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1.

MERS et OCEANS : VECTEURS ESSENTIELS de la MONDIALISATION

11. Enjeu stratégique : sécuriser les approvisionnements


Les espaces maritimes (mers et océans) constituent naturellement un enjeu majeur de la
mondialisation car ils assurent plus de 80% du trafic commercial mondial. Ils sont depuis les
Grandes découvertes du XVI°siècle le trait d'union entre les différents espaces économiques
reliés entre eux par de grandes voies maritimes internationales qui assurent la liaison la plus
navigable entre les différentes façades maritimes (littoraux qui concentrent les principaux hubs
portuaires internationaux).
On distingue à l'échelle mondiale :
• Une grande route de circumnavigation mondiale à travers les trois principaux océans.
Elle met en relation les trois grandes façades maritimes ; façade de l'Asie orientale autour
des ports chinois et japonais, façade européenne autour de Rotterdam, façade nord
américaine de Houston à Baltimore) .
• Un ensemble de route maritimes secondaires qui connectent les façades maritimes des
espaces économiques émergents (Amérique sud-Atlantique, Asie du Sud-Est, Moyen-
orient...) à la grande route maritime internationale.

Le tracé de ces routes immatérielles répond à des contraintes de navigation (courants, hauts-
fonds, conditions climatiques...) mais sont conditionnées par l'existence de quelques seuils
océaniques : couloirs maritimes entre deux terres qui permettent de passer d'une mer ou d'un
océan à un autre :
• Les seuils sont souvent naturels sous la forme de détroits stratégiques : les détroits de
Gibraltar, Ormuz, Malacca, Bab el Mandeb... sont les points de passage obligés de la
grandes route de circumnavigation mondiale.
• Il existe deux seuils artificiels sous forme de canaux inter-océaniques : le canal de Suez
(200 km de long pour 22m de tirant d'eau) ouvert en 1869 entre Méditerranée et Mer rouge
et le canal de Panama (canal à écluses de 77km pour 26m de tirant d'eau) ouvert en 1914
entre Atlantique et Pacifique.

12. Enjeu économique : exploiter les ressources maritimes


Les espaces maritimes possèdent des ressources naturelles indispensables et très convoitées :
• Les hydrocarbures off-shore sont extraits des fonds océaniques grâce à la construction
d'immenses plates-formes pétrolières. On estime que les océans représentent 30% des
réserves mondiales actuelles. Toutefois leur exploitation n'est possible que sur le plateau
continental (35% des océans) donc à proximité des littoraux. Les immenses plaines
abyssales (65% des océans) sont encore à peu prés inexplorées en raison de leur
profondeurs (-5.000m en moyenne). Les principales zones de production sont localisées
dans le golfe persique, le golfe du Mexique, le golfe de Guinée, la mer du nord, la mer
noire, la mer de Chine et dans l'océan glacial arctique.
• Les ressources halieutiques désignent les ressources vivantes du milieu marin
exploitées par l'homme (poissons, cétacés, crustacés, algues...). Comme pour les
hydrocarbures, les principales zones de pêche se localisent sur les plateaux continentaux
donc à proximité des littoraux (seul le thon et les cétacés se pêchent en haute mer). L'état
de ces ressource est depuis plusieurs années alarmant en raison de la surpêche
industrielle. On voit donc apparaître une nouvelle variété de poissons issus d'une pêche
des grands fonds qui risque de produire les mêmes résultats car on connaît encore mal le
fonctionnement de l'écosystème des plaines abyssales.
2. MERS et OCEANS : APPROPRIATION, RIVALITES et PROTECTION

Etude de cas : mer de chine / détroit malacca/ golfe persique / océan indien

21. La rivalité pour le contrôle des océans


Ces enjeux économiques imposent aux Etats la nécessité stratégique de maintenir des flottes de
guerre pour garantir la sécurisation des approvisionnements et la souveraineté sur les
ressources. Ce rôle incombe aux principales puissances mondiales et régionales dotées de
flottes de guerres opérationnelles (capables de se projeter sur tous les océans) :
• Les USA sont la seule puissance mondiale thalassocratique (qui contrôle les océans). Ils
maintiennent depuis 1945 cinq flottes de guerre déployées en permanence sur tous les
océans de la planète : III° flotte (Hawaï) et VII° flotte (Guam) dans le Pacifique, IV° flotte
(Bahamas) dans l'Atlantique, V° flotte (Diego Garcia) dans l'océan indien, et VI° flotte
(Malte) en Méditerranée.
• La Russie possède la 2°flotte de guerre du monde. Toutefois les quatre flottes russes sont
basées dans des mers fermées (mer baltique, mer noire, mer du Japon) et dans l'océan
arctique. La Russie est donc une puissance maritime enclavée. Ses capacités de
projection sur les océans sont conditionnées par l’accès aux détroits qui ouvrent les mers
russes sur les océans.
• L'UE comprend deux puissances maritimes secondaires : la France et la Grande-
Bretagne. Leur capacité de projection est facilité par les RUP (Régions ultra-périphériques)
qui constituent un réseau de bases navales sur tous les océans de la planète.
• La Chine entreprend la construction d'une véritable marine de guerre (Liaoning, 1°porte-
avion lancé en 2012). La Chine élabore une stratégie de projection dite « du collier de
perles » : réseau de bases navales modernes dans l'Océan indien qui sont loués par des
pays émergents à la marine chinoise dans le cadre d'accords de coopération (Cambodge,
Myanmar, Bangladesh, Sri Lanka, Pakistan). Le collier de perles doit permettre de
sécuriser les approvisionnements chinois en provenance d'Afrique et du Moyen-orient.
Les flottes de guerre sont régulièrement amenées à coopérer dans le cadre d'opérations de lutte
contre la piraterie organisée qui menace la libre circulation maritime indispensable au
fonctionnement de la mondialisation.

22. La mise en place d'un droit maritime international


En 1982, la convention de l’ONU sur le droit de la mer de Montego Bay (Jamaïque) réunit 117
Etats pour préciser le droit maritime international. Elle distingue trois zones maritimes
successives à partie du littoral d'un Etat : eaux territoriales, zones économiques exclusives et
eaux internationales.
Ce droit maritime international entre en vigueur en 1994. Toutefois quelques Etats ne l'ont
toujours pas ratifié :
• Un certain nombre d’Etats prétendent accroître leur ZEE sur tout le plateau continental
même au delà des 200 milles (Etats-Unis, Pérou, Turquie... ).
• D’autres tentent d’établir leur souveraineté sur les eaux internationales de l’arctique (août
2007, un sous-marin russe dépose un drapeau sur la plaine abyssale arctique par
-4.200m) provoquant des protestations du Canada et de la Norvège.
• Des Etats enclavés (sans accès à l’océan) réclament un partage équitable des ressources
maritimes (Républiques d'Asie centrale et d'Afrique subsaharienne).

La convention permet en créant les ZEE de limiter les tension pour l'exploitation des ressources.
Un Etat peut obtenir un extension de ZEE s'il prouve par exploration scientifique que son plateau
continental s'étend au-delà des 200 milles. Elle évite également les tensions liées au statut des
détroits et canaux en proclamant leur internationalisation (un droit de transit est garanti par les
Etats riverains d'un détroit pour tout navire pacifique).
3. LA FRANCE : UNE PUISSANCE MARITIME

31. Atouts et limites de la puissance maritimes

32. Enjeux maritimes


HIERARCHIE DES OCEANS DANS LA MODIALISATION

31. L'Atlantique : 1°océan mondialisé


L'océan Atlantique et ses mers intérieures (Méditerranée, Baltique, mer du Nord, mer des
Caraïbes, Golfe du Mexique...) est le plus intégré à la mondialisation en raison de sa facilité de
navigation : il met en contact directe l'Europe, l'Afrique et l'ensemble du continent américain. La
Méditerranée assure la liaison Afrique-Europe depuis l'Antiquité. Les échanges Europe-Amérique
du Nord sont anciens (commerce triangulaire XVI°-XVIII°) et intenses dans l'Atlantique-nord mais
on assiste au renforcement des échanges entre le Brésil et l'Afrique dans l'Atlantique-sud.
L'Atlantique accueille encore les principales zones de ressources off-shore et halieutiques et est
largement ouvert sur l’océan indien par la route de Suez ou celle du cap de Bonne-Espérance,
sur le pacifique par la route de Panama ou celle du détroit de Magellan.

32. Le Pacifique : nouveau centre de la mondialisation


L'océan Pacifique et ses mers intérieures localisées en Asie (Mer de Chine méridional, mer de
Chine orientale, mer Jaune, mer du Japon...) est devenu le principal espace d'échanges
maritimes dans les années 1990. Il met en contacte les plus grandes puissance économiques
mondiales (USA, Chine et Japon). Il profite donc largement de l'émergence de l'Asie. Toutefois le
Pacifique présente des contraintes importantes : Les ressources off-shore y sont assez limitées
(uniquement en mer de Chine méridionale) et son accès aux autres océans est délicat pour la
navigation (détroit de Malacca vers l'océan indien, canal de Panama vers l'Atlantique.

33. L'océan indien :


L'océan indien présente la particularité de supporter 70% du trafic mondial d'hydrocarbure en
provenance des zones de production du Moyen-orient vers les trois grandes façades maritimes
mondiales (Amérique du nord-est, Asie pacifique et Europe occidentale). C'est aussi un océan
géopolitiquement instable en raison de la rivalité entre trois grandes puissances maritimes :
• L'inde développe actuellement une marine de guerre pour asseoir son emprise sur « son »
océan.
• La Chine développe également une marine de guerre et y met en place le réseau de ports
du « collier de perles » (cf. 21).
• Les Etats-Unis y ont renforcé leur présence militaire avec la V° flotte de l'US Navy basée à
Diego Garcia pour surveiller les zones de tension régionales liées au terrorisme djihadiste
(Somalie dans la corne de l'Afrique et Daesh au Moyen-orient).

34. L'arctique
L'océan glacial arctique est longtemps demeuré hors mondialisation en raison de son hostilité (la
banquise y interdit exploitation et navigation). Il était le domaine exclusif des explorateurs et de la
recherche scientifique. Or sous l'effet du réchauffement climatique cet océan suscite de plus en
plus de convoitises: depuis 1979 la banquise arctique aurait perdu 25% de sa superficie et on
estime qu'en 2030 il n'y aura plus de banquise estivale:
• les ressources arctiques deviennent accessibles : les ressources off shore sont intactes
(25% des réserves mondiales off-shore )et les eaux deviennent de plus en plus
poissonneuses.
• Les voies maritimes arctiques deviennent navigables toute l'année et pas seulement en été
par brise glace. Les passages du Nord-Ouest (littoral arctique américano-canadien) et du
Nord-Est (littoral arctique russe) raccourcissent les distances entre les façades maritimes.
Ces nouvelles routes maritimes en devenant majeurs vont réduire le rôle stratégique du
canal de Panama et du détroit de Malacca.
Ces enjeux nouveaux sont donc source de tension entre riverain de l'arctique qui revendiquent
tous une extension de leur ZEE. En outre les canadiens revendiquent le contrôle du passage du
Nord-Ouest qui traverse ses eaux territoriales alors que les USA entendent le classer parmi les
détroit internationaux comme pour le détroit de Beiring.

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