrement durant lequel tu rentres SIOUXIE AND THE BANSHEES. La fin de “Singles Collection” (Compil1) (EMI-1992)
chez toi tous les soirs et reviens au studio “The Slide” peut faire penser aux DOORS. “Brave” (EMI-1994)
le matin. C ’est comm e aller au boulot et C ’est d iffic ile de n’y v o ir q u ’une seule +
dans ce cas, l’enregistrement devient tra­ influence. 3 CD live officiels uniquement disponibles
vail : tu te limites à faire ce que tu dois faire via le fan-club français “ Blue A n g e I"
et puis tu rentres à la maison. Alors que N ’a lle z-v o u s pas a v o ir de p ro blèm es “Live At The Borderline ‘92”
(Racket-1992)
lorsqu’on vit tous ensemble, c’est l’immer­ p our jo u e r cet album sur scène ?
“Live In Caracas’91” (Racket-1993)
sion totale. Tu es dedans en permanence Oh oui. Et nous le savions dès le départ.
“Live At Glasgow’90” (Racket-1994)
mais ça te perm et de prendre le tem ps N ous a vo n s p a s s e r les d eux d e rn ie rs
d’en parler, d'avoir une attitude plus déten­ mois à répéter et à voir com m ent nous
ROCKSTYLE vous conseille :
due vis-à-vis de la musique. Et cela se res­ p o u rrio n s n o u s d é b ro u ille r p o u r q u ’il
“Levellers”
sent. Ca permet à des choses plus fortes rende bien sur scène. Au début, c ’était “Real To Reel” / “Misplaced Childhood” /
d’avoir le temps de se construire et de pas- catastrophique. Nous avons même pensé “Clutching At Straws” / “B’Sides Them-
S6T à u tilis e r des m usiciens de session en l selves” / “Seasons End” /"Brave” i
‘ UNE DROGUE PLANANTE plus de nous cinq, en particulier un autre

R O C K S T Y L E N 3 ■ Février/M ars 1994 17


photo : Anne-Sophie Prévôt
Script For A Jester’s Tear : "J'aime tou­
jo u rs Script.
C ’est un des
album s que
l a

discographie
nous avons
fa it que je

de
p ré fè re . Je
ne sa is pas
pourquoi
mais il sonne MARILLON
to u jo u rs à
mes oreilles vue par
_________________________ com m e une
entité. Je ne MARK KELLY
sais pas trop comment expliquer ça, mais,
pour moi, Script est un album complet. Il
possède une atmosphère qui manque à cer­
tains autres. Bien sû le son, les moyens
techniques ne sont pas aussi bons que sur d'accord en studio. Mais nous aurions dû prendre
les albums suivants. Quoi qu’il en soit, je le quand il fai- notre temps, retravailler les arrangements,
mets en 3---= sur la liste de mes préférés.” sait partie du etc. "The Space" en particulier aurait pu être
groupe. Cer- ■ ^ meilleur. Holioway G iri” également. Mais,
Fugazi : "Fugazi est tout en bas de ma liste. t a i n e s ■' malgré tout, je pense qu ’il s'agit d ’un bon
Je ne trouve pas q u 'il sonne bien, il lui p a ro le s ne 1 ■. / 1 \ album. Et "Easter" est, de toutes les chan­
manque cette atmosphère dont je parlais à me semblent fî p P '' v 7' 1 sons que nous avons écrites, celle que je
propos de Script. Quant aux paroles, bien pas du to u t S w p p r ^ U f l préfère".
sûr elles sont bonnes mais elles sont un peu appropriées. / / if /
trop "intelligentes", trop intello. Et musicale­ Je me fiche H o lid a y s In Eden : "Holidays a été une
ment, il est un peu d iffic ile d ’accès p a r q u ’il é c riv e ........ ........... ,,,,,,, expérience. Nous avons essayé différentes
endroit. C'est sûrement l'album que j'aime le te xte choses, nous avons travaillé avec des gens
moins. ” comme celui de “The Voyeur" en solo, mais différents. A ujourd'hui, je peux dire que
tant qu'il était dans le groupe, je ne pouvais CHRIS NEIL ne convenait pas au groupe,
Real To Reel : “Le seul point positif de Real accepter de jouer sur un tel titre (qu’il avait mais à l ’époque, nous espérions juste avoir
To Reel est qu’il comporte "Cinderella Sear- d ’ailleurs écrit avec nous). Mon problème quelque chose de neuf. Cet album est trop
ch" qui est un très bon morceau. Il aurait dû avec Clutching est q u ’il me rappelle cette superficiel. Les textes sont trop superficiels,
d'ailleurs figurer sur Fugazi mais nous ne période difficile dans la carrière du groupe. et la musique aussi. Les arrangements, les
l'avions pas fini à temps. C'est dommage. Mais d ’un point de vue purement musical, je petits détails que nous mettons habituelle­
Le mauvais point avec Real To Reel est qu'il dois reconnaître qu’il tourne bien”. ment dans notre musique ne sont pas là
ne sonne pas vraiment comme un album parce que CHRIS NEIL n'a pas voulu y
live. En fait, il n'est pas "live" du tout. Nous T h e T h ie v in g M a g p ie : "Peu de gens consacrer le temps nécessaire. Tout a été
l'avons énormément retravaillé en studio, aiment ce disque et je dois avouer que je ne mis en boîte en dix semaines. En comparai­
comme le savent ceux qui ont pu écouter l'ai pas écouté depuis que nous l'avons fait. son, nous avons mis sept mois pour notre
des enregistrements pirates de ces mêmes Je devrais passer au disque suivant parce dernier album. La différence s'entend. Je me
concerts. Notre attitude de l'époque me que, honnêtement, je ne suis pas en mesure suis senti frustré avec cet album. Je n'ai pas
semble cependant normale : nous sommes de le commenter. Mais je pense qu'il propo­ eu l ’occasion d ’y mettre ce que je voulais.
allés en studio pour le faire sonner mieux se une collection de m orceaux que nous Mais j ’a urais dû m ’en apercevoir quand nous
qu'il n'était. Je ne serais pas honnête si je avions enregistré avec FISH. Et c'était l'idée étions en studio, et je ne l ’ai pas fait. C ’est
prétendais que Real To Reel est un live. La première de cet album, puisque nous l'avons donc ma faute. Mais je continue à penser
majorité est du "live” mais ça ne sonne pas fait pour marquer son départ. Les gens se q u ’il co n tie n t quelques bons m orceaux.
comme un concert. Ca n'a rien de compa­ p la ig n e n t p a rce que les titre s vie n n en t "Spüntering Heart" aurait pu être beaucoup
rable avec les CD que nous sortons pour le d'époques et de concerts différents mais mieux si nous l ’avions produit nous-même.
fan-club et qui, eux, sont vraiment live". nous voulions y mettre de vieux morceaux et CHRIS NEIL a fait du bon boulot sur "Cover
sur la fin FISH les chantait si mal que nous My Eyes" et "No One Can". Ceux qui aiment
M i s p la c e d avons dû utiliser de vieux enregistrements. ces chansons peuvent être satisfaits”.
C h ild h o o d : Sur les enregistrements plus récents, il les
" M is p la c e d chantait différemment et sa voix avait énor­ Brave : “C ’est mon album préféré. Les gens
C h ild h o o d " mément changé. Nous n ’avions donc pas vont dire que je dis ça parce que c ’est notre
occupe la 2™ d'autres solutions que d ’utiliser des enregis­ dernier album en date. Mais je crois qu’il le
place de ma trements d'époque. Alors bien sûr, l ’album sera longtemps. C'est en tout cas mon pré­
liste. Il repré­ ne sonne pas comme un live, à cause de féré de to u t
sente ce que toutes ces différentes prises”. ce que nous
nous p o u ­ a vo n s fa it
vions donner Seasons ju s q u ’à p ré ­
de mieux au End : "il est sent. Je ne
m o m e nt où bon m ais il sa is pas à
nous l'avons fait. Et comme c ’est un album a u ra it pu quoi ressem­
qui s'est taillé un beau succès, je pense que être meilleur. blera le p ro ­
nom breux sont ceux qui seront d'accord N ous nous chain... C ’est
a ve c m oi. C 'e s t sû re m e n t l ’un de nos sommes pré­ e x a c te m e n t
meilleurs albums et le meilleur avec FISH". cipités parce ce que nous
que nous voulions
Clutching At Straws : "Musicalement, cet étions e x c i­ faire, il sonne
album est excellent. Mais je n'aime pas du tés d 'a v o ir exactement comme nous le souhaitions, je
tout les textes. Ils tournent trop autour des un nouveau n ’ai rien à lui reprocher. Maintenant c ’est à
problèmes personnels de FISH et de toutes ch a n te u r, nous avons to u t é c rit en six vous de dire si vous le trouvez bon ou pas.
ces choses sur lesquelles nous n'étions pas semaines à peine, puis nous sommes allés Moi je sais".

18 R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994


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ROCKSTYLE ABONNEMENT - 2 ALLÉE DES GLAEUILS - 25000 BESANÇON
Professionnel, ROB HALFORD
l'est incontestablement. Pour
défendre son nouveau "bébé",
■t FICHT, et pour contrecarrer
| roi/fes les questions quelque
Salut Rob...
Merci de me donner l'opportunité de parler
"Je crois que j'a i dû l ’avenir du heavy métal avec FIG HT. Jus­
tement, comment le vois-tu ou comment
à R ockstyle Magazine, pour la prem ière l ’imagines-tu, ce futur ?
fois. Nouveau groupe, et nouveau magazi­
être Arabe dans une Pour moi, je crois qu’il s’annonce très bien...
ne ! aussi loin que mon travail avec FIGHT sera
vie antérieure !" concerné. Je crois que nous avons beau­
Comment se passe la tournée, Rob ? coup de choses à dire. Comme tu le sais,
Nous avons achevé il y a deux jours (ndj : du groupe, que sa réputation serait la j’ai écrit toutes les chansons de ce premier
l’interview a été réalisée le 21 décembre même si tu n ’en faisais pas partie, ou si album, mais je pense que le prochain sera
dernier) la première partie de notre tournée tu n ’é ta is p a s l ’a n c ie n c h a n te u r de le résultat d ’une collaboration entre nous
américaine que nous avions commencé à JUDAS PRIEST ? tous.
New York une semaine après notre super Je crois qu’il y a un talent suffisam m ent
concert parisien. Nous avons été sur la important dans ce groupe pour qu’il ait du N ’a s -tu p as en vie d ’e x p lo re r de n o u ­
route pendant trois sem aines, à travers succès, même sans ROB HALFORD. Mais veaux territoires ? Sur “War O f Words”,
toute l’Amérique, pour 29 concerts. Et on a je serais un fou, un malhonnête, de nier que il y a certains passages qui font penser à
fini à San Antonio, au Texas. Maintenant, je parce que j ’en fa is p a rtie , nous avons de la musique arabe...
suis de retour chez moi à Phoenix pour davantage attiré l’attention. Mais en même Quelle surprise... Tu es le premier journalis­
quelques vacances. tem ps, si nous avions fait un album de te à réagir à ce sujet. Mais je vois ce que tu
merde, je crois que ça me serait tombé des­ veux dire. Je ne sais pas comment je suis
C o m m e n t fu t l ’a c c u e il du p u b lic , en sus. Mais nous avons fait un bon disque, arrivé à ça mais le résultat sonne un peu
Europe puis aux Etats Unis ? parce que tout le monde s’attache surtout à “m oyen-oriental”, c ’est vrai sur “ Immortal
Ce fut fantastique partout, vraiment. Mer­ la musique. Tu sais, le groupe s’est monté Sin" et "Laid To Rest”. C’est marrant que tu
veilleux parce que tu sais, FIGHT est un n a tu re lle m e n t d ans sa fo rm e a c tu e lle , dises parce que notre co-producteur m'a dit
nouveau groupe, et chacun d ’entre-nous comme il est là. C’est FIGHT, et chacun un jour : “Tu as dû écouter de la musique
était très curieux de savoir, de voir com ­ d ’entre-nous apporte une importante contri­ arabe dans le passé I" Ce n’est pas le cas,
ment FIGHT serait sur scène, comment la bution. Alors j’admets et j’aime qu’on s’inté­ et je ne sais pas d ’où peut v e n ir cette
musique serait jouée. Tout le monde était resse à nous pour ce que je suis, mais influence. Je crois que j ’ai dû être Arabe
très excité, et le groupe a été très bien aussi parce que nous sommes un vrai grou­ dans une vie antérieure I (rires)
perçu dans toute l’Europe et toute l’Am é­ pe.
rique. Aux USA, la réaction du public fut AMITIE BRISEE
complètement folle, tout le monde adore le De quoi parlent les chansons ?
groupe. Je suppose que c ’est parce que Elles concernent pas mal de sujets diffé­ Penses-tu continuer à utiliser des sons
nous sommes à la base un groupe améri­ rents. Mais elles sont toutes en rapport nouveaux, des am biances nouvelles à
cain. Je suis anglais mais tout le monde sait avec les réalités de la vie et ce qui en l ’avenir ? L ’avenir du heavy, dont on par­
que je vis ici, depuis douze ans maintenant. découle. Elles parlent de la façon complète­ lait, se trouve peut-être là, comme celui
J ’ai toujours été très soutenu dans ce pays. ment dingue dont le monde est contrôlé des autres musiques...
Et tout le monde est très excité de me voir aujourd’hui, de l’écologie, du côté sombre Oui, absolument. C’est une grande opportu­
faire partie de ce nouveau groupe. des relations entre les gens, et parfois dans nité de pouvoir faire ainsi des expériences,
une même fam ille, des fanatiques extré­ de tenter des choses nouvelles, avec des
Il semble pourtant que les ventes du CD m istes qui parfois s ’atta q u e n t à la rock idées nouvelles. Ca provoque des senti­
ne soient pas très bonnes, en tout cas music (ndj : allusion évidente au diabolique ments très forts.
en E u ro p e . A s s e z c a ta s tro p h iq u e s procès dont fut victime JUDAS PRIEST...).
même, en France et en Angleterre. Tu Je p a rle de b e a u c o u p , b e a u c o u p de Difficile d ’y couper, Rob : une question
confirmes ? choses, en fait. Pour la première fois, j’ai le s u r JU D A S PRIEST, p o u r finir. Toute
Je crois que c’est parce que nous sommes chance de pouvoir me situer dans plein simple : comment perçois-tu maintenant,
un nouveau groupe, et que nous devons d ’endroits et de situations différents et exis­ avec un peu de recul, les vingt années
maintenant revenir tourner. Ce qui sera fait tants, avec mes paroles. que tu as passées avec ce groupe ?
dans la première moitié de 1994 (ndj :selon Je suis très heureux, et je peux être très
Rob, FIGHT devrait revenir jo u e r à Paris en Cela change pas mal, comme message, satisfait d ’avoir fait partie d ’un des plus
mars, avril ou mai). Ces histoires de vente, p ar rapport à ce que tu véhiculais avec grands groupes de heavy métal du monde.
ça ne me concerne pas vraim ent. Nous JUDAS PRIEST... Qui a toujours encouragé les gens à écou­
sommes un nouveau groupe, nous devons Avec PRIEST, il y avait beaucoup plus de ter cette musique, et qui a apporté toute
faire beaucoup de concerts pour former ce fantasy, beaucoup de fiction. On parlait de une nouvelle génération de musiciens. En
qui sera la base du public de FIGHT tout personnages et de situ a tio n s étranges, ce qui me concerne, je ne garde que les
autour du monde. mais jamais réalistes. Et je ne regrette rien, bons sentiments, que les bons souvenirs.
il n’y a rien de mal à ça. Cela a été une Mais je ne regrette rien.
STOÏQUE grande expérience pour moi. Je continue à
a d o re r JU D A S P R IE S T , à a d o re r sa Le co n tact est d é fin itiv e m e n t rom pu,
Pas trop déçu, alors... musique. C’est une partie de ma vie, et ça alors ?
Non, je suis dans le business de la musique le sera toujours de toute façon. Mais la dif­ Oui, nous ne somm es plus de très bons
depuis tellem e nt d ’années que je peux férence entre PRIEST et FIGHT est éviden­ amis maintenant I Si tu veux de leurs nou­
apprécier le travail qui a été fait et celui qui te. Ce n’est pas le même son, pas le même velles, le mieux est de t’adresser à leur
reste à faire. Je n’ai jamais espéré plus que attitude. Il y a eu de gros changements en label, ou à leur m anagem ent à Londres.
ce que nous avons aujourd’hui. Je suis tou­ 93 dans la scène musicale en général, et il Moi, je suis loin de tout ça. Il y a tant de
jo u rs très heureux de la façon dont se y a une nouvelle génération de fans qui choses qui n’ont rien à voir avec JUDAS
passe la tournée, et très reconnaissant recherche quelque chose de plus réaliste PRIEST dont j’ai tellement envie, tellement
envers les gens qui sont venus voir FIGHT avec une vraie substance, et qui soutient besoin de faire pendant que j ’en ai le
live et envers la presse, la radio, la télé, en des nouveaux groupes qui leur apportent temps, avant qu’il ne soit trop tard...
Europe et aux Etats-Unis, pour le soutien tout ça, comme FIGHT.
qu’elles nous ont apporté. - D IS C O G R A P H IE -
Tu dis m êm e non s e u le m e n t v o u lo ir
"War Of Words" (Epic/Sony -1993)
Mais penses-tu que l ’on parlerait autant vivre avec ton temps, mais participer à

R O C K S T Y L E M 3 ■ Février/M ars 1994 21


JU D A S P R IE S T
Rétrospective
M étal gods...
R e t o u r s u r la c a r r iè r e BAEZ ! ces compos format 5-6 minutes est tant.
D I S C O G R A P H I Q U E D ’UN contenu dans "Hot Rockin"’ - mais
G R O U P E QUI, P E N D A N T - Stained Glass - ce n’est pas une raison de se pas­ - Ram It Down -
V I N G T A N S , N ’A A P P O R T É (CBS-78) ser de “Don’t Go", “Solar Angels", (CBS-88)
Q U E DU B ON A U H E A V Y - Le groupe retrou ve un batteur des riffs de “You Say Y es” , du C’est désormais MARK WILKIN-
METAL. A PART QUELQUES
D É R A P A G E S ET DES ÉGOS “régulier" (?) avec le gaucher LEE break central de "Turning Circles”. SON, ex-MARILLION (parti avec
H Y P E R T R O P H I É S . J U S Q U ’À BINKS. Qui cogne fort, et forme Un peu bref (moins de 40 minutes) FISH) et collaborateur de STATUS
L ' A N D E R N I E R , Q U A N D ROB enfin avec l’indéboulonnable IAN mais intense. Pochette mystérieu­ QUO et EUROPE, qui se charge
HALFORD E S T P A R T I HILL le duo rythmique qu'il fallait. se après celle plus coupante, mais de la pochette. Et on sent passer
S U I V R E S A P R O P R E V OI E. Ce disque, produit par DENNIS sans tomber dans les délires san­ la différence. Côté musique, seul le
J U D A S PR IEST, P O U R MC KAY, contient l'incontournable guinolents des autres groupes, du morceau-titre déménage vraiment
L ’I N S T A N T , C H E R C H E T O U ­ "Exciter" et "Beyond The Realms précédent album. mais les titres qui suivent sont plus
J O U R S S A VO IX .. . Of Death” avec un fameux solo de ternes même si la batterie façon
TIPTON : "Notre "Stairway To Hea- - Screaming For Vengeance - boîte à rythmes sonne parfois du
- Rocka Rolla - ven" à nous” dira HALFORD. (CBS-82) plus bel effet. A noter une belle
(CBS-1974) reprise du “Johnny Don’t Go" de
Il fallait bien qu’un jour un groupe - Killing Machine - CHUCK BERRY...
le fasse. Baptiser un album "Rocka (CBS-78)
Rolla" sous une pochette représen­ Bien aidé par JAMES GUTHRIE - Painkiller -
tant une capsule de la m arque (qui sera l’année suivante le binô­ (Sony-90)
d’origine, transformée comme il se me de ROGER WATERS pour la Où l'on retrouve CHRIS TSANGA-
doit mais avec les bulles, la buée production de "The Wall" face à la RIDES (voir “Rocka Rolla”) et où
genre sortie de frigo... La totale. Le paire GILMOUR / EZRIN), JUDAS SCOTT TRAVIS s’installe derrière
prem ier JUDAS PRIEST est un PR IEST a enfin le “ son". K.K. les fûts. Pour un album de gros
album de bon métal, influencé par DOWNING collabore désormais à calibre, celui du retour de JUDAS
les maitres du genre de l'époque, plein temps à l’écriture. L’album au vrai métal qui a fait sa force.
déjà dominé par le timbre de ROB passe des rapides "Delivering The Entre le m itra ille u x "P a in k ille r”
HALFORD, les guitares cisaillantes Goods" et "Hell Bent For Leather" (créature mi-homme mi-ferraille qui
de la paire TIPTON / DOWNING et au planant "Evening Star" au plus Puisqu’on est dans le visuel, cette orne la pochette), la fusée "High
une rythmique d’acier (c’est le mot) sirupeux "Take On The W orld", fois JUDAS PRIEST édifie un cycle Patrol” et l’inquiétant “Night Craw­
mais pas toujours bien carrée. mais surtout ‘‘Burning Up" et sa d’illustrations assez moches et fri­ ler", on ne sait pas où donner de la
rythm ique façon “We W ill Rock sant parfois le ridicule qui s'éten­ tête. Métal gods.
- Sad Wings Of Destiny - Y o u ” de QUEEN et la ballade dra sur trois albums. Mais l'album,
(CBS-76) "Before The Dawn". Ecoutez ça cet grâce à (ou malgré) un petit virage - Métal Works 73-93 -
Avec une pochette progressive à été, ça fera un malheur I Ou un FM bien contrôlé, deviendra vite (Sony-93)
souhaits que d’autres groupes plus désastre... m ajeur. C om prend notam m ent
"sym phoniques" n’auraient pas l’enchainement "The Helion / Elec­
reniés, JUDAS PRIEST passe bien - Unieashed In The East - tric Eye” qui 11 ans plus tard ouvri­
le cap du deuxième album et affine (CBS-79) ra la première compil' du groupe.
sa p e rs o n n a lité sur des titre s C om m e PURPLE ou S C O R ­
comme “ Island Of D om ination” . PIONS, PRIEST y va de son live - Defenders Of The Faith -
C hangem ent de batteur idéal : e n re g is tré au ja p o n , à Tokyo. (CBS-84)
ALAN MOORE succède à JOHN Hélàs bien trop retravaillé en stu­ JUDAS tourne mal. La production
INCH m ais ne s'im p o se pas dio, celui-ci n’apporte pas grand se fait de plus en plus enrobée, le
d’avantage. chose de nouveau à part une repri­ kit de TOM ALLOM choppe un
se de PETER GREEN... méchant son électronique. DOW­
- Sin After Sin - NING et TIPTO N se plaisent à
(CBS-77) - British Steel - détailler qui est l’auteur de chaque Les choses ont mal tourné. ROB
(CBS-80) solo, chaque intro, chaque accord HALFORD ne fait plus partie de
(genre à toi, à moi" - ou pire, - JUDAS PRIEST au moment où
“c ’est pas moi, c'e st lu i” -). Et sort cette compilation de 32 titres
aucun titre ne se détache vraiment. aux allures de testament. Les deux
premiers opus sont passés à la
- Turbo - trappe, le double CD fait la part
(CBS-86) belle à "Screaming For Vengean­
Prévu à l’origine comme un double ce", “British Steel" et “Painkiller",
album... On l’a échappé belle, la sans aucun inédit.
direction prise depuis le précédent
disqu e se con firm e et apporte FIGHT
certes une plus grande reconnais­ - War Of Words -
L'illustre ROGER GLOVER (bassi- sance, mais pas celle de ses fans. (Epic/Sony-93)
te et p ro d u c te u r de DEEP Est-ce l’arrivée de CLIVE HOL- Q uelques éclairs comme "W ild Ce qui n’était au départ qu’un pro­
PURPLE) se charge de la réalisa­ LAND (ex TRAPEZE) à la batterie Nights, Hot & Crasy Days", mais jet solo est devenu le nouveau
tion. A nouveau en panne de ryth­ ? JU D A S PR IEST se fa it plus sans plus. Mais quelques refrains groupe de ROB HALFORD. Adieu
mique, JUDAS fait appel temporai­ aggressif et sert ici une collection qui frisent le grotesque (“Rock You clous et cuir, bonjour bermuda,
rement à SIMON PHILIPPS (plus de morceaux courts, rapides, car­ Ail Around The W orld"). Vite, la jean, chemises à carreaux et cas­
tard avec OLDFIELD ou TOTO sur rés, avec des soli dans tous les suite. quettes de base-bail. Avec SCOTT
l’ultime tournée). L’ensemble se coins et aucun passage “atm o­ TRAVIS et une bande de jeunes
fait plus calme, plus “ambiance" sphérique". Sans une seule balla­ - Priest...Live ! - furieux, le chanteur au crâne rasé
avec des titres assez longs comme de. “ Breaking The Law", “ Métal (CBS-87) fabrique un métal dur, qu'il veut
le magique “Call For The Priest”. Gods", “Living After Midnight" sor­ Sous un design superbe et inatten­ résolument tourné vers l'avenir.
HALFORD (dont la voix est à peine tent du lot dans le bon sens, mais du, le témoignage de ce qu’était GLENN TIPTON termine son pre­
reconnaissable sur “Last Rose Of aucun n’en sort dans le mauvais. JU D AS à cette époque : bien mier album solo. Mais aux de r­
Summer”) et TIPTON s’imposent meilleur en live qu’en studio. Mal­ nières nouvelles, JUDAS PRIEST
com m e les têtes pensantes du - Point Of Entry - gré le look motard sado-maso aga­ n’a toujours pas de chanteur...
groupe. La surprise : “Diamonds (CBS-81) çant, un rien extrême, d’HALFORD
And Rust", une reprise de JOAN La suite. Logique. L'essentiel de et son jeu de scène parfois inquié­ (Jean-Philippe Vennin)

22 R O C K S T Y L E N 3 ■ Février/M ars 1994


V ''

photo : Félix G.
Depuis un an, le composteur

L
"Rumble" connaît un dévas-
■* tateur refoûr de?flammeJbien.
j aidé par%un contrât chez Sony
Muslc. Il a raconté à Ùockstylq'
sa résurectiûn e t passé en

Le rock lui a sauvé la vie. C ’est lui qui le


dit, et il ne se lasse pas de le raconter.
Revenu de la guerre de Corée avec un
poum on en m oin s, il é ta it d o nné p our
mort, crachait son sang et tout et tout. Il a
composé “Rumble" (qui fut interdit de dif­
fusion radio aux Etats-Unis car trop évo­
cateur sexuellement parlant. Pour un ins­
trumental, il fallait le faire... on croit rêver), style TEENAGE FAN CLUB” - . Le groupe Who) : - "Just fantastics ! (rires) Townsheml
en a vendu quatre m illions... - “Et voilà était signé chez CBS/Sony. Link était sur est un génie. Il m’a piqué "Rumble" pour épa­
comment je me porte !" - ajoute-t-il, rigolard. un bon coup. - "Un jour, le producteur de ce ter Moon ! (rires). La première fois que j'ai
Rigolard, c ’est le mot. Quand il discute groupe, Kim Hyttal, m ’a dit : “J ’aimerais rencontré Pete, à New-York, pour lui j'étais
avec quelqu’un, en interview ou pas, LINK t'avoir chez Sony". Avec ma femme, qui me juste le compositeur de “Rumble". Et il avait
WRAY est apparemment incapable de ne manage aussi (rires), on a dit "Suuuure !" et raison ! (rires). J ’ai vu SYD VICIOUS aussi
pas être plié de rire. Même au téléphone, je suis allé en studio avec Kim, et on a fait un jour, il m’a dit "Eh, c'est pas vrai, c'est toi
car c’est le seul moyen que le temps de “Indian C liild” avec un groupe qui joue BOB DYLAN !" Après, Dylan m ’a dit “Oh,
chien sé vis s a n t au m ois de d é ce m b re d'habitude avec une star danoise !” (rires) - . rends-moi mon nom !” (rires). - Difficile d ’en
nous a laissé pour le rencontrer. A lors Un des sujets de discussion préférés de placer une... vite ! #D AV ID GILMOUR : -
qu'il était à Paris, et à la veille d’un unique Link : sa Danoise de femme. A l’en croire, "J’ai fait un concert avec lui sur MT\: en 84,
concert (secret) dans un bar noctambule une des principales raisons qui font qu’il y avec plein de guitaristes comme NEAL
de la capitale, avec des m usiciens d ’un a tant de "vocals" sur le dernier CD, lui qui SCIIO N, JO H NNY W INTER, DAVE
jo ur (deux, en fait, avec les T ransm usi­ jusque là était avant tout guitariste, et sa EDMUNDS... On est devenu bien copains, il
cales de R ennes). C ’est vrai q u ’il n’y a musique instrumentale : - “Il y a beaucoup m’a invité dans sa maison à Londres. Je ne
pas d ’âge pour faire du rock’n’roll. C’est de chansons d'amour. Forcément, c’est pour suis pas Jan de PINK FLOYD, mais j ’adore le
v ra i a u s s i que L in k ne p o rte pas ses elle ! (rires). Les autres, c’est moi ! "Indian jeu de David, surtout dans "The Wall". Sinon,
soixante-quatre ans bien sonnés. - “It's Child” parce que je suis un vrai peau-rouge : je ne connais pas grand chose à part
my life !" - balance-t-il comme seule expli­ dans celle-là, je me décris tel que je suis. Rien "M oney” (rire s). - Et le v o ilà pa rti à la
cation pour continuer à fouler des scènes d'autre qu'un gars qui joue du rock'n’roll”. - chanter, les bruitages avec ! Pour le reste,
et hanter des studios, avant de partir dans Justement, comment voit-il le rock'n'roll morceaux choisis. Ce numéro de Rocksty­
un gra n d rire , com m e il se d o it, ju s te aujourd’hui ? - "J’aime bien les Anglais le n’y suffirait pas ! O ROY ORBISON : -
entre-coupé d ’un - "Yeeeaah !!!" - irrésis­ comme Teenage, Primai Scream, même les "Une voix fantastique ! Personne n ’a plus
tible. Mais quant aux raisons de ce retour Cramps. Tous ces jeunes gars sont dans le chanté comme lui ! C’était un bon copain". -
en 93, après des années de silence ? - vrai ! Des groupes US comme PEARL JAM, O BRUCE SPRINGSTEEN : - 7 / est Elvis,
"Les derniers albums que j'avais fait étaient aussi. Ils perpétuent le rock, le vrai. Je les ai son successeur ! Je le dis dans une chanson !
sortis sur un petit label de Londres, Ace vus sur scène avec NEIL YOUNG, c’était Je l’aime beaucoup !” - O JIMMY PAGE : -
Records, dirige par un gars que je connais­ grand, mec ! GUNS N ’ROSES, aussi c'est du “Je ne l’ai jamais rencontré, c’est dommage.
sais. J ’ai fait ces disques pour lui pendant dix rock. Des gars comme Metallica, c’est moins C'est un très grand guitariste. J'adore LED
ans, mais je n’avais jamais un gars comme toi ma tasse de thé. J ’aime la musique, mais pas ZEP !” - O ERIC CLAPTON : - “J'adore !
pour me poser des questions ! Encore moins trop le message des groupes de heavy métal . J ’ai fait un de mes meilleurs concerts avec lui
pour juste apprécier ma musique, d’ailleurs. Je suis très croyant, moi !" (rire s ). - !’’. O H A N K W IL L IA M S : - “Un des
Ce type se foutait royalement de la promo, des M A D O N N A , M IC H A E L J A C K S O N ? Il meilleurs créateurs de chansons, avec BOB
passages en radio, et tout ça. Des fois, je lui explose de rire : - “Qu’est-ce que tu veux DYLAN et BRUCE SPRINGSTEEN. Pas seu­
disais “Ok, je fais faire un nouveau disque de que je te dise ? Ce n’est pas du rock !" - Gag. lement une star de la country, mais du blues
LINK WRAY (sic), on va faire de la pub, LINK WRAY veut en dire tellement qu’il en aussi. Il a beaucoup joué pour les pauvres, un
l'envoyer aux radios..." "Non, non, pas la o u b lie la m o itié . In ta ris s a b le . S u rto u t album et tout ça. Il était fantastique”. - O
peine, on a déjà un public, ça ne sert à rien”. quand on évoque les légendes du rock, JO H N F O G E R T Y : - "CREEDENCE
C’était toujours pareil. C’était bien pour moi parfois bien plus jeunes que lui, qui le font CLEARWATER REVIVAL, c’était du rock,
de pouvoir faire de albums, mais pas bon pour vibrer... et avouent qu’il a été une grande c'est tout ! Que dire de plus ?" - O Last but
LINK WRAY en tant qu'artiste, qui voulait influence pour eux. - "C’est pour "Rumble", not least, ELVIS. - "Il est le rock’n’roll. Il a
quand même vivre sa musique !" - Jusqu’au en fait, et c’est tout ! Des superstars comme ouvert la porte au blues, aux musiciens noirs,
jour de 1989 où, cloitré dans sa maison PETE TOWNSHEND, STEVIE RAY VAU- à toute la musique noire en étant le premier
de Copenhague, dans le froid Danemark GHAN, BRUCE SPRINGSTEEN étaient enco­ blanc à la jouer. Je l’ai rencontré une fois,
où il s’est réfugié, Link reçoit un coup de re des gamins quand je l'a i composé !" chez lui. Il avait "Rumble" sur son juke-box.
fil d ’un groupe du coin, BLACK SUN, qui (rires). - N’empêche. Le seul fait de pro­ C'était un gars de la terre, tout simple. Il a
lui propose de jouer quelques parties de noncer leur nom, et il démarre au quart de ouvert la porte à SPRINGSTEEN, à tous ?
guitare sur son prochain album. - - "Ils tour. Ca se bouscule au portillon. O PETE ceux dont on a parlé, a tous les autres et < /
sonnaient comme des gars de Manchester, T O W N S H E N D et K E IT H M O O N (T he aussi à LINK WRAY !".

R O C K S T Y L E AT 3 ■ Février/M ars 1994 23


TH E
LEVELLERS
D’ailleurs, c ’est nous qui avons plus ou V ou s ê te s ré p u té s ê tr e le s p o r te -
par Hervé Marchon

(
m oins produit notre dernier album avec paroles des “travellers”...
en tretien avec
MARKUS DRAVS, ingénieur du son qui a Non ! Nous ne les représentons pas. C’est
SIMON (chant, guitare, etc)
travaillé avec BRIAN ENO. une fausse image que nous a donnée la
presse musicale anglaise. C ’est vrai que
La rim e est facile et c'est à cause de J u s te m e n t, c ’e s t S T E V E L IL Y W H IT E beaucoup de gens nous suivent, que nous
l ’em ploi abusif de celle-ci p ar la presse q u i d e v a it p ro d u ire cet album . P o u r­ jouons beaucoup pour les “travellers”, en
m u s ic a le s a n g la is e q ue les L E V E L ­ quoi est-ce que finalement ça ne s ’est tous cas devant eux, mais à chacun sa
LERS, groupe né à Brighton en 1988, pas fait ? vie. Tu te débrouilles avec ta vie et tu ne
se s o n t re tro u v é s p o r te -p a ro le des C ’est notre maison de disques qui avait te soucies de rien d ’autre. Je sais que ça
"tra velle rs” (=SD F) qui outre-m anche dem andé à STEVE LILYW HITE de p ro ­ paraît égoïste mais en Angleterre chacun
sont de plus en plus nom breux à errer duire notre album . Il a fait un mix pour regarde trop chez son voisin. Cela étant,
à travers le pays et à participer au gré “Belaruse", le single qui a précédé la sor­ c’est vrai que le climat social en Angleter­
des rencontres et des croisem ents de tie de l’album. Mais ça sonnait vraim ent re est sinistre et que le pays est dans un

Photo ; Martin Godciard*

routes à des concerts géants, im provi­ trop léger. Ca ne nous a pas du tout plu. triste état. Il y a peu de gens riches et
sés, où les LEVELLERS ont, depuis le STEVE LILYWHITE est dépassé mainte­ beaucoup de gens pauvres. La G rande
début de leur carrière, trouvé leurs pre­ n a n t. On a in fo rm é n o tre m a is o n de Bretagne est un pays en voie de sous-
m iers fans. A u jo u rd ’hui, les la is s é s disques q u ’on n ’avait pas besoin de lui, d é ve lop p e m e n t. Ca d e vie n t de pire en
p ou r com pte du thatcherism e suivent que ce serait une perte d ’argent pour eux pire. Le monde est fou (ndj : en français
partout où ils vont ces 5 musiciens qui, et une perte de temps pour nous. China dans le texte). Mais nous ne proposons
sans ambiguïté, se déclarent être hip ­ Records n’était pas très content mais on a rien d ’autre que notre musique, c ’est
pies. Le troisièm e album des LEVEL­ pris les choses en mains et on a co-pro- à peu près tout ce que l’on peut faire.
LERS, enregistré en été 1993, m et en duit l’album avec Markus.
valeur tous les progrès du groupe. Et r - DISCOGRAPHIE - 1
eux, ont-ils l ’im pression de s ’am éliorer Vous avez enregistré aux studios Real-
avec le temps ? world. Peut-on dire que vous jouez de “A Weapon Called The World”
la World m usic ? (Musidisc-1990)
On p e u t ré p o n d re oui si on é la rg it le “Levellin The Land” (China/Vogue-1991)
SIMON (chant, guitare, mandoline et har­ c o n c e p t de W o rld m u s ic te l q u ’ il e st “See Nothing, Hear Nothing, Do Some-
m onica) : Je ne sais pas si nous nous accepté actuellem ent. En quelque sorte, thing” (compil’ de faces B)
a m é lio ro n s . M ais le fa it est que notre on peut dire que nous jouons du W orld (China/Vogue-1993)
m usique a de plus en plus de m ordant rock. Sinon, en ce qui concerne les stu­ “Levellers” (China/Vogue-1993)
g râ c e à n o tre e x p é rie n c e . On se dios Realworld, c’est un très bel endroit,
débrouille de mieux en mieux avec tout ce très a g ré a b le et dont l’atm o sp h è re est
qui est matériel de studio. Nous nous inté­
ROCKSTYLE vous conseille :
favorable au travail. On y a été très pro­
“Levellers”
ressons de plus en plus à la production. ductif.

24 R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994


Les dates
24/02 à Grenoble 24/02 à Mulhouse
25/02 à Fribourg 25/02 à Nancy En concert
26/02 à Valence 26/02 à Reims avec
4/03 à Bordeaux 27/02 à Dijon ENTR'ROCK'N'ROLL
5/03 à La Rochelle 10/03 à Caen
• HILLBILLY C A TS/N O N 11/03 à Arras &
11/03 à Toul (Chez Paulette) 12/03 à Vannes ROCKSTYLE Magazine
• HOLY CURSE / LIVING WAYS
I.A.O.
19/02 à Ris-Orangis (Le Plan) OLITTLE BOB PENDRAGON
• KENT 23/02 à Toulouse
23/03 à Maçon 24/02 à Montpellier
• AFR1CAN HEAD CHARGE 26/02 à Bordeaux
28/02 à Paris (Arapaho) 16/04 au Mans (24h moto) en tournée :
• BAD BRAINS OBB KING 15/04 à
23/04 à Bourges 19/03 à St Denis Marcq-en-Barœul
• BARKING DOGS • MADD MURDOCK
25/02 à Dijon 12/03 à Audincourt (banlieue de Lille)
26/02 à Epernay •HAPPY DRIVERS • MAGMA 16/01 à Paris ("143")
12/03 à St Germain-En-Laye 13/03 à Mouy 21, 22 et 23/02 à Paris (Bataclan)
• JIMMY BARNES 18/03 à Paris • MANIACS
17/04 à Besançon
29/03 à Paris (Arapaho) 19/03 à Cannes 20/02 à Angers (Montjoye)
• BURMA SHAVE 22/03 à Toulouse 25/02 à Marseille 21/04 à Lyon (ENTPE)
4/05 à Lyon 24/03 à Carcassone 26/02 à La Seyne
• BURNING HEADS + 25/03 à Perpignan • MANOWAR 22/04 à Grenoble
CONDENSE + KILL THE THRILL 26/03 à Pezenas 29/03 à Paris (Bataclan) 23/04 à Bordeaux
12/03 à Marseille (CCM) 1/04 à Reims
•ALAIN CHAMFORT 2/04 à Sedan
4/03 à Charenton 7/04 à Grenoble O MARILLION O LES SATELLITES
18/03 à Courbevoie 9/04 à Besançon 18/04 à Nice 24/02 à Pau
23/03 à Lille 14/04 à Bordeaux 26/04 à Toulouse 25/02 à Agen
•TH E CHOICE 23/04 à Bourges 27/04 à Lyon 26/02 à Bordeaux
28/02 à Paris (Bataclan) 29/04 à St Nazaire 28 et 30/04 à Paris (La Cigale) 11/03 à Paris (Cigale)
•CHERYCHERY 2/05 à Besançon 23/03 à Cergy-Pontoise (Essec)
4 et 5/03 à Lyon O INDOCHINE 3/05 à Reims 25/03 à Elancourt
11/03 à Nice 13,14 et 15/05 à Paris (Olympia) 26/03 à Surennes
12/03 à Seyne Sur Mer
23/03 à Avignon @IGGY POP 0EDDY MITCHELL •SO U L ASYLUM/
31/03 à Dijon 14/04 à Poitiers 29/03 à Paris (Bercy) MEAT PUPPETS
1/04 à Nancy 15/04 à Caen 16/03 à Paris (Elysée Montmartre)
16/04 à Amiens • M U C K YPU P/H O A X • NINA SIMONE
18/04 à Lyon 20/02 à Toulouse 28/02 à Paris (Olympia)
O PHIL COLLINS 20/04 à Rennes • ELIOTT MURPHY • SDF
21/04 à Metz-Amneville 22/04 à Bourges 11/03 à La Garde 5/03 à Angers
28 et 29/04 à Lyon 23/04 à Evry (Agora) 12/03 à Aubagne 8/04 à Bourges
1/05 à Toulon 15/03 à La Motte-Servolex 9/04 à Monteignet S/L’Andelot
2/05 à Toulouse 17/03 à Change 16/04 à Questembert
©JULIETTE & LES 18/03 à Châtres 27/05 à Vendôme
9 ,10,11 et 12/09 à Paris (Bercy)
INDEPENDANTS 19/03 à Château-Du-Loir •THERAPY ?
Tournée FNAC 22/03 à Redon 20/03 à Paris (Batclan)
• CORONAS/RAGMEN 3/03 à Lille (17h30) 23/03 à Brest •TO OL
27/03 à Toul (Chez Paulette) 4/03 à Metz (17h30) 25/03 à St-Jean-De-La-Ruelle 10/03 à Rouen
•D A Y T R IP P E R S /M A D 5/03 à Mulhouse (15h00) 26/03 à Cléon 11/03 à Paris (Arapaho)
25/02 à Toul (Chez Paulettte) 8/03 à Lyon (18h00) • MUSH 12/03 à Rennes
• ELEPHANT & CASTLE 10/03 à Grenoble (17h00) 27/02 à Montpellier 13/03 à Bordeaux
2/03 à Paris (Blues Heures) 12/03 à Marseille (15h00) •GEOFFREY ORYEMA 14/03 y’s reposent
19/03 à Paris (Gibus) 15/03 à Nice (17h00) 24/02 à Octeville 15/03 à Toulouse
20 et 21/05 à Paris (Blues Heures) 16/03 à Montpellier (17h30) • NO MAN’S LAND 17/03 à Lyon
19/03 à Pau (15h00) 26/03 à Villebon-Sur-Yvette 18/03 à Nancy
OSTEPHAN EICHER 22/03 à Rouen (16h30) • NO ONE 1S INNOCENT 19/03 à Mulhouse
20/02 à Nantes 24/03 au Mans (17h30) 12/03 à Poitiers • TOOTS & THE MAYTALS
21/02 à Caen 26/03 à Rennes (16h30) • PHANTOM BLUE 26/03 à Bagnolet
24/02 à Charleville 29/03 à Bordeaux (17h30) 26/02 à Paris (Arapaho) • TREPONEM PAL
25/02 à Reims 4/03 à Angoulème
26/02 à Sens 5/03 à Agen
O LINKWRAY OPINK FLOYD • LES VALENTINS
• ALEJANDRO ESCOVEDO 3/03 à Rouen 30/07 à Chantilly 8/03 à Rennes
13/04 à Nancy 4/03 à Ris-Orangis (Le Plan) 9/08 à Montpellier 9/03 à Rouen
• FESTIVAL PONT/ROCK 3 5/03 à Morlaix 11/08 à Bordeaux 10/03 à Ris-Orangis (Le Plan)
avec ANYWAY, WEST, EXULAN, 8/03 à Tours 9/09 à Strasbourg 11/03 à Reims
CHRIS SAVOUREY 9/03 à Bordeaux 11/09 à Lyon 12/03 à Strasbourg
19/03 à Pont sur Yonne 10/03 à Toulouse 14/03 à Mulhouse
11/03 à Marseille 15/03 à Lyon
OFFF 12/03 à Montpellier •TH E POSIES 17/03 à Grenoble
17/03 à Clermont-Ferrand 16/03 à Grenoble 28/02 à Paris (Bataclan) 18/03 à Delemont
18/03 à Mulhouse 17/03 à Strasbourg • PREMIER FESTIVAL 19/03 à Moudon
23/03 à Dijon 18/03 à Colmar INTERNATIONAL DE MUSIQUE
24/03 à Strasbourg 19/03 à Nancy SENEGALAISE Attention !
25/03 à Valenciennes 27/03 à Paris (PNO) avec PETER GABRIEL, YOUS- Pour une parution dans le pro­
26/03 à Tourcoing SOU N'DOUR, TOURE KUNDA, chain ROCKSTYLE,
28/03 à Paris (Olympia) OMAR PEN, XALAM, UN'DIAYE envoyez-nous
• LIGHTHOUSE ROSE, KINE DOUD LAM, THIO- vos dates
• MARLA GLENNN 22/02 à Strasbourg NE SECK, ISMAœLA LO de concerts
23/02 à Lyon 23/02 à Lyon 25 et 26/09 à Paris (Zénith) AVANT LE 20 MARS 1994

R O C K S TY L E N 3 - Février/M ars 1994 25


F Trois
FF
Il s o n t b o u s c u l é l e p a y s a g e s o n o ­
r e F R A N Ç A I S , R E D É F I N I L E T E R M E DE beaucoup voyagé. On est allé dans des
“ F U S I O N ” DA NS T O U T E LA L A R G E S S E pays incroyables, au Japon, au Canada,
QU E LE VO CA BLE P E U T É VOQUER. partout en Europe, en Afrique, on a fait
Ry th m iq u e fu nk et riffs c h r o m és plein de rencontres et tout ça te donne
NE SO N T PA S A B S E N T S MAIS NE S U F F I ­
S E N T PA S. P L U S LOIN QUE LlVING des idées. C ’est un album plus dur, plus
C O L O U R , F I S H B O N E OU L E S R E D H O T , poussé, une dureté q u ’on avait déjà sur

lettres
IL Y A DE L ’A V E N T U R E . D E S V O Y A G E S , scène m êm e avec le p re m ie r album . A
DES IMAGES, ET S U R T O U T , LES c e tte é p o q u e , s e u ls c in q m o rc e a u x
O R E IL L E S P L E I N E S DE N O TE S, C O L O ­

de noblesse
avaient été créés par tous les musiciens
RIÉES ET LOINTAINES. L E S CONTI­
N E N T S S O N T L E S N O U R R I C I E R S DE C E ensemble. La réussite du second album
G R O U P E Q UI A I M E C R O Q U E R D A N S LA vient du fait qu’il s ’agit d ’une création de
S O U L , S ’E M P I F F R E R D E F U N K , DE R E G ­ cinq p e rso n n e s, d o n c un c o n ce p t plus
G A E OU D E H E A V Y E T D É G U S T E R E N par Pyt lourd, plus c o n s é q u e n t. On s ’est isolé
FINE TRANCHE CES SPÉCIALITÉS
O R I E N T A L E S A U X P R O P R I É T É S Q U ’ON entretien avec dans une maison à la campagne. C ’est le
DIT D U R C I S S A N T E S . . . “ G R O O V E ” , LE FFF résultat de jams, de répètes.... Et ça c’est
T E R M E G A L V A U D É L E U R A T E N D U LA probant I
M A I N . E T D I E U Q U ’ ILS S A V E N T Y
FAIRE ! S u r s c è n e , p o i n t d e Vous vous voyez à quelle place-
P A IL L E T T E S , POINT DE P E R ­
R U Q U E S , ET LE P O U R TA N T dans cette vague fusion actuelle ?
E X C E L L E N T ET C O N FIR M A T IF On se s e n t p ro c h e de p le in de
SECOND ALBUM " F R E E FOR groupes fusion, com m e tu dis si
F E V E R ” N ’ E S T Q U ’U N E V A G U E bien, mais ce terme à tendance à
C A R T E P O S T A L E Q U A N D O N A VU
L A “ C H O S E ” A G I R . P O U R LE ... (N dr : re p re n an t son souffle).
S P E C T A T E U R , LA MAGIE O P È R E ... N ous, quand on a com m en cé à
J u s t e a v a n t la fin de la p r e ­ fa ire ce g e n re de m u s iq u e , à
m ièr e pa rtie du “ F ever m élanger les styles, on l’a ju s te ­
To u r ”, ils a v a ie n t fa it un ment fait parce qu ’on était contre
C R O C H E T PAR LA VOISINE H E L -
VÉTIE, EN D É C E M B R E À MOU- les é tiq u e tte s q u ’on c o lla it aux
TIER, PETITE BOURGADE INDUS­ groupes. Genre : "Ah ouais, toi tu
T R I E L L E Q UI N E D E M A N D A I T fais du hard, toi tu fais funk, toi tu
Q U ’À S E R É C H A U F F E R . L E G R O U ­ fa is du ra p ", e tc . O n é c o u ta it
P E A R É P O N D U D ’U N E S E U L E
VOIX À N O S Q U E S T I O N S . toutes ces musiques-là, on voulait
les jo u e r, les m é la nger. Le m ot
fusion est aussi devenu cloisonné
Que représente la Suisse dans la que le reste, avec ses barrières et
carrière de FFF ? ses principes. Si tu parles du mot
P lein de bons s o u v e n irs ! On a fusion, je pense que nous sommes
joué au Festival de Leysin... festi­ plus proches de ce terme que Red
val terrible... pendant notre prem iè­ Hot Chili Pepper, ou Urban Dance
re tournée. A Nyon aussi... festival Squad pour qui ce mot se résume
terrible... à la Dolce Vita, à la Rote à un rythm e funk, un gros riff de
Fabrik (Ndr : deux parmi les plus guitare et des “ouah ! ouah I ouah
réputés clubs d ’H e lvé tie , à L a u ­ I ouah I “ dessus... Fusion est un
sa n n e et Z u ric h ). C ’est le pays terme de mode qui est sorti quand
frontalier où ça marche le plus. On ces groupes sont apparus, et qui
n’a pas encore cartonné en Belgique ou Un disquaire m ’a dit récem m ent q u ’on se réfère aux skaters, aux surfers, aux
en Hollande autant qu’ici. Le public suis­ é c o u ta it b e a u c o u p F F F m a is q u ’on machins, aux trucs, cette espèce de mou­
se est très d iffé re n t du fra n ça is. C ’est n ’achetait pas vraiment... (?) vement pseudo-californien... Maintenant,
marrant... y a des jeunes genre trasheurs C ’est vrai ? Je sais pas. B eaucoup de si tu parles vraiment de fusion, elle existe
au look quand même assez "sport”, assez g e n s o n t été d é ç u s de n o tre p re m ie r d e p u is b ie n a v a n t, d e p u is Led Z e p ,
en forme... et puis il y a une autre géné­ album ... nous les prem iers I Enfin non, M agm a, F u n k a d e lic ... d e p u is dix m ille
ration, celle des 3 0 -3 5 ans qui vient nous nous les derniers I Pendant nos deux pre­ groupes I A la limite on est plus proche
voir. m ières années d ’existence, nous étions d ’e u x. N os id o le s , c ’e s t a u s s i S LY
bien plus captivants live que sur album. STONE, BOB MARLEY, HENDRIX... On
Com ment se déroule votre tournée ? Les gens se disent que FFF est avant tout écoute tous des trucs différents, ça peut
On arrive gentiment à la fin de cette tour­ un super groupe de scène. Ca vient peut- être du trash, du hip-hop, du keupon, mais
née, 35 dates environs en tout, mais ce être de là ? C’est une réputation qu’on a dès les cinq premières mesures, tu recon­
n’est pas la fin du “ Fever T o u r” . On va acquis. Quant à "Free For Fever", j’espère naîtras FFF !
co ntinuer au Japon, vraisem blablem ent qu’il va ramener tout ça à sa juste valeur !
aux Etats-Unis cet été. Quels sont vos projets futurs ?
M u s ic a le m e n t , v o u s p r iv ilé g ie z Une fois cette tournée terminée, nous par­
“Free For F ever” se vend bien ? s e m b le -t-il de p lu s en p lu s l ’as p e c t c o u rro n s l’Europe, les Etats-Unis - espé-
J ’sais pas. Ce sont des informations qu’on fusion, plans métal, touches orientales rons-le -, le Japon, et puis bien sûr, on
n’a pas pour l’instant sinon que Sony a ou reggae. C om m ent expliquez-vous pense déjà à un prochain album. On a déjà
déjà vendu autant que le prem ier album cette évolution p ar rapport au prem ier plein d ’idées, plein d’envies. Et puis, quand
pour une période plus courte en France. album ? on aura fait un autre album, à mon avis
C ’est un public très spécialisé qui écoute Les plans fusion... ? Mais ça existait déjà on fera une tournée et puis et puis... &
notre musique... tant que les ventes nous dans le prem ier album, y avait déjà des
p erm ettent de continue r à tourner, et à guitares électriques, des trucs techniques. r - DISCOGRAPHIE - 1
faire un prochain album, c’est ça l’impor­ Il se trouve que là on a cherché à aller
"FFF" (Epic/Sony - 1991)
tant I On cherche pas à vendre le plus de plus loin. On a fait 250 concerts entre les
L"Free For Fever" (Epic/Sony - 19913A
disques. d e u x a lb u m s . En un an et d e m i on a

26 R O C K S TY L E N ]3 - Février/M ais 1994


Des albums à redécouvrir d'urgence...
“Singing The Dolphin Throught", dix ou quinze ans. Impossible de A
aérien, “Questions”, ballade subli­ concevoir une collection de CD
En concert avec
me et poignante, “This Side Of digne de ce nom san s “Im a g i­ ENTR'ROCK'N,ROLL&
Paradise et ses parties de claviers nos”... (T.B) ROCKSTYLE Magazine
insensées, “Starbird", duel dingo
ANGE
entre les claviers et la guitare,
"W aite r T h e re ’s A Yawn In My “Fou !” PENDRAGON
Ear”, instrumental somptueux, et (Tréma-1985)
la reprise tonitruante de “Blinded
en tournée :
By The Light (SPRINGSTEEN). 15/04 à Marcq-en-Barœul
Un parcours qui dépasse la per­ (banlieue de Lille)
fe ctio n . Et ce son de gu itare I 16/01 à Paris ("143")
A C H A Q U E F O I S Q U E L ’O N
Inégalé, chaud et moîte, aventu­ 17/04 à Besançon (Montjoye)
RÉPERTORIE LES
reux. Un album définitivement fas­ 21/04 à Lyon (ENTPE)
M E I L L E U R S A L B U M S DE
cinant et qui n’a pas pris une seule 22/04 à Grenoble
L ’H I S T O I R E DU R O C K , L E S ride. C’est rare I (C.A.) 23/04 à Bordeaux
MÊMES NOMS REVIENNENT
TOUJOURS. LE “ SGT PEP- - BLUE ÔYSTER C U LT -
P E R ” , L E “ B E G G A R ’S B A N ­ “Imaginos”
QUET”, le “ R a w P o w e r ” , En concert avec
(CBS-1988)
le " D a r k S ide O f T h e ROCKSTYLE Magazine
M O O N ” , E T C , E T C . C ’E S T Après un petit passage à vide au
LOGIQUE ET R É A L IS T E . début des années 80, ANGE signe ARTEMUS
MAIS OUTRE CES CHEF- avec “Fou !” un de ces retours en
D ’O E U V R E S I N C O N T O U R ­
N A B L E S , IL E X I S T E UN
force que tout amateur espère de
la part d'un de ses groupes chéris. PHILEMONE
N O M B R E C O N S I D É R A B L E DE “Fou I" renvoie à leurs conceptions
en tournée :
D ISQ U E S, P E U T - Ê T R E MOINS dépassées tous ceux qui pensent
15/04 à Gray (70)
E ST IM É S, MAIS A U SSI IND IS­ que ANGE est un combo de vieux
16/04 à Langres (52)
PENSABLES QUE LES PRÉCE babas séniles. Perdu, les gros I
ANGE cartonne sec dès le premier 19/04 à Montpellier
DENTS. CE SONT CES 29/04 à la Seyne-sur-Mer
A LB U M S QUE N O U S VOUS morceau, le superbe “Les Yeux
d'un Fou”, tendu et franchement
P R O P O S O N S DE DÉCOUVRIR revient souvent !). Cela a sans
Un monstre. Cet album incroyable rock avec ses parties de guitare
D A N S C H A Q U E N U M É R O DE est littéralement monstrueux. Du énervées. Le blues “(Je n’suis) La
doute choqué pas mal de fans de
R O C K ST Y L E . ET VOUS PO U ­ concept, très fort, à la musique pour Personne” prouve aisément
la Vierge de Fer. P o u rta n t, ils
VEZ NO US ENVOYER UNE d'une opacité qui frôle la noirceur que le gro up e de C H R ISTIAN
n ’avaient pas trop fait la tronche
C H R O N I Q U E D ’U N A L B U M la plus totale. Dernier ouvrage en DECAMPS est à l'aise dans tous
pour "Rime Of The Ancient M ari­
Q U E VOUS P E N S E Z ÊTRE date de B.Ô .C, "Im a g in o s" est les styles de musique. Et comme
ner” sur "Powerslave”, "Alexander
SOUS-ESTIMÉ. LA MEILLEU­ peut-être également la pièce maî­ souvent, les paroles sont caus­
The G reat" su r "S om ew here In
RE DE C E S C H R O N IQ U E S Time’’. Pas plus qu’ils ne crieront
tresse de leur pourtant riche car­ tiques à souhait ("Les amis qui
S E R A P U B L IÉ E DA NS LE au loup p o u r "A fra id To S h o o t
rière. Heavy à outrance : "I Am s ’d é b in e n t quand c 'e s t tris te /
Strangers” sur "Fear Of The Dark".
NUMÉRO SUIVANT... The One You W arned Me O f" ( Quand le héros n' les amuse plus /
Va comprendre, Charles ! En tout
te rrifia n t) ou ‘‘The S ie ge A n d Pour ceux là pas d ’raisons que
cas, “Seventh Son Of A Seventh
- MANFRED MANN’S Investiture Of Baron Von Franken- j'existe / Pour ceux là j’suis porté
Son” comporte quelques compos
EARTHBAND- stein's Castle At Weisseria" qui, disparu / Va leur dire que j'nai plus
“The Roaring Silence” outre son titre digne d'un album de l'téléphone / Que je suis vidé, ruiné
(Petbrook/Carrere-1976) M EAT LOAF, est une décalque mais heureux / Va leur dire que l'on
sonore fab ule use dont le p o in t frapp e, que l’on sonne / C 'est
d'orgue est un solo de guitare ver­ fermé, j'ne suis là pour person­
|HF.ncfiRirîr,siLEr;cE tigineux. "Les Invisibles", "Del ne...”). Une première “face" compo­
R io’s Song", m oins lourds mais sée de chansons, classique mais
tout autant stressants, "Imaginos” efficace. Et surtout une deuxième
ou "Magna O f Illusion”, im péné­ partie conceptuelle, truffée d’effets
trables, s ’effacent devant les trois et d'arrangements. De “Les Fous
m erveilles de cet album m onu­ de m an den t un R o i” à "C rever
ment : "In The Presence Of Ano- d'Amour", morceau orgastique, qui
ther World”, au déroulement dan­ décolle dans un final aérien, dans
tesque et au solo illuminé, "Astro- la grande tradition de ce groupe
somptueuses : “Infinité Dreams",
nomy", pe tite m erveille céleste phare du rock fra n ça is, on est
le très rentre-dedans “Can I Play
déjà présente dans une version épaté par l'intelligence du propos
With Madness”, un des meilleurs
Attention, chef-d’oeuvre absolu ! m o in s tra v a illé e s u r l ’album et la qualité exceptionnelle de la
m orceaux de MAIDEN, le m or­
M AN D FR ED MANN est né en "Secret Treaties" (un autre som ­ musique. Oui, ANGE, avec ce “Fou
c e a u -titre et son b re a k c e n tra l
Afrique du Sud, est claviériste de met dans la carrière du groupe de !" bien dans l’esprit des eighties,
atm osphérique, "The E v il That
son état, et doit en être aujourd’hui N e w -Y ork) et su rto u t, surtou t, marque un point de plus et offre
Men Do" ou “The Prophecy” et son
a quelque chose comme 25 ou 26 "Blue Ô yster Cuit", la chanson, finalement un de ses tous meilleurs
étonnant final à la guitare acous­
album s, dont plus de la m oitié hallucinante et de'une beauté trou­ albums. A re découvrir... (T.B.)
tiq u e (g rn a d io se , d ’a ille u rs ).
avec son groupe EARTH BAND, blante, l'Himalaya de B.+.C., leur
P resq ue un c o n c e p t-a lb u m ,
formé en 1971. Dans les années point de non-retour. Album intem­ -IRO N MAIDEN -
“Seventh Son Of A Seventh Son"
60, Mandfred s’était rendu célèbre porel, à mi-chemin entre le hard le “Seventh Son Of A Seventh Son”
intrigue toujours aujourd’hui, peut-
par sa pop légère (le tube “Ha Ha plus intelligent et le progressif le (EMI-1988)
être parce qu’il tentait de renouve­
Said The Clown”). De cette pop plus jusqu'au-boutiste, aux arran­ L ’exemple type de l ’album incom­
ler un peu le style de MAIDEN ou
subtile il passe à une sorte de gements sophistiqués (un travail pris, sous-estimé. Peut-être le seul
en tout cas de tester une nouvelle
“progressivo-écolo-rock" planante su r les voix p a rfa it, re n fo rça n t album où IRON M AIDEN prend
orientation m usicale. Un album
absolum ent superbe et unique. encore l'impression de noirceur et des risq u e s, ch a m b o u le son
largement m eilleur que celui qui
“The Roaring Silence" reste à ce de schyzophrénie de l ’oeuvre), approche musicale pa r l ’ajout de
suivra, "No Prayer For The Dying".
jo u r son plus beau et plus pur signé par un groupe jouant mieux s y n th é tis e u rs (d is c re ts q u a n d
Ca, c ’est évident... (C.A.)
chef-d’oeuvre, une collection de que jamais, enrobé dans une pro­ même !), une écriture plus "ouver­
chansons diaphanes plus belles d u c tio n au m illim è tre sig n é e te”, plus complexe, sortant du car­
les unes que les autres : l’inimi­ SANDY PEARLMAN, l'éminence can hard classique pour aller faire Envoyez vos chroniques
table “The Road To Babylon" et grise du combo, po ur un album un petit tour du côté de la "pro­ avant le 1er A vril !
son intro religieu se étonnante, comme on rencontre un tous les g re s s iv e ” (d é cid e m m e n t, on y

R O C K S T Y L E h l 3 - Février/M ars 1994 27


TWELFT
GH
Vous avez
dit...
culte ?
D É B U T D E S A N N É E S 80. L A N E W
W a v e Of B r i t i s h H e a v y M é t a l ,
DONT L ES PL U S B E A UX F L E U R O N S
P R E N N E N T P O U R NOM IRON M A IDE N
O U DEF LEPP AR D, P O I N T E D A N S L E
S I L L A G E D E J U D A S PRIEST, P L U S
A N C I E N , C O M M E U N E R É P O N S E À LA
V A G U E P U N K Q U I A E N V A H I L ’A N G L E ­
T E R R E Q U E L Q U E S A N N É E S P L U S T ÔT , TWELFTH NIGHT - avec GEOFF MANN en bas à droite - photo : DR
ET T E R R A S S É LA Q U A SI-T O T A L IT É DES
B R A N C H E S DU R O C K E X I S T A N T A L O R S .
A COM M ENCER PAR CELLE DES P I È C E DE T H É Â T R E DE S H A K E S P E A R E .
G R O U P E S DITS “ P R O G R E S S IF S ” . C E L L E A u t e u r d ’u n s e u l “ v é r i t a b l e ” (le te m p s d ’une d e u x iè m e K7 et d ’ un
D E S YES, G EN ES IS , K ING C R IM SO N . a lb u m (“ F a c t & F ic tio n ” e n 82) single sur le propre mini-label du groupe),
ET À L ’A U B E D E C E T T E N O U V E L L E so u s sa fo rm a tio n e t se s idées T W E L F T H N IG H T to u rn a un m o m e n t
D É C E N N I E , D E S C O M B O S S ’A C O Q U I ­ d ’o r i g i n e , m a i s q u i n ’é t a i t p l u s sous forme de quatuor instrum ental. En
N E N T A V E C L E P U B L I C DU M E T A L T E V R A I M E N T L U I - M Ê M E L O R S Q U ’IL S ’E S T sortit "Live At The Target”, premier album
T R O U V E N T LE L EU R , MÊME M IN U S C U ­ A R R Ê T É C H E Z V I R G I N , E N 8 5 , LE
L E , P O U R R E L A N C E R L A M A C H I N E . I LS a u to -p ro d u it et d istrib u é , e nregistré en
T E M P S D’ U N E G A L E T T E . P O U R UN concert. Moins cher... Déclic ? Toujours
O N T P O U R NOM M A R I L L I O N , IQ, PAL- É C H E C C U IS A N T , EN PLUS.
LAS, PE NDR AG ON OU T W E L F T H (PAR JE A N -PH IL IP PE VENNIN) est-il qu’en cette année 81, la presse bien
N IG H T. H o r m i s l e p r e m i e r ( q u i d e pensante anglaise commença à parler de
L U I - M Ê M E I R A À L A P Ê C H E D’ UN N O U ­ TW ELFTH NIGHT, que le groupe trouva
VEAU PU BLIC), TOUS CONNAÎTRONT un contrat de distribution, qu’il se fit même
LES PIRES DIFFICULTÉS A PRÈS LEURS
LA STORY
un (tout p e tit) nom aux E tats-U nis, en
(B R E F S ) PA SSA G ES PAR LES MAJORS. Scandinavie et dans le reste de l’Europe...
J U I N 1 9 93 , IQ A P R È S D E M U L T I P L E S Le "AND Y R EVELL B A N D ” é ta it né en et que GEOFF MANN revint. Un passage
G A L È R E S ET LE R ETO U R DE SON C H A N ­ 1978 de l’association du batteur BRIAN au Festival de Reading (d’où le groupe est
T E U R , S O R T “ E V E R ” , L ’A L B U M QUI
DEVOIL et du guitariste qui avait donné originaire) et une troisième K7 plus tard,
RENVOIE TOUS LES GROUPES PLUS
R É C E N T S À L E U R S É T U D E S . E T I LS O N T son nom au groupe (si l'on pouvait alors on arrive en 82. Année consacrée - sans
DU B O U L O T . A LA R E N T R É E P U I S parler de groupe), bientôt rejoints par le R IC K B A T T E R S B Y p a rti à son to u r
D É B U T 94, PENDR AG ON E T M A R I L ­ bassiste CLIVE MITTEN puis, à l’été 79, m om entaném ent, CLIVE MITTEN assu­
LION E M B O Î T E N T L E P A S A U G R O U P E par le c h a n te u r G E O FF MANN qui fut rant alors les claviers jusqu’au retour de
DE S O U T H A M P T O N , AVEC “ T H E W lN - a u p a ra va n t le u r roadie (si l’on pou va it Rick pour la tournée - à la création de
D O W O F L I F E ” E T “ B R A V E ” . E T LE etc.). M anquait un cla vie r, ce fut RICK “Fact & Fiction", aujourd’hui album -culte
N O U V E A U P A LLA S D E V R A I T S U I V R E , BATTERSBY. Malgré les allers et retours (suivi d ’un single comportant deux inédits)
A P R È S S E P T A N N É E S DE S IL E N C E . qui ponctu è re n t les années à venir, se qui a c o n trib u é à fa ire de T W E L F T H
A I N S I , C O M M E S ’I LS S ’É T A I E N T tro u v a it dé jà la fo rm a tio n de base qui NIGHT ce q u ’il est devenu : un groupe-
C O N C E R T É S , Q U A T R E DES CINQ
d e v in t ra p id e m e n t T W E L F T H N IG H T . culte lui-même. Après des contacts avec
G R O U P E S B R IT A N N IQ U E S QUI ONT
“ F A IT ” LE ROCK P R O G R E S S IF DES C ’était le temps des premiers concerts, de CBS, c ’est Music For Nations qui signa
A N N É E S 80 S E R E T R O U V E N T - I L S A U la p re m iè re dém o, de la p re m iè re K7- TW ELFTH NIGHT début 84. mais sans
C E N T R E D E L ’A C T U A L I T É ( E N T O U T album, mi-live mi-studio élue "démo de la G EO FF MANN, parti une n o uvelle fois
c as pour R ockstyle) en re v e n a n t semaine” par le journal “Musicians Only". m onter son propre groupe (THE BOND
À LEURS p r e m i è r e s a m o u r s , Le te m p s a u ssi du p re m ie r d é p a rt de puis A GEOFF MANN BAND) après deux
m a n q u e T W E L F T H N IGH T. L e p l u s G EO FF MANN pour un p rojet com m un m ém orables concerts d ’adieux au Mar-
ANCIEN, s a n s d o u t e l e p l u s m é c o n ­ avec un ami proche. Après un intermède quee C lub londonien. Im m ortalisés par
n u . Q u i a v a i t t i r é s o n n o m d ’u n e avec la chanteuse ELEKTRA MAC LEOD "Live & Let Live", m agnifique album live

28 R O C K S T Y L E N ’3 - Février/M ars 1994


(réédité et complété par SI Music en 93 - l’écriture musicale de CLIVE MITTEN (le
voir Rockstyle n°°1). ANDY SEARS prit la principal com positeur du groupe) prend BRIAN DEVOIL
place de GEOFF MANN. A peu près deux ses racines dans le rock progressif, elle L’âme de TWELFTH NIGHT...
fois plus petit par la taille, mais (presque) s’en éloigne par le traitement imposé aux
aussi grand par le talent ! C’est sur scène morceaux : guitares et basse unies dans - Interview -
qu’il fit ses débuts (c’est lui qui est sur la le même esprit, claviers hyper-puissants, "Je suppose que le split final de TWELFTH
fameuse vidéo “Creepshow”) avant que le presque hard (“The Ceiling Speaks”), soli NIGHT est survenu parce que notre maison
groupe ne se rende à Liverpool pour y de G ib s o n c a rré m e n t fu rie u x de disques d'alors - Virgin - n'était plus vrai­
e n re g is tre r “A rt & Illu s io n ” , m in i-a lb u m (“S equences”), étonnantes lignes m élo­ ment intéressé par le groupe. Ce fut pourtant
un effort long et difficile que d'obtenir un
plus rock (m orceaux plus courts et plus diques jouées à la basse (oui, l’intro de
contrat chez une major et en rechercher une
enlevés) et qui atteignit la 83èm e place “Love Song” n’est pas jouée sur une gui­ nouvelle était trop décourageant. Et puis,
des charts. A ce moment, le groupe sem ­ ta re a c o u s tiq u e m a is bel et b ie n p a r nous devenions plus âgés, plus expérimen­
blait bien parti pour marcher sur les traces CLIVE MITTEN sur sa basse 6 cordes !) tés aussi, mais pas plus riches pour autant I
C’est vivable de prendre son pied et de ne
de GENESIS et PETER GABRIEL. Carré­
ment. Passé dans le giron de Hit & Run
et chant expressif, voire expressionniste,
qui dépasse allègrem ent le cadre de la
à
pas gagner d'argent 20 ans, mais à 30 ?” -
Qu’en est-il de la réédition éventuelle en CD
pour le management, il allait signer chez petite bluette progressive. A cet égard, la de "XII Night" et "Art & Illusion” ? - “J ’espère
Charism a quand le label explosa... mais voix de GEO FF MANN, autant que son éventuellement ressortir tout notre back cata­
fut repris par V irgin. Dans les d erniers je u de sc è n e , re s te ra une des fo rc e s logue en CD. Le problème avec l'album “XII
Night” est que Virgin en possède les droits.
jo u rs de 85, le to u r é ta it jo u é . E n fin motrices de TW ELFTH NIGHT : aussi à à
Je leur ai écrit ce propos il y a plus d'un
p resqu e. R e jo in d re une M a jo r est une l’aise dans les graves que dans les aigus an... et ils n ’ont jamais répondu. J'ai égale­
arme à double tranchant. L’album épony- les plus incroyables (com bien d ’octaves ment besoin de trouver une ou plusieurs mai­
me (surnommé “X", accompagné de deux dans sa voix ?), à l’instar de "The Collec­ sons de disques intéressées par la réédition
singles aujourd’hui introuvables - “Shame” tor” , l’intro de “We Are Sane” ou l’époumo- de notre matériel. Les droits sont libres..." -
Heureux de la réédition des 3 premiers
et la deuxième partie de “Take A Look” -) nant “Creepshow”, GEOFF MANN et ses albums, Brian ? - "Oui, je suis content de
allait plus loin dans la direction de “Art & textes superbes, ancrés dans la réalité et "Live & Let Live" parce que je me suis beau­
Illusion” (un seul titre b o u le v e rs a n ts , est à coup impliqué dans le projet, surtout en ce
long à v o c a tio n p ro ­ co m p a re r à un au tre qui concerne le design, la biographie, toutes
les infos qui y figurent. Les deux rééditions
gressive). Mais l’échec le a d er ch a rism a tiq u e
de chez Ugum-MSi n'ont probablement pas
commercial eut raison de l’école "n é o -p ro g ” la même qualité mais je pense qu'elles sont
du contrat avec Virgin. des années 80”, FISH. à
vraiment indispensables toute collection”. -
ANDY SEARS mit les S on a u ra et sa p ré ­ TWELFTH NIGHT est-il aujourd'hui un "grou­
bouts à son tour, briè­ sence s c é n iq u e pe culte" ? - "Oui... Je suis persuadé que
nous avions des rapports privilégiés avec pas
vem ent rem placé par étaient peut-être enco­ mal de personnes et que ça n'a pas changé.
un c e rta in M A R T Y N re plus évidentes que Chaque groupe qui a un "following" relative­
W ATSO N. TW ELFTH le P oisson éco ssa is. ment peu nombreux mais passionné peut
N IG H T ne s u rv é c u t F in a le m e n t, ce q u ’ il sûrement se prévaloir du terme "groupe
culte". TWELFTH NIGHT appartient sans
pas à l’année 87. Dès restera de TW ELFTH à
conteste cette catégorie”. - Avec la mort de
la suivante, pourtant, NIGHT, outre une poi­ GEOFF MANN, c ’est l'espoir d'une reforma­
l’idée d ’une re fo rm a ­ gnée d’albums magni­ tion qui disparaît. Reste-t-il des morceaux
tion p o n ctu e lle de le fiq u e s q u i fo n t d é jà demeurés jusqu'alors inédits ? - "La mort pré­
figures de classiques, maturée de Geoff a été un grand choc pour
“v ra i” lin e -u p fit son
nous tous, il y a en effet pas mal d'enregis­
c h e m in et se v it c ’ e s t le s o n , u n iq u e trements avec lui qui n'ont jamais été publiés.
concrétisée. La com pi­ ( g u ita r e /c la v ie rs ) et Cela inclue des bandes où figurent des répé­
lation “Collectors Item” inventif (basse/voix). Il titions, des démos, des live, et des morceaux
sortit finalement en 90 n’est pas trop tard de jamais sortis comme "Deep In The Heart-
land". La qualité varie de /'assez bon au fran­
chez M u s ic For re n d re ju s tic e à ce
chement excellent I Je pense sincèrement
Nations, pour laquelle fut enregistré “The g ro u p e in te m p o re l qui n ’a u ra c o m m is que "Smiling At Grief” mériterait d'être édité
C o lle c to r ” , m o rc e a u m a g iq u e de 19 qu’une seule erreur dans sa carrière : se à
en CD un jo ur”. - Et propos de l ’album-
minutes resté jusque là au fond d’un tiroir. séparer. à
hommage Geoff ? - “ L'album-hommage,
Dommage que le groupe n’en ait pas pro­ (T h ie rry B usson) "Mannerisms”, est bien avancé et contiendra
des morceaux interprétés par une douzaine
fité pour d épou ssié rer en m êm e tem ps de groupes et artistes environ, des amis qui
“ C e ilin g S p e a k s ” ou “ S e q u e n c e s ” , le r - DISCOGRAPHIE - 1 ont connu ou travaillé avec Geoff. Nous,
temps d’un réel album... Depuis, TW ELF­ TWELFTH NIGHT, avons commencé d ’enre­
TH NIG H T ne répond plus (excepté un gistrer un morceau intitulé “Piccadilly Square”
“Live At The Target” (Ugum/MSI-1981) et nous espérons le finir bientôt. L'album,
titre in s tru m e n ta l su r une c o m p ila tio n “Fact And Fiction” (Ugum/MSI- 1982) supervisé par ANDY LABROW, devrait sortir
MSI). Geoff Mann et Brian Devoil ont pris “Live And Let Live” (SI Music/MSI-1983) d'ici quelques mois". - Finalement, tu es tou­
part au projet Casino en 92, et puis c’est “Collectors Item” jours impliqué dans la musique ? - "Non... Je
tout. Si une nouvelle reformation doit arri­ (Food For Thought-1991) ne suis plus directement impliqué dans la
musique autant qu'auparavant. Mais je conti­
ver, ce sera sans doute pour la com pila­
tion “ M a n n e ris m s ” de SI, p ré vu e pour
“Art And Illusion”
(MFN-1984- non disponible en CD)
à
nue m'occuper du service informations sur
TWELFTH NIGHT. J'ai joué sur le CD "Casi­
cette année en hommage à Geoff, empor­ “Twelfth Night”
(Virgin-1986-non disponible en CD)
à
no” en 1992 et j'a i été invité collaborer sur
té par un cancer le 5 février 93. Le nom . sa suite. A côté de ça, ma petite amie tra­
du chanteur à cette occasion d e v r a it, ;/ vaille pour une maisons de disques et je vais
- RARETES - bientôt retourner dans ce milieu en tant que
provoquer une sacrée surprise... comptable. Euh... finalement, oui, contraire­
“Early Material” (K7 4 pistes-1979)
“Smiling At Grief” (K7 démo-1981) à
ment ce que je viens de te dire, je suppose
X L ’APPROCHE MUSICALE “Creepshow”
“Official Live Tapes”
(Vidéo-1982)
(Plusieurs K7)
que je suis toujours impliqué dans la musique
I Je suis également en train de monter un
projet concernant TWELFTH NIGHT, qui, s ’il
TWELFTH NIGHT ne ressemble à aucun
à
arrive terme, aura énormément d'intérêt
ROCKSTYLE vous conseille : pour nos fans et amis !"
autre groupe. Sa musique reste et restera “Fact & Fiction” / “Live & Let Live” (par Thierry Busson)
entièrement personnelle, jamais copiée et “Collectors Item”
à fortiori, jamais égalée. S’il est vrai que

R O C K S T Y L E N '3 ■ Février/M ars 1994 29


ALICE
COOPER
À L’ HEURE OÙ LE NOUVEL ET
(TOUJOURS) TRÈS ATTEN DU “Killer”
a l b u m d ’A l i c e C o o p e r d e v r a i t (WEA ■ 1971)
ENVAH IR LES BACS D’ ICI PEU ET Sorti la même année que "Love It
QU’ UN COFFRET EST PRÉVU POUR To Death", “ K iller” est p ro bable­
LE MOIS D’ AVRIL PROCHAIN, ROCK m ent (et à to rt) l’album le plus
St y l e vous propose de f a ir e un m ésestim é de la période bénie
BREF TOUR D’ HORIZON DES 2 0 des productions d’Ezrin. Pourtant,
ALBUMS OF FICIELS DU PRINCE DES
tout y est haut en couleurs (sai­
TÉNÈBRES DÉJÀ PARUS, DES CLA S­
g n a n te s , les c o u le u rs I) et les
SIQUES INCONTOURNABLES AUX
DERNIÈRES GALETTES ULTRA-PRO-
titres les moins connus (“Halo Of
DUITES, EN PASSANT PAR F lie s ” , "D e s p e ra d o ” ou "K ille r” ,
QUELQUES PERLES MÉ CO N NU E S.. . to u s fa b u le u x ...) n ’ont a s s u ré ­
m e n t rie n à e n v ie r a u x p lu s
(PAR C HRIST OPH E G O FF E T TE ) c é lè b re s ("U n d e r My W h e e ls ” , "D ead v e lle s te n d a n c e s se d e s s in e n t. Le
Babies"). public n’est pas prêt, boude l’album et
“Pretties For You” p ro v o q u e la d is s o lu tio n du g ro upe (à
(Straight/WEA - 1968) “School’s O ut” l’époque tous plus im bibés les uns que
(WEA - 1972) les autres) : A lice d ’un côté, les m usi­
Le morceau qui donne son titre à l’album c ie n s de l ’ a u tre (u n u n iq u e et trè s
est incontestablem ent (et curieusem ent) m oyen a lb u m s o rtira so u s le nom de
le plus connu de to u t le ré p e rto ire du Billion Dollar B abies)...
sieur Alice. C ’est d ’autant plus dommage
q u ’il occulte quelque peu d ’autres m or­ “Welcome To My Nightmare”
c e a u x d ’a n th o lo g ie c o n te n u s d a n s le (WEA - 1975)
même album : "P ublic A nim al # 9 ” , “ My
Stars” ou “Street Fight”, pour ne citer que
ces trois exemples flagrants...

“Billion Dollar Babies”


Le prem ier jet, paru sur le label Straight (WEA - 1973)
de Frank Zappa, nous propose au recto
de la pochette Alice en robe verte et or
(hilara nt I) et contient qu e lqu e s m o n u ­
ments psychédélirants ainsi que la ve r­
sion prim itive du m orceau "E lected'’, ici
baptisé “Reflected”.
Retour au top d ’A lice C o o p er-l’homm e,
“Easy Action” p o u r un s o m p tu e u x et trè s s o m b re
(Straight/WEA - 1969) c o n c e p t-a lb u m qui b é n é fic ie à la fois
Plus dur et mieux produit, ce second LP d’une production hallucinante du toujours
propose une vague esquisse de ce que fidèle Bob Ezrin et de la participation du
sera Alice Cooper-le groupe, dans la pre­ duo de guitaristes le plus performant de
mière partie des années 70s. Expérimen­ L’album qui s’est le plus vendu au monde, l’époque (cf “Rock’n Roll Anim al” de Lou
tations et originalité tous azimuts (“Refri- et de lo in I La p o c h e tte d ’o rig in e est Reed) : messieurs Steve Hunter et Dick
gerator Heaven”, le long "Lay Down And magnifique (double, ornée de photos car­ Wagner. Quant aux titres par eux-mêmes,
Die, G oo d b ye ” ou “ Return Of The Spi- tonnées détachables et d ’un grand billet no comment, que du grand art : “Devil’s
ders”, en l’honneur de Gene Vincent). de banque à l’effigie de qui vous savez) et F ood", “ C old E th y l” , "W e lcom e To My
les titres tous plus géniaux les uns que Nightmare”, “Steven"...
“Love It To Death” les a u tre s : "N o M ore Mr. N ice G u y ” ,
(Straight/WEA - 1968) "Elected", “I Love The Dead", “Billion Dol­ “Alice Cooper Goes To Hell”
A rriv é e de Bob E zrin à la p ro d u c tio n , lar Babies", "S ick T h in g s ” , "G énération (WEA - 1976)
signatu re chez W arner et prem ier gros Landslide", etc, etc, etc... Suite thématique et donc logique de "W el­
carton ! L’album parfait (le meilleur pour come To My Nightmare”, “Goes To Hell”
beaucoup), de l’hymne ’Tm Eighteen” au “M uscle Of L ove” s’en écarte néanmoins par des arrange­
délirant “Black Juju” (près de dix minutes (WEA - 1974) ments autrement plus tarabiscotés et un
I), en p a ssa n t par le d o u b lé ""S econd Dernier album d ’Alice C ooper-le groupe ensemble de chansons plus accessibles
C o m ing 7” Ballad Of Dwight Fry", à vous et prem ier bide depuis l'incroyable série telles que "Go To Hell", T m The Coolest”,
filer des frissons tout le long de l’échine d é b u té e p a r “ Love It To D e a th ” . Les "Didn’t We Meet", "I Never Cry", "Guilty”
dorsale... m o rc e a u x s o n t m o in s h a rd , de n o u ­ ou “Wake Me Gently’’...

30 R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994


album-concept de plus) raconte de quelle “Constrictor”
m anière il a frôlé la folie et com m ent il (MCA - 1986)
s’en est sorti, le tout se terminant en clin Après un long break moyennem ent bien
d ’œil et en beauté avec “Inmates (W e’Re digéré, Alice Cooper débarque sur MCA,
Ail Crazy)"... re s s o rt sa p o u s s ié re u s e tr o u s s e à
maquillage, se rachète un boa constrictor,
s’acoquine avec un six-cordiste body-buil-
dé (Kane Roberts) et décide de réveiller
les vieux fantômes et de sortir un album
de g ro s h a rd q u i tâ c h e . Le s tu b e s
s ’enchaînent (“H e’s Back", écrit pour la
B.O. d'un énième "Vendredi 13", "Teena-
ge Frankenstein” ...) et, quoique l’album
soit moyen, Alice gagne le cœ ur de nou­
veaux, nombreux et fidèles fans.

“Raise Y o u rF is t And Y ell”


“Flush The Fashion” (MCA - 1987)
(WEA - 1980) Fort d ’un regain de popularité fraîchem ent
R e-nouveau look et nouvelle descente acquis (la tournée qui suivit la sortie de
aux enfers pour Alice, alcoolo ju s q u ’au “ C o n s tric to r” fû t s o ld -o u t à tra v e rs le
b o u t de s o n g le s , a ve c ce “ F lush T he monde), Alice et son poteau Kane (tou­
F a s h io n " qui m a rq u e son p re m ie r flirt jours aussi repoussant) décident de durcir
avec l’électronique. Très speed (il ne dure un peu plus encore leur musique, faisant
même pas une demi-heure, tous les m or­ de "Raise Your Fist And Yell” le plus mau­
ceaux s ’enchaînent), l’album est n é a n ­ vais album jamais sorti par Alice, que le
“Lace And W hiskey” moins de très bonne facture et contient très bon d oublé final "G a il'V ’R oses On
(WEA - 1977) m êm e un d e s p lu s g ra n d s m o rc e a u x W hite Lace" arrive à peine à sauver du
Ezrin, H unter et W agner sont une nou­ jamais écrits par Alice, le très douloureux naufrage...
v e lle fo is de la p a rtie et A lic e q u itte “Pain”.
p o u r la p re m iè re fo is son m a q u illa g e “Trash”
légendaire pour poser en écrivain c ra ­ “Spécial Forces” (Epic/Sony - 1989)
v a té et c h e v e u x c o u rts . Le flo p e s t (WEA - 1981)
im m édiat, quoique “ Lace And W hiskey" A lb u m -p a tch w o rk où, entouré d ’un tout
soit de la teneur de son prédécesseur, jeune groupe des plus fougueux et e ffi­
m ê m e si le s s u je ts a b o rd é s s o rte n t caces, Alice enchaîne son prem ier tube
m o in s du co m m u n . À d é c o u v rir sans depuis longtemps (“Who Do We Think We
plus tarder I A re ” , p rin c ip a le m e n t en G ra n d e -B re ­
tagne), une reprise vitaminée de “Seven
“The Alice Cooper Show” & Seven Is", une version live de "Généra­
(WEA - 1977) tion Landslide" et quelques bolides pas
dégueux du tout ("You’Re A Movie”, “You
Look Good In Rats" ou encore "You Want
It, You Got lt” ...).
N o u ve lle m aison de d isq u es (E pie) et
“Zipper Catches Skin” grosse production FM (D esm ond Child)
(WEA - 1982) pour ce "Trash” de bonne facture, même
S u ite m u sica le lo g iq u e de “ F lush The s ’il aurait été certainem ent bien m eilleur
F a s h io n ” et “ S p é c ia l F o rc e s ", “Z ip p e r s ’il avait été plus spontané. L’ensem ble
Catches Skin” est assurément l’album le coule n é a n m o in s très bien : “ P oison ",
plus n a rc iss iq u e de la c a rriè re d ’A lice “Trash", “ Bed Of N ails”, “ l’m Y our G un”
Cooper. Fantasmes à gogo et quelques et réussit finalem ent à gagner une petite
brûlots pas piqués des vers : “ I Better Be place dans un coin de notre esprit, en
Seul live officiel du “king snake” en plus G ood’’, “ I Am The Future" (extrait de la p a r t ic u lie r g râ c e à la p r é s e n c e de
de 25 a n s de c a rriè re (et s e u le m e n t B.O. de “Class 84”), “Tag, You’Re lt" ou quelques m usiciens parmi les m eilleurs
sim ple album , qui plus est !), ce “A.C. “Zorro’s Ascent" à la gloire du héros mas­ du m ic ro c o s m e h a rd -ro c k FM de Los
Show” est très bof. Le son est tout juste qué... A ngeles...
moyen, les morceaux choisis font davan­
tage "best of" qu’autre chose, les versions “Dada” “Hey S toopid”
ne sont pas parmi les meilleures (malgré (WEA - 1983) (E pic/S ony - 1991)
la présence du duo W agner/H unter) et, Incontestablement son album le plus per­ Beaucoup plus réussi, "Hey S toopid" est
surtout, Alice était à l’époque un piètre sonnel et, quoiqu'il soit bien différent de un bon com prom is entre le Alice C ooper
performer, sauf lorsqu’il s'agissait de liqui­ tous les autres, une des plus belles réus­ m alsain qui s é vissa it dans les années
der une caisse de canettes de bière en un sites de notre bonhomme, “Dada" marque 70 et une grosse production com m e rcia ­
temps record... le re to u r de B ob E z rin d e rriè re les le a p p u y é e p a r le s p r e s ta tio n s d e s
manettes, celui de Dick W agner à la gui­ m eilleurs in strum entistes (Joe S atriani,
“From The Inside” tare (sublime I) et la présence à la batte­ Slash, Steve V a i...). L’album m érite sur­
(WEA - 1978) rie de Richard Kolinka de Téléphone sur to u t le coup d ’o re ille pour le fa b u le u x
Attention, chef d ’œuvre I Plus malsain et trois morceaux. À acheter les yeux fermés “W ind-Up Toy", “ Feed My F rankenstein”
maladif encore que pour “W elcome To My pour les petites m erveilles que sont les et “Might As W ell Be On M ars” , co-écrit
Nightrnare”, parce que moins calculateur, “ Form er Lee W a rm e r” , “ Pass The Gun avec Dick W agner him self... s
le Alice Cooper de “From The Inside” (un Around” ou “ I Love America” ... (/ '

R O C K S T Y L E /V33 ■ Février/M ars 1994 31


Vos réactions
répondre, dans la m esure de souffert ! (Si il y a des fautes
nos m oyens, à vos lettres. A dans ce p etit paragraphe, j ’ai LA BUSH DE NOËL
propos d ’éclectisme (notre leit­ vraiment l ’air con...)
motiv), sachez quand même que
certaines réunions de Rédaction
sont quelquefois houleuses, les
SPIR1T ? “ Pas de sin gle en France. J ’ai
obtenu les CD singles “ Rubber-
band G irl” , “ Eat The M usic" et
goûts de chacun n ’étant, chez “J’ai lu les 2 premiers numéros de "Moments Of Pleasure” en import
Rockstyle, pas forcément ceux votre magazine et j’ai trouvé cer­ d’Angleterre. C’est aberrant ! EMI
des autres I Et je ne vous parle taines ressemblances avec “Rock A ng le te rre a bien com pris que
même pas de ceux de Nicolas Spirit”, magazine trop tôt disparu et Kate est une valeur sûre : grande
Gautherot ! (ndNG : Et moi, je ne que j'aimais bien”. promo presse, radio et télé, plus
vous parle même pas de ceux - Christian Verdon (67) - so rtie s de sin g le s et c o ffre ts
de T hierry Busson I P ré férer divers...”
D e v a n t l 'a f f l u e n c e s a n s M a rillio n aux Virgin Prunes, “Au premier abord, après avoir lu - Joîlle Deveza (45) -
C E S S E C R O I S S A N T E DE pfou... I). vite fait (ndj : c ’est pas sérieux,
VOTRE C O U R R IE R , NOUS T.B. ça...) j ’ai tout de suite pensé au “J’ai bien reçu le n°2, ce qui fut
INAUGURONS DANS CE défunt “ Rock S pirit" de par son pour moi Noël n°2 ! EX-L-ENT !!
N U M É R O U N E P A G E QUI
A U R A P O U R B U T DE F A I R E
CRITIQUES éclectisme et sa volonté d’aborder
toutes les faces de la m usique
d’inspiration rock".
Mille fois bravo et merci pour Elle.
Seulement j’espère que vous conti­
nuerez à parler de la Diva, la pres­
L A S Y N T H È S E D E V OS R É A C ­ (A pro po s de la ch ro n iq u e du - Bruno Versmisse (62) - se française a tellement tendance
T I O N S E T D E V OS Q U E S ­ concert de Novv dans Rockstyle Heu... Ah bon ? Peut-être. Mais à la bouder malgré la reconnais­
TIONS. E n p r i m e , n o u s n°o2) “Alors il y a deux questions q u itte à la n c e r un n o u ve au sance unanim e de son ta le n t
C H O IS IR O N S À C H A Q U E FOIS que je me pose, est-ce que Hervé m agazine, p o u rq u o i ne p as unique. Encore merci pour Kate et
L A L E T T R E DU M OI S , DE Marchon était ce jour-là au concert essayer de le faire le plus attrac­ pour ses fans.”
FAÇON SU BJECTIV E ET FOR­ ? Si oui, était-il en train de dormir tif possible ? Et comme chacun - Patrice Hurtaud (33) -
!?!” le sait, “Rock Spirit" était une Oui, il était temps de faire une
CÉM ENT INJUSTE. - O.référence.
Guillot (75)Alors,
- notre incons­ couv’ avec la grande Kate. Cela
A VO S P L U M E S . . . Oui, Hervé était bien au concert cient a peut-être fonctionné en vous a plu, tant mieux. Quant à
ce soir-là. Un journaliste sérieux re p ren an t q uelq u es idées de Rockstyle, ses colonnes seront

LOUANGES
ne parle que des choses q u ’il m aquette ici et là. M ais sans to u jo u rs o u v erte s à la b e lle
écoute, q u ’il voit. Et Hervé est plus. Anglaise. Promis...
un gars sérieux. Ne soyez pas
"... J’espère que l'éclectisme dans trop dur avec lui, il a la larme
la qualité restera votre attitude et facile. C’est un tendre, Hervé. r La lettre sélectionnée
que les lecteurs se retrouveront
dans votre revue. Sympa aussi les "Etonnement ENOOORME (était-
photos noirs et blancs qui donnent ce un gag !) devant la chronique . Cette lettre n’est pas une affaire de goût. On peut aimer ou pas
une autre “couleur” à votre magazi­ du Pet Shop Boys par H enry “rock style". Considérer ou pas que cette “ouverture” n’est pas que
ne. J’espère que cela restera ainsi. Dum atray (en plus !)... Pouah ! commerciale et donc sans âme (sic). Apprécier ou pas d’entendre
A utre détail im portant - et cela Messire, ça puire ! J’avoue que je qualifier de progressives (et surtout de les voir citer en exemple)
aussi j’espère que cela restera - n’ai pas compris...” les productions au carbone de Si Music... Non, ce n’est pas une
votre ’zine est le moins cher du - Bruno Versmisse (62) - histoire de goût. C’est ici une histoire d’incompétence. Quand on
marché !... Cool !” Nous non plus. Non, sérieuse­ fait une chronique ou une rétrospective d’un groupe on écoute ses
- Teddy Kiss (13) - m ent, l ’alb um des P et Shop disques. Et tous ! Rock Style n°1 m’avait surpris par son manque
Boys est bien. Ce sont peut-être
de consistance, de matière... J’attribuais cela à l’immaturité ou plu­
"Un seul mot me vient à l’esprit : des amis intimes d ’Henry Duma­
tôt à la peur du gouffre commercial. J’ai donc renouvelé la tentative
bravo ! Bravo pour avoir créé ce tray, qui sait ? Au fait, pourquoi
dire "en plus !" en parlant de avec Rock Style 2. Plus satisfait déjà d’y voir des groupes comme
magazine qui défend enfin les véri­ Magellan, Bush, Pendragon et Mike Oldfield. C’est d'ailleurs lui qui
tables valeurs du rock, le vrai !... n o tre am i H e n ry ? Vous ne
l ’aimez pas ? Lui aussi, c ’est un m’a fait tiquer quand j’y ai lu “Tubular Bells il (plus une version
Je tenais à vous remercier pour
votre lettre que j’ai reçu ce matin. Il tendre, vous savez... modernisée)... et plus loin “T.B.II (funny, isn’t it ?), Reprise, WEA
est bien rare de nos jours que les 1992.” Quelle énormité !! Franchement, vous avez écouté T.B.II ?
magazines répondent à leurs lec­ "Une petite critique seulement : les Ou vous êtes-vous arrêté à l’intro du premier synthé. Non ce n’est
teurs (écrivez à R ock’n'F olk et posters... Peut-être un peu trop pas une reprise, ce n’est même pas un plagiat... Alors franche­
vous verrez ce que je veux dire !), fan-club”. ment, pourquoi ne pas nuancer les à-prioris et se permettre de dire
mais il est vrai que votre revue - Christophe Pilard (33) - qu'on n’a pas écouté (ou qu’on n’a pas compris, ça arrive) un
n’est pas comme les autres !” Ben, y ’en a plus. album... Enfin, il se peut que ma lettre passe à côté de son but.
- Laurent Quesnel (76) - Celui étant de ne pas laisser croire à Thierry qu’il est à côté de
“J’ai trouvé un petit peu dure la l’erreur, et vous obliger peut-être à faire attention aux paroles de
"Enfin de la diversité : hard, blues, chronique du Phil Collins par Thier­ vos plumes... Pour conclure, je dirai juste que si j'ai acheté R.S. I et
prog’, Casimir, fini le sectarisme et ry Busson”. Il les yeux fermés, je lui réserve désormais le même sort qu’aux
les querelles de chapelles. Un jour­ - Philippe Claerhout (33)autres
- magazines de rock : le feuilleter et lire quelques passages
nal qui a des horizons aussi diver­ Pas forcément. En fait, j ’aime
avant de l’acheter...”
sifiés ne peut avoir que de beaux beaucoup Phil Collins, et "Both
- Nicolas Juan (67) -
jours devant lui. On lui souhaite.” Sldes" est véritablement le pre­
- Pascal Cipriani (20) - m ier album en retrait dans sa
carrière. C ’est vrai que c ’est un Je vous avoue que j ’ai du mal à accepter que mon intégrité
album très “intime”, mais intimi­ soit mise en cause. Chaque rétrospective, qu’elle soit faite par
“...Jamais un magazine de diffu­
té ne veut pas dire essentielle­ mes soins ou par mes collègues, nécessite énormément de
sion nationale n’a fait preuve de
tant d’éclectism e et d’ouverture ment molesse. préparation. On ne peut se permettre de parler d ’un artiste
musicale, tous les styles plus ou dans le détail sans connaître sa carrière et sans ré-écouter
m oins pro che s du rock y sont “Les articles sont clairs et bien faits toute son oeuvre. Et me qualifier d ’incompétent à travers un
représentés. Bravo.” (évitez les coquilles ou fautes, ça article qu’aparemment vous n ’avez pas compris ou très mal lu
-Olivier Pautonnier (38) - fa it to u jo u rs m auvais effet, ce me choque certainement. “Tubular Bells II” est bel et bien la
M erci, m erci. C ’e s t trop. genre de choses !)" suite logique de l ’original, la trame musicale étant restée le
Quoique... Bon, on arrête l'auto­ - ? - même. D ’autre part, sachez que quand j ’écris "Reprise/WEA-
satisfaction puérile même si ces C ’est vrai, tu a raizon. Ca fait 1992” dans la discographie, je parle du label et du distributeur.
quelques extraits sont représen­ vralm m en t pas bau, les koc- "Reprise” est un label, celui entre autres de Clapton et de Neii
tatifs de la m ajeure p artie de quilles et les fôtes. Et encor, on Young. Alors si la Rédaction de Rockstyle doit faire attention
votre courrier. Démago, nous ? fèt des corections sans sesse. aux "paroles de ses plumes”, un minimum de réflection et de
Non, reconnaissants. Concer­ Sans blaguer, on a eu de gros
connaissances avant d ’envoyer des lettres de critiques (que
nant le noir et blanc ainsi que le problèmes techniques et infor­
nous souhaitons constructives) est une preuve d ’intelligence.
prix, pour l ’instant, il n ’y a aucu­ matiques sur le n>=2, ce qui nous
a am ené à p erd re b eaucoup, Enfin, je ne suis pas rancunier...
ne raison de changer quoi que
ce soit, car ça a l ’air de vous beaucoup de temps. Ce sont m m m
plaire. Et nous continuerons de donc les corrections qui en ont

32 R O C K S T Y L E N 3 - Février/M ars 1994


Les Fan-Clubs français :
l'information parallèle
A u jo u r d ’h u i, p r e s q u e t o u s l e s
son groupe chéri. Une relation qui dépas­ ser) ponctuellement. Ces conventions de
ARTISTES POSSÈDENT LEUR PROPRE
se fin a le m e n t le sim ple carcan m usical fan-clubs - à 99% d ’entre elles e n tiè re ­
FAN-CLUB. CELA V A DU P L U S PETIT
(QUELQUES AD H ÉREN TS) AU PLUS
p u is q u e le fa n ne se c o n te n te pas m ent a u to -fin a n c é e s - s o n t l’o c c a s io n
GROS (COMME CELUI DE M E T A L L IC A ). d ’apprécier la musique du com bo, mais pour les fans adhérents (ou non a d h é ­
TOUS ONT NÉANM O INS UN POINT COM ­ également est avide de tout ce que celui- rents quelquefois, suivant la taille du fan-
MUN ! Ê T R E LE POINT DE LIAISO N ci va faire, de tout ce qu ’il va dire, sur le club) de se rencontrer, d ’é c h a n g e r des
ENTRE L ’A R T IST E ET LE FAN. UN RÔLE plan professionnel ou dans sa vie privée . p o in ts de v u e , de fa ire du tro c en se
QUE LES M A ISO N S DE D ISQ U ES N’A S S U ­ Ainsi, le fan cherchera à se procurer les revendant des disques rares et également
MENT PAS. ON PEUT PARLER ALORS 4 5 T , le s s in g le s , les CD p ro m o s , les d ’espérer que leur groupe préféré viendra
D’ IN F O R M A T I O N PA R A L L È L E , QUE LE cartes postales et posters à l’effigie de leur offrir une prestation scénique qui leur
F A N -C L U B SOIT REC O N N U O FFICIELLE­
son groupe, les picture-discs, etc. Il lira et sera strictement réservée. Et qui leur est
MENT PAR L’ARTISTE C O N C E R N É OU
achètera égalem ent les magazines com ­ due finalem ent. M alheureusem ent, cela
n o n . C et a r t i c l e n ’a p a s l a p r é ­
p o rta n t une in te rv ie w , une c h ro n iq u e , ne se passe pas toujours ainsi. Rarement
t e n t i o n D’ Ê T R E UN D O S S IE R , E N C O R E
MOINS DE VO US P R É S E N T E R DANS LE
même un entre-filet concernant son artis­ les groupes se déplacent au grand com ­
DÉTAIL TOUS LES FAN-CLUBS EN ACTI­ te préféré. Et quand il aura tout ça, il vou­ p le t p o u r q u e lq u e s c e n ta in e s de p e r­
VITÉ S U R LE TERRITO IRE FRANÇAIS. dra encore plus d ’inform ations. Et il se s o n n e s au m a x im u m , to u t du m o in s
C EPEN D A N T, VOUS Y TROUVEREZ retournera alors vers le fan-club. quand il s’agit de faire le voyage spéciale­
QUELQUES INDICATIONS SU R C E R T A IN S ment. Ok pour glisser un petit mot gentil
D’E N T R E -E U X , ET POURQUOI PA S, SU R ET COM M ENT d ans la presse su r leur fa n -c lu b , m ais
C E U X QUI V O U S I N T É R E S S E N T PLUS C A M ARCH E ? quant à se déplacer... Pas très sym pa ­
PA R TIC U LIÈR EM EN T...
thique de la part d’un groupe quand vous
Le fan-club lui apportera ainsi le com plé­ voyez débarquer uniquem ent le bassiste
DIS, C ’ EST QUOI ment d ’info que la presse tra d itio n n e lle et le b a tte u r. M êm e pas la p o s s ib ilité
UN FAN-CLUB ? n ’est pas en m esure de lui fournir. Il y d ’offrir aux fans transis un petit set acous­
trouvera égalem ent toute une palette de tique. A ces fans qui quelquefois font un
Bonne question, mon petit. Un fan-club, s e rv ic e s bien d é fin is (m e rc h a n d is in g , m illier de kilom ètres pour rêver... Alors,
c'est tout sim ple : dans le term e, deux minitel, rencontres entre les fans, conven­ les fan-clubs ont-ils finalement une crédi­
mots résument parfaitem ent ce que sont tions, concours, etc.). Pour bénéficier de bilité ? Sont-ils vraiment com pris par les
ces “s e c te s ” m u s ic a le s . Le m ot “fa n ” , toutes ces prestations, la plupart des fan- groupes qu’ils soutiennent ? Y-a-t-il une
a b ré v ia tio n q u e lq u e peu ré d u c tric e et clubs demandent une cotisation annuelle politique de reconnaissance de la part des
fin a le m e n t e ffra y a n te de “ fa n a tiq u e ” qu perm et de couvrir les frais inhérents m aisons de disques ? Rien n ’est moins
(désolé, mais c ’est la vérité...) et "club" aux services proposés. Qui plus est, la sûr. M ais ce co n s ta t assez d é p lo ra b le
(pas besoin de traduire I) Il est vrai que le grande majorité de ces fan-clubs justifient tend à évoluer et pour peu q u ’un fan-club
m ot “ fa n a tiq u e ” ou m êm e “ fa n ” n ’ e st ce droit "d’entrée" par l’édition et l’envoi s o it a s s e z im p o rta n t, la m a is o n de
guère charmant. Certains faits troublants, de bulletins ou de fanzines . La périodicité disques trouvera toujours un inté rêt de
voire dramatiques, sont dûs à l’extrém is­ de ces organes de presse internes varie p a rticip e r à la mise en place logistique
me de certaines personnes qui co n fo n ­ la plupart du temps du trimestriel à un ou d ’une convention ou en prenant part à son
dent passion avec intégrism e. Il faut se deux exemplaires par an. Véritable mine financement, à la médiatisation de la soi­
souvenir que le tristem ent célèbre Mark d ’in fo rm a tio n s , so u ve n t en avance par rée, etc. La récente convention Metallica,
Chapman, qui a truffé de plomb un soir rapport à la presse spécialisée tradition­ organisée à l’occasion de la sortie du (dis­
de décem bre 1980 le pauvre John Len­ nelle, voire même la maison de disques cutable) coffret live du groupe, en est la
non, a accompli ce geste criminel et fou du groupe concerné, ces fanzines tendent preuve. Car Metallibasher, du haut de ses
p a rc e q u ’ il id o lâ tr a it c a rré m e n t l ’ e x- a u jo u rd ’hui à être de plus en plus s o i­ 1500 m em bres (sû re m e n t le plus gros
Beatles. Et ce fait divers tragique, qui a gnés, bien présentés et richement docu­ fan-club rock de France), représente un
entâché le monde de la musique et dont mentés. La passion des gens qui publient atout non négligeable pour la maison de
certains ne se sont pas encore remis (on ces organes internes n’est pas à dém on­ d is q u e s c o n c e rn é e . A 2 0 0 ou 3 00
les com p rend), n’est pas forcé m e n t un trer, surtout quand on sait la somm e de m e m b re s et si M e ta llic a é ta it re sté le
geste isolé. Demandez à Lemmy ce que tra v a il (