EE^MAKHZEM
DANS LE SUD n [ M AROC
E s s a i s u r la t r a n s f o r m a t i o n p o l i t i q u e
des Berbères s é d e n t a i r e s ( g r o u p e chleuh)
THÈSE PRINCIPALE
Présentée à la Faculté des Lettres de l' Université de Paris
pour le Doctorat ès lettres
PAR
Robert MONTAGNE
PARIS
LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108
1930
Tous droits de reproduction, d'adaptation ,et ile traduction réservés pour tous pays
A MONSIEUR LE MARÉCHAL LYAUTEY
(1) Masqueray, Formation des cités chez les sédentaires de l'Algérie, Paris 1886.
tion presque unique en Afrique du Nord, ont pris sous nos yeux
l'apparence de la stabilité. Nul doute que nous ne puissions saisir
ici, sur des exemples modestes il est vrai, mais avec une précision
que l'histoire ne nous permet pas d'atteindre, les rapports des
tribus et de leurs chefs.
(1) Nous donnons ici le nom de province du Sous à toute cette région qui est le domaine
du dialecte de la « tachelhait ». Stricto sensu, le nom de Sous est souvent réservé à la vallée
même de l'Oued de ce nom et aux deux versants de l'Anti-Atlas. Mais aux yeux du Makh-
zen, le pays des Masmouda, l'Atlas Occidental, en fait également partie. L'unité relative
de la structure sociale des tribus, la parenté étroite des divers parlers, l'existence d'une
sorte de civilisation commune à tous les sédentaires berbères du Sud du Maroc justifient
notre terminologie. Nous n'emploierons ici le mot Sous, dans son acception étroite, qu'en
spécifiant qu'il s'agit de la vallée même de ce fleuve ou de la plaine intérieure qu'il traverse
tour et nous donnent l'image parfaite, dans un petit monde en réduc-
tion, de cette opposition, simple dans ses principes, compliquée dans
ses formes, qui met aux prises dans tout l'ensemble le gouverne-
ment et ses sujets. Plus que partout ailleurs, il est facile de distin-
guer dans cette région les phases de. la transformation qui entraîne
dans un même courant les petites sociétés berbères. Nous y voyons
en effet de minuscules états passer sous nos yeux de la vie indépen-
dante à la servitude ; soumis à des influences qui altèrent peu à peu
leur constitution et leur structure, ils obéissent à des lois semblables
et participent à la fois à une même évolution.
En regardant le Sous comme une sorte de microcosme poli-
tique du Maroc, nous essaierons cependant d'étendre à d'autres
régions nos observations, lorsque la transformation de leurs ins-
titutions rendra possible une telle comparaison. Des exemples
choisis chez les Jbala, dans le Rif ou dans la Kabylie du Djurjura,
nous montreront comment les lois simples que l'étude des tribus
nous aura fait découvrir dans la province du Sous peuvent
expliquer la vie des tribus de la plus grande partie de la Berbérie
sédentaire.
Seul le pays des semi-nomades du Moyen Atlas et de l'Atlas
central restera entièrement soustrait à nos enquêtes. Nous avons
pensé que les conditions différentes de la vie matérielle, l'état
moins avancé de l'évolution politique avant l'établissement de
notre protectorat, ne nous permettaient pas en effet d'établir des
comparaisons entre cette région et les autres pays peuplés de
sédentaires avec une certitude suffisante. Aussi bien l'hostilité
profonde manifestée par la plupart de ces tribus à la pénétration du
Makhzen, le faible développement qu'y a pris avant notre conquête
le pouvoir personnel y rendraient presque sans objet nos recherches.
Avant de dire le rôle joué au cours de l'histoire par le Sous,
lointain et mystérieux, patrie des Mahdis et des prétendants, des
réformateurs de religion et des talebs magiciens, et qui se trouve
être à la fois le domaine des républiques indépendantes, des rois
de la montagne et des grands caïds, nous nous efforcerons d'indiquer
tout d'abord quels sont les facteurs géographiques qui déterminent
partiellement la vie des hommes et dans quels cadres, tracés par
la nature, leur existence a pu conserver à la fois une grande variété
et une profonde unité. Nous chercherons ensuite à montrer com-
ment s'est réalisé le peuplement de cette vaste région et à esquisser
le tableau de l'humble civilisation de ses habitants, de ces
« chleuhs » industrieux et paisibles qui forment l'un des groupes
sociaux les plus homogènes et les plus vivants de la Berbérie.
IV. Le climat et le régime des eaux dans les plaines. — De tous les
facteurs géographiques qui dominent la vie dans le Sud-Marocain,
celui qui détermine avec le plus de rigueur l'existence des hommes
est le climat. Au voisinage du Sahara, sous les rayons d ' u n soleil
presque tropical, l'existence d ' u n puissant relief dans une région
où les sommets dépassent parfois q u a t r e mille mètres, ne suffit
pas à soustraire le Sous à l'ardeur d ' u n ciel que les nuages viennent
trop r a r e m e n t voiler.
Si l'on fait u n instant abstraction des modifications qu'entraîne
l'altitude des sommets de l'Atlas et de l'Anti-Atlas, la répartition
des eaux météoriques dans les plaines du Sud obéit à des règles
simples. Il existe ici, comme dans t o u t l'ensemble du Maroc,
deux périodes de pluie ; l'une en octobre et novembre, l ' a u t r e en
février et mars. Ces deux saisons se t r o u v e n t d'ailleurs quelquefois
confondues en raison des précipitations qui surviennent parfois
au cours des mois intermédiaires de l'hiver ; mais, p e n d a n t les
mois d'été, l'atmosphère demeure presque toujours sereine.
C'est à l'influence des grandes dépressions de l'Atlantique occi-
dental que le Sous doit le bénéfice d'une humidité relative, à une
latitude où l'on ne voit, dans le reste de l'Afrique du Nord, s'étendre
que des territoires désertiques. Mais, malgré le voisinage de l'Océan,
la quantité moyenne des pluies annuelles reste faible. Elle a t t e i n t
sur la côte trente centimètres, puis diminue quelque peu à l'inté-
rieur, dans le pays du cours moyen du Tensift et d u Sous ; au
delà, elle s'accroît à nouveau quelque peu, puis devient plus
faible encore vers les steppes du Dra où elle est inférieure à
vingt centimètres.
Ces pluies, insuffisantes pour faire vivre une végétation durable,
sont en outre irrégulières. Il arrive que le beau temps persiste
pendant tout l'automne, de telle sorte que les labours demeurent
impossibles. D'autres fois, le blé, semé et germé pendant les derniers
mois de l'année, sèche au printemps parce que l'eau, attendue avec
anxiété au mois de mars, survient trop tard ou en trop faible
quantité. Certaines années, les oueds grossissent en un jour, à la
suite d'averses abondantes, et toutes les communications, habi-
tuellement si faciles dans les plaines, se trouvent coupées par les
moindres ravins. D'autres hivers, au contraire, les citernes restent
vides, et l'atmosphère conserve, d'octobre à mars, une impitoyable
limpidité. L'importance des écarts annuels dans la chute totale est
telle, et la répartition des pluies si capricieuse, qu'on ne peut espé-
rer, hors des vallées fertilisées par les sources ou les eaux des tor-
rents de la montagne, obtenir de belles moissons plus d'une fois sur
cinq. Tous les cinq ans, tous les dix ans au plus, plusieurs mauvaises
récoltes se suivent et engendrent la disette. Lorsqu'il arrive enfin
que les citernes n'ont pas été remplies et que les sources tarissent,
hommes et troupeaux doivent, pour quelques mois, abandonner leur
territoire. Aussi voit-on chaque famille s'efforcer d'acquérir, au
voisinage des séguias descendues de la montagne, quelques champs
minuscules, cultivés avec soin, abondamment fumés, dont les trois
petites récoltes annuelles, toujours assurées, permettront à tout
le moins d'échapper à la famine.
Peu favorable au développement de la vie sédentaire en rai-
son de l'irrégularité et l'insuffisance des pluies, le Sous n'offre
cependant pas aux nomades les vastes espaces découverts néces-
saires à leurs troupeaux. Une forêt clairsemée d'arganiers couvre une
partie des plaines et des collines voisines de l'Atlantique, et les
étendues libres pour le parcours des tribus sont trop faibles pour
des pasteurs. Les populations errantes arrivées du désert, qui ont à
plusieurs reprises, au cours de l'histoire, envahi les vallées, n'ont
pu s'y maintenir et conserver la vie nomade. Repoussées par les
sédentaires fixés au voisinage des sources et des séguias et dont
les cultures s'étendent tout à l'entour ou diminuent, selon que
l'année leur semble propice ou défavorable, elles se sont dispersée
ou se sont elles-mêmes adaptées à la vie précaire des agriculteurs
du Sous.
VI. L' attirance des grandes vallées irriguées. — Entre les deux
grandes chaînes s'ouvre, au centre du pays, un passage naturel qui
conduit aisément des sources du Dadès jusqu'à l'embouchure du
Sous. N'était l'obstacle du Sirwa, les eaux des cols de l'Izoughar
s'y engageraient et parviendraient en droite ligne par Taroudant à
l'Atlantique. Cette voie de pénétration se continue d'ailleurs plus
à l'Est en suivant la bordure méridionale de l'Atlas central ;
par le seuil d'Imider, elle gagne le Todgha et le Ferkla pour
atteindre le Tafilelt.
L'étroite plaine enserrée entre les deux chaînes de montagnes
— l'Atlas et l'Anti-Atlas — n'est, à la vérité, qu'une sorte de désert,
mais les riches vallées du Dadès, du Haut-Dra et du Sous tracent
en son centre une ligne continue de jardins et de vergers. Les
voyageurs, frappés du contraste entre l'aridité et la solitude de la
steppe, et l'abondance qui règne dans le Dadès, le Dra et le Haut-
Sous, nous ont décrit avec un enthousiasme qu'il est difficile de ne
pas éprouver avec eux, la prodigieuse fertilité de ces vallées. Trois
récoltes s'y succèdent au cours de l'année, et parfois même, trois
étages de végétation — céréales, arbres fruitiers et palmiers —
s'y élèvent en même temps. Jadis, jusqu'au XVIIe siècle, la culture
de la canne à sucre y fut prospère, et c'est sans doute ce souvenir
qui contribua à entretenir jusqu'à nos jours la réputation de
richesse du Sud-Marocain. A présent encore, on voit, sur les cols
de l'Atlas, les caravanes transporter à Marrakech les roses et les
figues du Dadès, les dattes, le henné et le takaout du Dra, les olives
du Sous, cependant que l'orge, le maïs, le sorgho, les légumes les
plus divers, font vivre dans les qsour la paisible population
des oasis.
On comprend, dès lors, quelle peut être, dans la pauvreté
générale du pays, l'attirance exercée par cette ligne intérieure,
ce mince cordon de jardins qui forme comme le grand axe de la
province du Sous.
Vers le Dadès, descendent à la fois les Senhaja sédentaires du
Deren et les Aït *Atta du Saghro. Les humbles bourgs de Tazenakht
et du Zagmouzen jouent le même rôle à l'égard des Aït Waouzgit,
du Sirwa et des Souktana et Zenaga de l'Anti-Atlas oriental ;
enfin, le fleuve même du Sous, depuis son entrée en plaine jusqu'à
son embouchure, rassemble dans ses villages les Arabes, fixés dans
la vallée et les Berbères de la partie occidentale des deux chaînes.
Cependant, quelle que soit la fertilité des terres irriguées de l'une
de ces cinq lignes naturelles d'attirance, formées par les Dirs de
l'Atlas et de l'Anti-Atlas et l'axe des grandes vallées, le sol du
Sous ne parvient pas à faire vivre ses nombreuses et prolifiques
populations. Les oasis et les jardins ont une surface insuffisante et
l'appoint des récoltes dans les « bour » (1) des plaines et des collines
reste indispensable pour assurer la subsistance des hommes. Aussi
lorsque les mauvaises récoltes se suivent de trop près, les régions les
moins favorisées rejettent tout d'abord les hommes vers les sources
et les séguias ; puis, si les pluies tardent encore, comme il arrive
plusieurs fois par siècle, la famine chasse familles et troupeaux vers
les plaines du Gharb. Les migrations de tribus, à la suite des guerres
et des épidémies, activent encore ce perpétuel brassage. Le résultat
de ces mouvements intérieurs est de faciliter la fusion des races,,
d'unifier la culture et de donner aux éléments qui forment le groupe
« chleuh » des caractères communs qui le distinguent aisé-
ment des autres populations berbères.
Ces r o u t e s d u D e r e n n e s o n t e l l e s - m ê m e s q u e le p r o l o n g e m e n t d e
celles q u ' u t i l i s e n t à t r a v e r s l ' A n t i - A t l a s les v o y a g e u r s , v e n u s des
p a l m e r a i e s d u N o u n et d u B a n i et q u i v e u l e n t g a g n e r les villes d u
N o r d . D ' A q q a e t d e T a t t a , p a r les c r ê t e s d e s I d a o u K e n s o u s o u l a
vallée des I n d a o u Zal, o n p a r v i e n t ainsi d a n s la p l a i n e d u Sous,
a u p o i n t m ê m e o ù la p i s t e d u T i z i n T e s t g r a v i t le H a u t - A t l a s v e r s
M a r r a k e c h ; d e T a m a n a r t p a r A m a n o u z e t le T i z i n T a r a q a t i n , o n
g a g n e le p a y s des Ida ou Gnidif et des A ï t Mzal p o u r t r o u v e r
d e v a n t soi le p a s s a g e d u Tizi M a ' c h o , à t r a v e r s le D e r e n . Entre
l'Océan et le massif occidenta 1 du Kest et des Ida ou Semlal, le
territoire vallonné des Aït Ba cAmran, la plaine de Tiznit et des
Chtouka, offrent une route facile ausT caravanes qui montent vers
Mogador en suivant la piste des Haha.
Il existe beaucoup d'autres cols intermédiaires qui, sans être
aménagés pour la marche des chameaux lourdement chargés,
franchissent les crêtes élevées, entre les hautes vallées de chaque
versant. Dans le Deren, les montagnards utilisent pendant la
belle saison, avec leurs mules, jusqu'à plus de 3.000 mètres d'alti-
tude, des chemins difficiles qu'anime en outre le passage des
femmes, des enfants et des troupeaux.
La transhumance des moutons et des chèvres, l'échange des
noix, de la laine et des amandes des hautes vallées, contre les grains,
le thé, le sucre et les objets manufacturés des souks du Dir, entre-
tiennent la continuité de ces relations. L'activité qu'on observe
sur ces crêtes pendant les journées de printemps et d'été suffit
à faire comprendre l'importance des liens qui unissent la plaine
et la montagne.
En vain, le cloisonnement intérieur des vallées, que les gradins
successifs de l'Atlas découpent en bassins séparés et ferment par
des gorges, isole-t-il les uns des autres les villages. En dépit de
l'hostilité réciproque des cantons berbères d'une même voie de
passage, on voit s'établir à grande distance, du Nord au Sud,
des alliances dans la direction suivie par les routes transversales de
la montagne. Les petits états des sommets se trouvent de la sorte
associés aux villages des dernières pentes ou de la plaine.
Au contraire, les relations sont difficiles entre les villages établis
à même altitude dans des vallées parallèles, et seuls des sentiers
de chèvres permettent de passer de l'une à l'autre ; comme,
d'autre part, les échanges économiques entre des populations
voisines qui vivent dans des conditions identiques demeurent
sans intérêt, on comprend que l'horizon politique des petits états
de montagne, si étendu vers le Nord ou vers le Sud, dans la direc-
tion de la plaine de Marrakech ou de la plaine intérieure du Sous,
se limite au contraire pour chacun d'eux vers l'Est ou vers l'Ouest
aux villages les plus rapprochés.
I. Le peuplement ancien du Sous (jusqu'au xie siècle). —II. Les luttes eth-
niques des xie et XIIIe siècles. — III. La domination et la décadence
des Arabes. — IV. Les déplacements intérieurs. — V. Conséquences de la
fixation au sol sur la cohésion des groupes sociaux. — VI. Forme des
groupements humains (villes, villages, hameaux). — VII. La maison. —
VIII. La famille. — IX. Les classes sociales. — X. La vie économique.
— XI. La vie religieuse. — XII. La vie intellectuelle.
1) E.-F. Gautier, Les Siècles obscurs du Magreb. Paris, 1927, p. 202 et sqq.
L e s M a s m o u d a r e p r é s e n t e n t alors la p r e s q u e t o t a l i t é des s é d e n -
t a i r e s d u M a r o c , q u i d u S o u s à T a n g e r , o c c u p e n t les m o n t a g n e s e t
les p l a i n e s v o i s i n e s de l ' A t l a n t i q u e . L e s Z e n a t a s o n t d e s n o m a d e s q u i
v i e n n e n t d e l ' O r i e n t p a r v a g u e s s u c c e s s i v e s e t se r é p a n d e n t d a n s les
s t e p p e s c e n t r a l e s . L e s S e n h a j a c o m p r e n n e n t à la fois, d è s les p r e -
m i e r s siècles d e l ' h i s t o i r e , d e s s é d e n t a i r e s a n c i e n s c o m m e les t r i b u s
d e K a b y l i e o u celles d e T a n g e r et d e M a z a g a n , et des n o m a d e s qui,
s o u s le n o m d e Z e n a g a , v i v e n t d a n s le S a h a r a o c c i d e n t a l o u s u r le
versant méridional de l'Atlas central.
II. Les luttes ethniques des XI'et XIIIe siècles. — C'est alors
qu'apparaissent les conquérants almoravides, Berbères Senhaja
de la tribu des Lemtouna, venus du Sénégal, qui entraînent avec
eux les Lamta de l'Anti-Atlas (1053). La domination de Yousef
(1) Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, trad. de Slane, t. II, p. 135.
(2) L. Massignon, Le Maroc dans les premières années du X V / ' siècle. Alger, 1906,
p. 140, 146.
Ben Tachfin m a r q u e la d é c a d e n c e de la p u i s s a n c e des M a s m o u d a
s é d e n t a i r e s ; elle p r é c i p i t e t o u t d ' a b o r d la r u i n e des B e r g h w a t a —
d é j à é b r a n l é s p a r les c o u p s q u e l e u r o n t p o r t é s les Z é n è t e s B e n i
Ifran — et cette disparition prend une grande importance, parce
q u ' a i n s i se t r o u v e brisée la c o n t i n u i t é e t h n i q u e des t r i b u s s é d e n -
taires, d o n t les t e r r i t o i r e s s ' é t e n d a i e n t j u s q u ' a l o r s d e l ' A t l a s occi-
dental au R i f ; le Deren lui-même est conquis et visité p a r les
A l m o r a v i d e s d a n s s e s m o i n d r e s r e c o i n s (1) ; e n f i n , d a n s le Nord,
les G h o m a r a s o n t m e n a c é s p a r la p o u s s é e s a n s cesse p l u s f o r t e des
Senhaja venus de l'Atlas central qui ont franchi les rives de
l'Ouergha, et atteignent à présent les rives de la Méditer-
ranée. Sans doute, à la même époque, dans le Sous-extrême,
d ' a u t r e s S e n h a j a , les G e z z o u l a s ' a v a n c e n t - i l s d é j à d e l'Anti-Atlas
v e r s le S o u s , p r e n a n t la p l a c e l a i s s é e l i b r e p a r les L a m t a , e t c o m -
m e n c e n t à l e u r t o u r la l u t t e c o n t r e les M a s m o u d a .
B i e n q u e les h i s t o r i e n s a r a b e s n e n o u s d i s e n t p a s d a n s q u e l l e s
conditions fut réalisée la conquête almoravide, l'ensemble des
événements dont nous devinons confusément l'enchaînement