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Nul n’est sans savoir qu’aujourd’hui, l’Etat moderne se définit par l’existence et l’exercice de
quelques missions qualifiées de régaliennes.
Selon la théorie de l’Etat-Providence, le pouvoir fiscal dont disposent les pouvoirs publics est une des
conditions d’existence de la souveraineté de l’Etat.
Autrement dit, un Etat qui n’est plus en mesure de faire respecter les obligations fiscales qu’il a fixé,
perd sensiblement un pan de sa souveraineté.
Dans une Afrique où le système économique est en perpétuelle mutation, prenant l’exemple sur ce
qui se fait dans les économies formalisées d’Europe et d’Amérique, il urge de s’intéresser et
d’évaluer les politiques économiques mises en place par les Etats afin de renflouer leurs caisses.
Cet aspect se révèle aussi en matière de son adhérence aux obligations fiscales souverainement
établies par l’Etat.
1 Max Weber, Le savant et le politique, trad. de l’all. par Catherine Colliot-Thélène, Paris, La
Découverte, 2003, p. 118.
Délimitation du sujet
– L’étude de l’infraction de fraude fiscale d’une manière générale et objective puis sur la nature de
cette infraction au Royaume du Maroc.
– La présentation du regard du législateur marocain sur ladite infraction et les retombées ou impacts
qu’a cette dernière sur la machine économique du Maroc.
– In fine de l’analyse, il s’agira tout simplement d’exposer la nature des réponses de l’appareil d’Etat
marocain contre la fraude fiscale et enfin d’évaluer ses réponses afin de porter un jugement critique
sur leur efficacité ou non.
Intérêt du sujet
L’intérêt porté à ce sujet se justifie par la réalité selon laquelle, l’économie marocaine, étant en plein
essor, nécessite de faire face de manière efficace à toute tentative de quelle que nature que ce soit,
visant à réduire les rentrées fiscales de l’Etat.
Le moyen privilégié par « les citoyens indélicats » est le recours à la fraude fiscale qui permet de se
soustraire de manière consciente et malhonnête à l’obligation de payer les impôts.
Et pour lutter efficacement contre ladite pratique, il faut d’abord la comprendre puis connaitre ses
manifestations et ses variantes.
C’est suite à ce travail d’analyse, qu’il sera possible de trouver les voies et moyens permettant à
l’appareil d’Etat de mettre en place une stratégie efficace de lutte contre ladite fraude.
Problématique
Le phénomène de la fraude fiscale apparait comme étant une sorte de peste ou de cancer qui infecte
en profondeur l’économie des pays auxquels il s’attaque.
Une autre réalité qu’il convient de rappeler ou de signaler est qu’elle n’est pas qu’une pratique qui
est circonscrite dans les « Pays du Sud » ou pays du Tiers- Monde mais au contraire même les pays
ayant une économie en apparence très formalisée et policée subissent les affres de ce phénomène.
D’où la nécessité de s’y pencher en profondeur afin d’en connaitre les tenants et les aboutissants.
Un regard observateur sur les paysages sociologiques des nations ou économies frappées par la
fraude fiscale démontre à suffisance que l’écart des classes sociales est bien patent et très visible.
D’où la nécessité de se poser des questions et de s’interroger sur les causes même insoupçonnées de
ladite fraude.
Est-ce parce que les Etats peinent à mettre en place une meilleure politique distributive des richesses
et ressources que les basses et moyennes classes se sentant marginalisées n’ont d’autre choix que de
se dérober à leurs obligations fiscales ?
Le principe du consentement l’impôt n’apparait-il pas dans les pays touchés par la fraude fiscale
comme étant beaucoup plus imposé qu’accepté ?
Quand des contribuables paient des sommes faramineuses au trésors public sans véritablement
savoir à quoi vont servir ces sommes, vers quelle destination se dirigent-t-elles et ignorent
totalement si on leur rendra compte de la manière dont ces impôts sont utilisés, il y a réellement de
quoi s’interroger.
Et ces interrogations méritent d’être au centre du débat public et des recherches universitaires ou
intellectuelles.
Comme le dit un adage populaire, le mal étant profond, pour l’éradiquer, il va falloir creuser très
bas…
« une pression fiscale élevée alourdit les coûts de l’entreprise et par conséquent décourage
l’entreprise à se développer et l’oblige à frauder
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A.Laffer a théorisé son idée par sa courbe dite « Courbe de Laffer » qui
montre bien que les rentrées fiscales diminuent à mesure que les taux d’impositioncroissent et à con
trario, ces rentrées augmentent à mesure que les tauxd’imposition sont réduits. Abondant dans la
même optique, M. V. TANZI estime que "
plus les taux d’imposition sont élevés, plus forte est la tentation de s’y soustraire. Et plus les taux
d’imposition augmentent, plus l’honnêteté se paiecher…
"
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P aragraphe 2 : Causes psychologiques
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la même gravité en fraudant le fisc qu’en allant voler des marchandises sur desétalages commerciaux
ou en allant vider une banque de ses substancesmonétaires. Comme le disait déjà un auteur Anglais
du XIV
ème
siècle, « Lefraudeur fiscal me plaît, c’est un voleur honnête, car il ne vole que l’Etat quin’est qu’une
abstraction. » Avec la croissance de la crise de conscience entregouvernés et gouvernants causée par
les multiples scandales de corruption et dedélinquance en col blanc dans les plus hautes sphères du
pouvoir, plusieurscontribuables viennent à se convaincre que
le
voleur , c’est l’État et que ceux quel’on qualifie de « fraudeurs » ne sont que des victimes non
consentantes.
En matière technique, la fraude est beaucoup plus due à la complexité et àl’extrême technicité du
système fiscal en lui-même.Il est vrai qu’à partir des années 80, des tentatives manifestes de
reformer le système fiscal afin de le rendre beaucoup plus simple, performant, rentable etéquitable
ont été entreprises. Néanmoins, il faut reconnaitre qu’il y subsisteencore à ce jour des dispositions
assez complexes pour le contribuable lambda
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P aragraphe 4 : Les causes juridiques
Ces causes tiennent beaucoup plus au fait que le principe du consentementà l’impôt n’a pas une
assise véritable dans nombre de pays du tiers monde dontle Maroc. A cet effet, sans langue de bois, il
est possible d’affirmer que
la prétendue légitimité de l’impôt est plus ou moins illusoire en ce sens que lecontribuable est très
souvent mis hors du processus de préparation de la loifiscale. C’est fort de ce constat que le
Professeur Pr. BENSALAH martèle que :" La fiscalité dans les pays du tiers monde est non
consensuelle, elle faitrarement « l’objet de débat
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N. Akesbi les coups tordus d'une politique fiscale mal ficelée, Libération du 12/2/1996 p. 1 et 3.
populaire »", il poursuit que " c’est un choix pur et simple desgouverneurs".
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Pour preuve, le Parlement qui est par essence le lieu où devraits’exercer la démocratie
représentative n’a pas assez de pouvoir et de prérogativeen matière de législation fiscale. C’est ainsi
que l’article 77 de la constitutiondispose que« Le gouvernement peut opposer, de manière motivée,
l'irrecevabilité àtoute proposition ou amendement formulé par les membres du Parlement
lorsqueleur adoption aurait pour conséquence, par rapport à la loi de finances, soit
unediminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation descharges publiques ».
Autrement dit, le Parlement (indirectement les citoyens) ales pieds et mains joints en matière de
proposition fiscale
Les causes de la fraude fiscale
Partie II : La fraude fiscale et ses modes de répression au Maroc
Afin de traiter cette thématique dans un souci d’éviter toute formed’incomp
réhension ou d’amalgame liée à la terminologie des différentes notionsà
évoquer, il convient d’établir un distinguo entre le concept de fraude fiscale
etles autres concepts qui lui sont similaires tels que l’évasion fiscale ou
encorel’optimisation fiscale.Evasion fiscale, fraude fiscale, optimisation
fiscale ou encore évitementfiscal… autant de termes employés pour
désigner une réalité sociale qui rongel’économie des pays ou ces pratiques
sont effectuées. Pour autant, il est difficileau citoyen lambda de cerner la
véritable signification sinon la quintessence même de ces notions. D’où la
nécessité de remonter aux origines de cesexpression afin de les éclaircir et
en élucider le sens.
La fraude fiscale
est définie comme la soustraction illégale à la loi fiscalede tout ou partie
de la matière imposable qu’elle devrait frapper
.
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L’optimisation fiscale
consiste à utiliser des procédés pour réduire au minimum les charges fiscales
d’une entreprise ou d’un particulier en se servant des dispositions
avantageuses de la loi sans se mettre en infraction avec les lois fiscales en
vigueur dans le pays
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.L’évasion fiscale
c’est le fait de soustraire une matière imposable(Revenu, capital) à
l’application de la loi fiscale en général, ou d’un tarif d’impôt particulier,
sans transgresser la lettre de la loi – ce qui correspondrait à la fraude
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Lexique des termes juridiques, 25
e
Ed, 2017-2018
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https: //www.pagny-associes.com/fiches-techniques/optimisation-fiscale
fiscale- en mettant systématiquement à profit toutes les possibilités de
minorerl’impôt, ouvertes soit par des règles soit par des lacunes.
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