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© LAVOISIER, 2002
LAVOISIER
11, rue Lavoisier
75008 Paris
Serveur web : www.hermes-science.com
ISBN 2-7462-0545-9
Catalogage Electre-Bibliographie
Darsa, Jean
Gestion financière et business plan – 2e édition – les enjeux essentiels
Paris, Hermès Science Publications, 2002
ISBN 2-7462-0545-9
RAMEAU : entreprises : finances
analyse financière
gestion financière
DEWEY : 658.22 : Gestion des entreprises. Gestion
financière. Généralités
2e édition
Jean Darsa
EXTRAIT DU CATALOGUE GÉNÉRAL
Préface..............................................................................................................................11
Avant-propos....................................................................................................................13
Conclusion......................................................................................................................197
Annexes ..........................................................................................................................199
Bibliographie .................................................................................................................201
Index ...............................................................................................................................203
Préface
Ayant eu l'occasion d'intervenir avec Jean Darsa dans des manifestations traitant,
entre autres, de la gestion d'entreprise et de la création d'entreprise, j'ai pu apprécier
les deux facettes de sa personnalité attachante : le professionnel reconnu de la
formation et l'homme de communication.
Ce livre est sans aucun doute à l'image de son auteur et reflète parfaitement cette
dualité trop rarement rencontrée de nos jours : celle du spécialiste compétent sachant
parler clairement et simplement de sa discipline.
Ce livre est à la fois un outil d'aide à la décision et le support d'une réflexion sur
les objectifs de l'entreprise et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Il sera
un guide nécessaire à tous les cadres responsables, créateurs d'entreprises, étudiants...
Jacques DARDY
Directeur central de la Banque Populaire
de Franche-Comté, du Mâconnais et de l'Ain
Avant-propos
De même que Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, nous faisons
tous, dans nos décisions quotidiennes, de la gestion. Dès l'instant où nous prenons
une décision, décision qui se traduit nécessairement par un choix, par un arbitrage,
nous sommes des « gestionnaires ». C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, devant
la multiplicité des décisions et la complexité des arbitrages, chaque cadre responsable
doit pouvoir mesurer les incidences financières de ses choix. L'ambition de cet
ouvrage est de permettre au lecteur « profane » de comprendre facilement les enjeux
financiers essentiels de la gestion d'entreprise. La démystification de ces concepts lui
permettra d'avoir un langage commun avec les gestionnaires « spécialistes »...
L'ensemble des décisions les plus fréquentes doit être analysé en fonction de leurs
incidences sur la rentabilité, la liquidité et la solvabilité de l'entreprise, logique
financière de toute activité économique durable. C'est à cette seule condition que les
acteurs de la vie de l'entreprise pourront adopter une vision commune et accroître,
dès cet instant, leur efficacité et celle de leur entreprise.
La structure de cet ouvrage est articulée autour de 8 chapitres qui regroupent les
notions essentielles.
Les chapitres 2 et 3 passent en revue les principales décisions de gestion que l'on
retrouve dans les comptes financiers produits par l'entreprise : le bilan et compte de
résultat. La connaissance du contenu de ces comptes et de leur interaction est
indispensable pour aborder les chapitres suivants. Cette analyse des principales
décisions que l'on retrouve dans ces documents financiers est volontairement limitée
au strict minimum.
A la fin de chaque chapitre figurent des analyses techniques pour les lecteurs qui
souhaitent approfondir les réponses aux thèmes proposés. Des cas d'applications
permettent de valider l'impact financier des décisions analysées et des tests attirent
l'attention sur les points les plus importants.
L'AUTEUR
Chapitre 1
1.1.1. Introduction
On peut même dire que l'entreprise ne vit que parce qu'elle représente une
différenciation positive par rapport à son environnement concurrentiel :
– différenciation sur ses produits,
– différenciation sur son marché et sur ses clients,
– différenciation sur son mode de production,
– différenciation sur son mode d'organisation interne,
– différenciation sur sa culture d'entreprise,
– différenciation sur sa structure financière.
Quels produits, quels marchés, quels clients, quelles évolutions futures, quelles
menaces concurrentielles, quelles stratégies de combat de la concurrence sont en
jeu ? Autant de questions-clefs à résoudre. C'est l'analyse marketing qui permet de
répondre à toutes ces questions.
Il faut également comprendre son mode d'organisation interne. Quelles sont ses
structures, comment sont déterminées les responsabilités, comment sont mesurées ses
16 Gestion financière
Sans aborder à aucun moment la technique comptable (ce n'est pas l'objet de cet
ouvrage), il est par contre nécessaire de visualiser parfaitement les principaux
comptes de l'entreprise, et surtout, les interactions qui les relient, car elles permettent
de mettre en évidence la relation entre le résultat et la trésorerie.
Quels résultats, quelle trésorerie, quelle rentabilité des capitaux ou des actifs,
quelles possibilités d'endettement pour se développer ? Toutes les actions et décisions
se traduisent par des mouvements qui correspondent à des flux financiers.
La gestion est l'approche financière de tous ces flux. C'est tout un art que de
déterminer au mieux les choix à faire.
Or, si les ressources sont toujours limitées, les besoins à satisfaire sont, eux,
illimités ou, si l'on préfère, il y a toujours moins de ressources de financement
disponibles que de besoins à financer.
On ne peut en effet faire l'acquisition des besoins souhaités que si l'on dispose des
ressources de financement correspondantes. Face à ce rationnement de ressources, il
y a donc l'obligation de faire des choix, autrement dit, de procéder en permanence à
des arbitrages financiers.
l'environnement concurrentiel) procède autant, sinon plus, d'un art que d'une
technique. La base de toute activité suppose la meilleure adéquation possible :
entreprise/environnement concurrentiel.
L'optimisation des choix financiers n'est validée que si l'activité réalisée est
conforme à la prévision. A ce niveau d'analyse, c'est bien plus d'un art que d'une
technique qu’il s'agit.
La gestion est un art : celui d'optimiser les choix financiers dans un environnement
concurrentiel pour atteindre les objectifs fixés.
La base de toute décision financière suppose que l'on puisse mesurer et anticiper
les conséquences financières des choix réalisés. Le système d'information comptable
enregistre toutes les opérations financières qui affectent la vie de l'entreprise et qui se
traduisent par des flux financiers. C'est la raison pour laquelle la base de l'analyse de
la gestion exige comme prérequis la compréhension de ce système d'information.
Elle seule permet :
– d'analyser les opérations passées et d'en déduire des modèles de décision,
– d'anticiper l'incidence financière des décisions prises.
Le principe de toute activité économique est repris dans le schéma comptable qui
se traduit financièrement par un bilan et un compte de résultat. Une activité
économique ne peut démarrer sans ressources financières. Ces ressources
appartiennent soit aux porteurs du projet (actionnaires) qui les mettent définitivement
à la disposition de l'entreprise, soit aux organismes de financement qui participent au
projet.
Bilan
Emplois ( utilisation des ressources) Ressources de financement
Immobilisations : Capital social
industrielles Dettes
commerciales
Trésorerie disponible Concours bancaires
Stricte égalité : Emplois = Ressources
La logique de l'endettement
Compte de résultat
Consommations Productions
Matières Chiffre d’affaires
Salaires
Autres charges
Résultat (bénéfice) Résultat (perte)
Le bilan (simplifié) de départ d'une entreprise (ou d'un projet) peut donc se
présenter de la manière suivante :
Bilan
Emplois Ressources
L'activité économique suppose une production de biens (ou services) qui seront
échangés dans l'environnement concurrentiel (marché de l'entreprise). L'activité se
traduit donc par des consommations et des ventes qui se retrouvent répertoriées au
compte résultat.
Le solde entre les ventes (le chiffre d'affaires) et les consommations qu'il a fallu
réaliser pour obtenir ce chiffre d'affaires correspond (dans une première approche) au
résultat qui viendra enrichir (ou appauvrir) la valeur des capitaux propres et donc la
valeur de l'entreprise. La variation des capitaux propres au cours d'un exercice est dès
lors représentative de la performance financière de l'entreprise.
22 Gestion financière
Compte de résultat
Consommations Productions
Pour ce premier exemple simplifié on considère que toutes les opérations se font
au comptant, c'est-à-dire (dans une hypothèse simplificatrice) sans décalage de
paiement ou de règlement. De même, on considérera que les achats sont intégrale-
ment consommés et qu'il n'y a donc pas de stocks disponibles à la fin de l'année. Le
bilan final se présentera de la manière suivante :
Bilan final
Emplois Ressources
REMARQUE. Les dotations aux amortissement sont des charges dites charges
calculées qui constatent une dépréciation des actifs mais qui ne correspondent pas à
une sortie de trésorerie.
Les enjeux financiers de la gestion de l’entreprise 23
Dans cet exemple très simple le supplément d'encaisse par rapport au début de la
période est équivalent au résultat de cette période. Ceci s'explique car :
– le montant des amortissements pratiqués correspond (dans cet exemple) au
montant du remboursement annuel de l'emprunt ;
– il n'y a aucun décalage entre les encaissements et les décaissements.
L'encaisse finale constatée correspond toujours à un solde entre les ressources et
les emplois (non compris l'encaisse bien évidemment).
Bilan
Actifs économiques Ressources financements
Immobilisations incorporelles Capital social
Immobilisations corporelles Réserves
Immobilisations financières Report à nouveau
Résultat
Compte de résultat
Consommations Productions
trésorerie disponible puisque ces fonds ont été utilisés pour financer les biens utilisés
pour l'activité de l'entreprise.
résultat ne pourra s'effectuer que lorsque la totalité des pertes antérieures aura été
préalablement compensée par des bénéfices.
Ces subventions figurent dans les capitaux propres avec en contrepartie une entrée
en trésorerie. Ces fonds serviront au financement de l'immobilisation concernée (ou
des frais de recherche immobilisés). Les immobilisations acquises sont amorties
comme n'importe quelle autre immobilisation.
Par cette pratique, la dotation aux amortissements concernant le bien financé par
une subvention ne diminue pas le résultat imposable, ce qui est logique. S'agissant
d'un bien financé grâce à une subvention, il serait anormal de bénéficier, en plus,
d'une réduction d'impôts grâce à la déduction fiscale permise par les amortissements
pratiqués.
Synthèse
Les valeurs figurant sous la rubrique « capitaux propres » correspondent à la
richesse annoncée de l'entreprise et donc à celle des actionnaires.
Dans une première approche simplifiée, ces capitaux regroupent le capital social
apporté par les actionnaires et les résultats conservés (réserves et report à
nouveau). Cette richesse augmente (ou diminue) principalement en fonction des
résultats réalisés par l'entreprise.
28 Gestion financière
Synthèse (suite)
Les montants figurant dans la rubrique capitaux propres ne sont pas disponibles en
trésorerie. Il s'agit de ressources de financement qui ont la plupart du temps été
utilisées :
– soit pour le financement d'actifs immobilisés,
– soit pour le financement d'actifs d'exploitation.
Rappelons que les capitaux apportés à l'entreprise par les actionnaires ne donnent
jamais lieu à remboursements. Il ne peut s'agir, en cas de liquidation de la société,
que d'une répartition de la trésorerie disponible après cession de l'ensemble des
actifs et apurement de la totalité des dettes. Les valeurs figurant dans les capitaux
propres ne sont donc jamais restituées aux actionnaires, à l'exception des montants
indiqués dans le compte report à nouveau qui est un résultat potentiellement
distribuable.
des opérations d'exploitation). Comme toute dette, les dettes d'exploitation sont des
ressources de financement.
Ces crédits sont renouvelés de façon quasi-automatique, à la condition qu'à
l'échéance ceux-ci soient systématiquement honorés, c'est-à-dire que l'entreprise
dispose à la date d'échéance de la liquidité nécessaire.
Ce crédit, que l'on nomme crédit inter-entreprise et que l'on peut assimiler à un
crédit revolving, représente souvent la principale ressource de financement du cycle
d'exploitation des entreprises.
C'est pourquoi le non-respect des échéances de règlements (traites impayées)
provoque l'interruption de ce crédit par les fournisseurs, suspension du crédit qui
provoque à son tour, la plupart du temps, la cessation de paiement.
En effet, l'entreprise défaillante se retrouve dans l'obligation de payer ses achats
comptant, et perd de ce fait immédiatement cette importante ressource de finance-
ment. La banque, quant à elle, refuse la plupart du temps de se substituer aux fournis-
seurs pour compenser cette perte de ressources d'exploitation.
Les amortissements pratiqués ont pour conséquence une baisse de la valeur des
actifs et donc corrélativement une baisse de la solvabilité globale de l'entreprise.
Elles correspondent à des prises de participation dans d'autres sociétés. Ces parti-
cipations sont réalisées pour obtenir un droit de pouvoir. On en attend également un
rendement financier qui corresponde aux résultats réalisés par ces sociétés.
Le rendement de ces divers actifs financiers peut parfois largement dépasser celui
des actifs industriels. C'est ce qui explique des « transferts » d'investissements,
problème très complexe, dont les conséquences sont redoutables et qui seront
analysées dans le chapitre sur le choix d'investissements (cf. § 7.3.1). Tous ces actifs
financiers ont eu comme contrepartie une sortie de trésorerie.
32 Gestion financière
Les stocks figurant dans le poste des actifs d'exploitation correspondent aux
achats ou à la production non consommés, c'est-à-dire non encore utilisés pour
l'activité de l'entreprise. Ces stocks sont ventilés de la manière suivante :
– stock marchandises : produits achetés en vue d'une revente sans transformation
(activité de négoce) ;
– stock matières premières : produits achetés pour être inclus dans un cycle de
fabrication de produits qui seront vendus ;
– stock produits finis : correspondant à la production fabriquée mais non vendue ;
– stock produits en-cours : produits non encore définitivement terminés le jour de
clôture des comptes.
Les méthodes utilisées pour valoriser ces stocks (prix d'achat ou coût de revient
de production) sont une des difficultés majeures dans l'appréciation de la solvabilité
de l'entreprise.
Ces actifs d'exploitation peuvent en effet subir une dépréciation dont il convient
de tenir compte pour respecter le principe de prudence dans l'évaluation des actifs.
La méthode de comptabilisation des stocks au bilan et au compte résultat est analysée
au § 3.4.4.
Les comptes clients correspondent aux ventes comptabilisées mais non encore
encaissées à cause des délais de règlement des factures que l'entreprise accorde à ses
clients.
Le compte client qui correspond au crédit que l'entreprise accorde à ses clients n'a
pas comme contrepartie une sortie de trésorerie mais une absence de rentrée en
trésorerie – puisque le chiffre d'affaires réalisé n'a pas encore été encaissé.
Toutefois comme il a fallu que l'entreprise paye soit les marchandises (négoce)
soit les consommations (productions), ces paiements ont nécessairement diminué la
trésorerie disponible.
On constate donc que le crédit que l'entreprise accorde à ses clients mobilise de la
trésorerie. Tout comme le crédit fournisseur, ce crédit est automatiquement
renouvelé. Paradoxalement, les entreprises ne font pas d'analyse systématique du
risque de leur client, et ceci malgré l'importance du crédit consenti en permanence.
Les VMP sont considérées comme des liquidités car s'agissant de valeurs
mobilières, elles peuvent être instantanément transformées, si nécessaire, en liquidité
par vente, au jour le jour, de ces VMP sur les marchés financiers.
Exemples
Pour les charges : les primes d'assurance.
Pour les produits : les abonnements (presse ou services) à servir.
Toutes les décisions, tous les choix ou arbitrages réalisés doivent tendre :
– à minimiser la valeur des actifs avec pour corollaire des ressources de
financement réduites. C'est à cette seule condition que l'entreprise peut maximiser
sa rentabilité face à un environnement concurrentiel donné ;
– à rendre aussi « liquide » que possible l'ensemble des actifs afin de minimiser le
risque de faillite.
Le risque de cessation de paiement est d'autant plus faible que les dettes sont
faibles et que les actifs sont liquides.
2.3. La solvabilité
2.3.1. Principes
Exemple chiffré
Bilan
Immobilisations 45 Capitaux propres 20
Stocks 20 Dettes financières 30
Clients 30 Dettes exploitation 40
Trésorerie 5 Dettes fiscales et sociales 10
Total 100 Total 100
L'analyse des différents postes du bilan entre deux exercices permet de mesurer la
variation de richesse de l'entreprise et la variation de son risque de faillite. Les
augmentations de capitaux propres (apports des actionnaires et bénéfices réalisés et
non distribués) ont systématiquement pour conséquence immédiate un enrichis-
sement de l'entreprise et donc l'amélioration de sa solvabilité globale.
Dans ce cas, le montant des dettes est supérieur aux actifs détenus par l'entreprise.
La mise en œuvre de cette règle se fait par le biais des dotations aux amortisse-
ments qui constatent la dépréciation des actifs et par celui des dotations aux provi-
sions pour dépréciations d'actifs ou pour risques et charges.
Résultat 1 000
Synthèse
L'affectation du résultat au compte report à nouveau ne se traduit par aucun
mouvement de trésorerie (il s'agit d'un mouvement interne dans les capitaux
propres) ; c'est une décision de gestion très importante qui arbitre entre la rétention
et la distribution des résultats effectués.
Le compte dividendes à payer enregistre la partie du résultat qui sera distribuée et
qu'il faudra payer aux actionnaires : c'est uniquement cette opération qui diminue
le montant des capitaux propres et la trésorerie de l'entreprise.
2.4.2. L'escompte
Soit une entreprise qui présente la situation suivante (extrait des comptes de
bilan) :
Bilan
Clients 600 Découvert bancaire 1 200
Elle demande à la banque de lui escompter une traite d'un de ses clients pour un
montant de 200. Cette demande est faite afin de diminuer le montant du découvert
bancaire.
Bilan
Clients 400 Découvert bancaire 1 000
La banque a avancé une somme de 200 qui vient donc en diminution du découvert
bancaire initial.
Dans un but de simplification nous n'avons pas tenu compte des frais financiers
d'escompte qui se retrouvent au compte résultat et qui viennent diminuer l'avance de
trésorerie effectuée par la banque.
38 Gestion financière
L'entreprise devra reverser au Trésor : la TVA sur vente (61,80) - TVA sur achats
(20,60) soit 41,20 F.
On constate que :
– la TVA que l'entreprise paye à son fournisseur sera récupérée ; on parle de TVA
déductible ;
– la TVA que l'entreprise fait payer à son client est encaissée pour le compte du
Trésor ; on parle de TVA collectée ;
– la taxe reversée correspond bien à la valeur ajoutée que l'entreprise donne à son
produit : 300 - 100 = 200 x 20,60 % = 41,20 ;
– c'est le consommateur final qui paye l'intégralité de la TVA, les différents
intermédiaires ne jouant que le rôle de collecteurs d'impôts successifs, pour le compte
du Trésor Public ;
– la TVA n'est donc pas une charge pour l'entreprise.
Conséquences
Pour un client payant ses factures à 90 jours, l'entreprise reversera la TVA
collectée 60 jours avant d'encaisser elle-même le produit de la vente.
Le principe est identique – mais inverse – pour les achats : l'entreprise déduit de la
TVA collectée la TVA sur ses achats, même si les factures ne sont pas encore réglées
aux fournisseurs. C'est le principe de la TVA sur débits (ou si l'on préfère sur
facturations).
Bilan
Résultat 200,00
Clients (TTC) 361,80 Fournisseurs (TTC) 120,60
TVA déductible 200,00 TVA collectée 61,80
On constate que :
– le solde de trésorerie correspond au résultat, ce qui démontre bien que la TVA
n'est pas une charge d'exploitation ;
– au compte de résultat, les achats et ventes (de même que l'ensemble des postes)
figurent hors TVA ;
– au bilan, les comptes clients et fournisseurs figurent TVA incluse. En effet, les
clients paient leurs factures TTC et l'entreprise règle ses fournisseurs de la même
façon.
40 Gestion financière
Si l'incidence de la TVA est nulle sur le résultat, il n'en va pas de même en ce qui
concerne cette incidence sur la trésorerie de l'entreprise.
C'est pour corriger cette incidence négative en termes de trésorerie que le fisc
permet, dans certains secteurs d'activité, le règlement de la TVA sur encaissements,
c'est-à-dire, lorsque l'entreprise a encaissé les produits donnant lieu à TVA.
Le compte résultat regroupe tous les postes qui enregistrent les mouvements ayant
trait à l'activité de l'entreprise. C'est la différence entre tous les facteurs d'enrichis-
sement (les produits) comparés aux facteurs d'appauvrissement (les consommations
ou charges) qui détermine le résultat de l'entreprise, résultat sur lequel il y aura un
impôt à payer (IS au taux actuel de 33,33 %).
Les charges et produits engagés par l'entreprise au cours de son activité peuvent
se ventiler de la manière suivante :
– les charges et produits décaissables ou encaissables, c'est-à-dire donnant lieu à
un mouvement de trésorerie (immédiat ou différé) ;
– les charges et produits calculés, c'est-à-dire ne devant pas entraîner un
mouvement de trésorerie. Par contre, ces charges et produits auront une incidence sur
le résultat déterminé pour l'exercice et donc sur le montant de l'impôt à verser.
Le compte résultat enregistre les produits et les consommations qui sont
comptabilisés pour la période de référence, quel que soit le moment d'encaissement
de ces produits ou de règlement des ces charges.
Elle correspond aux variations des stocks de produits finis et des stocks d'en-
cours. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un produit qui permet d'augmenter le
résultat de l'entreprise, puisque cette production « stockée » a comme contrepartie
une augmentation des consommations nécessaires à la réalisation des produits
fabriqués mais non vendus. Ces produits sont comptabilisés au coût de production
(voir méthodes d'évaluation des stocks § 6.3.1).
Il ne peut donc en résulter un bénéfice tant que la vente de ces produits n'a pas été
réalisée.
NOTA. Le terme « production stockée » n'est pas très heureux dans la mesure où il
peut s'agir d'une production « déstockée » si l'entreprise vend plus qu'elle n'a fabriqué
dans l'année, auquel cas les stocks diminuent.
Elle correspond aux travaux réalisés par l'entreprise pour son utilisation propre.
Cette production (d'outillages techniques la plupart du temps) n'est pas destinée à être
vendue. Cette production immobilisée, évaluée au coût de revient de production, a
comme contrepartie une inscription au bilan, dans le compte immobilisations.
Ces subventions compensent – en principe – des charges qui ne donnent pas lieu à
recettes. De ce fait, une subvention d'exploitation ne devrait pas permettre de réaliser
du résultat, du moins en théorie, mais être seulement une subvention d'équilibre...
Les choix de gestion appliqués à l’activité 43
Dans certains secteurs d'activité, le montant des produits financiers dépasse le résultat
d'exploitation.
Dans ce cas on est en présence de sociétés qui glissent vers un type de société
financière pour laquelle l'activité de base fait place à des placements financiers et non
plus industriels (ou commerciaux).
Les achats matières premières correspondent aux achats de biens destinés à être
intégrés dans un cycle de fabrication. Ces achats ne concernent que les entreprises de
production. La délicate question des variations de stock (marchandises et matières
premières) sera analysée au § 3.4.4.
Les autres charges externes enregistrent toutes les prestations fournies à l'entre-
prise et qui donnent lieu à facturation.
résultat fiscal réalisé et ne doit pas être considéré comme une charge mais comme
une répartition du résultat.
Dans la plupart des cas, ces charges sont fiscalement déductibles, c'est-à-dire
qu'elle vont diminuer le résultat fiscal de l'entreprise et donc l'impôt société calculé à
partir de ce résultat.
Les taux d'amortissements (durée de la dépréciation) sont fixés par le fisc. Sous
certaines conditions, l'entreprise peut choisir les modalités d'amortissement qui lui
conviennent le mieux (linéaire ou dégressif). L'intérêt de pratiquer l'amortissement
dégressif se situe au niveau du décaissement de l'impôt société. Celui-ci interviendra
plus tard compte tenu d'une charge d'amortissement (fiscalement déductible),
provisoirement plus élevée.
Par contre, le résultat final annoncé sera moindre et cela peut contrarier la volonté
des dirigeants de l'entreprise.
On verra ultérieurement qu'il est très difficile de calculer certains ratios et donc,
dans de nombreux cas, de porter un jugement serein sur la solvabilité réelle de
l'entreprise.
3.3.2.1. Principe
Le principe de la règle de prudence dans l'évaluation des actifs trouve son
application dans l'obligation de retraiter, c'est-à-dire de diminuer, si nécessaire, les
valeurs d'actifs par le jeu de provisions pour dépréciation d'actifs. Celles-ci ont
comme contrepartie, au compte résultat, une dotation pour provisions.
46 Gestion financière
Ces dépréciations d'éléments d'actifs sont des charges calculées qui correspondent
à un risque de non-entrée en trésorerie, c'est-à-dire qu'il ne sera sans doute pas
possible de transformer en liquidité la contrepartie des valeurs inscrites au bilan.
Dans l'évaluation de la solvabilité d'une entreprise, la valeur réelle des stocks est
sans doute l'élément le plus délicat à déterminer pour apprécier la vraie valeur des
actifs.
3.3.2.4. Les dotations aux provisions pour dépréciation des comptes clients
Ces provisions correspondent aux clients en difficulté, qui risquent de ne pas
pouvoir honorer leurs créances (impayés, retard très important dans la prévision de
règlement, etc.). La créance provisionnée ne s'éteint pas pour autant, mais une fois
provisionnée, les comptes clients figureront au bilan pour une valeur nette,
correspondant au montant que l'on peut raisonnablement espérer récupérer.
Les choix de gestion appliqués à l’activité 47
Toutes les provisions effectuées sont, comme leur nom l'indique, « provisoires »,
c'est-à-dire dans l'attente du dénouement de la réalité des faits.
Soit les provisions effectuées étaient justifiées puisque le risque couvert s'est
avéré réel (clients en dépôt de bilan, procès perdu, etc.). Dans ce cas, il n'y a qu'une
régularisation comptable à faire mais cela ne changera en rien la situation de
l'entreprise en ce qui concerne son résultat annoncé. En effet, celui-ci a déjà été
diminué sur la période précédente du montant de la provision constituée.
Soit les risques couverts se sont avérés inutiles grâce à un dénouement positif des
litiges en cours (client qui s'acquitte de sa dette, procès gagné, risque disparu, etc.).
Dans ce cas, il convient d'annuler la provision précédemment réalisée par une reprise
sur provisions (on parle de réintégration des provisions).
Les reprises sur provisions sont des produits calculés, qui ne correspondent pas à
une entrée en trésorerie mais qui augmentent le résultat de la période où elles sont
réalisées.
C'est une des raisons pour lesquelles le concept de capacité d'autofinancement (la
CAF), qui sera abordé en analyse financière, permet, par son mode de calcul, une
vision plus réaliste de la performance réelle générée par l'entreprise.
Synthèse
Le respect de la règle de prudence dans l'évaluation des actifs et des risques
impose de retraiter ces différents postes de manière à présenter une situation
« économique » aussi proche que possible de l'évaluation comptable.
Ces provisions sont réalisées par le biais de dotations aux amortissements et
provisions. Ces charges calculées figurent au compte résultat et ne correspondent
pas à une sortie de trésorerie.
La correction éventuelle de ces dotations se fait par le poste de reprises sur
provisions qui annule les dotations précédentes mais ne correspond pas à une
entrée en trésorerie. Ce sont des produits calculés.
L'importance des provisions (et de leur reprise) tient à leur caractère éventuel-
lement très subjectif, ainsi qu'à la très grande liberté laissée au chef d'entreprise
dans l'évaluation des retraitements réalisés.
C'est un des points les plus délicats de l'analyse. Il relativise sensiblement le
jugement que l'on peut avoir du résultat annoncé.
Bilan
Valeur brute des immobilisations 2 600 Capital social 2 000
Stocks 1 700 Résultat 1 206
Client 1 300 Dettes 2 000
Disponible 200 Dette fiscale (IS) 594
Total 5 800 Total 5 800
Compte de résultat
Achats 3 000 Ventes 6 000
Salaires 1 200
Résultat avant IS 1 800
Impôt société (33 %) 594
Résultat net comptable 1 206
Les choix de gestion appliqués à l’activité 49
Compte de résultat
Bilan
Actif Passif
Conclusion
Les dotations aux amortissements et provisions ont eu pour conséquence de
diminuer la valeur des actifs (provisions pour dépréciations d'éléments d'actifs) et
d'augmenter l'endettement « potentiel » (provisions pour risques et charges).
Ces différents retraitements se traduisent par une baisse du résultat imposable et
une diminution de la solvabilité.
En effet, initialement, le rapport CP/bilan se situait à 55 % (3 206/5 800) alors
qu'après correction des valeurs il est passé à 53 % (2 798/5 240).
On constate que la trésorerie n'a pas été affectée par ces opérations. Seule la
diminution de l'impôt, consécutive à la baisse du résultat fiscal, aura une incidence
sur la trésorerie.
Un bien peut être amorti soit sur le mode linéaire, soit sur le mode dégressif.
L'incidence fiscale n'est pas neutre puisque le calcul démontre que dans le cas de
l'amortissement dégressif, la charge annuelle d'amortissement étant beaucoup plus
importante au début, le résultat fiscal et donc l'impôt à payer s'en trouvent minorés.
Le problème à résoudre est celui de la solvabilité car la valeur annoncée des actifs
sera nécessairement différente.
Notons enfin que la totalité des biens ne peut bénéficier de cette libéralité fiscale
(immeubles notamment).
Exemple chiffré
Soit un bien de 1 000 kEuro, amortissable sur 5 ans, pouvant être amorti soit de
façon linéaire, soit de façon dégressive. L'amortissement étant à faire sur 5 ans, en cas
d'amortissement dégressif on applique un coefficient de dégressivité de 2, soit un
taux d'amortissement annuel de 40 %.
Notons que la réglementation fiscale impose, à des taux particuliers, selon leur
nature, les plus-values réalisées sur cession d'actifs (différence sensible d'imposition
pour les plus-values sur cessions de titres financiers, et pour celles sur cessions
immobilières).
52 Gestion financière
Exemple chiffré
Soit une entreprise qui possède une immobilisation qui figure au bilan de la
manière suivante :
Valeur brute : 1 000 ; amortissements cumulés : 500 ; valeur nette : 500.
Compte de résultat
Valeur comptable des Produit de cession
éléments actifs cédés 500 des éléments d’actifs 600
Au bilan, l'immobilisation aura disparu et une entrée de trésorerie aura lieu pour
un montant de 600.
Conclusion
La sortie d'actifs qui figure au bilan ne correspond donc en aucune manière à une
charge donnant lieu à une sortie de trésorerie.
Même dans le cas de moins-value fiscale sur cession d'actifs, une cession se
traduit toujours par une entrée de trésorerie.
3.4.4.1. Au bilan
Figure au bilan la valeur totale des stocks telle qu'elle ressort de l'inventaire
effectué en fin d'année (obligation légale). A ce titre les différents stocks existant font
partie des actifs d'exploitation (cf. l'approche des méthodes d'évaluation des stocks
de produits finis au § 6.3.1). Ces stocks sont obligatoirement ventilés en stocks
marchandises, stocks matières premières, stocks en-cours de production et stocks de
produits finis.
Cette méthode de calcul s'applique donc aux consommations des achats effectués
pour les marchandises et les matières premières.
A partir de ce résultat, on intègre toutes les autres charges et tous les autres
produits pour pouvoir déterminer le résultat final qui servira de base au calcul de
l'impôt.
Exemple chiffré
Compte de résultat
Achat marchandises 450 Ventes marchandises 800
Variation stocks marchandises - 50 Ventes produits finis 5 000
Achats matières premières 1 000 Variation stocks
produits finis (130 - 280) - 250
Variations stocks MP + 150 Variation produits en
cours de fabrication (160 - 60) +100
On observe bien par cette méthode de comptabilisation que seules les consom-
mations effectives et la production réelle entrent en ligne de compte pour la
détermination du résultat servant de base au calcul de l'impôt.
Le résultat avant impôt est soumis à l'IS au taux actuel (1997) de 33,33 %. Cet
impôt donne lieu à des versements d'acomptes, et on ne retrouve en dettes fiscales à la
clôture des comptes de fin d'année au titre de l'IS que le solde restant dû au titre de
l'année fiscale.
Synthèse
L'IS ne doit pas être considéré comme une charge pour l'entreprise mais comme
une répartition du résultat. En effet, en cas de perte comptable, il n'y a pas d'impôt
société à verser au Trésor à l'exception de l'IFA – impôt forfaitaire annuel – qui est
dû, même en l'absence de bénéfice. En cas de pertes, l'entreprise bénéficie pendant
5 ans de la possibilité de déduction des pertes antérieures pour le calcul de l'IS.
6. Les cessions d'actifs donnent lieu à plus-value ou moins-value selon les cas
(différence entre les produits de cession d'actifs et la valeur nette comptable avant
cession). Mais c'est uniquement le montant porté au compte produits de cession
d'actifs qui entre en trésorerie, la valeur comptable des éléments d'actifs cédés
(VCEAC) ne correspondant pas à une charge décaissée mais à une sortie d'actif.
7. La trésorerie varie indépendamment du résultat : les opérations de caisse
concernent aussi bien les opérations ayant trait au compte de résultat (produits et
charges) que les opérations internes au bilan (remboursement de la dette,
investissements, augmentation des capitaux propres, etc.).
Tous ces mouvements de trésorerie modifient sa situation de risque et sa structure
de liquidité. Rappelons que l'entreprise a pour contraintes de maximiser le résultat, de
minimiser le risque d'illiquidité, et de maintenir un certain niveau de solvabilité afin
de bénéficier des financements bancaires.
Chaque événement de la vie de l'entreprise affecte soit :
– le résultat,
– la trésorerie,
– la solvabilité,
– une partie ou l'ensemble de ces contraintes.
Mais il n'existe pas d'événements n'ayant aucune incidence sur tout ou partie de
ces contraintes, d’où la nécessité de maîtriser les implications financières essentielles
des décisions qui sont prises.
On peut ainsi classer schématiquement les opérations de la vie de l'entreprise en
3 catégories :
3.5. Applications
La société Limpide s'est créée le 2 janvier 1996 sous forme de SARL au capital de
850 kEuro. L'activité prévue est la production et le négoce de produits informatiques.
Le capital est entièrement libéré par les actionnaires, créateurs du projet. De plus,
certains actionnaires font un apport en compte courant pour 140 kEuro.
Dès la constitution de la société, les investissements suivants ont été effectués :
– achat d'un terrain : 120 kEuro, non amortissable ;
– achat d'un immeuble : 220 kEuro, amortissement sur 10 ans ;
– achat d'un brevet : 300 kEuro, amortissement sur 4 ans ;
– achat de matériel : 210 kEuro, amortissement sur 5 ans.
L'achat d'un matériel supplémentaire de 350 kEuro est financé par un prêt
bancaire de même montant. Les conditions du prêt sont les suivantes : taux 10 %,
durée 5 ans, remboursement par amortissements constants, chaque fin d'année.
Au cours de l'année, plusieurs événements ont été réalisés. Les ventes
marchandises se sont élevées à 200 kEuro, entièrement payés au 31/12/96.
Les ventes de produits finis se sont élevées à 1 610 kEuro. Sur ce montant,
160 kEuro restent dus au 31/12/1996. Les achats marchandises ont été de 80 kEuro,
intégralement payés aux fournisseurs. Les achats matières premières ont été de 450
kEuro dont 50 kEuro restent dus au 31/12/96. Les charges externes se sont élevées à
120 kEuro, intégralement payées au cours de l'année 1996.
Les salaires et charges sociales se sont élevés à 750 kEuro. Sur ce montant,
34 kEuro correspondent aux cotisations sociales du 4e trimestre 1996 et seront
versées le 15 janvier 1997. A la fin du mois de décembre 1996, du matériel a été
acquis pour 450 kEuro, matériel financé par un crédit fournisseur, remboursable à
partir de 1997.
Le prêt bancaire a été remboursé le 31/12/1996 pour un montant de 70 kEuro et
les charges financières correspondantes prélevées à la même date. Une installation de
matériel téléphonique est commandée pour 1997 et un acompte de 20 kEuro versé.
L'inventaire des stocks au 31/12/1996 est le suivant :
Stock marchandises 20 kEuro
Stock matières premières 90 kEuro
Stock produits finis 130 kEuro
Dans un but de simplification on ne tiendra pas compte de la TVA ni de l'impôt
société.
Etablir :
– le bilan d'ouverture,
– le compte de résultat pour l'année 1996,
– le compte de trésorerie,
– le bilan au 31/12/1996.
Les choix de gestion appliqués à l’activité 59
Bilan au 31/12/1996
Valeur Amortis- Valeur
brute sement nette
Terrain 120 0 120 Capital social 850
Immeuble 220 22 198
Brevet 300 75 225 Résultat 406
Matériel 210 42 168
” 350 70 280 Emprunt 280
” 450 0 450
Total 1 650 209 1 441
Stocks Compte courant 140
marchandises 20
matières premières 90 Fournisseurs 50
produits finis 130
Clients 160 Urssaf 34
Acompte fournisseurs 20 Fournisseurs
Disponible 349 d’immobilisations 450
Total 2 210 Total 2 210
Les choix de gestion appliqués à l’activité 61
R T S
01 L’entreprise réceptionne des marchandises et reçoit la facture du
fournisseur, règlement prévu à 60 jours.
02 Un client règle une facture par chèque.
03 L’entreprise passe une commande à un fournisseur de matériel et verse
un acompte sur commande.
04 L’inventaire des stocks fait ressortir une augmentation du stock de
matières premières par rapport au début de l’année.
05 Un client nous renvoie sa traite acceptée.
06 La banque accepte d’escompter la traite du client.
07 Un achat d’immobilisation est réalisé et financé par une dette
financière.
08 Un achat d’espace publicitaire est réalisé, réglé comptant par chèque.
09 Les commissions aux représentants sont calculées, le paiement devant
intervenir le mois suivant.
10 On rembourse une annuité de prêt (capital + intérêts).
11 Une dette fournisseur est transformée en capital.
12 Une provision pour dépréciation de stock est constituée.
13 Un virement est effectué de la caisse vers un compte banque.
14 Un apport en compte courant associé est réalisé par versement en
espèces.
15 Le cours boursier de l’action vient de perdre 5 % de sa valeur.
16 Le comptable constate la dotation annuelle aux amortissements.
17 Une partie du compte report à nouveau est distribuée aux actionnaires.
18 Un marché à l’export est signé avec versement d’un acompte sur
commande.
19 La banque retourne impayée une traite d’un client qui avait été escompté.
20 Le PDG se porte caution sur ses biens propres au profit de l’entreprise.
62 Gestion financière
VRAIX FAUX
01 Le concept de production correspond au chiffre d’affaires
réalisé.
02 La production immobilisée peut être évaluée au prix constaté
sur le marché pour une immobilisation identique.
03 La production stockée est évaluée au coût moyen pondéré,
des produits en stock.
04 Une variation négative du stock marchandises augmente le
taux de marge commerciale.
05 Une augmentation de la production stockée augmente le
résultat d’exploitation.
06 Une diminution de la production stockée diminue la valeur de
la production.
07 Une augmentation de stock diminue la trésorerie disponible.
08 Une diminution de stock diminue la valeur du patrimoine de
l’entreprise.
09 L’affectation du résultat aux comptes de réserves et de report
à nouveau correspond à un mouvement de trésorerie interne.
10 L’affectation du résultat aux comptes de réserves augmente la
solvabilité de l’entreprise.
11 La réévaluation des immobilisations correspond à une
augmentation de la trésorerie.
12 La réévaluation des immobilisations permet d’augmenter la
solvabilité globale.
Chapitre 4
L'ensemble des partenaires de l'entreprise sont intéressés par les informations que
permet l'analyse financière. Selon leur position vis-à-vis de l'entreprise, ils seront
intéressés par des informations différentes, plus ou moins spécifiques ou globales
selon les cas. Ainsi un actionnaire est-il principalement préoccupé par le rendement
de ses apports pour déterminer ses futures décisions en matière d'investissements
financiers. Par contre, le fisc surveille surtout la bonne régularité des versements
obligatoires et leur concordance avec l'ensemble des comptes de l'entreprise. Les
dirigeants, eux, recherchent nécessairement une vision plus globale de la qualité de
gestion de l'entreprise. Autant de partenaires, autant d'angles de vision différents de
l'analyse financière.
Pourquoi privilégier ainsi cet angle d'analyse ? Nous avons vu que le risque
d'illiquidité était le risque prioritaire auquel l'entreprise devait faire face puisqu'il en
va de sa survie. Nous savons également que ce risque de rupture de trésorerie se
concrétise in fine par le refus de la banque de maintenir son concours de trésorerie au
jour le jour. Dès lors, on comprend qu'il convienne d'analyser soigneusement, et
prioritairement sous l'angle de l'analyse bancaire, les raisons qui expliquent l'inter-
ruption des concours financiers de la banque.
Il existe une logique financière qui est également une logique bancaire qu'il faut
impérativement comprendre, accepter, maîtriser, anticiper.
Les ratios sont des indicateurs qui mettent en œuvre deux valeurs pour lesquelles
existe une corrélation. Ces ratios sont construits en fonction des informations à
connaître. Ainsi peut-on mesurer par exemple :
4.1.3.1. La tendance
La tendance observée est la plupart du temps plus importante que la valeur du
ratio. Seule cette tendance est porteuse de l'évolution prévisionnelle de la valeur du
ratio et donc de la situation future de l'entreprise. Ainsi, par exemple, si la rentabilité
financière (mesurée par le ratio RNC/CP) s'établit de la façon suivante pour 2 sociétés
sur une période de 3 ans :
N1 N2 N3
Société A 12 % 15 % 17 %
Société B 17 % 15 % 12 %
Pour reprendre l'exemple précédent, si les entreprises du secteur dans lequel les
sociétés A et B exercent leur activité ont toutes une rentabilité voisine de 25 %, le
jugement est nécessairement différent de celui que l'on porterait si au contraire les
sociétés du secteur avaient en moyenne des taux de 8 % par exemple. Cette méthode
d'analyse par les ratios constitue l'ossature de toute analyse financière.
Nous allons voir comment interpréter les différents indicateurs que nous allons
construire autour de ces concepts. Toutefois, la base principale susceptible de faire
évoluer ces ratios est constituée principalement par l'activité prévisionnelle de
l'entreprise (chiffre d'affaires).
66 Gestion financière
Les ratios qui seront analysés sont autant d'indicateurs d'alerte. En aucun cas on
ne peut expliquer les causes de détérioration de la gestion par le simple constat d'une
tendance défavorable. C'est sur le terrain que l'on pourra rechercher les causes réelles
des dysfonctionnements observés.
Ces trois résultats ont des origines et des causes de variations qui n'ont aucun
rapport les unes par rapport aux autres.
C'est la raison pour laquelle il convient de les analyser de manière séparée,
c'est-à-dire d'en décomposer les facteurs.
Dans une optique prévisionnelle, il faut également dissocier les facteurs expli-
catifs du résultat pour pouvoir anticiper une situation prévisionnelle, les causes de
variation des différents niveaux de résultat n'ayant pas de rapport entre elles.
L’analyse de la performance financière 67
Il est nécessaire de récupérer des informations qui ont été retraitées par le biais de
la comptabilité analytique, seule méthode fiable pour porter un jugement détaillé
(voir chapitre 6).
Le ratio fondamental dans l'analyse des activités de négoce est le taux de marge :
Notons toutefois qu'en analyse de tendance, quel que soit le niveau initial du taux
de marge commerciale, une détérioration de celui-ci est annonciatrice de graves
dysfonctionnements dans l'activité :
– perte de différenciation par rapport à la concurrence, ce qui entraîne une
diminution des prix de vente et des actions promotionnelles fréquentes pour soutenir
l'activité ;
– augmentation des prix d'achats marchandises non répercutée dans les prix de
vente par suite d'une pression concurrentielle qui augmente ;
L’analyse de la performance financière 69
Le taux de consommation des salaires qui se traduit par le ratio salaires (+ charges
sociales)/production est sans doute le ratio le plus important de toute l'analyse de
gestion.
Ces trois causes expliquent – en partie – les raisons pour lesquelles on observe les
taux de chômage que l'on connaît dès que l'activité est en récession.
72 Gestion financière
Pour appréhender les valeurs d'amortissements, les ratios d'analyse utilisés sont :
– dotations annuelles aux amortissements/immobilisations brutes,
– amortissements cumulés/immobilisations brutes.
Ils permettent l'appréciation de l'obsolescence des actifs utilisés et la politique
d'amortissement pratiquée. La réglementation fiscale assez stricte impose des métho-
des d'amortissements constantes dans le temps. De ce fait, les modalités de choix se
limitent à la méthode d'amortissement retenue, linéaire ou dégressive (cf. § 3.4.2).
En ce qui concerne les dotations aux provisions (et les reprises sur provisions
correspondantes) pour dépréciations d'éléments d'actifs (stocks et clients) et pour
risques et charges (au passif du bilan), la situation est beaucoup plus délicate et
permet de nombreuses modifications du résultat annoncé in fine. D'où l'importance de
l'analyse de ratios tels que :
– dotations annuelles pour dépréciation des stocks/stocks (au bilan),
– dotations annuelles pour dépréciation des clients/clients (au bilan).
Pour porter un jugement fiable sur les comptes d'une entreprise, notamment au
regard des ces dotations et provisions, il faut prendre en compte qu'une variation
intempestive de ces ratios est fréquemment le signe de « manipulations » comptables
pour modifier artificiellement – dans un sens ou dans un autre – le résultat annoncé.
L’analyse de la performance financière 73
Quant à l'analyse des provisions pour risques et charges, leur évaluation ainsi que
les reprises sur provisions afférentes nécessitent une analyse au coup par coup. Ces
analyses sont toujours délicates et des explications sont nécessaires dans la mesure où
les montants indiqués démontrent une forte variation d'une année sur l'autre. On verra
plus loin (cf. § 4.3.2) comment le calcul financier de la capacité d'autofinancement
permet en partie de limiter les écarts dans l'analyse du résultat.
En effet, la politique d'amortissement des actifs ainsi que les provisions pour
dépréciation sont analysées après l'EBE. De plus, ces charges calculées (ouvrant droit
à déduction fiscale) ne sont pas une sortie de trésorerie.
L'EBE est, dans ces conditions, un potentiel de trésorerie encaissable, que l'on
retrouvera, sous certaines conditions, dans la trésorerie de l'entreprise (excédent de
trésorerie d'exploitation cf. § 5.4.1). Quant à l'incidence de la structure de finan-
cement, elle se retrouve au niveau du résultat financier qui vient également après
l'EBE. Ainsi, on peut considérer que l'EBE est le « vrai » résultat d'exploitation.
Seule une analyse analytique interne permettra d'identifier les causes réelles de
cette détérioration.
Une des critiques que l'on peut faire à propos de ce solde de gestion concerne
l'évaluation des stocks produits finis et de la production immobilisée. Une évaluation
trop « optimiste » de ces valeurs modifie instantanément l'EBE, ce qui peut rendre
son analyse délicate. On verra que ce défaut se corrige dans l'analyse – plus
complexe – de l'excédent de trésorerie d'exploitation (cf. § 5.4.1).
L’analyse de la performance financière 75
Son interprétation : compte tenu de ce qui vient d'être dit, on doit analyser avec
beaucoup de prudence le résultat d'exploitation si on observe de fortes variations sur
les charges et produits calculés. Rappelons toutefois que les mouvements qui
affectent ces charges et produits calculés ne modifient que provisoirement ce résultat
d'exploitation. Sur une période plus longue que l'analyse annuelle, les variations
constatées se réduisent d'elles-mêmes.
C'est un des rôles des commissaires aux comptes que de veiller à la sincérité des
écritures comptables, notamment en ce qui concerne les dotations aux provisions. Le
ratio le plus fréquemment utilisé pour analyser le résultat d'exploitation compare ce
résultat au rapport au chiffre d'affaires qui a permis la réalisation de ce résultat :
résultat d'exploitation/chiffre d'affaires.
Une valeur > 1 démontre que l'entreprise ne produit pas le résultat nécessaire à
la couverture de ses frais financiers. Si cette situation persiste, on assiste à un
phénomène cumulatif, les frais financiers étant eux-mêmes générateurs de frais
financiers supplémentaires puisque ceux-ci n'ont pas été payés. C'est une spirale
infernale qui mène à la cessation de paiement ainsi qu'on a pu l'observer
statistiquement (cf. méthodes de scoring annexe 2).
Un autre ratio est souvent utilisé, de manière très globale : frais financiers/chiffre
d'affaires avec une valeur souhaitable < 5 %. L'analyse mérite toutefois beaucoup de
réserves car ce taux dépend du secteur d'activité. De plus, les frais financiers sont
couverts par une marge et non par un chiffre d'affaires.
76 Gestion financière
Les valeurs prises en compte sont évaluées en coûts historiques. Pour les
immobilisations anciennes ou totalement amorties se pose le problème de la valeur
économique « réelle ». On a vu que le mode d'amortissement choisi (linéaire ou
dégressif) peut faire varier – provisoirement – la valeur des biens de façon
significative.
La solvabilité étant un des critères prioritaires retenu par les organismes de crédit
dans les conditions d'octroi de financements aux entreprises, il est indispensable
de pouvoir mesurer aussi justement que possible la valeur patrimoniale réelle.
Démonstration chiffrée
Soit l'extrait des comptes – simplifiés – d'un projet :
Bilan au 1/1N
Compte résultat N
Résultat net 67
Bilan au 31/12/N
2. Le compte résultat enregistre les achats marchandises de l'année (quel que soit
le moment de paiement de ces achats) ainsi que les variations de stocks (stock
initial – stock final). La somme algébrique : achats + variation de stock permet le
calcul de la consommation effective des achats de marchandises (on parle d'achats
consommés).
La marge commerciale est la différence entre les ventes marchandises et les
achats consommés de marchandises.
Les prévisions d'activité étant par nature incertaines (on ne maîtrise pas la
demande du marché), cette adéquation parfaite entre les ventes et les consommations
n'est jamais réalisée. On se trouve systématiquement :
80 Gestion financière
– soit devant des achats plus importants que les besoins réels et le stock en fin de
période augmente, ce qui se traduit par une variation négative (SI < SF) : les achats de
l'année n'ont pas été entièrement consommés ;
– soit devant des achats insuffisants par rapport aux besoins et dans ce cas il a
fallu pour réaliser le chiffre d'affaires puiser dans les stocks et celui-ci diminue par
rapport à la situation initiale : variation positive (SI > SF). Le stock diminue,
correspondant à une variation positive qui, ajoutée aux achats, donne la valeur des
achats consommés.
Seuls ont une action sur le résultat les montants des achats effectivement
consommés au cours de la période (achats + variation de stock) par rapport au
chiffre d'affaires. On doit donc toujours raisonner achats + variations de stock
(positives ou négatives) prises globalement.
On en déduit :
– que les achats analysés seuls ne permettent pas de déterminer la marge
commerciale ;
– que les variations de stocks (positives ou négatives) n'ont aucune incidence sur
la marge commerciale ;
– que ces variations ne correspondent qu'à l'écart entre les prévisions de consom-
mations et les montants réellement utilisés.
REMARQUE. Le poids des achats consommés par rapport au chiffre d'affaires est
fonction du taux de marge appliqué, lui-même fonction de la pression concurrentielle
à laquelle est confrontée l'entreprise.
Démonstration chiffrée
Soit une entreprise qui commercialise une gamme de produits. Admettons comme
postulat que le taux de marge commerciale est de 40 %, soit un coefficient
multiplicateur (avant TVA) de 1,66. Rappelons que taux de marge commerciale =
marge/CA HT soit :
PA HT : 100 ; PV HT : 166 ; MC HT : 66 ; T% marge : 66/166 = 40 %.
Compte résultat N1
Les achats consommés seront donc de 900/1,66 soit 542 kEuro (identiques à
l'année N1). Les achats de marchandises étant de 650 kEuro, soit à nouveau pour un
montant supérieur à la consommation, le stock augmentera mais le résultat restera
identique (si on applique naturellement un taux de marge identique à la période
précédente).
Nous avons acheté pour 650 kEuro et nous n'avons consommé que 542 kEuro ; le
stock a augmenté au bilan de 108 (650- 542) et ressort donc à fin N2 à 860 + 108 =
968 kEuro.
Compte résultat N2
La troisième année N3, afin de résorber une partie des stocks qui ont augmenté,
on achète moins que la consommation prévisionnelle : par ex. achats marchandises =
500 kEuro chiffre d'affaires prévu : 900 kEuro.
Les consommations seront de 900/1,66 = 542 kEuro.
Compte résultat N3
On observe que le stock a diminué mais que la marge commerciale est identique
puisque le CA et le taux de marge sont identiques.
Démonstration chiffrée
Soit une entreprise qui fabrique un produit alpha pour lequel elle consomme des
MP pour une valeur de 100 kEuro par unité produite. Le stock au 1/1/N est de 1 000
kEuro (stock de sécurité). On prévoit de produire 20 unités et l'on approvisionne en
fonction de cette production prévisionnelle pour 20 x 100 = 2 000 kEuro. Chaque
produit sera vendu 500 kEuro. Si les 20 unités sont produites et vendues, le compte
de résultat se présentera comme suit :
Compte résultat
Compte résultat
On observe exactement la même absence d'incidence sur le résultat que dans les
situations précédemment analysées.
Au bilan nous aurons un stock final de 1000 (stock initial : 2 000 – diminution :
1 000).
Compte résultat
Consommation MP 2 000
Conclusion
Quel que soit le sens de la variation d'un stock matières premières (augmentation
ou diminution), l'incidence sur le résultat est nulle. Seules doivent être prises en
compte les consommations réelles de matières premières qui, comparées à la
production, déterminent le niveau de marge brute réalisée.
4.3.3.3 Analyse de la variation d'un stock de produits finis sur le résultat d'exploitation
RAPPEL. Les variations de produits finis sont inscrites au compte de résultat dans
les « produits » sous l'intitulé « production stockée ». La variation de stock produits
finis se calcule : stock final – stock initial ; si le stock augmente, la variation est
positive, et si le stock diminue, la variation est négative.
L’analyse de la performance financière 85
Ces trois hypothèses n'étant pour ainsi dire jamais réunies, il en résulte une très
grande complexité à mesurer avec précision l'incidence d'une variation de stock
produits finis sur le résultat.
Démonstration chiffrée
Compte résultat
Hypothèse A Hypothèse B
On constate que les produits stockés ont comme contrepartie une consommation
de charges (matières premières et salaires) de même valeur.
De la même façon, bien que cela soit beaucoup plus délicat à démontrer, une
diminution de la production stockée correspond à une diminution des charges
variables de production (si les paramètres indiqués au début de la démonstration sont
bien respectés). Si les produits finis diminuent entre deux périodes c'est parce que
l'on a moins produit que vendu, donc les ventes, en quantité, ont été supérieures à la
production. Dans ce cas, les charges, si elles sont bien variables, doivent
nécessairement être inférieures à ce qu'elle auraient été si la production était
équivalente (en quantité) aux ventes.
Synthèse
Une variation de produits finis ne doit en aucun cas avoir d'incidence sur le
résultat. Une entreprise ne peut en aucun cas générer du résultat avec une
production interne non vendue.
Ceci étant démontré, il faut bien réaliser que ce « stockage » éventuel de frais
généraux dans le coût de valorisation des stocks peut donner l'illusion d'un résultat
mais n'est que provisoire. En effet, lorsque ces stocks seront vendus c'est la valeur
stockée qui sera sortie du stock, diminuant du même coup le « résultat » comptabilisé
l'année précédente.
Démonstration chiffrée
Soit un produit alpha pour lequel on a les informations suivantes pour l'année N1 :
Production de la période : 58 000 pièces
Ventes de la période : 32 000 pièces
Prix unitaire de vente : 11 Euro
Chiffre d'affaires : 352 000 Euro
Coût variable de production : 261 000 Euro
Coût fixe de production : 69 600 Euro
Autres charges : 142 500 Euro
L’analyse de la performance financière 87
Le choix du coût retenu pour la valorisation n'est donc apparemment pas neutre
pour le compte de résultat.
immobilisations. En effet, de même que pour les produits finis et non vendus, la
réalisation des immobilisations par l'entreprise donne nécessairement lieu à des
consommations (matières premières et salaires).
Celle-ci ne doit être valorisée qu'au coût de revient des facteurs de production.
Tout au plus peut-elle, en cas de sous-activité chronique, donner un plan de charge à
son activité et éviter le coût de la sous-activité. Mais il n'est pas équivalent de
s'enrichir par une production immobilisée et d'éviter des pertes par un plan de charge
qui compense une sous-activité.
Comme il a fallu payer ces achats (même en tenant compte des délais fournis-
seurs), la trésorerie a nécessairement été sollicitée. Chaque augmentation du stock
marchandises se traduit donc par une diminution de la trésorerie disponible. A
l'inverse, si on achète moins que les besoins réels, la diminution des stocks entraînera
une augmentation de la trésorerie puisque les ventes réalisées seront effectuées sans
que la totalité des achats correspondants soit réalisée.
4.3.5. Conclusion
Stock marchandises :
Augmentation Nulle Baisse
Diminution Nulle Augmente
Dans les deux analyses que nous allons effectuer, le préalable consiste à ventiler
les charges du compte résultat en deux catégories.
L'analyse des charges du compte de résultat classées selon leur variabilité permet
de déterminer un solde de gestion spécifique : la marge sur coûts variables.
Quel niveau d'activité faut-il réaliser pour que l'activité vendue dégage une marge
sur coût variable qui permette de couvrir la totalité des coûts de structure de la
période analysée, auquel cas le résultat serait nul ?
Exemple
Soit une entreprise qui produit et vend un produit.
Prix de vente unitaire : 140 Euro
Coût variable unitaire de production : 80 Euro
Coûts de structure annuels : 900 000 Euro
Dans la mesure où l'on désire effectuer l'analyse au niveau d'un produit, le calcul
peut naturellement se faire en quantité : 900 000/60 = 15 000 produits à vendre.
Le seuil de rentabilité correspond aux produits à vendre et non pas à produire car
la marge sur coûts variables servant à la couverture des frais fixes ne se réalise que
par la vente et non pas par la seule production.
92 Gestion financière
C'est à ce niveau d'analyse que l'on rencontre les problèmes les plus délicats à
résoudre. En effet, la plupart des calculs intègrent comme charges variables la totalité
des coûts de main d'œuvre de production.
On sait qu'il n'en n'est rien et que ces charges ne sont pas véritablement variables,
mais on procède de cette façon car on considère que si l'on arrête la production d'un
produit, il ne peut plus y avoir de charges de salaires affectées à un produit qui
n'existe plus.
Nous pouvons dire que la pérennité de l'entreprise est d'autant mieux assurée que
le poids de ses charges variables dans le total des charges d'exploitation est
important, c'est-à-dire que la variabilité des charges est importante.
L’analyse de la performance financière 93
Et en premier lieu les charges de salaires qui sont prépondérantes dans le poids
des charges d'un compte de résultat. Malheureusement, force est de constater que tout
notre environnement social procède exactement en sens inverse, c'est-à-dire que le
poids des charges fixes par rapport aux charges variables ne cesse d'augmenter,
fragilisant ainsi la situation de résultat et de liquidité des entreprises. L'idéal
théorique consisterait à n'avoir que des charges variables ; dans ce cas, le risque de
l'entreprise en ce qui concerne son résultat d'exploitation serait quasiment nul, de
même que son risque d'illiquidité.
Une analyse pertinente – mais délicate – consiste à analyser à partir de quel seuil
de sous-activité vendue on décide de réduire l'activité produite. Dans ce type
d'analyse on raisonne en « mix » c'est-à-dire que le taux de baisse observé est
pondéré par la durée estimée de la baisse.
Il faut rechercher dans la répartition entre les charges fixes et les charges variables
la plus grande part possible de charges variables.
Enfin, dans l'analyse du seuil de rentabilité, dès l'instant où une activité, intégrée
dans un ensemble, génère une marge sur coûts variables positive, même si le résultat
analytique de l'activité est négatif, il faut faire très attention avant de la supprimer. En
effet, la marge positive permet de contribuer à la couverture d'une partie des charges
fixes. C'est la raison pour laquelle la marge sur coûts variables est appelée marge de
contribution.
Pour conclure sur le seuil de rentabilité, sous réserve des précautions d'emploi que
nous avons indiquées, ce calcul permet de valider financièrement l'opportunité de
développement d'un projet d'entreprise.
94 Gestion financière
4.5. Applications
VRAI FAUX
01 La CAF moins les dividendes versés représente l’autofinance-
ment net.
02 L’autofinancement net se retrouve en trésorerie.
03 Les modalités d’amortissement sont librement choisies.
04 La CAF est un potentiel de trésorerie affecté au remboursement
du capital et intérêt d’un prêt.
05 La taxe professionnelle (TP) se calcule à partir des immobili-
sations nettes et des salaires.
06 Une immobilisation entièrement amortie est sortie du bilan et ne
rentre pas dans la base de calcul de la TP.
07 Les immobilisations financées par crédit-bail ne sont pas prises
en compte dans le calcul de la TP.
08 Les immobilisations sont toujours amorties sur la totalité de leurs
valeurs.
09 La totalité des amortissements pratiqués constitue une charge
déductible.
10 On peut choisir librement l’affectation que l’on souhaite donner
pour la CAF.
11 L’amortissement constitue une ressource interne gratuite à
disposition de l’entreprise.
12 On peut dire que l’EBE représente un potentiel de trésorerie
dégagé uniquement par l’exploitation.
13 On peut dire que la CAF représente le potentiel de trésorerie
finale dégagée par l’entrreprise.
14 La solvabilité (CP/bilan) est une mesure très précise du risque de
faillite de l’entreprise.
15 Les amortissements pratiqués sur le mode dégressif permettent
une économie d’impôt plus importante que sur le mode linéaire.
16 La performance économique globale de l’entreprise est mieux
mesurée par l’EBE que par la CAF.
17 La structure de financement est sans effet sur la CAF.
18 Le résultat exceptionnel sur opération en capital servant au calcul
de l’IS fait partie de la CAF.
19 Si les conditions d’exploitation sont identiques, le taux de
consommation MP diminue quand la production diminue.
L’analyse de la performance financière 95
L'analyse du risque
De toutes les questions qui se posent dans l'analyse financière, l'analyse du risque
est au centre des préoccupations des responsables de l'entreprise et de leurs
partenaires financiers. De quel risque s'agit-il ?
Le seul risque réel et permanent est relatif au risque de trésorerie et donc au risque
d'illiquidité dont nous avons souligné dès le début de cet ouvrage le caractère
prioritaire dans le réseau des contraintes auxquelles est soumise l'entreprise
(cf. §1.1.1).
Une entreprise se trouve en situation d'illiquidité lorsqu'elle ne peut plus faire face
à ses engagements au jour le jour. Elle se trouve donc dans l'incapacité de rembourser
avec de la trésorerie disponible (ou du découvert) les dettes qui se présentent à
échéance : dettes financières, dettes d'exploitation (fournisseurs), dettes fiscales,
sociales ou autres.
L'entreprise se trouve dans ce cas lorsque la banque refuse (pour des raisons qu'il
convient d'analyser de manière rigoureuse) d'augmenter ou de maintenir le découvert
bancaire (facilités de caisse) accordé à l'entreprise. Dans le cas où l'entreprise ne peut
trouver la liquidité immédiate (en espèces) pour satisfaire les règlements prévus,
l'entreprise se trouve en situation de rupture de trésorerie, autrement dit d'illiquidité.
Elle n'a plus la liquidité requise pour faire face à ses engagements.
98 Gestion financière
Ces pertes ont donc nécessairement ponctionné la trésorerie et les capitaux propres
(détérioration de la solvabilité). L'analyse précise des causes réelles de rupture de
trésorerie ne permet en aucun cas d'imputer à la banque la responsabilité d'un dépôt de
bilan, même si celle-ci a le rôle – et le pouvoir – de la sanction ultime.
Malgré différentes « affaires » qui peuvent surprendre, les banques sont encadrées
par une « loi » qui stipule deux grands principes dans les conditions d'octrois de
concours bancaires :
1er principe : interdiction de soutiens abusifs. La banque ne doit pas accorder ou
maintenir des crédits à une entreprise qui ne pourra, de toute évidence, satisfaire à ses
obligations de remboursement (activité trop réduite, CAF notoirement insuffisante
par exemple).
2e principe : interdiction de retirer sans délai des concours bancaires accordés, si
leur retrait immédiat met l'entreprise en difficulté en risquant une cessation de
paiement.
Bilan
Emplois Ressources
5.2.3.1. Problématique
Les questions primordiales sont :
– comment cette trésorerie s'est-elle constituée ?
– comment va-t-elle évoluer ?
– à partir de quel montant maximum de trésorerie négative la banque est-elle
amenée à suspendre ses concours de trésorerie au jour le jour, imposant du même
coup la cessation de paiement à l'entreprise ?
– quels sont les indicateurs de base de cette analyse du risque ?
Chacune de ces masses regroupe des postes dont les causes de variation sont bien
distinctes. On va ainsi construire un bilan dit bilan fonctionnel (ventilé par fonction)
et qui regroupe :
– les ressources et les emplois de structure,
– les ressources et les emplois d'exploitation,
– les ressources et les emplois de trésorerie.
Il existe dans l'analyse financière plusieurs termes pour nommer cette ventilation.
Ainsi parle-t-on souvent de capitaux permanents là où nous employons le vocable de
« ressources de structure ». Ce choix s'explique dans la mesure où le mot
« permanent » n'est pas le mieux choisi. Le crédit fournisseur notamment correspond
à une ressource également « permanente » car elle est renouvelée de manière
automatique. Aussi préférons-nous choisir des mots qui indiquent l'origine et
l'affectation de ces ressources. Les ressources de structure financent principalement
des emplois à l'inverse des ressources d'exploitation qui servent à financer en partie le
cycle d'exploitation.
Exemple chiffré
Bilan
Cela correspond à :
FRNG : 400 - 300 = 100
FRET : 180 - 300 = - 120
ou BFRE : 300 - 180 = 120
104 Gestion financière
Le capital social : l'augmentation de capital décidée par les actionnaires est une
ressource qui vient naturellement augmenter le poste capital social et qui améliore le
FRNG. Cette augmentation n'est pas directement liée à l'activité quotidienne de
l'entreprise. De plus, elle est parfaitement prévisible.
Les comptes courants associés (CCA) : la mise à disposition par les actionnaires
de fonds (ou leur retrait) n'est pas liée directement à la production réalisée. Une
analyse spécifique des CCA est faite au § 5.2.10.
Ces ressources ont comme origine une charge d'exploitation (achats, salaires,
taxes, etc.) directement dépendante du niveau d'activité constaté quotidiennement
et des délais de règlement obtenus par ces créanciers.
– les comptes clients : c'est également un des points très sensibles de l'analyse de
la trésorerie. Une très forte augmentation d'activité génère des besoins importants
de financement du compte client, financement qu'il faut nécessairement prévoir.
Paradoxalement, une baisse d'activité va engendrer une baisse du compte clients,
améliorant du même coup la trésorerie (mais le résultat réalisé sur vente disparaît !).
Une trésorerie sans risque est une trésorerie excédentaire de manière permanente.
La mise en œuvre du bilan fonctionnel et son analyse permettent en conséquence
d'expliquer d'où vient le déséquilibre, c'est-à-dire quelles en sont les causes et quelles
évolutions sont prévisibles, évolutions qui pourraient conduire à la situation
d'illiquidité.
C'est l'intérêt majeur de cette segmentation que d'analyser et prévoir les diffé-
rentes composantes de la trésorerie. Ce risque découle d’un besoin de financement
des emplois supérieurs aux ressources normalement disponibles.
Si, globalement, l'écart est très largement positif, on se trouve en présence d'un
excédent de trésorerie important qui met l'entreprise à l'abri d'une défaillance. Dans le
cas inverse, on a nécessairement recours à des facilités permanentes de caisse avec
tous les risques que cela suppose (cf. § 5.1.1).
Par ailleurs, ces valeurs de ratios peuvent être fortement différentes d'une
entreprise à l'autre suivant les habitudes sectorielles (crédit clients et crédit fournis-
seurs notamment).
Une attention particulière doit être réservée aux variations de stocks, celles-ci
étant, la plupart du temps, la cause première d'une rupture de trésorerie
Autant d'éventualités dont il faut au plus vite identifier les causes, l'analyse
bancaire étant inflexible sur l'évolution défavorable de ce ratio car elle finance, en
permanence, tout ou partie de ces créances.
Le financement négocié avec les organismes bancaires sera souvent une quotité
de ce chiffre d'affaires. Tout dérapage – à la hausse – de ce ratio indique immédia-
tement que les conditions d'exploitation se dégradent et qu'elles correspondent à une
augmentation du risque d'illiquidité.
Extraits des comptes de la société Alpha (le taux de TVA est pris à 20 %) :
Bilan
Compte résultat
La somme algébrique des ressources moins les emplois correspond au besoin (ou
à l'excédent) de financement, exprimé en jours de chiffre d'affaires. Ce ratio est
fondamental dans l'analyse des besoins permanents, nés du cycle d'exploitation,
besoins (ou excédents) qui sont pratiquement proportionnels à l'activité. Dans tous les
calculs de ratios que l'on vient d'effectuer, on part du principe qu'il s'agit de valeurs
moyennes. En cas de saisonnalité prononcée, il convient de retraiter tous ces ratios en
fonction des cycles d'exploitation. Lorsque l'on a établi l'écart entre les ressources
moyennes d'exploitation et les besoins moyens d'exploitation, on a construit un
indicateur très précieux qui permet d'évaluer (et de surveiller) le besoin (ou
l'excédent) de financement né de l'activité de l'entreprise.
Autrement dit, les CCA ne seront donc pratiquement jamais remboursés et ces
capitaux supportent – comme les capitaux propres – intégralement le risque des
actionnaires. Dès lors, il est normal de considérer les CCA presque comme des fonds
propres. De ce fait, dans l'analyse de la trésorerie, il est logique de réintégrer les CCA
dans les ressources de structure.
Pour rendre liquide ce poste clients, l'entreprise doit refinancer les créances
correspondantes. Elle dispose de trois outils principaux de financement :
– l'escompte commercial consiste à transférer par voie d'endossement les effets
remis à l'escompte (cf. § 2.4.2) ; dans ce cas, le risque de défaillance du client est
intégralement supporté par l'entreprise ;
– la cession Dailly permet d'obtenir des financements par cession des créances
professionnelles, mais la gestion administrative est lourde ;
– l'affacturage est un moyen de financement relativement récent qui présente deux
avantages supplémentaires : la garantie du risque des clients par transfert du droit de
créance au factor et le recouvrement et gestion globale du poste clients.
L’analyse du risque 113
Nous avons vu que les causes d'évolution de cet indicateur sont, pour la plupart,
indépendantes de l'activité et donc relativement maîtrisables. Seul le résultat est
difficilement prévisible. Si la cause de la détérioration de la trésorerie provient du
FRNG, c'est que :
– soit on a pris de mauvaises décisions de gestion en ce qui concerne la politique
d'investissements ou le financement des immobilisations ;
– soit on a accumulé des pertes (pertes de CA, absences de rentabilité des
investissements, etc.).
Dans les deux cas la position de la banque est restrictive, surtout dans le second
cas car la banque refuse, par principe, d'augmenter ses engagements pour financer des
pertes.
On vient de voir que dans ce cas c'est la non-maîtrise des conditions d'exploitation
qui en est la cause, et là également, la banque évite de financer des erreurs
permanentes de gestion. Une autre cause de détérioration de la trésorerie provient
d'une croissance mal maîtrisée qui sera analysée dans le chapitre sur le taux de
croissance optimum (cf. § 8.3). De nombreuses études sur les ruptures de trésorerie
démontrent que cette non-maîtrise du BFRE due à l'augmentation trop rapide de
l'activité est une des causes principales de rupture du financement bancaire.
Si l'on sait que le FRE correspond très souvent à un besoin de financement, il est
donc souhaitable d'avoir un excédent au niveau du FRNG, tel que cet écart soit
aussi proche que possible du besoin en fonds de roulement d'exploitation à
financer ; dans ce cas on est en présence d'un solde net de trésorerie voisin de 0.
Quelles sont ces normes ? L'appréciation de ces normes suppose au préalable une
pondération en fonction de l'analyse du secteur d'activité, de la prise en compte de la
saisonnalité éventuelle des besoins de financement, de l'analyse de la structure
financière existante (solvabilité principalement), de l'appréciation de la capacité
bénéficiaire (CAF).
Que se passe-t-il en effet si, à un instant donné, la trésorerie – déjà très fortement
négative –, n'est pas alimentée comme prévu (par suite de la défaillance d'un client
par exemple) ? Les échéances de règlement qui se présentent (dettes fournisseurs,
dettes fiscales et sociales) ne pourront être couvertes que si la banque accepte
d'augmenter, à nouveau, même de façon provisoire, ses engagements au jour le jour,
c'est-à-dire accepte de se substituer à d'autres créanciers de l'entreprise.
Dans le cas contraire, les titres de paiement (traites, chèques) seront refoulés et la
rupture de trésorerie s'amorce. Si ces incidents de paiement se renouvellent, ils
entament sérieusement le crédit de confiance dont jouit l'entreprise vis-à-vis de ses
fournisseurs.
On rappelle que si la banque est l'acteur central de cette rupture de trésorerie par
son refus d'augmenter son encours de trésorerie au jour le jour, elle ne saurait être
tenue pour responsable des causes qui motivent ce refus.
L’analyse du risque 115