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Le roman

Durant votre scolarité, vous avez lu toute sorte de récits (aventures, policier, réaliste, fantastique, etc.). Le
programme de troisième vous invite, dans un premier temps, à découvrir des extraits de romans d’apprentissage
du XIXe siècle, puis, dans un second temps, à analyser des romans du XX e siècle. Ce dernier est l’occasion de
réfléchir bau rapport entre littérature et histoire, et à l’évolution de ce genre au cours du siècle jusqu’à nos jours.

1. Définition : le roman ou le « mentir vrai » ?

 Le roman est un récit fictif. C’est une « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait
vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur
destin, leurs aventures. » (Le Petit Robert)

 Le roman, entre le Moyen Âge et le XXe, n’a cessé de se rapprocher du réel, du vécu.

 Tension constante entre observation du réel et imagination, le roman est le genre le plus libre.

 Lorsque vous analysez un extrait de roman vous devez faire attention à plusieurs éléments :
o le lien auteur, narrateur, personnage
o le point de vue : interne, externe, omniscient.
o la narration : Où en sommes-nous dans le roman ? (incipit, début, milieu, fin). La description
est-elle référentielle (elle situe l’action dans un cadre, elle est ornementale), dramatique (elle
joue un rôle dans l’évolution de l’intrigue) ou symbolique (elle contribue à créer un sens
comme l’appartement de Colin dans L’Écume des jours de Boris Vian) ?
o le contexte historique : pensez à vous appuyer sur le paratexte (le chapeau, le titre surtout et la
date) ;
o le but de ce texte : divertir me transmettre un message ?

 Le roman permet avant tout de nous laisser emporter dans ce « mentir-vrai », dans un univers à la fois
proche et étranger, de vivre par procuration d’autres expériences qui enrichissent notre connaissance et
notre vision du monde. Un roman peut nous faire réfléchir, nous révéler à nous-mêmes.

 Un roman reflète le point de vue personnel d’un auteur sur la place de l’homme dans le monde.

2. Le roman au XIXe siècle

Au XIXe siècle, le roman envahit la littérature, s’impose comme le genre « sérieux » qui rend compte de la
réalité et du sens de l’existence.

 Réalisme et naturalisme

 Dans un récit réaliste, l’auteur fait vraiment du roman un outil de compréhension du réel ; il est
observateur des mœurs, analyste des cœurs, historien de son temps. Il fait des recherches afin de
maîtriser le sujet dont il parle et d’être le plus proche de la réalité. Flaubert aurait vomi son dîner en
écrivant la scène de l’empoisonnement de Madame Bovary, car il avait le goût de l’arsenic dans la
bouche. Flaubert d’ailleurs a été poursuivi en justice pour Madame Bovary pour outrage à la morale et
aux mœurs, procès qu’il a gagné en montrant que Mme Bovary n’était pas une femme réelle, mais bien
un personnage de fiction.
EXEMPLES
Balzac (La Comédie humaine), Flaubert.
 Les auteurs naturalistes vont plus loin encore, ils ne peignent plus seulement la réalité, mais cherchent à
expliquer scientifiquement les raisons des vices de la société. Que ce soit les frères Goncourt, Zola ou
Maupassant, ils mettent en scène des petites gens, des ouvriers, des paysans, des catins. La déchéance
est le maître mot de ces œuvres. Certaines scènes, très crues, vraiment atroces peuvent choquer le
lecteur (dans L’Assommoir, Zola explique que le corps de Gervaise qui est retrouvé au bout de trois
jours, moisi, dans les poubelles).

 Le roman d’apprentissage

 Récit où un jeune héros (ou anti-héros) fait, souvent à ses dépens, l’expérience de l’entrée dans le
monde.

EXEMPLES
Le Rouge et le noir de Stendhal, L’Éducation sentimentale de Flaubert, Bel-Ami de Maupassant.

3. Au XXe siècle

Au XXe siècle, la psychologie, la psychanalyse, la sociologie, la politique, les idéologies, le vécu des Guerres
mondiales envahissent le roman. Il n’est donc plus seulement le miroir de la société, mais est le reflet d’une
conscience de l’auteur dans ce monde.

 Le roman porteur d’un regard sur l’histoire

 Au XXe siècle, les auteurs sont confrontés à la dureté de l’histoire.


 Les Guerres mondiales marquent les auteurs et donc le paysage littéraire :
o la retranscription de l’horreur des tranchées (Le Feu de Henri Barbusse, Voyage au bout de la nuit
de Louis-Ferdinand Céline) : ces romans invitent le lecteur à une vraie réflexion sur l’atrocité de la
guerre et le mal du siècle qui a frappé les survivants (comme dans Aurélien d’Aragon) ;
o la vision de la Seconde Guerre mondiale
o la barbarie des camps (L’espèce humaine de Robert Antelme) ;
o l’angoisse de l’attente pour les familles des déportés (La douleur de Marguerite Duras).

Les écrivains de cette période sentent cette nécessité du devoir de mémoire, que cela ne tombe pas dans l’oubli.

 Marcel Proust prend un parti radicalement différent. Dans « Le Temps retrouvé », dernier tome de À la
recherche du temps perdu : la Première Guerre mondiale n’est perçue qu’à travers une soirée mondaine
à Paris et ressemble pour ces hôtes à un feu d’artifice lointain. Tout au long de la Recherche, Marcel
Proust va peindre la société qu’il côtoie, vitupère l’inanité et la duplicité de ses congénères ; le narrateur
analyse sa propre conscience et le travail de sa mémoire.

 Les romans de cette période (début jusqu’au milieu XXe) révèlent souvent la crise des valeurs qui
frappe la société de l’entre-deux-guerres. Ces romans de l’inquiétude décrivent des individus
tourmentés par une passion ou une obsession dans un univers étriqué et hostile (François Mauriac,
André Gide, André Malraux, etc.).

 Le roman est donc le vecteur par lequel les auteurs donnent leur vision de l’histoire. Ils sont des témoins
directs de grands événements, et la façon dont ils choisissent de les représenter permet au lecteur de
mieux les comprendre et conduit à une réflexion, car comme le disait Voltaire, la lecture doit être
active, faire réfléchir le lecteur.
 La déconstruction du roman du XIXe siècle

 Comme pour le genre de la poésie, le genre du roman va être lui aussi le terrain de recherche formelle
sur les possibilités du langage et de la création.

EXEMPLES :
L’Écume des jours, de Boris Vian, Les Fleurs bleues de Raymond Queneau, ou encore La Vie mode d’emploi ou
La Disparition de George Perec (roman sans « e ») ou le groupe de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature
Potentielle).

 Le nouveau roman

 Vers 1960, le nouveau roman, qui a pour théoricien principal Alain Robbe-Grillet, s’oriente vers la
recherche d’un style résolument moderne : il s’agit de montrer, sans histoire et sans personnage, le
monde à travers ses objets, perçus par une conscience.

 Le roman ou l’expérience vécue

À partir des années 1980, on observe un retour à l’expérience vécue, qu’elle soit imaginaire ou qu’elle ait des
sources autobiographiques, comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, Daniel Pennac, Frédéric Beigbeder, ou
encore Patrick Modiano (prix Nobel de littérature 2014).

CONSEIL :
Pour davantage de précision sur les récits d’enfance et d’adolescence voir la fiche sur le récit autobiographique.

« Tout bon livre doit savoir provoquer l’attente : lire, c’est attendre la suite ! » Beigbeder

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