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P l u s de 150 cadeaux à r a f le r dans ce num éro !

/ Cl cJifftB .

4 - Avr. / Mai 9 4 '


19 Frs

SOUL
ASYLUM

/ • .

iu r «

M ü n o o .4 . 1Q 00

p lu s î THE POSIES, TOOL, PETER FRAM PTON, G LENN HUGHES, NINA HAGEN,
PROOLAIMERS, YOUSSOU N'DOUR, THE CHOICE, fl/lUTHA'S DAY OUT, BAREFOOT
SERVANTS, LONBKENT, ...
MUSEA
l£SCLAÎ5IQUESDUfimJR Nouvel album de Christian DECAMPS & Fils “MT
ü —
Production iMUSEA- 68 La Tincliolte 57117 Retonfey Fax 87 36 64 73
Distribution: MSI- La Bastide, Castel Amouroux Baudrin, 47250 BOUGLON Fax: 53 93 54 66
édito

m oins prédom inant ^ gn ^ évidem m e n ,

-S E S is S S :»
Pas de label indépendant parmi ces nQUS a servl ces dernières annees.
et défendre des valeurs autres que ce. eg m usicaies vont s’équilibrer,
Cela signifie que les * « « « trQp d.orages sonores et anarch.ques,
que le public, finalem ent, P peut-être moins a pogoter.
cherche à nouveau a s evader P
Tr0is années de grunge plein pot, ça é p u is e !

- Thierry Busson -

Remerciements sincères à :

Tania (EMI) / Zaïa (Phonogram ) / Sophie (Musidisc) / M ichel (Squatt) / Patricia (MSI) / Elise (BMG) / Nathalie (Chrysalis) / Laurence (Colum bia) /
Rose Hélène et Patricia (Epie) / Lorianne (Polydor) / Noémie et Duduche (Mélodie) / Emelyne (Blue Silver) / Carine (France Inter) Juliette (Sony Edi­
tions) / Jacky C holey / Alain R obert (Musea) / Patrick Estienney Marri' Maguy / "Rêve de Fer" / Virginie / Jean-Christophe Brûlé / “Occase 53" /
Josette, Jeanne & Philippe / Pascal, et tous les autres....

M erci a u x lecteurs q u i o n t participé au concours du n °3 et bravo a u x gagnant(es) dont les nom s suivent : La P L V + 1 p hoto dédicacée de M arillion :
François A n d u ja r (69) / Une p h o to dédicacée de M arillion : Philippe G uinam ant (59), M anuel Julvez (77), Bertrand Boudier (37), Jean-Jacques Berry
(64), Sylvie Chabbert (78), Janique H ira l (33), A lain M uller (69), Jean-M ichel G ioanni (06), H enri Seguin (95), Thiery G ourdon (26), D om inique Lan-
dois (06), Khem thip C hantharangsy (77), D aniel G arnier (07), M lle G entais (77), Véronique Salam and (33), Benoit Lefebvre (59), Sylvie Dubernard
(60), C hristelle C hirigoni (06), Laurent Ricordeau (75).

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 3


Photos de couverture : D.R.
R CKST
(Ange : B. Moyen)

ROCKSTYLE Magazine
2, Allée des Glaïeuls
25000 Besançon
Tél : 81 53 84 51 I N T E R V I E W S
Fax : 81 60 72 38

Directeur de publication, de la g m m
Rédaction & Rédacteur en chef
Thierry Busson
Rédacteur en chef adjoint A la m b ic 6 - T h e P r o c la im e r s 7 -
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Anne-Laure Estève
P eter F r am pto n 16 - T he P o sie s 17 - N ina H ag en 18 - T o o l 19
Ont collaboré à ce numéro :
Christian André
Jean-Manuel Esnault (Pink Floyd)

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ROCK STYLE N ‘4 - Avril/Mai 1994
N 04 - Avril/ Ma i 19 94

ENCART CENTRAL - Pages I à XI

"Welcome to the machine"... Bienvenue dans la machine !


PINK FLOYD est une machine, une usine à tubes,
une mécanique superbement huilée qui offre du rêve et du spectacle.
Le Méga-groupe. Méga comme mégalomanie ? Sûrement.
A l'aube de ses 30 ans de carrière, le Flamant Rose est plus que jamais impérial.
Un oiseau élégant qui traverse les décennies
avec grâce mais avec également un instinct de prédateur inhabituel
pour ce genre de volatile coloré.
Car PINK FLOYD reste le groupe qui fait trembler tous les autres
dès qu'il pond un nouvel album ou qu'il entame un nouveau survol du monde.

Et c'est le cas cette année...

ROCK STYLE N 4 - AvriL'Mai 1994 5


“ H y b rid a ” , d e u xiè m e a lb u m d ’A L A M B IC q u i a llie m u s iq u e m é lo d iq u e ❖ POISSON D’AV R IL * qu’ils ne deviennent des collec-
d é v e lo p p é e à fo is o n et te n d a n c e s “ w o r ld ” s e n s ib le s , a c c ré d ite Non, ce n’est pas une blague. tors. Chaque numéro, port inclus,
l’a ffirm a tio n q u i é n o n c e que la p a tie n ce e st fa ite d ’e s p o ir. A LA M B IC FISH revient le 31 mai avec un coûte 30frs à l’ordre de Laurent
a a tte n d u d ix ans p o u r fa ire re v iv re ses e sp é ra n ce s q u i c o u v a ie n t nouvel album, "Suits". Un nouvel Gaillard, 176 cours Emile Zola,
so u s la c e n d re de ses a m b itio n s . Dix a n s d ’a m itié restée in ta cte , d ix album de 70 minutes, enregistré 69100 Villeurbanne.
ans q u i o n t d o n n é ra is o n à A L A M B IC de c ro ire q ue rien n ’est p e rd u , chez lui avec son groupe habituel
que to u t e st p o s s ib le . M êm e la ju s tic e céleste... et dont le packaging a été confié à ❖ HAR M ONIE *
(par Hervé M archon) Mark W ilkinson. Le nouveau Le plus ancien fanzine de France
single, “ Lady let it lie" (voir chro­ dans le rayon purem ent progressif
niques “ Expresso") laisse augurer sort ce mois-ci son numéro 22. Au
un album du m eilleur crû. Inter­ somm aire de ce fanzine (m agazi­
view du Poisson écossais dans ne ?) sem i-pro (couverture cou­
Rockstyle n°5...

❖ 21 SLAM STREET *
Encore un joke band ? Flea (RED
HOT CHILI PEPPERS), Al Jour-
gensen (MINISTRY) et Gibby
Haynes (BUTTHOLE SURFERS)
dans de nouvelles aventures avec
en prime (chant, guitare ?) le beau
JO HNNY DEPP. Ca promet !

❖ G L A D T O S E E YOU 4-
Le fan-club de G A L A A D a pour
nom “Le Mendiant". On y adhère
pour la petite somm e de 60frs à
- C HR ISTO PHE JA C Q U E U N (Claviers et com positeur du groupe) - On a l’année, histoire de recevoir le
monté le groupe en 1974. On a répété pendant 7 ans et on s’est forgé ‘zine trimestriel, le m erchandising
une réputation dans notre région (Grenoble) en assurant les prem ières (“m archandise prom otionnelle ",
parties de HENRY COW, M AGM A ou VAN DER GRAAF. Et puis une nuit restons français ! Merci, M ister
de 1982, un paysan a mis le feu à la maison qui nous servait d’habitation M inister A llgood !). Adresse : "Le
et de studio. Tout a été détruit. Et ce q u ’il y a de tout à fait étonnant, c ’est M endiant", c/o Didier Parcollet, leur, imprimerie, papier glacé, for­
que dix ans plus tard, à une semaine près, quasim ent à la sortie de notre Route de la Petite Joux, 74520 mat A5) : Yes, Kerrs Pink, Pink
prem ier album, la foudre est tombée sur la m aison de ce paysan et lui a Valleiry-France. Floyd, Pendragon, Asturias, Hallo-
crevé un tympan. Bon, ça ne me rendra pas croyant, mais je me dis qu’il ween, Christian Décamps, 40
y a une vague justice céleste que les am ateurs de rock progressif adore­ ♦ SK ATE FIGHTING MAN * chroniques disques, des nouvelles
ront. MIKE MUIR (chant, SUICIDAL de la scène japonaise et italienne,
TENDENCIES, INFECTIOUS etc. Pas d’interviews mais des
Ah bon, vous vous revendiquez de ce genre ? G ROOVE) s’en prend violem ment tonnes d ’infos, ce qui en fait le
Non, je ne sais pas... En fait, on joue de la musique pour le plaisir. On n’a à RACE AGAINST THE M ACHI­ com plém ent logique de Rockstyle
aucune cible au départ. C ’est vrai que notre culture est progressive mais NE dans le dernier album pour tous ceux qui veulent fouiller
nos sources sont digérées et il en ressort forcément autre chose. Je ne d ’INFECTIOUS GROOVE. Motif : un peu plus ce style musical. Un
saurais pas trop classer notre musique. La Fnac non plus d'ailleurs (rires) \ un peu facile de critiquer les m ust I “ H a rm o n ie ” - 35Frs (port
grosses corporations quand on a inclus) à :Jean-Claude Granjeon -
P o u r q u o i v o u s ê tr e r e fo r m é s ? E n v ie de r e c o n n a is s a n c e ? un contrat chez Sony I Plus de 15, avenue du Béarn - 33127 Mar-
Revanche sur le passé ? détails dans l’interview de tignas-sur-Jalle - France.
Il n’y a pas eu de reformation puisqu’il n’y a pas eu de séparation. Il y a ROBERT TRUJILLO (basse) à
dix ans, on ne s’est jam ais dit que c’était fini. Le groupe a vécu mais en paraître dans RS n°5. + CONVENTION *
pointillés. C ’est une histoire d ’amitié qui continue en fait. "L A VIE EN R O C K ” (95 bd Jean
M AREE NOIRE * Rostand - 45800 Saint Jean de
Mais le geste n ’est pas gratuit p ou r autant. Il y a bien un but quel­ Split annoncé de THAT PETROL Braye - Tél. : 38.55.24.13) organi­
conque à A LAM BIC ? EMOTION, victim es de l’équation se sa prem ière covention du
Oui, se faire plaisir, se faire un im mense plaisir. Plaisir de la musique, de fatale bon succès critique/m au­ disque le dim anche 22 mai de 10h
jouer ensem ble mais avec le but de faire au m oins cinq album s et de vaises ventes. Attention amis lec­ à 19h à la salle des fêtes de Saint
faire de la scène après le troisièm e que l’on prépare déjà. Etre reconnu, teurs, ne nous refaites pas le Jean De Braye en présence de
ça m ’est com plètem ent égal. Le principal, c’est de se faire plaisir et de même coup avec KING ’S X... Christian Décamps (chanteur de
continuer notre histoire d ’amitié. ANGE) qui dédicacera ses
4- 21st JU M P SUITE ♦ oeuvres.
Est-ce q u'il n ’y a pas un paradoxe entre le chant en Russe, langue JO HNNY DEPP, le décidemm ent
gutturale et rude et une m usique revendiquée com m e étant m élo ­ prolixe jeune éphèbe loser a été * AU THEATRE CE SOIR... *
dique ? vu en studio avec SHANE Me Naissance quasi-im m inente du
Non, le Russe est une langue qui monte beaucoup dans l’utilisation des GOW AN et son nouveau groupe, fan-club français de DREAM
fréquences. Il y a le Français qui est très réduit, puis l’Anglais, l’italien et THE POPES, avec au menu, THEATRE. En attendant, le sym ­
le Russe qui m ontent très haut. Et puis, Rita, chanteuse d ’opéra, est quelques parties de guitare de pathique Stéphane Auzilleau vous
quand-m êm e la seule chanteuse que j ’ai rencontré en 1 0 ans qui arrive à l’acteur qui nous tente peut-être invite à parcourir les deux pre­
chanter toutes les harm onies que je lui écrit. une nouvelle carrière ? miers numéros du fanzine “Your
Majesty", entièrem ent consacré au
P our term iner : sur la pochette du CD, il y a un pistolet et une rose... ❖ MORT D’UN ZINE 4- groupe américain (qui n’est pas,
GUNS & ROSES, alors ? Disparition d ’un des fers de lance comm e l’a décrit un “collègue” de
En fait, on a tous une haine de toutes les du rock progressif français en la la presse hard, le m eilleur groupe
guerres. Nous som m es très engagés personne de VA R IA qui met la clé du monde... Il n’y a pas de
- DISCOGRAPHIE contre ça même si ce n’est qu’à notre sous la porte. On regrettera ce meilleur groupe du inonde, bor­
petit niveau. C’est donc un signe, un fanzine à la présentation soignée del...Ca n’existe pas I) Bon, je
"N u m é ro D eux" clin d ’o e il aux a n n ée s h ip p ie s, une et au contenu souvent très inté­ m ’énerve... Revenons à M ajesty :
(H élios/M S I-1992) espèce de naïveté, de jeunesse : une ressant. Jetez-vous vite sur les écrivez à Stéphane Auzilleau -1 ,
^ H y b rid a " (H élios/M SI-1993')^J rose qui barre la route à un pistolet. numéros 10 à 15, encore dispo­ rue des Verchères - Appt 1114-
nibles en petite quantité avant 69120 Vaulx - en- Velin - France

6 ROCK STYLE /V 4 - Avril/Mai 1994


T e
♦ AVRIL *
Proclaimers
SAM STONER Reformation im minente des ROL- G
LING STONES ! Eh eh... Poisson
C ’ e s t u ne r é v é la tio n . De d ’avril ! Hein, quoi ? Ils ne sont L e s P R O C L A IM E R S s o n t d e u x f r è r e s ju m e a u x é c o s s a is , s e x y
celles qui fo nt p la isir parce pas séparés ? Ah bon... (Damned, c o m m e d e s e n d iv e s et s é rie u x c o m m e d e s p a p e s. A p p ré c ié s en
q u ’e lle s s o n t vraies, parce c'est raté !) G rande B retagne, ils c o m m e n c e n t à se fa ire c o n n a ître s u r le c o n ti­
q u ’ e lle s ne s o n t pas des ne n t g râ ce à “ l ’m G o n na Be (500 M ile s )” , une ch a n s o n re p ris e au
lubies de jo u rn a lis te s mais ♦ ILS VONT SORTIR ! * g é n é riq u e du film “ B e n n y & J o o n ” . L e u r tro is iè m e a lb u m , “ H it The
Chez Virgin : PETER G ABRIEL H ig h w a y ” , p ro p o s e un ro c k h o n n ê te q u o iq u ’un peu d é p assé , p le in
q u ’ e lle s o n t to u te s le s
(live) / XTC / JULIAN LENNON. de ré fé re n c e s à la m u s iq u e a m é ric a in e des a nnées 50 et 60 et de
chances de gagner le coeur Chez W EA : RAM ONES (réédi­ m é lo d ie s a c c ro c h e u s e s . C R A IG e t C H A R L IE R EID, b ie n v e n u e à
du p u b lic. Il s ’appelle SAM tions) / POGUES (rééditions) / R o ckstyle .
STONER, il est anglais mais FGTH (Les maxis) / ZZ TOP (com ­ (par Om beline)
son pays d ’a d o p tio n est la pilation Texas Blues-mai) / PRE-
France. En 1984, à Rennes, T E N D E R S / THE JESUS & MARY Ce tro isièm e albu m des PR O C LA IM ER S, "Hit The H ig h w a y ’, sort
CHAIN / HUEY LEWIS & THE cinq ans après “Sunshine On L eith ”, paru en 1988 Pourquoi si lon g ­
h a u t lie u b o u illo n n a n t du
NEWS / NEIL YOUNG (rééditions temps ?
rock “ made in chez nous” , -juin). Chez Polydor : THE WHO - Craig - Nous avons mis cinq ans à l'écrire, six mois à l’enregistrer. Nous
SAM STO N ER fo rm e so n (box set 4CD-mai). SONY : ALICE sommes d'abord partis pour une tournée d ’un an après la sortie de "Sun­
p re m ie r g ro u p e , E v e n in g COOPER / BASIA/ NITS / YOUS- shine”. Puis nous avons écrit des chansons pour cet album, mais seules
L é g io n s . P u is , Sam r e n ­ S O U 'N ’DOUR / JAD W IO (live) deux ou trois d'entre elles étaient de bonnes chansons. Le reste n’était
c o n tre P a scal O b is p o q u i Chez Ariola/BM G : JJ CALE (août) pas à la hauteur. Aussi avons-nous pris le tem ps d ’écrire de m eilleurs
/ JEFF HEALEY (septem bre) / m orceaux. Nous aurions pu sortir
devient bassiste dans un de
FOREIGNER / JOHN MAYALL... un album il y a deux ou trois ans,
ses projets. Depuis, on sait Chez EMI : BRUCE DICKINSON... mais nous préférions être sûrs qu’il
la c a rr iè r e ré u s s ie q u ’ a soit vraim ent bon.
c o n n u O b is p o . SAM STO ­ ♦ IM M O R T E L *
NER a écrit une chanson qui LOUIS BERTIGNAC tourne en ce Cet album est plus rock que les
figure sur le prem ier album mom ent aux côtés de Christophe précédents. Pourquoi cette évo ­
du p o u la in de ch ez S ony. Lambert dans "Highlander III” . lution ?
Espérons que le film ne sera pas - Craig - Nous avions joué assez
Egalement so llic ité par Phi­ aussi épouvantable que le précé­ longtemps en form ation acoustique
lippe Pascale, il se retrouve dent... (Hé...Est-ce que la tête de avant de signer le contrat avec la
sur les planches des Trans­ Sean Connery va repousser une m aison de disques. Pendant trois
m usicales de Rennes 93. Et troisièm e fois ? Bon, d ’accord je ou quatre ans nous avions fait la
a u jo u r d ’ h u i, il d é b a rq u e m e tais...) tournée des clubs, avec la guitare
avec ce prem ier CD single, et nos deux voix. Nous avons fait
* ZINE * ce prem ier album, puis six mois de
“ U.F.O.” qui risq ue de ca r­
Sortie du numéro 5 de "M usiques c o n c e rts , a v a n t n o tre hit s in g le
tonner un peu partout. Héri­ & Collections”, toujours plus (N d r :"L e tte r F rom A m e ric a ’) qui
tie r de Llo yd Cole m ais en beau. Au somm aire, une excellen­ était un ré-enregistrem ent plus rock d’une de nos chansons acoustiques.
plus rock, avec son jeu de te story sur Patrick Verbeke, un de Nous sentions que nous avions été aussi loin que possible dans le style
guitare lim pide, ses arrange­ nos m eilleurs bluesmen. Contre acoustique, nous voulions essayer quelque chose de nouveau avec un
m e n ts r ic h e s et s o ig n é s , 33Frs (port inclus), comm andez-le groupe. Nous y avons travaillé... mais nous jouons encore trois ou quatre
à “M usiques & Collections" - 4, rue chansons acoustiques en concert.
son tim b re de vo ix aussi à
de la Dentellière - 38080 L’isle
l ’aise dans les graves que d'Abeau. Votre maison de disques vous laisse absolum ent libre de faire ce
d a n s le s p a s s a g e s p lu s qui vous chante ?
e n le v é s , SAM STONER a 4 AVRIL, LE RETOUR * - Craig - La maison de disques nous a signés quand nous étions en duo
to us les ingrédients néces­ Reformation dans la seconde qui acoustique, aussi ne s’attendait-elle pas à vendre beaucoup de disques
s a ire s p o u r fa ire un tabac suit des EAGLES... Ah, vous y avec nous. C ’est pourquoi nous somm es totalem ent indépendants.
su r le te rrito ire fra n ça is. A avez cru, hein ? Poisson d ’avr...
(Hein, c'est vrai, ils se reform ent ?! Vous êtes aussi indépendants de la m ode m usicale - les grosses
R o c k s ty le , on aim e b e a u ­ Ah bon... Damned, encore raté !!!) guitares, le look crasseux, tout ça sem ble très loin de vous...
coup ! Alors, écoutez ce CD - Chariie - Nous somm es passés par là, nous avons aussi fait du bruit;
single et croisez les d oigts * LA CONVENTION * mais tous ces types ont dix ans de m oins que nous. Tu ne peux pas
p o u r q u ’ il s o it s u iv i d ’ un N'oubliez pas d'aller à la Conven­ attendre de nous ce qu’ils font... Je suis un adulte...
a lb u m d a n s le s m e ille u rs tion Pink Floyd organisée par
délais. (T.B.) l'association PIGS le 23 avril à Les SONIC YOUTH ont passé la trentaine et font encore pas m al de
Angers. Allez fouiner dans ce boucan !
numéro 4 de Rockstyle pour y - Chariie - Ils n’ont pas grandi I Regarde MICK JAGGER ! (N dr : Quoi,
trouver plus d'inform ations concer­ M ICK JAG G ER ?)
nant cette manifestation ô com ­ - Craig - Nous avons toujours fait notre truc sans nous soum ettre à la
bien intéressante... Allez, vite... mode. Nous n’allons pas com m encer aujourd’hui...

* GOODBYEW EEN* Les P E T SHOP BOYS disent que le look est un ingrédient n écessai­
Michael Kiske, le bellâtre à la voix re, voire capital, de la m usique pop. Apparem ment, vous n ’êtes pas
d’or, s’est finalem ent barré d ’HEL- de cet avis ! (Ndr : Cheveux courts, jeans propres et lunettes intello
LOWEEN. Qui le rem placera ? : le look des PROCLAIM ERS est un anti-look !)
(...Euh, et p o urquoi pas Bruce Dic- - Craig - Ca dépend de la musique que tu fais. Des gens comm e VAN
kinson ? Moi, j ’dis ça...en passant, MORRISON s’habillent avec leurs vêtem ents de tous les jours. Les PET
quoi...) SHOP BOYS, comme DAVID BOWIE, ont
ce côté trè s th é â tra l, ils d o n n e n t de
♦ AVRIL, LA REVANCHE * véritables spectacles scéniques, mais f - D IS C O G R A P H IE -
SAM STONER "UFOM Reformation illico de SYD BAR- il n 'y a a u c u n e c h a le u r d a n s le u r "Sunshine On Leith" (BMG-1988)
CD single 4 titres RETT. Eh ben, non I Poisson m usique : e lle est froid e , lo in ta in e . "H it The H ig h w a y "
(MSI-1994) • • • • O d ’avril I (J ’a i réussi, j ’ai Notre musique n’est pas comm e ça. I (C lvysalis - 1993)
réussi... Yaouh II!)

ROCK STYLE N 4 ■Avril'Mai 1994 7


Artemus Y© js s o u
Philemom N'Dour
g ir // - G |/f
ARTEMUS PHILEMONE : Artemus com me l’acolyte transformiste de Depuis son départ de chez Virgin, YOUSSOU N’DOUR avait un peu
James West dans la série TV “Les mystères de l’O uest” et Philemone disparu de la scène européenne pour tenter de conquérir avec l’aide
comme le héros de la BD de Fred. Voilà pour le nom. Musicalement ce de Spike Lee le public noir am éricain . Il sem ble bien que “ Eyes
groupe français se situe entre le rock américain, bien cuivré et bien Open” (1992) n’ait pas réussi à atteindre ce but avoué et que le tout
balancé à la JOE JACKSON, et le rock débridé à la NOISEWORKS, nouveau “The G uide” oriente ses prétentions vers une Europe plus
par exemple. Un brin de causette avec THIERRY DAVOUX, l’homme à ré c e p tiv e à la m u s iq u e de ses a n c ie n n e s c o lo n ie s et ve rs une
l’harmonica, également chanteur et guitariste. En attendant le nouvel Afrique qui vénère cet “afropolite”. “Musicien africain m oderne”, il
album, pour très bientôt paraît-il... (pur Nicolas G autlicroi) est fier d ’enregistrer chez lui et de contrôler enfin totalem ent sa pro­
duction. (par Hervé M archon)
On p e u t d ire q u e le p r e ­
m ie r CD s o n n e très ro c k Avec Spike Lee, tu voulais toucher le public noir am éricain. Ca a
australien... merdé ?
O u a is , il y a d e s g ro s s e s (Un peu hésitant, gêné). Oui... Il y a eu un bon contact, c’est vrai q u ’il
in flu e n c e s N O IS E W O R K S reste beaucoup à faire, et Spike Lee continue ce travail...
photo : Anne-Laure Estève

s u r “ W e ’ ll be th e s a m e ".
C ’est un groupe qui m’a fait Pourquoi vou loir tou cher les noirs am éricains avec une m usique
v ra im e n t fla s h e r q u a n d je venant d ’aussi loin, alors que leur m usique est a vant tout le rap,
les ai vu en concert. expression de leurs quartiers ?
Parce que c’est étonnant que les blacks ne connaissent pas la musique
En revanche, le deuxièm e a frica in e . C ’est un m ilie u trè s fe rm é qui a une im age d é p a s s é e de
CD, avec tous ces cuivres, l’Afrique qu’il faut réviser. La musique est un bon moyen. Les rythmes
c ’e s t c a r r é m e n t le g ro s africains sont beaucoup plus riches que ceux du rap et peuvent être aussi
rock U.S. à la JO E J A C K ­ entraînants.
SON...
Ouah I Juste la form ation alors ! C’est sûr qu’il a des cuivres aussi, lui Tu as d it q ue la m u s iq u e
(rires) était le pétrole de l ’Afrique.
Bon, c ’est sûr que t’as des influences, tu peux pas y échapper. Et pour Penses-tu que ce continent
moi, JACKSO N... c ’est JOE, hein, pas un autre (rires), ça fait partie des p e u t s o rtir du s o u s -d é v e -
références quoi. Les in flu e n ces que j'a i sont très am é rica in e s : JO E lo p p e m e n t g râ c e à la
JACKSO N, bien sûr, mais aussi OINGO BONGO, un groupe américain musique ?
aussi qui m alheureusem ent n'est pas trop connu en France... O u i, la m u s iq u e e s t u n e

photo : Anne-Sopjie Prévôt


r ic h e s s e s û re . C ’e s t n o tre
C ’est toi q ui écris les textes : justem en t, p a r rap po rt au style de p é tro le p a rc e q u ’ on p e u t
m usique que vous faîtes... l’exporter. Et la m usique est
L’anglais, quoi... Vas-y... Pose-la ta question, l’éternelle : pourquoi chan­ un é lé m e n t c a p ita l de
ter en anglais alors que vous êtes français ? l’Afrique, elle fait partie de la
vie quotidienne, partout.
Bon, c ’est pas ce que je voulais dire, parce que c ’est une polém ique
un p etit p eu dépassée... Ton d e r n ie r a lb u m a é té
Ben pas forcém ent, parce qu’on court à la verbalisation culturelle. Après e n tiè re m e n t e n re g is tré et
le Code civil et le Code pénal, il va y avoir un code culturel. Tu vas pas m ix é à D akar. C ’e s t d on c
plus sortir un “ Live", tu vas sortir un “ Enregistrem ent en spectacle” : on va un produit 100% sénégalais...
rigoler... Aujourd'hui, je suis fier d'enregistrer chez moi, de faire les choses comme
je l'entends. Autrefois, j ’ai pu me planter mais je me suis relevé. Bon,
C ’est attaquer de front la culture rock... mais les CD n’ont pas été pressés au Sénégal. Mais je t’assure que si on
Déjà, avec le mot "Rock", t’es pas bon (rires). Disons plutôt, je vais voir avait l’usine à compacts, je les ferais presser là-bas et je les exporterais,
un spectacle de “ Pierre”. Un spectacle de “ Pierre et de Roulement" I quitte à ce que ça me coûte un peu plus cher I

Est-ce q u ’au moment où le grunge et le rap, sans parler de la techno, Tu veux produire des artistes africains ?
envahissent tout, tu ne te sens pas un peu décalé ? J ’aimerais mettre en place des structures de production, de concerts pour
Moi, j’ai fait 6 ans de baluche, tu vois. Et le premier qui dis que ça s'entend, que les jeunes musiciens restent en Afrique. Je veux que les Africains tra­
je sors de son Rockstyle pour lui mettre un coup de boule (rires). Quand tu vaillent et gagnent leur vie en Afrique.
fais du bal, tu t’aperçois que tu joues vraiment de la musique qui te gonfle,
et le grunge, je suis désolé, ça me gonfle. C’est le côté” nouvelle vague” qui Et ton projet de label. Où en est-il ?
m’énerve un peu, le côté bourgeois blasé qui s’habille avec les haillons de Il est en stand by. Il faut trouver la personne m otivée qui puisse s ’en
la grand-mère pour aller faire le beau dans les rave-parties. Ces gens-là, occuper pour récupérer le plus d'artistes africains pour une redistribution
c’étaient les premiers à se foutre de la gueule des baba-cools. Et ils sont des choses. Je pense q u 'on va y a rrive r d ’ici un ou deux ans. Si ça
sapés comme eux I Et le rap, euh... Ca ne me plaît pas beaucoup. Il parait marche bien, j’irai voir mon ami PETER GABRIEL pour lui dem ander de
que c’est la poésie de la rue, moi je trouve ça carrément malsain. Moi, je me laisser quelques artistes africains pour mon label. Je suis sûr qu’il
crèche en cité : quand j’arrive chez moi, j ’ai envie de voir autre chose à la sera d ’accord. Il pourra s'occuper des choses ethniques, traditionnelles.
télé. J'ai envie de voir Mme Peel à la télé : à poil ! (rires) et sans décodeur,
tu vois, plutôt que de voir des mecs parler à tout vibure sur un tempo mer- En développant autant les structures m usicales (un studio à Dakar,
dique pour te dire "Là où tu crèches mec, c'est de la merde !”. Tu vois, j'ai création de la SA P R O M - Société A fricaine de Productions M u s i­
juste à éteindre la télé pour m'en rendre compte avec le bruit que font les cales - q ui loue du m a té rie l de co n c e rt et q ui p ro d u it des s p ec­
voisins, alors bon ça va I Finalement, j'estime ne pas être décalé musicale­ tacles, création du p rem ier festival de St Louis, etc.), tu vas d eve­
ment. Vraiment pas, au contraire. Plus ce n ir l ’é q u iv a le n t de BO B M A R L E Y au
s e ra m e rd iq u e , p lu s on fe ra de la S énégal ?
' - DISCOGRAPHIE - musique chargée d'une autre énergie, Ah oui I! Je te jure que le prem ier jour ' - DISCOGRAPHIE-
où on tente de créer une énergie positi­ où je su is re n tré d a n s m on s tu d io
Pour com m ander les CD ou ve . N o u s on e s s a y e de d o n n e r la pour enregistrer, j'ai pensé à lui. BOB ROCKSTYLE vous conseille
se renseigner sur le groupe : pêche à ceux qui viennent nous voir en M ARLEY est mon exem ple. Je veux "Immigrés"
53, rue d'Arenes concert sans leur faire subir un d is­ faire plein de choses pour l'A frique. (Celluloïd/M élodie-1983)
25000 Besançon cours complètement... horrible. Un peu Je m 'en sens responsable. Je ne sais "Set " (Virgin-1990)
81 81 12 15 d'am our, de com préhension, de to lé ­ pas si je peux fa ire a u ssi bien que ^The Guide" (Columbia- 1994)J
rance, d'harmonie... (rires) I BOB MARLEY, mais j'essaye.

8 ROCK STYLE N 4 - AvnVMai 1994


Qui es-tu, LONE KENT ? Si cette question est ici posée, c ’est que LONE KENT
entretient le mystère de son personnage : il est américain mais ne le reconnaît
one
pas et v it en France. P o u rta n t il a ch o is i une im agerie c o u n try sans que sa
m usique ne soit une ode aux cow-boys et aux rodéos. Fasciné par le Texas, il ne
compte pas y mettre les pieds. Aucun clavier n’a été utilisé sur son album, “ Grani­
té & Sand” , et pourtant sont présents de nom breux sons synthétiques. Charmeur
Kent
sincère, LONE KENT conservera son mystère de gentlem an-guitariste, d ’Arsène
Lupin du rock. Qui es-tu, LONE KENT ?
(par Hervé M archon)

fa lla it une id e n tité d is ­


Q u e l âge a s -tu , L O N E c e rn a b le . J ’a i a u s s i
KENT? vo u lu fa ire un d is q u e
Eh b ie n , je p ré fè re ne qui du re ra , à l’in ve rse
p a s te le d ir e . C ’ e s t d e s N E W K ID S O N
sûrem ent la seule q ues­ T H E B L O C K ou de
tio n à la q u e lle je ne JORDY qui ne dureront
répondrai pas parce que pas. Faire des choses
je ne fais pas m on âge qui durent, c’est im por­
et j'aim e ce côté un peu tant.
m ystérieux. Pour te d on­
n e r un in d ic e q u a n d D o n c , to n s ty le e s t
même, ça fait vingt-trois a m é ric a in a lo r s q u e
a n s q u e je jo u e d e la tu d is ê tr e un fa u x
guitare. A m é r ic a in e t to n
a lb u m r e s p ir e le s
Donc, tu as com m encé grands espaces alors
à l ’âge de deux ans... que tu as s u rto u t été
(Rires) C ’est vrai, tu me citadin. Bizarre...
donnes 25 ans ? Je v o u la is ju s te m e n t
faire qu e lq ue chose “qui n’est pas ce q u ’on
Oui, p e u t-ê tre , m êm e m o ins. Ce s o n t les "l_es 0i'cmds e s p a c e s est". C ’est peut-être une façon de se cacher...
voyages qui rajeunissent ? Je suis légèrem ent fasciné par le Texas mais
Peut-être bien. Et puis aussi le fait de ne plus p e rm e tte u t d e s e je pense que ce s e ra it une e rre u r d ’y a lle r
vivre en ville. Avec un père diplom ate, j ’ai su r­ parce que je serais déçu. Je garde m es dis­
tout vécu dans les capitales et m aintenant, j'en retrouver a v e c tances. Ce qui m ’attire là-bas, c ’est la façon
ai un peu marre. Toutes les grandes villes de d ’être, cette espèce d ’abandon et les grands
la planète se ressem blent. soi-même sans espaces comm e tu disais. C’est fascinant. Les
gra n d s e sp a ces p e rm e tte n t de se re tro u v e r
De tes nom breux séjours de p a r le monde, p a s s e r p a r la avec soi-m êm e sans passer par la psychana­
tu en a s s û r e m e n t r e t ir é d e m u lt ip le s lyse, sans perdre de drogue ou, encore pire,
influences ? psychanalyse, sans sans rentrer dans un m onde virtue l avec un
Oui, je pense. Mais je ne pourrais pas mettre c a s q u e s u r la tê te . C ’ e st r id ic u le , ça . Je
le doigt dessus. Ca doit être enfoui dans ma prendre d e d rogue n ’apprécie pas telle m e n t ce besoin de crée r
mémoire, il y a des am biances, des sons, des quelque chose qui n’a pas besoin d ’être là en
couleurs, des images. Tout ça ressort incons­ ou; e n c o r e pire, principe.
cie m m e n t. S u r i'a lb u m , il y a aussi un côté
co n scie n t : je vo u la is faire ce que j ’appelle, s a n s rentrer d a n s un Toi aussi, tu as créé quelque chose avec
moi, de la w o rld-m usic. Pas un truc dans ie ce t a lbu m , une p e rs o n n a lité ... Tiens, ton
genre “On prend des A fricains et on les met c h a p e a u de c o w -b o y , p a r e x e m p le . J e
dans un studio parisien". Je voulais faire de la
mo n de vi rtuel a v e c m ’attendais à te voir arriver avec...
vvorld m usic en p u is a n t un peu p a rto u t. Je Le chapeau, c’est quelque chose que je réser­
tro u v a is d o m m a g e de ne jo u e r q u ’ un se u l
un c a s q u e sur la tête.' ve à l'image. Mais qu'on se com prenne bien :
style. M ais au lieu de faire un m orceau reg ­ cette image, c'est moi qui l'ai choisie, ce n'est
gae, un m orceau rock, un autre blues, etc, je pas quelqu’un qui l’a fabriquée autour de moi.
me s u is d it q ue ça s e ra it b ie n de p o u v o ir Bon, je ne vis pas mon im age tout le tem ps
mettre tout dans tout en même temps. c o m m e c e r ta in s g ro u p e s d e ro c k en o n t
besoin. Ca m ’em bêterait d ’être obligé de jouer.
Envie de retro uver tes racines ? - DISCOGRAPHIE- J'aim e plutôt être discret, me faufiler.
Oui, trouver des racines qui ne sont pas là. Je
suis de nationalité am éricaine mais la prem iè­ "G ra n ité A n d S and" Plus o bservateur q u'acteur ?
re fois que je suis allé aux Etats-Unis, j ’avais (Cram m ed/C olum bia-1994) A bsolum ent ! Ce qui ne m’em pêche pas ■>
20 ans. Je suis un faux Am éricain. Mais il me d ’être créateur...

ROCK STYLE A/M - Avril/Mai 1994 9


ctober R ■Il (0)

Que ceux qui connaissent VIOLET HOUR lèvent le doigt... Il n'y en a pas beaucoup
! Et c ’est dom mage, car ce groupe su btil, avant de se faire rem ercier par son

Proiect
label, nous avait délivré un excellent premier album. Comme celui de OCTOBER
PROJECT. Et la com paraison n ’est pas gratuite car ce groupe américain oeuvre
dans le même style que feu-VIOLET HOUR. Et avec le même bonheur, ce qui n’est
pas rien...
- Rencontre avec le groupe, moins Julie Flanders ! - (par Ombeline)

Q uand et com m ent O CTO B ER P R O JE C T vous fa ite s q u e lq u e c h o s e de b e a u c o u p


s ’e s t-il form é ? plus raffiné que ce qui s ’y fait généralem ent
- M A R Y FAHL (chant)- La plupart d'entre nous là-bas ?
se connaissent depuis des années. On a fini - M A R Y - En fait, nous avons comblé un espa­
p ar tous se re n co n tre r ce vide .Il y avait besoin
et c ’est là qu’on a d é ci­ d e q u e lq u e c h o s e de
dé de fo rm e r un g ro u ­ nouveau, quelque chose
p e . N o u s é tio n s to u s qui correspondait à nos
p o rté s su r la m usiqu e goûts artistiques.
d e p u is lo n g te m p s . On - DAVID -... Grâce à quoi
e s t re s té s ix m o is en le s g e n s ré p o n d e n t à
s tu d io à e s s a y e r de n o tre m u siq u e . Ils so n t
trouver notre son, parce to u s à jo u e r a v e c de
que nous avions eu des g ro sse s g u ita re s , et les
fo rm a tio n s m u s ic a le s g e n s se d is e n t : T ie n s ,
trè s d iffé re n te s . N ous q u e lq u e ch o se de d iffé ­
jo u io n s trè s ré g u liè re ­ rent, ça change.
ment dans un pub irlan­ - M ARINA - La différence
d a is de M a n h a tta n , le aussi, c’est que nous ne
“ S h e lle y ” : c ’ e s t un som m es pas un groupe à
e n d ro it très à la m ode a ttitu d e , nous so m m e s
où se retrouvent parfois directs, très attachés à la
M A R IA N N E F A IT H - m u siq u e et aux p a ro le s
FU LL, BONO ou a u ssi. En co n ce rt, nous
S IN E A D O ’ C O N N O R . c h e rc h o n s à c o m m u n i­
Nous y avons joué telle­ q u e r le p lu s c la ire m e n t
ment souvent que fin a ­ p o s s ib le l’é m o tio n des
lem ent les m aisons de chansons, et leur sig n ifi­
d is q u e s s o n t v e n u e s c a tio n a u s s i c a r p o u r
nous voir, et Epie s’est n o u s les p a ro le s c o m p ­
in té re s s é e à n o u s de tent. Je crois qu’il y a un
p rès. N ous avo n s très vite sig n é un co n tra t reto u r de la m élodie da n s la m usique, avec
avec eux. ENYA par exemple. Aux Etats-Unis, on appelle
ça " l’a d u lt a lte rn a tiv e ". C ’e st à ce s ty le de
D ’où vient le nom OCTOBER PR O JE C T ? m usique que nous sem blons appartenir.
- D A V ID S A B A T IN O (gu ita re )- On é ta it là à - EMIL - Mais quand nous jouions à New York,
répéter, répéter et à un m om ent on s ’est dit personne d ’autre n’avait notre son. Nous étions
que si on ne décidait pas d ’une date précise les seuls à jouer ce style de musique et c’est
pour jouer dans les clubs, on n’irait jam ais. On probablem ent pour ça que nous avons attiré
s ’est fixé com m e lim ite le m ois d ’o ctobre, et l’attention.
com m e on tra v a illa it d ur c ’é ta it vra im e n t un - MARINA - La connection la plus proche que
projet, d ’où O CTOBER PROJECT.
- M ARINA BE UC A (claviers)- Le nom aussi a
"<£n Ê c o s s e , nous ayons avec une autre m usique, c ’est la
musique celtique. Pourtant aucun de nous n’a
une valeur sym bolique : le mois d ’octobre est
celui du passage de l’autom ne à l’hiver, c’est ils n o u s o n t dit été influencé par elle. En Ecosse, ils nous ont
dit qu’on sonnait gaélique ! Et aux Etats-Unis,
une période triste, romantique, amère et douce
à la fo is ; et ce tte h u m e u r s ’a c c o rd a it bien q u 'o n s o n n a it nous sonnons celtique ! (rires)

cja ë liq u e !
notre musique. C o m m en t av e z-v o u s c h o is i votre p ro d u c ­
- EM IL F A D LE R (cla vie rs)- C ’est le m ois où teur ?
tout se m eurt et nous som m es tous obsédés - M A R Y - Nous avons été p résentés à une
par la mort !
<£t a u x É t a t s - U n i s , kyrielle de producteurs, et notre choix s’est arrê­
té sur Glenn Rosenstein. Il nous a donné un
Et votre pochette en noir et blanc, l ’enfant
qui se cache la tête dans un sac en papier, nous sonnons son puissant. Il a apporté une influence différen­
te parce q u ’il a pro d u it b e aucoup de heavy-

c e ltiq u e !"
c ’e st ju s te une p ho to que vous aim iez, ou metal. Il nous a dit que nous étions un groupe
une im ag e q u i re p ré s e n te q u e lq u e cho se q u ’il a urait détesté dans sa je u n e sse I II est
p ou r vous ? aussi très perfectionniste et nous a empêché
- DAVID- D'abord on aimait la photo ; en plus, d’être indulgents avec notre propre musique.
e lle re flè te b ie n n o tre m u s iq u e : d rô le et
som bre à la fois. Quels sont vos projets les mois qui suivent ?
- M A R Y - On fait la tournée de promotion. En
Votre m u siqu e se situ e e ntre la p o p et le fa it n o u s a v o n s fa it la p re m iè re p a rtie de
classique... CRASH TEST DUMMIES. Il est question que
- M ARIN A - J ’ai eu une form ation classique, nous fassions aussi celle des INDIGO GIRLS -
Emil aussi. Je pense que cela s ’entend dans ça nous plairait bien - ou celle des CRANBER-
notre musique, dans le fait que nous mettions RIES. Vous les connaissez ?
les m élodies au prem ier plan, au contraire de
pas m al de g ro u p e s q ui c o n s tru is e n t le u rs
- DISCOGRAPHIE - Non.
chansons sur quelques accords. - EMIL - Ce que j’aime dans la France, c ’est
“O ctober Project” qu’à chaque fois qu’un groupe est super connu
Ne vous s e n te z-v o u s p a s un p eu à l ’é cart (Epic/Sony-1994) d ans le m onde e n tie r, il e st in co n n u en >
dans le m onde m usical américain, parce que France ! <£<

10 ROCK STYLE N 4 - Avhl/Mai 1994


R

The Choice est un duo belge. Mais par n ’im porte quel duo : il est question ici
d ’entreprise fam iliale, le frère et la soeur engagés dans le même com bat pop.
Mélodies subtiles, voix veloutées et esprit rom antique, The Choice a des atouts
pour convaincre. Et leur prem ier album , le crista llin “ The Great Subconscious
C lub” , en est la parfaite illustration. Brin de causette (beaucoup) avec la douce
Sarah et (un peu) avec Gert Bettens...
(par Nicolas Gautherot)

Un c o n tra t avec une m a jo r disque a décidé de le m ettre


a p r è s u n e p o ig n é e de en a v a n t, c o n s id é ra n t q u ’ il
c o n c e r ts e t un p r e m ie r était plus célèbre que le nom
album salué p ar une critique du groupe. Mais en France, ça
u nanim e, c ’e s t p re s q u e un n’a aucun sens !
conte de fées ?
- S A R A H - O u i, to u t s ’ e s t Tu dépeins une scène fam i­
passé très vite en fait. L’album liale h ilarante dans “B reak-
est sorti peu de tem ps après f a s t”... Ca a ré e lle m e n t eu
notre signature et il a tout de lieu ?
s u ite eu du s u c c è s en B e l­ O u i, c ’ e s t a rr iv é s o u s m e s
g iq u e . Et m a in te n a n t, n o u s yeux, mais Gert n’était pas là,
v o ilà en F ra n c e et b ie n tô t contrairem ent à la version de
nous s e ro n s en H o lla n d e et la chanson. Et ça ne s’est pas
e n s u ite d a n s d ’a u tre s pa ys p a ssé da n s la c u is in e , m ais
d'Europe. C ’est vraim ent rapi­ dans la chambre à coucher de
de. On va essayer de suivre ! mes parents, que je les ai réel­
(rires) C ’est pas facile. le m e n t s u rp r is fa is a n t
l'amour... (rires)
Il y a un appel au rêve dans
cet album, notam m ent grâce Entre l ’h u m o u r de la c h a n ­
à la beauté de uos deux voix s o n e t le s u c c è s de le u rs
en h a r m o n ie c o n s ta n te . e n fa n ts , je s u p p o s e q u ’ils
C ’e st facile d 'a tte in d re une t ’ont pardon nés ?
telle unité vocale ? Oui ! (rires) Ils l’ont pris avec le
Tu sais, nous somm es frère et sourire en fait, ça ne les a pas
soeur, et nos voix se com plè­ vraiment dérangés.
tent plu tô t bien. N ous avons
to u jo u r s eu l ’ h a b itu d e de E st-ce que S o n y M u s ic est
c h a n te r à d e u x v o ix , m êm e u ne “h e a lth y c o m p a n y ” ?
lo rs q u e , beaucoup p lu s (Ndj: allusion à “I Sm oke A
je u n e s , n o u s fa is io n s d e s Lot" !)
re p ris e s d ’a u tre s g ro u p e s . Euh... (éclats de rire)
Pour nous, c ’est naturel, su r­
to u t s u r n o s p ro p re s c h a n ­ Bon, tu n ’es pas obligée de
sons. répondre...
C’est une question difficile ! (rires)
Ca d o n n e à v otre m u s iq u e une s o rte de
touche BEATLES... Toi et ton frère êtes le noyau dur du groupe.
...C’est un très joli com plim ent ça... (surprise !) Pas de problèm es de relations ?
M e s p a re n ts a v a ie n t d e s a lb u m s d e s Q u a n d on é ta it g o sse s, on se b a tta it s a n s
BEATLES et de SIMON AND GARFUNKEL, et Q u a n d on e taif a rrê t. M a is d e p u is n o s q u in z e a n s , n o u s
il est possible que nous ayons conservé des som m es les m eilleurs am is du m onde. Donc
influences venues des BEATLES, mais je crois g o s s e s , on s e c ’ e s t b e a u c o u p p lu s fa c ile de fa ire d e la
q u ’ils ont in flu e n c é to u s les g ro u p e s venus musique avec lui, la comm unication est beau­
après eux I (rires) Mais c’est un super com pli­ coup plus simple qu'elle ne le serait avec q uel­
ment, merci I
baf+ait s a n s a n Aêt, qu’un d ’autre.

A propos d ’influences, j ’ai im m édiatem ent M a is d e p u i s nos Gert, c o n c e rn an t l ’e n re g is tre m e n t, ça n ’a


p e n s é a u p r e m ie r e t trè s a c o u s tiq u e pas du être facile de faire cohabiter toutes
SUZAN NE VEGA à l ’écoute de votre album ! quinze, a n s, nous ces voix et guitares, ni de p asser de titres
Oh ! Tu n’es pas le prem ier à nous en parler, et assez costauds à des chansons co m p lète­
ça nous a vraim ent surpris. C ’est là aussi un s o m m e s les m ent intim istes ?
trè s b e a u c o m p lim e n t. J ’ a im e b e a u c o u p - G ERT- E ffe ctive m en t, l’e n re g is tre m e n t n ’a
SUZANNE VEGA, mais je ne crois pas qu’on p a s é té fa c ile à ré a lis e r , d ’a ille u r s il y a
fasse vraim ent le poids dans cette com parai­
meilleurs am is quelques titres que nous n’avons pas inclus au
son ! disque, pour des raisons de cohérence. Il y a
du monde." deux ou trois titres sur bandes, com plètem ent
Votre vidéo “The B allad O f Paul And L e a ” finis et mixés, qu’on utilisera probablem ent sur
est créd ité “The C HO IC E et SA R A H B E T ­ de prochains singles.
TENS’’. Tu p eux m ’expliquer ?
O ui, c ’est q u e lq u e c h o se que p e rso n n e en Vous tournez en F rance avec M O R PH IN E,
France ne peut c o m p re n d re . En fait, j ’avais un g ro u p e q ui p ra tiq u e une m u s iq u e très
e n re g istré un p re m ie r sin g le sous mon seul différente. Tu ne crois pas que ça va d éso ­
nom, sans m on frère : une reprise, pour un rienter le public ?
court m étrage sorti uniquem ent en Belgique. Et Oui, c ’est vrai m ais j'espère, en fait je crois,
je ne sa va is pas q u ’un d isq u e a lla it en être que ceux qui viendront voir MORPHINE aim e­
extrait. Je l’avais fait uniquem ent pour ce film. - DISCOGRAPHIE - ront THE CHO ICE et inversem ent. Je pense
Mais ils en ont fait un single qui est rentré au que nous pouvons toucher de vrais am ateurs
Top 10 en Belgique. Donc, au mom ent où nous “The Great Subconscious Club” de m usique, à l’esprit ouvert. D onc j ’espère
a v o n s fo rm é T h e C H O IC E , to u t le m o n d e (Squa tt/S o n y-1994) que le public sera ouvert à différents styles >
c o n n a is s a it m on nom et n o tre m a is o n de le même soir...

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 11


R mm

Où que vous soyez, quoique vous fassiez, vous qui parcourez distraitem ent ces
lignes, rendez-vous au calme pour lire attentivem ent cette interview d ’un groupe

Buddha plein de talent que vous vous devrez un jo u r ou l’autre d ’écouter. Formé il y a
quatre ans autour de EVE (chant et textes) et de EDOUARD PAPAZIAN (guitare,
claviers et m usique) avec JEROME BOULET (batterie), CHARLES MOUSSARON
(percussions) et GWENAEL DAMMAN (basse), BLACK BUDDHA SARABAND sort
de l ’o rd in a ire avec sa m u siq u e c o u le u r K a s h m ir : ce tte ré fé re n c e p o u r les

Sart <and influences orientales, les guitares pour l’esprit rock et le génie zeppelinien pour
les arrangem ents travaillés. BBS : tro is initiales plus que prometteuses.
- Rencontre avec le groupe - (par H ervé Marchon)

Q uand vous avez créé le groupe, quel était d ’être tout de suite U2 I
votre but ?
- ED O U AR D - Faire ce que l'on Vous êtes en train d ’e n re g is tre r
v o u la it v ra im e n t s a n s p e n se r votre deuxièm e album. Com m ent
du tout à ce que les m aisons sera-t-il ?
de disques allaient en penser. - E D O U A R D - Je p e n s e q u e ce
F aire n o tre m é la n g e de to u s sera plus moderne. Il y aura plus de
le s tr u c s q u ’on a a im é : la rythm ique par rapport au prem ier.
m u s iq u e o rie n ta le p o u r m oi Ca fera plus gro u p e , je crois. Ca
p a rc e q ue je s u is A rm é n ie n , sera plus affirm é. Enfin, je ne sais
S IS T E R S O F M E R C Y , T H E p a s p a rc e q u e je n ’a rriv e pas à
CULT, LED ZEPPELIN, etc, et juger notre prem ier album. Bon, on
KATE BUSH pour Eve. va reprendre sans doute des chan­
- EV E - Dès le début, on a eu so n s de ce p re m ie r a lb u m p a rce
une dém arche qui était de faire q u ’elles ont évolué. C 'e st m arrant
tout dans notre coin, à la ca m ­ d'en faire une deuxièm e version.
pa g ne , en in d é p e n d a n ts . On - C H A R LE S - Les chansons n'ont
e s t p a rti s ’ is o le r et on s ’e st pas vieilli mais leur traitem ent, oui.
construit notre délire. Au bout A cause des lim ites techniques du
de deux ans, on a à peu près p re m ie r e n re g is tre m e n t. D onc on
trouvé ce qu’on voulait. reprend celles qu'on préfère.
- E D O U A R D - C ’est su p e r
d ’ê tre to u t se u l p a rce que tu Quand sortira-t-il ?
fais ce que tu as envie de faire - EDO UARD - Peut-être au mois
sans prêter attention à ce qu ’il m ai. On e st en p o u rp a rle rs ave c
y a à côté. Tu en ressors forcé­ des m aisons de disques qui a im e­
ment un truc très personnel. raient qu'il soit prêt pour la tournée
N IN A H A G E N d o n t on a s s u re la
Et ça d o n n e q u o i, s e lo n p re m iè r e p a rtie en E u ro p e . Du
vous, au bout du com pte ? photo : Pierre Terrasson coup, on se retrouve à devoir faire un album
- ED O UAR D - De l’orientalo-bab... en un m ois au lieu de tro is co m m e p ré vu .
- E V E - .... m y s tiq u o -p s y c h é d é liq u e . (rire C'est pas évident.
général).
Vous com m encez à avoir du succès. C ’est
Pourquoi av o ir sorti un CD autoproduit en un rêve ?
1992 ? - EV E - C'est génial.
" Q u 'o n d o i'm e a u x
- E D O U A R D - On s a va it q u ’on ne s ig n e ra it - EDO UARD - C'est génial si tu prends le recul
pas en France parce q u ’on chante en Anglais nécessaire, de pouvoir parler avec les autres
et p a rc e q u 'o n se fo u t de la m o d e . A lo rs g r o u p e s la p o s s i b ilité de ce qui vient d ’arriver. Parce que tu peux
l'album, c ’était le moyen d’exister tout seul. vite te com plaire à croire que tu existes, que tu
- EVE - C ’était aussi pour faire un pied de nez d 1a p p r e n d iAe Ie u r as l’im pression d ’être “q u e lq u ’un” . Nous, on
aux m aisons de disques. s’exclut volontairem ent de tout ça com m e on a
- E D O U A R D - Et ça a bien pris puisque ça m é tiê i* s a n s le u r to u jo u rs fa it, tout com m e on n’a ja m a is fa it
nous a perm is de sig n e r avec un label a lle ­ aucune concession.
m and, d ’être d is trib u é aux E ta ts-U n is entre - EVE - Ce n'est pas une image d'Epinal, mais
autres, et surtout d ’être signé par Sony E d i­ d e m a r v d e vK d ' ê t i Ae on vit un co n te de fées d e p uis q u a tre ans,
tions. Alors m aintenant, les gens nous sautent depuis q u ’on est tous ensem ble. On vit à la
dessus avec deux ans de retard. On est en + o u t d e s u ife cam pagne, on travaille à notre rythm e. On a

!"
pourparlers avec des m aisons de disques et toujours cru inconsidérém ent dans le groupe,
e lle s ne so n t pas to u te s fra n ça ise s. Ca me LA2 c ’est évident. J ’ai toujours su que c’est avec lui
ferait trop plaisir de signer à l’étranger ! que j’allais faire ma vie.

Une revanche ? La route vers le succès sera-t-elle longue ?


- C H A R L E S - O u i, s a n s q u ’ il y a it l’e s p rit - EDO UARD - De toutes façons, on fera tou­
revanchard. jours des disques même si c'est “tout seul” . Je
- EVE - On n’a pas la haine... n’aim erais pas qu’on ait beaucoup de succès
- E D O U A R D - Si ! M oi, j ’ai la haine. Parce tout de suite. J'espère que ça ne va pas trop
qu’on nous a claqué la porte au nez pendant cartonner, qu'on sera connu petit à petit.
deux ans et que ceux-là nous courent après - C H A R LE S - Ca nous p e rm e ttra d 'a v a n c e r
m aintenant qu'on est chez Sony Editions. En plutôt que de se faire bouffer.
France, il y a une culture m usicale m ais pas - EDO UARD - Tu n'as rien facilem ent comm e
p o u r le ro c k . A lo rs q u ’on la is s e fa ire a u x - DISCOGRAPHIE- ça, en cin q m inutes. D ans la vie, tu te fais
groupes ce q u ’ils ont envie de faire sans leur chier pour avoir ce que tu veux. Alors pourquoi
parler de mode, de chansons en français, etc. 'Black Buddha Saraband devenir une star dès demain quand tu fais de
Q u ’o n d o n n e a u x g ro u p e s la p o s s ib ilité (Autoproduit-1992) la m usique ? Ca serait ce qui peut nous ■>
d ’a ppre n d re leur m étie r sans leur dem ander arriver de pire...

12 ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994


Gagnez
&

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Pour remporter un des dix lots com po sé s d'un superbe


tee-shirt de BLACK B U D D H A S A R A B A N D et d ’un
non moins superbe collector CD single 2 titres
d 'A R T E M U S P H I L E M O N E ac co m pag né de sa BD
pro mo (avec dessins inédits de Gébé, Vuillemin,
Schlingo, Edika, Varenne...), il vous faut tout d'abord
répondre aux deux questions suivantes :
1 - Chez quelle maison d'éditions le groupe
BLACK BUDDHA SARAB AN D a-t-il été signé ?
2 - De quelle série TV provient le patronyme
"Artemus", qui figure dans le nom que s'est choisi
ARTEM US PHILEMO NE ?.
Remplissez le cadre ci dessous après l'avoir découpé,
photocopié ou recopié, et renvoyez le avant le 15 Mai.
Un tirage au sort déterm inera les gagnants.

C O N C O U R S B L A C K B U D D H A S A B A B AN 1)/A R T IÏM IJ S 1»I I I L I Î M ON li


Nom : Prénom : mm
A dresse : ____
Code postal : _ Ville :
R é p o n s e n°1 : R é p o n s e n°2 :

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 13


Mu ha's Le groupe de l ’Arkansas est l’une des p rin cip a le s a ttra ctio n s de ces derniers
mois. Par sa musique, la rapidité à laquelle il est arrivé où il en est, par la m oyen­

Day Ou J
rr,1 'n
ne d ’âge de ses membres et son environnem ent d ’origine. Sur tout cela, le chan­
teur MIKAL MOORE réagit, encore apparemment tout étonné de ce qui lui arrive...
(par Jean-Philippe Vennin)

Sinon... NIRVANA, SKID ROW, des groupes


M U T H A ’S DA Y O U T e st je u n e . On l ’a lu
de death m étal... Et les BEASTIE BOYS !
p arto u t, la m o y e n n e d ’âge des m em bres
du g ro u p e e s t d ’ à peu p rè s 17 a n s . Et
P eux-tu nous d écrire l ’univers de B ates­
M U T H A ’S DAY O UT
ville ?
est issu de B atesville,
Tu connais le film “ D é li­
A rk a n s a s , p a te lin de
v ra n c e ” ? Eh bien c ’est
9 .0 0 0 â m e s où la
ça I Pas de rock, pas de
com m unauté relig ieu ­
ra d io ... Et la re lig io n y
se du coin et la coun-
est très im portante. Pas
try m u sic fo n t la loi.
v r a im e n t m oyen de
M ais c o n tra ire m en t à
s ’exprim er com m e m usi­
ce q u e l ’ on a lu
cien. C ’est p o u r ça que
( a u s s i) p a r t o u t , le
n o u s s o m m e s a llé s à
groupe ne rejette pas
M em phis.
t o t a le m e n t c e t u n i­
vers, m êm e si c ’est à
E t q u a n d v o u s ê te s
M e m p h is q u ’ il a dû
a r r iv é s là -b a s , v o u s
a lle r tr o u v e r re fu g e
a v ie z d a n s l ’id é e d e
p ou r e n re g is tre r son
faire un album ?
album . M U TH A ’S DAY
N o n , p a s du to u t, on
OUT n ’est pas fo n d a ­
v o u la it ju s te fa ire u ne
m entalem ent rem onté
d ém o p o u r les co p a in s,
c o n tr e to u t ce q u i
a ve c les m o y e n s q u ’on
bouge. Il serait mêm e
avait. Et puis le p ro d u c­
plutôt tolérant. Mais il
teur, ELI BALL, en studio
d r e s s e un c o n s ta t
nous a dit “ Il faut le faire,
plutôt noir de ce q u ’il
vo u s p o u ve z le fa ire !” .
voit. Sur tout ça et du
Notre m aison de disques
reste, M IK AL M OORE
n o u s a re m a rq u é s p u is
s ’explique.
photo : Matt Gunther signés, et voilà...
M ike, a v a n t to u t, p e u x -tu n o u s ra c o n te r
A in si est né "My S o ul Is W et”. Et com m ent
M U T H A ’S D A Y O U T ?
est-il accueilli, avez-vous de bons échos ?
N ous a v o n s c o m m e n c é il y a d e u x a n s et
Oui, les réactions, les critiques sont bonnes.
demi, à peu près. A l’époque, on était surtout
T out le m onde a l’air d ’aim er l’album ! En tout
fans des BEAS TIES BOYS et de rap, on vo u ­
cas, c ’est ce que les gens disent, et je crois
lait sonner com m e eux. Mais on n’y co n n ais­
que c ’est vrai. Même à Batesville !
sait rien en sam plers, dru m -m a ch in e et tout
ça. Alors, on a m onté un groupe avec de vrais
Q u e l e s t le m e s s a g e de M U T H A ’S D A Y

"3 e n 'a i j a m a i s
m usiciens. M ais on s ’est aperçu que c ’était
O UT ? Un rejet total de vos origines ?
im possible de faire un groupe de rap com m e
J ’écris tous les textes et j ’y m ets ce qui ne va
ça ! Et on est devenus un groupe de métal, ce

rien a tte n d u ,
pas. Ca tourne beaucoup autour de la guerre,
qui était quand m êm e beaucoup plus proche
la p o litiq u e , la re lig io n ... La re lig io n , on ne
de notre son !

e t j e n 1a t t e n d s rien
s’acharne pas dessus. On ne la rejette pas en
elle-m êm e, m ais en tant q u ’organisation. Le
La fo rm a tio n é ta it -e lle c e lle q u ’e lle e s t
? problèm e, c ’est q u ’elle est directem ent liée à
a u jo u rd ’h ui
N o n , je s u is le s e u l m e m b re d ’o rig in e du
groupe.
d es É ta ts-U n is." la politique.

Ton p è re e s t p a s te u r , je c ro is . Tu n ’as
P e u x -t u n o u s p r é c i s e r l ’â g e d e s c in q
jam ais eu de p ro blèm es avec lu i ?
Non, aucun. La religion, je ne suis pas fonda­
m em bres actuels ?
m entalem ent contre.
Je suis le plus vieux, j ’ai 22 ans. L’autre chan­
te u r, B ric e (S T E P H E N S ) en a 19, C h u c k
Tu disais p a rle r dans tes textes de tout ce
(SCHAAF, guitare) et Rod (M O FFITT, ba tte ­
q u e tu re je tte s . C o m m e n t p e r ç o is -tu la
rie), 16. Et J e ff (M O R G A N , b a s s is te ) a 17
société am éricaine en ce m om ent ? Votre
ans.
p ub lic doit être assez jeune, alors pen ses-
tu que les je u n e s sont écoutés ?
Et c o m m e n t les m e m b re s s u c c e s s ifs se
sont-ils ren con trés ? Etiez-vous des m u si­
Non, les jeunes n’ont pas le droit de s’e xp ri­
ciens ou des copains d ’enfance ? mer. Leur avis n’est absolum ent pas pris en
com pte. Je cro is que la so cié té a m é rica in e
Tu sa is, à B a te s v ille , il y a q u e lq u e ch o se
est dans un grand trouble actuellem ent, elle
c o m m e 9 .0 0 0 h a b ita n ts . T o u t le m o n d e
part vraim ent dans une m auvaise direction.
connaît tout le m onde. Nous étions potes, et
to u s m u s ic ie n s . T o u s le s m e m b re s de
P ourquoi ?
M U T H A ’S DAY O U T jo u a ie n t dans d ’au tre s - DISCOGRAPHIE - Chacun ne voit que son intérêt. Les gens ne
groupes avant.
se respectent pas entre eux. Et com m e ils ne
“My Soul Is W et” te re sp e cte n t pas, tu ne les re s p e c te s pas
R e v e n o n s -e n à la m u siq u e. Q ue lle s s o n t
les influences reconnues, alors ? (Chrysalis-1993) non plus. Je n’ai jam ais rien attendu, et je ,
n’attends rien des Etats-Unis. ç, iS
FAITH NO MORE a été une grosse influence.

14 ROCK STYLE N 4 - Avnl'Mai 1994


R

Question d ’attitude : une pochette “ a rty” et classieuse qui noie un peu le poisson,
un nom référentiel et une production somptueuse de clarté et d ’énergie, voici les
Barefoot
Servants
ingrédients d’un premier album qui fait très mal et confirm e ce retour en force du
blues. A joutons à cela un line-up prestigieux et l’on com prendra que nous nous
sommes intéressés à ces “ Servants aux pieds nus” . Conversation au pied levé
avec BEN SCHUTZ, guitariste pince-sans-rire.
(par Nicolas Gautherot)

La p o c h e tte de ce p re m ie r On re m a rq u e s o u v e n t q u e
albu m est très in h a b itu e lle le s d e u x g u it a r e s é ta ie n t
p o u r un g ro u p e de b lu e s . p hysiqu em ent séparées s u r
Vous v o u le z d o n n e r u ne c h a q u e e n c e in te , c e q u i
autre image à cette musique a c c e n tu e e n c o re vos d eu x
? style de je u très différents...
D ’une c e rta in e fa ç o n . N ous Oui (rires).
v o u lio n s q u e lq u e c h o se qui
attire l’oeil. Sans nous renier (N d r : G r r r ... j ’y a r r i v e r a i
mais sans être affublés dès le quand mêm e...) Ok, alors qui
d é p a rt de to u s le s c lic h é s est l ’hom m e à la G ibson et
h a b itu e ls du g e n re , ce q u i qui est l ’hom m e à la F en der
n o u s p e rm e ttra p e u t- ê tre 7
d 'a ttire r des auditeurs p oten­ B ie n vu ! ( R ire s ) J e s u is
tiels guidés par la curiosité. De l’homme à la Gibson. Pas sur
p lu s , n o u s ne s o m m e s p a s tout l’album, mais il ne faut pas
s e u le m e n t un g ro u p e de le dire parce que j ’ai m a in te ­
blues, m ais aussi un groupe nant un contrat avec Gibson...
de ro c k au s e n s la rg e du En fa it, je p o ssè d e pas m al
term e, qui joue parfois (N d r : d ’autres guitares, mais j ’ai to u ­
souvent I) le blues... jo u rs p ré fé ré jo u e r s u r u n e
G ib so n . Et ce son c o m p lè te
Tu veux dire que vous vou­ bien celui de John.
le z é v it e r le c a rc a n d ’un
genre trop strict ? Ce qui élimine une des m es
Bien sûr, nous som m es très q u e s tio n s : je p e n s a is te
orientés vers le blues, mais on dem ander si B A R E FO O T
p ré fè r e a p p e le r ça de la SERVANTS est un vrai g ro u ­
musique organique : nous mettons en commun pe ou un projet sans avenir ?
to u te s n o s r a c in e s b lu e s et to u te s c e s Si c’est un vrai groupe ? Bien sûr que c ’est un
m u s iq u e s que n o u s a v o n s é c o u té ou jo u é vrai groupe I Nous voulons être encore là dans
auparavant et cette com binaison propose à la quelques années, avec deux ou trois album s
fois un aspect rétro et une ouverture sur le pré­ de plus sous le bras...
sent. C'est pas juste un groupe rétro et nostal­
gique !
"B ie n sûr, n o u s A propos du nom du groupe : c ’e st inspiré
évidem m ent p a r "Ail along the w atch to w er”,

som m es très
Justem ent, com m e p ou r la pochette, le son m ais vous pensiez à l ’original de D YLAN ou
e t la p ro d u c tio n s o n t m o d e rn e s e t trè s à la reprise d ’HEN DRIX ?
directs...
o r ie n té s v e r s le
Ca vient plutôt de la chanson de DYLAN. Mais
O uais ! On voulait que ce soit une calotte en d ’après les gentlem en de chez Epie, il existe
p le in e tro n c h e ! V ra im e n t en p le in e fa ce ! d ’innombrables reprises d ’”AII along the w a tch ­
(rires) Une façon d ’annoncer clairem ent la cou­
leur : nous voilà, on ne triche pas I Nous vou­ b lues, m a is on to w e r” . M ais c ’est une histoire m arrante. On
m ’a p p e lle au m ilie u de la n u it, il é ta it tro is
lions ce genre de son : très sauvage, fidèle aux
traditions mais très intense. p r é f è r e a p p e l e r çà heures du mat' à New-York, je me sors péni­
blem ent du lit pour répondre et c’était John :

d e la m u s iq u e
“J ’ai trouvé LE nom I Je viens de l’entendre à
En fa it, l ’a lb u m d o n n e p a r m o m e n ts la radio !” En fait, le titre de travail de l’album
l ’im p r e s s io n d ’un b o e u f d a n s un c lu b é ta it “ B u tc h e r S h o p ” . C ’e st d e v e n u B A R E ­
privé...
C ’est vrai. Tu as rem a rqu é ce tte co m p licité
o r g a n i c ju e ,. FOO T SE R V A N TS pour g a rder les in itia le s,
B.S. John a entendu la chanson de DYLAN. Et
entre nous. C'était très spontané. L’album fut quel nom génial ! Les mêmes initiales (rires) et
entièrem ent enregistré dans mon studio, chez c’est très hum ble, ça nous décrit com m e les
moi. Avant l'enregistrem ent, nous avons monté serviteurs du blues. Et en plus on a un titre tout
le groupe et l'album a com m encé à mûrir, la trouvé pour le deuxième album : “ Barefoot S er­
m usique a évolué grâce à cette com plicité et vants II” I (Eclats de rires).
cette spontanéité dont je te parlais.
L ’idée est géniale ! Je n ’y avais pas pensé !
A propos, qui est le p rincip al com positeur (N dr : La phrase entière de la chanson de
du groupe ? DYLAN est “Barefoot servants too... ” H!)
John et moi. Il écrit la m usique et je lui passe Hé hé ! C’était prévu I (rires)
les paroles, parfois l’inverse, nous travaillons
comme une équipe. Il y a sur l’album quelques - DISCOGRAPHIE - Des concerts sont-ils prévus ? En France ?
titres qui sont plutôt les enfants de John et cer­ Eh bien, sans doute au mois de juillet, pour une
tains que je revendique, mais tout est crédité à “Barefoot Servants” petite tournée européenne. Je ne sais pas si
nos deux noms. (E pic/S ony-1994) nous passerons par la France. Je l’espère ! >

ROCK STYLE N'4 - Avril/Mai 1994 15


Peter PETER FRAMPTON est aimable et émouvant. Voilà dix-huit ans que l’homme tente
de se remettre de l’énorme succès qui l’assomma de gloire et de problèm es à la
so rtie , en 1976, de “ Fram pton Cornes A liv e ” ! D ix -h u it ans de galères et de
drogues, d ix-hu it années passées dans l’angoisse et l’amertume, à essayer de
reprendre appui sur ses deux pieds comme aux beaux jours de la pesanteur. Dix-
h u it ans p ou r re tro u v e r un se m b la n t d ’o p tim is m e avec cet album éponym e.
PETER FRAMPTON a la voix cassée de son agonie et le rire généreux de sa résur­
rection. Histoire d ’un chemin de croix.
(par Ombeline)

(Peter entre dans la pièce, m e serre la main, chose que je changerais, ce serait ça : après
avise le lit et se précipite dessus. Il s'allonge “Frampton Cornes Alive I", je n’aurais pas enre­
su r le dos et croise les m ains : g is tré d ’a lb u m to u t de su ite .
T out a com m encé quand J'aurais attendu deux, trois ans
j ’avais quatre ans. Ma mère... que les choses se tassent. Car
(Il se re d re s s e ) O h, vo u s à l’époque, des gens se sont
n’êtes pas la psychanalyste ? dit : “Eh, mais on peut se faire
Je suis désolé ! (Il rit de ce rire du fric sur le dos de ce mec !
é n o rm e , h o m é riq u e , a d m i­ (Il p re n d un a ir so u rn o is ) On
rable. P eter m e raconte com ­ peut se faire BE AU C O U P de
m ent la veille, lors d ’une bala­ fric !” (Il rit). Et moi j ’étais naïf,
de en voiture avec son m ana­ parce q u ’en tant qu ’artiste, je
ger, il a été bloqué p a r les su p ­ pensais moins au fric qu’à mon
porters du PSG qui célébraient art... m ais il y a v a it d ’a u tre s
le u r victoire s u r le s C ham ps- gens pour penser à ma place I
E lysé e s.) On est so rtis de la Alors au lieu que ma carrière
voiture, on a pris une photo : soit guidée par ma créativité,
“Ca c'est moi devant l’Arc de e lle a é té c o m p lè te m e n t
Triom phe” et on s’est barré en d é to u r n é e p a r c e s g e n s
vitesse I (Il rit). cupides qui vo u la ie n t se faire
de l’argent. Ils ont pris plus que
Q u e l e ffe t ça fa it de re v e n ir le u r p a rt, ils “ c o m p ta ie n t
a p rè s c in q a n s d ’a b s e n c e ? devant le miroir” (Peter se lève
Ca ne fa it pas v ra im e n t cinq e t va d e v a n t la g la c e . Il fa it
ans. En 86, j ’ai s o rti l’album s e m b la n t de p a r ta g e r d e s
“ Prém onition” , puis je suis parti b ille ts de b a n q u e ) “ Un p o u r
en tournée. En 87, j ’ai fait la moi, un pour moi, un pour moi,
tournée avec BO W IE. En 89, un p o u r m oi !” ( Il é c la te de
j ’ai fait un autre album, “W hen rire). Je me suis rendu compte
AN The Pieces Fit" qui est sorti de to u t ce fric q u ’ils a v a ie n t
seulem ent aux Etats-Unis. En d é to u rn é , et il y en a v a it un
90, j ’ ai d é c id é de fo rm e r un g ro u p e . J ’ ai gros paquet.
c o n ta c té S T E V E M A R R IO T T (N d r : e x -
HU M BLE PIE, lui aussi), nous avons bossé un E st-ce q u e tu ve ille s a u jo u rd ’h u i à ê tre p lu s
peu ensemble. Nous étions prêts à partir sur la lib r e , m o in s à la m e r c i d e s m a is o n s d e
route, mais Steve est reparti quelques jours en d is q u e s ?
A n g le te rre et il e st m o rt d a n s un tra g iq u e De m es d é b u ts a ve c H U M B L E PIE ju s q u ’à
in c e n d ie . En 91, je me s u is ren d u co m p te
q u ’ave c le groupe ça ne m arch e ra it pas. Je " j e t a i s naïf, 1984, j ’étais chez A&M Records. J'ai eu de très
bonnes relations avec eux, ils étaient à mes
voulais partir en tournée, m ’am user un peu. Et
c e tte to u rn é e de 92 a d é p a s s é m es e s p é ­ p a r c e q u 'e n t a n t côtés, ils ont construit ma carrière. Ce n'était
pas "Tu fa is un a lb u m , ce n ’est pas un hit,

q u 'a r t i s t e , je p e n s a i s
rances, j ’ai découvert q u ’il y avait encore un salut” . Le label suivant, Atlantic, j’ai fait deux
public pour moi, des gens qui voulaient me voir album s avec eux et c’était “On attend de voir
et entendre ma musique, ça faisait du bien I Ca ce qui se passe". Et si rien ne se passait, ils
m’a donné confiance et je me suis dit que si je
pouvais sortir un bon album, le public suivrait. m oins a u fric q u ' à rem ettaient l’argent dans leurs poches : c’est
ce qui est arrivé. Une très mauvaise expérien­

P o u r q u o i c e n o u v e l a lb u m n ’a - t- il p a s de m on a rt... ce pour moi. Puis je suis arrivé chez Relativity,


mon label d’aujourd’hui, qui est une très petite

m a is il y a v a it
titre ? maison de disques, un peu comme une famille
J ’a i s ig n é a v e c u n e n o u v e lle m a is o n de - ça me semble incroyable que je puisse dire

d 'a u t r e s g e n s p o u r
disques, R elativity, c’est com m e un nouveau du bien d’une maison de disques - ils ont les
d é p a rt p o u r m oi. Je n ’a v a is ja m a is a p p e lé mêmes idées que moi, ils m’ont aidé à recons­
d’album "Peter Frampton" jusqu’à présent. Cet truire ma carrière, ils veulent autant d ’album s
album, c’est moi, c’est celui qui sonne le plus
com m e moi d e p uis "W ind Of C h a n g e ” , mon p e n s e r à m a p l a c e !" que je pourrai leur en fournir, ça fait plaisir.
Tout ce que je leur ai dem andé, ils l’ont fait
prem ier album solo. J u sq u ’à mon album live im m édiatem ent; tout ce q u ’ils m ’ont proposé,
(N dr : "Frampton Cornes Alive !" 1976, plus de j ’étais d ’accord. Ce n’est plus uniquem ent de
dix m illions d ’exem plaires vendus), tout avait fric, c’est aussi une histoire de confiance.
évolué graduellem ent... ou stagné (rires), mais
toute la musique que j ’écrivais me plaisait. Elle Tu c o m p t e s p a r t i r e n to u r n é e a v e c c e t
n’était pas dictée par les exigences du public. a lb u m ?
Puis “ Fram pton Cornes Alive !” est sorti et a J’aimerais vraiment faire une tournée avec cet
rencontré un succès énorme. Et là c’est deve­ album mais il faut attendre de voir s’il se vend
nu : “Attends deux secondes, q u ’est-ce qu’ils bien dans les différents pays. La dernière fois
veulent maintenant ?” J ’ai cessé d ’écrire pour que j ’ai fa it une to u rn é e so lo ici, c ’é ta it en
m oi. Je me s u is e n g ag é su r une m au va ise - DISCOGRAPHIE - 1977. M ais la dernière fois que je suis venu,
v o ie . Je ne c h a n g e ra is rie n à ma vie si je c ’é ta it avec D AV ID BO W IE en 1987. Je ne
devais recom m encer, les choses ont bien tour­ "Peter Frampton" vo u d ra is pas attendre dix ans entre chaque
né finalement, sinon je ne serais pas assis là. (Relativity/Sony-1994) tournée, et si je ne me pointe pas bientôt, >
J ’ai beaucoup appris de mes erreurs. La seule ça va faire encore dix ans !

16 ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994


Seattle, la “ grunge c ity ” , a ses originaux : les POSIES n ’ont pas de chem ises à
carreaux. Plutôt une tenace image de gentil pop-band qui leur colle à la peau.
Depuis leur “ Echec” (“ Failure” , premier album), les posés POSIES im posent dou­
cement mais sûrem ent leurs harmonieuses constructions m élodiques. A l’occa­
sion de la tournée p our “ F ro stin g On The Beater” , leur dernière galette, Ken
(chant/guitare) et Mike (batterie) se mettent à nu.
(par M arc Belpois)

P o u rq u o i a v e z-v o u s a tte n d u tro is années en p a r t ic u lie r la c h a n s o n “ C o rn in g R ig h t


entre la sortie du d euxièm e et du troisièm e A lo n g ” , des guitares et des voix pour quatre
album ? chansons q u ’il a enregistré à la m aison. Mais
- K en - On n’a pas v ra im e n t a tte n d u . On a il l’a fait égalem ent pour certains m orceaux de
bossé dur environ un an “ D e a r 2 3 ” , le s e c o n d
et d e m i, m a is on s ’ est album.
retrouvé à trois à p a rtir
de la m i- 9 1 . A p e in e P o u r q u o i y -a t - il un
quelques m ois plus tard, s ile n c e tr è s n e t a u
on a e ssa yé d ’e n re g is ­ m ilieu de l ’albu m ?
trer l’album . C ’était hor­ - Ken - Je pense que
r ib le .. . un d é s a s tr e ! les chansons sont telles
E n c o re q u e lq u e s m ois q u ’ il a lla it de s o i q u e
se sont écoulés pendant nous les ra s s e m b lio n s
le s q u e ls n o u s a v o n s en d e u x g ro u p e s , l’ un
é crit plus de cha n son s, p e rc u ta n t, l ’a u tre p lu s
tro u v é un b a s s is te , et ca lm e , a v e c d e s m o r­
ensuite réellem ent enre­ c e a u x p a r fo is p lu s
gistré "F ro stin g On The noirs, plus étranges.
B eater” . Nous co m m e n ­
c io n s b ie n l ’a n n é e 92. A vez-vo u s lo n g te m p s
U n e b rè v e s é a n c e à g a lé r é avant de
S e a ttle ... u n e p a u s e connaître le succès ?
p o u r la is s e r DON F L E ­ - Ken -
M ING (N d r : é g a le m e n t que c’est le succès ! Tu
p ro d u c te u r de S C R E A - sa is, n o u s a v o n s p ro ­
M IN G TREES, T E E N A ­ g re s s é e t d é v e lo p p é
G E FAN CLUB) travailler n o tre a u d ie n c e tr è s
lib re m e n t... une séance rapidem ent à un niveau
à N E W Y O R K ... d e s local. C ’é ta it beaucoup
m ixes... Don a tra v a illé p lu s d iffic ile de p la ire
sur l’album pendant l’été a ille u r s . E t je p e n s e
92 et on a mixé le tout de nouveau. q u ’un groupe a du succès lorsqu’il a au m oins
autant de fans à l’extérieur q u ’à l’intérieur de
P ourquoi avez-vous changé de bassiste ? sa ville.
- M ike - Rick, notre bassiste était en fait guita­ - M ike - N otre su ccè s aux E ta ts -U n is n ’est
riste. Il a com m encé à jo u e r de la basse le pas général, nous ne som m es pas appréciés
jour où il a rejoint les POSIES. Mais les quatre p a rto u t. Et nous n ’a vo n s d ’a ille u rs pas été
années pendant lesquelles il jouait avec nous, toujours à notre m eilleur niveau.
il a toujours voulu jouer de la guitare.
- Ken - Et il com m ençait à vraim ent s’ennuyer Est-ce que votre nom , les POSIES, signifie
! " J e p e n s e q u e lq u e cho se. M on d ic tio n n a ire fra n c o -

q u ' u n cj ro u p e a d u
- M ike - M usicalem ent, on évoluait d iffé re m ­ anglais reste m uet !
ment. Nous avions besoin de ce changem ent - Ken -C ’est pas traduisible... un nom qui ne
p o u r c o n s e rv e r une a tm o s p h è re c ré a tiv e ... v e u t rie n d ire ... un peu s tu p id e I M a is ça
pour nous co m m e p o u r lui. A p ré se n t, il se
sent bien : il a son groupe, il écrit des chan­ s u c c è s lorsq u 'il a sonne bien.

sons, il joue de la guitare et il chante. C ’est ce


q u ’il voulait faire. a u m oins a u t a n t d e A v e z -v o u s de b o n n e s re la tio n s a v e c les
m e m b re s d ’a u tre s g ro u p e s de S E A T T L E

f a n s à l'e x té r ie u r
c o m m e N IR V A N A , S O U N D G A R D E N o u
“F r o s t in g On T h e B e a t e r ” e s t - i l v o tre PEARL JAM ?

q u ' à l'in té rie u r


m eilleur album ? - Ken - On les connaît. Nous avons des rela­
- Ken - Oui, il sem blerait. tions professionnelles avec ces groupes m ais
- M ike - Je ne pense pas q u ’on pouvait faire nous ne som m es pas spécialem ent proches...
un m eilleur album.
d e s a ville" ni m usicalem ent d ’ailleurs.

C o m m en t fo n c tio n n ez-v o u s lors q u e vous Le “Los A n g e le s T im e ” a c o m p a ré votre


écrivez une chanson. L ’un d ’entre vous se second album, “D ear 2 3 ”, à "A bbey R o a d ”.
c h a r g e d e la m u s iq u e , un a u t r e d e s V ous c o n s id é r e z -v o u s c o m m e le s n o u ­
p aroles ? veaux BEA TLES ?
Non. Ce sont les deux, Jon et moi, qui é c ri­ - Ken - Ca part d ’un bon sentim ent m ais c ’est
vo n s to u t. Il y a q u e lq u e s e x c e p tio n s m ais tellem ent ridicule...
nous avons écrit les chansons presque entiè­ - M ike - Les gens ont toujours besoin de réfé­
rement. rences musicales.

Jon est l ’un des ingénieurs de son de cet Q uelle a été votre réaction lorsqu e R ING O
album . E st-il qualifié p o u r ça ? - DISCOGRAPHIE- STARR vous a dem andé s ’il p o u va it jo u e r
- Ken - Ca n’était pas com m e être ingénieur l ’une de vos chansons ?
officiel I Tu n’as pas forcém ent besoin d ’aller “Frosting On The Beater’ - Ken - On s ’est dit : “My God ! On doit être les
à l’école pour être ingénieur. Ca signifie sim ­ (RCA/BM G-1994) nouveaux BEATLES !” Non, sincèrem ent,
plem ent q u ’il a e n re g istré ce rta in e s choses, on pensait que c’était une blague.

ROCK STYLE N-4 - Avril/Mai 1994 17


Habillée de résille des pieds à la tête et dissim ulant ses 39 ans derrière un épais
m aquillage blanc, NINA HAGEN - toute chargée d’une folie provocatrice, d ’une

Hagen
tim idité feinte et d ’un dévouement naïf à ses bonnes causes - slalomera lourde­
ment autour des questions de cette interview. Aux J.O. de l’esquive et du délire,
elle est sans doute médaille d ’or. En déversant de ses lèvres grassem ent rougies
un flo t volubile de paroles le plus souvent sans queue ni tête, la Diva devint vite
l’objet d ’un traitem ent inspiré de la pochette de son dernier album mais amélioré
d ’un bon bâillon. On se calme !
(par Hervé Marchon)

photo : B. Kuehenstedt

Tu as fin i d ’e n re g is tre r cet q u ’e lle c o n s id è re c o m m e le


a lb u m en j u i l l e t 1 9 9 3. C e p r e m ie r g ro u p e p u n k , je
n ’e s t p a s tro p d u r d e s e m 'enquiers du choix de MAN-
r e p lo n g e r d e d a n s s i ta r d ZANERA à la production).
p ou r la prom otion ?
Non. Le 11 mai, je vais avoir P o u r q u o i a v o ir c o n f ié la
39 ans. Je vie n s de co u ch er p ro d u c tio n à PHIL M A N ZA -
mon fils parce qu’il a un nou­ NERA ?
ve a u b a b y -s itte r d o n c c ’ est J ’a va is b e so in d ’un bon p ro ­
moi qui m ’en occupe encore. d u cte u r et j ’ai tro u v é un bon
Tu sais, il a quatre ans. Any- p ro d u cte u r. (N d r : E t e lle ne
way, je revien s tout ju ste de veut p a s en dire p lus I)
H o lla n d e où on ré p è te ave c
mon groupe pour la tournée. La seule chanson de “R évo­
C h a q u e d is q u e e st fa it p o u r lution B a llro o m ” chantée en
que les gens sa ch e n t que je A llem an d s ’appelle “B e rlin ”.
reviens parce que je suis NINA E t a i t - i l n a t u r e l q u e tu la
H AG EN et pas une boîte de c h a n te s d a n s ta la n g u e
conserve. natale ?
(N d r : E t m a q u e s tio n d a n s E u h ... C ’ e s t u n e q u e s tio n
tout ça ?) chiante...

H u m ... Q ue s ig n ifie le titre (Un p eu agacé) Bon... Berlin,


de c e t a lb u m “R é v o lu tio n le M ur, la ré u n ific a tio n , la
B allro om ” ? p o litiq u e allem and e, j ’avais
"B a llro o m ” , c ’est l’en d ro it où a lieu le bal et
“Révolution” c’est ce qui a lieu actuellem ent sur "Ti e n s , je t'a i l ’intention d ’en arriver là. Ca t ’em m erde si
je te parle de politique ?

a p p o r t é un livre
la terre car les forces guerrières de l’im périalis­ Ecoute, j ’ai déjà raconté 36.000 trucs là-des­
me, l’e m p o iso n n e m e n t de la terre, les trous sus aujourd'hui et je me dem ande pourquoi je

paiK<ze, q u e tu e s un
dans la couche d ’ozone, la guerre - ah non, ça n'ai pas le droit à une conférence de presse.
je l'ai déjà dit -, toutes les industries, et en par­ Bon alors, la dé m o cra tie est u tilisé e par les
ticulier l’industrie pharm aceutique, qui essayent politiciens (N dr : Eh oh, stop là ! Je ne l ’a i pas
de nous e m p o iso n n e r, ... euh... tu peux me
répéter la question ? b r a v e j o u r n a lis te posée, ma question !) non pas pour faire de
nouvelles lois qui pourraient protéger la planè­

qui tra v a ille bien."


(N dr : Je la lui répète et NINA H AG EN repart te et sauver l'humanité mais pour leur propre
a ussitôt dans un m onologue où elle explique enrichissem ent. Ce sont des m échants capita­
q u ’au Congrès alternatif su r le Sida à A m ster­ listes (sic) et en Yougoslavie, on ne sait pas
dam il y a deux ans, elle a rencontré un type com m ent arrêter la guerre et...
ancien séropositif qui a été g uéri en n'avalant (N dr : Q uel rapport avec la choucroute ? M oi je
pendant quatre sem aines que de l'essence de sais Madame... Choucroute en Allem and, c ’est
pépins de pam plem ousse (sic) et qu'une fois -DISCOGRAPHIE- Saverkraut. Et hop !)
débarrassé de sa maladie, il a épousé son infir­
mière... Sans doute a t-elle oublié de préciser Cette année, on vote en A llem ag ne. P o ur
‘Nina Hagen Band” (CBS-1978)
q u 'ils vé c u re n t h e u re u x et e u re n t be a uco u p qui vas-tu voter ?
‘Unbehagen” (CBS-1979)
d'enfants I). Ce serait super si on pouvait avoir une coali­
‘C hacha” (B.O. du Film Chacha) tion SP D -G rüne (N d r : S ocialistes-V erts). Ce
Tu as fait un voyage en Inde au début de (C B S -1980) serait bien aussi que tous les m em bres des
l ’année dernière. Tu en as ram ené diverses ‘Nunsex Monk Rock” (CBS-1982) autres partis adhèrent à cette coalition parce
influences que l ’on retrouve sur ton album. ‘Angstlos” (CBS-1983) que tous ces partis, ça n'aide pas l'humanité.
Il était aussi im portant que ça, ce voyage ? ‘Nina Hagen In Ekstasy” (CBS-1985) On doit changer les lois pour contrôler l'indus­
Très im portant. Tiens, je t'ai apporté un livre ‘X Love” (Com pil/CBS-1987) trie sinon tous les poissons vont m ourir et les
parce que tu es un brave jo u rn a liste qui tra ­ 'W edding Disc” Indiens d ’Am érique avaient bien dit en 1950
v a ille b ie n . (N d r : En s o u ria n t ja u n e , je la (M axi sin g le / M etropol 1987) que...
rem ercie et je feuillette le livre q u ’elle me tend : ‘Nina Hagen” (Phonogram-1989) (N d r : Bon, allez, d e u x a sp irin e s p o u r Nina,
"Babaji, g atew ay to the lig h t”. L ’histoire de ce deux I).
bouquin est celle que Nina me résum e : celle
‘Street” (Phonogram-1991)
d'un “superbe je u n e hom m e” apparu dans une Demain (Ndr : 8 mars 1994), c ’est la journée
‘Révolution Ballroom ” (Phonogram-1994) de la femme. Tu vas faire quoi ?
g ra n d e lu e u r a u p ie d d ’u n e m o n ta g n e de
l ’H im a la y a . P a s s io n n a n t s a n s a u cu n d o u te Justement, j ’ai reçu un fax...
m a is N IN A H A G E N n ’a p a s le s ta le n ts de ROCKSTYLE vous c o n s e ille : (N dr : Elle sort une boule de papier de son sac
c o n te u r d ’un D ecaux. Et m a q u e stio n reste "Nina Hagen Band” / ““Unbehagen” qu'elle défroisse juste au dessus de mon micro.
s a n s ré p o n s e . A y a n t e n te n d u d ire q u ’e lle “A ngstlos” / “Nina Hagen” La suite de l ’enregistrement est donc inau- >
vouait une grande adm iration à R O XY M USIC dible. A u revoir, bande de m artiens...)

18 ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994


Ils n ’o n t rien des roquets hargneux qui s ’é g o sille n t en in ju re s le tem ps d ’un
concert, et s ’en vont, im passibles, remater “ Alice au pays des m erveilles” . Excep­
té q u ’ils sont hargneux. Mais leur colère est réelle. Elle se nourri de toute la so u f­
fra n c e et la fru s tra tio n e m m agasinées aux States. Entre ALICE IN CHAINS,
Tool
PEARL JAM et BLACK SABBATH, “ Undertow” , leur premier album explore le mal
ju s q u ’au malaise. Ceci pour nous, amis frustrés. TOOL, du rock thérapeutique ?
Entretien avec le batteur, DANNY CARREY.
(par M arc Belpois)

photo : Anne-Laure Esté ve

A vez-vous été surpris p a r la tives... Que le positif ne peut


rapidité de votre succès ? exister sans le négatif... Q u ’il
Oui. Mais je me souviens que fa u t c o n n a ître la s o u ffra n c e
lo r s q u e n o u s a v o n s s o rti p o u r vra im e n t a p p ré c ie r son
“ O p ia tre ", n o tre p re m ie r LP, c o n tra ire . M a is il n ’ e s t p a s
les gens avaient une opinion p o u r nous une in flu e n c e p ri­
m itigée sur nous. Ils pensaient m o r d ia le . S i n o u s l'a v o n s
que nous étions un groupe de b e a u c o u p d é v e lo p p é d a n s
h e a v y m é ta l p a rc e q u e le s notre biographie, c ’est surtout
q u e lq u e s titr e s q u e n o u s pour que l’on nous pose des
a v io n s c h o is i, et “ S o b e r ” , questions sur des sujets plus
n otre v id é o , so n n a ie n t peut- in té re ssa n ts que ce que l’on
être com m e ça. Et nous étions peut couram m ent lire dans les
s u rp ris q u e to u t ce s m a g a ­ biographies faites par les m ai­
z in e s m é ta l s ’ in té re s s e n t à so n s de d is q u e s . L e s é g o s
n o u s. On ne se s e n ta it pas des musiciens y sont dévelop­
vraim ent concernés... M ainte­ pés dém esurém ent... Ils sont
n a n t n o tre p u b lic re g ro u p e s y s té m a tiq u e m e n t p ré s e n té s
aussi des gens provenant de c o m m e é ta n t d e g ra n d e s
m ou ve m e n ts plus a lte rn a tifs. s ta rs . C e c i d it, b e a u c o u p
M ais to u t ça n ’a ja m a is été d ’ a u tre s liv r e s n o u s o n t
intentionnel. influencés. Et ce n ’est pas la
r a is o n p o u r la q u e lle n o u s
B e a u c o u p d e v o s te x te s avons formé ce groupe. Nous
s o n t noirs. E st-ce q u ’il y a jo u e rio n s m ê m e si c e liv re
une raison particulière à cet n’existait pas.
é ta t q uelqu e p e u d é p re s s if
Ÿ A d am (g u ita ris te ) n ’a d o n c
Je ne p e n s e p a s q u e n o s pas basé sa vie s u r ce livre
textes soient dépressifs. Nous com m e il l ’a été dit ?
é v o q u o n s d e s s e n tim e n ts D a n s le g ro u p e , A d a m e s t
négatifs pour tenter d ’évoluer celui qui a été le plus influencé
vers de m eilleurs sentim ents. par V in ce n t, p e u t-ê tre pa rce
N o u s n ’ e s s a y o n s p a s de q u ’ il l ’ a re n c o n tr é p e u de
déprim er les gens. Au contraire, ils jouent avec tem ps avant sa mort. Mais ça ne veut pas dire
ça. Com m e nous jouons avec ça. Car c’est de que cette influence soit plus forte que le boud-
ce tte façon que les ch o se s ch a n ge n t. Il y a hisme ou d ’autres philosophies.
certains sujets que les gens ressentent comm e
étant négatifs parce q u ’ils refusent de s’y inté­ " c fe . p e n s e A vez-vous déjà essayé de faire ce “travail

q u e to u t le m o n d e a
resser. C’est d ’ailleurs le cas de notre dernière th é ra p e u tiq u e " à l ’a id e d ’au tre s s u p p o rts
vidéo "Prison Sex” , à propos des abus sexuels com m e la peinture ou la sculpture ?
sur les enfants. Pour certains c’est déprimant, P ersonnellem ent, je n’ai pas ces talents. En
donc ils ne ve u le n t pas y penser. Ca arrive
pourtant tous les jours et ça doit être dit. Plus p a r fo is d e s e n v ie s revanche, Adam sculpte et peint tous les jours.
Il l’a d ’ailleurs fait pendant des années, avant
les gens en parleront, plus nous é vo luerons
vers un monde meilleur. d e m e u r tr e , même de jouer dans un groupe. C ’est l’un de
ses m oyens pour exprim er ses sentim ents. Il

a i m 'a r r iv e p a rf o is
est responsable de presque tout le travail a rtis­
E s t-il v ra i q ue J a m e s (le c h a n te u r) s ’e s t tique et de nos vidéos.
q uelque fois trouvé à deux doigts de tuer
physiquem ent q u e lq u ’un ? d 'ê t r e te lle m e n t N ’a v e z -v o u s ja m a is l ’e m b a r r a s s a n te

e n c o le re ... "
Je p e n se q ue to u t le m on d e a p a rfo is des im p re s s io n d ’ê tre u tilis é à d es fins c o m ­
envies de m eurtre. Il m ’arrive parfois d’être te l­ l ^ m erciales ?
lem ent en colère... par exemple contre certains Non, parce que nous gardons un contrôle sur
a g isse m e n ts du gou vern e m e n t. M ais on est tout ce qui nous concerne. C ’est notre travail
te lle m e n t im p u is s a n t que la se u le ch o se à artistique qui sert à la promotion. Et nous fa i­
faire, c’est évacuer toute cette haine. Moi, je le s o n s n o s v id é o s e t n o s c o u v e r tu r e s de
fais en jouant de la batterie. TOOL est ma th é ­ d isques. Beaucoup de g ro u p e s n ’ont aucun
rapie qui me donne un ticket pour de m eilleurs contrôle.
h o riz o n s . Et nous a vo n s to u s les q u a tre la
même vision des choses. Pourquoi votre d ernier m orceau “Disgusti-
p a te d ”, est num éroté “69" s u r le com pteur
R O N A L D VIN CEN T, un p h ilo s o p h e a m é ri­ digital, alors q u ’il n ’y a que 10 m orceaux ?
cain, a p araît-il influencé TOOL. Peux-tu me Parce que "Disgustipated” est une chanson qui
résum er sa pensée... - DISCOGRAPHIE- devait être séparée du reste de l'album. Entre
Dans son livre “A Joyful Guide To Lachrym olo- elle et l’avant dernière, il y a successivem ent
gy” (l’étude des larmes) il développe d ’intéres­ "Undertow" 60 num éros. Il se passe une seconde entre
santes réflexions sur l’utilisation que l’on peut (Ariola/BMG-1993) ch a q u e n u m é ro . D onc 60 s e c o n d e s en >
faire de se n tim e n ts négatifs à des fins posi- tout... d f

ROCK STYLE N '4 - Avril/Mai 1994 19


Tout le monde ne sait pas qui est GLENN HUGUES. Mais rares sont ceux qui ne
connaissent pas DEEP PURPLE et BLACK SABBATH. Glenn, to ut comm e IAN
GILLAN, fu t le chanteur des deux groupes mais sans s’y attarder toutefois. Des
lenn
collaborations avec PAT THRALL et GARY MOORE et quelques album s solo plus
tard, celui qui se fit connaître comme chanteur de TRAPEZE entre 69 et 73 enre­
gistra il y a deux ans un CD tout entier à la gloire du blues. Pour mieux rebondir et
revenir à ses premières amours avec “ Frotn Now On” . Du rock (hard ?) FM, bien
yes
sûr. Mais du bon. Rencontre avec un chanteur pressé (dans la vie et sa carrière
autant qu’en interview, vu la longueur et la rapidité de ses réponses) qui n ’a de
cesse de se remettre en question.
(par Jean-Philippe Vennin)

L ’actualité de GLENN HUGUES, c ’est ce nou­ Je ne peux pas dire, je ne sais pas. Je n’ai "3 e veux Cjue. les cjens
sach ent que je suis, je
vel album, “From Now O n ”. Puisque tu es en jam ais aucune idée de ce que je ferai dans le
pleine promotion, allons-y ! Q u ’en dire ? futur. Je m ’a rrê te au m om ent p ré se n t, sans
Eh bien, c’est un disque de chansons que j ’ai
com posé l’été d e rn ie r pour la plupart, su r la
penser à la suite avant l’heure.
pense, le meilleur
route lors de la dernière tournée. Et je crois que
c ’est un bon album, et que mes fans l’apprécie­
Q u ’e s t-c e q ue ça t ’in s p ire de v o ir D E E P
P U R P L E e t B L A C K S A B B A T H , p e u t-ê tre cKahteui1 blanc vivant
ront I W HITESNAKE, continuer ou recom m encer à
faire des albums, de la scène...
a ctu e 11e in e nt'1
Tu p a rle s de n o u v e a u x titres, m a is il y a Tu sais, pour moi leur musique est vieille, fati­
égalem ent des reprises, notam m ent celle de guée. J ’aim e encore bien ces g ro u p e s m ais
“B u rn ” de DEEP PURPLE, s u r le CD... p o u r m oi le s g a rs de D E E P P U R P L E , p ar
Il n’y a qu’une reprise, celle de DEEP PURPLE. exe m p le , d e vra ie n t se fa ire plus c o n te m p o ­
Tout le reste est nouveau. rains, plus actuels. Leur m usique ne change P ré v o is -tu de te c o n s a c re r à d es a lb u m s
pas vraiment, elle ne bouge pas d ’un pouce et solo, ou as-tu des pro jets de ou avec des
Et les deux m orceaux co-signés avec PA T ne fa it pas du to u t vib re r. C ’est pa re il p o u r groupes ?
THRALL, d ’où viennent-ils ? B LA C K S A B B A T H ou W H IT E S N A K E . C ’est Ce que je sais, c ’est que je ne rejoindrai plus
L’un date de 1983, lors de ma co lla b o ra tio n vieux, tout ça... jam ais un groupe à succès. Je ferai sans doute
avec Pat. Le deuxième est un nouveau. un disque avec TRAPEZE, mais rien d ’autre.
Te verrais-tu retourner a u jo u rd ’hui dans un
E t p o u rq u o i le c h o ix d ’a v o ir ré e n re g is tré de ces groupes s ’ils te le dem andaient ? Avec TRAPEZE ?
“B u rn ”, dans une version qui ne diffère pas Non. A bsolum ent pas. M êm e pour beaucoup O u i, on va re fa ire d e s c o n c e rts d è s c e tte
énorm ém ent de la prem ière, et qui en garde d ’argent. année, en vue d ’un album live. On se retrouve
surtout l ’esprit ? la se m a in e p ro ch a in e à N ew Y o rk, p o u r un
J ’avais très envie de la faire, et depuis un bon Tant q u ’on y est, que penses-tu du départ de h o m m a g e à R AY G IL L E N . (N d j : 9 fé v rie r.
moment. C’est tout. R IC H IE B LA C K M O R E de D EE P P U R PLE et L ’interview a été réalisée prem ière sem aine de
de son rem placem ent p a r JO E SATRIANI ? février.)
Qui sont les musiciens qui t ’accom pagnent ? Joe est un très grand guitariste. Richie... n’est
D es S u é d o is . D e u x m e m b re s d ’ E U R O P E : pas aussi bon que lui, mais il a une personnali­ Q uand et avec qui ?
D AVE H O L LA N D et
JO H N LEVEN à la basse et MIC M IC H AELI té très forte. M alheureusem ent, il est malade. tous les autres ?
aux claviers, qui a un peu participé à l’écriture. Ce gars n’est pas du tout heureux. As-tu déjà Tous les anciens mem bres. DAVE HO LLAND
Et puis HEMPO HILLDEN à la batterie, TH O ­ vu une photo de lui sur laquelle il sourit ? et les autres.
MAS LAR S SO N et ERIC BO JFELD aux g u i­
tares. Euh... Mais pas de nouvel album en p rojet ?
Moi non. En studio, non. Live seulement.
Continueras-tu à travailler avec eux dans le
futur ? Quel regard portes-tu sur ta carrière et tes Penses-tu que G LENN HUGUES ait vraim ent
Non. Je change sans arrêt, je dois changer tout c o lla b o ratio n s à de n o m b reu x g ro up es et un p u b lic à lu i, d es vrais fan s de p a r le
le temps en fait, tu sais. projets ? m onde, ou e s t-il surto u t l ’ancien ch a n te u r
Je crois qu’elle n’est pas mal. J ’ai de bons sou­ d ’une paire de groupes m ythiques ?
Un véritable artiste solo, quoi... ve n irs co m m e m on c o n c e rt à P itts b u rg , en Je c ro is que m es fa n s so n t to u t a u to u r du
Oui, je dois toujours repartir de zéro, pour trou­ ju illet l’année dernière, qui fut fantastique. Je m o n d e . P e u t-ê tre en p a rtie g râ c e à D E E P
ver de nouvelles idées. Et travailler avec des pense que mon nouvel album aussi est fantas­ PURPLE, c’est vrai.
gens différents, qui me poussent. J ’évite ainsi tique et je crois que cette année va être une
la routine. très grande année pour moi. Et puis, pendant Retournons la question, alors : crois-tu que
des années on n’a plus trop parlé de moi mais les gens savent, en général, que tu fus le
Penses-tu que cet album m arque un retour à l’an dernier je suis revenu et les gens ont su chanteur de PUR PLE et de SA B B ATH ?
une m usique qui te tient plus à coeur, après que GLENN HUGUES était de retour et m ainte­ Je ne sais pas, et ce n’est pas très important.
ton expérience blues ? nant tout le monde sait que GLENN HUGUES Je crois que tous me connaissent très bien et
L’album de blues est très bon, mais le dernier e st q u e lq u 'u n de s é rie u x . Et je ve u x q u ’ils a d o re n t m a v o ix . C e q u ’ils v e u le n t, c ’e st
est davantage un album de GLENN HUGUES. sachent que je suis, je pense, le meilleur chan­ m’entendre chanter. Alors, c’est ce que je Jy *
Ce q u ’il c o n tie n t est p lu s lib re , p lu s a c c ro ­ teur blanc viva n t a ctu elle m e n t (N dj : !?!), en fais !
cheur... même temps que je les remercie pour leur aide.
- DISCOGRAPHIE -
Quels sont les sujets que tu abordes dans J ’ai com me l ’impression que tu n ’aim es pas
ces chansons ? trop p arler du passé...
(Safari-1977)
Je parle de la foi, la culpabilité, la peur, l’amour Non. Je crois que le passé est le passé. Il est ‘Play Me O ut”
et l’honnêteté. J ’ai toujours parlé de ça. Du cou­ derrière nous maintenant, alors... Je n’ai pas eu ‘Blues” (R oadrunner-1993)
rage, de la bonté aussi. que des bons m om ents, des bons souvenirs ‘From Now On” (Roadrunner-1993)
alors je préfère ne penser qu’au futur.
M êm e sur "B lues” ? - Avec BLACK SABBATH :
M oins. M ais c ’était un projet à part dans ma Alors parlons de l ’avenir. Quel sera-t-il pou r “Seventh Star” (Vertigo-1986)
carrière, même s’il a été très bien accueilli. Tout toi ? •A v e c DEEP PURPLE :
le monde me disait de le faire, et j'en avais très Beaucoup de travail. Je vais bosser très dur. Et “ Burn” (Purple-1973)
envie. Mais ce n’était pas un véritable album de je veux aussi jo u e r devant le public français “Storm bringer” (Purple-1974)
GLENN HUGUES. que j’aime beaucoup. J ’espère que cela se fera
“Corne Taste The Band” (P u rp le -1975)
Penses-tu que tu enregistreras un deuxièm e en juin ou en juillet de cette année. Peut-être
album de ce genre dans le futur ? cinq concerts, par là...
/ ‘Made In Europe” (P u rp le -1 976)/

ROCK STYLE N'4 - Avril/Mai 1994 21


Vos réactions
“Henry’s Dream” qui est l’une des m usiciens qui com posent le grou­ être une d is trib u tio n fran çaise
plus belles et rageuses pièces du pe actuel et bien sur les album s par MSI...
maître ? Com m ent peux-tu rester sortis depuis le très bon "Pressure
ainsi apâti (sic... apathique ?) lors­ Point" “ “ Dis-moi cher Erudit (Oups, je me
q u ’il s’agit d ’un live alors que les -Dominique Cavallo (59)- suis trompé de canard), je cherche
S E E D S n o u s o ffr e n t u n e d e s de p uis lo n g te m p s l’in té g ra le CD
m e ille u re s p e rfo r m a n c e s en Voila une q u e s tio n q u ’elle est de cette artiste française honteu­
concert actuellem ent ? Com m ent b o n n e I Rien à me d e m a n d e r sem ent sous-estim ée q u ’est Karen
peux-tu ainsi encenser "The Good c o n c e rn a n t “ R e p r is e Cheryl. T ’as pas un tuyau ?"
Son” qui reste la plus m ielleuse et R e c o rd s ” ... Hein ? C ’est sûr ? -Henry Chauveau (75)-
sirupeuse galette gravée C ave ? En f a it , le g ro u p e de A N D Y
Dés d e m ain, je m 'in itie aux p ra ­ LATIMER se porte plutôt bien et Ta g u e u le G a u th e r o t, on t ’ a
LOUANGES tiques vaudou afin de t’e n fon ce r il est fort probable que celui-ci reconnu...
d a n s le s é a n t le p lu s ro u illé de nous d o n n e de ses n o u ve lle s
“Juste quelques lignes pour vous mes clous II Enfin, je cesse là mes d a n s les p a g e s du p ro c h a in “Cher Rockstyle, mes amis,
dire que pour la première fois, j ’ai éructations. Sache que je ne t'en numéro. H e u ... c ’est q u a n d vo u s v o u le z
trou vé un m ag a zin e de rock qui veux pas, et te laisse le loisir de te pour m ’interview er, moi, l'unique,
parle uniq u em e n t de la m usique racheter. Tu vois, je suis fin a le ­ "Ou peu t-o n tro u ve r “ N o m zam o ” le seul, le d e rn ie r b a s tio n de la
q u e j ’ a im e . C e la fa it c h a u d au ment clém ent.” d ’IQ en CD ?” chanson française de qualité...”
c o e u r de v o ir q u e l’on e s t pas -Renaud Guiiiem in (94)- -Albert Ducic (75) -Jean-Louis M. (Terrien)-
seul..." Et en co re, vous n ’avez pas lu
- C . Sibret (4 1 )- certaines chroniques à paraître Le groupe de Peter Nicholls tra­ T a n t q u e tu c o n t in u e r a s à
de ce gastéropode mou de Gau- v a ille en ce m o m e n t s u r la r a c o n te r n ’ im p o r te q u o i s u r
“ Enfin un magazine rock qui parle therot ou du Petshopboyophile réédition de tous ses album s, à BREL, tu pourras t ’accrocher...
de musique et pas de la culotte de d e D u m a tra y ! Au f a it , c ’e s t paraître en CD chez GEP. Peut-
tel ou tel rock star bidon.” Jean-Philippe Vennin avec deux
-Dominique Cavallo (59)- “n”. Pas d ’insultes, merci... !
La lettre sélectionée
“ Merci, de m ’avoir fait savoir que “J ’ai décidé il y a quelque tem ps
la planète Prog’ est toujours habi­ de m ’inscrire à Blue Angel, le fan- “Chers amis de Rockstyle,
tée, que Peter HAM M ILL ne rame club de Marillion, mais je ne vois DUMATRAY travaille avec vous, et je me demande bien pour­
pas, que je ne suis pas vieux, rin­ rie n v e n ir d e p u is p a s m a l de quoi. Car DUMATRAY me fait bien rire (Ndr : Nous aussi !),
gard, dépassé, parce que le rock tem ps.” avec ses idées toutes faites et ces lieux communs ridicules
q u e j ’é c o u te e s t jo u é p a r d e s -Franck Riva (06)- concernant le “portrait-type” (?) du fan de progressif. Je vais
musiciens, des artisans pour qui la de suite mettre un terme à ses élucubrations (vindicatives ?) à
m usique est plus im portante que V o u s n ’ê te s pas le p re m ie r à ce sujet : je représente un groupe d’amis amateurs de prog”,
l’a ttitu de et la b eauté de l’objet n ou s fa ire re m a rq u e r le d y s ­ et aucun d’entre nous, malgré de louables tentatives, ne s’est
plus vitale que le prix. Bon rock, f o n c tio n n e m e n t du fa n - c lu b reconnu dans ce portrait, publié dans un canard de hard.
bon style, bon vent." fra n ç a is de M arillio n . M êm e si DUMATRAY présente le fan de prog’ comme un individu into­
(Illisible...) nous en avons fait la promotion lérant et musicalement fermé. C’est faux. En ce qui me concer­
dernièrem ent, il est évident que ne, j’aime aussi beaucoup de groupes qui n’appartiennent pas
"Merci de ne pas faire de discrim i­ nou s ne c a u tio n n o n s pas les à la mouvance progressive... Et je ne vous parle même pas de
nation m usicale. M erci de parler carences et le “j ’m ’en-foutism e” musique classique, car je suis capable vous en tartiner trois
de groupes et des fanzines. Merci de ses dirigeants. Désolé, nous pages, et ce n’est pas le propos. Je n’ai donc rien a apprendre
d ’exister.” n ’avons aucune solution à vous du sieur DUMATRAY en matière d’ouverture et de tolérance. Il
-Christian M oncourier (93)- a p p o rte r, sinon de c ro is e r les est à ce propos cocasse que cette remarque déplaisante
doigts et de patienter... concernant l’intégrisme musical des fans de Prog’ paraisse
Vous sem blez être étonnés p a r dans une revue de hard. On pourrait en effet discuter longue­
la diversité des genres abordés “Je suis conscient que “ R eprise” ment de la tolérance proverbiale des Trashers... Nous n’avons
dans le m agazine : p o u rq u o i ? est un label, hélas M ike O ldfield pas non plus, mes amis et mol, la prétention d’être ou de nous
E n fin , s i ça v o u s p la ît , ta n t n’y est pas rattaché. Ce bon vieux prendre pour des intellectuels. Pour ma part, je veux certes
m ie u x ! D ’a u t r e p a r t, le s m ik a e l (s ic ) se p ro d u it s u r son me cultiver et élargir au maximum mes horizons, mais je ne
g ro u p e s e t fa n z in e s s o n t une propre label, “Oldfield Music Over- sais pas si cela fait de moi un intellectuel, et de toute façon, ce
fo is d e p lu s in v it é s à n o u s seas” sous licence "W arner UK” et genre d’attitude ne se limite pas aux fans de Prog’. Remarque
e n v o y e r e x e m p la ire s , d ém os, est distribué par "W EA” . “ Reprise” par conséquent parfaitement inutile de la part de H.D. Une fois
bouteilles de Scotch et autres : n ’a ya n t d onc rien n ’a y v o ir... A de plus. Ce journaliste (au demeurant talentueux, quand il
m erci d ’avance. part cela, j’ajoute qu’il est facile de parle de ce qu’il connaît) a donc pondu à mon sens un article
publier une lettre “en la tronquant" fort critiquable, tant du point de vue du fond que de la forme.
CRITIQUES v o u s é ta n t d e s tin é e en fa is a n t Car ce papier n’avait pas lieu d’être : sommes-nous donc des
p a s s e r so n a u te u r p o u r le singes avides de cacahuètes, que l’on veuille à toute force
"Le CD-Reviews est notamment... méchant petit canard sans culture nous enfermer dans un cadre si étroit ? Chaque amateur de
hum... bien ! Mais c’est bouleversé et votre rédaction pour le chevalier Prog’ est différent monsieur DUMATRAY, et c’est pourquoi j’ai
p a r une s o rd id e v is io n , là, à la b la n c o ffu s q u é . J ’a tte n d s d o n c ressenti votre article comme une profonde insulte. Peut-être
page 58, que je m’absous de toute votre Mea Culpa dont je doute que devrions nous privilégier INDOCHINE, DURAN DURAN ou les
autre form e de com plim ents. J ’en vous aurez l’honnêteté de le faire PET SHOP BOYS pour avoir le privilège de vous plaire ? C’est
bat l’a ir de rage, agitant à la fois publier. “ trop nous demander. N’y voyez pas la un quelconque dédain,
bras et jam bes, sans aucune har­ -Nicolas Juan (67)- mais l’expression légitime il me semble d’un goût personnel.
m onie de m ouvem ent, ce qui, si Mea C ulpa. V oila, vous l’avez, Oui, nous aimons ASIA, E.L.P., PENDRAGON ou I.Q. et je tiens
v o u s m e v o y ie z , p o u rra it v o u s e s p è c e de c a n a rd , v o tre M ea quant à moi STEVE HOWE pour un prodige de la six-cordes, et
faire penser que je génocide une Culpa. Bon, trêve de p laisante­ JON ANDERSON pour la plus belle voix du rock. Cela vous
colonie de m ouches... C ’est avec r ie s , N ic o la s J u a n ( II, la semble ringard ? Faites en donc un article vengeur. Pour ma
des soulèvem ents arythm iques de r e v a n c h e ...) au lie u de v o u s part, je vous emmerde monsieur DUMATRAY. Longue vie à
l’e s to m a c que je lis la c ritiq u e , faire enregistrer des K7 par vos ROCKSTYLE.
non, l’infâme râle visant le live de p o te s , a c h e te z p lu tô t les CD -
l ’ in c ritic a b le , et j ’ in s is te , N IC K p ou r y lire les cré d its ou té lé ­ phane Laurent (67) -
CAVE. Qui es-tu, toi, Jean-Philip- p h o n e z à W E A . En e s p é r a n t
pe V e n in , c h a m a lo w m o rp h e , vous lire une troisièm e fois, on Merci de votre lettre, claire, nette, précise. Mais ne croyez-
huître amococadizée, dévoreur de s ’amuse tellem ent... vous pas que vous auriez dû l’envoyer à notre confrère de la
V alium , ou s im p le m e n t engourdi presse hard dans lequel est paru l’article Incriminé, tant il est
du lo b e c é ré b ra l, q ui c o n trib u e QUESTIONS vrai que ce magazine n’a reçu aucune réaction suite à ce
chez toute personne normalement “J ’ai appris dans vos pages que le papier signé Dudu. il attend d’ailleurs vos prises de positioni,°
cérébrée à développer le goût de s u b lis s im e C A M E L e x is ta it to u ­ mais à la Rédaction de Hard Force, cette fois-ci...
la b o n n e m u s iq u e ! C o m m e n t jours, et j ’aim erais bien en savoir
p e u x -tu a in s i t ’ en p re n d re à un peu plus. En particulier sur les

22 ROCK STYLE AP4 - Avril/Mai 1994


15
PLACES
DE
CONCERT
LO C A T IO N S :
Disquaires de Besançon - CIJ Besançon
Clé de S ol - Nugget's (M ontbéliard
Coullenot (Beaune)
BESANÇON - Lundi 2 mai 1994 FB 7V' CO (Cham pagnole)
Telestation (Vesoul)
Boite à disks (Gray)
20 li 30 = Salle Le Montjoye Disc'n co (Dole)
M elody (Vesoul)
Virgo (Pontarlier
Etablissem ent Buffard
FNAC (Mulhouse - Dijon - B el fort)

Pour remporter une place de concert pour aller voir M A R IL L IO N le 2 mai à


Besançon, il vous faut tout d'abord répondre
Nouvel aux deux questi ons suivantes :
album :
"brave" 1 - Comment s'appelle le chanteur actuel de Marillion ?
(EMI)
2 - Citez les noms des deux albums live sortis par Marillion?.
Remplisse z le cadre ci dessous après l'avoir découpé, photocopié ou recopié, et
ren voyez le avant le 25 Avril. Un tirage au sort déte rmi nera les gagnants.

CO NCOURS MARILLION
Nom : ___________________ Prénom : __________
A dresse :
Code postal : Ville :
R é p o n s e n°1 R é p o n s e n°2 :

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 23


Eclipsés depuis leur "R ecycler” de 1990, les ZZ TOP reviennent a ujourd’hui exhi­
ber leurs faces pileuses à l’occasion de la sortie de leur nouvel album “ Antenna” .
Affaissés dans de confortables fauteuils, planqués derrière les lunettes noires et
les c a s q u e tte s H arley, les m ains a lo u rd ie s par m o u lt bagues et g o u rm e tte s
DUSTY HILL et BILLY GIBBONS ressem blent à leurs caricatures. Je regarde avec
une curiosité d ’entom ologiste ces barbes qui sont leur trade-m ark depuis quinze
ans... Et ZZ TOP, ces p e tits-fils prodigues de ROBERT JOHNSON, bouchers à
C adillac du h ard-bo og ie, ido les de to u s les ve nd eu rs de lo tio n c a p illa ire de
l’Ouest, répondent à mes questions avec leur hum our flegm atique légendaire.
(par Ombeline)
T
Vous a v e z p lu s ou m o in s a b a n d o n n é la n’a pas fait de zèle I C ’est pas évident de jouer "Dans les années 30,
on appelai! le
technologie dans cet album, pourquoi ?- des cuivres, tu sais. M ais j ’aim e é couter cet
- D U S TY - On ne l’a pas abandonnée. On s’en album. II faut un certain travail pour adapter les
est un peu éloignés. C ’est sim ple, cet album
n’avait pas besoin de technologie. Il est plus
chansons au contexte de la scène, pour faire
les v e rs io n s liv e ... Je ne p o u rra is pas d ire logo de
direct, plus orienté vers une rythm ique basse-
batterie, il ne fait pas appel à la technologie.
lequel je préfère, je les aime tous les deux, ils
sont différents...
"ti'ancke de viande"
- BILLY - On a écrit les chansons à trois, et on
a pensé que le feeling était suffisant, alors la Dans “C over Your R ig ” ( “couvre ton m â t”),
p a rc e que <z était
technologie est passé à l’arrière-plan. vous parlez du SIDA, qui est l ’un des grands
problèm es au jo u rd ’hui...
rond et rouge..."
Est-ce une pause ou un abandon définitif ?■ - BILLY - Nous n'en “parlons” pas...
D U S T Y - Il ne fa u t ja m a is d ire ja m a is . Les
choses évoluent si rapidement... Bill (N dr : leur GUNS d isparaîtraient. On ne laisserait pas les gens
producteur) suit les progrès de la technologie, creve r de faim , ou m ourir de m aladies q u ’on
et d ’ici l’e n re g is tre m e n t du nouvel album un Vous l ’é v o q u e z ... Q ue p e n s e z -v o u s d ’un peut soigner facilement.
n o u vea u jo u e t s e ra s o rti, a ve c le q u e l no u s autre g rand problèm e aux Etats-Unis, celui - B IL L Y - Passons à autre chose.
pourrons nous amuser. Parfois, on ne peut pas de la prolifération des arm es à feu ? Ce type
résister à la tentation... Je trouve que “Antenna" qui a déchargé son flingue dans un wagon Pourquoi avoir quitté WEA, votre maison de
reflète bien le groupe. Il sonne bien ZZ TOP. de train et a tué une dizaine de personnes ? disques ?
Forcément ! Ce serait grave s’il ne sonnait pas - D U S T Y - (Gêné) Il y a problèm e partout où - DU S TY - On ne les a pas “quittés” . Le contrat
comme nous (rires). des gens se font tuer. Je ne voudrais pas me a expiré avec notre dernière tournée.
lancer dans des considérations politiques, euh, - B IL L Y - Il y a une expression m arrante aux
Q u ’est-ce q ui vous avait am enés à u tiliser il y a des tas de problèm es et celui-là en est un States à propos de RCA (N dr : le u r nouvelle
ces synthés, ces boîtes à rythm es ? parmi d ’autres. Mais partout des gens se font m aison de disques.) Dans les années trente, on
- B ILLY - On traînait dans les clubs, il y avait tuer, des gens crèvent de faim. Des gens crè­ ap p elait le logo de RCA “tranche de v ia n d e ”
tous ces sons nouveaux, on voulait savoir d ’où vent de faim parce que les arm es empêchent la parce que c’était rond et rouge... alors on s’est
ils venaient... La m usique synthétique est arri­ nourriture de passer, m ais ce ne sont pas les d it : on va a lle r où y 'a de la v ia n d e et (en
vée dans les clubs, puis elle est devenue à la armes elles-mêm es, ce sont ceux qui les tien­ choeur) s’en payer une tranche !!!
mode, elle est passée à la radio et pour trois nent, ceux-là qui décident de la situation.
gars du T e xa s qui jo u a ie n t du b lu e s c ’é ta it Deuxièm e blague ! (rires).
magique, ces sons nouveaux, si lourds. Tout le Donc vous dites : “Ce n ’est p as l ’arm e qui - D U S TY - A cette époque, plein de gens par­
monde pensait, tout ça c’est des machines, pas tue, c ’e s t l ’h o m m e ” ? ( “G u n s d o n ’t k ill laient à notre manager, de différents labels, et
de la musique, c’est “léger’’. Mais pour nous au people, people kill p e o p le ” est le slogan des RCA montrait beaucoup d'enthousiasm e : c ’est
contraire certains de ces sons étaient vraim ent adversaires du Gun Control aux USA). ce que nous avons apprécié. Nous avons pris
heavy. - DU S TY - Je ne dirais pas ça comme ça, c’est beaucoup de p laisir à travailler avec W arner.
un peu de la connerie, mais il y a l’idée... parce Nous n’avons jam ais eu aucun problèm e avec
Quoi p a r exem ple ? q ue si les g e n s a v a ie n t a sse z de c o n n a is ­ e u x. N o u s re s to n s trè s s a tis fa its de c e tte
- BILLY - Il y avait ce groupe belge qui s’appe­ sances en histoire pour sa vo ir que l’histoire, longue co lla b o ra tio n . A vant ça on é ta it chez
lait TELEX, très avant-garde, très heavy... et vous êtes condam nés à la répéter si vous n’en London Records, au tout début de notre carriè-
d ’autres groupes... je ne me souviens pas des tire z pas des le ço n s, s ’ ils
noms... c ’étaient les sons surtout... c o m p re n a ie n t ça, pas mal
de p ro b lè m e s se r é s o u ­
HUMOUR, TOUJOURS... draient d'eux-m êm es.
- B ILLY - C ’est juste un pro­
Vous êtes donc influencés p a r ce qui passe blème spécifique de plus qui
à la radio ? Le grunge ? rappelle aux homm es que la
- B IL L Y - Pour ça, on a de la chance, parce base de la re s p o n s a b ilité ,
qu’une fois de plus on se retrouve en adéqua­ c'est la nécessité de pouvoir
tion avec un m ouvem ent à la mode. La base du justifier leur conduite quelle
grunge, c’est : agir d ’abord, penser après. Ca qu'elle soit. Euh... la percep­
nous convient I tio n du bien et le m al est
- D U S T Y - O n a fa it c e tte c h a n s o n , il y a e s s e n tie lle . Et le s n o m ­
quelques années, qui s’appelait “La Grunge” !!! breuses voies par lesquelles
(rires) (Ndr :La Grange, hit de 1974). le bien et le mal se m anifes­
te n t so n t é g a le m e n t c h a r­
C ’é ta it la p re m iè re b la g u e de l ’in te rv ie w , gées de cette responsabili­
m erci I (rires). Vous avez dit q u ’”E lim inator” té ,a u ssi le p ro b lè m e vie n t
était votre m eilleur album et q u ’il serait diffi­ de l ’ in té r ie u r , il v ie n t de
cile p ou r vous de faire mieux. Pensez-vous l’in d ivid u , de son ch o ix de
y avoir réussi avec “A n te n n a ? ” vie.
D U S TY - “ Eliminator” et “Afterburner"... Je trou­ - DU S TY - Si vous changez
ve qu"'Afterburner” sonne mieux encore qu"'Eli- v o tre p e rc e p tio n , si v o u s
m inator” . M ais “ E lim inator” ... “ Legs” ... J ’adore a ssu m e z la re s p o n s a b ilité
cette chanson. Mais elle im posait l’utilisation de de vos actes, l’éducation, je
la technologie. Il y a q u e lques années, on a veux dire, euh... pas besoin
écrit deux-trois chansons et on a pensé qu’il d ’ ê tre un g é n ie , si v o u s
fa lla it des s a x o p h o n e s , a lo rs on a a p p ris à avez su ffisa m m e n t de bon
jouer... huit notes (rires), le minimum quoi, on sens, pas mal de problèmes

ROCK STYLE N 4 ■Avril/Mai 1994 25


re, puis on est passés chez W arner des seventies, j ’étais pas fana du
qui était pour ainsi d ire de l’autre d is c o m a is ça a p lu à c e rta in s .
côté de la rue... M ais il y a eu de bonnes choses
dans les années 80, à mon avis.
Est-ce que le fait de chan ger de
m a is o n de d is q u e s re p ré s e n te V o u s é c o u t e z le s g ro u p e s
p o u r vous un nouveau départ ? d ’a u jo u rd ’h u i?
- D U S T Y - Pas v ra im e n t un n o u ­ - DUSTY- Bien sûr.
v e a u d é p a r t, p a rc e q u ’on jo u e
ensem ble depuis trop longtem ps ; Lesquels ?
m ais c ’est e x c ita n t, oui. Faire un - B IL L Y - C ette sem aine ? Parce
nouvel album est excitant. En fait, que ça change, tu sais I
je vais te dire : nous, on ne part pas - D U S T Y - Tout ce qui passe à la
en tournée pour faire de la prom o­ radio.
tion de l’album, on sort des albums
pour pouvoir partir en tournée I Les M ais vous n ’a im e z p a s tou t ce
concerts, c’est ce qu ’on préfère. Là, q ui p asse à la radio ?
on est quasi prêts pour la tournée - D U S T Y - Non.
et on est tout excités ! - B IL L Y - C ’ e s t la m a g ie de la
radio. En fait le mot antenna est un peu plus
3+1=3 rom antique que satellite de télécom m unication

Vous n ’avez jam ais eu envie d ’expériences


"A)o+re prem ier album (rires), m ais il fait toute la différence. Q uand
vous passez vos disques chez vous, CD, ca s­
solo, d ’aller jo u e r avec d ’autres personnes
- B ILLY - Nous avons assez à faire pour rester
? s'intitula il settes, ou je ne sais quoi, vous savez ce qui
va venir, vous avez p e u t-ê tre fa it votre p ro ­
ensemble. Ca nous dem ande vraim ent 100 % 2 2 T O P 's First Album ! g ra m m a tio n ... M a is la ra d io , c ’e s t c o m m e

Ç a nous a demandé,
de notre énergie. Un soir, on a laissé un type pêcher dans l’océan.
nous rejoindre sur scène, et on a défié les lois
de la physique, parce que 3 + 1 font 4, ce qui
fa it plus, et ce s o ir-là 3 + 1 d o n n a it un son beaucoup d e réflexion ! Vous ne s a v ez ja m a is s u r q uo i vous allez
to m b e r, u ne c h a u s s u re ou un p o is s o n !
moindre !!! (rires).
- D U S TY - Billy s’est pointé, il a débranché la
(rires)" (rires).
- B IL L Y - Je suis tom bé sur un tas de chaus­
guitare du type, et le son est devenu plus gros sures à la radio la sem aine dernière !!! (rires).
!!! (rires).
P o u r q u o i a v o ir la is s é to m b e r le s titr e s
C ’était qui ? m exicains p o u r vos album s ?
- DU S TY - On l’dira pas I C’est aussi un ami et - D U S TY - Notre prem ier album s’intitulait “ZZ
on ne voudrait pas se fâcher. Mais il s’est m on­ T O P ’s First Album ” ! (rires). Ca nous a dem an­
tré compréhensif, il ne nous en a pas voulu. On dé beaucoup de réflexion I (rires). Les titres
le dit toujours, jouer à trois, c ’est ce qu’on pré­ m exicains, “Très H om bres” , “ Deguello” , “ Fan­
fère. Ce soir-là, on regardait autour de nous, il da n go ” , on a juste pensé que ça collait bien
y a quelques chose qui cloche... (il fait m ine de La m oustache de DALI est aussi intéressan­ aux album s. Puis il y a eu les titres en “ r” :
débrancher un fil) Ah I Nous y voilà I ... Blague te que votre barbe ! “A fte rb u rn e r", “ E lim in a to r” , “ R e c y c le r” ... la
n° 3 I (rires). - D U S T Y - Et presque aussi longue ! (rires). période "r".

Vous avez aussi jo u é avec ERIC CLAPTO N Y a -t’ll un artiste en p articulier qui vous aie Et “Antenna ” ?
un soir. Il ne vous ressem ble pas trop : il est donné envie d ’être m usicien ? - D U S TY - C ’est une nouvelle période I (rires).
sérieux, concentré... - DU S TY - J ’ai comm encé à chanter à huit ans. - B IL L Y - Le pro ch a in , on le fa it à V ie n n a !
- D U S TY - Je ne sais pas, ce m ec est plutôt Je ne sais pas combien de décisions capitales (rires). Ca dégénère...
marrant. (Il montre Billy) Je les ai surpris tous on prend à l’âge de huit ans. Tu sais, l’idée
les deux en train de jouer aux dés, à discuter d’être autre chose que musicien ne m’a jam ais Q u ’e s t-c e q ue vous v o u d rie z é c o u te r au
des stratagèm es du jeu de dés, c’était assez effleuré. Aussi, je me nourrissais de tout ce que m om ent de m o u rir ?
drôle. j ’é c o u ta is , et si tu me d e m a n d e s si j ’ai été - B ILLY - Peut-être “Slightly Drunk" de JIM MY
- BILLY - Je le trouvais sérieux jusqu’à ce qu’il influencé par untel ou untel, je répondrai proba­ RODGERS.
vienne backstage et dise," ok, vous venez jouer blement oui à tous. Ca fait partie des caracté­ - D U S TY - (Il réfléchit) J ’aim erais entendre...
?" On a dit : “jouer quoi ?" On n’a rien préparé ! ristiques du musicien, tout digérer. Je sais que s’ouvrir les portes du paradis !!! (rires).
et il a dit Q u ’est-ce que vous pensez d ’un ce n’est pas la réponse que tu attends (rires)...
shuffle en si, “Sweet Home Chicago" ? Ca ne passe pas à la radio...
- D U S T Y - A la fin du c o n c e rt on a ja m m é V o us a v e z jo u é a v e c H E N D R IX e t le s - D U S TY - (Rires) Oui, c ’est quoi ce groupe
ensemble sur cette chanson. STONES... R egrettez-vous les sixties et les ???
- B IL L Y - C ’était marrant. seventies, comme c ’est la mode aujourd’hui? &
- DU S TY - C ’était intéressant. - D U S TY - Les sixties étaient une période for­

Quels sont v o s artistes


m idable pour la m usique, une période explosi­
f - D I S C O G R A P H IE - A
ve, tout le m onde e ssa ya it des trucs qui
p ré fé ré s? Q ui vous a n ’a v a ie n t ja m a is été e x p é ri­
le plus influencé ? m entés auparavant. Il y “ZZ Top's First Album ” (London-1970)
- D U S T Y - P ica sso ... a eu pas mal d ’erreurs “ Rio Grande M ud” (London-1972)
C ’é ta it une m au va ise de faites, mais plein de “Très Hom bres” (London-1973)
blague ! Il y en a bonnes choses en sont “Fandango” (London-1975)
ta n t, in flu e n c e s sorties. Tout le m onde “T ejas” (London-1977)
d ’h ie r, in flu e n c e s a d e s o p in io n s d iffé ­ “The Best of ZZ T op ” (London-1978)
d ’a u jo u rd ’h u i... Je r e n te s , v o u s a u re z “Deguello” (W EA-1979)
ne s a is p a s où v in g t o p in io n s d if f é ­ “E lL o c o ” (W EA-1981)
comm encer... rentes, c ’est ce qui est “Elim inator” (W EA-1982)
- B IL L Y - J ’ ai b ie n g é n ia l avec la
“Afterburner” (W EA-1985)
a im é sa p re m iè re m u s iq u e . A lo r s , ce
“Six Pack” (W EA-1987)
ré p o n s e , p a rce q u ’on q u ’une personne pense
n o u s a s u rn o m m é s des six tie s ou des se v e n ­ “Recycler” (W EA-1990)
“Les Salvador Dali du ties n’a pas grande im por­ “Greatest Hits” (W EA-1992)
Delta” ! tance. “Antenna” (RCA/BGM -1994)

P a rc e q u e v o u s tû M a is c ’e s t u n e te n d a n c e ROCKSTYLE vous c o n s e ille :


étiez fous ? r générale, le regret des sixties “Fandango” / “The Best of ZZ T op ” /
- DU S TY - O uais I et des seventies... ‘Elim inator” / “Afterburner” / “Antenna”
(rires). - D U S TY - J ’ai bien aim é les sixties et le début

26 ROCK STYLE N ‘t ■Avril/Mai 1994


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Pink FI yd

-1994 : L'année Floyd -


PINK FLOYD revient. Et quand le Flamant Rose sort de sa torpeur dorée, les autres groupes peuvent
trembler. Car tout nouvel album des géants britanniques écrase littéralement le reste de la production
discographique. Une fois de plus, la bande à GILMOUR va squatter les charts, les télés, les ondes radio
et, en septembre, les stades français pour une série de concerts qui s’annoncent technologiquement
inégalés et inégalables. Comme d’habitude. Le spectacle total. Dans ces conditions, a-t-on encore vrai­
ment besoin de parler du FLOYD alors que tout est joué et gagné d’avance pour eux ?
Oui, répondons-nous. Car PINK FLOYD est et restera un groupe unique, tant musicalement
qu’humainement. Une bien longue histoire que la sienne, riche et mouvementée,
écrite à travers les décennies par des musiciens tourmentés,
complexes et géniaux. Déchirements, succès, argent, drogue et gloire, c’est ce que nous
vous proposons dans cet encart spécial.
En guise de hors-d’oeuvre et en attendant septembre...

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 D o s s ie r P IN K F L O Y D - 1


ink FI
- 1966-71 : Les conquérants - - "W ÊLCO M Ê T O réputation, son équilibre... et son avenir : “Julia
Dream", “ Point Me At The Sky", "17” , “Green Is
Signe des te m p s, les p re m iè re s a p p a ritio n s T fl< £ M A C -H IA J Ê " - The Colour” . C ’est sur scène que tout se joue :
scéniques de PINK FLOYD se font lors de soi- récupérant l'idée de spectacle total de Syd, la
rées-événem ents o rg anisées par les g ro u p e ­
m e n ts et les m a g a z in e s “ u n d e rg ro u n d " du
STORV m ettant au service d'une m usique en train de
se définir, PINK FLOYD élabore une certaine
“swinging London” : rébellion, m ouvem ent alter­ idée du sp e ctacle rock qui reste a u jo u rd ’hui
natif, structures collectives et m écènes am bi­ 1 9 6 6 -1 9 9 3 encore sa marque de fabrique. C’est l'époque
tieux. Par exemple, fête "Spontaneous Under­ des co n ce rts co n ce pts avec les deux suites
ground" au Marquee Club le 13 mars 66 et lan­ (p a r T l\o in a s É^ramei*) "The M an” (qui correspond en gros à “G rant-
cement du magazine “ International Tim es” à la c h e s te r M e a d o w s ” , “ B id in g My T im e ” , “ The
Roundhouse le 11 octobre 66. Le groupe, qui Grand Vizier’s Garden Party 3” , “Cymbaline") et
tire son nom des b luesm en g é o rg ie n s PINK “The Journey” (“Green Is The C o lo u f, “Careful
ANDERSON et FLOYD COUNCIL, est décidé à W ith That Axe Eugene” , "The Narrovv W ay 3” ,
p ro fite r de la v a g u e p o u r fa ire b o u g e r les B A R R ETT qui s’em pêtre dans ses acides et “A Saucerful Of Secrets”) présentées le 14 avril
c h o s e s : S Y D B A R R E T T ( g u ita r e + v o ix ) , ses visions, qui ne sait plus où m ener le grou­ 69 au Royal Festival Hall de Londres et jouées
R O G E R W A T E R S (b a s s e ), R IC H A R D pe, et qui se fait rem placer par un copain des ju s q u ’en n o ve m b re de la m êm e année, des
W RIG HT (claviers) et NICK MASON (batterie) quatre, un certain DAVID GILMOUR, un allumé tournées sérieuses à l'étranger (troisième tour-
sont bourrés d'am bition. PINK FLOYD joue du lui aussi m ais un surdoué du m anche et une
rhythm 'n’blues speedé et très fort pour couvrir sacré béquille pour ce PINK FLOYD qui part en
ses h é s ita tio n s ; le s q u e lq u e s té m o ig n a g e s yaourt : Roger, Nick et Richard en ont marre du
existants des co n ce rts de cette période sont délire, ils veulent un succès décent et sérieux.
u n a n im e s : in a u d ib le . M ais un iq u e, le pavé Fin d ’une époque.
dans la mare de la pop music hésitante et de Des constructions plus posées et plus limpides,
l'Angleterre ultra-conform iste : à part "Sergeant une musique qui se veut évocatrice et envoû­
"Pm l< F lo y d
Pepper’s” , l’expérim entation vient des USA, les tante, une inspiration nouvelle pour la science-
clubs ce sera pour plus tard, et les STONES... fiction (thème cher à Roger et Richard et que
sont des voyous, c’est bien connu. Derrière ces Syd prisait peu). PINK FLOYD va se chercher, v a s e c h e r c h e .0 to u t e n
bringues g éantes te m arginales, derrière cet tout en souffrant du legs de Syd, le pape-m artyr
aspect “speedé” et éphémère, il y a Syd, per­ de tout un courant. Ce sera la grande époque s o u j|ila n t d u le g s d e S y d ,
sonnalité extraordinaire, génie m audit, qui va d ’un tourbillon d ’album s expérim entaux, aucun
entraîner PIN K FLO YD vers des horizons un ne ressem blant à l’autre : pop plus ou m oins le p a p e - M ^ > lt y r d e

to u t un c o u ra n t"

née américaine 9 avril-30 mai 70, tournée m on­


d ia le “ A to m H e a rt M o th e r" 12 s e p te m b re -3
d é c e m b re 7 0 ... et à p ro p o s , P IN K F LO Y D
n’était pas à W oodstock !) et des concerts avec
orchestre pour “Atom Heart Mother" (festival de
M ontreux le 18 septem bre 70, tournée e u ro ­
péenne 23 ja n vie r-2 0 avril 71). C’est surtout
l’époque de l’album live d "’U m m agum m a” , qui
im p o s e ju s q u 'à "D a rk S id e O f T h e M o o n "
l'im age de PINK FLOYD : les suites sidérales,
les sons atmosphériques, les plongées hypno­
tiques. Curieux comme, alors que PINK FLOYD
tâtonne de disque en disque, sa perform ance
s cé n iq u e s o it au c o n tra ire une p ro g re s s io n
ré g u liè re , le c o n d u is a n t le n te m e n t v e rs la
légende : l’im age qu'on a, m êm e aujourd'hui,
du PIN K FLO YD d ’a va n t "D ark S ide O f The
Moon", c ’est celle des concerts. Tout le monde
peu plus acceptables. Avec l’album “The Piper spatiale de "A Saucerful Of Secrets" (29 juin vous racontera par exemple que PINK FLOYD
At The Gates Of Daw n” (5 août 1967) et trois 1968), bric-à-brac sonore de “M ore” (27 juillet prenait le thé sur scène. Oui, ils l'ont fait. Une
singles, le groupe décolle et fait connaître sa 1969), rech e rch e s in stru m e n tales d '” Um m a- fois. A Sheffield, le 22 décembre 70, lors d’une
pop acidulée m êlée d ’hallucinations sexuelles gum m a” (25 octobre 1969), collaboration d is­ des rares interprétations live d”’Alan’s Psyche-
et de mythologie anglaise : LEWIS CAROLL et cutable avec RON GEESIN pour l’orchestration delic Breakfast” .
les co m p tin e s. M ais PINK FLO YD refuse de b a ro q u e , a m p o u lé e et é to u ffa n te d ’” A tom
jouer ses tubes sur scène, préfère s’em barquer H e a rt M o th e r” (10 o c to b re 1970) : q u a tre - 1971-77 : Les stars -
dans de longs m artèlem ents distordus avec un albums en 2 ans, plus les concerts : un m ara­
volum e d'enfer et des projections de couleurs thon I PINK FLOYD apprend surtout à com po­ 71-72 est la période du grand tournant : appari­
dans tous les sens : ce groupe cherche une s e r d e s ch a n s o n s . Il ne les jo u e ra pas su r tion des classiques éternels du groupe, envolée
a utre façon de fa ire de la m usique. Et vo ilà scè n e , m ais e lle s fe ro n t b e a u co u p p o u r sa de P IN K F L O Y D v e rs le s ta tu t de g ro u p e

D o s s ie r P IN K F L O Y D - I I ROCK STYLE AA4 - AvrWMai 1994


m ajeur : la gloire. grandioses... et en même temps, un groupe qui
Le 22 avril 71 est joué pour la première fois, à se m b le p e rd re pied : en 7 3 -7 4 , ce s o n t les
l'Université de Norwich, un long morceau intitu­ groupes "durs” qui l’em portent : les STONES,
lé "The Return Of The Son Of Nothing", que le et surtout la seule m achine aussi grosse que
groupe va longtem ps roder et qui finira sur la PINK FLOYD : LED ZEPPELIN. Le FLOYD de
se co n de face de “ M e d d le ” (30 o cto bre 71) 74-77 est celui du doute, de l’angoisse et du
sous le nom d ’"Echoes” . Un chef d'oeuvre. Et malaise. Pour le conjurer, PINK FLOYD, à son
pourtant PINK FLOYD semble hésiter. Le 3 juin habitude, fonce sur la route avec de nouveaux
72 sort “La V a llé e ”, B.O. facile, à la va-vite, morceaux à peine ébauchés et va suer et pei­
peu in sp iré, et le d isq u e le m oins réussi de ner sur scène pour secouer l’engourdissem ent
to u te sa c a rriè re . Or ce tte a n n é e -là , to u t le de la g lo ire : ce se ra l’é p oque m y th iq u e de
monde attend cette CHOSE que PINK FLOYD “ Shine On”, “ Raving And Drooling” et “Gotta Be
a présenté lors de la tournée anglaise (20 jan- Crazy” . Le groupe joue toujours “The Dark Side
" .A v e c vier-20 février 72), une longue "piece for assor- Of The M oon” en entier mais semble vouloir se
ted lu n a tic s ” in titu lé e “ E clip se d ” . M ais PINK renouveler et secouer son public en tran sfo r­
D a r l< S i d e O f T h e yVloon, F LO Y D ve u t fra p p e r fo rt, pre n d son te m p s, mant le début de chaque concert en atelier où
tourne sans cesse, inaugure à l'autom ne 72 la s'élaborent et se polissent les nouveaux m or­
P ih l< P lo y d v ie n t d 'a c h e v e r projection de films sur le grand écran rond, et ce a u x. S u iv e n t les d e u x a lb u m s s u b lim e s .
se réfugie en studio quand il le peut, peaufinant D ’a b o rd , “W ish You W ere H e re ” (12 s e p ­
lentem ent “ E clipsed” sur scène et s’efforçant tembre 75). Curieux comme celui qu ’on retient
u n e c e u v re n A ajeurey
d ’enregistrer le résultat. Genèse longue et labo­ comm e l’album le plus “spatial” du groupe est
rieuse, et le 23 mars 73 voit enfin la sortie de ce lu i à la p ré p a ra tio n la p lu s d o u lo u re u s e ,
d 'u n e o r ig in a lité a b s o lu e , “The Dark Side Of The M oon”. l’album du regret et du manque, celui de l’incer­
P IN K F L O Y D v ie n t d ’a c h e v e r u n e o e u v re titude face à son succès trop fort et trop rapide.
q u i c o n q u ie r t le p u b lic m a je u re , d ’ u ne o r ig in a lité a b s o lu e , q u i Un certain retour am er sur l'époque BARRETT
conquiert le public et attire les lauriers de la cri­ (“ S h in e On You C ra zy D ia m o n d ” e st à son
e t a t t ir e les la u r ie r s d e la tique. L’errance sonore - géniale et productive, sujet) comme pour oublier tout l'intervalle qui a
certes, mais ô combien hasardeuse - est term i­ jeté PINK FLOYD dans l'impasse. L’emballage
née, PINK FLOYD, avec “ Echoes" et "The Dark est une mise en form e géniale du
c r itiq u e " S id e O f T h e M o o n ” a tro u v é so n s o n , sa c o n c e p t de l’alb u m : les q u a tre
m usique et son style. Ce “space rock” ensorce­ é lé m e n ts , c ’ e s t- à - d ir e to u t,
leur, cette musique si riche et si simple (réécou­ s’échappent : le feu brûle le cadre
tez “ Echoes” : en fait, c’est un blues I), cette de la photo, le sable
façon d ’o rg a n ise r des croisiè re s m entales et (version desséchée et
émotionnelles accessibles à tous vont faire LE m o rte de la te rre )
PINK FLOYD classique de 72 à 77. En termes s ’ é c o u le d e rr iè r e
de p u b lic et de v e n te s , le g ro u p e e xp lo se , c o m m e l ’ e a u de la
touche toutes les classes, tous les âges : une pochette intérieure, l'air s’échappe
v a le u r sû re , la m usiqu e d e s g a m in s et des d è s q u 'o n o u v re la
PDG , la b a n de -so n des d o cu m e n ta ire s à la pochette en plastique
télé. noir. Et il y a une carte
P IN K FLO Y D vit très m al sa g lo ire et entre postale pour envoyer
dans une étrange période de co n tra d ictio n : son S O S .. R é su lta ts
succès toujours croissant, entrée dans le rock dégoûtants : un succès colossal,
“établi” aux côtés des BEATLES, concerts tou­ le groupe baisse les bras, épuisé,
jo u rs plus grands et spectacles toujours plus in c a p a b le d e fa ire

ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994 D o s s ie r P IN K F L O Y D - I I I


face. Pas de tournée. “A n im a is ” (23 ja n vie r se risquer chaque soir à l’incertitude entre le
77). Scandale. PINK FLOYD a ressorti “Raving grandiose et le pathétique. Lors de ces to u r­
An Drooling” et “Gotta Be Crazy" pour en faire n é e s , p r in c ip a le m e n t a m é r ic a in e s , P IN K
“Sheep” et "Dogs” . Il se fait descendre au nom FLO YD découvre avec d o u le u r com bien son
de l’intégrité du rock, on l’accuse de prendre succès le prend de court : il doit faire face à des
son public à rebrousse-poil et de s’auto-sabo- stades de 50.000 gam ins qui hurlent plus fort
ter, de racler les fonds de tiroirs alors qu'il vient que lui, et il faut le faire ! Le 6 juillet 77, à M ont­
de lancer son album le plus fort. PINK FLOYD réal, ROGER W ATERS explose et engueule le
est peut-être devenu la tribune de Roger, mais public qui l'empêche de chanter “ Pigs On The
il s’éclate et se ressuscite dans cette musique Wing 2". La coupe est pleine, le mur qui s’est
dure, furieuse, accusatrice. S ’il existe un équi­ " L e m a la is e élevé entre le public et le groupe ne le met plus
valent sonore de la terreur, c’est le solo central à l’abri. A la fin du show, W ATERS rassurera le
de "Pigs” : dents fracassées sur un rebord de public, prendra l’incident à la légère, et ils se
la va b o et sang qui é c la b o u sse le ta b lie r du
d 'jA h im a ls la n c e ro n t d a n s un b lu e s b o n e n fa n t, en
bourreau : le son de la douleur, largem ent à la co pains, com m e à la g rande ép o qu e 70-71.
hauteur des SEX PISTO LS ou des DAM NED d e v ie n t a c c u s a t io n : Mais dès qu’ils auront quitté la scène, quelque
d ’ailleurs. Puisque PINK FLOYD se débattait chose se ra te rm in é : PIN K FLO Y D v ie n t de
dans son malaise, il a choisi de s’en arracher " jA n o th e r .B ric k donner son dernier concert “normal". Fin d’une
par le haut, en affrontant la violence et la peur, époque.
en les m atérialisant sur vinyle et sur scène. C7n C he W a l l 2"
1976 a été l’a n n é e v id e , P IN K F LO Y D e st - 1979-93 : Les géants -
devenu le repoussoir de la nouvelle génération
du rock : l’iconoclasme des punks proclam e la s y m b o lis e r a p o u r PINK FLOYD change radicalem ent d ’attitude,
déchéance des superstars dont le FLOYD est se retirant de plus en plus dans l’exil doré des
le sym bole : passé de mode, hors du temps, lo n g tem p s^ m ie u x q u e m illiardaires. Les projets solo éclosent, en parti­
P IN K F LO Y D e st d e v e n u une lé g e n d e , un culier ceux de DAVID GILMOUR (78 et 84) et
m y th e , et un s u c c è s a s s u ré en te rm e s de les P is to ls ; la ré v o lte de ROGER W ATERS (84, 87 et 92, plus “The
ventes. Les tournées, 8 avril-5 juillet 75, culm i­ W a ll live in B e rlin ” en 9 0 ), p e n d a n t que le
nant et ii FLO Y D refu se de m ou rir, a ya n t e n co re des
s ’achevant au
u v e rn ie ch o se s à d ire. A ve c le d o u b le -a lb u m “The
fe s tiv a l de W all” (30 novembre 79), exploration de la dure
Knebworth, et condition de rock-star et “The Final C ut” (21
mars 83), réflexion sur la décadence de l’A ngle­
terre, tous deux en partie autobiographiques de
Roger, la musique se transform e radicalem ent :
idées et émotions se concertent, PINK FLOYD
met bout à bout des m orceaux de une à trois
23 janvier-6 juillet 77, sont des entre­ FLOYD a retrouvé une musique si personnelle, m inutes et abandonne les longues pièces de
p ris e s sa n s p ré c é d e n t : si paradoxalem ent brute et humaine qu’il suffira vingt. Le m alaise d ’”A nim als” devient accusa­
sh o w tita n e s q u e et son d ’un trè s lé g e r m an q u e de c o n v ic tio n p o u r tion : “Another brick in the wall 2" sym bolisera
a p o c a ly p tiq u e . Et p o u r­ tra n sfo rm e r le raz-d e -m a rée v o lca n iq u e des pour longtem ps, m ieux que les PIS TO LS, la
tant. Il y aura des soirs où soirs “avec" en la grotesque pantom im e préten­ révolte juvénile. P a ra doxalem ent, “The W all"
la sauce ne prendra pas, tieuse des soirs “sans” . Belle preuve d'honnête­ est le prem ier album des années 80 : m orceaux
où tout ce déballage ne pourra m as­ té de la part de ces superstars englouties par le de trois m inutes, ch e ve ux co u rts et drogues
q u e r ni la fa tig u e ni l ’ e n n u i. P IN K show-biz que de se mettre ainsi à l’épreuve, de d u re s . Le ré s u lta t e st b o u le v e rs a n t. P IN K

D o s s ie r PINK FLOYD IV - ROCK STYLE N 4 ■Avril/Mai 1994


FLOYD, renouvelé, choque autant ses anciens to u te s ses n o u ve a u té s p e n d a n t la p re m iè re
fans qu’il séduit toute une nouvelle génération, h e u re de ses c o n ce rts, com m e à la g ra n d e
“ M o th e r” et "C o m fo rta b ly N u m b" s e ro n t les époque, et il faut de l’inconscience pour le faire
hymnes nouveaux des cours de collège. Ceux tant on a descendu cet album. Ce sera pour les
qui, com m e moi, ont dé co uve rt “The W a ll” à nouvelles générations l’occasion de découvrir ce
d o u z e a n s s a v e n t de q u o i je p a rle I P IN K phénom ène qu’est PINK FLOYD sur scène, et
FLOYD vient de placer son second disque parmi de s ’im aginer un instant repartir quinze ans en
les dix plus gros succès de toute l’histoire de la arrière. La tournée s’achève le 18 ju illet 89 à
musique. En 1982, “The Wall" est transposé sur M arseille (et non pas à Venise, eh oui I), plus
écran par le réalisateur ALAN PARKER (“Mid- une apparition d’une heure au festival de Kneb-
night Express”, “Birdy” , “Angel Heart” ,...). Le rôle worth (30 juin 90). Elle sera ce que le groupe
vedette est attribué à BOB GELDOF, leader des aura jusque-là entrepris de plus gros, avec l’obli­
".A in si s o r t BO OM TOW N RATS. Film ultra-violent, noir et gatoire double-live à la clef ("Delicate Sound Of
d é s e s p é ré , "T h e W a ll” e s t p ré s e n té h o rs - T hunder” le 22 novem bre 88) alors que PINK
A A ^ o m e n ta r y J _ a p s e c o n c o u rs à C a n n e s c e tte m êm e a n n é e . Et FLOYD avait été le SEUL géant des 70’s à ne
même si les tensions entre W ATERS et PAR­ pas avoir sorti le sien dans le tem ps. S uccès
O f R eason, KER furent qu o tidien n e s, le résu lta t final est mondial sans se fouler et pactole gigantesque, la
époustouflant, mêlant avec un rare bonheur la tournée la plus critiquée de toute l’histoire du
musique du FLOYD aux scènes de bravoure et rock (p ro fito n s -e n p o u r ra p p e le r à c e u x qui
u n e s o r te d e D a r k S i d e O f
aux animations terrifiantes de GERALD SCAR- reprochent au trio de se faire accompagner que
FE. PINK FLOYD n’a plus JAMAIS joué à quatre sur
TheM oon F M / une Les intervalles croissants entre chaque album scène depuis le 18 mai 73. Eh oui...), mais la
m ontrent que personne ne sait plus vraim ent preuve que PINK FLOYD, bien vivant, au-delà
T ^ o lls -T ^ o y c e g la m ou r quoi faire de ce groupe, Roger affirme avoir mis d ’une musique trop sûre et d’un empire financier
un term e à la carrière de PINK FLOYD, mais p la n é ta ire , se p la ît s u r s c è n e et
m e tta n t a g r é a b le m e n t permet du coup aux trois autres d ’assumer libre­ enchante un public de toutes façons
ment et joyeusement leur statut de mégastars et conquis. Le 11 octobre 87 (ou plutôt
de profiter de la nouvelle situation de l’industrie le m atin du 12...), PINK FLOYD se ________
le s ty le d u g r o u p e m usicale de la fin des 8 0 ’s : la consécration paie même le luxe d ’aller jouer une
a u to sa tisfa ite et la rétro a ctio n cu m u la tive du heure de rhythm ’n’blues dans un bar de New
a u g o u t d u jo u r" star-system. Ainsi sort “A Momentary Lapse Of York. Chouette, non ?
R eason ” (8 septem bre 89), bouffée d ’a ir pur O n n ’ e s t p a s o b lig é d ’a im e r le s
pour un PINK FLOYD qui saute par-dessus la superstars, on peut a voir un faible
période W ATERS et accouche d ’une sorte de p o u r RO G ER W A TE R S
"Dark Side Of The Moon” FM, d ’une Rolls-Royce q u i, lu i, p re n d d e s
glamour nettement plus proche du PINK FLOYD risques au point de tour­
classique qu’on l’a prétendu, et mettant agréa­ ner en même tem ps que
blement le style du groupe au goût du jour. DAVID GILMO UR en 8 4 __________ _________
Alors qu’après 77, PINK FLOYD avait quasiment et que le FLOYD en 87,
abandonné la scène (“The Wall" n’a été joué que com m e s ’il VO U LA IT se ram asser,
30 fois, à Los Angeles, New York, Londres et mais il y a une chose contre laquelle
Dortmund, et le 17 juin 81 à Earl’s Court aura vu personne ne peut rien : que PINK
la dernière apparition de PINK FLOYD à quatre), FLOYD claque des doigts et il devient le plus
le s to u rn é e s c o lo s s a le s (9 s e p te m b re -1 0 grand g roupe du m onde. LA lé g e n de . A ussi
décembre 87, 23 janvier-23 août 88 et 13 m ai-18 fa c ile q u e ça . La p re u v e ce m o is -c i a v e c
ju ille t 89) vo ie n t rep a rtir sur la route le PINK l’album , et un été qui sera “ Floyd". C ’est ■>
FLOYD de toujours, qui a le courage d’asséner comme ça.

ROCKSTYLE AA4 - Avril/Mai 1994 D o s s ie r PINK FLOYD - V


P IN K 1
® - DAVID GILMOUR - ®
DAVID GILMOUR a mis beaucoup de temps avant de prendre sa place au sein du groupe.
Timide et réservé, guitariste sensible, il a du mal à composer quelque chose de cohérent du
premier coup. C’est lui qui a mis le plus de temps à composer sa demi-face pour le disque
“Ummagumma”, demandant à WATERS de l’aider... 11 préfère travailler sur un morceau
dont la trame est déjà frémissante, donnant un couplet de “Dogs”, le thème de “Comforta-
bly numb”, mais surtout trouvant le son, les arrangements et tous les détails qui font “le
son” PINK FLOYD. On sent tout le travail de GILMOUR sur “A Momentary Lapse Of
Reason”, aussi bien que sur ses deux albums solo (qui sont des recueils de thèmes qu’il a
emmagasiné au cours des années, sans pouvoir les exploiter au sein de PINK FLOYD),
dont la forme est du FLOYD. mais dont il manque toute l’âme, et l’acidité. Autant
WATERS est bouillant et travaille dans l’urgence, autant GILMOUR est froid, calme et
prend du recul. Il est aussi le seul véritable musicien du groupe, développant un jeu 1res
caractéristique, il est reconnu comme un maître. 11 a aussi un grand coeur, aidant de nom­
breux artistes en tant que producteur ou musicien de sessions, ou pour leur décrocher des
contrats. Il a participé à un nombre incroyable de disques, de SAM BROWN à BLUE
PEARL, en passant par PETE TOWNSHEND, le Live Aid durant lequel il est apparu aux
côtés de BRIAN FERRY, sans oublier KATE BUSH qu’il a pris sous son aile dès 1972.
Tout comme NICK MASON, il est passionné de vieilles voilures et d’aviation. Ils ont par­
ticipé fin 92 à une course de vieilles voitures au Mexique qui est le thème de la vidéo “La
Carrera Panamericana”. Mais DAVID GILMOUR n’est pas un saint, il a quand même
récupéré le nom de PINK FLOYD au nez et à la barbe de WATERS, suite à un procès qui
a duré plus de trois ans et au cours duquel ils se sont battus comme des chiffonniers par
avocats interposés.
^ (Jean-Manuel Esnaidt) 0

® -R IC K W R IG H T - ®
RICHARD WRIGHT et NICK M ASO N sont toujours restés en retrait, même si
WRIGHT a eu une opportunité de mener la barque au moment du départ de SYD BAR-
RE'I’T. Mais son caractère doux a préféré laisser les tracas à d’autres et s ’éclipser
devant les personnalités plus fortes. On lui doit, entre autres, le superbe “Great gig in
the sky” et de grandes parties de “Shine on you crazy diamond 1-9”. Alors qu’il aurait
pu reprendre sa place au sein du groupe lors de la tournée “Delicate Sound Of Thun-
der”, il a préféré rester sous contrat plutôt que prendre sa part de contraintes, sortant de
sa retraite dorée en Grèce pour 200 dates entre 87 et 89.
0 (Jean-Manuel Esnault) 0

- NICK MASON
MASON est plus un alibi pour GILMOUR dans le nouveau PINK FLOYD qu’un
musicien à part entière. Doublé sur scène, on voit bien qu’il fait de la présence,
reconnaissant lui-même qu’il préfère payer un batteur plutôt que travailler la parties
les plus dures (de nombreux batteurs sont venus faire des sessions sur "The Wall” et
“Final Cut”), il n’a brillé qu’au temps de “A Saucerful O f Secrets”.
(||) {Jean-Manuel Esnnull) Qy

q s s ie r PINK FLOYD VI - ROCK STYLE N 4 - Avril/Mai 1994


'L O Y D "
THEM
966 - 19 9 4
1 ~ —

D - SYD BARRETT - ©
Début 66 , le jeune SY D BARRETT est reçu à
Camberwell, la crème des Art-schools, assez éloi­
gnée des Beaux Arts français puisque les étudiants
ont une grande latitude pour développer leur capa­
cité artistique, sans parti-pris didactique. C’est dans
ce m ilieu p ropice à l ’exp érim en tation q u ’il
découvre le psychédélisme (et l’acide, il faut bien le
dire !) et la culture classique dont il retiendra
notamment Shelley et Byron. Dès les premiers 45T, fa n ta s tiq u e ,
il apparait clairement comme le leader du groupe,
MASON, WRIGH T et WATERS étant quasiment c 'e s t c e q u e je p e n s e
réduits au rôle d’accompagnateurs, géniaux certes,
mais simples musiciens tout de même. Hélas, les s in c è re m e n t.
expérim entations en tout genre (premiers light- OU, a u fa it, leq u e l
shows, concerts en quadriphonie, enlisement dans
un rôle contraignant et usage de plus en plus incon­ d 'e n tr e vous e s t P in k
trôlé du LSD) et la pression du star-system précipi­ ("Hâve jA Cicjm'" - 1975)
tent l’inévitable : Syd pète les plombs et fugue à la
sortie du premier album ! Le magicien de Cambrid­
ge reparaît bientôt mais son état physique et mental © ©
se dégrade et pendant la première tournée LIS en
67, il est souvent rem placé. En janvier 6 8 , le
FLOYD contacte DAVID GILMOÜR pour secon­
der Syd : en avril, il quitte officiellement le groupe,
lessivé par les tournées et la pression médiatique
(euh... et l’acide !). On peut retrouver les traces de
cet essoufflem ent dans le pourtant superbe “Jug-
band blues”, son dernier titre pour le FLOYD.
Après un an de retrait total passé en villégiature 0 - ROGER WATERS - <Z
chez GILMOUR et chez sa mère, il sort son pre­ Lorsqu’il a franchi la porte de la suite d’un grand Hôtel parisien donnant sur la place de la Concorde,
mier album solo “The Madcap Laugh” en 69. Il je me suis demandé comment ce type avait pu rater une carrière de basketteur. Un géant dans la vie
nous démontre que même sans les artifices “psy­ mais aussi dans son art : la musique. Dire qu’il fut l’un des moteurs du Floyd dès le début est juste,
ché” de production, le talent simple et dépouillé est mais affirmer que le groupe lui doit ses meilleures années est le moindre des hommages que l’on doit
au rendez-vous. L’éponyme “Barrett” de 70 nous lui rendre. La fameuse trilogie “Dark Side”, “Wish You Where Here”, “Animais” lui doit tant... sans
offre un génie fatigué mais revenu d’une partie de parler de “The Wall”. Mais ce jour là, il devait me parler d”’Amused To Death”, qui venait alors de
ses errances passés, plus concis et bien plus cohé­ naître. Etait-ce sa stature, les cheveux un peu blanchis et les rides marquées sur son visage, laissant
rent, toujours assisté du FLOYD aux manettes. percer un regard très clair, toujours est-il que Waters, dès le début, imposait le respect.
Beaucoup plus tard sortira “Opel”, sympa mais très On m’en avait tellement dit sur lui, sur son ego surdimensionné, sur sa rudesse avec certains journa­
anecdotique, ultime témoignage discographique de listes qu’il invitait vivement à prendre la porte avant la fin espérée de l’interview... Mais ROGER
ce météore brûlé trop tôt par les feux de la rampe. WATERS n’est définitivem ent pas un personnage rigide ; droit (dans tous les sens du terme)
Alors tant pis pour la légende, SY D BARRETT conviendrait davantage. La franchise, il connaît bien, même si cela doit lui faire du tort. Les autres
n’est pas un dem i-dieu du rock, m ais un être membres du Floyd en revanche, il ne connaît plus. Mieux valait alors ne pas lui en parler. Lui parler
humain, sans doute plus doué pour écrire des titres de l’impact qu’il avait eu sur bon nombre de musiciens et plus généralement sur toute une génération
audacieux et intemporels que pour gérer une carriè­ ? Pourquoi pas, d’ailleurs, Roger en était parfaitement conscient. L’homme ne masque pas sa fièrté,
re de rock-star. “Wish you were here” : on les com­ c ’est son meilleur moyen de rester en harmonie avec lui même. L’équilibre fragile, le passage dans
prend ! Sans lui, rien ne sera plus jamais pareil ! les années 70, l’esprit du flower power, puis la gloire venue dès “Dark Side”, il les a digérés en
J) (Nicolas G aiitherot) © expulsant littéralement un “The Wall” rédempteur et auto-analytique. Car, c ’est un homme bon à la
base, et profondément humain. C’est pour cela qu’il ne méprisera jamais quelqu’un qui ne lui aurait
donné aucune raison de le faire. Attention, pas d’effusions, de viles flatteries “commerciales”, ça il
ne sait pas le faire non plus. Il reste dans son rôle, entier, répond aux questions avec une franchise et
une assurance parfois désarmantes. Oui, il admet que “Radio K.A.O.S” n’était pas à la hauteur de
son talent. Non, il n’a pas renoncé à être enfin reconnu pour ce qu’il est vraiment, c ’est à dire l’un
des musiciens les plus importants de l’ère contemporaine. Pourtant, sans le nom de PINK FLOYD, il
se plante avec une régularité flagrante et injuste. Car chez qui est l’âme aujourd’hui ? Chez Gilmour
et son cochon gonflable, ou dans le sourire malicieux du singe albinos du clip de “What God Wants”
? Pas de doute, si elle existe toujours, c ’est que Waters la détient, comme avant. Puisqu’il n’a pas fini
de courir après une reconnaissance légitime que la presse anglaise (particulièrement vache avec lui
comme elle l’est d’ailleurs avec tous ceux qui ont réussi un quelconque moment de leur vie) ne lui
accordera probablement jamais, alors il nous reste certainement de beaux moments à passer avec sa
musique. Mais pouvoir l’approcher ne fait qu’accentuer ce que l’on peut éprouver en écoutant son
oeuvre. Il est certainement tel que vous l’avez imaginé, si vous aimez ce qu’il dit avec sa musique.
Parce que quand on a la chance de rencontrer un maître, on le sait. Même intuitivement on le ressent.
El la dernière poignée de mains, le dernier “Thank you, hope to see you soon” ouvrent une porte vers
ailleurs. Mais on a conscience d’avoir rencontré un homme exceptionnel... Et c ’est difficile de faire
partager cela à d’autres ensuite.
© (H enry D um atray) Q)

ROCK STYLE Af 4 ■Avril/Mai 1994 D o s s ie r PINK FLOYD - VII


ink PI
- "TI;V\<£" -
les a lb u m s
1967 - 1994

T l\e P ip e r / \ t Tl\e. / \ Saucerful yV\oi*e Muvnaguinma


liâ te s O f D a \v i\ O f Seci'efs
(6 /Ml -1967) (6 /Ml -1968) (6 /Ml - 1969) (6 /Ml -1969)
G O O O O ------ -00333- 00033- - 0 0 3 0 0 —

Dès le titre, le ton


est donné. En effet,
ce “Joueur de flûte
aux p o r te s de
l ’a u b e ” est au
départ un p ilier de
la littérature anglo-
saxonne soi-disan-
te pour enfants, au
m ê m e t it r e q u e
"Alice au pays des Disque de transition... A b a n ­ A l’intérieur des contraintes Le p re m ie r C L A S S IQ U E .
m e r v e ille s ” ou don progressif (!) du psyché­ de la musique de film, mais Les versions live du prem ier
dans un a u tre délisme de BARRETT (présent p a r là -m ê m e lib é r é e s de d is q u e o n t fixé p o u r lo n g ­
r e g is tr e , “ W in n ie sur un seul titre) et élaboration l ’ im a g e "P in k F lo y d ", d e te m p s l’im age du g ro u p e :
l’ourson”. Et la fée qui s ’était penchée sur le ber­ du cocktail complexe qui sera p e tites pièces en vo ûta n te s sons spatiaux, lentes m o n ­
ceau de l’année 67 en lui donnant aussi les pre­ la recette du nouveau FLOYD. et inso lite s : “C irrus M inor” tées en p u issa n c e , soli de
miers albums d ’HENDRIX, des DOORS et du JEF- W ATER S im perturbable a ffir­ ou “The Crying Song” . Rete­ c la v ie rs à ra llo n g e , c h a n t
FERSON A IRPLANE continue son office avec ce me ses dons pour les longues n ir le s d e u x c la s s iq u e s c é le s te de D a v id d a n s “ A
manifeste du Londres psyché. La vedette : B AR­ plages planantes em preintes “ G re e n is th e c o lo u r" et Saucerful...” , et LE cri abys­
R E T T et sa v o ix in im ita b le , son jeu de g u ita re de scie n c e -fic tio n ave c “ Set “ C y m b a lin e ” , p ilie r s d e s sal de Roger dans “Careful
magnifié par une production révolutionnaire, ses the Controls for the heart of the co n ce rts ju s q u ’en 71, m ais with that axe Eugene" : toute
textes relevant de Tolkien, de l’ironie rock’n ’roll (le su n ", fu tu r g ra n d c la s s iq u e surtout le décapant “The nile la légende de PINK FLOYD.
très drôle “B ike”). Maître à bord et leader. Même si live. Le deuxième larron de ce song", le jeune et fougueux P eu à d ire d u s e c o n d
ses com parses co-signent deux titres avec lui et si PINK FLOYD rem odelé n’est D a vid q u i v ie n t m e ttre les disque, expérim entations en
W ATERS s ’affirm e dans “Take up thy stéthosco­ p a s le p e tit n o u v e a u G IL - pieds du punk-rock dans le solo qui ont su rto u t servi à
pe and vvalk”, ce prem ier FLOYD est une ode au M O U R , m a is W R IG H T , q u i p la t (la so u co u p e ?) de la bâtir des passages de “The
talent visionnaire de Syd. Et surtout, surtout, c ’est signe deux titres. On aboutit à p ro g ’ e xp é rim e n tale : vous man" et “The journey".
un d isq u e pop car au -d elà des a p p a re n ce s , on une o e u vre ban cale et sans avez dit STOOGES ? (T.G.)
trouve sa pitance de refrains m ém orables et sous u nité. T o u jo u rs d iffic ile , une (T.G.)
les arrang em ents d éconcertants se cachent des rupture... (N.G.)
c han son s s im p les et b elles. Inu tile de dire que
c ’est un c h e f-d ’oeuvre, mêm e s ’il est très à part O b s c u re d B y C lo u d s
jA to m M eddlc
dans la discographie du Flot Rose. Syd forever...
(N.G.) flenrt Mother
(6 ,Ml -1970) (6 /Ml -1971) (6 /Ml -1972)

T l\e D a r k S id e
------- « # o o o ---- ©@@oo- •0033-
O f T l\e M o on
(6 /Ml -1973)
— O O G O O ------

Le d is q u e q u i a
“fait” PINK FLOYD.
Ou qui a le plus fait
pour sa popularité.
Car m u sicalem ent,
on ne peut pas dire En s 'a s s o c ia n t a ve c RON Un g ra n d d is q u e . P lu s de Com m ent foirer lam entable­
que c ’est sur GEESIN, PINK FLOYD perd v in g t a n s a p rè s , on re s te m e n t ce q u e “ M o re ” a v a it
l’album au triangle quelque part un peu de sa encore sidéré par la qualité de réussi. S ch ro e de r, la issa n t
p e rs o n n a lité p ro p re . M ais la production, a vant-gardiste une totale liberté au groupe,
que le groupe attei­
b o n , ne s o y o n s p a s tro p (les FLO YD ont toujours été p e rm e t au g ro u p e de
g n it son s o m m e t.
m e s q u in , si "A to m H e a rt les p re m ie rs à se se rvir des s ’ e n g lu e r d a n s le m an q u e
M ais il fut num éro M o th e r" ("L a V a c h e ", en nouvelles technologies), p ré ­ d'inspiration : PINK FLOYD
1 F ra n c e I) en nA'ensgt le p
tearre
s unet cise et enrobée. “ Echoes” , du a la tê te a ille u r s , et p o u r
aux E tats-U nis (où disque essentiel dans la car­ haut de ses vingt m inutes et c a u s e : il e s t en tra in de
il était encore classé dans les charts dix ans plus rière du G rand Rose, c ’est des poussières, devient rapi­ peaufiner “The Dark Side Of
tard), et vendu à la pelle partout ailleurs : en Fran­ é g a le m e n t q u 'il tâ to n n e , dem ent le morceau référentiel The M oon” . La superbe intro
ce, seul “Les m arquises”, chef-d ’oeuvre d ’un Brel certes habilement, entre les de PF, son “2001” musical, sa “O bscured by clouds-W hen
agonisant parvint à battre ses chiffres de vente, e rr a n c e s c o s m iq u e s du q u ê te in itia tiq u e p la n a n te . you’re in...” sera quelquefois
quatre ans plus tard ! Produit par ALAN PARSON, passé et la perfection m élo­ D is q u e -p h a re de la p é rio d e jouée en concert, dans des
il fut com posé en groupe mais les textes étaient diq u e de ce qui va su ivre. p r é - ” D a rk S id e ", “ M e d d le ” v e rs io n s m a g is tr a le s , et
Un honnête disque de tran ­ a u jo u rd ’ hui e n c o re fa it les “ M u d m e n ” et s e s v o ix t r i­
tous signés W A TER S . Q u o iq u ’il en soit, la face
sition, en somme... beaux jo u rs des fum eurs de b a le s fo n t du P E T E R
cachée de la lune co n tien t q uelqu es in c o n to u r­
(T.B.) marijuana et continue d ’a gré­ G A B R IE L a va n t l’h e u re . A
nables et le FLOYD lui réservait encore une place menter les soirées interlopes part ça, le disque le m oins
de choix dans ses concerts de 88/89. des partouzeurs mondains. intéressant du groupe.
(J.P.V.) (T.B.) (T.G.)

D o s s ie r PINK FLOYD VIII - ROCK STYLE N 4 ■Avril/Mai 1994


ink, Oink, Woof, Woof»
Baaaaa..."
V\^isl\ Voit T l\e Final Cut / \ yM o m e n la i'y /Nniinals
Y \W e -Hère L ap se O f Reason
(£M I - -1975) ( t.\\ I -1983) (6/WI - -1987) (6/WI - *1977)
ooooo ooo@o--- 0 0 0 3 0 -O O O O O