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Synthèse théorique 

: les énoncés
explicites et implicites et la justification
de réponses à des questions.

Qu’est-ce que justifier1 ?

Le terme justifier présente différentes définitions et nuances.


Les voici :
 Défendre, disculper quelqu'un d'une accusation, le mettre hors de cause.
Ex : Justifier quelqu'un devant ses accusateurs.

Synonymes :blanchir - disculper - excuser - innocenter - laver - sauver

 Appuyer la réalité, l'exactitude de quelque chose par des preuves, des


documents.
Ex : Vous aurez à justifier le versement de cette somme.

Synonymes : confirmer - vérifier

 Faire admettre quelque chose, en établir le bien-fondé, la nécessité.


Ex : Le gouvernement a justifié sa décision par la situation économique.

Synonymes :autoriser - fonder - légitimer - motiver - permettre

 Faire apparaître quelque chose comme légitime, l'autoriser 


Ex : La fin ne saurait justifier les moyens.
 Montrer après coup que quelque chose n'était pas faux, mal fondé.
Ex : Ce garçon a pleinement justifié la confiance qu'on lui a témoignée.
  Mettre entre chaque mot d'une ligne en cours de composition l'espacement
nécessaire pour qu'elle ait la longueur requise.

1
LAROUSSE , Justifier sur le site de https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/justifier/45251,
page consultée le 25 octobre 2021.

1
La définition qui va nous intéresser dans ce parcours est la suivante : Appuyer la
réalité, l'exactitude de quelque chose par des preuves, des documents.

La justification scolaire écrite


DEFINITION

Genre oral ou écrit à dominante explicative. Il répond à un contrat asymétrique


d’information où un expose les raisons pour lesquelles sa réponse est valide à un tu,
faux naïf, tenu d’évaluer la validité de la justification.

On entend ici la justification scolaire (en réponse à une question, à une consigne) au
sens large du terme, c’est-à-dire comme développement, étayage de la réponse. Elle
correspond généralement à des consignes du type « justifie,
explique, illustre... ta réponse...2, » ou à des questions du type « Pourquoi,
comment... ».

CONTRAT DE COMMUNICATION

La justification à l’école implique un rapport asymétrique entre les partenaires de


la communication.
D’abord, parce que le je est tenu de faire savoir. Il répond à une instruction du tu
qui est en position d’autorité.
Ensuite, parce que le tu, s’il joue le rôle du naïf, est aussi en position de
supériorité de savoir et d’expertise et va devoir évaluer la validité de la
justification.

Le contrat présuppose une grande attention aux critères d’intelligibilité


(informations suffisantes et réduction des implicites) et de pertinence (adéquation
à la consigne ou à la procédure apprise, exactitude des connaissances
énoncées, explicitation du caractère non aléatoire de la réponse).

CARACTÉRISTIQUES (discursives, textuelles, linguistiques et matérielles)


 Énonciation :
- marques d’importation discours d’autrui.

2
Et des formulations proches du type « Donne des raisons, des explications, émets une hypothèse
pour expliquer », « car/parce que :...

2
 Structure discursive à dominante explicative :
- La justification explicative se réalise sous la forme d’illustration, de
comparaison, de raisonnement logique, ... Par exemple, la justification
d’une question du type « A et B sont-ils différents ? » se fera sur la forme
d’une comparaison (énoncé des critères et résultat de la comparaison).
 Organisation des contenus :

- présentation de la réponse à justifier ;


- explication : raisons fondant la réponse ;
- phase conclusive paraphrasable en « donc ».
 Dimension linguistique :

- recours au métalangage disciplinaire (vocabulaire de spécialité).

Remarque : justification et argumentation

La justification scolaire est proche de l’argumentation puisqu’il y a étayage,


justification, mais l’enjeu du je n’est pas de convaincre le tu du bien fondé de
ses propos puisqu’il n’y a pas au départ une thématique sujette à discussion.
Si la thématique est sujette à débat, la justification bascule vers des genres
argumentatifs.

Les trois formes de la justification

Justifier s’inscrit ici dans un contexte scolaire : celui de la réponse à une question ou
une consigne. La pratique de la justification répond à différentes visées qui ne seront
pas proposées, ni évaluées de la même façon. M.-H Forget 3 distingue trois formes de
justifications:

1. à visée démonstrative
2. à visée argumentative et/ou persuasive

à visée euristique.
Type 1 : L'élève justifie sa réponse pour montrer qu'il a raison, il est amené à
convoquer des savoirs établis. La visée est démonstrative, il n'y a qu'une seule
réponse possible. (accord grammatical, connaissances littéraires...par exemple).
3
Forget, M.-H., La justification orale  : un outil pour apprendre la grammaire. Vivre le primaire, 28 (2), 2015, pp.
14-15, sur le site
http://www.academia.edu/35923578/La_justification_un_outil_pour_apprendre_la_grammaire, page
consultée le 25 octobre 2021.

3
L’élève est alors en situation « basse » ou d’évaluation. Il a le fardeau de la preuve.
On peut nommer cette forme "justification logique ou démonstrative".
Type 2 : Dans d’autres cas, l’élève justifie ses dires pour faire valoir l’acceptabilité de
son propos. On pourrait parler d'une justification rhétorique. Il ne vise pas de prime
abord à convaincre son interlocuteur, mais bien de rendre son propos légitime aux
yeux de son interlocuteur en répondant, de manière fondée, à la question : Pourquoi
affirmes-tu cela ? (Ex : l’appréciation littéraire, le conseil, etc.) Le critique donne son
avis et le justifie.
Remarque :
Une controverse peut naitre d’un désaccord, ce qui provoque une bascule dans
l’argumentation proprement dite. Le débat semble possible si plusieurs réponses ou
solutions semblent possibles du point de vue des élèves. À ce moment, l’élève
justifie ses dires pour convaincre son interlocuteur d'adopter son avis. Lorsque dans
une discussion entre pairs, un élève est persuadé de l'exactitude de sa réponse, il
cherche à en convaincre les autres. L'approche dès lors s'attarde à l'effet persuasif
d'abord et avant tout : on cherche à convaincre, on s'oriente vers l'action immédiate.
« Voici pourquoi vous devriez penser comme moi. »

Type 3 : Dans d’autres cas (justification euristique), l’élève est invité à verbaliser
les raisons de ses choix ou positions, pour construire un savoir. C'est, par exemple,
le cas dans la situation où des élèves cherchent entre eux une solution à un
problème de langue ou de littérature dont ils ne connaissent pas encore la réponse.
Les justifications émises par les pairs et discutées conduisent progressivement à une
meilleure connaissance grammaticale ou littéraire. "C’est là que la justification orale
peut devenir, plus qu’un moyen de vérification des connaissances, un véritable outil
pour apprendre et se construire." (Forget).

Une modélisation4

S. Chartrand propose une modélisation de la justification scolaire:


4
Chartrand S.-G. , Enseigner à justifier ses propos de l'école à l'université, 2013.

4
Essai de formulation des critères de réussite d'une justification
écrite5

La modélisation linguistique initiale et la typologie des difficultés à rédiger une


justification [...], nous conduit à formuler de la façon suivante la liste des
critères de réussite de la justification :

 lndication préalable de la réponse permettant l'orientation du développement.

5
C. Garcia-Debanc, Apprendre à justifier par écrit une réponse, 1994 pp. 25-26.

5
 Exactitude de la réponse et des éléments convoqués pour la justification.

 Caractère non circulaire de la justification. (Exemples de justifications


circulaires : " ce texte est explicatif parce qu'il est explicatif " ou ( "ce texte est
explicatif parce qu'il explique que "...)

 Prise en compte effective du texte soumis à la lecture (et non récitation


mécanique de définitions apprises par coeur).

 Pertinence des indices relevés.

 Pertinence de la terminologie utilisée (métalangage pertinent conforme à la


discipline, au cadre de référence).

 Généralisation opérée (par exemple par un classement et une dénomination


d'indices lexicaux, sociologiques, psychologiques, marques de l'énonciation).

 Économie et concision. Ni trop, ni trop peu .

 Hiérarchisation des indices retenus (traits saillants de reconnaissance vs


reconstruction a posteriori d'un raisonnement).

 Prise en compte de la compréhension possible par le destinataire :


explicitation des étapes du raisonnement.

 Contrôle de I'implicite.

 Rédaction d'un texte suivi (vs liste utilisant la nominalisation).

 Pertinence des relations : preuve (= argument) / exemple / citation

 Insertion pertinente de citations : découpage, commentaire

Varier ses anaphores dans une justification

L’anaphore aussi appelée reprise anaphorique est un procédé courant par lequel un
mot fait référence à ce qui a été dit (anaphore à gauche) ou à ce qui va être dit (a. à
droite). 
L’interprétation de l’anaphore n’est possible que si l’on connaît son interprétant,
référent ou antécédent. Lorsque l’anaphore renvoie à droite, le lecteur voit sa tâche

6
compliquée puisqu’il ne dispose pas encore de la clé nécessaire à l’interprétation, le
sens de la phrase est en attente. 
Le terme de substitut désigne les différents mots ou groupes de mots qui peuvent en
remplacer un autre que l’auteur ne souhaite pas répéter de façon identique. 
Les procédés de substitution les plus courants sont les suivants : pronominalisation,
synonymie; hyperonymie/hyponymie, périphrase descriptive, généralisation... 

Les différents types d’anaphores:

1) Les anaphores nominales :

Un synonyme, c’est-à-dire un nom Exemple :


ayant la même signification que le Il y a des écoles où on invite des
premier. écrivains chaque année. Avant la venue
de ces auteurs, on prépare une
interview sur leur dernier livre.

Un terme générique, c’est-à-dire un Exemple :


nom désignant une catégorie à laquelle Pour compléter une tenue de fête,
appartient l’objet ou la personne Christina conseille d’acheter au
désigné(e) par le premier nom. minimum un collier, des boucles
d’oreilles et une pochette. Ces
accessoires, selon elle, sont
indispensables.
La répétition pure et simple de Exemple :
l’antécédent accompagné d’un Trois élèves ont été sélectionnés pour
déterminant défini ou démonstratif. participer à un concours de cuisine. Ce
concours offre de nombreux prix et,
notamment, 24 heures avec un chef
étoilé.

2) Les anaphores pronominales :


On remplace un mot ou un groupe de mots par un pronom. Le pronom prend le
genre et le nombre du nom qu’il remplace.

7
Il(s), elle(s) Exemple :
remplacent le sujet de la phrase Quand les élèves ont besoin
précédente. d’informations, ils consultent internet.

Celui-ci, ceux-ci, celle(s)— ci, ce(s) Exemple :


dernier(s), cette dernière, ces dernières.
Le directeur est tombé de son fauteuil.
Remplacent le complément de la phrase Celui-ci était tout cassé.
précédente.
=/= il était tout cassé (ce qui laisserait
sous-entendre que c’est le directeur qui
est tout cassé.

3) Les anaphores verbales

La reprise de ce qui précède se fait au Exemple :


moyen du verbe « faire » le plus souvent Certains pensent qu’Apollinaire a inventé
accompagné d’un pronom. les calligrammes. C’est inexact. Des
poètes du XVIe siècle l’avaient fait bien
avant lui.

4) Les anaphores adverbiales

La reprise de ce qui précède se fait au Exemple :


moyen d’un adverbe comme Beaucoup de touristes renoncent à partir en
ainsi, pareillement, là, là-bas. Afrique. « Là-bas, disent-ils, la sécurité
n’est pas suffisamment garantie. »

5) Un déterminant possessif : ce procédé consiste à utiliser un déterminant


possessif devant un nom désignant une partie, un aspect ou une
caractéristique de ce dont il a été question.

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Ma, mon, mes, sa, son ses, ton, ta, tes, Exemple :
notre, votre, leur, nos, vos, leurs Il y a des écoles où on invite un écrivain
chaque année. Avant la venue de cet
auteur, les élèves préparent une interview
sur son dernier livre.

Composantes et caractéristiques d’une réduction de texte  :


- La réduction de texte est fidèle à la structure du texte source (même nombre
de paragraphes, mêmes sous-titres, etc.)
- Absence de l’intervention personnelle de l’auteur.
- La réduction de texte comporte le sujet du texte et l’essentiel du propos
- La réduction de texte est nettement plus courte que le texte source.
- On élimine les exemples et les répétitions d’informations.

La sélection des informations essentielles :


- Bien comprendre le texte à réduire (définir le thème et le propos)
- Sélectionner les informations essentielles en procédant paragraphe par
paragraphe
- Éventuellement, élaborer un schéma
- Éliminer les répétitions, les détails et les exemples

L’implicite et l’explicite
1. Les actes de paroles

L’acte de parole est une action exercée par l’énoncé. En effet, il joue un rôle dans les
relations que la langue entretient avec ses utilisateurs ainsi que des effets produits
par la langue à l'intérieur d'un contexte verbal et non verbal. Ce terme est préférable
à celui d’acte de langage puisqu’il s’agit bien de la parole mobilisée par l’énonciation.
Un acte de parole nécessite la présence de deux personnes, au minimum, il se peut
effectivement qu’il y ait plusieurs destinataires. Dès lors, l’acte de parole est un acte
social. En revanche, l’acte de parole n’est pas collectif car il est le résultat d’une
intention ou d’une impulsion chez un seul individu.
Il faut noter également la différence entre l’acte de parole et l’acte de communication.
En effet, l’acte de communication implique en plus de l’acte de parole, l’influence de

9
l’énoncé dans l’environnement de la communication, c’est-à-dire la situation par
laquelle il s’inscrit (lieu, date, etc.).
D’autres désignations s’inscrivent dans le souci de précision telles que l’acte
interactif afin d’accentuer la force illocutoire et l’effet perlocutoire des énoncés
contenus dans l’acte.
Les différents types d’énoncés

C’est un philosophe anglais nommé John Langshaw Austin 6 qui fut le premier à
introduire la notion d’acte de parole. Il en distingue différents types d’énoncés
affirmatifs : il y a ceux qui décrivent le monde et ceux qui accomplissent une action.
Les constatifs : ils décrivent le monde et reçoivent ainsi une valeur de vérité.
Exemple : Le chien est sur le canapé.  Cette énonciation est vraie si et seulement
le chien est réellement sur le canapé.
Les performatifs : ce sont des énoncés qui par le fait même de les dire, les
« énoncer », l’action déterminée est réalisée.
Exemple : Je te promets de venir.  L’interlocuteur en énonçant cette phrase, réalise
l’action du verbe et promets ainsi de venir au destinataire.
Au cours de sa réflexion, Austin s’est aperçu qu’à côté de performatifs explicites
tels que l’exemple : je te promets de venir, il existe des performatifs implicites, qui
peuvent dans ce cas-ci, correspondre à une promesse, seulement le verbe promettre
n’est pas explicitement utilisé.
Exemple : Je viendrai.
Aussi, il a remarqué que les énoncés constatifs accomplissaient un acte de parole
car énoncer un fait demande aussi d’affirmer la réalité de celui-ci. Or, l’affirmation est
une action qui demande une responsabilité du locuteur. Dès lors, l’exemple, le chien
est sur le canapé, est comparable à l’exemple, dans ce cas-ci, j’affirme que le chien
est sur le canapé.

2. L’explicite et l’implicite

Lorsqu’un locuteur s’adresse à un destinataire, il communique. Cela peut être soit de


manière écrite soit manière orale et repose sur un échange d'informations.
Il a deux façons de s’exprimer et transmettre une information : la première est claire,
sans ambiguïté et ni incertitude. On s’exprime et transmet donc une information
explicite. La seconde est suggérée, c’est-à-dire que le locuteur n’exprime pas
formellement sa pensée, il faudra ainsi déduire, deviner, comprendre une information

6
LANGSHAW A. J., Quand dire, c’est faire, Trad. par Gilles Lane, Éditions du Seuil, coll. « L'ordre philosophique
», Paris, 1970.

10
à partir d’un terme ou à partir du contexte. Dans ce cas, on s’exprime et transmet
donc une information implicite.

L’énoncé explicite

L’énoncé explicite possède uniquement une seule interprétation possible. Tous les
faits sont déclarés de manière évidente et claire. Les événements sont relatés
exactement tel qu’ils se sont véritablement déroulés. Chacun des quatre types de
phrases manifeste explicitement une intention :

Il peut s'agir de phrases déclaratives qui donnent une information.

 Je suis allée à la montagne cet hiver et j’ai fait du ski.

Il peut s’agir de phrases interrogatives explicites qui demanderont une information


précise :

 Quelle série regardes-tu en ce moment ?

Il peut aussi s'agir de phrases injonctives explicites pour émettre un ordre ou


donner un conseil :

 Viens me voir tout de suite à mon bureau.


 N'oublie pas ton parapluie, il va pleuvoir.

Il peut s’agir enfin de phrases exclamatives qui peuvent aussi être explicites. Elles
expriment une émotion :

 Quelle honte !
 Quel soleil magnifique aujourd'hui !

L’énoncé implicite

L’énoncé implicite implique des informations suggérées. Afin de comprendre le sens


total de l’énoncé, le récepteur doit donc faire appel à la déduction et de
l’interprétation.
Pour ce faire, le locuteur détourne les types de phrases de leur utilisation habituelle
explicite.

La phrase déclarative peut servir à exprimer un ordre, un conseil, ou à formuler


un souhait.

 Tu viendras me chercher chez à 20 heures.

La phrase interrogative peut, elle aussi, exprimer un ordre, ou une émotion.

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 Allez-vous cesser de pleurnicher ?
 Comment peux-tu être aussi têtu ?

La phrase exclamative peut exprimer un ordre.

 Il faut absolument que tu me donnes cette lettre que tu tiens dans ta main !

L’énoncé implicite sert également à passer sous silence certaines informations dues
à la volonté du locuteur car elles pourraient heurter ou choquer d'une façon ou d'une
autre et / ou nuire à sa propre image ou à celle d'autrui.

3. Les différents types d'implicite


L'implicite peut être traduit de trois façons différentes.

a) Le présupposé

Un présupposé est une information qui se déduit d'un mot ou de plusieurs mots
présents dans l'énoncé pour faire transparaitre l’implicite.

 Les Dix Petits Nègres d'Agatha Christie est un roman policier captivant.  Cet
énoncé présuppose que certains romans policiers ne sont pas captivants.)

En usant d’un présupposé, le locuteur peut manipuler son interlocuteur. Il affirme
qu’une information est acquise alors qu’elle ne l’est pas. Ce procédé, basé sur une
certaine forme de malhonnêteté intellectuelle, se rencontre majoritairement dans le
cadre de l'argumentation.
Le juge Wargrave demande à Emily Brant « Vous vous réservez pour votre
défense ? »  Il pose comme acquis le fait qu'elle est coupable.

b) Le sous-entendu

Le sous-entendu se distingue du présupposé en ce que l’énonciateur laisse entendre


lorsqu’il exprime une phrase. Il fait allusion à une information qui n’est pas
compréhensible sans utiliser la situation d’énonciation.

 L’énoncé Il est tôt peut laisser sous-entendre plusieurs interprétations telles


que la banque est encore fermée ou encore on a encore du temps, en
fonction du contexte dans lequel cette phrase est formulée.

L’usage de sous-entendus peut amener au registre ironique. Dans ce cas,


l'énonciateur suggère qu'il pense le contraire de ce qu'il dit : deux messages sont
véhiculés : l'un, explicite mais faux, l'autre, implicite mais vrai.

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 Quelle belle époque !  Cet énoncé délivre un message ironique car le sens
réel et vrai est Quelle époque abominable !
Un énoncé peut comporter un sous-entendu que son émetteur n'avait pas l'intention
de laisser entendre. Ce type de sous-entendus est souvent à l'origine de
malentendus dans le théâtre appelés « quiproquos ».
Dans la scène 3 de l'acte V de L'Avare de Molière, un malentendu apparait quand
Harpagon parle de sa cassette tandis que Valère comprend qu'Harpagon parle
d'Elise, la fille qu'il aime.

c) L'impliqué

À partir d’un énoncé, on peut en déduire ce qui ne se dit pas et ce, en inférant. On
peut effectivement considérer qu'une proposition est vraie car elle est liée à d'autres
déjà prises pour vraies.

 La Terre tourne autour du soleil on peut en déduire que le soleil et la Terre
appartiennent à l'univers, ce serait alors l’impliqué.

À ne pas confondre avec dénotation et connotation

La dénotation correspond à la première signification du mot, c’est-à-dire à sa


définition dans le dictionnaire.

 Le blanc est une couleur

Quant à la connotation, elle concerne le sens dérivé, celui associé à l'affect, à


l'émotion ou aux traditions culturelles. Dès lors, une signification connotée repose sur
le contexte ainsi que sur le lieu où l'on se trouve.

 Le blanc en Occident est la couleur du mariage tandis qu’en Orient, il est la


couleur du deuil.  La dénotation peut sembler proche du sens propre et de
l'explicite. Mais cela ne signifie pas exactement la même chose.

4. Comprendre un texte

Des chercheurs ont isolé les compétences nécessaires liées à des structures


cognitives pour la compréhension d’un texte narratif. Elles correspondent à autant de
difficultés si elles ne sont pas maîtrisées.

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 L’identification des mots (la saisie par l’œil, la reconnaissance rapide et
globale des mots connus, l’éventuel assemblage de mots inconnus).
 La mémorisation d’informations explicites (cela dépend des données du
texte mais également de ce qui fait sens pour le lecteur).
 La mise en lien de données pertinentes du texte.
 L’inférence qui consiste à rendre explicite ce qui demeure implicite dans le
texte (une ellipse, un sous-entendu, à l’identification des pensées, des
émotions, des intentions d’un personnage du texte).
 La mobilisation de connaissances antérieures qui consiste à prélever des
informations du texte et à les mettre en lien avec l’encyclopédie du lecteur.
Ces connaissances antérieures sont issues d’expériences vécues, de
connaissances accumulées.
 La représentation mentale (image mentale de la situation évoquée par le
texte) construite sur la base de la mise en lien d’informations explicites et
d’inférences.
 L’émission d’hypothèses (sur un thème inconnu, sur la suite d’une phrase
ou d’un paragraphe, sur un genre, sur la nature et le contenu de ce qui se
cache derrière un lien).
 La métacognition (la conscience du lecteur relative à ses propres processus
et stratégies de lecture) intervient dans la planification, le contrôle de la
lecture.

5. L’inférence

« Les inférences sont des interprétations qui ne sont pas littéralement accessibles,
des mises en relation qui ne sont pas explicites. C’est le lecteur qui les introduit dans
l’interprétation des mises en relations qui ne sont pas immédiatement accessibles. 7 »
L’inférence nécessite un raisonnement de la part de l’élève, une mise en relation
d’informations.
On distingue trois grands types d’inférences : logiques, pragmatiques et créatives.

a) Les inférences logiques


Elles sont nécessairement vraies et communes à tous les lecteurs et s’appuient sur
le texte. L’information à comprendre est contenue dans la phrase ou dans le lien
assuré entre des informations contenues dans diverses phrases.  Ces inférences
sont dites anaphoriques, c’est-à-dire qu’elles renvoient à des éléments déjà évoqués
ou présentés auparavant.
7
GAONAC’H D., FAYOL M., Aider les élèves à comprendre - Du texte au multimédia, Hachette éducation,
Paris,2003.

14
 Émilie a un chien. Elle lui donne souvent des croquettes en récompense alors
qu’il ne les mérite pas toujours.  Si le lecteur ne comprend pas que « Elle »
désigne Émilie, « lui », le chien, « il » le chien, « les » les croquettes, sa
lecture pourrait être perturbée

b) Les inférences pragmatiques

Elles sont possiblement vraies et communes à tous les lecteurs et s’appuient sur les
connaissances et expériences personnelles du lecteur. Le lecteur associe les
informations du texte à ses propres représentations pour en déduire de nouvelles qui
ne sont pas explicites.
 Émilie a un chien. Elle lui donne souvent des croquettes en récompense alors
qu’il ne les mérite pas toujours.  Les inférences possibles à partir de cet
énoncé sont diverses : le chien de Émilie aime ces croquettes, qu’il est
gourmand, qu’Émilie aime beaucoup son chien…

c) Les inférences créatives

Elles sont particulières à certains lecteurs. Elles sont constituées entièrement


d’éléments provenant des connaissances et/ou expériences personnelles des
lecteurs.
 Dans l’exemple précédent, on peut supposer que le chien n’est pas
obéissant…  Les inférences pragmatiques et créatrices relèvent presque
toujours de l’interprétation du texte. Le lecteur en révèle la richesse et agit sur
le texte.
Un classement des inférences

Inférer Exemples
Lieu Après avoir pris la clé, le garçon nous
aida à transporter nos bagages dans la
chambre. Réponse : un hôtel
Agent Avec le peigne dans une main et les
ciseaux dans l’autre, Paul s’approcha du
fauteuil.
Réponse : un coiffeur
Temps Quand le lampadaire de la rue s’éteignit
brutalement, on ne vit plus rien.
Réponse : la nuit
Action Jean met sa serviette, prend sa
fourchette et son couteau et attend.
Réponse : prendre son repas
Instrument Le docteur Martin me dit d’ouvrir la
bouche et y enfonça un drôle

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d’instrument qui tournait vite et faisait un
bruit insupportable.
Réponse : la roulette
Catégorie Le Rover et la 205 étaient déjà dans le
garage, la Honda encore à l’extérieur.
Inférence : La catégorie des voitures
Objet Depuis qu’elle ne fonctionnait plus,
chacun avait repris des activités un peu
oubliées depuis son apparition dans le
foyer : lecture, tricot, veillées…
Réponse : la télévision
Cause-effet Le matin, nous avons vu que plusieurs
arbres étaient déracinés ; d’autres
avaient perdu leurs branches.
Réponse : la tempête
Problème-solution Pierre avait le côté de la figure tout enflé
et sa dent le faisait terriblement souffrir.
Réponse : aller chez le dentiste
Sentiment-attitude Pendant que Pierre montait dans le car
pour partir en colonie de vacances, il vit
sa mère lui sourire avec des larmes aux
yeux.
Réponse : la tristesse, l’inquiétude

Des difficultés à détecter les implicites et à inférer


Certains lecteurs ne sont pas à l’aise quand ils doivent rendre explicite ce qui est
implicite dans un texte ou encore de combler les blancs d’un récit. Ils ne sont pas
habitués à aller au-delà de ce que dit le texte pour comprendre ce que l’auteur veut
dire.
L’efficacité des procédés d’inférence s’affaiblit lorsque les connaissances
référentielles ne sont pas très étendues, les traitements linguistiques sont incertains
et lorsque les opérations cognitives sont peu clarifiées. Dès lors, certains lecteurs
éprouvent des difficultés à identifier correctement l’antécédent de reprises
anaphoriques par exemple. Ils comblent difficilement les ellipses et éprouvent des
difficultés à interpréter les sentiments ou le rôle d’un personnage…

6. L’ellipse
Il existe deux types d’ellipses.

L’ellipse grammaticale 

Elle concerne l'omission d’un mot ou d’un verbe. Souvent, cet usage de la figure
n’est pas destiné à produire un effet particulier, il s’agit avant tout de faire l’économie
d’une répétition souvent par une énumération :

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Kevin mange des pommes, Gaëlle des poires.  Dans ce cas, l’ellipse est sur le
verbe « manger » conjugué.

L’ellipse narrative 

L'ellipse narrative est un procédé dans lequel on omet d’indiquer des événements
d’action du récit. Il y a donc un vide dans le récit : quelque chose s’est passé, mais
n’a pas été raconté. Cela a un effet d'accélération du rythme narratif. Dans un récit,
une ellipse peut être marquée explicitement ou implicitement.

Dans la plupart des cas, l’auteur peut passer sous silence des événements non
significatifs pour l'histoire. Ainsi, il peut par exemple laisser place à l'imagination du
lecteur durant un dialogue entre deux personnes. Pour que l’ellipse s'intègre bien
dans le récit, le lecteur doit encore avoir une connaissance générale sur ce qui se
passe dans la scène.

Une ellipse narrative peut également être utilisée lorsqu’un personnage du roman
explique une situation à un autre personnage que le lecteur connait déjà. Dès lors,
l’usage d’une ellipse permet d’éviter une répétition. Inversement, un passage où un
personnage explique à un autre ce qu'il prévoit de faire plus tard dans le roman peut
être supprimé au lecteur pour qu'il soit surpris plus tard par les actions du
personnage. Dans ce cas, l'ellipse narrative est utilisée pour amener une atmosphère
de suspens.

7. Bibliographie
Ouvrages didactiques

 DECROIX S., LEDUR D., Nouvelles lectures en jeux, Enseignement


catholique, Bruxelles,2016.
 GAONAC’H D., FAYOL M., Aider les élèves à comprendre - Du texte au
multimédia, Hachette éducation, Paris,2003.
 GIASSON J., La compréhension en lecture, Chap.4 : Les processus
d’intégration, De Boeck,2008.
 SEGEC, Genres, description, grilles d’évaluation et exemples,2015

Ouvrages

 BEYSSADE C., Sous le sens : Pour une sémantique multidimensionnelle, coll.


Sciences du langage, Presses universitaires de Vincennes,2017, pp.19-30.
 DUCROT O., Dire et ne pas dire : principes de sémantique linguistique,
Hermann, coll. « Savoir », Paris, 1972.
 FERNANDEZ BRAVO N., Lire entre les lignes : l'implicite et le non-dit,
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