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Sous la direction de
M. Thierry POTIER
Directeur des Ressources humaines
Ecole de Management de l’Université de Strasbourg
Soutenu par
Lamine DEFOUKOUEMOU HIMBE
CIP/ENA Promotion Palmyre (2015-2016)
Juin 2016
DEDICACE
J’exprime dans le même sens toute ma gratitude à Monsieur Jean-Marie NFONDJA, ancien
Directeur des Ressources humaines au MINADER.
Cher binôme Alexis TROUSSICOT, reçois toute ma profonde gratitude pour ta proposition
de relecture de ce mémoire. Vive la promotion « Palmyre » !
A ma famille, mes collègues et amis, d’ici et du Cameroun, votre soutien moral m’a permis
d’effectuer ma formation à l’ENA. Je vous suis reconnaissant.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1
Le Cameroun, en forme de triangle d’une superficie de 475 442 km2, est un pays d’Afrique Centrale situé au
fond du golfe de Guinée. Il est limité au Nord par le Tchad, à l’Est par la République Centrafricaine, au Sud par
le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale, et à l’Ouest par le Nigéria. Il est peuplé de plus de 23 000 000
habitants en 2013 (Source : ONU) et l’espérance de vie globale culmine à 61.5 ans (source : CIA World
Factbook, estimations OMS 2015).
2
Il faut relever que les stratégies sectorielles sont des déclinaisons par secteur d’activité de la stratégie nationale.
L’élaboration du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi a été l’occasion d’une revue profonde de
l’ensemble des politiques et stratégies sectorielles. Ainsi les responsables des différents ministères ont été
regroupés suivant le découpage sectoriel inspiré de la nomenclature fonctionnelle en vigueur, afin d’évaluer et de
fournir aux secteurs, en cohérence avec des orientations transversales et globales retenues, des éléments
opérationnels d’action suivant le cadre conceptuel de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR).
Il existe sept secteurs : les infrastructures, le rural, les industries et services, l’éducation, la santé, le secteur
social et la gouvernance.
3
Stratégie de la croissance, stratégie de l’emploi et stratégie de gouvernance et de gestion stratégique de l’Etat
4
Le soutien à la croissance se fait à travers le développement qui accorde une place de choix à la santé, à
l’éducation et la formation professionnelle, le genre et la protection sociale.
1
gestion plus stratégique de l’Etat à travers la modernisation de l’administration publique et de
gestion des ressources humaines de l’Etat5.
La gestion stratégique des ressources humaines de l’Etat fait ainsi partie des éléments de la
stratégie globale pour l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Mais, elle mériterait une
déclinaison sectorielle entièrement à part, à défaut, une stratégie sous-sectorielle
« modernisation des politiques de ressources humaines» pilotée par le MINFOPRA et donc
intégrée dans la stratégie gouvernance6.
En effet, dans ce contexte, il est important et urgent de disposer d’une stratégie sectorielle (ou
sous-sectorielle) de modernisation des politiques de ressources humaines de l’Etat. Celle-ci
impliquerait de réformer en profondeur la gestion des ressources humaines de l’Etat, en la
plaçant au cœur du dispositif du DSCE. Dans cette perspective, la fonction « ressources
humaines » devrait être plus forte, plus stratégique et susceptible de préparer la fonction
publique aux évolutions et projections du DSCE. Il est établi que la GRH au-delà de sa
fonction d’assurer l’adéquation entre ressources humaines disponibles et besoins de l’Etat ou
de l’entreprise, participe au pilotage des organisations et à l’efficacité productive et
compétitive,7 en tirant le meilleur parti des ressources humaines. Elle permet ainsi de
contribuer durablement à l’émergence des pays à travers les réflexions et les pratiques qui
relèvent de l’action et la décision. L’objectif étant l’efficacité productive et la performance
des décisions de politiques de ressources humaines à prendre pour faire face aux changements
stratégiques envisagés, ces actions et décisions de politiques RH pourraient
notamment intégrer8:
- Le pilotage de la culture managériale, pour l’amélioration de la performance du service
public et du service rendu avec respect à l’usager, l’amélioration de la qualité d’encadrement
des collaborateurs directs et de l’ensemble des équipes par les supérieurs hiérarchiques
intégrant notamment la culture du dialogue social et de dialogue de gestion. Cette action
devrait être accompagnée par des plans managériaux conçus dans chaque ministère pour la
mise sur pied des viviers à travers des instruments d’identification et de promotion des
compétences et d’égalité professionnelle.
5
La Fonction publique camerounaise emploie un peu plus de 300 000 agents civils en 2015, ce qui fait de l’Etat
le premier employeur du pays, le plus gros employeur de la zone franc contre 160 363 agents pour le second qui
est la Côte d’Ivoire. (Source : www.mays-moussi.com).
6
Le secteur de la gouvernance intègre le MINFOPRA, le MINATD, le MINJUSTICE. Le secteur de la
Gouvernance n’a pas une stratégie sectorielle, mais un programme national de Gouvernance est en cours de mise
en œuvre, tandis que certains ministères sont assez avancés dans l’élaboration de leurs stratégies sous sectorielles
7
Anne Dietrich et Frédérique Pigeyre, La gestion des ressources humaines, La Découverte, Paris, 2011, page 3
8
La lettre de mission n°1799/15/SG du 15 décembre 2015 signée par le Premier ministre et le Ministre de la
Décentralisation et de la Fonction publique, instruisait le Directeur général de l’Administration et de la Fonction
publique à « construire une stratégie pluriannuelle de modernisation des politiques de ressources humaines ».
2
- Le pilotage de la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des
compétences (GPEEC). Il passe par le renforcement de l’interministériabilité de la GPEEC, la
définition d’une politique de recrutement, de formation (initiale et continue) et de promotion
au sein de l’Etat en lien direct avec la culture de la GPEEC. Cela suppose d’anticiper les
besoins des ministères en emplois comme en compétences. Les plans de formation
ministériels devraient être articulés avec les objectifs définis en matière de GPEEC et avec les
priorités interministérielles de formation initiale et continue élaborées, en insistant
particulièrement sur les formations en management, la conduite du dialogue social, les RH, le
numérique9 et autres formations liées aux évolutions impulsées par le DSCE.
- Le pilotage de la mobilité dans une logique de développement des cultures professionnelles
à travers la prise en compte et l’incitation des mobilités dans la gestion des carrières, entre
services déconcentrés et services centraux, entre ministères, entre institutions publiques
camerounaises, communautaires, africaines et internationales. Ces actions pourraient être
accompagnées par la mise en place du dispositif de mobilité verticale et horizontale (interne
ou interministérielle, en central ou dans les services déconcentrés) dans tous les ministères
facilitant la publication des postes d’emplois vacants et permettant à une commission de
sélection ou Commission d’arbitrage paritaire sous la responsabilité du Secrétaire Général, de
donner systématiquement un avis sur la mobilité10.
- Le pilotage de la politique de l’équilibre régional dans une logique de modernisation.11 Le
dispositif devrait prendre en compte les évolutions de la société. Réviser la répartition des
quotas en prenant en compte les nouvelles statistiques démographiques et de scolarisation et
réserver 50% seulement des places disponibles à cet équilibre régional semble stratégique
pour le DSCE.
- Le pilotage de la santé et de la sécurité au travail et des risques psychosociaux, dans une
logique d’amélioration de l’environnement du travail. Il pourrait être envisagé la mise sur
pied au niveau de chaque ministère d’un dispositif construit autour des plans de prévention
9
Le renforcement du numérique constitue un levier primordial dans le pilotage des RH. Son impact doit être
pleinement pris en compte à travers le développement des formations des cadres et agents à son utilisation, en
favorisant le télé-service, encourageant la dématérialisation des procédures de gestion des agents (SIGIPES 2),
des liens avec l’usager (télé-déclaration, sites web mis à jour), à travers la mobilisation de tous les leviers RH.
10
C’est le cas en France. Appliquer ce modèle au Cameroun sera l’occasion pour ces commissions de faire
respecter les cadres organiques ministériels, comprenant les fiches de poste et de proposer à chaque fois leur
actualisation en cas de besoin. L’avis donné ne liera cependant pas l’autorité investie du pouvoir de nomination
mais constituera une aide à la décision et un instrument pour limiter l’arbitraire du pouvoir discrétionnaire. Une
étude de Yaneu (mémoire 2014,…Op. cit.) proposait déjà un tel dispositif au MINADER.
11
Politique centrale de gouvernance et de RH au Cameroun, l’équilibre régional a pour principe la répartition
des postes d’emplois entre les 10 régions du pays, sur la base d’une péréquation prenant en compte le mérite et
les quotas fixés pour chaque région (en fonction de sa démographie et de son taux de scolarisation) -les
candidats n’ayant pour concurrents que les candidats appartenant à la même région.
3
des risques psychosociaux (sur le modèle du COPSOQ12) et des risques de santé et de sécurité
au travail, ainsi que le renforcement du dialogue social.
- Le pilotage des rémunérations et des retraites : la rémunération et la retraite constituent un
précieux levier de rénovation des carrières et de modernisation de la fonction publique. Le
renforcement de la cohérence et de la transparence des politiques salariales ministérielles, la
révision des statuts particuliers vieux de plusieurs décennies (adoptés dans les années 1975 en
général) comportent de grands enjeux développementalistes pour le pays.
Toutes ces décisions et actions stratégiques peuvent ainsi être prises en lien direct ou
indirect avec la vision nationale d’émergence du Cameroun ; les programmes et projets
étant priorisés en fonction de leur impact sur la croissance et la réduction de la
pauvreté. D’où, la question : comment allier GRH et développement ? Plus
spécifiquement, quel est l’impact du pilotage stratégique des ressources humaines
pour le développement au Cameroun, à la lumière de l’âge légal de départ à la
retraite des agents publics ? La réponse à cette problématique passe par une
démarche méthodologique précise.
12
Le Questionnaire psychosocial de Copenhague (COPSOQ) a été élaboré et validé par Kristensen et Borg de
l'Institut national danois pour la santé au travail de Copenhague et couvre un large éventail d'aspects relatifs aux
principaux concepts et théories. Il constitue aujourd’hui l’outil de référence en matière de prévention des risques
psychosociaux au sein des entreprises et des administrations publiques dans le monde.
4
PARAGRAPHE 3 : ARTICULATION ET JUSTIFICATION DU PLAN
L’hypothèse de la présente étude vise à démontrer que le pilotage des RH comporte des
enjeux développementalistes pour le Cameroun. Sous le prisme du pilotage des départs en
retraite, il est posé le postulat selon lequel le recul de l’âge de départ à la retraite dans la
fonction publique camerounaise produirait des effets bénéfiques pour le développement au
Cameroun. Ce postulat comprend deux axes car les effets bénéfiques du recul de l’âge seront
vérifiés aussi bien sur le plan financier et économique que sur le plan social et socio-
professionnel. Mais cette vérification de l’hypothèse de l’étude ne peut être efficace si l’on ne
procède pas au préalable à la « vérification » des termes du sujet et du dispositif institutionnel
en vigueur y afférent. C’est pourquoi pour répondre à la question de savoir quels sont les
enjeux du pilotage stratégique de l’âge de départ à la retraite des agents publics camerounais,
l’on se propose :
- de préciser dans une première partie le cadre théorique et institutionnel des départs à la
retraite au Cameroun ;
- puis de démontrer dans une seconde partie, les enjeux économiques, financiers et sociaux
d’une réforme qui viserait le recul de l’âge de départ à la retraite des agents publics au
Cameroun.
5
1ERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET INSTITUTIONNEL
DE L’AGE LEGAL DE DEPART A LA RETRAITE AU CAMEROUN
La compréhension de l’étude portant sur les enjeux du pilotage stratégique des ressources
humaines pour le développement au Cameroun à travers l’âge légal de la retraite des agents
publics ne peut être envisagée sans faire recours à la clarification notionnelle des concepts en
présence (Chapitre 1). Cette clarification conceptuelle appelle également à préciser le
dispositif institutionnel en vigueur de l’âge légal de départ à la retraite des agents publics
Camerounais (Chapitre2).
6
CHAPITRE 1 : CLARIFICATION CONCEPTUELLE
L’insertion théorique du sujet va consister à déterminer le sens et le contenu « des enjeux du
pilotage stratégique des ressources humaines pour le développement » d’une part (Section 1)
et « l’âge légal de départ à la retraite des agents publics d’autre part » d’autre part (Section
2).
A/ Le pilotage stratégique
Piloter une stratégie, c’est la conduire ou la gérer. Une stratégie est la conduite ou une
démarche visant l’atteinte des résultats que l’on définit comme étant un changement
mesurable amené par une relation de cause à effet. Cette relation doit être assez claire pour
que les actions identifiées conduisent effectivement aux résultats attendus.
Ce qui veut dire que le pilotage stratégique est au service d’objectifs généraux à moyen et
long terme, par exemple, assurer les montées en compétence et l’évolution des métiers,
structurer le système de rémunération ou de retraite au service des objectifs généraux de la
fonction publique et surtout développer les performances socio-économiques du Cameroun13.
Le pilotage stratégique peut être distingué du pilotage opérationnel. Ce dernier s’emploie à
mettre en œuvre au quotidien les choix stratégiques14. Les objectifs vont suivant les niveaux,
de la semaine au mois, voir l’année en matière budgétaire par exemple.
Le pilotage stratégique comporte des outils. Ces outils visent à piloter les développements
socio-économiques dans une logique futuriste. Les actions ou les dispositifs mis en œuvre
aujourd’hui dans le cadre du pilotage stratégique auront un impact certain à moyen et à long
terme.
Le pilotage stratégique repose sur une vision stratégique dans un cycle décisionnel. Le
pilotage stratégique comprend plusieurs fonctions qu’il convient d’identifier, d’organiser et
surtout de coordonner étroitement pour construire un dispositif cohérent, efficace et reconnu.
13
Bernard Martory, Christian Delay, Fabien Siguier, Piloter la performance des Ressources humaines: la création
de valeur par les RH, éditions Liaisons, 2008.
14
Ibid
7
Trois éléments se distinguent : l’élaboration d’une vision stratégique, la définition et la mise
en œuvre des stratégies opérationnelles, la maîtrise de l’alignement par l’évaluation.
15
Yves Emery, François Gonin, Gérer les Ressources humaines, Presses polytechniques et universitaires
romandes, 3e édition, 2010, 567 pages.
16
Duflo, Esther, Lutter contre la pauvreté. Tome 1 : le développement humain, Le Seuil, Paris, 2010
17
Elle constitue pour l’entreprise le premier facteur de production en apportant du travail
18
En tant que facteur de production, il doit lui-même être produit.
19
Anne Dietrich, Frédérique Pigeyre, Op. cit
20
Jean-François Amadieu, DRH, le livre noir, éd. le Seuil, 10 janvier 2013, 236 pages.
21
M. Thévenet, C. Dejoux, E. Marbot, E. Normand, Fonctions RH, politiques, métiers et outils des RH, Peason
Education, 13 janvier 2012, 529 pages
22
Bernard Gazier, Les stratégies de RH, La Découverte, 4 e édition, 10 juin 2010, 124 pages.
23
Jean-Marie Peretti, Ressources humaines et gestion des personnels, Vuibert, 8 e édition, 10 sept. 2012, 224
pages. Lire aussi :
- Jean-Marie Peretti, Ressources humaines, Vuibert, 14 e édition, Paris, aout 2013, 636 pages ;
- Jean-Marie Peretti, Tous DRH. Les meilleures pratiques par 51 professionnels, Eyrolles, 4 e édition,
Paris, 2013.
24
Alain Fernandez, Les nouveaux tableaux de bord des managers : le projet business intelligence clés en main,
Eyrolles, 23 mai 2013, 495 pages.
8
politique du personnel, puis en assure la mise en œuvre et l’évaluation au moyen d’objectifs et
d’indicateurs appropriés »25
Le pilotage stratégique des ressources humaines poursuit toujours une finalité précise qui est
ici les enjeux développementalistes.
A/ La notion d’enjeux
Selon le dictionnaire Larousse, un enjeu est ce que l'on peut gagner ou perdre dans une
entreprise ou une action quelconque. Les enjeux peuvent être de plusieurs natures ou non,
en fonction de l’action en présence. C’est le cas en matière de développement.
B/ La notion de développement
Il peut paraître trivial de poser la question de savoir ce qu’est le développement. Et pourtant,
sa définition ne va pas de soi. A l’heure de la mondialisation, et du développement durable,
ce débat est plus que jamais d’actualité26. Si pendant des décennies, le développement a été
conçu comme une « simple création annuelle de richesse monétaire – calculée le plus souvent
par le Produit Intérieur Brut (PIB)27 », aujourd’hui la notion est « réinterrogée dans ses
fondements, dans ses valeurs les plus profondes ».28. Dès la fin des années 1980, des indices
synthétiques alternatifs ont été proposés par un groupe d’experts, réunis sous l’égide du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il s’est agi d’abord de
l’Indice de Développement Humain (IDH). Le développement humain fait référence à trois
aspects perçus comme indispensables dans tout processus de développement : la capacité à
bénéficier d’une vie longue et saine (santé), la capacité d’accès à l’éducation et aux
connaissances (éducation) et la capacité d’accéder aux ressources matérielles indispensables
pour atteindre un niveau de vie décent (niveau de vie)29. Puis plus tard, de nouveaux
25
Yves Emery, François Gonin, Gérer les ressources humaines, Presses polytechniques universitaires et
romandes, 3e édition, 2010, p.496.
26
Le terme est inventé après la deuxième guerre mondiale mais n’a jamais fait l’unanimité. Aujourd’hui encore,
plusieurs courants de pensée en donnent différentes définitions.
27
Aurélien Boutard, Les indices synthétiques du PNUD en région Ile-de-France, Rapport MIPES, Conseil
régional Ile-de-France, IAURIF, mars 2007
28
Ibib.
29
Chacune de ces dimensions est appréhendée par un indicateur, deux dans le cas de l’éducation : l’espérance de
vie à la naissance ; le taux d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation ; le produit intérieur brut.
Ces indicateurs sont normalisés et ramenés à des indices dimensionnels compris entre 0 et 1. Ils sont ensuite
agrégés à l’aide d’une simple moyenne arithmétique. Un classement comparatif des différents pays du monde à
un instant donné est alors possible.
9
indicateurs synthétiques sur la pauvreté humaine ou encore la parité hommes-femmes ont été
créés.
Cette approche est confirmée par le dictionnaire Toupie. Selon ce dictionnaire, le
développement économique désigne les évolutions positives dans les changements structurels
d’une zone géographique ou d’une population : démographique, techniques, industriels,
sanitaires, culturels, sociaux… De tels changements engendrent l’enrichissement de la
population et l’amélioration des conditions de vie. C’est la raison pour laquelle le
développement économique est associé au progrès.
Dès lors, les enjeux pour le développement font référence à ce qui pourrait être gagné en
matière de croissance économique et d’amélioration sociale et humaine.
30
http://www.insee.fr/, consulté le 23 mars 2016.
31
Conseil d’Orientation des retraites, Les âges de départ à la retraite en France : évolutions et déterminants,
Actes du colloque, 2 décembre 2015.
10
B/ Le départ à la retraite
La notion de départ à la retraite est très présente dans la littérature des sciences sociales32.
Le départ à la retraite est une étape du parcours de vie des assurés. Il marque la fin normale de
la carrière du fonctionnaire et lui ouvre droit à une pension payée par le trésor public, ou toute
autre caisse de retraite dans les conditions fixées par voie réglementaire33. La retraite
intervient d’office lorsque le fonctionnaire est atteint par la limite d’âge, quelle que soit la
fonction administrative qu’il peut exercer en vertu d’un acte individuel ou collectif, sous
réserve des dispositions des statuts particuliers ou spéciaux. Elle peut également intervenir par
anticipation34.
Une confusion est souvent faite entre l’âge de départ à la retraite, c’est-à-dire l’âge de
liquidation des droits à la retraite, et l’âge de fin d’emploi ou d’activité, lié au marché du
travail. Il est aussi nécessaire de faire une distinction entre les âges effectifs de départ à la
retraite, indicateurs statistiques issus d’observations, des âges légaux de la retraite, qui font
référence à la règlementation des régimes des retraites : âge d’ouverture (ou d’admission) des
droits à la retraite35.
Le départ à la retraite peut être normal (on part à l’âge légal de fin d’activité) ou anticipé (on
part avant l’âge normal de cessation d’activité). Mais la loi peut également fixer un âge légal
de départ à la retraite anticipé. C’est le cas au Cameroun avec les agents publics.
32
Lire par exemple :
- Ngambo Fondjo Pierre Vincent, Retraite chez les fonctionnaires au Cameroun, Thèse de doctorat en sociologie,
Université de Yaoundé 1, 29juillet 2015 ;
- Linjoum Mbowou Moufo Djontu C. Nyeck C.R., 2011, « Retraites sans retraite comme stade ultime de la
précarisation et de l’informalisation généralisée des emplois au Cameroun », Cahier de l’IGAC n° 01 février
2011, 12p.
33
Article 123 al. 1 du Statut général de la fonction publique camerounaise
34
Article 123 al.2 Op. Cit.
35
En France, le vocabulaire en matière d’âge de départ en retraite est très riche et souvent confus, en raison de la
prégnance notamment du principe générationnel dans les règles de retraite.
11
A/ Les agents titulaires
Ce sont des agents caractérisés par la permanence de leur emploi et leur titularisation dans un
corps et un grade de la Fonction publique par le biais d’un concours. Ces agents publics, dits
« statutaires » car régis par un statut de droit public et non soumis à des contrats ou conven-
tions collectives, sont très diversifiés mais sont tous des agents titulaires de l’État (fonction-
naires de l’État proprement dits, magistrats, militaires, fonctionnaires de police, fonction-
naires des prisons)36.
Ce sont des agents recrutés sur titre, c’est-à-dire dans des conditions plus souples de recrute-
ment qui permettent de répondre rapidement à des besoins spécifiques. Il s’agit des contrac-
tuels recrutés par contrat (de la 7e à la 12e catégorie) et des décisionnaires recrutés par déci-
sion (de la 1ère à la 6e catégorie)37.
À l’intérieur de cet ensemble, on distingue les agents non-titulaires de droit public et les
agents non-titulaires de droit privé. En France, depuis l’arrêt Berkani du Tribunal des con-
flits du 25 mars 1996, « les personnels non statutaires travaillant pour le compte d’un service
public à caractère administratif sont des agents contractuels de droit public, quel que soit leur
emploi ». Les autres – par exemple, les agents des services publics industriels et commerciaux
(sauf exception), des caisses locales de Sécurité sociale – relèvent du droit privé.38
36
Si en France il y a trois versants de la fonction publique (la fonction publique d’Etat, la fonction publique
territoriale et la fonction publique hospitalière), au Cameroun, pour l’instant, il n’existe que la fonction publique
d’Etat. Les fonctionnaires peuvent ainsi être placés en détachement auprès des collectivités locales ou des
hôpitaux et autres établissements publics.
37
En France, il existe plusieurs régimes : agents auxiliaires, contractuels (en CDD ou CDI), vacataires (payés à
la vacation et souvent à temps partiel ex : médecin de dispensaire), intérimaires.
38
www.vie-publique.fr, consulté le 23 mars 2016.
12
CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE L’AGE LEGAL DE
DEPART A LA RETRAITE AU CAMEROUN
Comme dans la plupart des pays d’Afrique francophone, la retraite au Cameroun repose sur le
modèle bismarckien39 : les prestations octroyées par la sécurité sociale sont la contrepartie
octroyée par l’Etat, de la création de richesse dont celle-ci est redevable au travailleur. C’est
le principe d’assurance faisant recours à une proportionnalité importante entre les revenus
d’activité et les prestations de retraite octroyées. Il est caractérisé par les annuités à prestations
définies et la pension y est alors contributive et grandement liée à la carrière et à la
rémunération du travailleur40. Pour en bénéficier, il faut s’assujettir à 3 principales conditions
cumulatives : la condition de cotisation (il faut être à jour), la condition de durée de service
(au moins 15 ans) et la condition d’âge (légal) de départ.
Si la condition d’âge légal de départ à la retraite des travailleurs du secteur privé est claire et
sans équivoque (60 ans)41, celle des agents publics est confuse et fluctuante en fonction des
corps de métiers et des catégories professionnelles au sein de chaque corps, au point que la
situation a pu être qualifiée de « brouillage des âges à plusieurs vitesses »42.
En effet, l’âge légal de départ à la retraite des agents publics est régi par le statut général de la
fonction publique, les statuts spéciaux et dans un très rare cas par le statut particulier de
l’Education nationale43. Le décret du 8 mai 1992 fixe l’âge de départ à la retraite des agents
publics non titulaires (agents de l’Etat relevant du code du travail)44.
Contrairement au secteur privé, la mise en retraite des travailleurs du secteur public a un
caractère automatique. Une fois l’âge légal atteint, le Ministère en charge des finances
procède au paiement des pensions des agents publics45.
39
Florent Gbongue, Fréderic Planchet, Abderrahim Oulidi, Etat des lieux des systèmes de retraite en Afrique
subsaharienne francophone, 2015.
40
Le Cameroun a opté pour un système de retraite par « répartition » (les actifs paient pour les retraités qui ont
payés pour ceux qui les ont précédés).
41
Loi…de 1992 portant code du travail au Cameroun.
42
Ngambo Fondjo…Op Cit.
43
Juridiquement, le statut particulier est une simple déclinaison du Statut général dans les spécificités d’un
corps. Il ne saurait donc déroger aux règles du statut général dont il dépend en réalité.
44
Il a été modifié et complété par le décret n° 93/334 du 16 avril 1993 modifiant et complétant certaines
dispositions du décret n° 92/221 du 8 mai 1992 fixant l’âge d’admission à la retraite des agents de l’Etat
relevant du code du travail.
45
Le système de retraite au Cameroun a deux régimes distincts. Le régime du secteur public (les fonctionnaires
et assimilés) géré par le ministère en charge des finances et le régime du secteur privé (les travailleurs relevant
du code du travail) géré par la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Il existe depuis 2014, un 3e
régime dit « volontaire » pour les travailleurs du secteur informel géré également par la CNPS.
13
Il faut déterminer l’âge légal de départ à la retraite normale (section 1) avant de préciser l’âge
légal de départ à la retraite anticipée (section 2).
46
Arrêté n° 155/CAB/PR du 07 avril 1982 abrogeant l'arrêté n° 56/CAB/PR du 05 mars 1975 fixant les modalités
d'application de l'article 7 du décret n° 74/759 du 26 août 1974 portant organisation du régime des pensions
civiles. En France, suivant le décret n° 2009-1744 du 30 décembre 2009 pris pour l'application de l'article 1-3 de
la loi n° 84-834 du 13 septembre 1984 relative à la limite d'âge dans la fonction publique et le secteur public, la
limite d’âge de prolongation d’activité est fixée à 65 ans.
47
Article 124 al 1 du décret n° 94/199 du 07 octobre 1994 portant statut général de la fonction publique de
l’Etat, modifié et complété par le décret n°2000/287 du 12 octobre 2000
48
Article 72 du Décret n° 2000/359 du 05 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires des corps
de l’Education nationale.
14
B/ La situation des agents relevant du code du travail
L’organisation de l’âge légal de départ à la retraite de ces agents non titulaires, « les
travailleurs » est différente selon qu’il s’agisse des agents décisionnaires ou des agents
contractuels49.
1°) La magistrature
L’article 71 du statut spécial de la magistrature dispose que les magistrats hors hiérarchie et
du 4e grade vont à la retraite normale à 65 ans ; les magistrats du 3e grade à 60 ans et ceux de
2e et du 1er grade à 58 ans50.
49
Article 1er (nouveau) du décret n° 93/334 du 16 avril 1993 modifiant et complétant certaines dispositions du
décret n° 92/221 du 8 mai 1992 fixant l’âge d’admission à la retraite des agents de l’Etat relevant du code du
travail.
50
Article 71 du décret n°2004/080 du 13 avril 2004 modifiant les dispositions du décret n°95/048 du 08 mars
1995 portant statut spécial de la magistrature.
51
Article 72 al. 2 du décret n° 2011/020 du 04 février 2011 portant statut spécial des fonctionnaires des greffes.
15
B/ Le cas des statuts spéciaux des agents de défense et de sécurité
Il est question de présenter tour à tour le cas des militaires, des policiers et des gardiens de
prisons.
52
Article 63 al. 1 du décret 93/035 du 19 janvier 1993 portant statut spécial des personnels de l’enseignement
supérieur.
53
Article 36 al. 3 du décret n°2010/383 du 22 décembre 2010 modifiant certaines dispositions du décret n°
2001/219 du 06 août 2001 portant statut des personnels militaires non officiers des forces de défense ;
54
Article 56 al. 3 du décret n°2010/382 du 22 décembre 2010 modifiant certaines dispositions du décret n°
2001/188 du 25 juillet 2001 portant statut du corps des officiers d’actives des forces de défense.
55
Article 140 al. 2 du décret n° 2012/539 du 19 novembre 2012 portant statut spécial du corps des fonctionnaires
de la sureté nationale
56
Article 99 al. 1 du Décret n° 2010/365 du 29 novembre 2010 portant statut spécial du corps des fonctionnaires
de l’Administration pénitentiaire.
16
dispose à cet effet que « le fonctionnaire qui réunit au moins 15 ans d’ancienneté peut être
mis à la retraite par anticipation».
Ce qui n’est pas le cas pour les fonctionnaires des corps de l’Education nationale.
57
Décret n° 200/359 du 05 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de l’Education
nationale.
17
2EME PARTIE : ANALYSE DES ENJEUX
DEVELOPPEMENTALISTES DU RECUL DE L’AGE LEGAL DE
DEPART A LA RETRAIRE AU CAMEROUN
Selon des prévisions de la Banque Mondiale, d’ici 20 ans, l’Afrique en général, dont le
Cameroun, va connaître un vieillissement rapide de sa population du fait de l’allongement de
l’espérance de vie à la naissance, la baisse de la prévalence du SIDA et la forte baisse de la
fécondité58. Cette situation à laquelle s’ajoute la crise économique marquée par la chute du
prix des matières premières risque d’aggraver, si rien n’est fait, le déficit des régimes de
retraite, augmentant ainsi la pauvreté des populations. Les conséquences, à court ou long
terme, du vieillissement démographique seront entre autres, une forte décroissance du nombre
de personnes qui cotisent pour payer les retraites. Il faudra donc procéder à des réformes pour
réduire les déficits de retraites59, à défaut de les rendre excédentaires. Cela suppose de choisir
entre plusieurs options parmi lesquelles retarder l’âge de la retraite60. Mais s’il semble
évident que le pilotage stratégique de l’âge de la retraite chez les agents publics camerounais
produira d’énormes économies, il reste que le secteur social ne sera pas en reste, car elle
pourrait transformer le climat social au sein de la fonction publique, renforçant ainsi les
incitations à travailler, et par effet boule de neige se répercuter de nouveau sur l’économie.
La réflexion qui suit permet de montrer, sous le prisme de l’âge de départ à la retraite,
comment le pilotage stratégique des ressources humaines au sein de la fonction publique
camerounaise pourrait impacter positivement le développement dans le contexte du DSCE. Il
faut présenter l’impact économique et financier du recul de l’âge de départ à la retraite des
agents publics au Cameroun (Chapitre 1) avant de montrer ses enjeux sociaux (Chapitre 2).
58
Florent Gbongue, Fréderic Planchet, Abderrahim Oulidi, état des lieux des systèmes de retraite en Afrique
subsaharienne francophone, 2015.
59
Une première réforme vient d’être faite dans le secteur privé
60
Le rapport Roche estime qu’augmenter une nouvelle fois le taux des cotisations vieillesse, alors que la
compétitivité et l’emploi sont pénalisés depuis des années par un coût du travail trop élevé, serait
déraisonnable.
18
CHAPITRE 1 : ANALYSE DES ENJEUX ECONOMIQUES ET FINANCIERS DU
RECUL DE L’AGE LEGAL DE DEPART A LA RETRAITE
Le pilotage stratégique de l’âge de départ à la retraite des agents publics au Cameroun a un
important impact économique et financier. II faut voir quels sont les enjeux financiers
(Section 1) avant de présenter les enjeux économiques (Section 2).
61
Selon l’étude n°2008/051 du 24/04/2008 commandée par Conseil d’Orientation des retraites, et concernant
uniquement la CNAV, il a été montré que le passage de l’âge légal de 60 ans à 61 ans réduirait le déficit de la
CNAV de 2.7 milliard d’euros en 2020 et 2.2 milliards en 2050 ; de 60 ans à 61.5 ans, la réduction du déficit
serait de 4.4 milliards en 2020 et 3.9 milliards en 2050 ; de 60 ans à 62 ans, la réduction serait de 6.6 milliards en
2016 et 5.7 milliards en 2050.
62
Les réformes les plus récentes qui ont concernées le secteur public sont celles de 2003, 2010 et 2014. Voir
tableau en annexe.
63
Le Sénégal par exemple a procédé au recul de l’âge de départ de 55 ans à 60 ans depuis 2002, équilibrant ainsi
son déficit de pension. La Cote d’Ivoire a, en plus du relèvement du taux de cotisation recommandé par la
Banque mondiale, procédé à la même réforme en 2008 et à partir de 2016, les fonctionnaires vont à la retraite à
60 ans. Le Cameroun est ainsi l’un de rares pays en Afrique et dans le monde où l’âge limite de retraite des
agents publics est fixé à 50-55 ans. Lire à cet effet : Florent Gbongue,…Op.Cit.
64
Conseil d’Orientation des retraites (COR), Systèmes de retraite, évolutions démographiques et croissance
économique, Actes du colloque, 2 décembre 2014, p.123
19
car les préretraités auront une rallonge d’environ 5 à 10 ans si le recul est de 5 ans. Ce qui
augmentera le nombre des épargnants ainsi que la durée de cotisation. Ceci aura pour
conséquence d’équilibrer le régime des retraite s’il est déficitaire, voire de le rendre
excédentaire s’il est déjà équilibré65. Cela a été le cas notamment au Sénégal en 2002. En
Côte d’Ivoire la réforme de 2011 devrait produire ses effets bénéfiques en 2016. De
nombreux pays de l’OCDE ont adopté des réformes, notamment le recul de l’âge de la retraite
pour la viabilité à long terme de leur système de retraite mais davantage pour dégager des
économies plus importantes pour le budget de l’Etat66.
65
En France, La crise économique et financière de 2008-2009 a creusé des déficits dans des proportions sans
précédent mais les pouvoirs publics sont parvenus à les réduire progressivement grâce à l’apport de recettes
nouvelles et au recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans prévu par la loi de 2010. Une
autre réforme après celle de 2014 viserait à faire un nouveau recul à 62 ans et 5 mois en 2018, puis 62 ans
et 10 mois en 2019, avec l’ambition de parvenir à 64 ans en 2024.
66
Conseil d’Orientation des retraites,…Op. Cit, pages 129-130.
67
Jean-Pierre Plancade, rapport d’information au Sénat sur les conséquences macroéconomiques du
vieillissement démographique, 2000.
68
Selon cette théorie qui a pour auteur Franco MODIGLIANI, le prix Nobel d'Economie, les individus souhaitent
maintenir le niveau de leur consommation tout au long de leur âge adulte. Leur revenu évoluant en fonction de
leur âge, l'épargne, qui est le solde entre la consommation et le revenu, évoluerait également avec l'âge. Au début
de la vie active, lorsque le revenu est faible, les individus s'endettent (leur épargne est négative) ; par la suite, le
revenu croît jusqu'à dépasser le niveau de consommation souhaité, ce qui se traduit par une épargne positive ;
avec la retraite, le revenu décroît et les individus désépargnent à nouveau (en " consommant " leurs économies).
20
à long terme, cette épargne baisserait en raison de l'augmentation de la part des retraités. Ce
modèle " traditionnel " demeure cependant très contrasté par les études de terrain.
69
Jean-Pierre Plancarda Op. Cit, a souligner que l’observation de terrain permettait de constater un « grand écart
avec la théorie du cycle de vie. Il semble pouvoir en être autant au Cameroun.
70
Selon les calculs de Coe-Rexecode, seul un recul de l’âge effectif moyen de départ à la retraite aurait un
impact positif à moyen terme sur le PIB, sur l’emploi et sur le pouvoir d’achat des retraités et des salariés en
France. Supprimer le déficit du système de retraite par une hausse du taux de cotisation freinerait en revanche la
croissance et pénaliserait les ménages en amputant leur revenu disponible. De même, une baisse relative du
montant des pensions nettes aurait un impact un peu moindre mais toujours négatif sur l’économie.
71
Le plan d’urgence est le programme triennal d’investissement prioritaire au Cameroun. Il a fait l’objet d’un
appel aux financements à capitaux privés lors de la récente conférence internationale « investir au Cameroun,
terre d’attractivité » à Yaoundé le 17 mai 2016.
72
Patrick Villieu, Macroéconomie, consommation et épargne, La découverte, Paris, 2008.
21
B/ L’accroissement de la consommation par l’augmentation de la taille du revenu
distribuable
La consommation dépend principalement du pouvoir d’achat. Le recul de l’âge aura pour effet
d’améliorer le revenu des personnels avant (l’augmentation de la durée d’activité permettra
aux agents de gagner encore des avancements d’échelons) et après la retraite (l’augmentation
de la durée des cotisations va améliorer la pension des retraités). A défaut d’épargner, ceux-ci
vont augmenter leur consommation des biens et des services. Les économistes ont montré que
la consommation pourrait avoir un effet bénéfique pour l’économie73.
A/ La réduction du chômage
Selon Philippe François, la réduction du chômage par le levier du pilotage stratégique de l’âge
de la retraite est une question de bon sens et de logique76.
Il utilise un théorème à trois (03) entrées :
Ensuite au plan global, l’Etat se retrouve à payer un salarié en poste plus un retraité. Résultat :
s’il est question de plusieurs milliers ou millions d’agents, les cotisations sociales ou les
impôts augmentent pour payer ces milliers d’agents inactifs. D'où, perte de compétitivité et
augmentation du chômage ;
73
Lire à cet effet : Patrick Villieu, Macroéconomie, consommation et épargne, La découverte, 21 mars 1997.
74
Le retard de la retraite des seniors est communément perçu comme un obstacle au recrutement des plus jeunes,
d’où la haine antivieux souvent
75
Crée en mai 2000, le Conseil d’Orientation des retraites est une instance indépendante et pluraliste d’expertise
et de concertation. Composé de parlementaires, représentants d’organisations professionnelles et syndicales, de
membres de l’administration et des experts, il est administrativement placé auprès du Premier ministre. Il est
chargé de suivre et d’analyser les évolutions à moyen et long terme des régimes de retraite ainsi que la situation
des retraités. A cet effet, il formule des propositions dans ce domaine à travers les rapports qu’il rend publics.
76
Philippe François, Reculer l’âge de départ à la retraite : un levier contre le chômage, 29 avril 2013.
Lire aussi Arnaud Chéron, Que peut-on attendre d’une augmentation de l’âge de départ en retraite, EDHEC
Business School, juin 2008.
22
Enfin, sur le rôle professionnel du retraité, le retraité ne produit rien mais coûte cher à
l’organisation. Résultat : une retraite précoce précipitera ce déficit de production.
Pour vérifier cette théorie, l’auteur s’appuie sur une étude faite par l’INSEE qui a permis de
« minimiser ponctuellement les chiffres du chômage, confirmant que la retraite précoce de
centaines de milliers de jeunes seniors n'a eu aucun effet positif sur le taux de chômage »77.
Cette théorie est de nature à s’appliquer sans difficulté, à quelques nuances près, au pilotage
stratégique des ressources humaines de l’Etat au Cameroun.
77
Philippe François, Reculer l’âge de départ à la retraite : un levier contre le chômage, 29 avril 2013
78
Yaneu Betnga Eric, Gestion de la mobilité professionnelle et capitalisation d’expériences au Ministère de
l’Agriculture et du Développement Rural, mémoire de master professionnel en GRH, CRADAT, Yaoundé, 2014.
79
Bernard Martory…Op. Cit, p. 166-193.
80
Selon plusieurs auteurs, la performance dépend de la conjugaison entre l’efficacité, c’est-à-dire le rapport entre
les objectifs initiaux et leur réalisation, et l’efficience, c’est-à-dire le rapport entre les moyens et les réalisations.
81
Ce sont des indicateurs de qualité qui sont liés aux incidences de la politique sur l’attitude des salariés vis-à-
vis de l’organisation.
23
la performance sociale est « l’intensité avec laquelle chaque individu adhère aux propos et
aux moyens de l’organisation…ou comme le niveau de satisfaction atteint. »
En termes d’efficience sociale, il est question de rapporter le résultat obtenu aux moyens en
temps ou en coûts mis en œuvre pour l’obtenir. Cette efficience sociale est appréciée à travers
le rendement et la productivité physique et en valeur du travail82.
Ramenée à l’administration publique, comme ce fut le cas en France, le recul de l’âge de
départ à la retraite pourrait stimuler l’émulation et la motivation des agents publics et
multiplier la performance notamment à travers une bonne GPEEC (A) et une employabilité
rentable des préretraités (B).
Le recul de l’âge de départ à la retraite au Cameroun faciliterait une bonne GPEEC suivant au
moins deux axes.
82
Bernard Martory et Daniel Crozet, …Op Cip, p. 168-169, distinguent le rendement (performance en terme
technique, -productivité physique du travail par abus de langage-) qui est le rapport entre la production obtenue
et le temps consacré, de la productivité (performance en terme économique-productivité du travail en valeur-)
qui est le rapport entre la valeur de la production obtenue et le volume du travail mis en œuvre. Le premier
concept résulte de la logique de la gestion de production et le second fait référence au calcul économique ; et le
système des prix et des coûts s’interpose entre les deux.
83
Yaneu Betnga Eric, Gestion de la mobilité professionnelle et capitalisation d’expériences au Ministère de
l’Agriculture et du Développement Rural, mémoire de master professionnel en GRH, CRADAT, Yaoundé, 2014.
24
B/ La capitalisation des compétences des personnels
La question de la rentabilité des séniors a souvent fait débat au sein de la fonction publique.
Une étude réalisée par le Sénat en France84 a montré que le problème de la rentabilité des
seniors est un faux débat et est indémontrable. Il est cependant demandé au service de faire
preuve d’intelligibilité dans la gestion des ressources humaines des seniors et des plus
jeunes85. Cette gestion durable des compétences passe par la capitalisation de l’expérience des
uns et de la vigueur des autres dans la réalisation des objectifs du DSCE.
Par déduction de l’étude supra, il ressort que les seniors préretraités sont nantis de savoir-faire
et d’expérience que l’administration devrait pouvoir utiliser durablement. Il peut sembler
absurde aujourd’hui avec le relèvement du taux de longévité, particulièrement chez les
fonctionnaires, non seulement de les faire partir si tôt, à 50 et 60 ans. Cette situation est
encore déplorable lorsqu’il s’agit de certains types de personnels dont la rareté et la sensibilité
est notoire pour la fonction publique, et dont le niveau d’expertise est à son comble à l’âge de
55 ans. C’est, l’exemple des médecins, des ingénieurs et des chercheurs. C’est à cet âge que la
société a le plus besoin d’eux. Une excellente étude de Ngambo Fondjo Pierre Vincent (2015)
a d’ailleurs relevé cette incongruité.86 Même s’il est vrai que ces derniers ont la possibilité
d’une reconversion après leur départ, il reste que l’administration publique en supporte le
coût.
L’adage populaire le dit si bien, « si jeunesse savait, vieillesse pouvait ». Les seniors de 55
ans sont suffisamment expérimentés et motivés pour continuer à servir. Quant aux « seniors
de 50 ans et plus » sont encore suffisamment vigoureux pour servir. Il est en effet paradoxal
de constater que le Cameroun est l’un des rares pays au monde où l’’âge légal de départ à la
retraite est à 50 ans pour une grande part des fonctionnaires.87 Si à l’âge de 50 ans l’agent
84
Le rapport d’information Jean-Pierre Plancarda, montre que le problème de la rentabilité des séniors ne pose
aucun problème. Voir infra.
85
Selon le Rapport au Sénat de Jean Pierre Placide, sur les conséquences macroéconomiques du vieillissement
démographique, 1999, l'analyse conduite par l'OCDE sur le lien entre vieillissement et productivité, a montré
que le remplacement de travailleurs âgés par des jeunes moins expérimentés au moment du départ à la retraite
des générations du baby boom pourrait entraîner une chute de la productivité, mais qu'elle serait compensée en
même temps par l'élévation du niveau de qualification des nouveaux salariés27.
86
Ngambo Fondjo Pierre-Vincent, Retraite chez les fonctionnaires au Cameroun, Thèse de doctorat en
sociologie, Université de Yaoundé 1, 29 juillet 2015.
87
Voir supra.
25
perçoit une pension, c’est bien au détriment de l’Etat qui se prive d’une ressource 10 ans plus
tôt, car forcement cet agent sera recruté dans le secteur privé au regard de son expérience et
de sa vigueur. Ce qui fait qu’il sera doublement « rémunéré », et pendant longtemps, compte
tenu du relèvement de l’espérance de vie88.
88
Lire à cet effet : Yaneu Betnga Eric, Op. Cit.
89
Il s’agit de la formation continue qui a pour but le développement des compétences des agents pour accroître la
performance de l’Etat. Le budget de l’Etat du Cameroun prévoit chaque année un important volume des
ressources sur la ligne budgétaire des formations des agents publics de chaque ministère et autres. Le régime de
la formation continue des fonctionnaires comprend les renforcements de capacités et les stages de formations
ou de spécialisation à l’étranger. Le budget consacré à ces formations est en constante augmentation chaque
année.
90
Yves Emery, François Gonin, Gérer les ressources humaines, Op Cit.
26
CHAPITRE 2 : ANALYSE DES ENJEUX SOCIAUX DU RECUL DE L’AGE LEGAL
DE DEPART A LA RETRAITE AU CAMEROUN
Au Cameroun, la question des départs à la retraite des agents publics se pose davantage en
termes d’équité, de dialogue social et de vulnérabilité des seniors. Le principal défi est de
faire en sorte qu’un plus grand nombre d’agents publics bénéficie de pension sociale dans un
esprit de justice sociale. Le recul de l’âge de départ à la retraite pourrait ainsi améliorer le
dialogue et l’équilibre social (section 1) ainsi que le développement humain (section 2).
91
Jacques Gounon, Hubert Landier, Dialogue social : l’âge de raison. Faire du dialogue social un levier de la
performance, Institut de l’entreprise, Policy Paper, mars 2013.
92
http://www.vedura.fr/social/, consulté le 27/05/2016.
27
A/ La diminution des conflits inter-corporatistes
Une excellente étude sur la perception de la retraite au Cameroun a démontré que les
différences des âges de départ à la retraite (« brouillage des âges à plusieurs vitesses ») au sein
de la fonction publique camerounaise est parfois à l’origine de certains conflits entre
différents corps de fonctionnaires. Ceux qui partent plus tard, notamment les magistrats, les
enseignants du supérieur, les greffiers, les policiers, administration pénitentiaire, se sentent
supérieurs à ceux qui partent plus tôt, considérés comme « basses classes professionnelles ».93
Le recul et l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour tous les agents civils
pourraient apaiser les conflits, patents ou latents, en permettant une bonne collaboration
interprofessionnelle, source de compétitivité. La réforme des statuts des personnels de l’armée
en 2010 poursuivait notamment ces objectifs94.
93
Ngambo Fondjo, Op cit.
94
L’harmonisation des âges de départ à la retraite des personnels non-officiers et des officiers subalternes de la
gendarmerie nationale et des armées a corrigé une « injustice de l'histoire ». En effet, les anciennes dispositions
charriaient questionnements et indignation au sein d'un même corps. Ainsi, les gendarmes, en charge du maintien
de l'ordre mais qui subissent les mêmes formations que leurs camarades de l'armée de terre ou de l'air,
bénéficiaient-ils d'une rallonge professionnelle conséquente par rapport aux forces spécialisées. Exemple : un
adjudant-chef major était appelé à faire valoir ses droits à la retraite à 55 ans alors que son collègue de l'armée
l'était à 51 ans. Ou encore le sous-lieutenant de gendarmerie, qui quittait jusque-là les drapeaux à 54 ans là où
son camarade de l'armée partait à 51 ans.
95
Jacques Gounon, Op. Cit.
96
C’est principalement le cas de la centrale syndicale du secteur public au Cameroun conduite par Jean Marc
BIKOLO, dans un environnement encore difficile au syndicalisme public.
97
Alain Blaise Batongue, Fonction publique : De la retraite dans la haute magistrature, Mutations, Yaoundé, 12
juin 2012 ; Jean Bruno Tagne, Retraite, comme l’épée de Damoclès, Le Jour, www.camer.be, consulté le
06/05/2016 ; Georges Dougueli, La retraite ? Jamais ! Jeune Afrique, 02 juillet 2010 ;
www.rjcpatriote.centerblog.net, consulté le 06/05/2016.
28
Au total, il ressort que le recul de l’âge de la retraite renforcerait le dialogue social. Ceci
améliorera la cohésion, la performance et la compétitivité au sein de l’administration
publique, en favorisant l’implication profonde des fonctionnaires et leur compréhension des
objectifs poursuivis par le DSCE.
98
Hille Gosejacob-Rolf, présentation sur le Colloque « Pour un nouvel équilibre social dans un monde
inéquitable, », Munich, 30 juillet-3 août 2006.
99
Ngambo Fondjo, Op. Cit.
100
Sagner A., Mtati R., 1999, « The politics of pension sharing in urban South Africa », Ageing and Society, vol
19, no 4, pp 393-416.
29
B/ L’amélioration de l’équilibre entre Corps
Le recul et l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans des agents publics auraient
des effets bénéfiques sur l’équité sociale au sein de la communauté des fonctionnaires, car les
frustrations liées à cette question s’estomperont grâce au bien-être retrouvé. En réalité, le
bien-être va delà du confort matériel et financier. Elle est évaluée en terme de qualité de vie,
de ressenti psychologique. L’équilibre entre les Corps repose sur les principes fondamentaux
de droits de l’homme et de libertés individuelles. Elle a pour principe l’équité et la solidarité
entre les Corps de la fonction publique.
101
Voir supra le titre : « La notion de développement ».
102
Ngambo Fondjo, Op. Cit. ; Linjoum Mbowou Moufo Djontu C. Nyeck C.R., 2011, « Retraites sans
retraite comme stade ultime de la précarisation et de l’informalisation généralisée des emplois au Cameroun »,
Cahier de l’IGAC n° 01 février 2011, 12p.
30
économiques, créer des richesses et des emplois à travers la promotion des petites unités de
production - fermes, élevage, etc.- (Motaze, Interview jeune Afrique)103 ».
Les pensions retraite des agents publics ont également un effet redistributif au sein des
ménages (Le Roux, 1995)104. Cela est tout autant vrai que les agents publics au Cameroun
constituent la grande part des retraités du pays. En Afrique du Sud, les pensions ont eu un
effet particulièrement positif sur le statut nutritionnel des filles, dans les ménages
bénéficiaires, ces dernières mesurent en moyenne 3 à 4 centimètres de plus que les filles des
ménages qui n’en bénéficient pas105. Les travaux menés par Case et Deaton (1998) ont par
ailleurs révélé que l’incidence de ces pensions ne se fait pas seulement ressentir dans les
ménages dans lesquels vivent des enfants mais aussi dans les ménages pauvres.
108
Le droit à la santé est bien prévu par le statut général de la fonction publique, c’est sa mise en œuvre qui reste
difficile. Cf Art 31 du texte susvisé et décret n° 2000/692/PM du 13/09/2000 quant à ses modalités d’exercice.
109
Sagner A., Mtati R.,1999, « The politics of pension sharing in urban South Africa », Ageing and Society, vol
19, no 4, pp 393-416.
32
CONCLUSION GENERALE
La question qui a fait l’objet de notre étude portant sur « les enjeux stratégiques des
ressources humaines pour le développement au Cameroun : cas de l’âge légal de départ à la
retraite des agents publics » est, plus simple à formuler qu’à résoudre : quel est l’impact
stratégique d’un éventuel recul de l’âge légal de départ à la retraite des agents publics sur le
développement du Cameroun, dans un contexte marqué par la mise en œuvre de la vision
nationale matérialisée par le DSCE ?
A la lumière des dispositifs et scénarios utilisés pour le pilotage de la fin de carrière des
agents publics dans les pays de l’OCDE où le départ culmine à plus de 67 ans et bientôt 70
ans110 , ainsi que dans de nombreux pays africains qui sont passés il y a plusieurs années à 60
ans111, l’hypothèse de recherche a été vérifiée tour à tour sur le plan économique et financier
et sur le plan social et socio-professionnel.
Il en ressort que le relèvement des bornes d’âge de la retraite devrait permettre d’économiser
plusieurs milliards de FCFA. L’essentiel de cette cagnotte mobilisable immédiatement
provient de la réduction des dépenses des pensions à verser aux agents et de l’épargne des
actifs qui pourrait aussi être mobilisé. Une véritable bouffée d’oxygène pour le financement
de la consommation des ménages mais surtout des investissements tel que le « Plan
d’urgence » et pour l’incitation des agents à travailler. Il devrait ainsi permettre de renforcer
la productivité et le rendement des services à travers la capitalisation durable des compétences
des préretraités, source de réduction du chômage et de création d’emplois dans de nombreux
secteurs de l’économie, ainsi que la facilitation de la gestion prévisionnelle des RH. Mais à
long terme, ce relèvement devrait se traduire par une hausse moyenne de la pension,
notamment due aux salaires qui s’amélioreront par le biais des avancements d’échelon et de la
durée des cotisations112.
Le relèvement des bornes d’âge de la retraite devrait également favoriser une mutation sociale
et socioprofessionnelle profonde en termes de dialogue social entre les différents corps de la
Fonction publique d’une part et entre les syndicats des fonctionnaires et l’Etat d’autre part. Il
permettra enfin d’améliorer le développement humain à travers la dé-précarisation des
retraités par le biais de l’augmentation de leur pouvoir d’achat, la diminution de leur
110
Selon l’OCDE (2015), l’âge légal de départ à la retraite a nettement augmenté, 67 ans devenant la norme dans
de nombreux pays. Certains, comme le Danemark, l’Irlande, l’Italie, la République tchèque et le Royaume-Uni,
prévoient même de le repousser jusqu’à 70 ans.
111
Les négociations ont abouties dans la plupart des pays de l’UEMOA en 2004-2005 (Sénégal 2002, Côte
d’Ivoire 2008), du Maghreb, d’Afrique Australe et d’Afrique centrale (Congo 2011).
112
Mise sur la balance de la théorie des avantages comparatifs, cette augmentation à long terme est à minimiser
par rapport aux gains à obtenir par la mesure du recul de l’âge.
33
dépendance et le soutien à la santé et à la parenté tardive des préretraités. Il constitue ainsi une
réponse aux effets pervers de la « retraititude113 » des agents publics et un instrument de
pilotage de la performance au sein de la Fonction publique.
Le dire de la sorte donne l’impression d’avoir éludé l’épine dorsale, la fâcheuse et
passionnante question du chômage des jeunes. Que non ! Le pilotage social des RH114 n’est ni
une apologie du juvenisme, ni une apologie aux seniors, mais un instrument de la
performance. Cela peut paraître paradoxal mais l’observation montre bien que les pays
étrangers où l'âge légal de départ en retraite est plus élevé ont aussi moins de chômeurs115.
En réalité, un pays ne s’aurait s'enrichir ou rechercher l’émergence en se privant d'une partie
de ses ressources (le capital humain) précocement, d’où l’idée d’un pilotage stratégique des
ressources humaines qui place les agents au cœur de la vision du DSCE, car aucune
performance ne peut être atteinte sans ressources humaines.
113
Ngambo Fondjo Pierre-Vincent, Retraite chez les fonctionnaires au Cameroun, Thèse de doctorat en
sociologie, Université de Yaoundé I, 29 juillet 2015. L’auteur est l’actuel Secrétaire général du MINFOPRA, et
Vice-président pour l’Afrique Centrale de l’Association Africaine pour l’administration publique et le
management (AAAPM). Selon ce dernier, le départ à la retraite des fonctionnaires (hauts cadres ou simples
employés subalternes) est perçue par l'écrasante majorité d’entre eux comme une sanction, et ceux-ci font tout
pour obtenir des prorogations à la limite de ce que prévoit la loi. Le référentiel identitaire de la retraite au
Cameroun étant une « retraite-effondrement », « retraite-repliement », « retraite-réanimation » et « retraite-
épanouissement (dans de rares ces) ». Elle est une véritable exclusion qu’il qualifie de « guillotine
institutionnelle ».
114
Bernard Martory, Daniel Crozet, Gestion des ressources humaines. Pilotage social et performances, 7e édition,
Dunod, Paris, 2008, 317 pages.
115
Philippe François, Reculer l’âge de départ à la retraite : un levier contre le chômage, 29 avril 2013.
116
Il faut observer que la réforme de 2010 des statuts des personnels des forces de défense a procédé à
l'harmonisation des âges de départ à la retraite des personnels non-officiers et des officiers subalternes de la
gendarmerie nationale et des armées, corrigeant ainsi une injustice et une insécurité au sein des armées.
117
La décision du départ à 50 et 55 ans avait été prise il y a quelques années non seulement sur la base des
données démographiques, mais aussi pour permettre à l'Etat de faire des économies sur les salaires des
fonctionnaires. Elle a montré plus tard de nombreuses limites. Surtout lorsque l'Etat, contraint par les
conditionnalités des PAS, a été obligé de geler les recrutements dans la Fonction publique.
118
Batongue Alain Blaise, Fonction publique : de la retraite dans la haute magistrature, Mutations, Yaoundé le
12 juin 2009.
34
renforcer la sécurité institutionnelle et produire des effets bénéfiques sur l'efficacité de notre
administration publique ainsi que sur la stabilité de nos institutions. Elle serait l’expression
manifeste des propos du Président Paul Biya qui affirmait : « La retraite n’est pas une
sanction, c’est l’aboutissement normal d’une carrière passée au service de l’Etat. Elle
correspond à une aspiration légitime au repos119 » car, elle permettrait de passer de la retraite
mort sociale à la retraite solidaire.
119
Biya Paul, Discours prononcé à l’Assemblée nationale le 20 juin 1987.
35
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84-834 du 13 septembre 1984 relative à la limite d'âge dans la fonction publique et le secteur
public en France ;
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de la sureté nationale ;
-
Arrêté n° 155/CAB/PR du 07 avril 1982 abrogeant l'arrêté n° 56/CAB/PR du 05 mars 1975
fixant les modalités d'application de l'article 7 du décret n° 74/759 du 26 août 1974 portant
organisation du régime des pensions civiles ;
5) Presse
6) Informatique documentaire
Dédicace………………………………………………………………………………………..i
Remerciements………………………………………………………………………………..ii
Sommaire……………………………………………………………………………………..iii
INTRODUCTION GENERALE…………………………………………………………….1