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AMAAZOUL
réussite de la firme dépend de sa prospérité. Ceci dépend d’une bonne organisation qui améliore
la productivité. Pour lui, la prospérité des employeurs et celle des employés vont de pair : le
profit pour l’entreprise implique la hausse des salaires pour les employés grâce à la productivité.
L’apport considérable de Frederick W. Taylor est d’avoir associé la science à l’industrie et
d’avoir codifié le monde de la production industrielle en ne laissant plus de place aux anciennes
procédures empiriques des ouvriers. Il utilisera les mathématiques dans la gestion (abaques) et
mettra en place un système de contrôle et de gestion de la production (ingénieurs des méthodes).
L’industrie quitte une certaine improvisation pour adopter une structuration rationnelle de la
production avec l’application de l’OST, érigée pour la première fois en système vers 1880. Cette
structuration rationnelle de la production observe les quatre principes développés ci-dessous.
a) La division verticale du travail
C’est mettre la bonne personne à la bonne place («the right man on the right place»), en
séparant le travail intellectuel de conception des ingénieurs du «bureau des méthodes» qui
organisent la production et attribuent, pour chacune des taches, une durée standard, du travail
d’exécution des ouvriers qui doivent appliquer les consignes spécifiées. Cette séparation implique
une division sociale entre les ingénieurs (les «cols blancs») et les ouvriers (les «cols bleus»). On
codifie le travail par des instructions qui sont données par la hiérarchie à des exécutants.
b) La division horizontale du travail
On décompose le travail en tâches élémentaires et en gestes élémentaires, en supprimant
les gestes inutiles. On introduit le chronométrage, non pour connaître le temps d’exécution
d’une tâche, mais pour attribuer à chacune d’elles la durée optimum d’exécution et obtenir
ainsi la meilleure façon de faire : «The One Best Way». Ce principe, illustré par Charlie
Chaplin dans son célèbre film Les Temps modernes, est fondé sur la parcellisation des tâches.
c) Le salaire au rendement (piece rate pay system)
Frederick W. Taylor constate la «flânerie» systématique qui conduit les meilleurs ouvriers
à ralentir leur vitesse d’exécution au niveau des moins productifs, en raison d’une rétribution
journalière identique. Aussi préconisera-t- il comme moyen de lutte: le système de salaire
différentiel. Constatant que le caractère aliénant du travail de l’ouvrier ne peut être compensé
que par l’argent qui est, dans ces conditions, la seule motivation, il attribuera, pour une tâche
donnée, un temps d’exécution (temps opératoires optimaux). Le chronométrage déterminera
alors la rémunération (boni) par rapport au temps de référence.
d) Le contrôle du travail, la hiérarchie fonctionnelle
Frederick W. Taylor, pour lutter contre le «gaspillage», optimisera le temps consacré au travail
en procédant à une analyse détaillée des gestes des ouvriers et en rationalisant le poste de travail
de l’individu. Il met en place une organisation représentée par des contremaîtres chargés de
réaliser des contrôles. L’efficacité passant par la spécialisation des tâches, un subordonné
dépendra de plusieurs chefs en fonction du problème posé. Il n’y a pas d’unicité de
commandement (voir Henri Fayol), mais une multiplicité de lignes hiérarchiques. L’ouvrier
aura autant de chefs spécialisés (hiérarchie fonctionnelle) qu’il y a de fonctions différentes
nécessaires à l’exécution de son travail. L’organisation prônée par Frederick W. Taylor est une
organisation dans laquelle on rajoute, à la ligne hiérarchique (commandement) «line», un «staff»
(le corps des experts) pour créer une organisation de type «staff and line» que l’on traduit par
«hiérarchie linéaire et fonctionnelle» ou encore «hiérarchico-fonctionnelle».
1.2. Les limites de l’OST : les dysfonctionnements sociaux
Les cadences imposées à l’homme par la machine ou par le chronométrage, la monotonie
du travail, la négation de l’initiative individuelle, engendrent à terme des dysfonctionnements
sociaux (turnover, absentéisme, accidents du travail…) traduisant la démotivation des salariés.
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Cours Introduction au Management – ENCG Dakhla Pr H. AMAAZOUL
Alors que les cinq premières fonctions sont des fonctions spécifiques, car liées à des
domaines de compétence particuliers, la fonction administrative est une fonction
transversale, qui assure la coordination entre les cinq autres fonctions.
La fonction administrative se décompose en cinq tâches essentielles :
L’administrateur anticipe l’avenir, fixe des objectifs et planifie l’activité de
Prévision
l’entreprise sur le long terme.
L’administrateur répartit les différentes ressources (matérielles, humaines et
Organisation
financières) entre les cinq fonctions spécifiques de l’entreprise.
L’administrateur indique aux salariés les tâches à accomplir et donne les
Commandement
instructions sur la manière de les accomplir.
L’administrateur assure une cohérence entre les différentes activités de
Coordination
l’entreprise.
L’administrateur vérifie que le fonctionnement réel de l’entreprise est conforme
Contrôle
à ce qui a été ordonné et rectifie les erreurs éventuelles.
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Likert établit que le type de management participatif par groupe (les décisions sont prises
par le groupe pour fixer les objectifs et régler les conflits) est le plus efficace. À l'intérieur de
ce système, les individus sont motivés et ont des attitudes positives face à la direction. Il en
résulte une augmentation de la satisfaction, ainsi qu'une diminution du taux d'absentéisme et
du taux de roulement du personnel.
2. La théorie de la décision :
La notion de "prise de décision" a de tous temps fasciné les conseils en organisation : Quand,
comment, de quelle manière ...? Les économistes également se sont posés la question de savoir si
les choix exprimés à la majorité étaient optimaux : peut-on avoir seul raison contre la multitude ?
C'est dans cet esprit que s'inscrivent les travaux de SIMON, CYERT et MARCH.
2.1. H. A. SIMON (1916-2001) et la rationalité limitée :
Professeur d’administration et de psychologie à l’Université de Pittisburg, Herbert
Alexander SIMON (qui obtiendra le prix Nobel d’économie en 1978) va s’opposer au postulat
de la rationalité parfaite (illimitée) et proposer le concept de « rationalité limitée » dans son
ouvrage « Administrative behavior, a study of decision » (1945). "L'homme administratif" de
SIMON se distingue de "l'homo economicus", car il ne maximise pas, économiquement, son
utilité, il ne connaît pas tous les paramètres indispensables à la prise de position rationnelle, et
il n'a pas une fonction de préférence stable et durable.
Les classiques considéraient l’entreprise comme un ensemble d’activités composées de
processus stables. L’homme y occupe une place accessoire. Le dirigeant commande et le salarié
obéit. Pour SIMON, l’entreprise est principalement un lieu de problèmes, un lieu de décisions
individuelles. Pour lui, toute analyse de l’organisation passe par l’étude des choix individuels. Il
s’efforce d’analyser les décisions dans leur adaptation quant aux objectifs visés.
a- Le processus de décision :
Les décisions prises relevant d’un processus rationnel, H. SIMON va tenter d’en dégager
une logique procédurale qui suivra la mécanique suivante (Modèle IMC) :
- I Intelligence : processus de réflexion qui délimite le problème et qui situe les éléments
et facteurs à prendre en compte (phase de perception et d’identification du problème).
- M Modélisation : identification et évaluation des solutions alternatives envisageables
(phase de conception des solutions).
- C Choix : sélection, hiérarchisation des solutions et choix de la première solution
satisfaisante (phase de sélection de la meilleure solution).
b- Les limites de la rationalité
Le but de la théorie dite "de la rationalité limitée" est donc de mettre en lumière les limites
pratiques de la rationalité humaine et de s'efforcer de trouver les moyens (entraînement,
formation, adhésion à de nouvelles valeurs) de repousser ces limites.
Herbert SIMON a mis en évidence les limites de la rationalité des décisions :
► L’environnement est trop complexe pour être appréhendé dans sa globalité ;
► La connaissance des conséquences d’une décision est toujours partielle ;
► Il est difficile d’évaluer les conséquences futures d’une décision ;
► Souvent un individu, confronté à un choix, construit un modèle simplifié de la réalité
en se référant à sa propre expérience passée ;
► L’individu cherche à adopter une solution qui lui apporte un niveau minimum de
satisfaction et non pas une solution optimale ;
► La rationalité d’un individu est limitée faute de temps, faute de capacité, faute
d’informations.
► Dans son processus de décision, l’individu est fortement influencé par des émotions
et des événements extérieurs (professionnels ou privés), étrangers à la décision qu'il
doit prendre rationnellement.
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c- Types de décisions
En expliquant comment son analyse allait servir aux entreprises, Herbert SIMON a distingué
deux types de décisions :
► Décisions programmables : relatives aux procédures répétitives et routinières
(Exemple : le traitement des commandes).
► Décisions non programmables : qui sont du ressort des responsables de l’entreprise
et relatives aux décisions politiques uniques pour lesquelles des problèmes non
formalisés ou de grande importance sont à résoudre (Exemple : lancement d’un
nouveau produit ou campagne de publicité).
2.2. R. CYERT (1921 ...) et J. MARCH (1928 ...) et la théorie comportementale :
Dans le prolongement de la réflexion d’Herbert SIMON, Richard CYERT et James
MARCH « A behavioral theory of the firm » (1963), se sont efforcés de donner un caractère
opératoire à ses idées. Ils décrivent toutes les organisations comme des processus dynamiques
et continus de prises de décisions. Ils remarquent que l'entreprise est "un groupe de
participants aux demandes disparates", bien que tous aient, in fine, intérêt à la bonne marche
du système. Il existe donc des négociations entre coalitions qui conduisent aux prises de
décision. Donc les buts poursuivis ne sont pas rationnels, mais représentent le meilleur
compromis possible. Ainsi, selon eux, la théorie du comportement de la firme peut être
résumée en quatre concepts fondamentaux :
1. La résolution des conflits : Une entreprise étant composée de coalitions de membres
ayant des buts différents, il est nécessaire de mettre au point des procédures de
résolution des conflits :
► Rationalité locale : chaque unité dans l’entreprise doit s’efforcer de résoudre son
problème pour elle- même à son niveau, à travers la délégation (de décisions) et la
spécialisation dans les buts et les décisions. Cela permet à l’entreprise de passer
d’une situation comportant de nombreux problèmes complexes et imbriqués, de
nombreux buts conflictuels, à une série de problèmes simples et localisés.
► Le traitement séquentiel des problè mes : c'est un traitement des problèmes les uns
après les autres sans chercher à les fusionner.
2. L'élimination de l'incertitude : Une firme cherche à éliminer progressivement les
multitudes d'incertitudes (exemple : le marché) qui l'entourent. Souvent, l'entreprise cherche
à éliminer les incertitudes en négociant avec son environnement.
3. La recherche de la problématique : Il est indispensable de rechercher les vraies causes
des problèmes posés dans l'entreprise sans utiliser de masques (indulgence pour les
"amis" et dénigrement des "ennemis") : Il faut voir les réalités en face.
4. L'apprentissage : Les entreprises adaptent leur comportement dans le temps à partir du
résultat des actions passées. Elles changent leur perception qu'elles ont des choses avec le
temps, et ce qui est vrai aujourd'hui ne sera peut-être pas vrai demain (vision systémique).
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D- L’ÉCOLE SOCIO-TECHNIQUE
Contrairement aux écoles précédentes, l'école socio-technique n'est pas née aux États-Unis
mais en Europe. Si l'histoire de ce courant commence au tout début des années 50, ce n'est
que dans les années 60 qu'il commence à exercer une influence dans le monde du
management. Au début, il sert de cadre de référence aux expériences norvégiennes de
réorganisation et de démocratisation du travail. Toutefois, c'est en Suède que l'école socio-
technique trouve son principal champ d'application ainsi que sa vitrine la plus abo utie : Volvo
(usine de Kalmar). C'est aussi via ses réalisations suédoises que, vers la fin des années 60,
l'approche socio-technique gagne en notoriété dans le reste de l'Europe et aux États-Unis.
Sur le plan théorique, elle est en effet le produit des recherches du Tavistock Institute of
Human Relations de Londres. Parmi les chercheurs attachés à cet institut, Eric Lansdown
TRIST et Frederick Edmund EMERY vont conceptualiser cette approche. Tous deux
psychosociologues, ils se démarquent de leurs prédécesseurs en ne proposant pas une nouvelle
conception du travailleur. C'est en effet en partant de l'organisation qu'ils mènent leurs
réflexions sur l'épanouissement du travailleur. Ils ont travaillé essentiellement dans l'étude du
travail dans les mines de charbon. Toutefois, l’apport du français Hyacinthe DUBREUIL à
cette école ne doit pas être négligé.
1. L’analyse socio-technique (Eric Lansdown TRIST : 1909-1993)
Dans un premier temps, TRIST analyse les conséquences organisationnelles et
psychosociologiques de la mécanisation de l'abattage et du transport du charbon. Auparavant,
le travail était réalisé par de petites équipes bénéficiant d'une large autonomie. Avec la
mécanisation, les équipes s'élargissent et le travail se spécialise, entraînant une différ enciation
entre les mineurs. Si la mécanisation rend le travail physiquement moins pénible, les mineurs
vont cependant réagir négativement aux changements intervenus. Alors que l'ancienne
organisation du travail s'accompagnait d'une forte cohésion sociale, la nouvelle se traduit par
d'importantes tensions et l'absentéisme connaît une augmentation spectaculaire.
Les performances réalisées ne répondant pas aux attentes du management de l'entreprise,
une nouvelle organisation du travail est expérimentée avec l'aide du Tavistock Institute. Il
s'agit du "système composite". Dans celui-ci, les mineurs retrouvent une large autonomie. La
liberté de composer les groupes et de se répartir le travail leur est laissée. Concrètement, ce
nouveau système se traduit par une amélioration substantielle du climat social due notamment
au fait qu'il favorise l'entraide ouvrière en cas de problème. Parallèlement, l'absentéisme
régresse et la productivité s'améliore dans de façon substantielle.
De la première observation, TRIST tire l'idée du système socio-technique, c'est-à-dire de
l'interdépendance entre la dimension technique et sociale d'une organisation. Pour lui, ces deux
dimensions interagissent l'une sur l'autre. Dès lors, l'étude du comportement ne peut se limiter
au poste de travail ou aux caractéristiques intrinsèques des individus, comme le font
respectivement les tenants de l'Organisation Scientifique du Travail et ceux des Relations
humaines. Au contraire, dans la perspective de TRIST, elle implique la prise en compte
conjointe des composantes sociale et technique des organisations. Autrement dit, pour TRIST, il
est impossible d'optimiser le fonctionnement d'une organisation sans optimiser conjointement
ses dimensions sociale et technique.
En outre, les chercheurs du Tavistock Institute utiliseront le cas des charbonnages pour
s'opposer au dogme du déterminisme technologique régnant chez les organisateurs
"scientifiques" du travail. Pour eux, si la technologie exerce une forte pression sur
l'organisation du travail, elle ne la détermine pas pour autant. La mécanisation des mines s'est
en effet accommodée de deux organisations du travail radicalement différentes. Dès lors, pour
l'approche socio-technique, il ne fait pas de doute que les organisateurs du travail disposent
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d'une marge de manœuvre qui peut être mise à profit pour établir un compromis entre les
impératifs sociaux et techniques.
Enfin, aux yeux de l'école socio-technique, l'histoire des charbonnages démontre la
capacité d'auto-régulation des groupes. Dans le système composite 9 , comme on l'a vu,
l'autonomie laissée aux mineurs s'est avérée particulièrement payante. D'une part, elle s'est
traduite par un accroissement de la satisfaction des mineurs. D'autre part, ils ont répondu aux
attentes managériales par une plus grande productivité. Pour l'école socio-technique, le
comportement adopté par les mineurs est la preuve que, contrairement à ce que prétendait
TAYLOR, l'autonomie des collectifs n'est pas une entrave à l'efficacité. Mieux même, par
rapport à la taylorisation du travail résultant de la mécanisation, les mineurs ont fait la
démonstration de la supériorité des groupes semi-autonomes.
2. L’organisation des postes de travail (Frederick Edmund EMERY: 1925-1997)
À partir de 1962, par l'intermédiaire d'EMERY, le Tavistock Institute est associé aux
expériences norvégiennes de réorganisation et de démocratisation du travail. Ces expériences
sont nées d'une volonté commune aux organisations représentatives du patronat et des
travailleurs norvégiens de trouver de no uvelles formes d'organisation du travail répondant à
trois grands impératifs :
1) L'accroissement de la productivité,
2) L'amélioration de la démocratie industrielle,
3) L'amélioration des conditions de travail.
Après une première phase d'enquête, de laquelle émerge l'idée d'assurer l'essor de la
démocratie industrielle à partir des ateliers et non plus des sommets, quatre expériences pilotes
sont menées, de 1964 à 1968, dans des sites appartenant à autant de grandes entreprises.
Ces expériences ne seront pas toutes des succès. Ainsi, à la suite d’une demande ouvrière
de révision de la grille salariale, argumentée par la modification de l'organisation du travail et
les gains de productivité, la première expérience est arrêtée avant son terme.
Si cette réaction ouvrière est en soi riche d'enseignement, les trois autres expériences se
révèlent beaucoup plus positives par rapport à la problématique de la démocratie industrielle.
Ainsi, au sein de l’entreprise NOBO, la réorganisation du travail est le fruit d'une négociation
quasi permanente entre le management de l'entreprise, les syndicats et les ouvriers. En outre,
elle débouche sur l'élection d'un représentant par groupe semi-autonome chargé de discuter,
au sein d'un comité d'usine, des problèmes touchant la gestion de la production. Selon les
chercheurs, placés dans une dynamique d'apprentissage, les ouvriers de cette entreprise
cherchent à étendre leur sphère d'autonomie. Preuve que la démocratie industrielle peut être
efficace, cette expérience se solde par une amélioration de la productivité et du climat social.
Ainsi, EMERY expose ses principes dans l'organisation :
► Le poste doit comprendre des tâches différentes : il faut adjoindre des tâches
principales avec des tâches auxiliaires, alterner des tâches reposantes dans un cycle
de tâches absorbantes.
► Les diverses tâches d’un poste doivent constituer une unité de façon à ce que l’opérateur
comprenne mieux son travail et qu’il fasse preuve de responsabilité et d’initiative.
► Le cycle de travail doit avoir une durée optimale (ni trop courte ni trop longue).
► Une certaine liberté doit être laissée pour la fixation des normes de qualité et de quantité.
► Les résultats du travail doivent être communiqués aux ouvriers.
► Les tâches doivent faire appel à des difficultés valorisantes au regard des autres.
9
Système composite : Il s’agit d’une nouvelle organisation du travail expérimentée avec l'aide du Tavistock
Institute consistant à laisser aux mineurs (travailleurs dans les mines de charbon) la liberté de composer les groupes
et de se répartir le travail entre eux. C’est un système qui favorise l’entraide ouvrière en cas de problème.
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Dans le cas où les tâches ne peuvent pas avoir ces caractéristiques, il faut organiser une
rotation des postes et regrouper ces postes par groupes de telle façon qu’il y ait une unité au
niveau du groupe, que le groupe dispose d’une certaine liberté quant à la fixation des normes,
tel que le travail de groupe permette une mesure des résultats obtenus, d’inclure dans les
tâches du groupe, des tâches auxiliaires (préparation du matériel).
Pour les socio-techniciens, les groupes semi-autonomes10 apparaissent en quelque sorte
comme la seule formule qui permet de concilier la satisfaction du travailleur et la performance
économique. À propos de ces groupes, soulignons qu'ils sont semi-autonomes et non autonomes
comme on peut parfois le lire. Comme le souligne François Petit, "les contraintes de production
exercées par l'organisation demeurent les mêmes; simplement, c'est au groupe, et non plus aux
responsables hiérarchiques, d'ajuster ses objectifs par rapport à elles" (1979).
3. Les groupes autonomes (Hyacinthe DUBREUIL : 1883-1971)
Hyacinthe DUBREUIL est un syndicaliste français a décrit le fonctionnement de groupes
autonomes (cellules de travail disposant de l’autonomie financière et organisationnelle). Ce
type d’organisation consiste à confier la totalité d’un processus technique ou administratif à
un groupe d’ouvriers ou d’employés, sans responsable hiérarchique désigné, le groupe est dès
lors responsable de sa production et doit s’organiser seul. Chaque unité achète les pièces à
l’unité précédente dans le cycle de fabrication et revend à la prochaine unité du cycle.
La création de groupes autonomes 11 favoriserait l'apprentissage de la gestion du travail et
donnerait à l'ouvrier « les moyens d'accomplir son existence sur les trois plans, économique,
intellectuel, et moral, faute de quoi il sera toujours vain d'espérer atteindre la paix sociale »
De 1930 à 1938, H. DUBREUIL siégea au Bureau International du Travail.
Il pensait que "Toute organisation sociale repose sur trois éléments : matériel et
économique (estomac) ; intellectuel (cerveau) ; moral et affectif (cœur). Or, avec le
taylorisme, le plan matériel et économique est l'affaire des syndicats ; le plan intellectuel est
annihilé ; de même, le plan moral et affectif est quasiment ignoré."
CONCLUSION :
Par rapport au passé, l'école socio-technique franchit un pas supplémentaire dans la critique de
l'organisation "scientifique" du travail. Pour elle, même si la technologie a un pouvoir
contraignant, elle ne détermine pas l'organisation du travail. Par la même occasion, elle rejette
également l'approche des relations humaines dont la seule ambition consistait à vouloir aider le
travailleur à supporter l'organisation classique du travail. Pour l'école socio-technique, il faut au
contraire privilégier l'ajustement, le compromis entre la variable technique et la variable sociale
des organisations. Le groupe semi-autonome se trouve à la base du modèle d'efficacité socio-
organisationnelle tel qu'il a été conceptualisé et testé par l'école socio-technique. Nouvelle forme
d'organisation du travail, le groupe semi-autonome intègre la rotation des tâches ainsi que
l'élargissement horizontal et vertical du travail tout en leur donnant une dimension collective et en
mettant l'accent sur les capacités d'autorégulation des collectifs.
Par rapport aux approches antérieures, une des spécificités de la démarche sociotechnique
réside dans son caractère participatif. Comme on l’a vu, la méthodologie socio-technique
accorde une place fondamentale à la négociation entre les différents acteurs : direction,
encadrement, syndicat, ouvrier et expert. Elle témoigne ainsi d'une "confiance" dans les
capacités d'analyse et de compromis entre les intéressés.
10
Groupe semi-autonome : Il s’agit là de constituer un groupe de travailleurs dont les membres sont chargés de
définir eu x mêmes les modalités de travail leur permettant d’atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. Ce
mode d’organisation repose sur l’auto-organisation et l’auto-régulation du groupe, puisque le groupe est
responsable collect ivement de la production.
11
Groupe autonome : C’est un groupe, doté d’une autonomie financière et libéré en quelque sorte de la tutelle
directe d’un contremaître ou d’un chef de service, qui élit ses propres chefs d’atelier et accomplit ses tâches sous
sa propre responsabilité collective.
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E- L’ÉCOLE NÉO-CLASSIQUE
Cette école, développée grâce à l'apport de grands praticiens (Chefs d'entrepris es et
consultants dans des grands cabinets de conseil), se situe dans le prolongement de l’école
classique. Son approche est à la fois normative et pragmatique :
Approche normative : elle consiste à poser des principes de gestion clairs et simples,
praticables et valables pour toute organisation.
Approche pragmatique : elle est orientée vers l’action pratique et elle repose sur la
recherche de l’efficacité.
Par ailleurs, l’école néo-classique n’a pas échappé à l’influence de l’école des relations
humaines et de celle des systèmes sociaux, influence qui se traduit par une prise de
conscience aiguë du rôle de l’homme dans son milieu et de l’importance des conflits.
Les principaux représentants de cette école furent l’américain A. P. SLOAN, l’autrichien
P. F. DRUCKER, et le français O. GÉLINIER.
1. Alfred Pritchard SLOAN (1875-1966)
Il a passé 45 ans de sa carrière au service de la General Motors Company dont 33 ans comme
Directeur Général, puis il a été nommé Président du Conseil d’Administration (Chairman of the
Board en 1937). Dans son célèbre ouvrage "my years with General Motors" ("mes années à la
General Motors") raconte comment il réussit, progressivement, à diriger son entreprise de passer
d’un stade de constructeur automobiles de taille moyenne au rang d’une des premières entreprises
mondiales en appliquant des principes de décentralisation coordonnée :
Décentralisation : la décentralisation de l’autorité entraîne initiative, responsabilité et
flexibilité. Les décisions sont proches des problèmes, par conséquent les réponses sont
mieux adaptées aux changements de situation (rapidité). Ainsi, la décentralisation
accroît la réactivité de l'entreprise et a pour corollaires : L'autonomie des décisions
dans les limites définies par la politique générale de l’entreprise ; Un contrôle
périodique des résultats.
Coordination : parce qu’elle est source d’économie (elle évite les doublons) et
d’efficacité, la coordination est nécessaire. Elle se traduit par la mise en place de
structures sans responsabilité hiérarchique (structures consultatives : comités dans
lesquels sont réunis tous les services concernés). D'où, une uniformisation des
méthodes de gestion : Généralisation des budgets et des standards, centres de profit 12 ;
Centralisation des décisions financières ; Centralisation des informations à l’aide de
l’informatique pour une production rapide des résultats.
En rupture avec le modèle fordiste, qui appliquait les préceptes de l’OST, A. P. Sloan va
chercher à décentraliser l’acte de décision pour renforcer les prises d’initiative et de
responsabilité. Ainsi, chaque décision autonome mais dans le même temps, il convient de
centraliser des fonctions transversales (finances, publicité, etc.) et la Direction Générale ne
doit pas concentrer sa réflexion sur l’exploitation des divisions mais développer des
approches de politique générale.
Contrairement à H. Ford, il pensait que les clients cherchaient la diversité : "une voiture
pour chacun, selon ses moyens et selon ses besoins". Il multiplie les opérations de
12
Les centres de profit sont des entités de gestion autonomes, qui fonctionnent dans le cadre d'une procédure de
planification et de budgétisation. Le responsable du centre de profit doit réaliser un certain chiffre d'affaires et
dégager un certain résultat. Une très large responsabilité lu i est déléguée en matière d'engagement de dépenses,
de politique commerciale et industrielle, voire en mat ière d'investissement. La mise en place de centres de profit
nécessite une comptabilité analytique pointue, permettant d'affecter les coûts et les recettes à chacun d'eux et,
donc, de mesurer leur performance.
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Cours Introduction au Management – ENCG Dakhla Pr H. AMAAZOUL
13
L’ouvrage fondamental de P. F. DRUCKER, publié en 1954, a pou r tit re « The Practice of Management ».
14
CEGOS (Centre d'Étude et de Gestion d'Organisation Scientifique) est un grand cabinet de conseil français.
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Selon O. GÉLINIER, les objectifs doivent être quantifiés et datés pour permettre :
- Une délégation réelle de l'autorité et des responsabilités ;
- Une intégration des services ;
- Une définition de la structure adéquate ;
- Une supervision hiérarchique ;
- Une motivation des collaborateurs.
Conscient du rôle de recherche de profit par l'entreprise, O. GÉLINIER n'en négligeait pas
pour autant, la finalité humaine directe. « Aujourd'hui, une entreprise ne peut être en accord avec
son environnement que si elle poursuit explicitement des objectifs d'utilité sociale », ce qui
signifie que l'action commerciale tournée vers l'extérieur par l'adéquation des produits/services
aux aspirations des clients doit être accompagnée d'une cohésion interne grâce à la satisfaction et à
la motivation des salariés d'accomplir ces actions commerciales externes.
4. Synthèse des postulats et principes de l’école néoclassique
Postulats Principes
- Le profit est le facteur essentiel de survie et de - Maximisation du profit.
développement de l’entreprise. - Décentralisation des responsabilités et des
- La prise de décision doit se situer aussi près décisions.
que possible du lieu de l’action. - DPO et DPPO
- Il faut faire coïncider l’objectif de l’entreprise - Contrôle par exception et autocontrôle des
et les objectifs de l’homme et donc s’appuyer unités autonomes.
sur ses motivations positives. - Motivation par la compétitivité.
15
GÉLINIER O. (1968), Direction participative par objectifs, Paris.
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16
LUSSATO B. (1977), Introduction critique aux théories d’organisation, Paris, Dunod.
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