Il est le meilleur homme après le prophète sans aucun doute. Il l’est par la foi
que contient son cœur.
Comme disait ‘Omar Ibn-Al-Khattab : « Si l’on devait peser la foi d’Abou-Bakr,
miséricorde sur lui, avec la foi des habitants de la terre, il l’emporterait sur eux !
» (As-Sunna/Al-Khalal/1155).
Le prophète l’aimait en Allah et attestait de sa grande foi qu’il traduisait par les
actes : « Il n’y a pas eue pour moi (le Messager d’Allah) plus grand soutien
qu’Abou-Bakr, qu’Allah l’agrée. Il m’a accommodé par sa personne et son argent
et ma marié à sa fille » (Silsilat-Sahiha/Albani/2214).
Abou-Bakr a surpassé les autres compagnons par son contenu cardiaque (du
cœur). Il était le premier à se sacrifier pour la religion et n’attendait l’aval de
personne.
Il ne contredisait jamais le prophète et suivais son ordre sans vaciller (ceci fut
prouvé à plusieurs reprises). Il a cru au prophète d’emblée lorsque
l’argumentaire lui fut parvenue. Il approuva le prophète lorsqu’il raconta son
ascension à partir de la mosquée sacrée de Jérusalem en disant : « S’il l’a
vraiment dit, il est véridique ! » (Sira-Nabawiya/Ibn-Kathir/2-103).
Au début de la mission du prophète, Abou-Bakr sacrifia tous ses biens dans la
voie d’Allah et lorsque le prophète lui posa la question : « O Abou-Bakr, qu’as-tu
laissé pour ta famille ? Il répondit : Je leur ai laissé Allah et son prophète ! »
(Michkat Al-Masabih/At-Tabrizi/Al-Albani/6021). Abou-Bakr était quelqu’un doté
d’une grande personnalité et était le plus proche du prophète au niveau des
qualités humaines. Il était très sensible au point qu’il pleurait à chaque salat,
mais il était aussi très courageux au point d’avoir reproché une fois à ‘Omar, qui
était très fort physiquement, de ne pas être aussi ferme que lui durant la guerre
d’apostasie : « Fort dans la Djahillya (étais-tu) ? Peureux dans l’Islam ! » (Tarikh
Al-Islam/Ad-Dhahabi/91).
Abou-Bakr supporta les piqures de scorpions et de serpents de peur de réveiller
le Messager d’Allah lorsqu’ils étaient tous deux dans la caverne. Ibn Al-Qayim a
dit : « Al-Siddiq était, qu’Allah l’agrée, le plus courageux de la communauté
après le Messager d’Allah. Et ‘Omar et d’autres étaient plus forts que lui, mais il
a surpassé les compagnons par la stabilité de son cœur dans chaque situation
parmi les situations où des montagnes auraient tremblé. Lui y était (dans ces
situations) affermi, plein d’assurance. Les courageux parmi les compagnons se
protégeaient auprès de lui ainsi que leur héros. Et lui les renforçais et les
encourageais »
Abou-Bakr avait surpassé tous les compagnons par les actes du cœur qui
étaient très élevés chez lui. Comme disait Ibn ‘Abdoullah Al-Mouzani : « Abou-
Bakr ne vous a pas devancé par la pluralité de ses jeûnes ou de ses prières,
mais par la chose que contient sa poitrine » (Thirmidhi/Nawadire).
Abou-Bakr As-Siddiq était ferme et stable, et beaucoup de ses prises de
positions l’ont prouvé. Citons son comportement lors de la trêve de Hudaybya :
Les clauses de la trêve étaient d’apparences très avilissantes aux yeux des
musulmans et aux yeux de ‘Omar. Ce dernier fut énervé à cause des
concessions concédées aux mécréants. Il dit à Abou-Bakr : «Ne sommes-nous
pas musulmans ? Il dit : Effectivement ! Il (‘Omar) dit : Ne sont-ils pas les
associateurs ? Il dit : Effectivement ! Il dit : Pourquoi nous attribuer
l’avilissement dans notre religion ? Abou-Bakr dit : O ‘Omar, accroches-toi à son
étrier (suis-le et ne le contredis point). J’atteste qu’il est le Messager d’Allah »
(Sira-An-Nabawiya/Ibn-Kathir/3-320).
Abou-Bakr savait que le prophète agissait par révélation et qu’Allah ne
délaisserait point son Messager. Il avait allié deux attributs cardiaques : La
soumission au décret divin et la certitude. Abou-Bakr savait faire preuve
d’adaptation en fonction de l’interlocuteur.
Pendant l’époque d’Al-Hudaybya, un associateur du nom de ‘Ourwa Ibn-
Mass’oud dit au prophète que s’il serait combattu, il serait délaissé par ses
compagnons. Abou-Bakr s’énerva et lui assena : « Va sucer le clitoris d’Al-Latte
(l’idole) ! Nous ! Allons fuir et le délaisser ? Il dit (au Messager) : Qui est-ce ? Ils
dirent : Abou-Bakr ! » (Sira-An-Nabawiya/Ibn-Kathir/3-331). Les savants ont
tirés de ce hadith une règle qui permet d’insulter un mécréant dans une
circonstance particulière, telle que celle-ci. Abou-Bakr prouva la grandeur de son
monothéisme lors de la mort du prophète, alors que tous les compagnons furent
déstabilisés et que certains pensaient qu’ils étaient délaissés à leur sort. ‘Omar
Al-Farouk monta même sur la chaire à Médine et dit : « Le Messager d’Allah
n’est pas mort, mais il est parti chez son Seigneur comme Moussa Ibn-‘Imrane
lorsqu’il s’absenta de son peuple durant quarante jours et il leur était revenu
alors qu’ils disaient qu’il était mort. Et par Allah le Messager d’Allah reviendra
comme était revenu Moussa et il découpera les mains des hommes et les pieds
de ceux qui ont prétendu qu’il est mort ». Abou-Bakr se rendit auprès du corps
du Messager, lui découvra le visage, l’embrassa et dit : « Par toi, mon père et
ma mère. Quant à la mort qu’Allah t’a prédestiné, tu l’as gouté et tu ne subiras
jamais plus de mort après celle-là ». Abou-Bakr rejoînt ‘Omar et essaya de le
faire taire. Les compagnons se dirigèrent tous vers Abou-Bakr laissant ‘Omar.
Après avoir loué et remercié Allah, Abou-Bakr dit : «O vous les gens, ceux
d’entre vous qui adorent Mohammed (par l’application de sa sunna), Mohammed
est mort. Quant à ceux qui adorent Allah, Allah est Vivant et ne meurt point »
(Tahdhib Sira-Ibn-Hicham/1-442).
Afin d’éradiquer toutes suspicions, je tiens à préciser que certains shiites
infusent dans le net avec le récit du jour du jeudi, insinuant que le Messager
voulait designer ‘Ali comme son successeur, et que ‘Omar se serait opposé à
tout écrit pour empêcher sa désignation.
Heureusement que nous avons les traditions prophétiques pour nous protéger
de tous les innovateurs qui veulent distiller leurs poisons. Un hadith Sahih vient
résoudre ce doute à tous jamais et faire d’Abou-Bakr le successeur légitime du
Messager. ‘Aicha a dit : « Le Messager d’Allah me dit lors de sa maladie : Appel-
moi Abou-Bakr ton père et ton frère afin que j’établis un écrit. J’ai peur que
certains postulants aspirent et qu’un prétendant ne dise : Je suis prioritaire !
Allah n’accepte ainsi que les croyants, qu’Abou-Bakr ! » (Sahih-Mouslim/4399).
Abou-Bakr démontra que sa succession ne pouvait être que d’ordre divin, et que
celle-ci était méritée.
Abou-Bakr fit preuve d’un courage hors-norme lors de l’apostasie des tribus
arabes. Même ‘Omar, malgrés sa perspicacité et son courage, ne fut pas sur la
même longueur d’onde d’Abou-Bakr à propos des abstenants de la zakat. Abou-
Bakr comprit que l’Islam était en danger. Les gens apostasiaient effectivement
en masse et sans une politique de répression sans faille, l’Islam pouvait
disparaître de l’Arabie. Cependant, Allah a ses hommes qui défendent la religion
dans ses périodes critiques. ‘Omar ne comprenait pas comment Abou-Bakr, qui
était plus érudit que lui, pouvait combattre des gens qui attestaient de la foi et
les considérer comme apostats. En effet, dès le moment qu’ils s’organisèrent en
bande armée et qu’ils refusèrent de payer la zakat au calife [mais ne la
refusaient pas au prophète qui n’était plus là], ils furent apostats. Ce refus par
les armes de payer l’impôt est un état d’élocution tacite de rejet de la décision
prophétique de déléguer tous les dépôts au calife du prophète.
Abou-Bakr répondit avec conviction à ‘Omar qui lui dit : « Comment combats-tu
les gens alors que le Messager d’Allah a dit : Il m’a été ordonné de combattre
les gens jusqu'à ce qu’ils disent qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah. Et celui qui la
professe, aura protégé de moi son sang et sa personne par son ayant droit, et
sa rétribution revient à Allah.
Il (Abou-Bakr) dit : Par Allah, je combattrai tous ceux qui sépareront la prière de
la zakat ! » (Sahih Al-Bokhari/1312). On peut s’imaginer ce qui se serait passé si
Abou-Bakr n’avait pas agi de la sorte. D’autres auraient refusés de prier, que
l’on applique sur eux les châtiments corporels, etc, ce qui aurait eu pour
conséquence un désordre énorme, d’autant plus que les petits dajjals
prétendant à une prophétie imaginaire, écloraient de toute part !
Ibn Taymmya a précisé qu’Abou-Bakr n’était point jaloux et qu’il n’avait point de
Ghibte (envie de posséder la même chose que l’envié sans souhaiter la perte de
son surplus). ‘Omar Ibn-Al-Khattab avait du Ghibte à l’égard d’Abou-Bakr qui le
dépassait toujours d’un empan dans tous les actes du cœur. Quant à Abou-Bakr,
il ne faisait guère attention aux créatures étant entièrement préoccupé par son
Créateur.
Voilà comment Abou-Bakr eut mérité la place de meilleur homme après le
prophète Mohammed.
Nous ceinturons ce chapitre par cette phrase qui illustre la personnalité d’Abou-
Bakr : « L’Islam a été préservé à deux reprises : l’une par la guerre d’apostasie
engagé par Abou-Bakr et l’autre avec l’affirmation de l’Imam Ahmad que le
Coran n’a pas été crée ! ».