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’analyse combinatoire est une branche des mathématiques qui, sur des
L ensembles finis, traite de problèmes de dénombrements (ou comptages),
d’énumérations (ou listages) et d’estimations (encadrements et asymptotisme).
Cette vision, certes assez réductrice, est cependant très riche. Dans le foison-
nement des sujets dits de nature combinatoire, on a dû, dans cet article, faire un
choix, et exclure certaines théories voisines, et importantes, comme celle des
graphes, par exemple. Les principales applications du sujet se présentent évi-
demment en calcul des probabilités et en statistique. Néanmoins, il ne faut pas
dissimuler que bien des problèmes traditionnels de l’analyse, de l’algèbre et de
la géométrie sont d’essence combinatoire, et évidemment, plus encore, ceux
récemment posés par l’informatique.
Cette science de l’Analyse combinatoire est, dit-on en France, née avec les tra-
vaux de Pascal qui, confronté à des questions de probabilités dans les jeux,
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ANALYSE COMBINATOIRE ÉLÉMENTAIRE __________________________________________________________________________________________________
4. P*(N ) = ensemble des parties non vides de l’ensemble N. 12. N = ensemble des nombres entiers > 0.
5. P k (N ) = ensemble des parties à k éléments de l’ensemble N. 13. Z = ensemble des nombres entiers de signe quelconque , ou
entiers rationnels , ou entiers relatifs.
6. |A | ou # (A) ou Card (A) = nombre d’éléments de l’ensemble
(fini) A ou cardinal de A , ou effectif de A. 14. x = le plus grand entier n ∈ Z tel que n < x, ou partie entière
k
(par défaut) de x , ou floor de x.
7. (n)k = n (n –1)…(n – k + 1) = An
= « factorielle n descendante d’ordre k » ou nombre de k- 15. x = le plus petit entier n ∈ Z tel que n > x, ou partie entière
arrangements de N, |N | = n. par excès de x , ou ceiling de x.
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__________________________________________________________________________________________________ ANALYSE COMBINATOIRE ÉLÉMENTAIRE
∑
n
17. A – B, à prononcer « A différence incluse B », désigne la diffé- entière a n t de la fonction ƒ vis-à-vis de la variable t.
rence de A et B, c’est-à-dire A\B, mais sachant que l’ensemble B est n>0
applications S’il existe une bijection β entre deux ensembles A et B, ce que l’on
β
peut noter A ←→ B , alors :
1.1 Principes fondateurs |A | = |B |.
de la Combinatoire Beaucoup d’efforts sont déployés depuis quelques années, en
Combinatoire, afin de trouver, pour certaines identitées, des preu-
On notera habituellement |A| pour le nombre d’éléments, ou ves bijectives, d’esthétiques souvent très heureuse. Nous donne-
effectif, ou cardinal d’une partie finie A d’un ensemble de référence rons, au paragraphe 1.7, l’exemple de la formule de Cayley sur le
E. D’autres notations sont en vigueur, comme # (A) ou Card (A). nombre nn – 2 de graphes étiquetés d’un ensemble fini N : |N | = n.
■ Rappelons que, pour deux parties A et B de E, la notation A ∪ B ,
réunion de A et B, désigne l’ensemble des x tels que x ∈ A ou x ∈ B.
1.1.2 Principe de la somme et de la différence
■ La notation A \B, différence de A et B, désigne l’ensemble des x
tels que x ∈ A et x ∉ B. ■ Pour des parties A et B de l’ensemble de référence E, on notera
A + B, comme une somme, pour leur réunion A ∪ B quand elles
■ Si B ⊂ A , la différence A \B se notera plutôt A – B et peut se pro-
sont disjointes. On l’appellera somme disjointe de A et B.
noncer « A moins B inclus ».
La fonction effectif d’un ensemble fini est alors additive, donc :
■ Pour l’intersection de 2 parties A et B d’un ensemble de E, nous
utiliserons fréquemment la notation A.B ou AB au lieu de A ∩ B , |A + B | = |A | + |B |.
comme en calcul des probabilités. k k
■ On notera A ou A pour le complémentaire d’une partie A, Plus généralement, si on note ∑ Aj pour ∪ Aj , somme des
j=1 j=1
c’est-à-dire :
parties Aj , quand les k parties Aj sont toutes disjointes deux à deux,
A = E \ A = E – A. alors :
■ Toutes les méthodes de dénombrements reposent, finalement, k k
sur les quelques principes fondateurs qui vont suivre. Il faut bien ∑ Aj = ∑ Aj .
noter qu’au sens de la théorie axiomatique des ensembles, ces prin- j=1 j=1
cipes ne sont pas indépendants les uns des autres, puisque, dans le
cas des ensembles finis, tous peuvent se démontrer à partir des ■ De même, avec la différence incluse, on a :
deux premiers. Mais ici, peu importe, puisque nous n’en serons que |A – B | = |A | – |B |.
les utilisateurs.
Parmi les propriétés ensemblistes évidentes, citons :
■ Les schémas habituels de la figure 1 peuvent aider parfois.
A(B + C) = AB + AC
et
A(B – C) = AB – AC.
B B B B E
A A A A A
1.1.3 Principe du produit et des exponentiations
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■ Évidemment, on a la multiplicativité :
|A × B | = |A | . |B |,
et plus généralement :
k k
ABC
∏ Aj = ∏ Aj .
j=1 j=1 ABC ABC
■ Si l’on note BA
pour l’ensemble des applications de A dans B, où ABC
A et B sont finis, on a :
ABC ABC
|BA | = |B | |A |.
ABC
A C
1.2 Formule du crible ou principe B E
d’inclusion et exclusion
Figure 3 – Crible pour trois parties
■ La formule A ∪ B = A + B ne fonctionne que pour des par-
ties finies disjointes de l’ensemble de référence E (§ 1.1.2). ■ Elle se généralise comme suit.
On souhaite établir une formule plus générale valable dans le cas
où les parties A et B sont en position quelconque. Théorème 1. Pour n parties finies A1, A2, …, An d’un certain
La figure 2 en donne la réponse intuitive : ensemble E, on a la formule du crible d’ordre n :
n
A∪B = A + B – A∩B . ( # n ): ∪ Ah = ∑ Ai – ∑ Ai Aj + ∑ Ai Aj Ak – etc.
h=1 1< i < n 1< i < j < n 1< i < j < k < n
Clairement, en effet :
En introduisant les expressions
A∪B = A∩B+A∩B+A∩B. Sk = ∑ Ai1 Ai2 … Aik ,
1< i 1 < i 2 < … < i k < n
Passant aux effectifs, compte tenu de : elle s’écrit encore :
A∩B = A – A∩B n
∪ Ah = ∑ ( –1 )
k–1
Sk .
et h=1 1< k < n
A∩B = B – A∩B , Preuve. r Nous allons, pour cela, introduire la notion de fonc-
tion caractéristique * A d’une partie A de l’ensemble de référence E ;
on trouve la formule annoncée, que l’on peut appeler formule du cette fonction est définie par :
crible d’ordre 2, et abréger en
* A ( x ) = 1 si x ∈ A
( # 2 ) : A ∪ B = A + B – AB . et
■ Pour trois parties quelconques, la figure 3 donnerait intuitive- * A ( x ) = 0 sinon.
ment la formule du crible d’ordre 3 :
On note A ou A pour la partie complémentaire de A, donc, si l’on
( #3 ) : A ∪ B ∪ C = A + B + C – AB – BC – CA + ABC . préfère, E – A. On note aussi AB pour A ∩ B , rappelons-le.
Les propriétés suivantes de * A se vérifient immédiatement par
passage aux éléments ou récurrence éventuelle, et conduisent au
résultat annoncé :
1. A ⊂ B ⇔ *A < *B
2. A = B ⇔ *A = *B
3. * = 1 – *A
A
4. * AB = * A ⋅ * B
5. *A + B = *A + *B
6. * A ∪ B = * A + * B – * AB = 1 – ( 1 – * A ) ( 1 – * B )
AB AB AB
Et plus généralement :
7. * ∩ Aj = ∏ *A j
8. * Σ Aj = ∑ *A j
A
9. * ∪ Aj = * A1 + ( 1 – * A1 )* A2 + … + ( 1 – * A1 )… ( 1 – * An – 1 )* An
B
10. * ∪ Aj = 1 – ∏ ( 1 – * Aj ) qui est la formule fondamentale. r
j
Nota : toutes les relations précédentes valent encore pour une mesure quelconque
Figure 2 – Crible pour deux parties µ (A), au lieu de |A | et, en particulier, pour une probabilité P(A).
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■ Formule du crible condensée. Pour toute partie α ⊂ v1, n b non puis E1 le sous-ensemble de E0 constitué des multiples de p, puis E2
vide, notons Aα pour ∩ A j . On s’aperçoit alors que la formule du le sous-ensemble de E0 constitué des multiples de p 2, etc. En
j∈α
passant aux nombres d’éléments, on a évidemment :
crible peut prendre la forme condensée suivante :
|E 0 | = n , |E 1 | = n , | E2 | = n , etc.
∪
1< j < n
Aj = ∑ ( –1 )
α –1
Aα .
-----
p
-----2-
p
α ⊂ v1, n b
α≠∅
Maintenant, trions dans n! les facteurs selon leur appartenance :
n n n 100! = 297.348.524.715 …
e p ( n! ) = ----- + -----2- + -----3- + …
p p p 2. La formule de Legendre montre l’entièreté du nombre de Cata-
lan de seconde espèce :
n
La somme est évidemment finie, puisque, la suite k → -----k- ( 2 m )! ( 2 n )!
Γ ( m, n ) = ------------------------------------
p m! n! ( m + n )!
n
décroissant vers 0, à partir d’un certain k0 les -----k- seront tous < 1.
p Preuve. r Il suffit d’y chercher l’exposant de tout nombre
premier p, et de montrer que cet exposant est > 0. À cet effet, on
Preuve. r Appelons E0 l’ensemble des entiers introduit la fonction :
E1
u
E2
0
1
1
E3
0
0
1
0 t
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1.4 Deuxième application : Comportement de d (n). Il est vraiment très erratique, puisque :
nombre de diviseurs d’un entier — si n est premier : d(n) = 2 ;
ln ( n )
— si n = 2k : d(n) = 1 + k = 1 + -------------- .
ln ( 2 )
C’est sans doute l’application la plus immédiate du principe
fondateur du produit : On peut cependant encadrer et estimer en moyenne d(n) (avec
|A × B | = |A | . |B |.
γ = 0,577…, constante d’Euler).
Proposition 1.
Soit n un nombre entier > 1, de décomposition en facteurs Proposition 2.
premiers Pour n > 2, on a : 2 < d(n) < 2 n .
α1 α2 αk
n = p1 ⋅ p2 … pk n
= ln ( n ) + ( 2 γ – 1 ) + O ------- .
1 1
Alors, le nombre d(n) de diviseurs entiers positifs de n vaut : D’autre part : ---
n ∑ d(k) n
(α1 + 1) . (α2 + 1) … (αk + 1). k=1
∑ d(n)x
n
série entière , pour |x | < 1, se trouve valoir la série de R1 R3
k=1 xy = n
Lambert :
∞ k n x
x
∑ --------------k- .
k=1 1–x Figure 6 – Solutions de x . y = n
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1 – ----
1
ϕ(n) = n ∏
- ,
pj
5 1< j < k
∑ d(k) n ) + 2 ∑ n n
2
= R1 + 2 R2 = ( --- –
k=1 k=1
k = n– ∑ Aj + ∑ Ai Aj – ∑ A h A i A j + etc.
1< j < k 1< i < j < k 1< h < i < j < k
n
2 n n n
= ( n ) + 2 ∑ n--- – 2 n
2 = n– ∑ ---- + ∑
pj 1< i < j < k pi pj 1< h <∑i < j < k ph pi pj
--------- – -------------- + etc.
k=1 k 1< j < k
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n
x x
4. Si |x | < 1, alors ∑ ϕ ( n ) --------------n- = -------------------2- [on utilise les
n >1 1–x (1 – x)
familles sommables].
Nous admettons enfin les deux résultats suivants.
n
1 3n
5. ---
n ∑ ϕ ( k ) ∼ ------2- .
k=1 π
an x2,1 x2,2 x2,3
Nota : rappelons que an ∼ bn signifie que ------ → 1 .
bn
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Preuve. r Pour la commodité, identifions l’ensemble N avec Nous laissons au lecteur courageux le soin de vérifier que Φ est
l’ensemble v1, n b des numéros de ses éléments. Appelons n bel et bien bijective de n vers S n – 2 pour un entier positif n quel-
conque [récurrence].
v1, n – 2b
l’ensemble des arbres sur v1, n b et S n l’ensemble v1, n b des Nous allons cependant le faire sur l’exemple de la suite :
applications du segment v1, n – 2b dans le segment v1, n b , c’est-à-
s0 = (2, 4, 1, 2, 7)
dire l’ensemble des (n – 2)-uplets d’entiers de v1, n b . Nous souhai-
tons créer une bijection Φ de n vers S n . La construction générale obtenue en tirant 5 fois, au hasard, avec remise, un jeton parmi 7
de telles bijections n’obéit à aucune théorie générale, et tout y est jetons numérotés de 1 à 7, et reconstituer de manière unique l’arbre
affaire d’ingéniosité et de patience ! dont elle est issue par l’application Φ. Chacun de ses termes est
donc dans v1, 7b .
■ La construction de Φ que nous donnons maintenant est due à Le plus petit entier qui ne figure pas dans la suite s0 est le nombre
Prüfer (1918). Pour la faire bien comprendre, nous allons tout sim- 3. On transforme alors s0 en une nouvelle suite s1 = (3, 1, 2, 6), obte-
plement la réaliser sur l’arbre g0 à 7 sommets (figure 10) auquel il nue à partir de s0 en lui arrachant son premier terme 2, et en retran-
s’agira donc d’associer un 5-uplet s d’entiers pris dans v1, 7b , soit : chant 1 unité à chacun des termes de s0 qui sont > 3. Cette nouvelle
s = (x1, x2, x3, x4, x5) = Φ (g). suite s1 a donc chacun de ses 4 termes dans v1, 6b . On suppose que
s1 représente un arbre T1 ∈ 6. Maintenant, on numérote les
Pour ce faire, effaçons d’abord la feuille de plus petit numéro,
sommets de T1 en ajoutant une unité à chaque numéro supérieur à
c’est-à-dire ici la « plus petite » feuille (2), et notons le sommet qui
3 – 1 = 2, et on ajoute à la figure un 7e point numéroté 3, que l’on
lui est adjacent, ici le sommet 1, comme premier élément de la suite
joint au sommet 2. r
s en fabrication. Nous obtenons un nouveau graphe g1 (figure 11a),
auquel on fait subir la même opération d’effacement de la plus
petite feuille (3) (figure 11b), puis la feuille (4), (figure 11c), etc. Les
figures 11 représentent successivement les graphes g1, g2, g3, g4,
g5 . 2. Combinaisons
La suite s vient d’être créée : c’est :
s = (1, 7, 1, 7, 7) = Φ (g0)
2.1 Combinaisons, arrangements,
permutations : définitions
6 Soit un ensemble fini N à n éléments, |N | = n > 1. L’abréviation
4 v1, n b désigne, rappelons-le, l’ensemble des entiers {1, 2, …, n}, où
n est lui-même un entier > 1.
5
7 7 2.1.1 Définitions équivalentes
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2.1.2 Imagerie
2.2 Arrangements et permutations :
Il est parfois commode de se représenter un arrangement, une leur nombre
permutation, une combinaison par des schémas du type suivant.
Soit N un ensemble fini N à n éléments, |N | = n > 1, k un entier
■ La figure 12 représente un 5-arrangement, α ∈ A 5 (7), application tel que 1 < k < n et A k (N ) l’ensemble de ses k-arrangements,
injective de v1, 5b dans v1, 7b . Chaque verticale contient un point c’est-à-dire des applications injectives α de v1, k b dans N
noir, et un seul, et chaque horizontale au plus un. Ici : (2 éléments distincts i et j de v1, k b ont des images α (i) et α (j)
distinctes).
α (1) = 3 , α (2) = 5 , α (3) = 2 , α (4) = 7 , α (5) = 4.
Théorème 4. Le nombre de k-arrangements de N vaut :
■ La figure 13 représente une permutation σ de v1, 7b , σ ∈ S (7),
application bijective de v1, 7b . Chaque verticale et chaque horizon- k–1
n!
tale contiennent un point gras, et un seul. Ici : A k ( N ) = n ( n – 1 )… ( n – k + 1 ) = ∏ (n – j) = ------------------- .
( n – k )!
j=1
σ (1) = 3 , σ (2) = 1 , σ (3) = 5 , σ (4) = 4 , σ (5) = 2 , σ (6) = 7 , σ (7) = 6. Ce nombre peut être noté A (n, k) ou, mieux, (n)k , ce que nous
ferons désormais. Il s’agit d’une notation extrêmement com-
■ La figure 14 représente une 3-combinaison de v1, 7b , constituée mode, utilisée au paragraphe 2.3, que l’on peut prononcer facto-
par la partie {3, 5, 6}, à 3 éléments, figurée par 3 points gras dans 3 rielle n descendante d’ordre k, avec la convention (n)0 = 1 et
des 7 urnes figurant l’ensemble v1, 7b . Chaque urne contient 0 ou 1 (0)0 = 1.
point gras.
Conséquence : le nombre des permutations de N vaut n!
puisqu’une permutation est un n-arrangement.
Preuve. r
■ Pour créer un arrangement α, qui est une injection de v1, k b dans
7 v1, n b ou, si l’on préfère, un étiquetage de k objets de v1, n b , il faut
d’abord choisir α (1), le premier objet, dont l’étiquette est 1 : il y a n
6
choix possibles.
Cela fait, il faut choisir α (2), le second objet, dont l’étiquette est 2 :
il reste n – 1 choix possibles parmi les objets non encore étiquetés.
5
Et l’on continue ainsi, jusqu’à la pose de la dernière étiquette,
pour laquelle il ne reste que (n – (k – 1)) choix, puisque k – 1 objets
4
sont déjà étiquetés. On fait le produit des choix possibles, et l’on
obtient bien la formule du théorème 4.
3
■ On peut aussi se ramener de manière moins impressionniste aux
principes fondateurs. Soit α une application injective de l’intervalle
2 d’entiers v1, k b dans l’intervalle d’entiers v1, n b , qui, sans perte de
généralités, peut représenter N (on a numéroté de 1 à n ses élé-
1 ments).
1 2 3 4 5
À tout arrangement :
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on va associer le couple (α ’, p), où α ’ ∈ A k – 1( v1, n b ) est la restric- on a besoin dans 99 % des cas de la notation (n)k, factorielle descen-
tion de α à l’intervalle d’entiers v1, k – 1b , et p ∈ N vaut α (k) dimi- dante, contre 1 % de cas pour 〈n〉k, factorielle montante, qui, elle,
nué du nombre d’éléments j de v1, k – 1b dont les images par α sont interviendra au moment de la théorie des combinaisons avec répé-
inférieures à α (k). titions (§ 2.4.3).
Appelons β l’application (figure 15) qui à l’arrangement α ∈ E Enfin, l’autorité des combinatoriens John Riordan [15], Richard
associe le couple Stanley [16] et du probabiliste William Feller [6], achève de nous
(α ’,p) ∈ A k – 1 ( v1, n b ) × v n – k + 1 b = F. convaincre de l’utilité de ces notations.
Il apparaît clairement que β est bijective entre E et F. Donc, avec les Dans les mathématiques d’aujourd’hui, la profusion de signes
principes fondateurs de la bijection, puis du produit cartésien (le ayant plusieurs significations ne nous habitue-t-elle pas à en préci-
dièse # signifiant « nombre d’éléments de », § 1.1) : ser la définition quand on doit s’en servir, précaution de la plus
grande salubrité ?
# { Ak ( v1, n b ) } = # { Ak – 1 ( v1, n b ) × v1, n – k + 1 b }
6 3 6
La figure 16b représente, elle, la 4-combinaison associée : {3, 6, 7,
9} : les 4 boules ne sont plus numérotées.
5 5
La figure 17 illustre la partition induite par l’application ƒ.
4 2 4
3 3 3 2.3.2 Démonstration avec des boules et des urnes
2 7 2
Preuve. r Considérons, comme nous l’avons dit au paragraphe
1 1 1 1
2.1.1, qu’une k-combinaison A n’est autre qu’une distribution de k
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 boules indiscernables dans n urnes discernables, numérotées de 1 à
n, chaque urne contenant 0 ou 1 boule. Jetons, successivement, dans
a a' p les n urnes toutes les combinaisons de k boules chacune, en nombre
n . Les urnes se remplissent petit à petit, recevant 0 ou 1 boule à
Figure 15 – Récurrence pour les arrangements : exemple k
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f
f 〈–1〉(A) α
A 2.4.3 Polynômes binomiaux avec répétition
2.4.1 Histoire
2.4.4 Autres notations folkloriques
n
La notion des coefficients binomiaux est la notation mainte-
k Citons-en quelques-unes qui furent employées dans le passé ; par
nant universellement employée. Elle fut introduite par Euler à la fin exemple :
du XVIIIe siècle, et fut popularisée par Raabe. Mais en France, actuel- n
lement, on se sert encore, dans certains enseignements, de la nota- — nCk pour dans le livre de David et Barton [5] ;
k
k
tion C n , peu appropriée à nos yeux, et que nous n’utiliserons pas. Il n
n , n(k) pour, respectivement, , n! et (n)k dans
— C (n, k), z
n k
serait intéressant de savoir pourquoi cette notation universelle
k l’ouvrage de Carr [2], dans lequel s’instruisit Ramanujan, etc.
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Il n’y a peut-être pas, en mathématiques, de formule plus impor- À titre d’exemple, évaluons la puissance nième de l’opérateur
tante, aux applications aussi innombrables. différence ∆ qui, à toute fonction ƒ de R dans R (ou de C dans C ),
associe la fonction g, notée g = ∆(ƒ), telle que :
g (x) = ƒ(x + 1) – ƒ(x).
Théorème 6. Si x et y sont des éléments permutables d’un
anneau unitaire : Pour bien comprendre, calculons la puissance 2 de ∆ :
xy = yx,
∆2(ƒ)(x) = ∆(∆(ƒ))(x) = ∆(ƒ(x + 1) – ƒ(x))
on a, pour tout entier n > 0 :
= (ƒ(x + 2) – ƒ(x + 1)) – (ƒ(x + 1) – ƒ(x))
n
n n–k k n(n – 1) n – 2 2
(x + y) = ∑ x
n n n–1 n
k
y = x + nx y + ---------------------- x y +… + y . = ƒ(x) – 2ƒ(x + 1) + ƒ(x + 2).
2
k=0
On définira donc par récurrence :
∏ ( x + ak ) ;
n n
P = n – k n n – k k n – k n
∑ ( –1 ) ∑ ( –1 )
n n k
∆ = (E – I) = I E = E
k=1 k k
k=0 k=0
on trouve : c’est-à-dire la formule annoncée dans le théorème 7, puisque
E kƒ(x) = ƒ(x + k). r
P = x n + σ1 x n – 1 + σ2 x n – 2 + σ3 x n – 3 + … + σn – 1 x + σn ,
Commentaires sur l’écriture de l’opérateur D .
où les σm désignent les fonctions symétriques élémentaires des On est souvent obligé de supprimer des parenthèses pour éviter
nombres a1 , a2 , a3 , …, an , c’est-à-dire : leur profusion, surtout dans le cas où coexistent d’autres variables.
n Exemple :
σ1 = ∑ ak ; σ2 = ∑ a j a k , etc. — Pour une suite (um), ∆num signifie :
k=1 1< j < k < n
n
n – k n
Série du binôme. ∑ ( –1 ) k
um + k .
Avec les procédés de l’Analyse mathématique, la formule du k=0
binôme du théorème 6 se généralise comme suit à une variable — La relation :
réelle x, cela étant repris en détail en [AF 201], § 3.1.
k
k n k – j k n
∑ ( –1 )
k n
∆ 0̇ = ∆ ẋ = j
x=0 j
Proposition 3. j=0
Pour tout réel x ∈ ]–1, 1[, et tout complexe α ∈ C , on a : n’est autre que k!S (n, k), où S (n, k) désigne le nombre de Stirling de
seconde espèce, qui compte le nombre de relations d’équivalence en
∞
α k classes sur un ensemble fini N, à n éléments. Il sera étudié dans le
∑ k x
α k
(1 + x) = . paragraphe 3.8.
k=0
Nota : une lettre pointée par en dessus signifie que c’est sur elle que ∆ agit.
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π
Théorème 8 (formule de Newton). Soit P un polynôme à Preuve. r Évidemment, W 0 = --- , et W1 = 1.
2
coefficients dans un corps K. Soit donc n > 2. Abrégeant cos ϕ par c et sin ϕ par s, il vient :
Alors, pour tout x0 ∈ K, on a :
π⁄2 π⁄2 π⁄2 π⁄2
∫ ∫ ds = c
∫
n–1
( x – x0 )k k n
c dϕ =
n–1
+ (n – 1)
n–2 2
s dϕ
x – x 0 ∆ k P ( x ) = Wn = c s c
P(x) = ∑ k 0 ∑ ---------------------
k!
- ∆ P ( x0 ) .
0 0
0 0
k >0 k >0
π⁄2
∫
n–2 2
Preuve (purement formelle). r L’opérateur translation E étant = 0 + (n – 1) c ( 1 – c )d ϕ = ( n – 1 ) ( W n – 2 – W n ) ;
défini dans la preuve du théorème 7, on avait : 0
La suite des factorielles n! jouant un rôle fondamental et perma- La formule de Stirling, qui est, on l’a dit, peut-être le théorème le
nent en Combinatoire, et sa croissance étant extrêmement rapide, il plus important de toutes les mathématiques concrètes, peut s’énon-
a fallu très vite dans l’histoire, dès les premières avancées de cette cer suivant le théorème 10.
science, en trouver une bonne approximation. C’est l’objet de la
formule de Stirling qui en donne un équivalent asymptotique. Cette
formule est d’une telle importance que l’on peut, presque sans Théorème 10. La formule de Stirling fruste des analystes
exagération, affirmer, en pastichant l’un des géniaux combinato- s’écrit :
riens, Pascal, que « la formule de Stirling, si elle n’eut pas existé, la n
face de la science en aurait été changée… », car alors, pas de proba- n! ∼ --n- 2π n ,
bilité, pas de statistique avancée, pas de prévision, pas de contrôle e
de qualité, etc. Elle a fourni aussi le premier exemple de développe-
et celle, fine, des probabilistes prend la forme suivante, bien
ment asymptotique numériquement utile, bien que divergent.
plus précise : il existe une suite θn ∈ [0, 1], telle que :
n n θn
2.7.1 Formule de Stirling par adjacence n! = --- 2π n exp ---------- .
e 12 n
On a besoin, au préalable, de rappeler le résultat fondamental
concernant la formule de Wallis.
Commentaires
π⁄2
1. La formule « fruste », aussi précieuse soit-elle pour certaines
∫
questions d’analyse, ne permet pas le moindre calcul numérique,
Théorème 9. Soit W n = cos nϕ d ϕ , n ∈ N . Alors : avec certification de l’erreur. Or, on a besoin d’une amélioration
0 dans le sens de la formule fine pour étudier certains assemblage de
factorielles.
π
Wn ∼ ------- 2. L’écriture avec θn est équivalente à dire que :
2n
et : n n
--n- 2π n < n! < ---
n
2π n exp ---------- ,
1
2 n e e 12 n
π n 1 π
W2 n = --- ------------ ∼ --- --- . mais cette double inégalité se révèle d’utilisation moins confortable
2 22 n 2 n
qu’avec θn.
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__________________________________________________________________________________________________ ANALYSE COMBINATOIRE ÉLÉMENTAIRE
v n – 1 – v n = 1 + n – --- ln 1 – ---
1 1 L2
2 n
∞ T2
k–1 1
= ∑ ------------------------
2k(k + 1)
-----k- > 0 , 0 1 2 k–1 k n–1 n t
k=2 n
et la suite (vn) décroît donc. Figure 18 – Formule de Stirling par les lunules
Aussi :
∞
1 (k – 2)(k – 3) 1 zes hachurés et des aires Lk des lunules noircies (entre chaque
u n – u n – 1 = v n – v n – 1 + ----------------------------- =
12 n ( n – 1 ) ∑---------------------------------- -----k- > 0 ,
2k(k + 1) n trapèze et la courbe logarithmique). En d’autres termes :
k=2
n n n
∫
et la suite (un) croît donc.
Les suites (un) et (vn) sont donc adjacentes et admettent une
ln ( t ) dt = ∑ Tk + ∑ Lk .
1 k=2 k=2
limite commune C > 0, telle que :
Maintenant, on a :
1
u n = v n – ---------- < C < v n . n n
∫
12 n
(1) ln ( t ) dt = ( t ln ( t ) – t = n ln ( n ) – n + 1 ;
■ On exponentie cette double inégalité, et on pose D = eC, d’où : 1 1
n n n n
D --- n < n! < D --- n exp ----------
n n 1 1 1
e e 12 n
(2) ∑ Tk = ∑ --2- ( ln ( k – 1 ) + ln ( k – 1 ) ) = b n – --- ln ( n ) ;
2
k=2 k=2
(ce qui donne déjà la formule de Stirling sous sa forme fruste). k
∫
k
ln ( t ) dt – --- ( ln ( k – 1 ) + ln ( k ) ) = … = – 1 + k – --- ln k-----------
1 1 -
Il reste à déterminer la constante D. Cela se fait au moyen du Lk =
2 2 –1
résultat asymptotique de la formule de Wallis : k –1
2n 1
2 n D -------
2n
2n 1 + ----------------
1 π π n π ( 2 n )! –2 n π e 2k – 1
1 -------------------------
--- --- ∼ W2 n = --- ------------ = --- -------------2- 2 ∼ -2
--- -----------------------------------
–2 n
, = – 1 + ( 2 k – 1 ) --- ln 1 .
2 1 – ---------------
-
2 n 2 22 n 2 ( n! ) 2 n n 2 -
D
e
--- n 2k – 1
Le développement en série entière :
d’où, après simplification :
2m + 1
1 1 +x x
D = 2π . r
--- ln ------------- =
2 1–x ∑ -------------------
2m + 1
si |x | < 1,
m=0
donne :
2.7.2 Formule de Stirling par les lunules
L k = – 1 + ( 2 k – 1 ) ---------------- + --------------------------3- + --------------------------5- + … ⇒
1 1 1
2k – 1 3(2k – 1) 5(2k – 1)
Cette seconde méthode, très géométrique, va bonifier le résultat
du théorème 10 en prouvant que : 1 1 1
0 < L k = --------------------------2- + --------------------------4- + --------------------------6- + …
3(2k – 1) 5(2k – 1) 7(2k – 1)
1 1
------------------------- < θ n < ----------
12 ( n + 1 ) 12 n
< --------------------------2- 1 + ----------------------2- + ----------------------4- + … = …
1 1 1
Preuve par les lunules. r Soit n un entier > 2. 3(2k – 1) (2k – 1) (2k – 1)
n
1 1
∑
2
Introduisons b n = ln ( n! ) = ln k et le domaine Dn de R des = --------------------------- ∼ ------------2 ,
k=2 12 k ( k – 1 ) 12 k
(t, u) tels que 1 < t < n et 0 < u < ln(t ), en dessous de la courbe ∞
logarithmique de la figure 18. À cause de la concavité du loga-
rithme, l’aire An de Dn est égale à la somme des aires Tk des trapè-
ce qui montre que la série ∑ Lk converge.
k=2
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Appelons s sa somme. Son reste d’ordre n, soit Rn, est tel que : Preuve. r Nous la faisons pour k = 2. Le cas général n’offre pas
∞ ∞
plus de difficulté mathématique, sauf qu’il utiliserait plus de signes
1 Σ et de pointillés…
0 < Rn = ∑ Lp < ∑ -----------------------------
12 p ( p – 1 ) Avec le paragraphe 2.7.2, et par changement de variable
p = n+1 p = n+1
x
ln(cos(t ) = – --- dans l’intégrale de Wallis (théorème 9), il vient :
= ----------------------------- + -------------------------------------------- + …
1 1 2
12 n ( n + 1 ) 12 ( n + 1 ) ( n + 2 )
π⁄2 +∞
∫ ∫
2n + 1 2n – nx
2 n = ---------------
2
-
2n 2
cos t dt = ---------
e
----------- ƒ ( x )d x ,
1 1 n π π
= ------ --- – ------------- + ------------- – ------------- + … = ----------
1 1 1 1 x
12 n n + 1 n + 1 n + 2
0 0
12 n
En définitive, avec (1) et (2) : x
où ƒ(x) = - , ƒ(0) := 1.
--------------
x
e –1
1
n ln ( n ) – n + 1 = b n – --- ln ( n ) – s + R n On montrerait sans peine que ƒ est développable en série entière
2
1 (j)
c’est-à-dire, par exponentiation : en x = 0, avec rayon de convergence 2π. Abrégeons ---ƒ ( 0 ) en aj .
j!
bn n –n 1 – s Rn
On trouve (avec Mathematica par exemple) :
e = n! = n e n⋅e e .
1 1 1
La constante e 1 – s a été déterminée avec la formule de Wallis (§ 2.7.1) a0 = 1 , a 1 = – --- , a 2 = ------ , a 3 = ---------- , …
4 96 384
1 θn
et vaut 2π . Mais 0 < Rn < ---------- signifie que Rn = ---------- , où θn ∈ [0, 1]. r Les représentations graphiques de ƒ(x) (figure 19) et ƒ(3)(x)
12 n 12 n (figure 20) peuvent aider.
Le premier terme du développement en série de Lk , c’est-à-dire
Donc, de par la formule de Taylor-Lagrange d’ordre 2, avec θx
1
--------------------------2- , est donc un minorant de Lk . Donc : désignant un réel ∈ [0 ; 1], il apparaît :
3(2k – 1)
+∞
∫
2n – nx 2 3
1 1 2 n = --------
2
-
e
----------- 1 – --- + ------ + ------ ƒ ( xθ x ) d x
x x x (3)
L k > --------------------------2- > ---------------------------- . n π x 4 96 6
0
3(2k – 1) 12 k ( k + 1 )
Comme précédemment, il s’ensuivrait une minoration de Rn, cette 2n 2n
= ----------- 1 – ------- + ----------------2 + --------- R 3 ( n ) .
2 1 1 2
πn π
1
fois par ------------------------- . 8n 128 n
12 ( n + 1 )
En définitive, l’encadrement est amélioré :
1 1
------------------------- < R n < ---------- .
12 ( n + 1 ) 12 n f (t )
3
2,5
2.8 Coefficient binomial central 2
1,5
2n
L’altitude du pic de l’histogramme des valeurs des , n fixé, k 1
k
0,5
variable, a déjà été utilisée dans le paragraphe 2.7.1, conjointement
avec la formule de Wallis pour l’établissement de la formule de Stir-
ling. De nombreuses questions d’analyse se rattachent à une esti- – 10 –5 5 10 t
mation précise de ce binomial central, comme on dit. À titre
d’exemple d’une méthode autre que celle des lunules (§ 2.7.2), un t
peu géométrique, nous passerons par une représentation intégrale Figure 19 – Représentation graphique de ƒ( t ) = -------------
-
t
genre transformation de Laplace. e –1
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∫ ∫
– nx x (3) – nx x (3) – n
R3 ( n ) < e ----------- ƒ ( θx ) dx < e ----------- ƒ ( θx ) dx
6 6 1 1 0 1
0 0
0 2 1 1 1
3
+∞ 5⁄2 - π
∫
(3) – nx x 1 1 -----14
< ƒ e ----------- dx = ------ --- ------------
-. r 0 4 2 1 2 1
6 64 6 n 7 ⁄ 2
0 0 8 3 1 3 3 1
Fonctions génératrices. 0 16 4 1 4 6 4 1
Avec la série du binôme, il se prouve sans peine que :
0 32 5 1 5 10 10 5 1
∞
2n n
Ξ(x) = ∑ x = (1 – 4x)
–1 ⁄ 2 0 64 6 1 6 15 20 15 6 1
n
0 0 128 7 1 7 21 35 35 21 7
1
pour x < --- , ce qui s’écrit encore, avec la notion symétrique des
4 Figure 21 – Triangle de Pascal n < 7
a + b a + b
binomiaux ( a, b ) = = :
a b
Preuve 1 (Constat) . r On constate tout simplement la véracité
∞
–1 ⁄ 2 du résultat par la formule explicite du théorème 5 :
∑ ( n, n ) x
n
Ξ(x) = = (1 – 4x) .
0 n = ------------------------
n!
-. r
k ( n – k )! k!
On peut généraliser par :
∞ Preuve 2 (Bijective). r On constate la bijectivité de l’appli-
1 – aΞ
a
------------- . cation β de P k (N ) dans P n – k (N ) qui, à toute k-combinaison A,
–1
∑ ( n + a, n ) x
n
= Ξ
2x associe sa complémentaire :
0
∫
2n 2
dθ
∑ n
n 1 1
x = ------- ---------------------------------------- pour x < ------ . Proposition 5 (récurrence triangulaire).
2π 2 16
0 – π 1 – 16 x cos θ
On a :
n + 1 = n + n , k et n > 0.
k + 1 k k + 1
3. Triangle de Pascal
Cette récurrence peut être résumée sur le schéma du triangle de
3.1 Récurrence triangulaire Pascal (figure 21) : on ajoute deux valeurs consécutives d’une
même horizontale et on écrit le résultat en dessous de la seconde :
Nous avons maintenant, grâce aux résultats précédents, une 5 + 10 = 15
n
formule explicite (théorème 5) pour le nombre de parties à k Preuve 1 (Constat). r Puisque nous savons que :
k
éléments d’un ensemble N lui-même à n éléments, ce que l’on note :
n = ------------------------
n!
-,
N = n. k k! ( n – k )!
On peut disposer ces nombres selon un tableau à double entrée, les il suffit de constater que la récurrence triangulaire est effectivement
lignes étant indexées par n ∈ N et les colonnes par k ∈ N . On sait satisfaite quand on y insère cette formule explicite ! Mais encore
par avance que : faut-il déjà la connaître ! r
n = 0 si k > n, Preuve 2 (Combinatoire). r Utilisons la méthode du point
k auxiliaire (figure 22).
ce qui conduit à un tableau triangulaire inférieur appelé triangle de À l’ensemble de référence N, |N | = n, adjoignons un (n + 1)e point
Pascal (figure 21). Les bords du triangle valent : x et posons :
n = n = 1 . N ’ = N + {x }.
0 n
Partageons ensemble P k + 1 (N ’) des (k + 1)-parties de N ’ en deux
On a ajouté deux colonnes à l’extrême gauche pour y mettre la sous-ensembles :
valeur des sommes horizontales (+), soit 2n, et la valeur des sommes
alternées (±), soit 0. Il fallait s’y attendre par développement de P k + 1 ( N ′) = Q + R ,
(1 + 1)n et (1 – 1)n.
où Q est l’ensemble des (k + 1)-parties A telles que x ∈ A et R est
l’ensemble des B telles que x ∉ B.
Proposition 4. L’application β de Q dans P k (N ), ou β (A) = A – {x }, est évidem-
On a la formule de symétrie : ment bijective :
n = n . n
k n – k Q = .
k
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n k
B
n
β(A )
x
Figure 23 – Récurrence « verticale »
X + 1 = X + X , , = n + 1 ,
k + 1 k k + 1 V n, 1 = ∑ 1 2
1< , < n
X désignant une indéterminée, c’est-à-dire si l’on préfère : c’est-à-dire :
( X + 1 ) X ( X – 1 )… ( X – k + 1 ) X ( X – 1 )… ( X – k + 1 ) n(n + 1)
----------------------------------------------------------------------------- = ----------------------------------------------------------
( k + 1 )! ( k )! S1 ( n ) = ∑ , = ---------------------- .
2
1< , < n
X ( X – 1 )… ( X – k + 1 ) ( X – k )
+ ---------------------------------------------------------------------------- . ● Si k = 2, alors :
( k + 1 )!
, = n + 1 .
V n, 2 = ∑ 2 3
2< , < n
3.2 Relations verticales
∑
2
La somme S 2 ( n ) = , peut se calculer en utilisant les identi-
tés 1< , < n
Proposition 6. , , , , + 1
, = 2 + , = +
2 2
ou .
La somme verticale des coefficients binomiaux : 2 1 2 2
, ,
V n, k = ∑ k
On trouve ainsi
k<,<n
n + 1 n + 1
dans le triangle de Pascal, a pour valeur : S 2 ( n ) = 2 +
3 2
n + 1
V n, k = . ou bien :
k + 1
n + 1 n + 2 n(n + 1)(2n + 1)
S 2 ( n ) = + = --------------------------------------------
3 3 6
Sur le triangle de Pascal, cette récurrence verticale peut être
visualisée comme sur la figure 23. comme on sait sans doute.
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n – , + n – j ;
n + 1 binôme).
analogue de = ∑
k + 1 k k + 1
k n
( – 1 ) = 0 si n > 1 (on développe (1 – 1)n par la
0< , < j
2. ∑ k
X + n + 1 X + k , analogue de n + 1 = , 0< k < n
2. = ∑ ∑ .
n k k + 1 formule du binôme).
0< k < n k<,<n k
n = n ce qui signifie que, dans N,
■ Version série entière. Ou encore : ∑ k ∑ k
0< k < n 0< k < n
Au moyen de la série du binôme (§ 2.5), on montre facilement k pair k impair
que, pour tout x ∈ ]–1, 1[, on a :
|N | = n, il y a autant de parties « paires » que de parties
k
p p « impaires ». La démonstration bijective consiste à fixer z dans N et
∑ k x .
x
--------------------------
k+1
- = à considérer l’application Φ de P (N ) dans elle-même telle que :
(1 – x) p>k
Φ(A) = A + {z} si z ∉ A,
p 1
∑ k -----p- a pour somme
1 et :
Par exemple, si x = --- , la série numérique
2 2
p>k Φ(A) = A – {z} si z ∈ A.
le nombre 2, indépendante de k.
Cette application Φ est bien bijective de P paires (N ) dans
Ces questions seront approfondies dans le fascicule [AF 201]. P impaires (N ).
2
n 2n
= [on identifie le coefficient de xn dans chaque
3. ∑ k n
3.3 Relations horizontales 0< k < n
membre de (1 + x)2n = (1+ x)n (1 + x)n].
4. La suite des sommes horizontales d’inverses
–1
Proposition 7. n
Les sommes horizontales alternées satisfont à :
I(n) = ∑ k
(qui joue un certain rôle en Probabilités) tend
0< k < n
vers 2 et satisfait à la récurrence :
j n k n – 1
H n, k = ∑ ( –1 ) = ( –1 ) .
j k n+1
0< j < k I ( n ) = ------------- I ( n – 1 ) + 1 , n > 1 , I(0) = 1.
2n
5. On peut donner des expressions simples aux sommes horizon-
Exemple : si n = 5 et k = 3, on a bien 1 – 5 + 10 – 10 = – 4, comme tales par progressions arithmétiques.
dans le triangle de Pascal de la figure 24.
Exemple : pour :
n n n
S n = + + + … ,
0 3 6
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3.4 Courbe limite de Laplace-Gauss Théorème 12. On suppose n fixé et l’on pose :
n
w k = .
k
On peut, à n ∈ N fixé, s’intéresser aux propriétés globales de la
Soit A une constante positive donnée. Alors, pour tous les
n
suite wk = . On illustrera les résultats par une représentation n x
entiers k tels que k = --- + --- n , où |x | < A, on a :
k
2 2
graphique, appelée diagramme en bâtons ou histogramme, dans
laquelle on porte k en abscisse et wk en ordonnées. On joint enfin les n 2
k–n⁄2
w k = ----------- exp – -------------------- 1 + O --- .
2 1
sommets de la ligne polygonale ainsi formée. Les diagrammes πn 1 n
correspondant à n = 10 et n = 11 sont donnés en exemple sur la --
- n
2
figure 25.
Preuve. r Travaillons dans le cas plus large de la loi binomiale,
n k n–k
Proposition 8. avec W k = p q , 0 < p < 1 et q = 1 – p. Il suffira, à la fin
k
n
La suite wk = , n ∈ N fixé, 0 < k < n, est unimodale de la démonstration qui suit, de remplacer p et q par 1/2.
k Posons z = k – np, donc k = np + z et n – k = nq – z.
symétrique (c’est-à-dire d’abord croissante, puis décroissante),
avec « points d’inflexion » en : Alors, avec la formule fine de Stirling (théorème 10) :
n n θn
1 n! = 2π n exp ----------
k = χ(n) = --- ( n ± n + 2 ) . e 12 n
2
et avec l’abréviation :
θn θk θn – k
δ = ---------- – --------- -,
- – -----------------------
Preuve. r La symétrie résulte de la relation wk = wn – k . 12 n 12 k 12 ( n – k )
La croissance initiale résulte de ce que le rapport : il vient :
np + z z nq – z δ
--------------------------------------------------- 1 – ---------------- 1 + ---------------
n z
Wk = - e .
wk n–k+1 2π ( np + z ) ( nq – z ) np + z nq – z
- = ---------------------- est > 1
-------------
wk – 1 k Continuons à arranger cette lourde expression de Wk en suppo-
z
sant que la quantité x = ---------------
n–1 - est bornée, c’est-à-dire qu’il existe
si, et seulement si, k < ------------- . npq
2
A > 0 tel que |x | < A. Pour les trois différents facteurs de Wk, on
Enfin, la convexité, sur v1, χ ( n )b résulte de la résolution de obtient sans peine les développements asymptotiques suivants :
l’inéquation
x(q – p)
--------------------------------------------------- = ----------------------- 1 – ---------------------- + O --- ,
n 1 1
wk + 1 – wk > wk – wk – 1 , 2π ( np + z ) ( nq – z ) 2π npq 2 npq n
–x ⁄ 2 1
3
z np + z
1 – ----------------
nq – z 2
(q – p)x
1 + ---------------- 1 + ------------------------ + O --- ;
c’est-à-dire : z
= e
np + z nq – z 6 npq n
ϕ (k) = 4k 2 – 4nk + (n + 1)(n – 2) > 0.
avec l’hypothèse de bornitude de x :
δ = O ---
ce qui fournit k supérieur ou égal à la plus grande racine du trinôme 1
ϕ (k), c’est-à-dire le résultat annoncé. r n
et :
Le théorème 12 de la limite centrale pour une partie de pile ou
e = 1 + O --- .
face équilibrée va permettre d’approcher l’histogramme des coeffi- δ 1
cients binomiaux au moyen de la courbe en cloche de la loi normale. n
10 11
252 462
k k
f (x )
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 k 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 k –3 –2 –1 0 1 2 3 x
Figure 25 – Histogrammes
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∑ s ( n, k ) x
k
(x)n = x (x – 1) … (x – n + 1) = .
Introduisons une notation commode. Étant donnés deux polynô-
k=0
mes ou développements en séries entières
Les premières valeurs de s (n, k) sont données sous forme de
∑ ak x ∑ bk x
k k
f(x) = et g ( x ) = tableau de la figure 26.
Évidemment s (p, p) = 1 et s (p, 1) = (p – 1)! Tout revient alors à
dont les coefficients ak et bk sont entiers dans Z , on notera : montrer que ∀p ∈ P avec p > 3, et ∀k ∈ v2, p – 1 b , on a :
f (x) ≡ g(x) si, et seulement si, ∀k > 0, ak ≡ bk. s (p , k ) ≡ 0 et aussi que s (p, 1) ≡ – 1,
Des propriétés faciles en découlent, comme : ce qui sera le théorème de Wilson, car s (p, 1) = (p – 1)!
Or :
f ≡ g et ϕ ≡ Ψ ⇒ f + ϕ ≡ g + Ψ et f ϕ ≡ gΨ.
p
∑ s ( p, k ) x
k
( x )p + 1 = ( x – p ) ( x )p = ( x – p )
Proposition 9. k=0
Pour tout nombre premier p, les coefficients binomiaux :
et :
p , p ,…, p p
,
s ( p, , ) ( – 1 ) x
, , – j j +1
1 2 p – 1 (x)p + 1 = x (x – 1) p = x ∑ s ( p, , ) (x –1) = ∑ j
.
,=1 1< j < , < p
p p . .
sont tous divisibles par p, sauf évidemment et = 1. Nota : une lettre pointée par en-dessous signifie qu’elle est une variable muette.
0 p
p p – 1
Preuve. r À partir de la relation k = p , le théorème
k k – 1 n
k x x2 x3 x4
p
de Gauss permet de dire immédiatement que p divise puisque (x )1 1
k
p est premier avec k. r (x )2 –1 1
Conséquence. Pour tout nombre premier p : (x )3 +2 –3 1
(1 + x )p ≡1+ x p, (x )4 –6 11 –6 1
ou encore :
Figure 26 – Nombre de Stirling de première espèce :
(x + y )p ≡ x p + y p . premières valeurs
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ANALYSE COMBINATOIRE ÉLÉMENTAIRE __________________________________________________________________________________________________
On recueille le coefficient de xk dans les deux expressions, d’où : Mais, d’autre part :
, n
∑ ( –1 ) k – 1 s ( p, , ) .
,–k n
( p – k ) s ( p, k ) =
∑ k ( –1 )
n n n–k k
gn = x = ( ( 1 + x ) – 1 ) = (1 + x) ,
k + 1< , < p . k=0
Cette récurrence permet donc le calcul de s (p, k) à partir des ce qui, en définitive, est le résultat annoncé. r
s (p, k + 1), s (p, k + 2), …, à droite. Autres propriétés de la matrice de Pascal.
Si ces derniers sont ≡ 0, il en sera de même pour s (p, k) pour On les démontrerait de manière analogue à la précédente.
k > 2.
Le cas k = 1 n’offre guère plus de difficultés. r n
1. Plus généralement, la matrice P (a) = a n – k a pour
k
0< k < n
inverse :
3.6 Matrice de Pascal, inversion
et puissances n
( a ) = ( – a )n – k
< – 1>
P .
k
0< k < n
Un problème, fréquent en analyse combinatoire, consiste à déter- 2. Si, à présent, pour tout α ∈ R , non nécessairement entier, on
miner une suite (gn) en fonction d’une suite (fn), sachant qu’elles
sont reliées par la relation définit la puissance αième de P, notée P <α >, comme étant égale à
α
∑ ( P – I ) (qui a un sens puisque P – I est nilpotente à l’ordre
n
n
n n >0 n
fn = ∑ k gk , n > 0. N), on vérifiera facilement que :
k=0
Cela revient à inverser la matrice infinie inférieure de Pascal des P <α > P <β > = P <α + β >.
n
PN = , que l’on peut aussi écrire l’une, puis l’autre, P
<α> n
= αn – k .
k k
0< k < n < N 0< k < n
sous la forme :
1 0 0 0 0 … 0
1 0 0 0 0 … 1 1 0 0 0 … 3.7 Problème des rencontres
1 1 0 0 0 … 1 2 1 0 0 … 0
P = 1 2 1 0 0 … ou P N = 1 3 3 1 0 … 0 Soit S (N ) le groupe des permutations d’un ensemble fini N. Si
1 3 3 1 0 … : : : : : … cet ensemble est à n éléments, on pourra les numéroter :
: : : : : … N N
1 … … … 1 N = {a1, a2, …, an}.
1 2
On pourra identifier N à l’ensemble des numéros, N = v1, n b , et l’on
n notera S (n) pour S (N ).
n
En effet, la relation f n = ∑ g k s’écrit, matriciellement :
k
k=0
Définition 4. Une permutation σ est dite être un dérange-
f0 g0 ment de N si, et seulement si, elle ne possède aucun point fixe,
1 0 0 0 0 … c’est-à-dire :
f1 1 1 0 0 0 … g1
∀x ∈ N , σ (x ) ≠ x .
F = f =
2 1 2 1 0 0 … ⋅ g 2 = PG .
1 3 3 1 0 … Elle « dérange » donc chaque élément de E de sa place d’ori-
f3 g3
gine, ce qui revient à dire que chaque « cycle » est de longueur
: : : : : : … : > 2. On notera D (E) ou D (n) leur ensemble, et d (n) leur nom-
bre.
n
Théorème 13. L’inverse de la matrice de Pascal P =
k 0< k < n Exemples :
est la matrice de Pascal en damier : Énumérons les dérangements pour les premières valeurs de n.
Si n = 2, figure 27, N = {a, b }, on a le seul dérangement σ qui est la
1 0 0 0 0 … transposition échangeant a et b, donc :
–1 1 0 0 0 …
n
= ( – 1 )n – k
< – 1>
P
k
= 1 –2 1 0 0 … d (2) = 1.
0< k < n –1 3 –3 1 0 … Si n = 3, figure 28, N = {a, b, c }, on a :
: : : : : …
d (3) = 2,
Preuve. r On considère les polynômes fn = (1 + x )n et gn = x n. qui sont les 2 permutations circulaires (à 1 seul cycle) de E.
Évidemment, ici, on a la relation matricielle :
Si n = 4, N = {a, b, c, d }, on a d (4) = 9 dérangements, 3 doubles
F = P G. transpositions et 6 permutations circulaires.
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__________________________________________________________________________________________________ ANALYSE COMBINATOIRE ÉLÉMENTAIRE
Preuves.
1 (Constat) . r On peut tout simplement insérer dans chacune
des deux récurrences la formule explicite de la proposition 12 et
constater que ça marche, pourquoi pas ? r
a b 2 (Combinatoire). r Pour une démonstration combinatoire et
constructive, qui ne nécessite pas de connaître à l’avance la formule
explicite de la proposition 12, on peut s’aider du schéma de la
figure 29.
Adjoignons à N un (n + 1)ième élément x, et posons N ’ = N + {x }.
Figure 27 – Une transposition Nous partitionnons alors D (N ’) en deux :
D (N ’) = B1 + B2,
où :
b b — B1 est l’ensemble des dérangements σ tels que σ (x) = y ≠ x et
σ (y) = x (c’est-à-dire que le cycle contenant x est une transposition) ;
— B2 est le restant des dérangements, ceux dont le cycle conte-
nant x contient au moins 3 éléments.
Il y a nd (n – 1) dérangements dans B1, car la restriction de σ à
N – {y } en est un dérangement, mais il y a n manières de choisir
a c a c σ (x) (figure 30). Combien y a-t-il de dérangements dans B2 ? Il y en
a nd (n), car la restriction σ ’ de σ à N devient un dérangement de N,
en convenant que :
Figure 28 – Deux « tricycles »
σ ’ <–1>(x) = σ <–1>(x),
ce qui revient, pour obtenir graphiquement σ ’ à partir de σ à trans-
former les deux arêtes orientées {σ <–1>(x), x } ∪ {x, σ (x)} en l’arête
Proposition 12. {σ <–1>(x), σ (x)} (figure 30).
On a la formule explicite :
n k n
( –1 ) ( –1 )
= n! 1 – ----- + ----- … + -------------- .
1 1
d ( n ) = n! ∑ -------------
k! 1! 2! n! N
k=0
Preuves.
1. r On utilise la formule du crible, généralisant
A∪B = A + B – A∩B
c’est-à-dire (théorème 1) : N – {y } y x
n n
∪ Ak = ∑ Ai – ∑ Ai ∩ Aj + ∑ Ai ∩ Aj ∩ Ak – … .
k=1 i=1 1< i < j < n 1< i < j < k < n
n
On passe aux effectifs, n! = ∑ d ( k ) . D’où la valeur de d (n) par
k
k σ〈2〉(x ) x
inversion de la matrice P de Pascal (théorème 13). r
Proposition 13.
La suite (d(n)) satisfait à :
σ〈–1〉(x )
d (n + 1) = n(d (n) + d (n + 1))
et :
d (n) = n d (n – 1) + (–1)n, N'
d (0) = 1 et d (1) = 0. Figure 30 – Cas où x est dans un cycle > 3
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En définitive, D ( N ′ ) = B 1 + B 2 , ce qui est bien la récurrence Mais alors les classes d’équivalence de cette relation constituent
annoncée. r des blocs (parties non vides) de N qui sont indexés (ou « numé-
rotés ») par les éléments y de K dont ils sont les préimages. Pour
Aucune démonstration « combinatoire » ne semble connue effacer ce numérotage, il faut diviser σ (n, k) par k!, et l’on obtient
pour la seconde récurrence. ainsi le nombre de Stirling de seconde espèce, qui compte les parti-
tions de l’ensemble N en k blocs (non vides et non numérotés), ou
Proposition 14. bien, si l’on préfère, le nombre de relations d’équivalence sur N en k
classes :
n!
On a l’équivalent d(n) ∼ ----- et, même d(n) = entier le plus pro- k
1 1 k – j k n
∑ ( –1 )
e
S ( n, k ) = ----- σ ( n, k ) = ----- j
j .
n! k! k!
che de .
----
- j=0
e
Ce sont donc des σ (n, k) « dégraissés » par le facteur 1/k! si l’on
Il s’ensuit que si des invités en (grand) nombre n laissent leur peut dire !
chapeau au vestiaire, et le reprennent au hasard à la sortie, la ■ Dans la pratique combinatoire, ces nombres de Stirling de
probabilité pour qu’aucun invité n’ait son propre chapeau est (à seconde espèce se révèlent beaucoup plus faciles à manier que les
peu près) 1/e. nombres σ (n, k) d’applications surjectives. D’ailleurs, dans la hiéra-
chie des nombres combinatoires, ils viennent immédiatement après
Preuve. r On observe que, dans la proposition 12, le coeffi- les coefficients binomiaux.
cient de n! n’est autre que la somme partielle du développement
en série de e –1. La majoration du reste de cette série alternée par Il leur est associé, on pouvait s’en douter, des nombres de Stirling
le module du premier terme négligé fournit le second résultat. r de première espèce, notés s (n, k), mais dont l’interprétation et
l’usage, plus complexes, n’apparaîtont que dans le fascicule
Table des premières valeurs [AF 202] : les |s (n, k)| comptent en effet les permutations de
On a : (0) l’ensemble fini N, |N | = n, qui se décomposent en k cycles.
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 ■ La notation des nombres de Stirling a fluctué au cours de l’his-
d (n ) 1 0 1 2 9 44 265 1854 14833 133496 toire depuis deux siècles, tout en respectant leur paternité qui était
toujours rappelée par un grand S ou un petit s, jusque s et y compris
dans les logiciels de calcul comme Maple ou Mathematica. Mais on
3.8 Surjections et nombres de Stirling tente, ça et là, depuis 1970, de plaider pour les notations :
de seconde espèce n
pour les nombres de Stirling de seconde espèce S (n, k) ;
k
Proposition 15. n
pour les nombres de Stirling de première espèce « non
Les applications ƒ surjectives de l’ensemble N, |N | = n > 1, k
dans l’ensemble K, |K | = k > 1, sont en nombre : signés » (ou « signless ») |s (n, k)|.
k
k – j k n Cette notation, qui peut sembler séduisante par son analogie avec
σ ( n, k ) = ∑ ( –1 ) j
j . celle des coefficients binomiaux, serait tout à fait infernale pour
j=0 l’utilisateur moyen non calligraphe et non doué d’un œil de lynx si
elle venait à se répandre réellement. Aimez-vous la formule :
Preuve. r Appelons $(N, K ) l’ensemble de telles applications et
σ (n, k) = |$(N, K )| leur nombre. Évidemment : n n
n
σ (n, 1) = 1 et σ (n, k) = 0 si k > n. k k
∑ -------------------
n
- ?
L’ensemble K N de toutes les applications de N dans K peut être k=0
partagé en union disjointe, comme il suit : k
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et, peut-être, que : Cela montre l’existence des polynômes annoncés puisque la
n matrice Q, triangulaire inférieure, sans aucun zéro sur la diagonale
∑k
3 3 3 3 2 principale, est évidemment inversible, d’où :
S3 ( n ) = = 1 + 2 + … + n = ( S1 ( n ) ) .
k=1
Il s’agit de généraliser cette dernière propriété. S = Q –1.A.
Proposition 16. Mais aucune formule simple n’apparaît pour Q –1. Un calcul sur
Les sommes de puissances impaires des entiers dans v1, n b ordinateur donne le début de Q –1 et, par conséquent, les premières
sont polynomiales en : valeurs des S2q – 1 :
n(n + 1)
S 1 ( n ) = ---------------------- .
2
1 0 0 0 0 0 0 …
Preuve. r Désignons par Sk (n) la somme des puissance k ièmes 1
0 --- 0 0 0 0 0 …
des entiers de 1 à n : 2
n 1 1
0 0 0 0 0 …
∑j
k k k – --- ---
Sk ( n ) = = 1+2 +…+n . 6 3
j=1 1 1 1
0 --- – --- --- 0 0 0 …
Il s’agit de prouver que S2q + 1(n) peut s’exprimer comme un poly- –1 6 3 4
Q = ,
nôme en S1(n) = a. Pour cela, partons de 3 3 1 1
0 – --- --- – --- --- 0 0 …
k 4 6 2 5
k k n k k
(Ln) : ( S 1 ( n ) ) – ( S 1 ( n – 1 ) ) = -----k- ( ( n + 1 ) – ( n – 1 ) ) 5 5 17 2 1
2 0 --- – --- ------ – --- --- 0 …
6 3 12 3 6
k 691 691 118 41 5 1
n k k–1 k k–3 k k–5 …
= -----k- 2 n + 2 n + 2 n
0 – ---------- ---------- – ---------- ------ – --- ---
+ … 210 105 21 46 6 7
1 3 5
2
: : : : : : :
Ajoutons membre à membre les lignes : (Ln) + (Ln – 1) + … + (L1),
et multiplions le total par 2k – 1. Il vient, par téléscopage :
k–1 k k–1 k c’est-à-dire :
2 ( S1 ( n ) ) = 2 a
k k k
= S 2 k – 1 + S 2 k – 3 + S 2 k – 5 + … ; k = 1, 2, 3, … S1 = a
1 3 5
2
Les équations linéaires précédentes, dont les inconnues sont les S3 = a
sommes S2j – 1(n), s’écrivent alors matriciellement : 2 3
a 4a
Q S = A, S 5 = – ------ + ---------
3 3
où Q est extraite (en un certain sens) de la matrice de Pascal P : 2 3
a 4a 4
S 7 = ------ – --------- + 2 a
1 0 0 0 0 0 0 … S1 a 3 3 . r
2
0 2 0 0 0 0 0 … S3 2a 3a
2
12 a
3
4 16 a
5
S 9 = – --------- + ------------- – 4 a + -------------
0 1 3 0 0 0 0 … S5 4a
3 5 5 5
2 3 4 5 6
0 0 4 4 0 0 0 … S7 8a
4 5 a 20 a 34 a 32 a 16 a
QS = ⋅ = = A, S 11 = --------- – ------------- + ------------- – ------------- + -------------
0 0 1 10 5 0 0 … S9 5 3 3 3 3 3
16 a 2 3 4 5 6 7
0 0 0 6 20 6 0 … S 11 6 691 a 2764 a 944 a 656 a 80 a 64 a
S 13 = – ---------------- + ------------------- – ---------------- + ---------------- – ------------- + -------------
32 a 105 105 21 15 3 7
0 0 0 1 21 35 7 … S 13 7
64 a
: : : : : : : : :
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