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PHONÉTIQUE HISTORIQUE 2
Le système consonantique
Par contre, l’accent ne semble pas avoir une influence quelconque sur les changements consonantiques !
II. Prérequis : les positions forte et faible dans un mot pour la consonne
• maintien en position explosive forte : barba > barbe, gustare > goûter
• affaiblissement (modification) ou disparition en position explosive faible (mais : filare > filer, luna > lune, maritu > mari)
• disparition en position implosive faible : gambam, gentem, illac (SAUF -s qui disparaît tardivement1)
IV. Les principaux changements dans le domaine consonantique intervenus entre le latin classique et le 9e s.
A. AFFAIBILISSEMENT DE L’ARTICULATION
s>z
rosa > rose
2. SPIRANTISATION (ouverture des consonnes occlusives intervocaliques) : entre le 1er et les 5e/6e siècles. Les consonnes
spirantes disparaissent totalement à l’époque du protofrançais (gallo-roman).
P. ex., la bilabiale occlusive b devient spirante β au 1er s. Au 3e, elle devient v en entourage palatal (devant a, e, i). Elle
s’amuït en entourage vélaire (o, u).
1
Le -s final, quoiqu’en position faible, constitue une exception : c’est la seule consonne finale qui se maintienne durant toute la période de l’ancien français. Tant
que -s final est prononcé, la déclinaison (le cas sujet et le cas régime) des substantifs, adjectifs et pronoms reste vivante. L’amuïssement de -s final et, partant, la
disparition de la déclinaison nominale est un phénomène marquant la fin de la période de l’ancien français.
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B. RENFORCEMENT DE L’ARTICULATION
1. PALATALISATION : l’un des phénomènes les plus importants dans l’évolution du phonétisme français.
La palatalisation est le changement du point d’articulation d’une consonne (sous l’action des voyelles e, i et a ainsi que du yod)
qui se déplace vers le centre du palais.
Il s’agit d’un phénomène précoce qui commence au 2e s. et s’échelonne jusqu’au 13e s. Les consonnes qui ont tendance à se
palataliser sont surtout les vélaires k et g et les dentales (en ordre décroissant) : n (uniquement devant yod, p. ex. montanea
> montagne), l (devant yod filia > fille), t (en contact avec yod fortia > force), s, r. C’est la position forte dans la syllabe
qui favorise ce phénomène.
Exemples :
lancea > lance, facia > face, Francia > France, glacia > glace, caelu > ciel, cera > cire, mercede > merci, camera > chambre,
caminu > chemin, *gamba > jambe, gardinu > jardin
2. ÉPENTHÈSE
L’épenthèse est un phénomène phonétique qui consiste en l’ajout d’un phonème non étymologique à l’intérieur d’un mot. Cet ajout
apparaît généralement pour éviter une articulation difficile en raison de la rencontre inhabituelle de deux phonèmes.
L’épenthèse est un phénomène qui s’est produit en langue romane après les consonnes nasales ou constrictives (m, n, s, z, l) suivies
d’une constrictive r ou l. Les consonnes épenthétiques : b, d, t.
mr > mbr : numĕru > num’ru > nombre, camĕra > cam’ra > chambre
ml > mbl : sim(ĭ)lare > sembler
nr > ndr : cin(ĕ)re > cendre, gen(ĕ)ru(m) > gendre
3
d 2
lr > l r : mol(e)re > moldre (> moudre)
sr > str : esse > ess(ĕ)re > ess’re > estre > être
3. PROTÈHSE
Elle consiste en l’ajout d’un phonème non étymologique au début d’un mot. La prothèse consonantique concerne les mots
commençant par w germanique (2e-5e s.) qui est renforcé par l’ajout de g.
Ensuite gw se simplifie (w s’amuït) aux 9e-11e s. pour devenir g.
1. Assimilation (la faculté ou la tendance des phonèmes voisins à se prêter leurs caractéristiques) :
nutrire > nourrir, femina > fem’na > femme, petra > pierre, dorsum > *dossu (> dos)
2. Dissimilation (s’oppose à l’assimilation et consiste en la tendance des phonèmes à se différencier) : peregrinu > pèlerin
3. Métathèse (l’inversion de deux phonèmes ou de deux syllabes à l’intérieur d’un mot) : formaticum > fromage, berbicem > brebis
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Entre le 7e et le 9e s. [l] implosif (préconsonantique) est progressivement passé à [u]. Ce phonème s’est combiné ensuite avec la voyelle antécédente. Il s’agit de la
« vocalisation de l ».