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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 19-2900

19-2900

Maladie thromboembolique des voyages


aériens
F Chleir
J Emmerich
Résumé. – La maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est une pathologie fréquente (incidence 1,8
pour mille), dont les facteurs de risque acquis sont dominés par la stase veineuse favorisée par
l’alitement ou la position assise prolongée, comme cela est fréquent lors de longs voyages. L’attention a
été récemment portée sur le risque de thrombose veineuse profonde lié aux voyages, et plus
particulièrement sur les voyages en avion. Si cela fait presque 50 ans que l’association entre voyage et
thrombose veineuse a été rapportée, on ne dispose pas encore de certitudes formelles sur le poids réel des
voyages en tant que facteur de risque de la MTEV. La maladie thromboembolique dont la
symptomatologie facétieuse et souvent trompeuse pour le clinicien, est identifiée par l’échodoppler et
éliminée par les D-dimères. Le traitement en est parfaitement codifié, en dehors de sa durée qui reste à
évaluer. La prévention primaire dans le risque faible est habituelle, elle repose sur l’association de la
contention, de l’hydratation et de la mobilisation. La prévention primaire des sujets à haut risque ainsi
que la prophylaxie des récidives pourraient reposer sur un traitement par héparines de bas poids
moléculaire (HBPM) à dose préventive, mais cette attitude n’est pas clairement codifiée au vu des études
récentes.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire, voyages aériens.

Introduction la fréquence de la maladie thromboembolique veineuse est plus


élevée, car de nombreuses MTEV passent inaperçues. Ceci rend la
La thrombose veineuse profonde (TVP) est une affection redoutée tâche encore plus difficile quand il s’agit de connaître avec
par les médecins et les chirurgiens, et redoutable par sa précision l’incidence du voyage aérien sur la fréquence de la
complication parfois mortelle : l’embolie pulmonaire. Son maladie thromboembolique [16, 33] . Le problème est devenu
polymorphisme ne permet pas de faire le diagnostic par le simple d’actualité en raison de l’augmentation du trafic aérien mondial,
examen clinique, qui a une spécificité de 50 % et une sensibilité qui est passé de 534 millions de passagers en 1975 à 1 milliard
équivalente. Les mécanismes de formation d’un thrombus ont été 666 millions en 1998 ; plus de 106 millions de passagers ont pris
décrits par Virchow au XIXe siècle, et la plupart des facteurs l’avion en France en 1998 et 69 millions ont transité par les
favorisant sa survenue semblait avoir été identifiée. En 1946, aéroports de Paris, avec une capacité d’accueil prévue de 80 à
Homans [20] révèle pour la première fois l’existence d’une TVP
90 millions pour la fin de cette décennie. La moyenne des distances
après un long voyage en avion (14 heures entre Boston et le
parcourues était de 2 583 km pour l’année 1999 [11, 12]. Dans une
Venezuela). Il existe à ce jour une quarantaine de publications
étude rétrospective avec cas-témoins sur 160 patients avec maladie
sérieuses sur ce sujet [5, 25]. Le voyage aérien est certainement un
thromboembolique hospitalisés dans un service de cardiologie qui
facteur thrombogène, mais il faut savoir si la fréquence de cette
furent appariés à 160 patients hospitalisés pour douleur thoracique,
pathologie est augmentée de manière significative lors des vols de
longue durée, par rapport au risque « naturel » de TVP [28]. Dans ce hypertension ou syncope, Emile Ferrari [14, 15] a montré qu’un
cas, il serait nécessaire d’identifier une population à risque, afin de voyage de plus de 4 heures était retrouvé chez 25 % des cas et chez
mettre en place une prévention adaptée, une stratégie diagnostique seulement 7,5 % des témoins (odds ratio [OR] : 3,98 ; intervalle de
et une éventuelle prophylaxie dans cette situation. confiance [IC] 95 % : 1,9 - 8,4). Sur les 39 voyages associés aux
thromboses, 28 étaient effectués en voiture, 9 en avion et 2 en train.
Aucune spécificité topographique des thromboses considérées
Épidémiologie comme liées aux voyages n’était mise en évidence. Roderik
L’incidence de la maladie thromboembolique est comprise entre 1 Kraaijenhagen [22] a réalisé une étude cas-contrôle sur 1 911 patients
et 2 % aux États-Unis et en Europe. L’embolie pulmonaire serait la examinés pour recherche de maladie thromboembolique, 32
troisième cause de mortalité en France [10]. On s’accorde à dire que avaient une TVP, alors que 104 patients avaient effectué un long
voyage en avion dans les jours précédents avec un OR de TVP
liées aux voyages aériens à 0,98. Pour cette équipe, il n’existe pas
Franck Chleir : Médecin vasculaire.
d’augmentation du risque. Néanmoins, Harry Buhler, de la même
Hôpital Européen Georges Pompidou, service du professeur Fiessinger, et hôpital Américain de Paris, 63, équipe, retrouve une augmentation du risque de TVP lorsque les
boulevard Victor-Hugo, BP 109, 92200 Neuilly-sur-Seine cedex, France.
Joseph Emmerich : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
voyages durent plus de 10 heures. Frédéric Lapostolle a montré
Hôpital Européen Georges Pompidou et Inserm unité 428, 75908 Paris cedex 15, France. que plus le voyage en avion est long, plus le risque d’embolie

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chleir F et Emmerich J. Maladie thromboembolique des voyages aériens. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Angéiologie, 19-2900, 2003, 4 p.
19-2900 Maladie thromboembolique des voyages aériens Angéiologie

pulmonaire sévère augmente. Les études Lonflit 1, 2 et 3 de Gianni


Belcaro [2] ont montré que les voyages aériens au long cours sont Tableau I. – Pression en oxygène selon l’altitude de l’avion.
associés à une haute incidence de TVP. Bo Eklof [7, 8] et Patrick Pression relative en O2
Pression correspondante
Kesteven concluent dans le même sens. Dans une autre étude, qui Altitude réelle
dans la cabine
dans le sang artériel
portait spécifiquement sur les voyages en avion, 61 décès furent (mmHg)
observés en 3 ans à l’aéroport d’Heathrow, dont 11 dus à une Niveau de la mer 0 mètre 98 mmHg
embolie pulmonaire. Si l’on considère que le trafic de Londres est 10 000 mètres 1 650 mètres 72 mmHg
du même ordre de grandeur que celui de Paris (70 millions de
voyageurs par an), sachant que l’incidence annuelle dans la 14 000 mètres 2 500 mètres 55 mmHg
population générale de la maladie thromboembolique est de 1 pour
1 000 sujets et que sa mortalité est de 2 %, et en rapportant le tout TVP pendant les vols de nuit par rapport aux vols de jour. Le
à une journée de présence dans l’aéroport, on calcule aisément ralentissement des vitesses circulatoires dans les veines des
qu’une telle concentration humaine génère obligatoirement (en membres inférieurs est encore majoré par la position des jambes
dehors de toute prédisposition aux phlébites) près de 200 qui sont fléchies, entraînant une plicature des veines poplitées
thromboses veineuses dont quatre décès chaque année. On ne peut associée à une compression des veines jumelles par le bord
donc pas affirmer, à l’heure actuelle, que le syndrome de la classe antérieur du siège [34].
économique ait une quelconque réalité autre que
circonstancielle [18]. Enfin, l’Organisation mondiale de la santé ¶ Diminution de la pression locale
(OMS) a réuni un groupe d’experts les 12 et 13 mars 2001 à Genève
sous la coordination de Shandi Mendis, cardiologue. Le rapport La diminution de la pression locale a deux incidences : une
d’experts concluait qu’il existe probablement une association entre diminution de la contre-pression extérieure s’exerçant sur les
voyage aérien et thrombose, cette association semble être faible, et mollets, et une hypoxie relative par baisse de pression partielle en
affecte surtout des passagers présentant des facteurs de risque oxygène (tableau I). La diminution de la pression dans la cabine
additionnels pour la maladie thromboembolique. Elle peut exister favoriserait l’œdème par extravasation de liquide vers le milieu
avec d’autres formes de voyage. Les données actuelles ne interstitiel, selon la loi de Starling. Cet œdème interstitiel provoque
permettent pas une estimation précise du risque, aussi les un captage d’eau majorant la déshydratation et augmente donc le
recommandations ne peuvent être que faibles. Les différentes risque de TVP [24]. La diminution de la pression a également pour
études faites au sujet du risque lié au voyage aérien montrent conséquence une vasodilatation des veines des membres inférieurs,
toutes, sauf une, qu’il existe une majoration de ce risque, et ceci est favorisant un ralentissement des vitesses circulatoires et donc
d’autant plus vrai que le voyage est long. L’estimation actuelle du majorant la stase. Quant à l’hypoxie relative, elle est liée à une
risque de présenter une maladie thromboembolique lié aux diminution de la pression globale avec une concentration en
voyages aériens est, pour les TVP symptomatiques, de 0,0014 % oxygène identique, ce qui entraîne une baisse de la pression
chez tous patients, de 0,004 % chez les patients de plus de 40 ans, relative en oxygène. Cette baisse relative d’oxygène provoquerait
et pour une TVP asymptomatique de 0,01 % selon Lord. une diminution de l’activité fibrinolytique de la cellule
endothéliale, une libération de facteurs de relaxation dérivés de
l’endothélium par les radicaux libres qui a pour effet une dilatation
Physiopathologie et facteurs de risque veineuse avec ralentissement des flux veineux, majorant la stase et
augmentant le risque de TVP [3, 23].
Les mécanismes favorisant la survenue d’une thrombose ont été
parfaitement décrits par Virchow, et ils n’ont guère varié depuis. Il ¶ Déshydratation
s’agit de l’association, à des degrés divers : d’une stase veineuse,
de lésions pariétales et d’un trouble de la coagulation. C’est Elle est essentiellement liée à la faible humidité de l’air ambiant
l’existence d’un ou de plusieurs de ces facteurs qui est à l’origine (8-12 %), à la charge des systèmes de climatisation qui
de la formation d’un thrombus. Nous avons distingué de façon naturellement assèchent l’air et extraient de l’air extérieur qui est
arbitraire les facteurs de risque liés au patient des facteurs de dessaturé en eau. Cette déshydratation est majorée par l’effet
risque liés au voyage aérien. « diurétique » de l’alcool souvent consommé pendant les vols. De
plus, l’œdème lié à la diminution de pression attire l’eau en dehors
FACTEURS DE RISQUE LIÉS AU PATIENT (ENDOGÈNE) des vaisseaux, augmentant de manière conséquente
l’hémoconcentration, facteur de TVP.
Parmi les facteurs cliniques, on retrouve : l’âge, l’obésité, les Il existe de nombreux facteurs qui pendant un vol favorisent la
varices, les immobilisations prolongées, les antécédents personnels survenue d’une TVP. Ces facteurs agissent principalement et de façon
de maladie thromboembolique, la grossesse ou le post partum, des concomitante sur deux éléments de la triade de Virchow : la stase et
antécédents récents de chirurgie, un cancer évolutif, une l’hypercoagulabilité avec un phénomène de majoration réciproque.
insuffisance cardiaque, une insuffisance respiratoire, la prise
d’œstrogènes surtout lorsqu’elle est liée à un tabagisme.
Parmi les facteurs biologiques, on retrouve : une diminution de l’AT Sémiologie
III, de la protéine S ou de la protéine C [32], une résistance à la protéine
C activée, une mutation du facteur V, du facteur II, une augmentation
La symptomatologie clinique évocatrice est habituelle [35, 36]. Elle
du facteur VIII, la présence d’anticorps antiphospholipides,
peut se manifester durant le vol, à l’atterrissage ou les jours qui
d’anticoagulants circulants, une hyperhomocystéinémie, un
suivent le vol [19, 21]. En cas de suspicion de MTEV, le diagnostic
syndrome myéloprolifératif.
sera éliminé par le dosage des D-dimères ou sera confirmé grâce à
l’échodoppler [9, 27, 30] (fig 1).
FACTEURS DE RISQUE LIÉS AU VOYAGE AÉRIEN

¶ Immobilisation prolongée
Traitements
L’immobilisation prolongée est un facteur thrombogène habituel
et connu, mais sur des périodes plus longues. Pendant un vol, le PRÉVENTION PRIMAIRE
risque est majoré par la prise de somnifères qui limiteraient la
mobilisation passive et inconsciente qui existe lors d’un sommeil Elle repose sur les mesures d’hygiène : éviter l’immobilisation
« naturel ». Ceci expliquerait la plus grande fréquence relative des prolongée et la déshydratation. Durant le vol, il faut se mobiliser

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Angéiologie Maladie thromboembolique des voyages aériens 19-2900

Suspicion clinique de TVP Tableau III.


Probabilité clinique Antécédents de thrombose en avion 5 Cancer évolutif 5
Troubles de l’hémostase 5 Antécédents de TVP 4
Chirurgie récente 4 Durée du vol > à 10 heures 4
Faible à moyenne Forte Œdèmes des membres inférieurs 3 Varices 3
Œstroprogestatifs 2 THS 2
Dosage de D-dimères Écho-doppler
Durée 4-10 h 2 Grossesse 2
Surcharge pondérale 2 Âge supérieur à 70 ans 1
D-dimères < 500 µg/L D-dimères > 500 µg/L Négatif Positif
Durée du vol < 4 h 1
Pas de Trt Écho-doppler Écho-doppler Traitement À partir du total de ce score, on définit trois groupes de population : 0-3 : risque faible ; 4-6 : risque moyen ; > 6 :
risque élevé.
Négatif Positif Négatif Positif THS : traitement hormonal substitutif.

Pas de Trt Traitement Phlébographie Traitement traitement [2]. Le traitement préventif par HBPM doit être réservé à
une catégorie à risque élevé [5, 26] (tableau III).
Négatif Positif

TRAITEMENT DE LA TVP CONSTITUÉE


Pas de Trt Traitement

1 Stratégie diagnostique dans la thrombose veineuse profonde (TVP). Trt : traite- Il a pour but d’éviter l’extension du caillot, d’améliorer la
ment. symptomatologie et d’éviter les récidives. Il repose essentiellement
sur un traitement anticoagulant associé à une contention. Le
traitement peut être débuté, en l’absence de contre-indication, dès
Tableau II. – Note de la Direction générale de l’Aviation civile. la suspicion de TVP, en attendant la confirmation ou l’élimination
du diagnostic. Pour le reste, il s’agit du traitement habituel de la
Ces dernières années, les progrès du transport aérien ayant permis de multiplier
les vols sans escales avec des durées de 8 à 15 heures, on note une nette recrudes- TVP [17, 29].
cence de phlébites et d’embolies pulmonaires qui peuvent apparaître immédiate-
ment ou dans les trois jours qui suivent le retour. Le médecin doit désormais
recommander à ses patients effectuant des vols sans escales d’une durée de 8 à
15 heures la triade classique :
Diagnostic étiologique
- lutter contre l’hémoconcentration :
Le voyage en avion, aussi long soit-il, ne peut expliquer à lui seul
- par une hydratation importante au cours d’un vol long-courrier - boire un
litre d’eau toutes les 6 heures de vol la survenue d’une TVP. Il s’agit plus vraisemblablement d’un
- l’alcool est à consommer avec modération événement favorisant plus que d’une cause de TVP. Un bilan
- lutter contre la stase veineuse par une relative mobilisation à bord : étiologique doit donc être fait après toute thrombose survenue lors
- soit en se déplaçant de temps en temps dans l’avion d’un vol. Les deux grandes orientations sont l’existence d’un
- soit en effectuant des mouvements des articulations tibiotarsiennes, de dorsi-
flexion ou de contractions isométriques des membres inférieurs
cancer méconnu ou une thrombophilie. La recherche d’un cancer
- lutter contre le ralentissement circulatoire en évitant la compression des mem- sera faite en fonction du sexe, de l’âge, de risques familiaux et de
bres inférieurs : facteurs de risques personnels. Le bilan de l’hémostase sera axé
- porter des vêtements amples sur un dosage de l’AT III, de la protéine S et C, d’une mutation des
- éviter de croiser les jambes au cours du vol facteurs V et II, d’une recherche des anticorps antiphospholipides
- le médecin peut également prescrire :
et d’anticoagulants circulants. Dans tous les cas, le voyage aérien
- des thérapeutiques préventives, telles que phlébotoniques, port de bas de
contention ne peut être la seule cause retenue expliquant la survenue d’une
- une héparine de faible poids moléculaire en cas d’antécédents d’embolie TVP, et il faudra avoir à l’esprit que même si aucune anomalie n’a
pulmonaire été décelée, il en existe probablement une, non identifiée à ce jour.

toutes les deux heures, éviter de prendre des somnifères qui Conclusion
facilitent le strict décubitus, éviter la prise d’alcool qui favorise la
déshydratation, et boire de l’eau régulièrement. Plusieurs études Le risque relatif de maladie thromboembolique lors d’un voyage aérien
ont démontré qu’il existait une amélioration du confort [4], une est faible, mais l’augmentation rapide du nombre de passagers
diminution des œdèmes et du risque de TVP grâce au port d’une transportés (y compris du troisième âge) ainsi que la durée des vols,
contention de classe 1 pendant les vols, ou de classe 2 s’il existe nous obligent à prendre en considération ce nouveau facteur de risque,
une insuffisance veineuse chronique. Néanmoins, une étude a tant au plan diagnostique que thérapeutique. Le dosage des D-dimères
montré que le port d’une contention diminuait le risque de TVP pour le risque faible, et l’échodoppler pour les risques plus élevés,
mais augmenterait le nombre de thrombose veineuse suffisent le plus souvent à confirmer ou à éliminer le diagnostic. Le
superficielle [2]. Une prophylaxie systématique par héparine de bas traitement de la maladie thromboembolique ne diffère en rien de celui
poids moléculaire (HBPM) n’apparaît pas justifiée en prévention que l’on utilise chaque jour pour d’autres étiologies. La durée du
primaire. En décembre 2000, la Direction générale de l’Aviation traitement est plus difficile à préciser, ainsi que la date possible de
civile (ministère des Transports) a adressé une circulaire aux reprise de l’avion, et doivent être définies pour chaque cas. Un bilan
compagnies aériennes pour attirer leur attention sur le risque de étiologique (thrombophilie familiale ou recherche de cancer) sera fait
TVP et la nécessité d’une prévention (tableau II) [26]. en fonction des antécédents personnels et familiaux. Il existe un
consensus en ce qui concerne la prévention primaire chez les patients
PRÉVENTION SECONDAIRE au risque faible ; celle-ci repose sur la contention, l’hydratation et la
mobilisation associées au traitement préalable de l’insuffisance
À la mobilisation, l’hydratation et la contention, on peut ajouter veineuse superficielle. Il est plus difficile de préciser les mesures à
un traitement par HBPM à doses préventives [31, 32]. Certaines prendre en prévention primaire chez les patients au risque élevé ou en
études ont montré que les patients ayant reçu une dose prévention secondaire chez les patients aux antécédents de maladie
d’énoxaparine (100 UI/kg) 2 à 4 heures avant le décollage ont vu thromboembolique lors d’un voyage aérien ; la place des héparines
diminuer de façon significative l’incidence des TVP par rapport à reste controversée dans cette indication, et seules les mesures de
ceux ayant seulement de l’aspirine et à ceux n’ayant aucun prévention primaire sont admises par tous [1].

Références ➤

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19-2900 Maladie thromboembolique des voyages aériens Angéiologie

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