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FAITS DIVERS PAGE IX AMÉNAGEMENTS PAGE II

Champion de sprint Ces grands projets

et cambrioleur en série achevés à Paris en 2022
VOTRE SUPPLÉMENT
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MARDI 4 JANVIER 2022 N° 24058 - 1,80 €

Omicron
Des raisons d’être optimiste
Même s’il faut rester
prudent, cette vague
PAGES 2 À 6

d’une ampleur inédite est

aussi porteuse d’espoir,
comme le montrent
certains épidémiologistes
et l’exemple britannique.

ISTOCK
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 LE FAIT DUJOUR 02 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

CRISE DU COVID-19

L’ÉDITO
Et si Omicron
était une
chance
ÈVE ROGER

Le printemps
des pharmaciens
Les pharmaciens font peu
de vagues depuis le début
de l’épidémie, et pourtant ils
sont, eux aussi, exténués. Depuis
des mois, les Français défilent
par milliers dans les officines
pour se faire vacciner et tester.
L’écouvillon au bout des doigts,
le sourire aux lèvres malgré
l’épuisement, ils ont battu ces
derniers jours des records de
dépistage. Et la vague Omicron
qui déferle alourdit leur fardeau.
C’est à eux que va incomber
(en partie) la charge de tester les
enfants des écoles. Sur eux que
va reposer (en partie) « l’objectif
le plus ambitieux de l’histoire
de la vaccination », selon Olivier
Véran, 25 millions d’injections en
5 semaines. Alors, bien sûr, ils ne
se démènent pas pour la seule
beauté du geste. Ils gagnent bien
leur vie, surtout grâce aux tests
antigéniques. Rémunéré 25 €,
il leur en rapporte 19.
Ce variant aux nombreuses mutations,
d’abord effrayant, porte les espoirs d’une sortie
de crise. Mais avec 200 000 cas quotidiens,
comment expliquer cet « optimisme » ?
AURÉLIE SIPOS
AVEC YVES LEROY
PASSER de monstre à espoir.
Le variant Omicron est en
train de réaliser cette éton-
nante mutation : « 2022 sera
peut-être l’année de sortie de
l’épidémie », fait-il même dire
au président de la République,
lors de ses derniers vœux du
quinquennat. Certes ultra-
contagieux, il occuperait
davantage les lits d’hospitali-
sation dits « conventionnels »
que les réanimations. Surtout,
il porterait en lui la promesse
de l’immunité collective, selon
contre le virus circulant, rap-
pelle Antoine Flahault, direc-
teur de l’Institut de santé glo-
bale de l’université de Genève
(Suisse). On voit pour le
variant Omicron que les vac-
cins, en tout cas avec deux
doses, mais également avec
trois doses, n’empêchent pas
complètement les contamina-
tions de se produire. Donc, on
est peut-être encore loin de la
fin spontanée de cette vague. »
En France, selon l’épidémiolo-
giste Arnaud Fontanet, mem-
bre du conseil scientifique, « le
pic du nombre de cas devrait
culminer mi-janvier » et « le

À raison d’une quarantaine
de prélèvements en moyenne
par jour et par officine, la journée
de dépistage représente un peu
moins de 800 €. Beaucoup plus
pour celles qui enchaînent
jusqu’à 500 tests par jour. Mais
là n’est pas le principal. Grâce à
l’épidémie, les pharmaciens
redorent aussi leur blason.
Jusque-là, malgré leurs
six années d’études et leur thèse
de doctorat, ils n’étaient vus
que comme de simples
commerçants, vendant derrière
leur comptoir des médicaments
prescrits par d’autres,
ou alors, dans leur rayon
de parapharmacie,
des shampooings et
des déodorants. Grâce au Covid,
ils sont en train de retrouver
leurs galons de professionnels
de santé. D’ici au mois de février,
ils vont signer une convention
avec l’Assurance maladie qui va
enrichir leurs missions. Demain,
a
le ministre de la Santé, Olivier
Véran. Si toutes ces nouvelles
sont bonnes à prendre, les
scientifiques restent prudents.
n Une vague
plus rapide ?
Ce que sous- Le passage d’Omicron pour-
entend Olivier rait être court mais intense. En
Véran, c’est qu’on Afrique du Sud, la décrue
est peut-être s’amorce déjà après les pics.
proches Les nouvelles contaminations
ont baissé de 29,7 % la semai-
du moment ne du 20 décembre (89 781),
où le coronavirus
par rapport à la semaine pré-
est adopté par cédente (127 753). Avec une
l’humanité météo beaucoup plus clémen-
et où il rejoint te et une population jeune
les autres majoritairement touchée par
coronavirus le variant, il est toutefois diffi-
classiques cile de comparer avec la Fran-
ce. « Spontanément, une
du rhume vague n’a pas de raisons de
MICHEL COGNÉ, PROFESSEUR
D’IMMUNOLOGIE AU CHU retomber, sauf si tout le mon-
DE RENNES (ILLE-ET-VILAINE) de est immunisé efficacement
Une flambée de cas mais peu de formes graves
Proportion des diférents variants parmi les cas positifs
séquencés (enquêtes Flash), par semaine
pic hospitalier pourrait avoir
lieu une semaine plus tard ».
n Moins virulente ?
Si le virus court à une vitesse
folle, il frappe moins dure-
ment, selon les données dis-
ponibles. « Omicron est moins
dangereux. […] Il provoque
moins de syndromes de
détresses respiratoires aiguës,
les besoins en lits de réanima-
tion sont moins importants
qu’avec les variants précé-
dents », assure Olivier Véran.
Bruno Mégarbane, le chef de la
réanimation à l’hôpital Lari-
boisière à Paris, le constate
pour l’instant dans son servi-
ce, où le seul patient Omicron
est sorti plus rapidement que
ceux contaminés avec Delta.
Et c’est ce que tendent à mon-
trer les premières données de
pays voisins. En Angleterre, où
Nombre de personnes
hospitalisées pour Covid-19
le nombre de contaminations n Et à l’arrivée,
explose, les hospitalisations en tous immunisés ?
soins intensifs sont beaucoup « Vu le taux de contamination
moins importantes. « Il est dans notre pays et sur la pla-
encore un peu tôt pour se nète, il est probable que nous
réjouir de la moindre virulen- ayons tous acquis une forme
ce du variant Omicron, telle- d’immunité, par l’infection, la
ment il est transmissible, car vaccination ou les deux », a
on ne sait pas si cette trans- plaidé Olivier Véran hier. S’il
missibilité accrue ne va pas est possible qu’Omicron con-
venir contrebalancer la plus tamine une grande partie de la
faible virulence et générer population, et immunise de
arithmétiquement plus d’hos- fait de nombreuses person-
pitalisations et de décès que nes, avec beaucoup de non-
lors des vagues précédentes. vaccinés et des personnes fra-
On saura répondre à cela dans giles, cela risque d’être long à
moins d’un mois », prévient atteindre. « Ce que sous-
Antoine Flahault. En attendant, entend Olivier Véran, c’est
une bonne nouvelle a de quoi qu’on est peut-être proches du
rassurer : l’efficacité des vac- moment où le coronavirus est
cins contre les formes graves, adopté par l’humanité et où il
même d’Omicron, qui n’était rejoint les autres coronavirus
pas acquise au vu du nombre classiques du rhume, qu’on
de mutations du variant. reverra de temps en temps
quand nos défenses baisse-
ront », analyse Michel Cogné,
professeur d’immunologie au
CHU de Rennes.
Hier
167 338 n De là à éviter
SOURCE : SANTÉ PUBLIQUE FRANCE.

Alpha Delta Omicron Suspicion Suspicion

nous irons dans les pharmacies d'Omicron de Delta 150 000 une nouvelle vague ?
Bêta Autres variants par criblage par criblage Nombre quotidien de nouveaux cas « Notre organisme va garder
nous faire dépister bien au-delà
100 (moyenne sur les 7 derniers jours) une mémoire immunitaire,
du Covid (sida, diabète, maladies Omicron même si elle ne sera pas suffi-
cardiovasculaires…) et faire Semaine sante pour éviter le portage
nos rappels de diphtérie ou
80 du 27 déc. 100 000
sain et des infections béni-
de polio (en plus de la grippe et 62,4 % gnes », répond le médecin.
du Covid). Une très bonne 60 Reste qu’Omicron pourrait
nouvelle pour les Français être un atout : « Certains peu-
qui vivent dans des déserts 40 50 000 vent même considérer qu’il va
Omicron Hier achever de renforcer notre
médicaux. Les « déserts Semaine 19 606
20 immunité et nous aider à nous
pharmaceutiques » n’existent du 13 déc.
14,8 % prémunir contre les variants
pas : les 21 000 officines suivants. C’est une hypothèse
0 0
de France couvrent 1er 26 21 19 16 20 18 15 27 Sept. Nov. Janv. Mars Mai Juillet Sept. Nov. raisonnable, mais je n’ai pas de
l’ensemble du territoire. mars avril juin juillet août sept. oct. nov. déc. 2020 2021 LP/INFOGRAPHIE. boule de cristal. »

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 03 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

Alors que le nombre

quotidien de cas de Covid-19
explose au Royaume-Uni,
et notamment à Londres
(photo), la pression
sur les services de soins
intensifs est nettement
moins forte que lors
des vagues précédentes.

INTERVIEW|« Pour l’instant,

124 212 décès on ne le voit pas à l’hôpital »
en France
(depuis le 2 mars 2020, dont Pr BRUNO MÉGARBANE, CHEF DU SERVICE
Ehpad, hors morts à domicile) RÉANIMATION À L’HÔPITAL LARIBOISIÈRE À PARIS
97 131 décès 27 081
à l’hôpital (+ 270) décès en
Ehpad et la plus attentive aux mesu-
étab. médico- res barrière.
sociaux
Craignez-vous de recevoir
plus de patients Omicron
19 606 pers. hospitalisées prochainement ?

FRANCE INFO
(+ 563) Au vu du nombre de conta-
dont 3 654 minations et grâce au recul
en soins
SIPA/BEN CAWTHRA

critiques de la semaine, on peut dire

IL A POUR L’HEURE de quoi que, pour l’instant, on ne voit
(+ 82)
être rassuré. Le professeur pas arriver Omicron à
Taux de positivité des tests Bruno Mégarbane, qui dirige l’hôpital. Ce n’est pas non
16,6 % (+ 1 pt) la réanimation médicale à plus l’afflux en médecine.
Lariboisière (Paris), n’a soi- Donc, il y a plutôt des signes
Évolution quotidienne
ZOOM|Ce que nous apprend l’exemple de Londres du nombre de cas
confirmés + 67 461
en France
gné qu’un patient Omicron.

NICOLAS BERROD
CHAQUE VAGUE ne ressem-
ble pas aux précédentes, et
celle portée par le variant
Omicron n’échappe pas à cet-
te règle, avec, cette fois, plu-
sieurs motifs d’espoir. Parmi
les pays où cette souche du
SARS-CoV-2 est déjà large-
ment prédominante, c’est
vers notre voisin britannique
que nos yeux se tournent. Et
plus précisément vers Lon-
bre de patients hospitalisés est
portée à la fois par les malades
pris en charge pour le traite-
ment d’une infection pulmo-
naire due au SARS-CoV-2,
mais aussi par ceux ayant été
infectés mais soignés pour
autre chose, et qui représen-
tent environ un tiers des lits
occupés par l’ensemble des
patients Covid. S’ils nécessi-
tent une prise en charge parti-
culière pour qu’ils n’infectent
personne, ils n’ont pas besoin
Partagez-vous l’optimisme
encourageants pour dire
qu’il ne va pas se passer
quelque chose d’inquiétant.
d’Olivier Véran ?
l’université d’East Anglia. Plus BRUNO MÉGARBANE. Pas Restez-vous prudent ?
généralement, le risque d’être mal de données laissent Oui, car il y a un décalage de
hospitalisé serait de 60 % à 1er janv. 2021 3 jan. 2022 penser que le variant est dix à douze jours entre les
70 % moins élevé qu’avec le moins virulent. Des études co n t a m i n a t i o n s e t l e s
variant Delta, d’après une étu- Personnes vaccinées faites in vitro montrent que admissions en réa. Surtout,
de menée par l’agence sani- Dose de rappel le variant a plus d’affinités au début des vagues, ce sont
taire britannique UKHSA. Nombre 24 337 330 pour les bronches que pour les personnes plus jeunes,
de personnes
Reste que la situation est vaccinées les poumons. Des données plus mobiles, qui se conta-
critique, en raison d’un man- in vivo, sur l’animal, laissent minent, généralement, des
que de personnel. Jusqu’à penser que les souris ont gens âgés de 20-40 ans,
40 % des effectifs du National moins de problèmes qu’avec donc moins à risque d’arri-
Health Service (NHS), à Lon- les variants précédents. Et ver en réa. On peut imaginer
dres, pourraient être absents 30 août 2021 2 janvier surtout les données sud- qu’on est encore dans cette
à cause du Covid (isolé car cas Au moins 1 dose 2 doses africaines, anglaises et phase. Ensuite, ces gens
LP/INFOGRAPHIE

dres, la zone la plus touchée.
Dans la capitale, le nombre
de cas positifs a explosé, jus-
qu’à atteindre plus de 26 000
par jour fin décembre. Un pic
pourrait avoir été atteint, mais
le nombre de tests réalisés
chaque jour a diminué en rai-
son des vacances de Noël.
de soins aussi lourds.
Le manque de personnel
rend la situation critique
Autre élément, beaucoup plus
significatif : la pression du
Covid-19 sur les services de
soins intensifs est nettement
moins forte que par le passé.
positif ou cas contact), dans le
« pire des cas » envisagé par
les experts. Au niveau de tout
le Royaume-Uni, 1 membre
du personnel sur 10 est déjà
en arrêt de travail. La moitié
d’entre eux sont isolés en rai-
son du Covid-19.
« Cette vague illustre la fra-
danoises montrent qu’il
78,9 % 77,1 % serait trois fois moins res-
SOURCES : SANTÉ PUBLIQUE FRANCE, GÉODES. ponsable d’hospitalisation. Et
lorsqu’il y a hospitalisations,
elles sont moins graves.
Et dans votre service ?
Aujourd’hui, je n’ai pas de
patient Omicron en réani-
voient des personnes plus à
risque ou non vaccinées qui
étaient autoconfinées, et les
contaminent. Et, dans ce cas,
on a encore un décalage de
quinze jours. On pourra dire
définitivement qu’il n’y aura
pas de vague hospitalière
quasi un mois au moins

À l’hôpital, le nombre d’admis-
sions quotidien continue de
nettement augmenter (plus
de 400, en hausse de 60 % en
une semaine). Plus de
3 700 malades diagnostiqués
Covid-19 occupent désormais
un lit d’hôpital dans la région
londonienne. « La pression
sur nos hôpitaux va être con-
sidérable au cours des deux
prochaines semaines, et peut-
être davantage », a estimé hier
le Premier ministre britanni-
que, Boris Johnson.
Mais deux choses ont chan-
gé par rapport aux vagues
précédentes. Tout d’abord,
cette augmentation du nom-
Lors des pics des vagues pré-
cédentes, 1 malade hospitalisé
sur 5 occupait un lit sous ven-
tilation artificielle. À l’heure
actuelle, c’est 1 sur 15.
« En termes de pression
sur le système de santé, un
patient dans un lit de soins
intensifs requiert beaucoup
plus de temps et de personnel
médical qu’un autre d’un ser-
vice classique. Le fait que le
taux d’occupation des lits de
ventilation artificielle n’aug-
mente pas encore est certai-
nement un signe d’espoir »,
a commenté auprès du
« Telegraph » Paul Hunter,
professeur de médecine à
gilité de la situation dans
laquelle nous nous trouvons.
Les conséquences indirectes
risquent d’être plus désas-
treuses que le Covid lui-
même », estime François, un
pharmacien installé à Lon-
dres. « Le plus grand défi est la
multiplication des absences
du personnel », a résumé hier
Chris Hopson, le président de
l’association NHS Providers.
Tout en se disant « inquiet du
fait que les hospitalisations
pourraient à nouveau aug-
menter », si les contamina-
tions repartaient à la hausse, à
la suite des fêtes de fin d’année
et de la rentrée scolaire.
a
mation. Le seul que nous
avons eu est sorti très rapi-
dement. Tous nos patients
sont de la vague Delta. On
note en Île-de-France une
décélération des contami-
Cette vague illustre nations au Delta, Omicron a
la fragilité pris le dessus. Or, depuis
trois jours, je n’ai eu aucun
de la situation entrant dans mon service,
dans laquelle nous ce qui est assez étonnant.
nous trouvons. Cela soutient l’hypothèse
Les conséquences qu’Omicron est moins viru-
indirectes risquent lent. Le service réanimation
d’être plus de Lariboisière est assez
désastreuses que représentatif de ce qui
le Covid lui-même. se passe à Paris, on draine
FRANÇOIS, UN PHARMACIEN le nord de la capitale, ni
INSTALLÉ À LONDRES la région la plus vaccinée ni
après le début de la vague
des contaminations. Si le
20 janvier il ne s’est rien
passé à l’hôpital, il ne se pas-
sera globalement rien.
Janvier va-t-il être malgré
tout un mois compliqué ?
Les hôpitaux de l’Assistance
publique ont reçu des consi-
gnes de déprogrammer la
plupart des opérations non
urgentes pour redéployer le
personnel. Même sans
vague Omicron hospitalière,
il va y avoir un absentéisme
important du personnel lié
aux contaminations.
PROPOS RECUEILLIS PAR A.S.

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 LE FAIT DUJOUR
CRISE DU COVID-19
Près de 12,5 millions d’élèves ont fait leur retour en classe, hier, à l’aune d’un nouveau protocole
sanitaire compliqué à gérer pour les parents et pour les chefs d’établissement.
THOMAS POUPEAU, EMMA
JACOB ET YVES LEROY
« TU VAS FAIRE plein de tests
dans le nez ? » Un blanc, puis
la fillette à qui s’adresse la
question tourne les talons et
maugrée : « Non ! » Sourire…
gêné de sa maman, Élodie,
34 ans, sexothérapeute.
« L’autotest qu’on a fait hier
soir, j’ai déjà dû le négocier
contre une sucette… ce ne
sera pas simple d’en faire
d’autres ! » À l’école Télégra-
phe, dans le XXe arrondisse-
ment de Paris, c’était jour de
rentrée, hier. Avec elle, son lot
de questions autour du proto-
cole sanitaire dévoilé par le
ministre de l’Éducation natio-
nale, Jean-Michel Blanquer,
dans nos colonnes.
Principale nouveauté à
l’école : le renforcement des
tests. Désormais, dès la
détection d’un élève positif,
tous ses camarades feront un
test antigénique ou PCR,
avant un autotest à J + 2 puis à
J + 4. Ils devraient être distri-
bués en pharmacie. Devant la
grille de l’établissement,
l’intention de bien faire est là…
le ras-le-bol aussi. « Je ne suis
pas du tout au courant du
nouveau protocole. L’école a
été avertie hier après-midi,
tout le monde a été pris de
court », souffle Camille, ani-
matrice de 48 ans. Comme la
plupart des parents interro-
gés, elle respectera la règle,
même si « la situation com-
mence à être fatigante »…
À côté, Yassin, un père de
famille, aurait préféré, lui, des
Télétravail, enfant positif… les réponses aux questions des salariés
VICTOR TASSEL
LE RAZ DE MARÉE provoqué
par le variant Omicron bous-
cule la vie quotidienne, y com-
pris au travail. L’obligation de
trois jours au minimum, voire
quatre, de télétravail décrétée
par le gouvernement suscite
de nombreuses questions pour
les employeurs et les salariés.
Le nouveau protocole pour les
personnes dépistées positives
au Covid-19 et leurs cas con-
tacts, en vigueur depuis hier,
peut ajouter encore un peu
plus d’incompréhension.
n Suis-je obligé de me
mettre en télétravail ?
Oui. Si le salarié continue à réa-
liser ses tâches en présentiel, il
commettrait une faute et
s’exposerait à des sanctions
disciplinaires. « Il contrevien-
drait à son obligation contrac-
twipe_ftp
Pas si simple, les autotests
« tests salivaires », puisqu’il
suffit « de cracher dans un
tube ». Audrey, une maman de
Seine-et-Marne, refusera car-
rément de s’y plier, fatiguée à
l’avance de pratiquer sur ses
deux garçons ce qu’elle quali-
fie de « frottis nasal ». Elle pré-
férera « les garder à la mai-
son », voire « faire une fausse
déclaration pour qu’ils revien-
nent en classe ».
Faire la torpille
dans chaque narine
Est-ce si compliqué de faire
un autotest ? Aurélie, infir-
mière, distille ses conseils :
« L’autotest se fait à la vertica-
tuelle, précise Sandra Gallissot,
avocate spécialiste du droit du
travail. Cette mesure n’est pas
spécifique au coronavirus, elle
existait déjà avant. » En revan-
che, le salarié peut justifier
auprès de son employeur qu’il
n’est pas « dans les condi-
tions » de télétravailler. « S’il y a
un bébé à la maison, un risque
pour sa santé ou une seule
chambre avec des frères et
sœurs… Chaque situation est
étudiée au cas par cas », souli-
gne Audrey Richard, présiden-
te de l’Association nationale
des directeurs des ressources
humaines (ANDRH).
n Mon poste
est télétravaillable,
mais mon employeur
me demande de venir.
Quels sont mes recours ?
Il convient de répertorier
l’ensemble des tâches que
04 | LeMARDI
Parisien
De nombreux parents redoutent
de devoir faire des autotests
à leur enfant, obligatoires
en cas de contamination
d’un camarade de classe.
Si trois jours de télétravail ont été imposés par le gouvernement,
ses modalités d’application peuvent différer selon votre situation.
vous jugez « télétravaillables »
et de les présenter à votre
employeur. S’il n’est pas con-
vaincu, vous pouvez alerter
l’inspection du travail. Elle
pourra réaliser une « lettre
d’observation » ou diligenter
un contrôle. La ministre du
Travail, Élisabeth Borne, a
demandé un « renforcement
des contrôles », à un rythme de
4 JANVIER 2022
le, sur environ 2 cm, et fait
souvent éternuer. Il faut
remonter tout droit le long de
chaque narine, tout en faisant
la torpille pour gagner un peu
de temps. Concrètement, cela
consiste à suivre la narine en
tournant et à gratter cinq à six
fois en haut. Comme repère, il
faut se souvenir qu’il faut
encore enfoncer le bâtonnet
d’environ un demi-centimè-
tre une fois que le coton a dis-
paru dans la narine. »
Pas si simple, une fois à la
maison. « Depuis que l’un
d’eux a été douloureux, on a
dû lui promettre un dessin
animé ou un caramel après le
ISTOCK
5 000 par mois, contre 1 000
en octobre. « Mais attention,
l’organisation de l’entreprise
relève de l’employeur, et son
appréciation reste la principa-
le », pointe Sandra Gallissot.
Il peut arguer qu’il ne dispose
pas de matériel informatique
pour délocaliser votre poste,
que votre présence est essen-
tielle pour le bon fonctionne-
ISTOCK
test », raconte Lucile, la mère
de Marceau, 4 ans et demi.
Restent aussi les doutes sur
leur fiabilité, comme pense
Yassin. « Il y a beaucoup de
faux négatifs. Je ferai plutôt un
antigénique à la pharmacie,
même pour les tests à J + 2 et
J + 4 de mes enfants », dit-il.
Des élèves et des
personnels absents
Dans les jours qui viennent, le
recours à ces autotests va être
massif, vu la contagiosité
d’Omicron. Un peu avant
Noël, 1 enfant de 6 à 10 ans sur
100 et 1 de 3 à 5 ans sur
200 étaient testés positifs
ment de l’entreprise ou que le
télétravail peut mettre en péril
la sécurité des échanges.
n Si je suis positif,
suis-je obligé de me
mettre en arrêt maladie ?
Non, rien ne vous empêche de
continuer à assurer vos tâches
si vous estimez être en capaci-
té de le faire. Mais attention : si
votre poste n’est pas télétra-
vaillable, il est évident que vous
devrez être en arrêt maladie,
ou au moins en congés.
n Mon enfant est positif,
comment cela se passe
avec mon employeur ?
Si vous êtes un salarié du privé
et que vous ne pouvez pas
télétravailler, vous pourrez
être mis en activité partielle
pour garder votre enfant s’il est
âgé de moins de 16 ans. Il fau-
dra apporter une preuve que
chaque semaine. Juste avant
la rentrée, cette tendance était
à la hausse. Autant d’élèves et
d’agents absents. Les premiè-
res remontées, ce jour de ren-
trée, le confirment — même
s’il est difficile d’avoir des
chiffres précis, qu’il s’agisse
des écoles, des collèges ou
des lycées, tous concernés
par le nouveau protocole.
Selon Bruno Bobkiewicz,
proviseur de la cité scolaire
Berlioz à Vincennes (Val-de-
Marne) et porte-parole du
SNPDEN-Unsa, le syndicat
des chefs d’établissement, sur
une vingtaine de collèges
sondés, « entre 5 et 10 per-
sonnels, profs, surveillants ou
infirmières scolaires sont
absents, et 10 % des élèves en
moyenne ». C’est quatre fois
plus qu’en temps normal, dit-
il, craignant que « cet effet de
masse ne soit ingérable »
dans les semaines à venir.
Dans l’école primaire de
Pierre, en Charente-Maritime,
même proportion hier : 10 %
d’absents sur ses 8 classes. Et
la mise en œuvre du protocole
a démarré. « À la pause de
midi, une élève est rentrée
chez elle faire un test : positif !
J’ai dû appeler les 25 familles
de ses camarades de classe
pour que les parents viennent
les chercher et réalisent les
tests. » Le directeur pointe « la
grosse gestion » et le « suivi
compliqué » pour le retour,
attestations à l’appui, des élè-
ves en classe. « Cela ne fait
que démarrer, abonde Bruno
Bobkiewicz. Les prochains
jours vont être décisifs. »
sa classe est fermée ou pré-
senter un document de l’Assu-
rance maladie attestant de sa
mise à l’isolement. Si vous
pouvez télétravailler, vous
devrez vous occuper de votre
enfant et gérer votre travail en
même temps. « Ce n’est plus
vraiment travailler, grince
Audrey Richard. Le mieux est
d’utiliser son congé enfant
malade, de se mettre en arrêt
maladie ou de prendre des
congés, le temps que l’enfant
soit rétabli. » Les professions
libérales et les indépendants
qui ne peuvent télétravailler
disposent d’un « arrêt déroga-
toire » pour garder leur enfant,
sous les mêmes conditions
qu’un salarié du privé. Enfin,
les fonctionnaires qui tra-
vaillent plus de 28 heures par
semaine sont placés « en auto-
risation spéciale d’absence » et
indemnisés à 100 %.
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 LE FAIT DUJOUR
CRISE DU COVID-19
Le gouvernement vole (à nouveau)
au secours des entreprises en difficulté
Le ministre de l’Économie a annoncé un assouplissement de l’accès au chômage partiel et à la prise
en charge des coûts fixes. Le remboursement des prêts garantis par l’État pourrait être étalé.
VINCENT VÉRIER
ET AURÉLIE LEBELLE
UNE CENTAINE de millions
d’euros : voilà le montant esti-
mé de la nouvelle salve
d’aides aux entreprises
annoncées hier par le gouver-
nement. Pour compenser les
pertes de chiffre d’affaires
liées à la cinquième vague et
aux nouvelles restrictions
sanitaires décidées pour lut-
ter contre le développement
du variant Omicron, le minis-
tre de l’Économie, Bruno
Le Maire, a une nouvelle fois
sorti le carnet de chèques.
Première mesure : le chô-
mage partiel, sans reste à char-
ge pour l’entreprise, est élargi.
Désormais, il faut avoir perdu
plus de 65 % de son chiffre
d’affaires, contre 80 % jusqu’à
présent, pour en bénéficier. Le
dispositif est étendu aux activi-
tés touchées par des mesures
de restrictions administratives,
comme les bars qui, depuis le
1er janvier, ne peuvent plus ser-
vir de clients debout.
La seconde concerne les
coûts fixes : le seuil de prise
en charge par l’État est abais-
sé à 50 % de perte de chiffre
d’affaires, contre 65 % avant.
Le périmètre de ce dispositif
est également élargi. Réser-
vés jusque-là aux traiteurs,
Passes d’armes sur le passe vaccinal à l’Assemblée
L’examen du projet de loi du gouvernement a fait l’objet d’une suspension surprise hier soir.
PIERRE MAURER
ET PAULINE THÉVENIAUD
COUP DE THÉÂTRE hier soir.
L’examen du projet de loi tran-
formant le passe sanitaire en
passe vaccinal a fait l’objet
d’une suspension de séance
surprise, après qu’une majorité
de députés a refusé la poursui-
te des débats après minuit. De
quoi faire dérailler le calendrier
d’adoption définitif du texte par
le Parlement.
Quelques heures plus tôt, la
mine grave, Jean-Luc Mélen-
chon est monté à la tribune
pour endosser l’un de ses cos-
tumes favoris : celui du tribun.
Pendant près d’un quart d’heu-
re, le chef des Insoumis a tonné
contre le projet de loi, un dispo-
sitif qu’il juge être « 100 % inef-
f i c a ce » , u n e « r a q u e t te
trouée ». Il a défendu, avec son
groupe et en vain, une motion
de rejet préalable contre le pas-
se vaccinal. En colère, le dépu-
twipe_ftp
aux loisirs indoor ou encore
au secteur événementiel, les
entreprises du tourisme mais
aussi les bars, les restaurants,
les hôtels pourront en bénéfi-
cier. Enfin, pour que l’argent
arrive plus rapidement sur les
comptes des entreprises qui
en ont besoin, le rembourse-
ment des coûts fixes infé-
rieurs à 50 000 €, qui repré-
sentent les deux tiers des
demandes, sera accéléré. « Il
sera effectué en jours et non
plus en semaines », a assuré
le ministre de l’Économie.
Des exonérations de
charges en discussion
Deux autres aides réclamées
par les secteurs touchés sont
encore en discussion. Le
patronat souhaiterait que les
entreprises ayant perdu 65 %
de leur chiffre d’affaires ou
celles touchées par des mesu-
res de restrictions profitent
d’une exonération de charges.
« Nous apporterons une
réponse dans les prochains
jours, a précisé le ministre. Il
faut évaluer le coût et la perti-
nence par rapport au disposi-
tif existant des coûts fixes. »
Reste la question sensible
des prêts garantis par l’État
(PGE) contractés surtout par
les TPE et les PME. Beaucoup
craignent de ne pouvoir res-
Assemblée nationale (Paris), hier. L’Insoumis Jean-Luc Mélenchon a
dénoncé le passe vaccinal à la tribune, qu’il juge « 100 % inefficace ».
té des Bouches-du-Rhône s’est
emporté contre un texte pro-
voquant « le chaos, la pagaille
partout ! » « Ce n’est pas une
manière de combattre une cri-
se sanitaire. Voici maintenant
que les gens qui travaillent
dans les bars et les restaurants
vont contrôler l’identité. Mais
dans quel monde allons-nous
vivre à la fin ? Tout le monde va
contrôler tout le monde. Ça,
c’est une société totalitaire, une
société autoritaire ! » a-t-il
06 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022*
Face aux pertes de chiffre d’affaires des entreprises et aux nouvelles restrictions sanitaires décidées,
le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a encore sorti le carnet de chèques.
pecter les délais de rembour-
sement ou d’échéancier du
printemps. Si Bruno Le Maire
se laisse un délai avant toute
annonce, Bercy devrait accor-
der une souplesse aux
patrons concernés. La durée
de remboursement pourrait
être étalée jusqu’à dix ans et
LP/OLIVIER CORSAN
dénoncé. Et de railler,
moqueur, « des mesures de
coercition enrobées de bavar-
dage sur ceux qui ont le droit
de manger du pop-corn ou pas
au cinéma, ou qui doivent boire
leur café debout ou assis ». Lui
défend « la liberté, qui est la
meilleure des protections ».
Ces attaques, Olivier Véran
y a répondu dans un climat
houleux, renvoyant Jean-Luc
Mélenchon à un « florilège »
de ses déclarations passées.
un décalage de six mois au
maximum serait accordé
pour le premier versement.
Pas le retour du
« quoi qu’il en coûte »
« Cela se fera au cas par cas
avec le chef d’entreprise et
son banquier, explique Domi-
« Vous avez comparé le vaccin
ARN à des surgelés vendus en
supermarché. Vous avez affir-
mé, au début de la crise, que
vous prendriez de la chloro-
quine si vous étiez malade. Le
feriez-vous aujourd’hui ? » a
interrogé le ministre de la San-
té. Comparant la « manœuvre
politicienne » de l’Insoumis à
celles de « M. Dupont-Aignan,
de Mme Le Pen et de M. Philip-
pot, qui flattent ceux qui ont
peur pour les instruire dans la
peur, quitte à ce que le virus
circule davantage ». Pour ter-
miner par le comparer au pré-
sident brésilien, Jair Bolsonaro,
et à son ancien homologue
américain Donald Trump.
650 amendements
déposés
Un peu avant, Olivier Véran
avait de nouveau alerté contre
le « raz de marée Omicron », le
qualifiant de « vertigineux ».
Un exemple : « Entre le début
nant un nouveau report du
remboursement des PGE,
déjà décalé d’un an, de
mars 2021 à mars 2022.
Sauf que, dans le contexte
de nouvelle vague épidémi-
que, la donne a changé.
« Avec le télétravail, ce sont
des milliers de nuitées et de
couverts qui vont disparaître,
s’inquiète Thierry Grégoire,
l’un des représentants de
l’Union des métiers et des
industries de l’hôtellerie. Dans
notre secteur, la trésorerie est
le nerf de la guerre. Sans ce
prolongement, ça serait très
compliqué pour beaucoup de
petites entreprises. » Selon
lui, il ne reste pour le gouver-
nement qu’à obtenir l’accord
des banques : « L’Europe a
REUTERS/GONZALO FUENTES
donné son feu vert entre Noël
et le Nouvel An. Mais est-ce
que les banques vont deman-
der une contrepartie tarifai-
re ? Ce serait cynique. »
Et si l’exécutif tend une
nouvelle fois la main aux
patrons-emprunteurs, c’est
nique Métayer, le président de qu’ils sont très nombreux à ne
l’U2P, qui représente 2,8 mil- pas avoir remboursé leur cré-
lions d’artisans et commer- dit. Début décembre, environ
çants. Mais ce n’est pas le 52 % des 687 000 bénéficiai-
retour du « quoi qu’il en coû- res n’avaient pas encore com-
te », a rappelé hier le ministre. mencé à régler leur PGE,
Mi-novembre, il avait préve- alors que 32 % l’avaient déjà
nu ne pas envisager « de en partie soldé et que 16 %
mesure universelle » concer- l’avaient intégralement payé.
et la fin de mon intervention, format et avec le même ordre
plus de 1 000 de nos compa- du jour, se tiendra à nouveau
triotes auront été diagnosti- jeudi autour de Jean Castex,
qués positifs. » Pour défendre qui a insisté sur « l’importance
ce projet de loi qui fait l’objet de d’avoir une vision fine, au jour
plus de 650 amendements, le le jour, sur la réalité de l’absen-
ministre a donc argué d’un tex- téisme, par département et
te de « sang froid et de respon- par service » selon les mots de
sabilité » pour endiguer la son entourage.
vague et éviter une désorgani- Il a été demandé à chaque
sation du pays. ministre de faire un état des
Une crainte partagée au lieux de la situation secteur
plus haut sommet de l’État. par secteur. « Il y a une vraie
Vers 16 heures, une réunion inquiétude, parce qu’il y a un
s’est tenue à Matignon sous risque de désorganisation du
l’égide de Jean Castex en pré- fait de la multiplication des cas,
sence d’une dizaine de minis- souffle un conseiller de l’exé-
tres. Le premier d’entre eux a cutif. Il faut voir s’il y a des diffi-
rappelé « l’importance d’assu- cultés. C’est aussi beaucoup de
rer la continuité des services com, c’est important de mon-
publics en dépit de l’absentéis- trer que le gouvernement est
me potentiel dû à la multipli- soudé et à la manœuvre. »
cation des contaminations ». À moins de cent jours de
C’est pour « mesurer et l’élection présidentielle, des
anticiper les éventuelles diffi- services publics ou une éco-
cultés », selon son entourage, nomie à l’arrêt seraient un
que cette réunion était convo- scénario noir pour le sortant,
quée. Une autre, sous le même Emmanuel Macron…
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 POLITIQUE 08 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

En
COULISSES
David
LP/OLIVIER ARANDEL

Doukhan
c @daviddoukhan

Les namastés
du président

O
micron n’enfermera
pas Macron. On l’a
bien compris, le
président n’entend pas voir
la flambée épidémique
mettre une nouvelle fois le
pays sous cloche. Il en va de
même pour son propre
agenda. À trois mois de la
présidentielle, le chef de
l’État va continuer de
rencontrer des Français.
Déplacements, exercices
médiatiques en ligne
directe comme lorsqu’il
avait répondu aux auditeurs
de France Bleu ou à des
enfants sur RTL, etc. Entre
septembre et décembre
dernier, il était allé,
notamment, dans les Alpes-

de-Haute-Provence, le Cher,
l’Allier, à Marseille, plusieurs
fois dans les Hauts-de-
France… Avec à chaque fois
ou presque des temps
d’échanges avec les
citoyens, en général au
moment d’une balade en
ville ou dans les villages.
Covid ou pas, le président
souhaite augmenter le
rythme. Dès la semaine
prochaine, deux
déplacements sont prévus,
si la situation sanitaire ne
s’aggrave pas brusquement.
« Nous appliquerons
strictement les gestes
barrière, explique l’Élysée,
et c’est cadré en amont avec
les élus et les préfets pour
définir des jauges, on
demandera le passe, et dans
les déambulations le
président ne fera pas check
avec le poing, il utilisera son
fameux namasté pour
saluer les gens (ce geste
venu d’Inde consistant à
joindre les paumes en
s’inclinant légèrement). »
« Ce sera d’ailleurs
l’occasion de montrer, par
l’exemple, l’importance des
gestes barrière », ajoute l’un
de ses conseillers. Outre les
événements liés à l’Europe,
il y aura trois sortes de
déplacements en janvier-
février : ceux sur France
2030 ; les visites de « suivi
d’engagement » pour
surveiller l’avancement des
projets ; et les immersions,
Alors que se profile un duel avec la représentante de la droite traditionnelle, à laquelle il a subtilisé une partie de son électorat en 2017, le président ne sait pas sur quel pied danser.
Face à Pécresse, Macron cherche
encore le bon ton
Certaines attaques de la majorité face à la candidate LR ont fait pschitt. Des
proches de l’Élysée proposent de cibler plutôt des éléments de son programme.
OLIVIER BEAUMONT
« DEPUIS LE DÉBUT, on sait
que Valérie Pécresse est la
candidate la plus compliquée
pour nous. On n’a pas encore
trouvé le bon angle d’attaque,
on tâtonne », reconnaît avec
dépit un poids lourd du gou-
vernement. Un mois après la
victoire de la présidente d’Île-
de-France au congrès des
Républicains (LR), la macro-
nie en est encore à chercher
les arguments qui permet-
tront d’affaiblir celle qui, à en
croire les sondages, pourrait
être la rivale la plus coriace en
cas de duel au second tour
avec le président sortant.
Ces dernières semaines,
les boucles internes de la
majorité se sont échauffées
en distribuant régulièrement
des éléments de langage pour
la tacler dans les médias. Der-
nières occasions en date ? La
fameuse polémique sur le
drapeau européen sous l’Arc
de Triomphe, où elle a repro-
ché au président « d’effacer
l’identité française ». Aussitôt,
elle a été accusée de courir
après l’extrême droite. Mais
aussi sa passivité supposée
des derniers jours après le
rebond de l’épidémie.
« Depuis plusieurs semai-
nes, vous n’avez pris aucune
mesure, ni ne vous êtes
exprimée sur une situation
qui pourtant le nécessite », a
fustigé Laurent Saint-Martin,
président du groupe Majorité
présidentielle à la région, pen-
dant les fêtes de Noël. Une ini-
tiative pourtant jugée « mala-
droite » en haut lieu.
Et pour cause. Quelques
jours auparavant, elle était
pendant la première vague,
elle s’est démenée pour four-
nir des masques à une pério-
de où LREM expliquait que ça
ne servait à rien ! » s’emporte
son entourage.
D’autres arguments
déployés depuis un mois
n’ont pas totalement convain-
cu, à ce stade, les stratèges du
chef de l’État. « Le program-
me de Pécresse, c’est celui de
Fillon en 2017 », ont tapé
comme des sourds les che-
vau-légers de l’exécutif pen-
dant tout le mois de décem-
bre, à l’instar, entre autres, des
députés Sacha Houlié et
Bruno Bonnell.
La « Versaillaise »,
ça ne passe pas
« Ce n’est pas habile, estime
un ministre. Et pour deux rai-
sons : d’abord, parce que
Tout comme l’argument de
la « candidate versaillaise » en
laisse quelques-uns scepti-
ques : « C’est toujours bizarre
de critiquer quelqu’un en utili-
sant son origine géographi-
que. Ça peut aussi se retour-
ner contre nous. Il ne faut pas
opposer un territoire à un
autre », tempête un conseiller.
Quand un autre entend
ménager les ardeurs de cha-
cun sur l’envie de cogner
matin, midi et soir sur cette
adversaire. Au titre que c’est
prendre le risque de l’installer
chaque jour un peu plus com-
me étant la plus dangereuse
face à Macron. « On devrait au
contraire taper moins, mais
plus juste. Sa proposition de
supprimer 150 000 postes de
fonctionnaires, par exemple,
ça, c’est une idée qui refroidit
l’opinion ! Surtout dans le con-
POOL/AFP/LUDOVIC MARIN
quand elle était au Budget, à la
fin du quinquennat de Nicolas
Sarkozy.
Guerini, la « boulette »
« Avec elle, ça a été une aug-
mentation massive des
impôts et des déficits
publics », a par exemple char-
gé le patron de LREM, Stanis-
las Guerini, sur les plateaux
télé, après sa victoire à la pri-
maire.
« C’était la crise de la dette
souveraine, la France était
attaquée sur les marchés et,
c’est vrai, il y a eu des aug-
mentations d’impôts. Mais les
options étaient très limitées,
admet un vieux compagnon
de route de l’ancienne minis-
tre. Et ils oublient aussi de dire
que celui qui était à l’époque
dans la tour de contrôle de
l’Élysée, et qui était l’interface

souvent sur deux jours, pour
aller au contact des
Français. Macron prédisait
qu’il faudrait « vivre avec le
virus ». Nous y sommes.
ERETROUVEZ
DAVID DOUKHAN
A 7 H 25 DANS
LA MATINALE
DE FRANÇOIS GEFFRIER
a
justement en déplacement
dans un centre de vaccination
de Saint-Ouen (Seine-Saint-
Denis) où elle a, au passage,
demandé le report de la ren-
trée des classes et réclamé
On devrait au que les tests de dépistage
contraire taper moins, soient gratuits au moment des
fêtes pour les non-vaccinés.
mais plus juste
UN STRATÈGE DE LA CAMPAGNE « Et qui peut croire qu’elle est
DU PRÉSIDENT passive sur le sujet alors que,
Fillon avait pour le coup un
programme et une ligne
assez claire en 2017, ce qui
n’est pas son cas. Et, surtout,
parce que nous avons beau-
coup des électeurs de Fillon
qui nous ont rejoints et qui
soutiennent l’action du prési-
dent de la République. Il ne
faudrait pas leur donner rai-
son d’aller voter Pécresse. »
texte actuel. Et quand elle pro-
pose de territorialiser les pei-
nes, c’est ni plus ni moins
qu’une forme de ségréga-
tion », estime un stratège de la
campagne.
Autour de Valérie Pécresse,
on s’amuse de ces atermoie-
ments. Comme on relève la
tentation de certains de l’atta-
quer sur son bilan de ministre
avec Bercy, c’était quand
même un certain Jean Castex
(il était secrétaire général
adjoint de la présidence de la
République). Et lui, il luttait
plutôt pour surdoser en
impôts ! Donc, cette histoire
va leur revenir en boome-
rang. » Comme quoi, le match
Macron - Pécresse ne fait
peut-être que commencer.

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Le candidat entame une tournée rurale pour casser son image d’urbain et obtenir des parrainages.
QUENTIN LAURENT (AVEC A.S.)
LES PREMIERS JOURS de jan-
vier sonnent le début d’une
quête haletante pour de nom-
breux Français : celle des
fèves cachées dans les galet-
tes des rois. Mais en cette
semaine d’Épiphanie, c’est
vers une autre mission que se
lance Éric Zemmour : la con-
quête incertaine des voix
d’une France périphérique
que la politique aurait délais-
sée, couplée à la recherche
active de parrainages, visible-
ment durs à débusquer mais
nécessaires pour concourir à
la présidentielle.
Après avoir présenté ses
vœux à ses militants à Paris
aujourd’hui, le candidat iden-
titaire partira vendredi en
Eure-et-Loir. « Il veut aller
dans la ruralité, à la rencontre
des Français qui vivent dans
les petites villes, les villages »,
racontait son directeur adjoint
de campagne, Antoine Diers,
en décembre. Une façon pour
Zemmour de se défaire de
son image d’intellectuel pari-
sien habitué des plateaux… ou
d’éventuels chahuts. « On ira
dans une France sans anti-
fas ! » confiait l’intéressé avant
les fêtes. Son premier dépla-
cement, à Marseille, raté, avait
en effet été perturbé par des
militants antifascistes.
L’ancien journaliste doit
ACTUEXPRESS
Duel Jadot - Macron
à Strasbourg
LE 19 JANVIER, le Parlement
européen de Strasbourg sera
comme l’avant-scène d’un théâ-
tre politique franco-français.
Selon nos informations, Yannick
Jadot, eurodéputé et candidat
écologiste à la présidentielle, y
répondra à Emmanuel Macron
venu en tant que nouveau prési-
dent du Conseil de l’Union euro-
péenne, présenter
son projet devant
ET
les eurodéputés.
MARINE
LE PEN
En raison
du Covid, la
candidate RN à
AUSSI
la présidentielle va reporter
de trois semaines son
meeting prévu le 15 janvier
pour lancer sa campagne.
« À cause de la situation
sanitaire et du pic
épidémique prévu autour
de cette date, le bureau de
campagne de Marine
Le Pen a décidé de décaler
le grand meeting de Reims
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09 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022
Le double front d’Éric Zemmour
Husseren-les-Châteaux (Haut-Rhin), un proche, estimant qu’il doit
le 18 décembre. Les déplacements aussi se « déradicaliser » sur
de terrain sont un nouvel exercice la forme, s’il veut recoller à
pour cet habitué des plateaux télé. Marine Le Pen et Valérie
Pécresse, qui l’ont doublé
de devenir un présidentiable dans les intentions de vote.
crédible. « On ne va pas Sans jamais oublier que
défendre que les fondamen- l’intéressé ne pourra défendre
taux — les enjeux de civilisa- ces idées-là s’il n’obtient pas
tion — mais aussi les sujets du les 500 parrainages. Vendre-
quotidien, de cette France des di, il rencontrera des élus
oubliés », dit Antoine Diers. locaux pour les convaincre.
« C’est en haut de la pile des
« Déradicalisation » préoccupations. Il pensait
AFP/SÉBASTIEN BOZON
Lors de ses pérégrinations que, mécaniquement, après la
rurales, il veut aussi parler déclaration de candidature, il
« revitalisation des petites vil- allait récolter d’un coup des
les », s’adresser à « la France paquets de parrainages. Mais
des automobilistes ». « Il fera ça ne s’est pas produit », con-
échanger une grosse demi- eux un plan de souveraineté se faire davantage entendre évoluer son image en parlant fie un autre. Ses équipes assu-
heure avec Joël Billard, maire alimentaire », explique sur des sujets autres que plus équitablement des cinq I raient hier avoir récolté
(LR) de Bonneval, président notamment Jonathan Nadler, l’immigration ou l’identité — (immigration, instruction, 350 promesses et se disent
des maires d’Eure-et-Loir, et en charge du projet. au cœur de son début de imposition, industrialisation, « optimistes ». Même si la
auteur d’un rapport sur la Cette sortie de sa zone de campagne —, mais qui ne peu- indépendance nationale) qui tâche ne sera pas simple, d’ici
ruralité remis en 2009 à confort doit lui permettre de vent à eux seuls lui permettre font son programme », jauge le dépôt officiel, le 4 mars.
Nicolas Sarkozy. « Un sujet
qui m’est cher », confie l’édile,
qui précise qu’il a accepté de
rencontrer Zemmour, mais a
pour habitude de « ne parrai-
ner personne ».
Avant une réunion publi-
que à Châteaudun le soir
IL S’EST PASSÉ
(900 personnes attendues), le
candidat doit aussi visiter une TANT DE CHOSES EN 2021,
entreprise et rencontrer un
agriculteur. « Sur les agricul-
teurs, il y a deux piliers : il veut UNE CHOSE N’A PAS CHANGÉ
leur permettre d’obtenir une
meilleure rémunération de
leur travail, et construire avec
« Yannick Jadot s’exprimera au
nom du groupe des Verts/
Alliance libre européenne, con-
firme Delphine Batho, une de
ses porte-parole. Il dévoilera un
véritable contre-projet à Emma-
nuel Macron. Une démarche
d’autant plus essentielle que
l’Europe vient officiellement de
considérer le gaz et le nucléaire
comme des éner-
PREMIÈRE CHAÎNE INFO
gies vertes ! »
 J.A.
© Yann AUDIC / ABACA PRESS
au 5 février
DE FRANCE... ET DE LOIN !
2022 », précise
le communiqué
de son service
de presse. Le 15
janvier, donc, elle fera juste
« une déclaration
solennelle dans un lieu
symbolique » et lancera
DeBonneville - Orlandini
« l’opération
5 000 marchés au cours
de laquelle la candidate,
ses porte-parole et ses
militants sillonneront la
France à la rencontre des
Français ». Médiamétrie - Médiamat 2021
 ÉCONOMIE 10 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

Pourquoi la galette des Rois EN

coûte plus cher cette année BREF
Le beurre, très demandé en Europe comme en Chine, a vu son prix bondir BOURSE
Le CAC 40 démarre
de 30 % depuis septembre, poussant les boulangers à le répercuter sur les clients. l’année fort en ayant
battu son record
ODILE PLICHON se. Chaque année, le nombre à la clôture hier,
de vaches laitières est raboté – à 7 217,22 points.
LUDOVIC LHÉRAULT, boulan- encore de 1,7 % l’an dernier. Au cours de la séance,
ger à Antony (Hauts-de-Seine), « Et puis, depuis début 2021, la Bourse de Paris
est un homme prudent. Quand certains opérateurs ont fait le est montée jusqu’à
i l a v u l e p r i x d u b e u r re choix de fabriquer davantage 7 245,66 points,
s’apprécier sacrément en sep- de fromage et de crème, au un niveau inédit.
tembre, il a décidé de puiser détriment du beurre, notam- Les précédents records
dans sa trésorerie et a précom- ment industriel », poursuit en séance (7 201,65)
mandé 1 200 kg de ce pré- Jean-Marc Chaumet. et à la clôture (7 181,11)
cieux ingrédient. Un petit pari dataient seulement
financier qu’il ne regrette pas. Sucre, farine, chocolat de la fin décembre.
« Au total, au vu de l’envolée et œufs aussi en hausse Autre record : Apple
ultérieure des prix, j’ai fait une S’il n’y avait que le prix du a franchi hier aussi
économie de 2 € par kilo », se beurre… « Mais, depuis sep- le seuil symbolique des
réjouit celui qui, de ce fait, a pu tembre, tous nos coûts 3 000 milliards de dollars
contenir le tarif de sa galette à s’apprécient », rappelle Domi- (2 700 milliards d’euros)

la frangipane : « Pour huit per-
sonnes, elle vient de passer de
28 à 30 €, ce qui reste très rai-
sonnable », estime-t-il.
Vous faites partie des fans de
la galette des Rois ? Alors, vous
aurez peut-être remarqué, si
vous avez craqué avant le jour
de l’Épiphanie (le 6 janvier, jeu-
di), que cette délicieuse tradi-
tion, débordante de beurre à
hauteur de 20, voire 30 % des
ingrédients, rime également
avec inflation cette année.
Une production
de lait en baisse
Il y a les boulangers qui préfè-
rent rester prudemment ano-
nymes, à l’image de ce profes-
sionnel parisien qui reconnaît
« une hausse de 1 € sur une
galette à 17 € » mais qui espè-
re « que le client ne la verra
pas trop, puisqu’une année
sépare les deux achats de
galettes ». Et puis il y a ceux,
Que les goumand(e)s soient prévenu(e)s : cette année, il faudra
débourser jusqu’à 2 € de plus pour son petit plaisir de l’Épiphanie.
majoritaires, qui assument
leur décision. C’est le cas de
Xavier Bordet, à Clermont-
Ferrand (Puy-de-Dôme), qui a
« majoré les grandes galettes
de 50 centimes et les petites
de 30 centimes ». Son confrè-
re de Saint-Sébastien-sur-
Loire (Loire-Atlantique), Jean-
Yves Gautier, annonce pour sa
part « des revalorisations
comprises entre 1 € et 1,80 €,
selon la taille ». Même constat
dans le réseau la Mie câline :
« Début janvier, nous avons
relevé de 3 % les prix auxquels
nous vendons nos produits à
nos franchisés, en leur con-
seillant de le répercuter sur les
consommateurs », détaille le
directeur général de la Mie
câline, David Giraudeau.
Seules les galettes indus-
trielles, vendues en grandes
surfaces, dont le tarif est négo-
cié plusieurs mois en avance,
n’ont pas encore été impac-
tées par ce mouvement, qui
inquiète toute la profession.
« On avait déjà connu une
envolée du prix du beurre en
2018, mais là, depuis septem-
bre, non seulement la hausse
avoisine 30 %, mais nos
33 000 artisans ont de plus en
plus de mal à s’approvision-
ner », alerte Dominique
Anract, le président de la Con-
LP/DELPHINE GOLDSZTEJN
nique Anract, qui cite, pêle- de capitalisation,
mêle, le sucre, la farine, les une première dans
amandes, le chocolat et les l’histoire boursière.
œufs. Sans oublier l’énergie.
« Ma facture d’électricité, qui SOLDES
avoisine dorénavant 2 600 € Les soldes d’hiver
fédération nationale de la bou- par mois, a pris 10 % récem- ont débuté hier dans les
langerie-pâtisserie française ment », grince Ludovic Lhé- quatre départements
(CNBF), qui n’a « jamais connu rault, qui se demande « où tout de l’ancienne région
cela depuis quarante ans ». cela va nous mener », entre Lorraine (Meuse,
Cette situation exception- ces multiples hausses tarifai- Moselle, Meurthe-
nelle est due à deux phénomè- res et une baisse attendue du et-Moselle et Vosges)
nes. Le premier est la hausse chiffre d’affaires des galettes en afin de s’aligner
mondiale de la demande. Les janvier, la plupart des cérémo- sur le Luxembourg
pays occidentaux connaissent nies de vœux ayant été tout et la Belgique, voisins.
un regain d’appétence pour le bonnement annulées. Elles dureront quatre
beurre, tandis que la Chine, « Si ça continue à bondir en semaines, jusqu’au
elle, le découvre et l’apprécie 2022, on sera obligés de 29 janvier. Les soldes
de plus en plus. « En dix ans, changer les étiquettes de tou- débuteront le mercredi
les importations chinoises ont tes les autres viennoiseries au 12 janvier dans les
été multipliées par six », résu- beurre », prophétise Xavier autres départements
me Jean-Marc Chaumet, éco- Bordet. Au Cniel, où l’on se métropolitains, pour
nomiste au Centre national veut moins alarmiste, on anti- se terminer le 8 février.
interprofessionnel de l’écono- cipe plutôt une stabilisation
mie laitière (Cniel). Dans le des prix à un haut niveau jus-
même temps, l’offre, à savoir la qu’à la prochaine grande col-
production de lait, est en bais- lecte de lait, au printemps.

SÉANCE DU LUNDI 3 JANVIER 2022 BOURSE CONSEILS ET COTATIONS EN DIRECT SUR LE SITE investir
CAC 40 +0,90%
DANS LE MONDE
Francfort DAX
VALEURS À SUIVRE
AXA (+1,20 % à 26,50 €)
Michelin (+1,73 % à 146,65 €)
L’action du géant mondial des pneumatiques
7 217,22 POINTS
CHANGES dern.€ préc.€
16 020,73 points  +0,86% AXA gagne du terrain après la finalisation de la soutient vivement le CAC40 pour cette première
New-York Dow Jones cession d'AXA Banque Belgique à Crelan Banque, séance de l’année. Le titre bénéficie des propos
États-Unis USD
PETROLE
0,8847 0,8825
36 421,67 points  +0,23% pour un montant total de 691 millions d'euros, d’un analyste d’Oddo BHF. Celui-ci maintient son
Baril de brent (163,66L) 78,64 $  +0,96% Londres Footsie transaction qui devrait avoir un impact positif sur conseil de «Surperformance» et relève son objectif
OR Lingot 1kg Once Napoléon FERMÉ le ratio de solvabilité II de l'assureur de quatre de cours à moyen terme de 160 à 175 euros sur
51 250,00 € 1 801,10 $ 307,90 € Tokyo NIKKEI
VALEUR DU MOMENT points au dernier trimestre 2021. l’action du groupe français.
FERMÉ
OVH 27,60 +8,64 +8,64
Libéllé dern. % Var. % an Libéllé dern. % Var. % an Libéllé dern. % Var. % an Libéllé dern. % Var. % an Libéllé dern. % Var. % an
Accor 29,28 +2,92 +2,92 CGG 0,68 +7,07 +7,07 Fnac Darty 57,80 +0,52 +0,52 Nexity 41,44 +0,24 +0,24 Sopra Steria Group 158,90 +0,89 +0,89
ADP 117,85 +4,02 +4,02 CNP Assurances 21,78 +0,14 +0,14 Gecina 123,50 +0,49 +0,49 Orange 9,42 +0,12 +0,12 SPIE 23,18 +2,02 +2,02
Airbus Group 116,14 +3,36 +3,36 Coface 12,92 +3,11 +3,11 Getlink 14,76 +1,37 +1,37 Orpea 89,66 +1,77 +1,77 Stellantis NV 17,31 +3,81 +3,81
Air France - KLM 4,06 +4,88 +4,88 Covivio 72,64 +0,61 +0,61 GTT 82,50 +0,30 +0,30 OVH 27,60 +8,64 +8,64 Stmicroelectronics 44,00 +1,45 +1,45
Air Liquide 154,50 +0,77 +0,77 Credit Agricole 12,74 +1,50 +1,50 Hermes Intern. 1 542,50 +0,42 +0,42 Pernod Ricard 210,30 -0,57 -0,57 Suez 19,81 0,00 0,00
Albioma 34,84 +1,63 +1,63 Danone 54,99 +0,73 +0,73 Icade 64,00 +1,43 +1,43 Plastic Omnium 23,16 +1,31 +1,31 Technip Energies 13,29 +3,63 +3,63
ALD 13,02 +0,62 +0,62 Dassault Aviation 96,55 +1,63 +1,63 Imerys 36,54 0,00 0,00 Publicis Groupe SA 59,28 +0,14 +0,14 TechnipFMC 5,59 +6,88 +6,88
Alstom 31,72 +1,60 +1,60 Dassault Systèmes 50,82 -2,85 -2,85 Ipsen 78,70 -2,24 -2,24 Remy Cointreau 209,40 -2,15 -2,15 Teleperformance 396,00 +1,02 +1,02
Alten 157,80 -0,44 -0,44 Derichebourg 10,39 +2,36 +2,36 Ipsos 42,35 +2,67 +2,67 Renault 31,42 +2,85 +2,85 TF1 8,82 +1,03 +1,03
Amundi 72,30 -0,34 -0,34 Edenred 41,63 +2,61 +2,61 JC Decaux SA 22,30 +1,36 +1,36 Rexel 18,15 +1,79 +1,79 Thales 75,74 +1,26 +1,26
Aperam 48,60 +2,02 +2,02 EDF 10,59 +2,47 +2,47 Kering (Ex PPR) 708,00 +0,16 +0,16 Rubis 27,22 +3,66 +3,66 TotalEnergies 44,99 +2,32 +2,32
Arcelor Mittal SA 28,61 +1,65 +1,65 Eifage 91,14 +0,75 +0,75 Klepierre 21,14 +1,39 +1,39 Safran 110,08 +2,25 +2,25 Trigano 173,20 +1,29 +1,29
Arkema 125,30 +1,17 +1,17 Elior Group 6,13 -3,69 -3,69 Korian 28,30 +1,65 +1,65 Saint Gobain 62,29 +0,68 +0,68 Ubisoft Entert 42,88 -0,44 -0,44
Atos 38,54 +3,08 +3,08 Elis 15,28 +0,39 +0,39 L'Oreal 426,00 +2,17 +2,17 Sanofi 89,33 +0,85 +0,85 Unibail-Rodamco Westfield 62,80 +1,91 +1,91
Axa 26,50 +1,20 +1,20 Engie 13,19 +1,35 +1,35 Lagardere S.A 24,38 0,00 0,00 Sartorius Sted Bio 479,60 -0,58 -0,58 Valeo 26,97 +1,47 +1,47
Bic 47,70 +0,80 +0,80 Eramet 74,35 +3,34 +3,34 Legrand 103,30 +0,39 +0,39 Schneider Electric 175,14 +1,55 +1,55 Vallourec 9,46 +7,50 +7,50
bioMerieux 125,55 +0,52 +0,52 EssilorLuxottica 187,18 -0,03 -0,03 LVMH 731,00 +0,55 +0,55 Scor SE 27,78 +1,24 +1,24 Valneva 23,12 -5,63 -5,63
BNP Paribas 61,20 +0,71 +0,71 Eurazeo 75,95 -1,11 -1,11 M6-Metropole TV 17,28 +0,70 +0,70 Seb 138,30 +1,02 +1,02 Veolia Environ. 32,60 +1,05 +1,05
Bollore 4,89 -0,69 -0,69 Eurofins Scientif. 106,76 -1,88 -1,88 Maisons du Monde 20,92 +2,75 +2,75 SES 7,19 +3,16 +3,16 Verallia 31,00 +0,13 +0,13
Bouygues 31,41 -0,25 -0,25 Euronext 89,10 -2,36 -2,36 Mcphy Energy 21,50 -0,65 -0,65 Societe Generale 30,46 +0,83 +0,83 Vinci 92,68 -0,25 -0,25
Bureau Veritas 28,95 -0,79 -0,79 Europcar 0,51 -0,16 -0,16 Mercialys 8,78 +2,45 +2,45 Sodexo 77,40 +0,44 +0,44 Virbac 438,00 +3,18 +3,18
Cap Gemini 213,50 -0,93 -0,93 Eutelsat Comm. 10,89 +1,40 +1,40 Michelin 146,65 +1,73 +1,73 Soitec 214,60 -0,28 -0,28 Vivendi 11,98 +0,71 +0,71
Carrefour 16,12 +0,09 +0,09 Faurecia 43,01 +2,82 +2,82 Neoen 37,98 -0,47 -0,47 Solutions 30 SE 7,37 +3,88 +3,88 Wendel 107,40 +1,90 +1,90
Casino Guichard 23,32 +0,73 +0,73 FDJ 38,88 -0,15 -0,15 Nexans 88,30 +2,85 +2,85 Solvay 103,70 +1,47 +1,47 Worldline 49,98 +1,98 +1,98

twipe_ftp

L’entreprise alsacienne presque centenaire et inventrice du chariot métallique pour supermarchés
se trouve en cessation de paiements. Les salariés, non rémunérés en décembre, s’inquiètent.
a
Si nous n’avions pas
eu les prêts garantis
par l’État, Caddie
serait mort avant que
le site de Drusenheim
ne ferme. La crise
sanitaire nous a
simplement permis
de durer un peu
plus longtemps.
LUC STROHMENGER,
DÉLÉGUÉ SYNDICAL CFTC
Ventes records pour Tesla malgré la pénurie de puces électroniques
Le constructeur de véhicules électriques a annoncé avoir livré près de 1 million de véhicules en 2021.
ALORS que le secteur automo-
bile mondial reste touché de
plein fouet par la crise du
Covid, avec des ventes en ber-
ne, Tesla marche à contre-cou-
rant. Le constructeur de véhi-
cules électriques a livré plus de
936 000 voitures cette année,
ce qui représente une crois-
sance de 87,4 % par rapport à
2020. Le géant américain fait
ainsi bien mieux que l’objectif
annoncé en janvier dernier de
faire croître ses livraisons de
50 % en moyenne par an pen-
dant plusieurs années.
Dans le détail, le groupe —
qui a choisi de déménager son
siège de Palo Alto (Californie) à
Austin (Texas) — a vendu
911 208 exemplaires de ses
modèles 3 et Y et 24 964 véhi-
cules de ses modèles de luxe S
et X, vendus respectivement
90 000 et 100 000 $ pièce
(80 000 et 89 000 €).
twipe_ftp
Caddie en bout de course
CLAIRE GANDANGER,
NOTRE CORRESPONDANTE
À STRASBOURG (BAS-RHIN)
MALGRÉ LA PÉRIODE des
fêtes, les ouvriers de l’usine
Caddie à Dettwiller (Bas-Rhin)
ne s’attendaient pas à un mira-
cle. L’annonce de la direction
du fabricant de chariots métal-
liques, le 31 décembre, n’en
laissait pas augurer : l’entrepri-
se alsacienne créée en 1928 se
trouve en cessation de paie-
ments. Le tribunal de com-
merce de Saverne doit statuer
aujourd’hui sur un redresse-
ment judiciaire à la demande
des actionnaires. Pour la troi-
sième fois depuis 2012, Caddie,
inventeur du chariot pour
supermarchés et hypermar-
chés, se trouve au pied du mur,
incapable de payer ses dettes
de 4 millions d’euros.
Pour la direction de l’entre-
prise, la crise sanitaire a sapé
les efforts de réorganisation de
l’usine, reprise à 70 % par le
polonais Damix en 2018. Der-
nière tentative de sauvetage :
au printemps 2020, elle avait
abandonné son site de Dru-
senheim pour se concentrer
sur celui de Dettwiller, avec
42 licenciements à la clé, pour
un investissement de plus de
3 millions d’euros.
« Nous n’avions plus la tré-
sorerie nécessaire pour assu-
mer nos différentes charges à
la suite des difficultés accu-
mulées depuis le début de la
crise sanitaire », assure Sté-
phane Dedieu, directeur de
Caddie. En dépit de l’octroi de
Le constructeur peut s’enorgueillir d’une croissance de ses ventes
de 87,4 %, mais fait aussi face à des problèmes de qualité.
Pour obtenir cette perfor-
mance, Tesla, contrairement
aux autres constructeurs, est
parvenu à faire fi des problè-
mes logistiques mondiaux.
Elon Musk, son patron, a indi-
qué avoir pu contourner une
bonne partie de la pénurie de
semi-conducteurs en utilisant
11 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022
Le fabricant de chariots métalliques Caddie, incapable de payer ses dettes de 4 millions d’euros,
pourrait se retrouver en redressement judiciaire pour la troisième fois après 2012 et 2014.
deux prêts garantis par l’État Enfin le sort s’est acharné,
(PGE), les dettes se seraient d’après le dirigeant, puisqu’« un
amoncelées. « Notre clientèle cluster dans [leurs] équipes a
est étrangère à 70 %. Nous perturbé la production en
n’avons pas pu honorer de juin ». Caddie a difficilement
nombreuses commandes car atteint un chiffre d’affaires de
des frontières étaient fermées. 12 millions d’euros cette année,
Pour les mêmes raisons, nous contre 17 millions en 2020 et
avons rencontré des problè- 22 millions en 2019. Le direc-
mes d’approvisionnement en teur de Caddie espère aujour-
plus d’une hausse du prix des d’hui qu’un redressement judi-
matières premières. Certains ciaire permettra à l’entreprise
clients ont beaucoup moins d’échapper à la liquidation.
commandé car leurs maga- « Nous n’avons pas de piste
sins étaient bloqués. » d’investisseur à ce stade, mais
ques du loueur Hertz à livrer
d’ici à fin 2022.
Cette croissance exponen-
tielle n’est pas un long fleuve
tranquille. Le constructeur
affronte des problèmes de
qualité. En avril, les freins des
Tesla ont fait les gros titres en
Chine avec le coup d’éclat
d’une cliente au salon de Shan-
REUTERS/ALY SONG
ghai, protestant contre le systè-
me de freinage supposé défec-
tueux d’un véhicule où des
proches avaient été blessés.
Une valorisation à près
de 900 milliards d’euros
de nouveaux modèles de Le système d’aide à la condui-
puces et en réécrivant les logi- te Autopilot fait aussi l’objet
ciels. Le groupe a aussi bénéfi- d’une enquête de l’agence
cié de l’engouement pour américaine de la sécurité rou-
l’électrique aussi bien des par- tière après une série d’acci-
ticuliers que des entreprises. dents. Le fait que Tesla teste en
En octobre, Tesla a enregistré conditions réelles avec des
une méga commande de conducteurs lambda de nou-
100 000 véhicules électri- velles fonctionnalités d’aide à
SIPA/FRANCK LODI
nous allons tout faire pour que
ça arrive », promet Stéphane
Dedieu, excluant la perspective
d’un nouveau plan social.
Les effectifs passés
de 900 à 144 en huit ans
« Je n’ai pas connaissance d’un
redressement judiciaire sans
que le repreneur fasse un peu
le vide », s’inquiète pour sa part
Luc Strohmenger, délégué
syndical CFTC. L’élu a vu le
nombre d’ouvriers des usines
Caddie se réduire comme
la conduite sans avoir d’autori-
sation spécifique alimente
également les controverses.
Tesla a aussi été obligé de
désactiver l’option qui permet-
tait de jouer à des jeux vidéo à
bord d’une voiture en circula-
tion. Le propriétaire d’une Tes-
la s’insurgeait contre cette
fonctionnalité et a porté plain-
te. « Comment se fait-il qu’un
fabricant soit autorisé à affi-
cher des vidéos qui empê-
chent de se concentrer et
prennent les deux tiers de
l’écran dont le conducteur a
besoin pour disposer de toutes
les informations sur son véhi-
cule ? » avait-il demandé.
À cela s’ajoutent des rappels
en masse de véhicules au
garage. Si ça n’est pas propre à
Tesla, cela pourrait montrer
une faille à l’avenir dans le sys-
tème de production. Le cons-
tructeur a ordonné le retour de
peau de chagrin, passant de
900 en 2012 à 144 fin 2020.
« Nous travaillions en mode
dégradé depuis un an, consta-
te-t-il. La matière première
arrivait au compte-gouttes
parce que la trésorerie ne sui-
vait pas. Les salaires étaient
versés en retard. » Le syndica-
liste s’étonne que les PGE
n’aient pas suffi à relancer la
machine. « Y a-t-il eu une ges-
tion hasardeuse ? On s’interro-
ge forcément. » Contrairement
aux explications de la direction,
une chose est sûre pour lui :
« Si nous n’avions pas eu ces
prêts, Caddie serait mort avant
que le site de Drusenheim ne
ferme. La crise sanitaire nous a
simplement permis de durer
un peu plus longtemps. »
« Le manque de confiance
des salariés envers leurs
cadres est consommé », pré-
vient le délégué. Avant d’évo-
quer le climat à l’intérieur de
l’entreprise : « Pour l’heure, les
salariés ne sont pas encore
passés à la phase de colère.
C’est l’abattement et l’amertu-
me. Ils ont l’habitude puisque
c’est la troisième fois qu’ils font
face à une telle situation, après
2012 et 2014. Ils sont dans
l’attente de connaître le délai
que pourrait accorder le tribu-
nal ». Ces salariés, en poste en
moyenne depuis une vingtaine
d’années, n’ont pas reçu de
rémunération pour le mois de
décembre. Ils espèrent désor-
mais que le régime de garantie
des salaires prendra le relais le
plus vite possible.
près de 500 000 véhicules
aux États-Unis et 200 000 en
Chine en raison de problèmes
liés aux coffres. La marque
avait déjà rappelé, en juin,
285 000 voitures dans le pays
asiatique après une anomalie
sur son logiciel de conduite
assistée, et quelques milliers de
Model 3 et Y aux États-Unis
pour inspecter et resserrer
(voire remplacer) des boulons
dans les étriers de freins.
Du point de vue des inves-
tisseurs et des tradeurs, la bon-
ne nouvelle des livraisons de
Tesla constitue un facteur net-
tement haussier pour l’action.
Si les résultats financiers sont
attendus le 2 février, ce succès
commercial permet au cons-
tructeur de figurer dans le cer-
cle très fermé des groupes
valorisés à plus 1 000 milliards
de dollars (885 milliards
d’euros) en Bourse. L.P.
 12 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

A ARGENT

MAXIME GAYRAUD

UNE NOUVELLE ville pour

Pour concilier logement
et emploi, direction Mulhouse !
EXCLUSIF Voici le classement des communes qui offrent
les meilleures opportunités de travail et d’achats immobilier.
Palmarès des villes les plus favorables
Classement des villes selon le pouvoir d'achat immobilier et le nombre d'ofres d'emploi en CDI (à la mi-octobre 2021)
de la côte méditerranéenne
font pâle figure dans ce
baromètre. Peu dynamiques
Classement Part de CDI (pour 100 actifs) Pouvoir d’achat immobilier, en m2*
une nouvelle vie ? Depuis sur le marché de l’emploi,
1 Mulhouse
re
6,29 % 83
près de deux ans et le début 2 e Orléans 7,22 % 69 elles ne se rattrapent malheu-
de la pandémie, certains ont 3 Dijon
e
6,47 % Lille 57 reusement pas sur l’accessi-
franchi le pas, quittant le ryth- 4 e Rouen 5,87 % 61 bilité du logement.
me effréné et les petits appar- 5 e Saint-Étienne 3,36 % Le Havre 101 « À l’image de Nice (Alpes-
tements des grandes métro- 6 e Le Mans 4,45 % 4e Rouen Reims 75 Maritimes), où le bassin
poles pour de plus grands 7 e Limoges 4,19 % Metz 9 e 79 d’emploi n’est pas exception-
8 e Tours 5,86 % Caen 31e Paris 55
espaces et la douceur de vivre 9 e Metz 5,45 % Strasbourg 59 nel comparé aux autres villes
de la province et des villes 10 Besançon
e
5,39 % Le Mans 58 (2,47 CDI pour 100 actifs)
moyennes. Mais pour ceux 1 1 e Grenoble 5,56 % Rennes Mulhouse 56 et un prix du mètre carré à
6e 2e Orléans re
qui hésitent à les imiter, une 12 Clermont-Ferrand 4,74 %
e
Angers 1 63 près de 5 000 € », précise
question les taraude : où 13 e Caen 5,81 % 51 Maël Bernier. Les néo-Niçois
14 e Perpignan 2,30 % 8 e Tours Dijon 3 e
10e 111
s’installer pour s’offrir un ne peuvent ainsi envisager
15 e Lille 5,42 % Nantes Besançon 40
appartement ou une maison de s’offrir qu’un logement
16 e Angers 5,31 % 41
confortable tout en trouvant 17 e Bordeaux 7,16 % 30 de 36 m2 en moyenne.
facilement un travail ? 18 Rennes
e
5,07 % 36
Limoges 7e Clermont
Le baromètre Emploi et 19 e Nîmes 2,83 % Lyon 65 n Le confort,
logement : le classement des 20 Reims
e
3,87 % 5e 46 un critère de choix
villes où s’installer, réalisé par 2 1 e Nantes 5,23 % 34 Le logement prend d’ailleurs
Meteojob et Meilleurtaux, et 22 e Le Havre 2,89 % Saint-Étienne Grenoble 61 de plus en plus de poids
que nous dévoilons, donne les 23 e Aix-en-Provence 5,38 % Bordeaux 32 dans les critères de choix
24 e Strasbourg 4,57 % 37
clés de ce changement de vie. 25 e Toulouse 3,72 % 42 des candidats au changement
Pour ce faire, l’étude croise les Nîmes Nice de vie. « On estime qu’un
26 Lyon
e
5,28 % Toulouse 29
opportunités d’emploi (le 27 e Toulon 2% Montpellier Aix 68 tiers des emplois sont entiè-
nombre de CDI proposés 28 Marseille
e
2,48 % 50 rement télétravaillables et un
pour 100 actifs) et le pouvoir 29 e Montpellier 2,27 % Perpignan Marseille 43 autre tiers partiellement,
Toulon
d’achat immobilier, calculé 30 e Nice 2,47 % 36 note Marko Vujasinovic.
grâce au salaire médian, aux 3 1 e Paris 4,34 % 17 Donc, vivre dans une habita-
SOURCE : MEILLEURTAUX/METEOJOB. * NOMBRE DE MÈTRES CARRÉS ACCESSIBLES EN FONCTION DU SALAIRE MÉDIAN, DES TAUX D'INTÉRÊT ET DU PRIX DE L'IMMOBILIER. LP/INFOGRAPHIE.
taux d’intérêt et aux prix de tion confortable devient un
l’immobilier. « Mulhouse n’est premier d’achat immobilier de 83 m2. 2021 un peu partout en Fran- Exemple, si la capitale a essentiel. »
ni sur le critère emploi ni sur « C’e st u ne vil le u n p e u ce – est impressionnant, offert 4,34 offres d’emploi Mais ces villes moyennes,
n Mulhouse, Orléans le critère logement, mais c’est excentrée mais elle bénéficie notamment à Orléans, avec pour 100 actifs en octo- si elles connaissent un regain
et Dijon tirent leur le meilleur compromis », de la proximité avec l’Allema- 7,22 offres pour 100 actifs, le bre 2021 et des salaires d’attractivité depuis le début
épingle du jeu pointe Maël Bernier, de gne, d’un tissu économique meilleur score sur ce critère. moyens plus élevés que dans de la crise du Covid, pour-
Ce sont les villes moyennes Meilleurtaux, à propos de la assez dynamique avec des le reste de l’Hexagone, le prix raient aussi être victimes
de la moitié nord de la France sous-préfecture du Haut- offres d’emploi qui ne ren- n Les grandes très élevé de l’immobilier de surchauffe des prix de
qui tirent largement leur Rhin qui offrait à la mi-octo- contrent pas forcément la métropoles victimes (11 377 € le mètre carré) l’immobilier. « Pour les
épingle du jeu. Mulhouse gar- bre 2 0 2 1 6 , 2 9 C DI p ou r demande », précise-t-elle. des prix de l’immobilier ne permet de s’offrir qu’un nouveaux arrivants avec de
de la tête du classement avec 100 actifs et un pouvoir Orléans et Dijon bénéfi- Paris, Lyon (Rhône), Marseille logement de… 17 m 2 . Idem bons salaires ou qui ont

deux nouveaux venus sur le
podium, Orléans (Loiret)
et Dijon (Côte-d’Or). « En
France, nous avons structu-
rellement une dynamique
d’emploi meilleure dans
la moitié nord que dans le
Sud et l’accessibilité au loge-
ment est meilleure dans
les villes intermédiaires que
dans les métropoles », syn-
thétise Marko Vujasinovic, le
patron de Meteojob.
a
cient, eux, à plein de l’effet
Covid : à une heure de TER de
Paris pour la préfecture du
Loiret, ou une heure trente de
TGV pour celle de la Côte-
d’Or, ces villes moyennes
sont idéales pour les Franci-
Il faut bien regarder liens souhaitant conserver
ce que vous êtes en leur emploi à Paris tout
capacité d’acheter en télétravaillant plusieurs
comme logement jours par semaine.
avant de vous installer Surtout, le nombre d’offres
MAËL BERNIER, DE MEILLEURTAUX d’emploi – qui ont explosé en
(Bouches-du-Rhône) et,
dans une moindre mesure,
Toulouse (Haute-Garonne),
Lille (Nord) ou Strasbourg
(Bas-Rhin) ont aussi un
marché de l’emploi qui se
porte bien. « Mais là, le frein,
c’est vraiment l’immobilier,
confirme Maël Bernier. Il
faut bien regarder ce que
vous êtes en capacité d’ache-
ter comme logement avant
de vous y installer. »
pour Lyon, avec 29 m 2 , qui
se retrouve avec les autres
grandes métropoles dans les
profondeurs de ce classe-
ment Emploi et logement.
n Le Bassin
méditerranéen,
grand perdant
À l’extrême sud, il y a le soleil
e t l a m e r. Et i l f a u t b i e n
cela pour séduire les nou-
veaux arrivants, car les villes
revendu leur précédent
logement dans une ville plus
chère, ça ne pose pas de pro-
blème, précise Maël Bernier.
Mais ceux qui n’étaient
pas propriétaires et les habi-
tants locaux qui souhaitent
acheter prennent la hausse
de la pierre de plein fouet. »
De quoi rebattre les cartes
de ce classement dans
les prochaines années ?
À suivre.

CHAQUE JOUR, ÉCOUTEZ

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D’ACTUALITÉ DU PARISIEN
DISPONIBLE SUR

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On exporte de drôles d’animaux
200 millions d’animaux vivants ont été échangés, de manière légale ou illégale,
à travers le monde depuis 1975. Un marché auquel la France participe aussi.
Notre pays exporte des sangsues, des esturgeons ou encore des coquillages.
AYMERIC RENOU
LE COMMERCE d’animaux
sauvages vivants est, le plus
souvent, associé à des espèces
exotiques. Celles que l’on
importe de pays lointains pour
en faire, le plus souvent, des
NAC, des nouveaux animaux
de compagnie, comme des
reptiles et d’autres bestioles
gardées dans des vivariums.
Au palmarès des pays les
plus exportateurs de ce type
d’animaux, le Salvador s’illus-
tre particulièrement. Ce petit
pays d’Amérique centrale est
celui qui, depuis 1975 et
l’entrée en vigueur de la con-
vention des Nations unies sur
le commerce international
des espèces de faune et de
flore sauvages menacées
d’extinction (Cites), a exporté
le plus d’animaux, un peu plus
de 19 millions au total, princi-
palement des iguanes et des
tortues « adoptées » par des
amateurs du monde entier.
Avec plus de 34 millions
d’individus vendus, l’iguane
est d’ailleurs l’animal vivant,
toutes catégories confondues,
le plus exporté depuis près de
cinquante ans à travers la pla-
nète.
La France n’est pas en reste.
Notre pays se classe à la sep-
tième place mondiale des
pays les plus exportateurs
d’animaux vivants, derrière le
Salvador mais aussi la Chine,
les États-Unis ou encore la
Colombie.
La sangsue,
une espèce menacée
Loin des NAC, l’espèce la plus
exportée de l’Hexagone n’a
rien d’un animal à dorloter
mais est plutôt une bestiole
dont personne ne souhaite
s’approcher. En quarante-six
ans, nous avons en effet ven-
du à des pays étrangers plus
de 4,7 millions de sangsues.
Un commerce lucratif et très
recherché par l’industrie
pharmaceutique et le marché
de la chirurgie esthétique
pour les vertus médicinales
de ce ver d’eau douce, capa-
ble de prélever de manière
a
Le commerce légal
des espèces menacées
doit être surveillé de
beaucoup plus près
CHARLOTTE NITHART, PRÉSIDENTE
DE L’ASSOCIATION ROBIN DES BOIS
twipe_ftp
Les principaux
pays exportateurs
Depuis 1975, en millions.
Salvador
Chine
États-Unis
Colombie
Afrique du Sud
Sénégal
France
Pérou
Indonésie
Ghana
SOURCE : CITES.
indolore du sang humain tout
en injectant, via sa salive, un
anticoagulant et un anesthé-
sique naturel.
Très encadré, le commerce
des sangsues médicinales en
France est miné par le trafic
illégal. Le 7 octobre dernier,
les douanes du port du Havre
ont saisi 128 sangsues vivan-
tes d’une espèce classée
comme menacée et protégée,
l’Hirudo medicinalis, et sou-
mise au permis commercial
de la Cites.
Les vers étaient dissimulés
dans cinq bouteilles d’eau de
50 cl. « Les collecteurs et
marchands de sangsues ont
décimé les populations natu-
relles de plusieurs pays euro-
péens, populations également
diminuées par le drainage des
zones humides, l’arrivée des
abreuvoirs artificiels et le
recul de l’élevage en plein air
au profit de l’élevage hors-
sol », explique les services de
la douane dans un communi-
qué diffusé quelques jours
après la saisie.
Cette régression a récem-
ment conduit l’Union interna-
tionale pour la conservation
de la nature (UICN) à classer
l’espèce médicinale en
« presque menacée », et un
statut d’espèce protégée a été
accordé à la sangsue médici-
nale européenne, « dans toute
son aire naturelle de réparti-
tion ».
En deuxième place sur le
podium des animaux vivants
les plus exportés de France,
13 | LeMARDI
Principales espèces exportées par la France
et pourquoi la France exporte ces animaux
19,2
16
12,8
11,7
10,6
9,9
8,7
7,8
7,7
6,1
LP/INFOGRAPHIE.
l’esturgeon élevé en captivité,
dont on tire le précieux caviar
et qui se vend à prix d’or par-
tout dans le monde. Depuis
1975, un peu plus de 3,5 mil-
lions de poissons ont été ven-
dus depuis l’Hexagone sur les
marchés étrangers.
Attention, les petits
oiseaux vont sortir !
Le bénitier géant, un énorme
coquillage pêché dans les
eaux des Caraïbes ou du Paci-
fique, plus gros mollusque
marin bivalve connu, arrive,
lui, en troisième position,
recherché pour être utilisé en
objet de décoration, dans les
aquariums notamment, ou
comme substitut à l’ivoire
d’éléphant. Près de
370 000 spécimens, selon la
base de la Cites, ont été ven-
�/�
Le
MATHILDE MUNOS
5H / 7H
Parisien
4 JANVIER 2022
1. Sangsues (Hirudinea) :
pour leur utilisation directe ou dans
des médicaments anticoagulants
2. Esturgeons (Acipenseridae) :
pour l’élevage et la production de caviar
3. Bénitiers (Tridacnidae) :
pour la déco et principalement
utilisés comme substituts
de l’ivoire d’éléphant
4. Passereaux
(Estrildidae)
Petits oiseaux
vendus comme
animaux
de compagnie
et d’agrément
dus en dehors de nos frontiè-
res depuis 1975, mais l’espèce
est protégée car en danger
d’extinction. Enfin, la France
est également réputée pour
l’export de petits oiseaux, des
passereaux (plus de
50 000 en près de cinquante
ans) et des perruches (un peu
plus de 22 000), appréciés,
eux, comme compagnons à
plumes.
Si la légalité du commerce
d’animaux vivants n’est pas
remise en cause, abus, frau-
des et trafics en tous genres
mettent en danger certaines
espèces et inquiètent les
défenseurs de la nature et de
la biodiversité.
« Le commerce légal des
espèces menacées doit être
surveillé de beaucoup plus
près, estime Charlotte Nithart,
5. Perruches
(Psittacidae)
présidente de l’association
Robin des bois, qui édite cha-
que trimestre en ligne une
analyse des cas de braconna-
ge et de contrebande. Les pré-
lèvements dans la nature de
bénitiers géants apparaissent
par exemple bien trop impor-
tants au regard des différentes
menaces qui pèsent sur
l’espèce. Ce commerce légal
sert également de paravent
au commerce illégal. En effet,
il n’y a rien de plus facile que
de mettre quelques bénitiers
braconnés dans une cargai-
son de bénitiers pêchés léga-
lement. Autre exemple : le
statut d’élevage de faucons
permet des fraudes. Un œuf
prélevé dans le nid de faucons
sauvages peut être introduit
dans une couvée de faucons
d’élevage. »
À 6H44 HISTOIRES POLITIQUES
AVEC MARCELO WESFREID DU
SOCIÉTÉ
EN
BREF
VACCINS
Les autorités sanitaires
américaines ont autorisé
hier une troisième dose
pour les 12-15 ans.
La décision intervient en
pleine flambée de
l’épidémie dans le pays,
liée au variant Omicron,
et au moment où les
écoliers s’apprêtent à
retourner en classe après
les fêtes de fin d’année.
Les centres pour la
prévention et la lutte
contre les maladies
(CDC) doivent encore
avaliser ces décisions.
RELIGION
L’installation d’un conseil
national des imams par le
Conseil français du culte
musulman (CFCM) est à
nouveau reportée, a
annoncé hier le président
du CFCM. Elle devait
avoir lieu dimanche.
« Compte tenu de
l’évolution de la situation
sanitaire […], nous
estimons que réunir plus
de 550 participants et
participantes, venus de
tous les départements
de France, présente un
risque majeur », écrit
Mohammed Moussaoui
dans un communiqué.
Cette initiative a été
concurrencée par la
création d’un autre
« conseil national des
imams » installé le
21 novembre par la
Grande Mosquée de
Paris et trois autres
fédérations de
mosquées.
RETROUVEZ LE MERCREDI
 POLICE-JUSTICE
Le féminicide qui bouscule la police
Six policiers, dont deux hauts gradés, sont convoqués devant un conseil disciplinaire dans l’affaire
Chahinez, cette femme brûlée vive par son mari. Un rapport interne liste les dysfonctionnements.
Mérignac (Gironde), mai 2021. De nombreuses personnes ont rendu hommage à Chahinez Daoud, brûlée vive non loin de son domicile par son ex-conjoint. Il s’agissait du 39e féminicide de l’année passée.
JEAN-MICHEL DÉCUGIS
AVEC MANON AOUSTIN
HUIT MOIS après le féminicide
de Mérignac qui a déclenché
une vague d’émotion en Fran-
ce, six policiers dont l’actuel
directeur départemental de la
sécurité publique (DDSP) de la
Gironde, l’échelon le plus éle-
vé dans la police du départe-
ment, et un autre commissaire
sont renvoyés aujourd’hui
devant les conseils disciplinai-
res à Bordeaux et à Paris. On
leur reproche des erreurs et
négligences dans le traitement
du dossier Chahinez Daoud,
cette mère de trois enfants
blessée par balles avant d’être
immolée par le feu dans la rue
par son mari violent dont elle
était séparée, Mounir Boutaa.
L’ex-conjoint, déjà con-
damné pour violences conju-
gales, avait depuis sa sortie de
prison à nouveau agressé son
épouse. Chahinez Daoud avait
alors déposé une plainte en
mars. En vain… Le 4 mai, six
a
semaines plus tard, elle était
Ce que l’on attend,
c’est qu’au-delà du
symbole médiatique
les sanctions soient
proportionnelles
aux fautes commises
JEAN-PAUL MÉGRET, DU SYNDICAT
DES COMMISSAIRES DE POLICE
twipe_ftp
assassinée. Le 39e féminicide
de l’année 2021.
Le passage « au tourni-
quet », selon le jargon policier,
de ces hauts gradés est un
signal fort et éminemment
politique, alors que le prési-
dent Macron a fait de la lutte
contre les violences faites aux
femmes l’une des priorités du
gouvernement. Il est assez
rare que toute une chaîne hié-
rarchique policière soit ainsi
mise en cause, d’autant que
l’IGPN, la police des polices,
n’avait pas requis le passage
devant le conseil disciplinaire
de ces policiers. La décision du
directeur central de la police
nationale (DGPN), Frédéric
Veaux, va donc au-delà des
recommandations de l’IGPN.
Un gardien de la paix
lui-même condamné
Nous avons pu consulter le
rapport de l’IGPN qui fait état
de ce que l’on reproche aux
policiers de cette division
Ouest de la DDSP de Gironde,
qui n’a pas su éviter l’irrépara-
ble. Un service de 48 agents
qui traite près de 600 dossiers
annuels liés à la délinquance
intrafamiliale, dont 500 por-
tent sur les violences conjuga-
les. Pourtant, à l’époque, la
division n’avait pas de groupe
spécialisé pour traiter ce
phénomène de délinquance.
Dans l’affaire Chahinez Daoud,
les dysfonctionnements se
sont accumulés. La plainte a
d’abord été mal recueillie puis
mal transmise au parquet de
14 | LeMARDI
Bordeaux par un gardien de la
paix. Quelques jours plus tard,
ce même policier, Jonathan R.,
a laissé repartir du commissa-
riat le mari violent qui se pré-
sentait pour un problème de
garde d’enfants. Le fonction-
naire s’est abstenu de relever
son identité alors que le nom
de Mounir Boutaa était « enre-
gistré dans l’application dédiée
à l’accueil » comme étant
recherché. Pour ne rien arran-
ger, le gardien de la paix était
lui-même condamné à
huit mois d’incarcération avec
sursis probatoire pour violen-
ces conjugales, comme l’a
révélé « le Canard enchaîné »
le 21 juillet. Des révélations qui
ont conduit à « une répercus-
sion particulièrement dom-
mageable pour le crédit et le
renom des institutions » sur
les « dysfonctionnements à la
division Ouest de la DDSP de
la Gironde », relève l’IGPN.
En clair, l’article du
« Canard enchaîné » a mis le
feu aux poudres, d’autant que
l’information n’était pas
remontée jusqu’au ministère
de l’Intérieur. Un conseil de
discipline s’est réuni en sep-
tembre pour examiner le cas
de Jonathan R. Sa condamna-
tion à la privation de ses droits
civiques pendant un an a con-
duit à sa radiation automatique
de la police nationale. Il devra
faire un recours s’il veut réin-
tégrer la police. Première con-
séquence des dysfonctionne-
ments : l’ancien DDSP de
Gironde, Patrick Mairesse,
Parisien
4 JANVIER 2022
devenu directeur zonal, a été
sanctionné d’un blâme, sans
convocation disciplinaire. Il
avait été remplacé en mars par
Martin Levrel, convoqué
aujourd’hui devant le conseil
de discipline. On reproche à ce
commissaire divisionnaire à la
carrière jusque-là exemplaire
d’avoir « manqué à son obliga-
tion de discernement » en
n’informant pas, le 23 juin, les
commissions ministérielles
en déplacement à Bordeaux
de la condamnation de Jona-
than R. et de ses « possibles
répercussions médiatiques »,
dixit le rapport de l’IGPN.
Le chef de la division Ouest
de la DDSP 33, Anthony Tou-
zet, est aussi renvoyé devant le
conseil disciplinaire pour ne
pas avoir signalé le cas de
Jonathan R. alors même que la
délégation l’avait interrogé sur
l a « p e r s on n a l ité d e ce t
agent ». Selon l’IGPN, ce com-
missaire a « porté atteinte au
crédit et au renom de la police
nationale ». « Notre collègue a
écopé d’une triple peine : il n’a
pas eu l’avancement promis, il
doit quitter son service, et il
passe en conseil de discipline
sur des fautes difficiles à
appréhender, commente
Jean-Paul Mégret, secrétaire
national du Syndicat indépen-
dant des commissaires de
police (SICP). Ce que l’on
attend, c’est qu’au-delà du
symbole médiatique les sanc-
tions soient proportionnelles
aux fautes commises. Dans
cette affaire, seuls les policiers
a
Il ne faut pas céder
à la tentation de s’en
prendre aux lampistes
Me JULIEN PLOUTON,
L’AVOCAT DE LA FAMILLE DAOUD
vont se retrouver sanctionnés,
alors que la justice et les servi-
ces pénitentiaires d’insertion
et de probation (Spip) ont
remis le mari violent en liberté
conditionnelle. »
Le dossier mal aiguillé
Deux commandants de police
sont aussi renvoyés devant le
tribunal disciplinaire. Laurent
C., chef de la sûreté urbaine de
la division Ouest, aurait dû,
selon le rapport, confier ce
dossier « contenant des élé-
ments objectifs d’alerte » à une
unité spécialisée. L’autre offi-
cier, la cheffe du groupe
d’appui judiciaire (GAJ) de la
division Ouest, est poursuivi
pour « une négligence profes-
sionnelle ». On lui reproche de
ne pas avoir fait prévenir le
Spip de l’agression du 15 mars
de Chahinez Daoud, ce qui a
permis à Mounir Boutaa de se
rendre à deux rendez-vous
sans être arrêté. Elle se serait
également abstenue « de toute
initiative visant à relancer les
investigations entre le 22 mars
et le 4 mai 2021 ». En fait, les
recherches sont restées au
point mort durant les six
AFP/MEHDI FEDOUACH
semaines qui se sont écoulées
entre l’agression et le meurtre
de Chahinez. Selon l’IGPN, la
commandante aurait omis de
« sensibiliser » son adjoint, à
qui elle avait délégué l’affaire, à
son retour de congés. L’adjoint
a saisi un enquêteur au GAJ de
Talence le 22 mars pour qu’il
poursuive l’enquête. David P.
« s’est contenté » alors d’effec-
tuer une enquête de voisinage
téléphonique. Il n’a pris
« aucune initiative pour locali-
ser l’intéressé […] délaissant de
fait le dossier qui n’était plus
traité ». Ce brigadier est pour-
suivi devant le conseil de dis-
cipline de Bordeaux pour une
négligence professionnelle.
« Ce collègue a reçu le dos-
sier en seconde main, il n’est
pas officier de police judiciai-
re (OPJ), avait seulement deux
mois d’ancienneté dans le
groupe et n’était pas formé
pour les violences intrafami-
liales, s’insurge Éric Marrocq,
secrétaire régional Aquitaine-
Limousin du syndicat de poli-
ce Alliance. La réalité, c’est
que le dossier a été mal
aiguillé et que la hiérarchie
intermédiaire n’a pas joué son
rôle d’accompagnement, de
commandement et de suivi
du dossier. » Une analyse
partagée par Julien Plouton,
l’avocat de la famille Daoud :
« Il ne faut pas céder à la ten-
tation de s’en prendre aux
lampistes. Les manquements
les plus graves sont le fait de la
hiérarchie policière et non
des agents de base. »

Soupçonnés de djihadisme
puis de… tourisme en Turquie
Arrêtés près de la frontière syrienne, un Français fiché S et sa mère ont expliqué
être en vacances. Une version qui, fait rare, a divisé parquet et juge antiterroristes.
JÉRÉMIE PHAM-LÊ
C’EST UNE BIEN ÉTRANGE
affaire qui a animé l’activité
des services antiterroristes, à
quelques jours du passage à
l’année 2022. En cette période
de fêtes calme mais sous sur-
veillance en raison de la
menace djihadiste persistante,
les agents de la Direction
générale de la sécurité inté-
rieure (DGSI) sont avisés par
les autorités turques de
l’arrestation à Gaziantep de
deux ressortissants français :
un jeune homme de 27 ans et
sa mère de 64 ans, tous deux
domiciliés à Bobigny (Seine-
Saint-Denis).
Le lieu de leur interpellation
n’est pas anodin : Gaziantep
est une ville située dans le sud
de la Turquie, à 60 km à peine
de la frontière avec la Syrie. Si
bien qu’elle fut réputée pour
être une étape incontournable
du périple des candidats au
djihad lors des années noires
de l’époque Daech. Les pas-
seurs y prenaient en charge
les volontaires.
La mère relâchée après
vingt-quatre heures
Or, le jeune Français arrêté par
les Turcs est fiché S depuis
2017 pour des soupçons de
radicalisation islamiste.
Son profil et ses relations
avaient déjà attiré l’attention
des services de renseigne-
ment français. Fils et mère
s’apprêtaient-ils à franchir les
terres syriennes en guerre
pour rejoindre un groupe dji-
hadiste ? Placés en centre de
rétention en Turquie, tous
deux sont finalement expulsés
Une reprise suspendue à l’état de santé de Salah Abdeslam
Un nouveau dépistage de l’accusé, testé positif au Covid-19 le 27 décembre, devait être réalisé hier.
PASCALE ÉGRÉ
POSITIF OU NÉGATIF ? La date
de reprise du procès des
attentats du 13 novembre
2015 est suspendue au résul-
tat du test Covid de Salah
Abdeslam et à son état de
santé. L’accusé, seul survivant
des commandos terroristes
qui ont ensanglanté Paris et
Saint-Denis il y a six ans
(130 morts), a été testé posi-
tif au virus le 27 décembre et
un nouvel examen devait être
réalisé hier.
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Une patrouille des forces spéciales turques. Le Français arrêté à Gaziantep est fiché S depuis 2017 pour des soupçons de radicalisation islamiste.
en France puis placés en garde
à vue le 28 décembre dans les
locaux de la DGSI, à Levallois-
Perret (Hauts-de-Seine). Le
Parquet national antiterroriste
(Pnat) ouvre une enquête pré-
liminaire pour « association
de malfaiteurs terroriste cri-
minelle ». Mais, devant les
enquêteurs, le fils apporte des
explications bien plus prosaï-
ques sur leur séjour turc. Il
aurait décidé d’offrir un voya-
ge touristique à sa mère pour
lui faire plaisir et lui changer
les idées après le décès brutal
de sa sœur.
Mère et fils seraient ainsi
arrivés en novembre en Tur-
quie et auraient d’abord flâné à
Istanbul pendant plusieurs
jours, afin de faire les maga-
sins et visiter des lieux cultu-
PROCÈS DES ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE
« Selon les dernières infor-
mations communiquées aux
parties par le président Jean-
Louis Périès », le procès
reprend aujourd’hui à 12 h 30
pour une courte audience,
durant laquelle « la cour exa-
minera les résultats des exa-
mens réalisés afin de vérifier
si les débats au fond peuvent
reprendre » jeudi, indiquait
hier le Parquet national anti-
terroriste. Cette reprise du
procès sera possible « en cas
de test PCR négatif et de non-
contre-indication suivant
15 | LeMARDI
rels, ainsi qu’en attesteraient
des photos prises par le duo.
Ils seraient ensuite descen-
dus à Gaziantep, toujours pour
faire du tourisme. Il faut dire
qu’avant d’être associée aux
desseins funestes des parti-
sans du groupe État islamique,
la région est aussi connue
pour sa gastronomie.
Après vingt-quatre heures
d’audition seulement, la mère
est relâchée sans aucune
charge contre elle. En revan-
che, le parquet antiterroriste
décide de présenter le fils à un
juge d’instruction en vue d’une
mise en examen à l’issue de
quatre jours de garde à vue. Il
requiert même le placement
en détention provisoire du
jeune homme, au regard de
son profil de potentiel radicali-
l’expertise », a précisé hier la
cour. Depuis la révélation de la
positivité au Covid-19 du prin-
cipal accusé de ce procès
marathon, détenu à l’isole-
ment à la prison de Fleury-
Mérogis, et vraisemblable-
ment contaminé par l’un des
gardiens affectés à sa sur-
veillance, le casse-tête du cal-
cul des périodes d’isolement
sanitaire nécessaires s’est
imposé à la cour d’assises spé-
cialement composée. Il avait
d’abord été question d’un
report de quarante-huit heu-
Parisien
4 JANVIER 2022
sé et des actes d’enquête res-
tant à mener sur le voyage.
Mais, fait extrêmement rare
dans un dossier de terrorisme
islamiste, le magistrat antiter-
roriste ne suit pas l’avis du
parquet et décide, à l’issue
de son interrogatoire le
31 décembre, de placer le sus-
pect sous le statut plus favora-
ble de témoin assisté. Le jeune
homme est à son tour laissé
libre. Contacté, son avocat,
Me Gaspard Lindon, n’a pas
souhaité s’exprimer. De fait,
l e s p re m i e r s é l é m e n t s
d’enquête n’ont mis en évi-
dence, à ce stade, aucun con-
tact entre le fils et un quelcon-
que djihadiste en Syrie. Rien
ne permet pour l’heure de
contredire la version d’un
voyage de villégiature.
res — soit jusqu’au 6 janvier —
puis d’une suspension jus-
qu’au 13 janvier, avant que l’on
ne revienne à la première date.
Épée de Damoclès
Le regain de l’épidémie est en
tout cas une épée de Damo-
clès au-dessus de ce long
procès qui a débuté le 8 sep-
tembre et doit s’achever fin
mai, et où vingt accusés sont
jugés, dont quatorze présents.
« Quand on voit la densité du
box, il y a un vrai risque que
d’autres accusés tombent
EN
BREF
FÉMINICIDES
Une information
judiciaire pour assassinat
a été ouverte, hier, après
la découverte dans
le coffre d’une voiture,
samedi à Nice
(Alpes-Maritimes),
du corps d’une femme
que son ex-compagnon
a reconnu avoir étranglé.
Par ailleurs, le militaire
de 22 ans suspecté
d’avoir tué près de
Saumur (Maine-et-Loire)
à coups de couteau
sa compagne, elle aussi
militaire, a été mis
en examen et placé
en détention provisoire.
HARCÈLEMENT
L’animateur de télévision
Jean-Marc Morandini,
déjà renvoyé
AFP/OZAN KOSE
en correctionnelle
pour « corruption de
mineurs », sera aussi jugé
pour « harcèlement
sexuel » sur un jeune
D’autant qu’il est devenu homme et « travail
bien plus difficile de rejoindre dissimulé » à l’égard
une organisation terroriste de cinq plaignants, lors
depuis l’affaiblissement de du tournage de la série
Daech et la chute de son proto- érotique « les Faucons »,
État. Les tentatives de départ qu’il avait dirigée,
pour la Syrie se sont considé- a indiqué une source
rablement taries. Il n’y a guère proche du dossier,
que le groupe du djihadiste confirmant une
niçois Omar Omsen, une peti- information de BFMTV.
te structure francophone L’animateur s’était créé
autrefois affiliée à Al-Qaïda et le personnage Catherine
localisée au nord-ouest Leclerc afin de pouvoir
syrien, qui parvient encore à approcher des jeunes
attirer quelques émules. Ainsi, acteurs sur des sites
l’été dernier, un étudiant d’ori- de casting dans le but
gine japonaise, inscrit en pré- de leur faire tourner
pa HEC à Paris, a été mis en des vidéos à caractère
examen et écroué alors qu’il sexuel.
projetait d’émigrer en Syrie et
de mettre à profit ses « com-
pétences financières » au ser-
vice de la cause.
malades », redoute Me Gérard fouilles entre leurs différentes
Chemla, avocat de parties prisons et le tribunal, sont for-
civiles, pour qui « une forte cément exposés », relève un
incertitude plane ». En amont de ses confrères.
du procès, l’avocat avait sug- La séquence qui s’ouvre,
géré l’instauration d’un passe consacrée aux premiers
sanitaire à l’entrée de la gran- interrogatoires des accusés
de salle d’audience pour ceux sur les faits, devait débuter ce
y accédant « du dehors », afin mardi par celui de Mohamed
de limiter les risques de con- Abrini, dit « l’homme au cha-
tamination. L’idée n’avait pas p e a u » d e s a t te nt a t s d u
été retenue. « Cela n’aurait 22 mars 2016 à Bruxelles. Elle
pas réglé la question des commencerait, si le procès
accusés, les seuls dont le pro- reprend jeudi, par celui du dji-
cès ne peut pas se passer, et hadiste suédois Osama
qui, entre les transferts et les Krayem.
 Le Parisien
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 FOOTBALL 18 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022

COUPE DE FRANCE | 16es DE FINALE

Mbappé
au triple galop
Après un début de match difficile où il est souvent
apparu agacé, l’attaquant a inscrit un triplé contre
Vannes pour lancer parfaitement son année.
FEUILLE DE MATCH
Mi-temps : 0-1.
Arbitre : M. Stinat
5 000 spectateurs.
Buts : Kimpembe (29e),
Mbappé (59e, 71e, 78e)
Avertissements. Vannes :
Yobe (36e) ; PSG :
Kimpembe (46e),
Herrera (57e).
n Vannes : Pétrel -
Duclovel, Lavenant, Lescot,
Bérénice - Yobe (Ebrard,
82e), Mama (Quintin, 82e),
Daury - Ngoubou (Perez
Salibur, 68e), Persico (cap.,
N’Sonde, 82e), Kouassi
(Henry, 63e). Entr. : Talmont.
n PSG : Donnarumma -
Dagba, Kehrer (Bitshiabu,
67e), Kimpembe (cap.),
Mendes - Herrera (Gharbi,
81e), Verratti, Michut -
Simons, Mbappé, Wijnaldum
(Dina Ebimbe, 62e).
Entr. : Pochettino.
Stade de la Rabine, hier soir.
Presnel Kimpembe, auteur de
l’ouverture du score, est félicité
par les siens.
VANNES (N 2) 0 ger où bon lui semble pour la
saison prochaine, l’attaquant
PSG 4 av a i t l e s o u r i re l o r s d e
DAVID OPOCZYNSKI, l’échauffement au moment
ENVOYÉ SPÉCIAL d’envoyer plusieurs frappes
À VANNES (MORBIHAN)
enroulées dans les lucarnes
de Franchi ou Lavallée.
« MBAPPÉ ! Pas de but ! » Des
tribunes, drapeau breton à Petits gestes
portée de main, ce supporter d’agacement
de Vannes avait, dès l’entrée Le speaker du stade de la Rabi-
des Parisiens pour l’échauffe- ne s’était fait plaisir en annon-
ment, hurlé cette consigne à çant l’attaquant : « numéro 7,
l’attaquant. Pendant long- attention : Kylian Mbappé ! »
temps, le Bondynois de 23 ans Mais c’est justement ce plaisir
a semblé l’avoir reçue comme qui sembla fuir le Bondynois
un mauvais sort. Jusqu’à la durant la première période. Il y
59e minute où, parti en contre, eu plusieurs roulettes et remi-
il a fini par trouver l’ouverture ses rapides. Mais aussi beau-
pour le deuxième but parisien coup de petits gestes d’agace-
de la soirée. Avant de doubler ment, voire d’énervements.
la mise d’une reprise du droit Envers ses partenaires, com-
remarquable dans la lucarne me Herrera, mais aussi envers
de Clément Pétrel (71e). Puis certaines décisions arbitrales.
d’inscrire un triplé plein Il réclama des pénaltys qui ne
d’audace (78e). vinrent pas. Jouant des ballons
Par respect pour son adver-
saire du soir, il a choisi de ne
pas célébrer ses premiers buts
après le coup de sifflet de
l’arbitre et passa ainsi tout près
d’un carton jaune.
LE MATCH|Paris démarre l’année en fanfare
de 2022. Il n’a pas souri non Surtout, on le vit tomber
plus. Le signe d’une soirée pas parfois du mauvais côté dans DOMINIQUE SÉVÉRAC En seconde période, les L’entraîneur avait décidé de
forcément totalement satisfai- ses choix avec des tentatives Vannetais ont tenté de cha- lancer deux Titis, Edouard
sante à ses yeux. trop individuelles. A l’heure où CEUX QUI L’AIMENT pren- touiller Gianluigi Donnarum- Michut et Xavi Simons, déjà
Pourtant, son séjour en Messi soigne son Covid en dront le train qui arrive à ma sans perturber le gardien titulaires à Feignies (0-3). Le
Bretagne semblait bien amor- Argentine et Neymar son l’heure. Le PSG a joliment italien. Ils obtiendront même Néerlandais s’est évertué à
cé. Comme pour mieux le entorse au Brésil, il est vrai que refusé d’être la blague de ces un premier corner à la 58e . jouer juste et toujours en pre-
vivre et surtout souligner sa l’artiste français était le rare 16es de finale de la Coupe de C’est une nouvelle fois Clé- mière intention, étalant une
motivation à amorcer cette d’où pouvait venir la lumière France, se qualifiant sans sou- ment Pétrel, son homologue technique assez sûre et pleine
seconde partie de saison, hier soir. Mais il se montra ci contre Vannes, 8e de Natio- breton, qui s’est le plus sou- de promesses. Avec cinq
Kylian Mbappé avait devancé râleur et il alla mettre une nal 2. La dernière fois que vent distingué, repoussant changements possibles, on se
l’appel en reprenant le che- mauvaise charge dans le dos Paris a déraillé, Jacques Chi- comme au début les tentati- demande pourquoi le coach
min de l’entraînement, ven- de Lescot qui l’obligea à rac était président de la Répu- ves de Georginio Wijnaldum du PSG ne lui offre pas plus de
dredi, vingt-quatre heures s’excuser peu après (34e). Fina- blique, Alain Juppé Premier ou Ander Herrera, attendus quarts d’heure en Ligue 1.
avant ses partenaires. Désor- lement son plus grand sourire ministre, Kylian Mbappé (déjà en janvier avec le départ pour El Chadaille Bitshiabu grattera
mais entré dans l’ère où la fin de la soirée fut pour Kimpem- triple buteur en 2022) pas né, la CAN de Gana Gueye, enga- lui aussi du temps avec une
de son contrat avec Paris au be, buteur pour la deuxième c’était en mars 1997 en 8e de gé avec le Sénégal comme entrée peu avant la 70e.
30 juin le rend libre de s’enga- fois de sa carrière. Il porta dans finale contre Clermont alors son partenaire Abdou Diallo. L’esprit Youth League va
ses bras le capitaine. en D4 (des Auvergnats défaits rapidement s’estomper avec
Au coup de sifflet final, il ce week-end contre Bastia). Une animation offensive le retour du Championnat de
retira aussitôt son maillot pour Les temps changent, parfois. aux allures baroques France. Paris, qui a encore
le céder à Alexandre Lavenant. Le match a ressemblé à un Evidemment, avec quarante- perdu Thilo Kehrer victime
Avant que le terrain ne soit entraînement délocalisé dans huit heures dans les pattes d’une gêne musculaire, récu-
envahi par des jeunes dési- le Morbihan, une attaque-dé- après une grosse semaine de père Sergio Ramos (suspen-
reux de toucher les Parisiens fense qui a permis de voir que coupure, les hommes de du à Vannes), pour son dépla-
et de l’étreindre lui en particu- Colin Dagba ne sait toujours Mauricio Pochettino n’ont pas cement à Lyon dimanche.
lier. « Je suis content, on a été pas centrer et que Presnel entamé un fest-noz à la Rabi- Mais aussi les Sud-Améri-
sérieux, dira-t-il au micro de Kimpembe aime les corners. ne sous une pluie battante, un cains, qui n’ont pas quitté le
France 3. Ce n’est pas un Son deuxième but au PSG, peu à court de sensations. banc en Bretagne : Marquin-
match facile à jouer. » Quant à après celui à Manchester Uni- L’animation offensive avait hos, Leandro Paredes ou
ce qu’il faut lui souhaiter pour ted en 2019, est intervenu sur des allures baroques avec un Angel Di Maria et Mauro Icar-
2022 ? « On peut me souhai- cette phase arrêtée avec un Mbappé soutenu par Georgi- di. On croise les doigts pour
LP/ICON SPORT/ANTHONY DIBON

ter plein de titres avec le PSG
et l’équipe nationale », répon-
dra-t-il, évitant ainsi toute
allusion à son avenir en club.
Mbappé évite tous les pièges,
rien ne l’arrête jamais.
amour de ballon brossé par
Nuno Mendes. Le Portugais
ne fait jamais tout bien mais,
quand il réussit quelque cho-
se, c’est souvent remarquable.
Pas mal à 19 ans.
nio Wijnaldum — c’est-à-dire
par pas grand-monde ni
grand-chose —, ce qui n’a pas
empêché l’attaquant d’enta-
mer une nouvelle ronde de
nuit devant les buts.
que quelques Covidés soient
désormais négatifs, de Leo
Messi à Juan Bernat. C’était
l’apéro à Vannes, la galette
des Rois sera servie dans la
capitale des Gaules.

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 19 | LeMARDI
Parisien
4 JANVIER 2022
CHAMPS-ÉLYSÉES|Une nouvelle
boutique… et un supporteur heureux
Bryan a eu 92 secondes pour récupérer tout ce qu’il voulait dans
la nouvelle boutique du PSG, au 92, avenue des Champs-Élysées.
DAVID OPOCZYNSKI
À QUI PAIR GAGNE… Pour
trouver la boutique du club
de la capitale sur l’avenue
des Champs-Élysées, il faut
désormais se diriger du côté
pair de la célèbre avenue et
aller au numéro 92. C’est là
que vient d’ouvrir, hier à
14 heures, un nouvel espace
LP/ICON SPORT/ANTHONY DIBON
de 370 m2, sur deux
niveaux, deux fois plus
grand que le précédent, ins-
tallé depuis vingt-deux ans
au numéro 27. « C’est un
jour historique pour le Paris
Stade de la Rabine Saint-Germain, un signal
(Vannes), hier soir. Kylian fort qui récompense dix ans
LES NOTES|Kimpembe efficace Mbappé commence
DR
92 secondes. « J’ai essayé
d’anticiper et d’imaginer
plusieurs scénarios mais je
n’avais pas tous les critè-
res », raconte l’heureux
gagnant. Il a ainsi appris hier
qu’il devait enfiler tous les
vêtements qu’il comptait
emporter. Il a donc élaboré
une stratégie : « Prendre
d’abord les tee-shirts, ensui-
te les matières un peu plus
épaisses, finir par les dou-
dounes et les accessoires. Et
de prendre le maximum de
choses possible pour être le
plus heureux. »
Résultat ? « C’est hyper
excitant mais, mine de rien,