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BISMILLAH ER-RAHMÂN ER-RAHÎM

ENSEIGNEMENTS TIRES DE L’HISTOIRE DES PROPHETES ET

DE LA PROPHETIE SELON LES LIVRES SAINTS

Introduction :

Les développements qui vont suivre, comme le titre l’indique, vont traiter de l’histoire des
prophètes et de la prophétie. Toutefois, avant d’aller plus loin il nous faut préciser la manière
dont nous allons faire ce travail de recherche et ce que nous souhaitons faire ressortir
d’important, voire d’essentiel.

Le monde d’aujourd’hui, l’humanité, se trouve à un stade extrêmement critique et n’a plus


qu’une seule alternative : Revenir vers la spiritualité, vers cette sagesse intemporelle ou
sombrer dans l’inhumanité et le chaos avec le risque très réel d’emporter 90% de tout ce qui
vit dans notre monde dans une catastrophe d’ampleur planétaire.

Alors, heureusement, de plus en plus de gens commencent à prendre conscience de ce


problème et agissent en vue de changer, ou de tenter de changer cette course folle vers le
chaos. Bien entendu, toutes les initiatives allant en ce sens sont plus que les bienvenues et
plus d’individus prendront conscience de ce fait, et plus les chances d’un changement heureux
dans l’humanité sont susceptibles de se produire.

Ce travail a pour vocation de faire ressortir au moins en partie et d’une façon sans doute
inédite, le processus de guidance à travers ce que l’on appelle « la prophétie », telle qu’elle est
mentionnée dans les Révélations successives données à l’humanité.

Mais nous verrons qu’elle ne touche pas seulement la dimension spirituelle de l’être humain
mais aussi sa dimension temporelle, sociale dans son être aussi bien que dans ses rapports
avec ses semblables et ceux qu’il peut avoir avec son environnement et tous les règnes de la
nature.

En ce sens, cette recherche s’articulera selon quatre thématiques :

1 – Synthèse de l’histoire de chaque prophète étudié telle qu’elle est racontée dans les livres
saints.

2 – Explication, symbolique, de ces histoires.

3 – Enseignements que l’on peut en tirer au regard d’un cheminement spirituel, au moins dans
les débuts.

4 – Implications sociales, temporelles, et liens entre les dimensions spirituelles et temporelles,


individuelles, et par conséquent, éléments pratiques, concrets, pour l’humanité d’aujourd’hui
dans tous les domaines de l’activité humaine qui peuvent en être déduits.
1 – Définition de le notion de « prophétie » :

Le problème que l’on rencontre souvent est que certains termes sont tellement usités que l’on
finit par les utiliser de façon machinale sans savoir leur signification profonde. Comme si ce
savoir s’était perdu.

Alors quand on parle de « prophétie » il faut bien s’entendre sur la signification du terme.

En général, ce terme est synonyme de « prédiction » heureuse ou malheureuse, annoncée par


un homme appelé « prophète ». Si cette définition n’est pas fausse, elle est malgré tout
restreinte. En arabe, le terme « nabi » (prophète) ou « nubuwa » (prophétie) a dans sa racine
les sens multiples de prédiction, mais aussi, d’annonce, d’information.

Nous le verrons plus en détail en explorant l’histoire d’Adam, mais ce que nous pouvons dire
c’est que cette notion est celle d’une « guidance », d’une « direction », accordée à l’humanité
par Dieu afin, à la fois, qu’elle reste reliée au plan de la Transcendance qui est la source de
l’existence universelle, aussi bien que particulière, et permettre à l’humanité qui, pour des
raisons diverses, a pu s’éloigner dans sa conscience de ce lien, de revenir vers ce plan.

En ce sens, les prophètes sont ceux qui ont été investis de cette guidance divine chargés pour
certains d’entre eux d’apporter un message spécifique à l’humanité afin de lui faire prendre ou
reprendre conscience de ce lien et de ses implications. Ce sont les Révélations successives que
nous examinerons, entre autres, lors de cette recherche. A noter en passant, qu’il y a une
distinction à faire entre les prophètes.

Il y a ceux qui sont chargés d’apporter un nouveau message à l’humanité, en réalité, il s’agit
toujours du même message originel qui a été accordé à l’humanité depuis ses origines, comme
nous le verrons, mais réactualisé selon les époques et les peuples.

Le prophète qui apporte une nouvelle Révélation est appelé « rasul » (prononcer « rassoul »),
c'est-à-dire, « envoyé », celui qui apporte un nouveau « message » (risala, en arabe). On
l’appelle aussi « messager » qui traduit plus exactement le terme « rasul ». Tout rasul,
envoyé/messager est prophète, mais tout prophète n’est pas envoyé/messager. Le prophète
(nabi) vient dans le cadre d’une Révélation afin de rappeler et guider les générations
successives selon le message originel reçu. Nous signalerons, lors de l’étude de l’histoire de
chaque prophète s’il s’agit d’un « envoyé/messager » ou d’un simple prophète.

Il était important dès le départ de cette recherche de bien établir cette distinction.

Ceci posé, la « prophétie » s’articule selon deux modalités complémentaires et selon un


mouvement circulaire.

La première modalité est d’ordre spirituel. Il s’agit en premier lieu ce que l’on appelle une
« descente », c'est-à-dire, une manifestation de la Miséricorde divine à travers tous les plans
de l’universel, (qui ne se résument pas au seul domaine de l’univers matériel), en le vivifiant
aussi bien au niveau de la vie physique pour notre état d’existence corporel, que pour notre
vie psychique et spirituelle. Nous essaierons d’entrer plus en détails sur ces notions au cours
de cette recherche, inch’allah. Mais, en même temps par une sorte de « retour » vers cette
source essentielle, transcendante, il y a pour l’humanité un processus de retour, de rappel par
tout un travail, tout un cheminement afin de renouer avec cette perfection transcendante et
retrouver l’équilibre parfait. Ce que l’on appelle le cheminement spirituel.

Toutefois, cette « guidance », cette « prophétie » ne concerne pas seulement le plan spirituel.
Elle est aussi agissante dans tous les domaines de la vie humaine et procède aussi selon la
même modalité que le plan spirituel, à savoir un double mouvement « descendant » et
« ascendant ».
Du mouvement descendant découle tout un ensemble de recommandations à travers les Livres
Révélés, de conseils pratiques, de règles, etc. Et du mouvement ascendant découle le fait de
relier toutes les activités humaines de façon consciente, par déductions, de proche en proche,
au plan de la Transcendance, de sorte que la notion même « d’activité profane » si répandue
de nos jours est un non sens. Ce n’est que par une atrophie de compréhension que l’on en est
venu à considérer qu’il pouvait y avoir un domaine profane, c'est-à-dire coupé radicalement
de la source transcendante. Ce qui, dans les faits est impossible. Mais cette manière de voir les
choses induit toutes sortes de déséquilibres dont on voit clairement les effets de nos jours.

Nous ne voudrions pas clôturer ce chapitre sans citer quelques extraits des propos tenus par un
grand sage contemporain le Cheikh Khaled Bentounes, grand maître de la Tariqah ‘Alawiya.

« L’homme de demain sera universel ou bien sera transformé en une sorte de machine
pensante. Si l’on veut garder l’humanité en nous, c’est dans l’universalisme que se trouve
l’avenir… La recherche intérieure pousse l’être à aller vers ses possibilités à lui, celles qu’il
ignore, elle ne lui donne pas une vérité toute emballée. D’ailleurs, ramener tout à un seul
chemin, revient à diminuer la grandeur de l’Absolu, diminuer l’ensemble des possibilités
divines, les ramener à une échelle humaine. Chaque être humain, chaque fleur, chaque goutte
d’eau, chaque flocon de neige, chaque feuille d’arbre a sa spécificité. Chaque graine à son
identité. C’est cela le mystère de l’immense puissance divine qui crée à chaque fois une unité
à Son image, donc unique !
« Cette multiplicité dans sa diversité n’est pas humaine, elle est divine, pour me rappeler sans
cesse l’unité. Celui qui comprend cela, va vivre dans un environnement à la fois universel et
fécond pour lui, parce qu’il va puiser dans la totalité de l’héritage de l’humanité.
«  Si on apprenait à nos enfants dans les écoles que le message d’Adam, de Noé, d’Abraham
de Moïse, de Jésus, de Muhammed, de Bouddha, de Lao-Tseu …sont des messages non
contradictoires mais complémentaires ? Et cela pour qu’ils aient la possibilité de puiser dans
ces Traditions afin de les vivre, de les sentir, de les approcher sans les cloîtrer ni les castrer en
des systèmes qui finissent par enfermer les esprits et créer des catastrophes. L’être humain
doit comprendre la spiritualité au sens large. » (Cheikh Khaled Bentounes : Vivre l’Islam. Le
soufisme aujourd’hui. Edition le relié. Chapitre : La multiplicité de l’unique.)

Ce rappel des sens de la notion de « prophétie » était nécessaire afin de donner un sens clair
de ce dont nous parlerons tout au long de ces recherches et qui sera toujours sous jacent.

Ceci étant clarifié, il nous faut maintenant entrer dans le vif du sujet et commencer l’étude de
l’histoire des prophètes. Nous commencerons avec le premier d’entre eux qui est à la fois le
premier prophète et le premier homme.

2 – Histoire d’Adam :

S2 V30-39 :
« Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges  : « Je vais établir sur la Terre un vicaire
(khalifa).  » Ils dirent : « Vas-Tu y désigner un qui mettra le désordre et répandra le sang,
quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier  ? » Il dit : « En vérité, Je sais ce que
vous ne savez pas ! »  »
« Et Il apprit à Adam tous les Noms, puis Il les présent aux anges et dit  : « Informez-moi des
Noms si vous êtes véridiques ! »  »
« Ils dirent : «  Gloire à Toi ! Nous n’avons de savoir que ce que Tu nous à appris. Certes
c’est Toi l’Omniscient, le Sage.  » »
« Il dit  : « Ô Adam, informe-les de ces Noms. » Puis quand celui-ci les eut informés de ces
Noms Allah dit : « Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la Terre,
et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez ? » »
« Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent
à l’exception d’Iblis qui refusa, s’enfla d’orgueil et fut parmi les infidèles. »
« Et Nous dîmes  : «Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de
partout à votre guise ; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du
nombre des injustes. » »
« Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous
dîmes : «  Descendez ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la
Terre, et un usufruit pour un temps. »  »
« Puis Adam reçut de Son Seigneur des paroles et Allah agréa son repentir car c’est Lui
certes, le Repentant, le Miséricordieux. »
« Nous dîmes : « Descendez d’ici vous tous ! Toutes les fois où j’enverrai un guide, ceux qui
suivront n’auront rien à craindre et ne seront pas affligés.  » »
« Et ceux qui ne croient pas et traitent de mensonge Nos Révélations, ceux-là sont les gens du
Feu où ils y demeureront immortels. »

Dans l’histoire d’Adam, il faut distinguer trois phases :

Phase 1 : Adam, investit par Dieu de la fonction de khalifa (représentant de Dieu) en tant
qu’esprit non incarné, a reçu tous les noms.
Phase 2 : Adam se trouvait au Paradis avec sa compagne.
Phase 3 : Transgression d’Adam et de sa compagne et repentir suivit de la descente sur Terre
après pardon divin.

Dans la phase 1 : Il s’agit de l’Adam esprit, (Adam er-ruhi), ni homme ni femme. C’est lui qui
a reçu cette connaissance des noms, que même les Anges, pourtant esprits supérieurs à l’état
humain, n’avait pas reçue.

Dans la phase 2 : C’est le couple primordial, Adam et Eve, qui vivait au Paradis, dans cette
présence spirituelle issue de l’investiture de l’esprit Adamique des Noms.

Dans la phase 3 : Ce couple primordial est sorti de sa béatitude paradisiaque et est tombé dans
la dualité. Après repentir et pardon divin, il a retrouvé la Direction spirituelle, mais sans pour
autant réintégrer le Paradis. La « descente » sur terre était irrévocable et définitive. Adam et
Eve avait mangé du fruit de l’arbre interdit. Ce fruit était celui de la connaissance du bien et
du mal, donc de la dualité. Dualité qu’ils ne connaissaient pas auparavant du fait de leur état
de béatitude dans l’unité.

Nous pouvons remarquer que la «descente » du couple primordial, et donc la naissance de


l’humanité, s’accompagne de la promesse divine d’une Direction qui est donnée pour
l’humanité en devenir. Cette Direction est ce que l’on appelle la « Tradition primordiale ». La
Tradition pure, au-delà du dogme et d’une forme spécifique.
Par ailleurs, la notion d’investiture de tous les noms signifie en fait la connaissance de toutes
choses. Cette connaissance a vraiment une portée universelle, puisque même les Anges ne
l’avaient pas.

Nous n’allons pas détailler toute l’histoire, que nous avons déjà traitée antérieurement de
façon plus approfondie (voir, dans le groupe recherche sur les sens du Coran à propos de
l’histoire d’Adam et l’étude sur l’être humain).

Ici ces versets sont assez clairs pour relater l’histoire.

3 – Symbolique de l’histoire d’Adam :

Nous avons dit qu’il y avait trois phases dans cette histoire. Dieu décide d’installer un
« khalifa » sur Terre dont la fonction sera de Le représenter. Mais le plan corporel, ce que
symbolise la Terre est un monde de dualité, de conflits, ce que les Anges avaient bien perçus,
d’où leur étonnement. Mais Dieu a investit l’esprit adamique de la connaissance de toutes
choses.
Le sens est clair : Un représentant de Dieu sur Terre implique qu’il en sera le « gestionnaire »
et pas seulement au niveau de l’humanité, mais pour tous les règnes de la nature. Mais, bien
sur, pour pouvoir le faire, il faut qu’il ait les connaissances nécessaires pour cela. D’où
l’investiture.

Et cet esprit adamique s’est retrouvé avec une connaissance d’un tel niveau que les Anges qui
pourtant du fait de leur nature, sont investis d’une connaissance élevée, ne pouvaient pas
appréhender. La prosternation implique la reconnaissance de ce fait et l’autorité de celui qui
possède cette science.

Seulement, l’esprit adamique devait prendre une forme corporelle pour exercer sa fonction.
Toutefois, le plan corporel implique une sorte de dualité. C’est, si l’on peut dire, la loi
spécifique de cet état d’existence pour les êtres un peu élaborés. Donc il fallait la notion de
« couple », homme/femme afin que l’humanité puisse exister. En ce sens, Adam et Eve ne
peuvent pas être qualifiés d’un homme et de son « épouse », mais du dédoublement, de la
polarisation de l’âme unique originelle. (Voir S4 V1 : Nous avons créé/manifesté ; l’être
humain d’une âme unique et de celle-ci nous avons créé/manifesté le couple primordial).

Donc, tous deux sont investis de ces noms par « héritage » de l’investiture spirituelle. Et on
peut dire que l’un comme l’autre selon la sensibilité propre de leur genre avaient à œuvrer sur
Terre.

Mais, le « problème » si l’on peut dire, c’est que l’humanité potentielle restait à l’état
potentiel faute d’accouplement de ce couple primordial.Vivant au Paradis, donc dans un état
de Présence divine, de paix profonde, d’extase permanente, ils n’éprouvaient pas de désirs
l’un pour l’autre, puisque même la notion d’individualité devait leur être étrangère. Et c’est là
qu’intervient Iblis qui après son refus de se prosterner devant l’esprit adamique, puisqu’il
savait ce qu’il allait devenir sur Terre, fait « d’argile », son rôle devait être de faire quitter
l’état paradisiaque du couple primordial afin qu’ils agissent selon le Vouloir divin.
Avant de continuer, il nous faut expliquer quelque peu la symbolique d’Iblis dans l’histoire
adamique.

Dans une autre sourate, Dieu lui demande pourquoi il ne s’est pas prosterné quand Il le lui
avait demandé ainsi qu’à tous les Anges ? Il répondit deux choses : La première est qu’il était
de la nature du « feu » qui est plus noble que celle de l’argile et que de toute façon, si Dieu
l’avait voulu, il se serait prosterné.

Si, dans son principe, l’élément « feu » est qualitativement plus subtil que l’élément « terre »
il n’en demeure pas moins que le « feu » est plus instable et ne peut être pris en compte pour
une œuvre à long terme. La « terre » est bien plus stable en ce sens. Donc, son argument ne
tient pas. De plus, la « terre « symbolise la « connaissance », ce qui n’est pas le cas du « feu ».

Ensuite, le fait que si Dieu l’avait voulu Iblis se serait prosterné est vrai, dans la mesure où
absolument rien ne peut s’opposer à la Volonté divine. Donc quand Dieu a posé la question à
Iblis, Il savait parfaitement quelle serait sa réponse. Mais Il a voulu par ce moyen lui faire
comprendre qu’il y avait un Vouloir à cet effet qu’il ne connaissait pas et lui faire sentir son
ignorance et de ne pas s’enfler d’orgueil comme il est dit dans la sourate. On peut dire
qu’implicitement Iblis a compris ce fait, mais il n’a pas changé d’avis et il a demandé un
« sursis » à Dieu qui le lui a accordé. Et la fonction d’Iblis devenu le shaytan, est de détourner
autant que faire se peut les êtres humains de l’unité et de la voie qui mène à l’unité afin de les
égarer dans la multiplicité apparente des choses.

Quand il est intervenu auprès du couple primordial, pour les tenter, il leur a fait miroiter
l’accès à un degré de connaissance qu’ils n’avaient pas en leur disant de « manger » du fruit
de l’arbre du milieu, malgré l’interdiction divine de le faire.

Alors, ici, il apparaît clairement que cette « désobéissance » était à l’état virtuel en eux et qu’il
fallait un événement particulier afin de la rendre manifeste et, à travers eux, à toute leur
descendance, à savoir, l’espèce humaine.

Cette « désobéissance » correspond donc au fait d’avoir mangé du fruit de l’arbre interdit. Ce
« fruit » correspond à la connaissance de la dualité. Avant, ils n’avaient pas cette conscience,
mais ensuite ils ont perçu que toutes choses étaient séparées, même si cette « séparation » est
illusoire.

Mais, cette prise de conscience a amené avec elle le fait de ne plus être dans l’unité.
Ayant réalisé ce fait, ils ne pouvaient plus rester au Paradis, c'est-à-dire, que leur état d’extase
permanent, d’unité avec le tout avait disparu, il y avait une « fissure ». Alors ils ont imploré le
« pardon »   divin, c'est-à-dire essayé de revenir vers cette source spirituelle. Dieu a agréé leur
repentir, comme il est dit dans la sourate, mais ayant connu la dualité, ils ne pouvaient plus
revenir à l’état originel où cette connaissance était ignorée. Et c’est là que « l’aventure
humaine » a commencé. 

Mais si ce couple primordial avait connu le Paradis et l’état correspondant, il n’en était pas de
même de leurs descendants.  Ce pourquoi il est dit dans la sourate que Dieu allait envoyer Ses
guides afin que cette humanité ne s’égare pas.

En ce sens, l’investiture de tous les noms pour être manifeste dans les êtres humains doit être
confrontée à ce qui permet à ces noms, à cette connaissance, cette science, de se manifester.
Prenons un exemple simple pour illustrer le propos : Supposons que quelqu’un, suite à des
études effectuées, ait appris comment cultiver la terre afin de produire toutes sortes de fruits et
légumes. Tant qu’il n’aura pas mis en application sur le terrain ses connaissances, son savoir
restera virtuel ; mais une fois confronté à la réalité du terrain, il saura comment appliquer son
savoir selon les circonstances qui se produiront.

Notons déjà qu’il y a là un enseignement très important que nous rappellerons tout au long de
cette étude sur les prophètes et qui présente des implications et applications sur tous les plans,
y compris au niveau spirituel.

Voilà ce que nous pouvons dire sur la symbolique de l’histoire d’Adam.

4 – Implications sur le cheminement spirituel :

Sur ce plan, il suffit de rappeler que l’Adam primordial, celui qui a reçu tous les noms, c'est-à-
dire la connaissance de toutes choses représente chaque être humain qui nait dans ce monde.

Au départ, il nait dans la « fitra » dans cette nature primordiale paradisiaque dont il n’a pas
conscience. Progressivement en se développant physiquement et psychiquement, il va perdre
cet état paradisiaque et prendre conscience des différences dans toutes choses. Il va
« manger » du fruit de l’arbre interdit, c'est-à-dire prendre conscience de la dualité : bien/mal,
beau/laid, bonheur/malheur, etc. Et en même temps prendre aussi conscience de sa nature
différenciée en genre. Il sera masculin ou féminin. Et très vite affirmera implicitement et
explicitement le comportement différencié de l’un ou l’autre sexe. Arrivé à l’âge adulte, il
sera confronté à la fois à l’attirance ET à la répulsion de l’autre sexe. Mais aussi l’attirance
ET la répulsion des autres êtres humains. Ce qui engendrera en lui, maints conflits qui le
laisseront dans la confusion et la souffrance.

C’est très précisément ce que vivent la très grande majorité des êtres humains sous quelque
latitude qu’ils vivent.

Nous pouvons dire de ce fait, que selon l’histoire d’Adam dans le Coran, que l’être humain a
été « chassé » du Paradis. Cependant, Dieu dit clairement qu’une « guidance » leur sera donné
et que ceux qui suivront Ses guides ne seront pas malheureux.

Cela signifie deux choses importantes :

- La première que l’espèce humaine depuis les origines jusqu’à sa fin ne cessera jamais
d’avoir des guides qui lui permettra de revenir vers Dieu, vers cet état paradisiaque,
mais de façon consciente.

- La deuxième est que puisqu’il ne manquera jamais d’y avoir des guides au sein de
l’humanité, il suffit de les trouver et de suivre leur enseignement pour retrouver cette
dignité perdue.

Ceci peut paraître élémentaire. Mais pour bien comprendre l’importance de cela, il nous faut
répondre à diverses questions.

Tout d’abord, certains, surtout de nos jours, peuvent se dire que tout compte fait, il est tout à
fait possible de s’épanouir sur tous les plans sans qu’il soit nécessaire, voire utile, d’avoir
recours à un guide. La réponse à cela se trouve dans le Coran respectivement dans la sourate
95 et la sourate 103. Dans la première il est dit que l’être humain a été manifesté, (au niveau
primordial), sous la forme la plus belle, la plus excellente, puis qu’il a été renvoyé dans les
degrés les plus vils, les plus bas, excepté ceux qui ont la foi et qui œuvrent au rapprochement
avec le divin. (Ce que signifie très précisément l’expression « ‘amilu eç-çâlihât »)

La deuxième confirme cette expression en disant que certes l’être humain est dans la
perdition, excepté, justement, ceux qui ont la foi et qui œuvrent en vue du rapprochement
avec le divin. (Même expression que la sourate précédente). Mais avec comme nuances
complémentaires, le fait de se conseiller mutuellement la vérité et de se conseiller
mutuellement la patience.

Il découle de ces versets coraniques plusieurs choses :

- Tout d’abord que contrairement à ce que supposent bien des gens, le Coran est
parfaitement clair : Si ces conditions ne sont pas respectées, l’être humain est perdu.
C’est LA condition par excellence. Il faudrait détailler ce que signifie « la foi », mais
disons pour l’instant qu’il s’agit de la première « lumière » divine qui est mise dans le
cœur de l’être humain. Bien entendu, elle ne vient pas comme ça, sans effort. Nous
reviendrons sur ce point un peu plus loin.

- De sorte que les prétentions, même si elles sont sincères, de ceux qui prétendent se
passer de guidance, sans le savoir, sont erronées et ils n’arriveront jamais à cette
félicité. Le mieux qu’ils peuvent obtenir c’est une sorte de petit apaisement, de
tranquillité d’esprit par une vie ordinaire bien réglée. Mais lorsqu’une épreuve brutale
se produit, ils sont complètement désemparés et toutes leurs pseudo-certitudes volent
en éclat.

- Un autre enseignement que l’on peut tirer et qui est surtout indiqué dans la sourate
103, est que retrouver cet état paradisiaque peut prendre du temps. Donc il faut de la
patience. De même il doit impérativement être en conformité avec la vérité.
Seulement, quand nous parlons de « vérité » il faut bien comprendre que si le Coran y
fait allusion c’est que sa « qualité de vrai » doit être impossible à confondre avec
l’erreur. Elle est vérité en soi, intrinsèquement. Seulement la question se pose de
savoir comment peut-on accéder à cette vérité pure, même à un degré infime. Et c’est
là qu’intervient la « foi ». Ceci nécessite quelques explications sur cette notion de
« foi ».

La première chose à dire est que la foi n’est pas la croyance. Le Coran, qui est toujours notre
source de référence est on ne peut plus clair. Il dit textuellement à un groupe de bédouins :
« Les Bédouins ont dit : nous avons la foi, (amannâ) ! Dis : Vous n’avez pas encore la foi
(lam tu’minû), Dites nous sommes soumis (aslamnâ), car la foi n’a pas encore pénétré dans
vos cœurs. » (S49 V14). (En l’occurrence, l’expression « bédouins » est mal traduite. Le texte
coranique dit plutôt « les arabes », en général).

On ne peut pas dire que ceux qui sont au stade de « muslim » ne croient pas. Ils croient, mais
leur croyance n’est pas enracinée dans quelque chose de vécu, de sorte qui serait relativement
facile de faire changer cette croyance par une autre, comme nous le voyons très souvent à
notre époque. (L’athéisme qui se veut une doctrine rejetant toute forme de croyance
religieuse, sans le savoir établit une autre forme de croyance. De sorte qu’un individu qui ne
croit absolument à rien, n’existe pas. Il y a toujours une forme ou une autre de croyance.).

La définition de la foi en Islam est le fait d’avoir foi en Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres
Révélés, en Ses Envoyés, au jour du jugement et à la prédestination. Cela revient à dire, que
quelque part, il s’établit dans le cœur, c'est-à-dire, dans la conscience profonde de l’être
humain, une certitude, par une perception, même à un degré infime, de la réalité impliquée
dans cette définition. Il va sentir, au-delà des mots qu’il y a quelque chose de véridique en soi
dans ces conceptions.

Nous pouvons dire que c’est le point de départ véritable pour le cheminement spirituel.

Maintenant, nous pouvons aussi nous poser la question suivante : Sachant que selon la
définition même de la foi et selon la description que nous en avons faite, elle ne peut être
qu’une expérience personnelle, subjective, et que puisque le cheminement spirituel est lié à la
foi, au départ, il s’ensuit logiquement que lui aussi est strictement personnel et ne saurait être
décrit de manière objective, sinon par l’expression malgré tout assez vague du retour vers
Dieu. Mais ne serait-il pas possible de donner malgré tout des indications qui indiquent une
nette progression vers cette perfection Absolue ?

La réponse est affirmative et voici comment nous pouvons savoir que cette progression
s’opère bien.

Nous avons vu, dans l’histoire d’Adam que le couple primordial a été chassé du Paradis à
cause de la désobéissance qui l’a fait manger du fruit défendu qui est la connaissance de la
dualité. Et nous avons vu également que chaque être humain qui nait se trouve dans cet état
paradisiaque en naissant mais qu’il va le perdre en connaissant cette dualité.

Or, en réalité, cette dualité apparente est une illusion. Et précisément, le rôle d’Iblis devenu le
shaytan est de faire tomber les êtres humains dans l’illusion d’une dualité intrinsèque. Mais
comment peut on parler de « bien » s’il n’y a pas, par contraste, de « mal », de « lumière »
sans « obscurité », d’homme » sans « femme », de « face » sans « pile » et vice versa ?

C’est simplement une autre manière d’appréhender les choses, une sorte de polarisation de
l’unité. Mais seulement apparente. Et si nous prenons la dualité « homme/femme », nous
remarquerons très vite, au-delà des différences biologiques que sur le plan psychique, l’être
humain peut être alternativement avec des réactions « masculines », (la force, la puissance, la
fermeté, la rigueur, la majesté, etc.), et féminines, (la douceur, la tendresse, le pardon, le don
de la vie, l’amour, la beauté, etc.). De sorte que la première des choses à faire est de prendre
conscience de cette dualité en nous qui n’est pas fondamentalement réelle, mais simplement
deux facettes différentes et complémentaires de notre être. Donc de retrouver l’unité en nous,
la réconciliation avec nous-mêmes. Quand cette unité se fait, en nous, elle va, par extension,
produire l’unité avec tout ce qui nous entoure. Cela va être perçu de façon claire et avec une
certitude totale.

D’une autre manière, la notion de sortie du Paradis correspond à la naissance d’un ego
différencié, qui voit les choses dans la multiplicité avec tout ce que peut comporter comme
égarements une telle conception.
Le cheminement spirituel implique de retrouver cette unité en nous, comme dit plus haut, et
avec la Transcendance. Mais étant donné cette « vision » de la multiplicité, il implique de voir
l’Un dans le multiple et le multiple dans l’Un. C’est une vision aussi bien détaillée que
synthétique. C’est, en passant, le sens des qualificatifs du Coran. Il est « Qur’ân » en tant que
synthèse et il est « Furqân » en tant que connaissance détaillée et ses sens multiples. Mais
fondamentalement il est la Révélation qui résume toutes les Révélations.

Par ailleurs, Dieu a voulu, en faisant sortir du Paradis le premier couple, faire en sorte qu’il lui
soit possible d’accéder à la connaissance de tout ce qu’Il veut manifester Et en ce sens,
chaque époque qui passe apporte des manifestations des possibilités divines avec son « lot »
de connaissances, sur tous les plans, nouvelles. Et chacune d’entre elle va se rajouter aux
précédentes. Ce qui fait que notre époque actuelle peut apporter une connaissance
incomparablement supérieure à celle des siècles passés et il en sera de même pour les
générations à venir.

Ici, il nous faut faire une petite digression. Quand nous employons le terme « connaissance »
il faut comprendre deux choses. La première qui est celle de la connaissance rationnelle, du
savoir intellectuel, pour utiliser la phraséologie commune, qui peut être obtenue par
apprentissage, enseignement, recherche scientifique, etc.

L’autre est d’une toute autre nature. Elle est d’ordre spirituel. C’est un dévoilement. Elle est à
la fois « connaissance », « compréhension profonde », « état d’être ». Dans ce « cadre » là le
sujet de la connaissance EST l’objet de la connaissance. Alors que dans le savoir rationnel il
est obligatoirement nécessaire de séparer le sujet de l’objet pour pouvoir le comprendre, dans
le cas de la connaissance spirituelle, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir séparation. C’est une
connaissance unitive.

Il est bien évident qu’il n’est pas possible d’expliquer mieux cette question pour la raison
simple que par définition, le langage est dualiste. On devrait dire c’est « ça » et en même
temps, ce n’est pas « ça » tout en étant l’un et l’autre et aucun des deux ! Pas très facile de s’y
retrouver. Il faut simplement en faire l’expérience, même à un très faible degré. Après les
choses sont claires.

Donc, le principe de la guidance évoquée pour l’humanité qui n’est plus dans le Paradis,
correspondra à la fois à la pratique et à la science qui permet de retrouver cette unité et qui
évoluera dans les formes selon les époques et les peuples.

Voilà ce que nous pouvons dire au sujet de l’histoire d’Adam en relation avec le cheminement
spirituel.

5 – Implications sociales de l’histoire d’Adam :

Nous avons vu un certain nombre d’éléments que l’on pouvait déduire de l’histoire d’Adam.

Maintenant, il nous faut examiner cette histoire telle qu’elle est racontée dans le Coran, afin
de voir ce que l’on peut en déduire au niveau social et en correspondance avec la situation
générale de l’humanité d’aujourd’hui.

Pour ce faire, il nous faut examiner plusieurs points attentivement :


- Ce qu’implique l’histoire d’Adam, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif.
- La situation de l’humanité d’aujourd’hui au niveau social, les « crises » par lesquelles
elle passe, ses causes.

Après cela seulement nous pourrons voir en quoi l’histoire d’Adam peut répondre, ou non, à
un besoin.

L’histoire d’Adam, comme nous l’avons vu, est assez claire. Dieu a voulu, pour des raisons
qui Lui sont propres, mettre Son représentant sur Terre. Même si ce n’est pas dit de façon
explicite, il est clair que la fonction de ce représentant (khalifa) est la « gestion » de tous les
éléments de ce qui vit sur Terre. Par gestion, nous entendons que l’équilibre de toutes choses
soit respecté, que chaque chose soit en parfaite résonnance avec le plan divin transcendant.

Pour ce faire, l’être humain a été investit en tant que prototype adamique de la connaissance
de toutes choses spécifiées dans cette affirmation divine d’enseignement de tous les noms.

Ceci étant dit, nous signalons au passage, pour eux qui souhaiteraient aller bien plus loin dans
la recherche, mais qui est plutôt hors sujet ici, que fondamentalement cette investiture divine a
fait que l’être humain qui a réalisé cet état dans sa plénitude est celui qui est qualifié d’homme
universel (insan el kamil), et que, d’une certaine façon, la destinée de l’humanité est de
réaliser à l’échelon de l’humanité cet état. Ce qui implique une mission particulière qui
engage toute l’espèce humaine. En ce sens, la notion de « khalifa » ne concerne pas seulement
la Terre mais tout le plan corporel et l’univers manifesté, voire même plus loin. Mais, encore
une fois, développer ces notions assez subtiles ne peut pas l’être ici, c’est bien trop éloigné du
sujet principal. Si nous le mentionnons c’est afin d’orienter la recherche pour certain(e)s qui
ont les connaissances nécessaires et fait un certain cheminement dans la voie.

Nous avons vu que celui qui a reçu tous les noms est l’esprit adamique et qu’au niveau
corporel, le couple primordial a aussi bien pour l’un que pour l’autre, cette investiture dans la
mesure où il est la polarisation en homme et femme de l’âme unique.

De même, il est aussi évident que la sortie du Paradis correspond à une nécessité afin que
l’humanité puisse exister de façon effective et non seulement virtuelle dans le couple
primordial. L’enseignement qui a été donné à travers la « guidance » annoncée par Dieu à
Adam et Eve est l’enseignement, la science, qui permet de réactualiser par différents moyens
la conscience universelle impliquée dans la notion de khalifa.

Ceci posé et rappelé, concernant l’humanité d’aujourd’hui, il n’est pas besoin de préciser à
quel point elle est éloignée de cet état.

La cause de cet éloignement a été évoquée au début de cette étude lorsque nous avons précisé
les questions liées à la manifestation de toutes les possibilités manifestables.

Maintenant, quelle est la situation sociale de l’humanité d’aujourd’hui ? Nous constatons un


accroissement de plus en plus important de la violence dans tous les domaines. Il y a
actuellement toute une série de « crises » : Crise sociale. On a l’impression que dans la très
grande majorité de l’humanité les gens sont sans direction, ne savent pas, ou plus, vers quoi se
retourner pour prendre appui, pour trouver une raison de vivre en paix et dans l’équilibre. On
a l’impression d’un déséquilibre généralisé. Ce qui est stable aujourd’hui peut très bien
demain être remis en question.
Crise économique où chacun ne sait pas si demain ne va pas lui amener la précarité et
l’obliger de se retrouver dans la rue.

Crise éducative. Les parents ne savent plus comment éduquer leurs enfants qui se retrouvent
livrés à eux-mêmes et beaucoup sombrent dans la délinquance, la drogue ou dans les groupes
fondamentalistes qui au nom de pseudo principes religieux ont créé un véritable totalitarisme
violent et obscurantiste.

Crise écologique. On parle de plus en plus et on assiste impuissants à la dégradation de


l’environnement de la nature. Tout est empoisonné. La nourriture, l’eau, l’air que nous
respirons et même les médicaments sensés nous soigner s’avèrent souvent être pires que le
mal qu’ils sont sensés guérir et tuent.

Crise de sens. La vie même devient vide de sens. Tout ce que la société propose c’est une vie
de consommateur, avide de gadgets tous plus sophistiqués les uns que les autres, la recherche
de l’argent et la compétition de tous contre tous afin d’avoir les « meilleures » places dans la
société ; C’est la corruption des « élites » de moins en moins cachée. Il n’y a plus aucun
repère.

Même les religions sensées donner une « direction » sure à l’humanité ne répondent plus aux
besoins fondamentaux. Nous ne voyons que trop des responsables religieux se bagarrer pour
des questions de pouvoir ou pour imposer leur manière de voir les choses, les querelles de
chapelle entre religions différentes qui prétendent à l’hégémonie sur les autres, et même les
différents courants internes des religions se bagarrer les uns contre les autres pour imposer
leur modèle. Nous voyons aussi l’instrumentalisation des religions au niveau politique. Nous
voyons également la prolifération des sectes de toutes sortes qui cherchent à profiter du vide
existentiel et du vide de sens pour attirer les gens vers, ce qui est au mieux, des voies de
garage où les victimes se font « plumer » au niveau financier, ou au pire, qui les déstructurent
complètement au niveau psychique.

Comment en est-on arrivé là ? Alors il y a bien des réponses possibles. La première chose à
dire est, encore une fois, tout, absolument tout ce qui doit se manifester, même ce que nous
appelons les « pires choses », doit se manifester. Ensuite, l’ensemble des déséquilibres
particuliers concourent à l’équilibre général. Nous pouvons dire aussi que ces événements ne
sont qu’un instant du temps. Mais, naturellement, cela ne signifie pas qu’il faille rester les
bras croisés et se résigner.

Si nous regardons de façon plus approfondie, nous constatons que de toute évidence
l’humanité d’aujourd’hui est comme une boussole qui n’a plus de direction. Les choses vont
dans tous les sens sans cohésion particulière. Et même quand il semble y avoir un semblant de
cohésion, même s’il est totalitaire, il ne dure pas très longtemps avant d’être remis en question
dans un climat de lutte perpétuel.

En même temps et en parallèle, nous voyons apparaître toute une série d’initiatives qui
cherchent à retrouver un sens aux événements et à la vie. Ce sont des mouvements politiques
qui cherchent à construire une alternative de gouvernance saine, des mouvements
écologiques, des écoles nouvelles qui proposent une pédagogie qui agirait pour
l’épanouissement de l’enfant et non à faire du « bourrage de crâne ». Il y a même certaines
idées et initiatives au niveau économique qui sont proposées pour sortir du système infernal
de l’économie de marché qui n’a été instituée que pour l’enrichissement exponentiel d’une
infime quantité d’individus dans le monde. Même les religions cherchent à retrouver une
solution pour tous ces maux. Mais comme elles ne veulent pas abandonner leur compétition
pour avoir l’hégémonie et qu’elles font un prosélytisme acharné, (hormis le Judaïsme mais
son cas est différent. Le problème chez de nombreux juifs est de se croire le « peuple élu de
Dieu » et de considérer les autres peuples de haut et avec une certaine condescendance, voire
du mépris. Mais outre que les juifs ne constituent pas et n’ont jamais constitué un « peuple »
spécifique, cette notion de « peuple élu » est due à une erreur d’interprétation des textes
Révélés.), il s’ensuit qu’au lieu de remédier au déséquilibre ambiant, elles l’accentuent. 

Une des premières choses que nous avons vue concernant le couple primordial est que si cette
différenciation de genre est manifeste au niveau physique, corporel, sur un plan plus subtil il
n’en est rien, les deux composantes sont en nous que nous soyons homme ou femme. Et il est
nécessaire et même indispensable de retrouver cette communication entre des deux aspects et
de rétablir l’équilibre.

La sortie du paradis du couple primordial à cause de la consommation du « fruit défendu »


symbolise très précisément cette rupture de communication entre nos deux composantes ;
Nous faisons, en quelque sorte un absolu de nos tendances dominantes et étouffant l’autre
partie de nous-mêmes. Et s’il n’y a pas de « communication », d’équilibre, en nous comment
pourrons-nous les réaliser entre nous ?

Dans l’enseignement des noms à Adam, il rentre nécessairement celui des Noms divins, (les
99 Révélés). Et ces Noms divins, avons-nous eu l’occasion de dire, sont des énergies que nous
pouvons utiliser. Mais l’ensemble de ces Noms « fonctionnent » en inter réactions les uns des
autres et ainsi l’harmonie est respectée. Le problème actuel est que les êtres humains, sans le
savoir, utilisent ces énergies, cette science qui est contenue dans ces Noms, puisque ils sont
contenus en nous, mais du fait du déséquilibre initial, ils sont utilisés en dépit du bon sens, ce
qui amène pour résultat l’état de crise permanent au sein de l’humanité.

Même si les initiatives qui ont cours aujourd’hui pour essayer de solutionner les problèmes de
la société sont louables en elles-mêmes, faute de revenir à l’essentiel, quelles ne connaissent
pas, ou mal, leurs initiatives n’aboutissent pas beaucoup.

Ce qui nous amène directement au sens de la suite de l’histoire d’Adam. En effet, une fois
expulsés du Paradis, le couple primordial est revenu vers Dieu et leur « repentir » a été agréé.
C'est-à-dire que le retour à l’essentiel a rétabli l’équilibre rompu. Et Dieu a bien spécifié
qu’une « direction » leur serait donnée, essentiellement pour leurs descendants. Cette
« direction » correspond à la science qui permet de rétablir l’équilibre dans l’être humain, de
retrouver son unité entre ses composantes masculine et féminine et de renouer avec la
Transcendance.

Cette « direction » est ce que l’on appelle la « prophétie » qui est tout un enseignement, une
éducation d’éveil, qui s’est transmis jusqu’à nos jours et qui reste toujours vivant et
accessible, tant au niveau individuel, qu’au niveau collectif ou au niveau de l’humanité toute
entière.

Le « travail » de chacun(e) est précisément de rechercher cette « direction » et de suivre


l’enseignement qui est donné par ceux qui sont investis de la mission de guider vers cette
unité. Toutefois, si cette recherche est indispensable, il y a également un travail à faire qui en
est comme une résultante, ou une conséquence, qui est de relier toutes les activités humaines,
de près ou de loin à ce principe fondamental de l’unité.

Afin de donner une idée de ce que nous voulons dire, prenons quelques exemples.

Dans la société d’aujourd’hui tout est fait selon un point de vue profane, désacralisé, des
choses. Rétablir le sens du sacré implique, bien entendu de le vivre, mais aussi de relier toutes
les activités à ce sacré. Un architecte fera des bâtiments bâtis selon le nombre d’or, (pour
rappel, ce nombre est celui sur la base duquel tous les édifices sacrés, cathédrales, grandes
mosquées, etc. Sont bâtis. Ce n’est pas seulement un nombre particulier, mais le fait que le
bâtiment dans son architecture est en harmonie avec l’universel et de ce fait rayonne de
vibrations qui tendent vers le spirituel et sa vison globale manifeste une sorte de perfection
intrinsèque, une beauté qui dépasse le côté esthétique en élevant l’esprit juste en le regardant),
avec des matériaux nobles.

L’agriculteur fera pousser ses fruits et légumes en respectant la terre, donc selon les principes
de l’agriculture biologique et non en utilisant les engrais chimiques et les pesticides qui
brûlent la terre et empoisonnent les aliments avant d’empoisonner ceux qui les
consommeront.

Les décideurs politiques ne prendront des décisions qu’en fonction des implications pour les
trois, cinq ou sept générations à venir et non pour défendre des intérêts particuliers
hégémoniques en trompant de façon délibérée leurs peuples. Leurs lois viendront compléter
les lois divines sur les domaines où celles-ci restent silencieuses.

Même le domaine de la finance sera utilisé pour faciliter les échanges entre les gens, les
communautés et les pays et non pour enrichir de façon démesurée une infime minorité
d’individus. La spéculation qui fait tant de dégâts sera supprimée, la notion d’intérêt, même
chose, etc.

Comme on le voit, c’est une toute autre conception, une autre manière de voir les choses qui
est impliquée par le retour à cette « direction », cette « guidance ».

Naturellement, il n’est pas possible d’arriver à ce stade d’un seul coup. Mais le principe est
simple. Les individus, en tant qu’individus, cherchent à renouer avec ce message universel
vers cette guidance afin de le vivre, puis ensuite ce sont des groupes, des communautés qui
peuvent se retrouver ensemble dans un village, un quartier, et progressivement par « effet de
présence », comme le levain dans la pâte, arrivent à amener progressivement l’humanité à se
retourner vers cette « direction ».

Ces explications données peuvent nous faire penser que tout est dit et que tous les prophètes
qui sont venus dans l’humanité n’ont fait que décliner cette question fondamentale que nous
avons exposée. C’est assez vrai, toutefois, chaque prophète est venu apporter une précision,
une accentuation particulière sur tel ou tel domaine, tout en montrant les implications et
conséquences dans un sens ou dans l’autre, selon que l’on suit ces prescriptions ou qu’on les
rejette. C’est précisément ce que nous étudierons lors des prochaines approches sur les autres
prophètes.

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