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C'est à la fin du Xe siècle qu'apparaît le mot « farce » pour la première fois. En France et en
Angleterre, on employait le mot « farce » pour parler des phrases insérées
entre kyrie et eleison dans les litanies et aussi pour parler des passages en français ajoutés entre
les phrases en latin en chantant l’épître. Plus tard, on commença à l’employer pour décrire les
interludes de jeu improvisés et farfelus joués par les acteurs au milieu d’un drame religieux au
théâtre appelés mystères (on disait alors que l'on « farcissait » la représentation). On appelle
farce les pièces de théâtre comiques composées du Xe siècle jusqu'au XVIe siècle, issues du
répertoire des monologues comiques, des sermons joyeux des jongleurs (héritiers de la tradition
des mimes latins). Elle présente des situations et des personnages ridicules où règnent
tromperie, équivoque, ruse, mystification.
Avant l’invention de l’imprimerie par Gutenberg au XVe siècle, la plupart des informations,
nouvelles, chansons et pièces de théâtre étaient communiquées oralement. Les premiers
imprimeurs profitaient de la popularité du genre en imprimant les textes qu'ils vendaient aux
spectateurs, sous format d'exemplaire aux pages longues mais très étroites-format dit
« agenda ». Même après cette grande invention, les deux sources de communications les plus
importantes étaient l’église et les troupes de comédiens ambulants. Ces acteurs voyageaient en
jouant des pièces de théâtre dont le public était friand. Ils essayaient de jouer n’importe où, y
compris sur les places publiques et dans les tavernes.
Même si la plupart des farces étaient issues de la tradition orale, certaines étaient écrites, telles
que Le Garçon et l'Aveugle (XIIIe siècle), première farce française écrite, et La Farce de Maître
Pathelin, une œuvre très célèbre écrite vers 1457.
La farce est satirique mais échappe à la censure car elle fait rire les gens. Nous en avons
conservé près de 250 pièces brèves.
Chaque personnage est individualisé, a un nom et est lié aux autres personnages : ce ne sont
pas des stéréotypes et ils n’incarnent pas tout un groupe. Lorsqu’un gentilhomme apparaît dans
la farce, il est ridiculisé. Comme dans les fabliaux, les occupations des personnages sont très
matérielles : argent, trouver de quoi se nourrir, amour, etc. C’est un monde de tromperie : la
faible femme triomphe généralement, les moines sont paillards et débauchés, le thème du
trompeur trompé revient fréquemment. Le décor est simple et permet de jouer dans n'importe
quel lieu.
Il se trouve aussi que les clercs étaient les plus grands auteurs de farces au point où on leur
attribue même La Farce de Maître Pathelin citée plus haut, dont la paternité revient en fait
à Triboulet, le bouffon du roi René d’Anjou. Ces clercs étaient des membres de la justice d'où de
nombreuses pièces de jugements qui leur permettaient de s’entraîner à leurs futurs jugements.
On connait aussi les Enfants Sans-Soucis et les Cornards de Rouen, deux confréries joyeuses
d'amateurs.