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Royaume du Maroc

Université Ibn Zohr d’Agadir

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales


Filière Droit en langue française

Pr. Reda El Fellah


Introduction à la Science Politique
Semestre 1

2017-2018

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Table des matières

Chapitre Introductif : Définition des concepts............................................Page 3

Chapitre I : Les grandes approches en science politique.........................Page 10

Chapitre II : Le pouvoir politique................................................................Page 16

Chapitre III : Culture Politique et socialisation politique.............................Page 19

Chapitre IV : Les organisations agissant dans le champ politique...........Page 23

Bibliographie..............................................................................................Page 30

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Chapitre Introductif : Définition des concepts

Lorsqu’on veut rédiger un support pédagogique de science politique pour


des étudiants de première année d’université, on se pose de prime abord
la question : Par où commencer ?
Par l’Etat au niveau des acteurs, où par la société au niveau de la
socialisation politique ? Commençons par le commencement. Que
signifie t-il le terme « science » ?

1. Le concept de « science »

La science est tout d’abord un discours méthodologique sur le réel. Selon


la définition de Bertrand Russell « la science a pour but de découvrir, au
moyen de l’observation et du raisonnement basé sur celle-ci, d’abord des
faits particuliers au sujet du monde, puis des lois reliant ces faits les uns
aux autres, et permettant (dans les cas favorables) de prévoir des
évènements futurs ».
La science est un savoir qui observe le réel, son objet est physique (ce qui
existe, ce qui réel), et pas la métaphysique.
La science vise à rationnaliser le monde et à le démystifier selon
l’expression de Max Weber, à lui donner un sens et à le rendre prévisible.
Pour y arriver, la science et les scientifiques élaborent des théories.
Les théories ne peuvent rendre compte de toute la réalité dans la mesure
où ils sont amenés à opérer des choix arbitraires. Par conséquence, la
science construit une vérité toute relative, provisoire et falsifiable (qui
pourrait être démentie) selon l’expression de Karl Popper.

2. Le concept de « Politique »

Le concept de « politique » est à la fois simple et complexe. La politique


est à la fois si proche et si lointaine. Hanna Arendt (philosophe politique
allemande) pense que la « politique » est tout d’abord un ensemble de
« jugements pré-conçus », qui sont anti-politiques car ils donnent une
connotation presque toujours péjorative au concept (Comme par exemple
l’expression : il ne faut pas parler de politique).
Toute prétendue définition du concept « politique » relève davantage de
perceptions et d’avis populaires que d’une connaissance objective.
Est-ce qu’on pourrait alors donner un sens à la politique, un sens qui
pourrait nous aider à distinguer ce qui est politique de ce qui n’est pas
politique ?

Il existe une extrême diversité des acceptions du mot politique.


Il faut distinguer :
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la politique (politics) : désigne la vie politique, l’arène où les
responsables politiques s’affrontent pour la conquête du pouvoir (par
exemple, s’engager en politique, faire de la politique) ;
la politique (policy) renvoie aux programmes d’action mis en place par
une institution pour atteindre des objectifs donnés (par exemple, l’Etat
qui met en œuvre des politiques sociales ou encore une entreprise qui
définit une politique des ressources humaines) ;
le politique : l’emploi du masculin renvoie à celui qui gouverne, qui
exerce des responsabilités dans la cité (polis en grec), qui détient le
pouvoir.

Pour mieux cerner la définition du concept « politique », il faut


distinguer les usages dont on peut trouver un terme de substitution
(synonyme), et les usages qui marquent une frontière entre ce qui est
politique et ce qui ne l’est pas.

2.1. Les usages avec « substitut »

La politique dans le sens de la gestion des affaires publiques : Il se


définit ainsi comme étant l’ensemble coordonné des mesures prises
par les pouvoirs publics, appliquées à un secteur déterminé (par
exemple, la politique environnementale où la politique agricole..).
Selon cet usage du mot « politique », celle-ci consiste en un ensemble
d’objectifs et de moyens engagés selon une base rationnelle. La
politique dans ce sens est « neutre » dans la mesure où il vise à
résoudre un problème où un dysfonctionnement.
La politique dans le sens de la ligne idéologique d’un parti, d’un
homme politique. Cet usage du mot « politique » met l’accent sur la
subjectivité de l’acteur plus que sur l’objet (par exemple la politique
gouvernementale). Ainsi, une politique sociale pourrait donner la
priorité à certains objectifs comme « la cohésion sociale à travers
l’impôt », alors qu’une politique libérale serait axée sur les incitations
faites aux acteurs économiques.
La politique « politicienne » dans son sens péjoratif, pour décrire à la
fois un univers et des pratiques amorales et immorales pour conquérir
le pouvoir et le conserver tout en dénigrant les adversaires politiques.
Ce troisième sens qu’on donne au mot « politique » nous renvoie au
point de départ, celui où la politique ne peut se séparer des jugements
de valeur, du pré-conçu.

2.2. Une définition par la négation

Politique et Technocratie
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La technocratie n’est pas reconnue en tant que telle par celui qui la
pratique. Le technocrate désigne la politique comme étant le champs des
choix subjectifs. Partant du postulat que la marge de décision politique
est limitée par les contraintes de la réalité, la technocratie se considère
comme la soumission à des objectifs objectivement et rationnellement
définis en fonction des moyens disponibles.
Quand les politiciens font des choix non rationnels, les technocrates
stigmatisent ces choix et décrient leur caractère politique.
En contrepartie, les politiciens ont un discours différent selon lequel
plusieurs choix sont toujours possibles qu’ils soient démontrables où pas.
Le plus important c’est de les présenter d’une manière attractive.
La technocratie finit par devenir victime de ses propres prétentions, car
c’est plus facile de présenter une autre alternative que de détruire les
arguments des technocrates. Car, finalement, la technique ne peut
remplacer la politique et lui soustraire le jugement des choix arbitraires
par nature.
Ceci nous pousse à la conclusion suivante : Si la tactique des
technocrates pour évincer la politique consistait à démonter la marge très
réduite des politiciens à opérer des choix. Alors, la politique ne peut
mieux se définir que par sa capacité à faire des choix et à proposer
d’autres alternatives.
La politique serait ainsi une dialectique permanente entre des choix. Cela
suppose l’existence d’une problématique à résoudre.
Aucun problème de société n’est par nature politique mais n’importe
lequel est susceptible de le devenir pourvu qu’un groupe social s’en
saisisse. Ceci passe à travers le processus de politisation.

2.3. Le processus de politisation

Le cercle des affaires politiques est un cercle perméable, mouvant et


acceuille en son sein toute question qui devient problématisée et donc qui
appelle une réponse, une solution qui est basée sur un débat à propos de
choix divergents. Ce débat se déroule au sein d’un espace public.
Les phénomènes sociaux, c'est-à-dire qui se déroulent au sein de la
société sont susceptibles d’être politisés. Ceci requiert comme réponse la
prise de décisions fondées sur la possibilité de choisir attribuée à
l’autorité politique.
La politisation d’une affaire, d’un sujet donné c’est son passage de la
sphère privée à la sphère publique selon l’expression de Hannah Arendt.

2.4. Quelques définitions de la politique

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Selon le politologue américain David Easton, la politique se définit
comme étant « l’Allocation autoritaire des valeurs ». En d’autres termes,
la provision de biens publics (sécurité, revenus, services publics,
prestations sociales..) tout en veillant à concilier les intérêts divergents
des groupes sociaux.
Une autre définition répandue nous est donnée par un autre politologue
américain Harold Lasswell qui la définit comme étant : « Le processus à
travers lequel est décidée qui obtiendra quoi, quand et comment ». Cela
se traduit par l’élaboration de choix.
La politique comporte deux faces :
La première est celle du gouvernement des Etats, et cela suppose une
lutte permanente pour le pouvoir. L’autorité politique est poussée par un
instinct de domination et de légitimation de cette domination. Gustave
Lebon (sociologue français) définit cette face comme étant « la
connaissance des procédés de gouvernement ».
La seconde face de la politique correspond à la fourniture des biens
publics aux citoyens, d’une action collective de protection.
Selon l’expression d’Yves Schemeil, la politique en même temps qu’elle
assure la domination des puissants sur les faibles, elle a aussi pour effet
d’être parfois utile aux faibles eux-mêmes.

2.5. L’autorité politique

L’autorité politique est celle qui intervient soit pour amorcer un


processus de politisation, soit pour le conduire à sa fin. En contrepartie,
cela l'expose à une responsabilité. L’exercice du pouvoir a son coût.
L’autorité politique est constamment appelée à intervenir pour résoudre
un problème quant ce dernier passe de la sphère privée à la sphère
publique. Quant la situation sociale et économique se détériore, et dés
que la demande est adressée au sujet d’une affaire déterminée, celle-ci
devient alors politisée même si l’autorité politique refuse d'inervenir.
Le premier sujet politisé c’est la nécessité de mettre en place une autorité
politique. Mais au-delà existe-t-il des sujets qui sont intrinsèquement
politisés, et des sujets qui ne devraient pas l’être ?
Trois domaines se révèlent comme intrinsèquent politiques, c’est à dire
qui ont une nature politique insoupçonnable.
Le système politique
L’acquisition du pouvoir politique
L’exercice du pouvoir politique
Il est très périlleux de définir la politique et pouvoir dessiner une ligne de
démarcation stricte et perpétuelle entre ce qui est politique, et ce qui ne
l’est pas. Hormis les 3 domaines pré-cités qui ont un caractère politique
inhérent, tous les autres domaines sont susceptibles de devenir politisés
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quant il s’avère nécessaire de trouver une solution à une question où à un
dysfonctionnement. Le propre de la politique est l’existence d’un choix
délibéré à faire entre plusieurs alternatives.
Faute de pouvoir définir le cercle perméable de la politique, essayons de
découvrir le champs dans lequel s’opère la politique pour mieux la
comprendre.

Le champs politique est un univers de représentations


Dans la mesure où notre connaissance intuitive, et même scientifique
demeure encore incapable de dégager des règles exactes selon lesquelles
évolue la réalité politique, toutes les théories qui élaborent une certaine
conception du monde pour le comprendre et le prévoir tombent victimes
de représentations.
Le monde politique est constitué par des faits de conscience. L’existence
de la politique suppose qu’elle soit perçue en tant que telle. Il n’est pas
important de savoir si ces perceptions sont vraies où pas, mais de
comprendre le processus qui les construit (Par exemple, il est possible
que malgré le niveau correct de sécurité qu’un crime médiatisé crée un
sentiment d’insécurité)
Comment se crée la reprsentation politique ?
Sel Jean Marie Denquin, il existe trois sources des représentations
politiques. Tout d'abord le contexte familial à travers le socle d’idées qui
sont transmises de génération en génération.
La seconde source est constituée par les médias et les réseaux sociaux qui
assurent aujourd’hui ce rôle de « fabrique des représentations ».
La troisième source est l’expérience personnelle des individus.
A travers les représentations, les individus facilitent aux politiciens les
œuvres de manipulation de l’opinion publique, et permet aux politiciens
de nier des faits en faisant recours à un système de croyances.
Le champs politique est un champs linguistique

L’analyse des faits politiques est dominée par des représentations et des
perceptions véhiculées par le langage. Les jugements de valeur véhiculés
par le langage peuvent avoir un effet sur les jugements réels.

Quelle est la nature de ces représentations ?

Ces représentations ont tout d’abord un caractère pragmatique. Elles


permettent de conforter des intérêts partisans, idéologiques où autres, et
résister aux vérités qui sont en contradiction avec certaines visions du
monde. Dans le champs politique, la réalité est le plus souvent le miroir
de nos représentations pragmatiques.

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Les représentations politiques ont aussi une nature conflictuelle. Cela
arrive fréquemment lorsque les besoins de tous ne peuvent être satisfaits
équitablement (Augmenter l’impôt sur les sociétés aura un impact négatif
sur l’emploi. Améliorer le revenu des agriculteurs revient à augmenter le
prix des produits agricoles.).

Le champ politique est traversé par une dynamique perpétuelle de


progrès
Mais cette quête n’est pas guidée par des préférences quantifiables et
mesurables. De la sorte naît une dynamique politique dont la logique
d’ensemble échappe à toute rationalité et dont les composantes ne sont
pas mesurées à leur juste valeur ( exemple : un parti politique
progressiste pourrait être tenté de participer à une coalition
gouvernementale dirigée par un parti conservateur. Un électeur adepte du
socialisme voterait-il pour un parti socialiste qui a un programme
économique qui va à l’encontre de ses intérêts)

Les phénomènes politiques sont complexes et déterminés par


l’interaction entre plusieurs facteurs objectifs et subjectifs, dont il est très
difficile d’en mesurer l’importance avec certitude scientifique.
Finalement, serait-on condamné à vivre avec cet état de doute sans espoir
de donner à la politique des explications rationnelles ?
Le monde politique reste malgré tout irrationnel d’un point de vue
objectif, mais il est en partie vécu comme étant rationnel d’un point de
vue subjectif. Cela sans que les deux côtés de la rationalité puissent être
compatibles.

3. Définition de Science Politique

Il nous paraitra que la définition la plus simple de « science politique »


serait de la considérer comme étant la discipline qui a pour objet l’étude
des phénomènes politiques.

Cependant, on se pose la question sur la définition même des


phénomènes politiques. On doit avouer alors qu’on ne peut donner une
réponse définitive à cette question. Cela s’explique par l’absence d’une
ligne de démarcation perméable entre ce qui est politique et ce qui ne
l’est pas.
L’absence d’un objet conceptualisé et bien défini de la science politique a
poussé les politologues à entrer dans une controverse devenue
aujourd’hui classique entre les adeptes de la science politique en tant que
« science de l'Etat », et ceux qui la perçoivent plutôt comme une
« science du pouvoir ».
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3.1. La science politique en tant que « science de l’Etat »
Cette conception d’inspiration juridique présente l’avantage de la
précision, car elle identifie l’objet de la science politique à une réalité
bien connue qui est celle du gouvernement des Etats.
Le dictionnaire Littré définit la SP comme étant la « science du
gouvernement des Etats ». Le dictionnaire de l’Académie française la
définit comme étant la « connaissance de tout ce qui a un rapport avec
l’art du gouvernement des Etats et la gestion de leurs relations
réciproques ».
Malgré son avantage de précision, on peut reprocher à cette définition
de la SP d’être restrictive, et donc de limiter son objet aux aspects
juridiques et institutionnels et de négliger les dimensions
sociologiques. Cette définition reste axée sur une conception
extrêmement souverainiste de l’Etat-Nation.

3.2. La science politique en tant que « science du Pouvoir »

Face cette définition centrée sur l’organisation de l’Etat, une autre


conception privilégie une définition de la Science politique en tant
que « science du pouvoir ».
La science politique serait ainsi la « science » qui étudie les
phénomènes de pouvoir. Il s’agit d’ne définition extensive qui refuse
les limites posées par la notion de « souveraineté ». Elle présente
néanmoins l’avantage de permettre la distinction entre els formes de
pouvoir qui existent au sein de l’Etat des autres formes de pouvoir
qu’on retrouve au sein d’autres entités sociales.
Cette approche est celle préférée par la discipline de sociologie
politique est adoptée par d’imminents sociologues et politologues tels
que Harold Lasswell, Robert Dahl, Georges Burdeau et Maurice
Duverger. Elle met l’accent sur les rapports de pouvoir, de
domination et de hiérarchisation qui naissent au sein des groupes
humains.
C’est ainsi que Robert Dahl définit le système politique comme étant
l’ensemble persistant des rapports humains qui impliquent dans une
mesure significative des relatons de pouvoir, de domination et
d’autorité »
Cette controverse est aujourd’hui dépassée, car les deux conceptions
ne s’excluent pas mutuellement dans la mesure où l’étude des
phénomènes de pouvoir n’est pertinente dans la discipline de science
politique qu’en étant en liaison avec l’organisation étatique. En même
temps, l’étude des phénomènes purement étatiques ne peut faire

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l’économie des dimensions de pouvoir et d’autorité qui se déroulent
dans les contextes pré, para et supra-étatiques.
Ainsi Maurice Duverger conclut-il que « ceux qui définissent la
politique comme la science du pouvoir en général reconnaissent
qu’elle atteint dans l’Etat sa forme la plus achevée, son organisation
la plus complète, et qu’on doit surtout l’étudier dans ce cadre. Dans
les autres sociétés humaines, il reste embryonnaire ».
Pour résoudre cette controverse, on adopte alors une définition qui
fédère cette double référence à l’Etat et au pouvoir afin d’éviter aussi
bien la restriction que l'élargisemnt excessifs de l’objet de science
politique.

Chapitre I : Les grandes approches en science politique

Il s’agit d’approches et d’angles d’analyses pour aborder les problèmes et


proposer leur solution.
On distingue 3 grands paradigmes :
Les paradigmes centrés sur l’individu
Les paradigmes interactionnistes (interactions entre l’individu et la
société)
Les paradigmes holistes (centrés sur la société)

1. Les paradigmes centrés sur l’individu

1.1. L’individualisme méthodologique

C’est en priorité la conséquence d’actions individuelles qui donne un


sens aux phénomènes sociaux. La relation entre deux phénomènes est
analysée comme la conséquence de la logique de comportement des
individus impliqués dans ces phénomènes.
Dans ce paradigme, l’individu rationnel est le centre de l’analyse
sociologique. Ainsi, selon cette approche, l’explication des phénomènes
politiques requiert l’analyse de motivations individuelles accumulées où
agrégées.
La priorité est donnée donc à l’analyse des décisions individuelles
délibérées qui s’opèrent dans un cadre social certes, mais tout en rejetant
l’approche déterministe (thèse du sociologue français Raymond
Boudon).
D’après l’individualisme méthodologique d’inspiration wébérienne, la
question qu’on devrait se poser pour comprendre et expliquer les
phénomènes politiques est la suivante : Comment le concours de
volontés individuelles rationnelles peut aboutir à un résultat
collectivement irrationnel ?
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1.2. L’école des choix rationnels

D’inspiration économiste et libérale, l’école des choix rationnels en


science politique se base sur les travaux de Kenneth Arrow (changement
social et valeurs individuelles), et de Morgenstern (théorie des jeux et
comportement économique).
Selon cette approche, les acteurs politiques se comportent selon des
calculs rationnels de leurs gains escomptés, et évaluent les réactions
supposées rationnelles des autres acteurs.
Le choix rationnel suppose une évaluation de ses propres moyens (par
exemple un leader syndical qui se pose la question si son leadership lui
permettra de convaincre et pousser les salariés à faire grève ?), et une
représentation hiérarchisée de ses objectifs (par exemple un dirigeant
d’un parti politique qui aurait comme premier objectif de rester dans
l’opposition avant de viser la participation au gouvernement).

1.3. Critique des approches centrées sur l’individu

Les approches centrées sur l’individu ont été critiquées pour avoir
privilégié l’égoïsme individuel, et avoir mis l’accent sur les motivations
utilitaristes qui reflètent davantage une vision occidentale de la
rationalité.
En réagissant à cette critique, les adeptes des approches rationalistes
rejettent eux-mêmes « le tout rationnel », et nous expliquent ainsi qu’un
résultat social irrationnel peut résulter de la somme de comportements
rationnels. En outre, le modèle de la rationnalité standard rencontre des
facteurs qui faussent son calcul (Croyances, idéologies, habitudes,
information incomplète, perceptions, émotions...)
Enfin, dans la société la rationalité ne peut pas toujours être convertie en
termes économiques.

2. Les paradigmes interactionnistes ‫الباراديغمات التفاعلية‬

2.1. L’interactionnisme symbolique

En partant de la présomption que tout fait social s’exprime dans un


langage, tous les rapports sociaux (pouvoir, influence, coopération,
conflit...) se traduisent dans un échange permanent de signes et de
symboles (façon de parler, style vestimentaire, gestes...)
Ce paradigme insiste sur les cadres d’interaction communs qui permettent
aux individus de nouer des liens et de donner un sens commun à leurs
interactions.
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2.2. L’interactionnisme stratégique

Il s’agit d’une approche qui s’inscrit davantage dans la dynamique


sociale que dans l’individualisme. Son explication des phénomènes
sociaux se fonde sur l’étude des forces de reproduction des rapports de
force entre dominants – dominés au sein de la société.
Les décisions et actions des agents politiques sont soumis à un
« habitus » selon l’expression de Pierre Bourdieu qui tend toujours à
reproduire les mêmes relations de domination entre groupes sociaux.

2.3. Les approches pragmatiques

Ces approches accordent la priorité à l’étude de sens que les individus


accordent à leurs actions. En partant de l’hypothèse selon laquelle le
monde social (y compris politique) et ses institutions ne cessent de se
faire et de se refaire, les approches pragmatiques s’intéressent aux sens
communs construits au sein d’une collectivité à travers un processus
d’interactions continu entre ses membres.
L’analyse du fait politique se base alors sur ces processus qui aboutissent
à la création des sens d’une réalité partagée (Exemple : Quel est le
cheminement mental et émotionnel qui pousse les électeurs à considérer
leur vote comme étant utile où au contraire non utile ? Comment des
partis politiques préfèrent entrer dans une coalition gouvernementale
hétérogène quitte à perdre une partie de leur base électorale ?).

3. Les approches Holistes

3.1. Le Matérialisme

Le matérialisme historique fait partie des approches holistes qui tendent à


expliquer les phénomènes sociaux d’un point de vue macro-sociologique,
en les intégrant dans le cadre d’un environnement matériel.
L’un des paradigmes qui ont exercé une grande influence le siècle dernier
est le marxisme. Ce dernier s’appuie sur le matérialisme historique dans
son analyse du fait politique. Les conflits politiques sont déterminés par
la lutte des classes.
Les relations qui se nouent dans le cadre du mode de production
capitaliste (infrastructure matérielle) déterminent les institutions sociales
et politiques, les normes sociales et les croyances (superstructure).
Selon cette approche, le mode de production et ce qui en résulte en
termes de lutte des classes constitue le moteur de toute vie politique.

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3.2. Le fonctionnalisme

Le fonctionnalisme est une approche qui met l’accent sur les fonctions
apparentes où latentes assumées par les différentes composantes de la
société.
On distingue le fonctionnalisme absolu prôné par Malinowski de sa
version moderne propagé par Robert Merton.
LE fonctionnalisme absolu identifie la société au corps humain
(organicisme) où chaque organe assure une fonction qui participe à la
sauvegarde de tout le système. Cela s’effectue à travers deux principes :
- L’unité fonctionnelle qui suppose une relation complémentaire
des différentes fonctions pour assurer la stabilité et la continuité
du système social.
- La nécessité fonctionnelle : Toutes les composantes du système
social assurent des fonctions nécessaires pour la cohérence de
celui-ci.
Le fonctionnalisme moderne initié par Merton remet en question les
postulats du fonctionnalisme absolu, notamment le principe de l’unité
fonctionnelle, en avançant que certains éléments n’assurent aucune
fonction par rapport au système. En même temps, le principe de
« nécessité fonctionnelle » est remplacé par celui de « substitut
fonctionnel » dans la mesure où des fonctions identiques peuvent être
assurées par des institutions différentes (par exemple la contestation
sociale peut être assurée par des associations de la société civile où à
travers les mouvements sociaux).
Robert Merton introduit de nouveaux concepts :
- Les fonctions négatives où dysfonctions : cela signifie que
certains éléments peuvent avoir une fonction déstabilisatrice
pour la société (exemple : le sectarisme, les crimes...)
- Les fonctions apparentes et les fonctions latentes : Certains
évènements, actions et comportements ont une double fonction,
l’une est apparente et l’autre cachée.
Le politologue américain Gabriel Almond désigne trois fonctions
primordiales du système politique :
- Fonction extractive: L’aptitude du système à prélever et à
mobiliser les ressources financières et humaines nécessaires à la
réalisation de son but
- Fonction régulatrice : Mécanismes de contrôle juridique et
institutionnel des comportements et des échanges socio-
économiques en vue de désamorcer les conflits d’intérêts et les
contestations sociales

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- Fonction distributive: Allocation des privilèges, avantages et
ressources aux citoyens et groupes pour renforcer leur soutien
au système
- Fonction responsive: Efficacité du système à cerner voire
anticiper les tensions et exigences en vue de prévenir les
fonctions susceptibles de mettre en cause sa survie.

3.3. Le structuralisme

Selon cette approche, la société est organisée en une structure globale


elle-même constituée de petites structures. Ces structures constituent des
lois qui régissent les systèmes sociaux (lois invisibles auxquelles
obéissent les individus sans s’en rendre compte).
La structure du système social fait valoir la priorité du Tout sur les
parties. L’analyse structuraliste cherche à expliquer comment
s’organisent les composantes d’un système selon des lois qui instaurent
des relations et un ordre.

3.4. Le systémisme

Le systémisme permet d’étudier le système en essayant de déchiffrer les


relations qu’il entretient avec son environnement.
Il s’agit d’une approche qui a été introduite en science politique par le
politologue américain célèbre David Easton.
La question primordiale posée par David Easton est de comprendre
comment un système politique parvient à s’ajuster et s’adapter malgré
toute la pression qui s’exerce sur lui de son environnement.
En effet, face aux perturbations venues de l’extérieur (crise politique,
revendications sociales, pressions internationales...), le système politique
dispose d’un régulateur qui lui permet de s’ajuster, de s’adapter et donc
de continuer à marcher.
Le but de l’analyse systémique est de cerner les types d’influence que
l’environnement exerce sur le système (Inputs), et la manière dont ces
influences sont communiquées à celui-ci et les modes d’adaptation du
système (outputs). Enfin, l’analyse vise à comprendre la manière dont les
inputs et les outputs entrent en rétroaction permanente ( Feedback).
- Les Inputs ‫المدخالت‬: les inputs sont les messages reçus de l’extérieur.
Ils se subdivisent en deux catégories : les exigences et les soutiens.
- Les exigences ‫ ال ط ل بات‬sont les attentes et demandes adressées
au système en vue de l’allocation d’une valeur
- Les soutiens ‫ دعمال‬sont les inputs qui permettent au système
politique d’atténuer le poids des exigences (exemple le soutien

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interne où externe). Sans soutien, le système est confronté à un
stress énorme
- Les Outputs ‫ ال مخرجات‬: Ils sont le produit de la réaction du système à
l’expression des exigences et aux offres de soutien. Ils prennent la
forme de décisions et d’actions matérialisées dans l’action publique.
Le rôle des outputs est de répondre aux demandes et de renforcer le
soutien nécessaire à la stabilité du système. Les questions posées ici sont:
La nature de la réaction du système ? La destination et l’effet escompté
des demandes: réaction positive, reformulation des nouvelles demandes,
changement des demandes ou durcissement des exigences? Les réactions
contribuent-elles à renforcer ou à affaiblir les soutiens?
Le feedback : Les outputs se dirigent à destination de la source des
soutiens, et suscitent des réactions qui retournent vers le système
politique sous forme de nouveaux inputs. Le cercle Inputs/ Outputs/
Feedback ne cesse de se renouveler.
Les outputs se destinent aux concepteurs des demandes et provoquent des
réactions qui reviennent vers le système politique sous forme de
nouveaux inputs. La rétroaction est un sujet important en politique car
elle vise à déterminer la capacité du système politique à anticiper ou à
affronter la congestion.
La démarche de David Easton explique la persistance des systèmes
politiques à travers le changement (Annick Percheron, Les applications
de l’analyse systémique à des cas particuliers, Revue française de
sociologie, 1971)
Les demandes doivent prendre la forme concrète pour exister (exemple :
des agriculteurs qui demandent des dédommagements suite à une
sécheresse exceptionnelle). Pour éviter la surcharge du système, deux
régulations s’imposent :
La première est d’ordre structurel quand les demandes sont filtrées par
des acteurs du système politique (appelés les gardiens « gatekeepers) qui
pourraient être soit des individus (députés, notables, secrétaires généraux
des partis politiques), soit des institutions (partis politiques, groupes de
pression ...). Ceci dit, David Easton admet que le système politique
formule pour lui-même des demandes et y apporte des réponses pour
renforcer sa popularité.
La seconde régulation est d’ordre culturel. Elle permet d’écarter les
demandes qui risquent d’être rejetées d’un point de vue culturel.
Les soutiens sont d’une importance vitale pour tout système politique qui
cherche à sauvegarder son équilibre (manifestation de loyauté, soutien
populaire, soutien de l’étranger..). Les soutiens sont destinés soit à la
communauté politique (unité, volonté de vivre ensemble..) soit au régime
politique (soutien au cadre constitutionnel et aux principes supra-
constitutionnels..) soit des soutiens destinés à l’autorité politique.
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Chapitre II : Le pouvoir politique
Le pouvoir est le concept clé en science politique. Il est l’objet suprême de la
discipline. Sans pouvoir, il n’y a ni une vie sociale, ni vie politique, ni ordre,
ni communauté, ni institutions.
Tous les autres objets de la science politique tournent autour de ce concept.
Le pouvoir en tant que concept est à la fois une capacité et une relation. La
capacité à exercer une domination et une influence dans le cadre d’une
relation. Le pouvoir naît toujours d’une interaction. Dans la société, le
pouvoir naît d’une asymétrie entre deux parties.
Le pouvoir est détenu par des individus qui leur permet d’avoir l’obéissance
volontaire. A cet égard, on se réfère à la définition donnée par le sociologue
et politologue allemand Max Weber : « Le pouvoir est la capacité d’imposer
sa volonté dans le cadre d’une relation sociale, malgré les résistances
éventuelles »
Mais d’où vient ce désir d’imposer sa volonté aux autres ? Et pourquoi les
autres obéissent-ils
Le désir d’imposer sa volonté peut provenir du désir de servir, comme il peut
s’agir d’une ambition personnelle, où d’une quête personnelle du pouvoir
d’influence.
Les individus peuvent obéir par conviction, où alors par conformisme, où
dans certains cas par crainte des sanctions.
Quant le pouvoir est perçu comme étant d’une essence positive, la non-
obéissance devient condamnable. Quant il est perçu négativement, c’est
l’obéissance qui devient difficile à comprendre.

1. Pouvoir et phénomènes de pouvoir

Dans une relation entre un acteur A qui donne un ordre à un acteur B qui
l’exécute, on peut clairement distinguer et déterminer la relation de pouvoir.
Mais quant l’acteur B se conforme à la volonté de l’acteur A, il devient
difficile de déterminer la relation de pouvoir.
Cela nous pousse à distinguer entre le pouvoir et les phénomènes de pouvoir.
Ces derniers sont très difficiles à cerner et ne peuvent pas être expliqués par
des équations où des schémas pré établis.
Pour balayer cette difficulté, il faut adopter une approche expérimentale au
cas par cas.

2. Comment naît le pouvoir ?

Quelle est l’origine du pouvoir ? Le pouvoir naît de l’interaction entre deux


personnes et surgit de leurs inégalités. Les différences entre individus créent
un effet de cascade sur toutes les relations sociales.
16
L’émanation du pouvoir, abstraction faite de son caractère bon où mauvais
est un phénomène naturel. Le pouvoir est intrinsèquement lié à la
constitution des groupements humains. La nature n’aime pas le vide, et toute
société sans pouvoir est une société anarchique.

3. Le pouvoir : entre contrainte et consentement

Les relations de pouvoir comportent aussi bien la contrainte que le


consentement.
Le Spectrum des relations de contrainte et de consentement comporte
plusieurs degrés dans lesquels l’une où l’autre des relations est la plus
dominante.
Le pouvoir peut dépendre uniquement de l’usage de force, où au contraire
dissimuler la violence derrière des apparences de légalité.
Les frontières entre contrainte et consentement ne sont pas clairement
définies. Comment réalise-t-on qu’une relation de pouvoir repose sur la
contrainte plus que sur le consentement ? Où l’inverse ?
En effet, tout pouvoir a besoin d’un certain degré de consentement, c'est-à-
dire d’être accepté par ceux qui sont gouvernés. En même temps, il est quasi-
impossible de croire qu’il peut y avoir un pouvoir entièrement fondé sur le
consentement.
On peut alors emprunter cette expression du politologue Yves Scheimel
quant il parle de l’acceptation de la contrainte, et de la contrainte à
l’acceptation.
La contrainte devient elle-même acceptée dans certaines situations lorsque le
consentement donné est vécu et perçu dans beaucoup de situations comme
étant une émanation de l’intérieur, et non pas obtenu sous la contrainte.
Quels sont alors les sources du consentement ?

4. Les sources de légitimité du pouvoir selon Max Weber

Quant des individus obéissent à un pouvoir politique, ils le font soit parce
qu’ils s’inclinent devant le poids du passé et des traditions. On parle alors du
« pouvoir du passé éternel » fondé sur la légitimité traditionnelle.
Soit parce qu’ils obéissent au pouvoir charismatique du leader. L’attrait de sa
personnalité. Ils croient alors aux compétences surhumaines du chef.
On retrouve cette source de légitimité dans les sectes religieuses, où les
écoles de l’analyse psychanalytique. Un pouvoir charismatique se manifeste
souvent dans un contexte de crise (le sauveur de la nation). La légitimité
charismatique peut s’exprimer avant d’autres sources de légitimité, comme il
peut survenir ultérieurement.
La troisième source de légitimité selon Max Weber est la légitimité légalo-
rationnelle fondée sur l’idée du droit en tant que seul critère rationnel et
17
vérifiable. LE pouvoir du leader puise sa source dans la conformité à des
règles juridiques élaborées par la société.
L’Etat de droit et les institutions démocratiquement élues reposent sur cette
légitimité légalo-rationnelle. A la différence des deux précédentes sources de
légitimité, cette dernière devrait toujours se justifier par rapport à des
références normatives. Les autres sources de légitimité ne se justifient que
par elles-mêmes.
La légitimité légalo-rationnelle se présente comme la plus moderne et la plus
conforme aux standards de la démocratie.
Mais, rien n’empêche que les trois sources de légitimité puissent coexister
ensemble, où se compléter les uns les autres.
Ce n’est pas la légitimité qui est importante en tant que telle, mais c’est la
perception de la légitimité.

5. Les formes du pouvoir

Le pouvoir en tant que capacité à influencer les autres, à leur imposer de


faire où de ne pas faire peut prendre plusieurs formes (domination,
séduction, autorité respectée...)
En premier lieu, le pouvoir symbolique qui se définit comme un pouvoir sans
injonctions, et dont la force se mue dans le discours, dans les idées et dans
les mots. Il s’agit d’un pouvoir qui prend par opposition au pouvoir réel des
allures dissimulées (le pouvoir de l’ombre).
En se basant sur le poids relatif de l’individu et des institutions, on distingue
entre trois formes de pouvoir :
- Le pouvoir individualisé
- Le pouvoir institutionnalisé
- Le pouvoir personnifié

5.1. Le pouvoir individualisé :


Il est exercé par un seul individu, mais peut avoir plusieurs formes.
L’exemple connu et courant à travers l’histoire est celui de la tyrannie. Le
tyran dérobe le pouvoir sans se référer à aucune règle écrite où non écrite. Il
ne doit son pouvoir d’aucune émanation extérieure à sa volonté.
Le tyran s’impose dans des périodes de vide dans l’autorité, lors des guerres
civiles, après des périodes d’anarchie, où d’accumulation des richesses
(exemple de la Grèce antique).
Le pouvoir tyrannique est intrinsèquement provisoire, et dépourvue de
limites et de garde-fous. Il est considéré par le tyran comme étant sa
propriété privée.

5.2. Le pouvoir institutionnalisé :

18
Les institutions sont avant tout une abstraction. Elles sont investies de
pouvoirs permanents (comme par exemple de dire que le parlement dispose
d’un pouvoir législatif). Leur pouvoir est également limité (dire par exemple
que le gouvernement ne peut exercer le pouvoir judiciaire). Leurs pouvoirs
reposent sur la légalité suprême. Enfin, leurs pouvoirs sont régis par des
règles de transmission contenues dans la constitution.
Les institutions sont le lien entre le pouvoir et les dirigeants qui gouvernent.
Il s’agit comme le formule si bien Georges Burdeau : « Les hommes ont
inventé les institutions pour ne pas obéir aux hommes ».
Comme conséquence de l’institutionnalisation du pouvoir, l’Etat devient
distinguée des gouvernants. Cette abstraction finit donc par avoir des
résultats concrets, et permet de rationaliser l’Etat moderne.
Cependant, même institutionnalisé, le pouvoir reste sensible à un degré plus
où moins prononcé de la personnification.

5.3. Le pouvoir personnalisé

Le pouvoir des institutions a besoin de personnes pour s’incarner


concrètement. L’exercice du pouvoir nécessite qu’il soit attribué ‫إسناد السلطة‬.
Ceci ne veut pas dire que le pouvoir affaiblit l’édifice abstrait, mais qu’il fait
appel à des facteurs personnels, comme par exemple à la figure
emblématique du chef qui entoure le pouvoir d’un certain prestige et de
symboles dont l’importance dépasse même leurs actes et décisions.
Le pouvoir personnalisé pousse la personne à se créer une image qui, de plus
en plus, fait l’objet d’un marketing, d’une sorte de facette symbolique,
notamment grâce aux moyens de communication.
La personnalisation du pouvoir devient aujourd’hui la règle, même dans les
démocraties les plus anciennes, et cela constitue sans doute un phénomène
naturel qui ne remet pas en question l’institutionnalisation du pouvoir.

Chapitre III : Culture Politique et socialisation politique

- Le concept de culture : la culture est un ensemble cohérent de modes


de pensée, de valeurs et de comportements, et qui s’expriment dans
des rôles et des interactions entre les attitudes individuelles.
- La culture évolue et subit continuellement un conflit entre valeurs
anciennes et valeurs nouvelles. La norme juridique peut tomber en
contradiction avec une valeur établie.
1. Culture politique

La culture politique peut être définie comme étant l’ensemble des valeurs
et des normes qui orientent les attitudes politiques d’un citoyen et
structurent ses rapports avec le pouvoir.
19
Dans toute culture, il existe des aspects politiques qui s’expriment
souvent dans des prises de position (long terme), et des comportements
(court terme) vis-à-vis du pouvoir.
1.1. Les positions politiques

Selon les travaux de Gabriel Almond et Verba, il existe trois dimensions


attachées à toute position politique :
- Dimension cognitive ; celle relative aux connaissances sur les
institutions, les partis politiques et les hommes politiques
- Dimension affective ; celle relative aux sentiments qui poussent
les individus à avoir de la sympathie pour tel parti politique,
telle idéologie où tel dirigeant politique
- Dimension évaluative des faits politiques, soit de manière
positive où négative

1.2. Les Types de culture politique

En se fondant sur ces trois dimensions, Almond et Verba distinguent entre 3


grands types de culture politique :
- Une culture périphérique où paroissiale, centrée davantage sur
l’espace local et sur les intérêts locaux. On retrouve dans ce
type de culture politique une forte allégeance à la tribu, au clan
et au village en ce qui concerne la prise de position et les
comportements politiques (exemple lors du vote).
- Une culture de sujétion dans laquelle les individus se
considèrent incapables de porter un changement à la façon dont
le pouvoir est exercé. Ils se montrent peu enclins à influencer le
pouvoir.
- Une culture de participation : c’est le type de culture le plus
proche de l’idéal démocratique, quand les citoyens deviennent
des acteurs actifs dans le système politique. Ils estiment qu’ils
disposent de la capacité à influencer le pouvoir. A cette fin,
plusieurs outils sont à leur disposition, notamment les élections,
les partis politiques, les groupes de pression, les pétitions...
L’étude estime qu’il existe une corrélation entre la culture politique et le
modèle de structure politique, et que cette corrélation constitue un facteur
d’homogénéité et de stabilité du système politique. Cependant, elle
conclut que la mixité entre les trois types de culture dans une même
culture est un facteur favorable à la démocratisation. En effet, les
caractéristiques des trois cultures peuvent coexister dans une même
culture.

20
1.3. Les critiques adressées aux travaux de G.Almond et
Verba

La typologie des politologues Almond et Verba a reçu certains critiques :


- Négligence des spécificités des structures politiques de chaque
pays diminue la pertinence de la comparaison
- Non prise en considération des différences de classes et des
catégories socio-professionnelles dans les rapports que la
culture politique nationale entretient avec les sous-cultures
politiques comme par exemple (extrême droite, Verts...)
- Il n’existe pas une culture politique homogène valable pour un
pays tout entier.
- La culture politique est toujours influencée par plusieurs
paramètres : statut social, catégorie socio-professionnelle, âge,
diversité culturelle...
- L’étude a exclu la culture sociale de l’analyse de la culture
politique, comme s’il pouvait extraire cette dernière de son
contexte social global.

2. La socialisation politique

La socialisation politique porte sur la transmission de la culture politique.


On doit se poser alors les questions suivantes :
Que doit-on transmettre aux jeunes et adolescents ?
Comment se fait la transmission / acquisition de la culture politique ?

La socialisation politique commence dés le plus jeune âge, dés le stade de


l’enfance. Son rôle consiste à reproduire le modèle de culture politique,
mais dans certains cas il vise à le défier et le remettre en question.

2.1. La socialisation politique des enfants

La transmission des contenus et éléments culturels se fait en premier lieu


par le biais de l’éducation des enfants dans le cadre familial. Il s’agit de
la première étape de socialisation appelée « socialisation primaire ».
Les premiers travaux consacrés à la socialisation politique des enfants ont
vu le jour aux Etats-Unis d’Amérique. Ils ont développé une
modélisation de l’incorporation de l’enfant américain des valeurs liés à la
culture politique, et un certain rapport à l’égard de la politique.
Dans ce sens, Les deux politologues David Easton et Dennis ont divisé le
processus de socialisation politique en 4 étapes :
- Stade des idées vagues (exemple : existence de certains règles)

21
- Stade de l’identification de la politique par un où plusieurs
personnages (Image du chef de l’Etat)
- Stade de l’élaboration de certains jugements de valeur (par
exemple avoir une opinion sur l’efficacité d’un service public)
- Stade d’une pensée abstraite sur la politique lorsque l’enfant
commence à considérer les hommes politiques comme agissant
dans le cadre d’un système institutionnel et un système de
valeurs.

Ce modèle qui a été présenté comme étant valable aux Etats-Unis


d’Amérique serait certainement moins pertinent pour analyser la
socialisation politique primaire dans d’autres pays. Cela s’explique par le
faite que la socialisation politique chez les enfants demeure
fondamentalement liée au contexte socio-politique qui l’entoure.
L’école constitue le second vecteur de transmission de la culture
politique chez l’enfant. Elle contribue souvent à la reproduction de la
culture politique dominante, mais dans certaines situations, son rôle
pourrait être au contraire favorable à la propagation d’une culture
progressiste où très conservatrice.
La continuation du processus de la socialisation en dehors de la famille et
de l’école se fait à travers le contact permanent avec l’environnement
social de proximité (le village, le quartier, les associations sportives, les
associations de la jeunesse politique, les scouts...)
La socialisation politique est un processus qui continue dans l’âge adulte
et tout au long de la vie. A ce stade, on parle d’une socialisation
secondaire par opposition à la socialisation primaire (stade de l’enfance).
Les politologues distinguent entre deux types de socialisation politique :
- Socialisation politique unifiée/concentrée
- Socialisation politique diversifiée/déconcentrée

2.2. Socialisation politique unifiée/concentrée

On parle de socialisation politique unifiée/concentrée lorsque les outils


de transmission et de reproduction de la culture politique dominante sont
concentrés entre les mains du pouvoir.
Il s’agit le plus souvent d’un pouvoir qui pourrait être soit conservateur,
soit un pouvoir qui ne tolère pas les déviations à certaines normes et
valeurs dominantes.
Dans ce cas, les autorités ont alors tendance à contrôler les techniques
d’encadrement (à travers les partis politiques, les syndicats, les
associations, Unions professionnelles..) et outils de communication des
masses. Néanmoins, le phénomène de mondialisation et la révolution des
technologies de communication et d’information limitent énormément
22
l’ampleur et l’étendue de ce contrôle. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et
la télévision numérique et par satellites, les possibilités de télécharger les
livres, les vidéos et supports d’information ont mis fin à l’isolement qui
caractérise les types de socialisation concentrée.
2.3. Socialisation politique diversifiée/ déconcentrée

On retrouve ce modèle dans les démocraties libérales où les moyens de


communication ne sont pas monopolisés par le pouvoir, même s’ils sont
souvent dépendants d’acteurs économiques où financiers divers. En effet,
plusieurs institutions participent à la socialisation politique (Firmes
multinationales, Chaines de Radio et de Télévision, Universités et centres
de recherche, partis politiques, autorités locales, associations de défense
des droits de l’homme, association de défense de l’environnement...).
Toutes et tous peuvent proposer des alternatives, des changements à la
culture politique. Ceci n’exclue pas que les institutions les plus influentes
tendent naturellement à soutenir une socialisation politique de nature
conservatrice qui permet de sauvegarder leur influence.
Malgré cette diversité apparente, il est important de remarquer comme le
nous suggère le politologue français Maurice Duverger que la
socialisation diversifiée ne permet que des déviations minimes et étroites
par rapport à la culture politique et à l’idéologie dominante (notamment
l’idéologie néolibérale et capitaliste en occident par exemple).
Force est de constater que la socialisation politique obéit plus que jamais
à un modèle de symétrie culturelle axé sur le marché libre, et la sujétion
aux codes du consumérisme.

Chapitre IV : Les organisations agissant dans le champ


politique

Qui sont les professionnels de la politique ? A cette question, on peut


répondre de deux manières : Tout d’abord, la politique est l’affaire des
politiciens, c’est en quelque sorte leur profession. La politique est
également le champs d’action d’organisations qui poursuivent des
objectifs politiques (partis politiques) où des objectifs non politiques,
mais en faisant recours à des moyens politiques (groupes de pression)

1. Les partis politiques

Le parti politique est un objet classique, fondamental de la science


politique.

23
Les partis politiques sont nés dans le cadre d’un processus historique et
politique qui a abouti à la généralisation du suffrage universel direct, et à
la consolidation des régimes parlementaires et démocratiques.
Au milieu du 19ème siècle, sont apparus en Europe et notamment en
Angleterre ce qui était connu sous le nom de « comités électoraux »
dotés de ressources humains et matérielles pour soutenir les candidats
aux élections à se faire connaitre et à diffuser leurs programmes.
Ces structures qui avaient un caractère provisoire ont progressivement
acquis un statut permanent pour la simple raison qu’il fallait mettre en
place une institution qui permet aux électeurs et aux élus de garder des
contacts qui dépassent la période des élections.
Les comités ont ensuite établit des alliances avec les groupes
parlementaires, ce qui a pu donner naissance aux premiers partis
politiques en tant qu’organisations ayant une idéologie et un projet
politique. C’est ainsi que sont nés en Angleterre entre 1867 et 1874 les
premiers grands partis politique de l’époque : les conservateurs et les
libéraux.

1.1. Autres mécanismes de naissance des partis politiques

L’initiative de crée un part politique peut émaner de mouvements


sociaux, de syndicats d’ouvriers comme cela était le cas pour le Parti
social démocrate allemand (PSD) en 1875, et le parti travailliste anglais
en 1903.
- Les partis politiques nés du processus de lutte contre l’occupation et
pour l’indépendance (exemple le mouvement de libération nationale
au Maroc, où le front de libération nationale en Algérie)
- Les partis politiques crées par un mouvement religieux (exemple le
parti des frères musulmans en Egypte)
- Les partis politiques nés des révolutions communistes en Ex URSS et
en Chine (parti communiste chinois par exemple)

1.2. Définition du parti politique

Il existe plusieurs définitions du parti politique et l’accent est mis sur les
éléments de définition suivants :
- Groupement organisé et permanent d’individus
- Ayant les mêmes vues et opinions politiques
- Ont pour objectif de gagner les élections et exercer le pouvoir
- Disposent d’une structure nationale et des relais locaux sur le
territoire

1.3. Typologie des partis politiques


24
- Distinction entre partis de cadres et partis de masses :
Les partis de cadres ‫ أحزاب األطر‬ne cherchent pas systématiquement et
volontairement à élargir la base de leurs adhérents. Ce qui importe pour
eux, c’est la qualité des affiliés, leur capital relationnel, leur notoriété
etc... et non pas la quantité numérique. Au lieu d’attirer le plus grand
nombre, ils préfèrent miser sur ceux qui ont le pouvoir d’influencer tous
les autres.
Les partis de cadres utilisent le capital relationnel, la notoriété où la
sympathie dont jouissent certains catégories sociales : célébrités, artistes,
intellectuels, cadres supérieurs, sportifs de haut niveau...
Compte tenu de la structure décentralisée des partis de cadres, les
membres affiliés disposent d’une marge de manœuvre, une certaine
liberté à se démarquer de la ligne politique dominante au sein du parti.
Parmi les exemples types de ce type de partis, on retrouve le parti des
conservateurs anglais, et les deux grands partis américains (parti
républicain et parti démocrate).

Les partis de masses reposent quant à eux sur une forte mobilisation au
niveau des bases. Ce type de partis est né vers la fin du 19 ème siècle avec
la création des partis socialistes en Europe, notamment le parti social –
démocrate en Allemagne.
Ce modèle a été ensuite emprunté par des courants idéologiques divers
(partis fascistes, partis chrétien-démocrates, partis révolutionnaires du
tiers-monde...)
Ce qui caractérise les partis de masses, c’est tout d’abord la quête
permanente d’adhésions et d’affiliations, et l’existence d’une structure
solide et hiérarchisée. En effet, la structure interne se distingue par une
forte organisation ayant pour objectif l’encadrement, la discipline et le
contrôle.
Parmi les exemples types de partis de masses, il y a le parti socialiste
français, l’union socialiste des forces populaires au Maroc.

- Distinction entre partis de droite et partis de gauche

Cette typologie est basée sur des critères idéologiques, même si la


distinction ne repose pas toujours sur une opposition absolue entre les
programmes politiques. Certes, la réalité est plus complexe, mais cette
typologie permet de doter le parti politique d’une image et d’une identité
vis-à-vis de l’opinion publique et du corps électoral, et permet également
d’appréhender sa ligne idéologique.

25
Les partis de droite seraient ainsi désignés s’ils adoptent une doctrine
politique axée sur les slogans de liberté individuelle, le nationalisme, le
libéralisme économique, le conservatisme.
Les partis qui seraient décrits comme de gauche auront tendance à
privilégier les valeurs de l’égalité, de la justice sociale, de défense des
spécificités locales et culturelles.

- Distinction entre les partis gestionnaires et les partis de contestation

Les partis gestionnaires sont connus pour être proches des cercles de
pouvoir, et sont toujours préparés à former le gouvernement. Ils adoptent
souvent un programme destiné à une large masse électorale, et
ressemblent à des partis « attrape-tout ».
Par conséquence, le discours adopté par ce type de partis vise à attirer des
catégories socio-professionnelles et des classes sociales diversifiées, ce
qui les pousse à s’appuyer sur slogans vagues (exemple : réformes dans
le respect des acquis ; changement dans la continuité ;..)
A l’opposé, les partis de contestation expriment soit des demandes et
intérêts d’un groupe social (agriculteurs, ouvriers, classe moyenne..), soit
des préoccupations négligées par les autres partis politiques (comme par
exemple les partis de défense de l’environnement, les partis anti-
mondialistes, les partis se focalisant sur le rejet des étrangers et de
l’immigration ;..)
Le discours utilisé par ce type de partis est loin d’être conciliateur, au
contraire il se révèle dur et sans équivoques. Ils ne visent pas
systématiquement l’acquisition du pouvoir, mais peuvent s’accommoder
très bien avec une posture minoritaire. Leur priorité est de donner la voix
à des préoccupations périphériques et à des électeurs frustrés.

1.4. Fonctions des partis politiques

Que serait la vie politique sans partis politiques ?


Le parti politique joue tout d’abord le rôle d’une machine électorale dont
- L’objectif premier est de gagner les élections et d’exprimer ainsi la
voix des électeurs. Pou cela, ils procèdent au recrutement et la
désignation des candidats. Il en résulte l’éclosion de leaders politiques
- Le parti politique assure également la fonction de mobilisation et de
soutien pour mener la bataille électorale.
- Le parti politique est aussi une organisation qui permet l’encadrement
politique et la socialisation politique des citoyens.
- Les partis politiques permettent aux électeurs de voter pour des
programmes, des orientations politiques plutôt que pour des

26
personnes. C’est ainsi que le parti pourrait gagner une crédibilité qui
va au-delà de la personnalité des candidats et des leaders.
- La fonction d’intégration sociale dans la mesure où le parti permet à
tout individu de disposer d’un statut social, une promotion sociale,
remplir des vides émotionnels (le parti politique en tant que substitut
sentimental)
- Le parti politique assure une fonction vitale dans tout système
politique, celle de l’intermédiation entre l’autorité et la société. Cela
permet de réduire le risque de confrontation directe entre l’autorité et
la société, et en même temps agréger les préférences selon
l’expression de David Easton, et les rationaliser et les débarrasser de
tendances anarchistes et destructives.
- Les partis politiques assurent une fonction régulatrice et stabilisatrice
des conflits internes en leur donnant une nature politique.

2. Les groupes de pression

A la différence des partis politiques qui ont comme objectif la prise du


pouvoir, son exercice et sa conservation, les groupes de pression n’ont
pas la politique comme centre d’intérêt, et visent à influencer le pouvoir.
Si le partis politiques ont pour mission suprême la défense de l’intérêt
général, les groupes de pression visent à défendre les intérêts d’une
partie de la société (une catégorie socio-professionnelle, un métier où
une profession, un secteur d’activité économique...).
Les groupes de pression jouent un rôle important dans le processus de
politisation. Ce rôle peut se déclencher en tant qu’initiative proactive
concernant une problématique donnée, où comme une réaction défensive
par rapport à une politique gouvernementale.
En somme, les groupes de pression ont des objectifs non politiques, mais
pour y parvenir ils doivent emprunter des moyens politiques. Cela les
pousse à afficher une couleur politique et leurs préférences partisans,
même si en théorie, ils doivent garder leur autonomie vis-à-vis des
organisations politiques. A titre d’exemple, les syndicats en tant que
groupe de pression n’exerce pas une activité politique et défend des
intérêts particuliers. Cela ne les empêche pas cependant d’entretenir des
relations avec les partis politiques.

2.1. Définition du groupe de pression

Le groupe de pression exerce une pression politique sur l’autorité


politique. Pour qu’une structure puisse se définir comme groupe de
pression, elle devrait réunir un certain nombre de critères :

27
- Une structure organisée exerçant une pression politique pour atteindre
des objectifs particuliers
- Une organisation autonome qui dispose d’une autonomie décisionnelle
- Une organisation qui exerce une pression réelle, concrète et continue
sur les dirigeants politiques

Les groupes de pression ne se définissent pas principalement par nature,


mais c’est dans leur stratégie d’influence concrètement exercée sur
l’autorité politique qu’on peut les identifier.

2.2. Typologie des groupes de pression

Pour mieux cerner les acteurs de ces groupes de pression, la forme de


leurs activités, leurs moyens utilisés, on recourt à deux sortes de
typologies. La première est basée sur la nature des intérêts défendus, et
la seconde fondée sur l’opposition entre groupes privés et groupes
publics.

- Distinction entre les groupes défendant des intérêts matériels et ceux


défendant des intérêts moraux

A priori, cette distinction est toute relative car il est quasi-impossible


de trouver un groupe de pression complètement désintéressé du point
de vue matériel. En outre, il faut dire qu’il existe souvent une certaine
cohérence entre les deux types d’intérêts, même si dans certains cas,
les intérêts moraux peuvent être utilisés pour camoufler les intérêts
matériels et faire diversion tout en ayant des arguments pour
influencer l’opinion publique où les dirigeants politiques.
Les groupes de pression défendant des intérêts matériels ont pour
activité principale la défense d’intérêts matériels particuliers, comme
c’est le cas des organisations professionnelles (confédérations de
métiers). Cela n’exclut pas cependant la possibilité de défendre
parallèlement des intérêts d’ordre moral.
A titre d’exemple, les organisations patronales défendent des intérêts
matériels par définition. Elles se présentent comme étant proches de la
mouvance politique libérale de droite. Ils disposent du faite de leur
pouvoir économique et financier d’une importante capacité
d’influence (vis-à-vis des médias, des politiciens...)
Les groupes d’intérêt exercent une influence considérable sur les
décisions collectives. Ils sont organisés au sein des lobbies (par
exemple lobby des banques, lobby du secteur des hydrocarbures...)

28
Parmi les groupes de pression défendant des intérêts matériels, o peut
citer également les organisations de commerçants, des artisans et des
agriculteurs.

Les groupes de pression défendant des intérêts moraux, quant à eux,


sont fondamentalement motivés par la poursuite d’intérêts non
matériels. Ils ne constituent pas une catégorie homogène et ils ont
comme objectif principal la défense d’intérêts d’ordre moral, même si
pour y parvenir, il leur faudrait nécessairement disposer de moyens
matériels.
On peut donner certains exemples de ces groupes, comme les
organisations non gouvernementales qui défendent l’environnement,
les organisations d’étudiants, les associations féministes...

- Distinction entre les groupes publics et les groupes privés

De premier abord, cette distinction parait contredire la définition


classique d’un groupe de pression en tant que défenseur d’intérêts
particuliers.
Néanmoins, l’évolution récente a fait surgir l’existence de groupes de
pression publics au sein même de l’Etat.
Il peut s’agir des organes décentralisés (collectivités territoriales,
entreprises publiques).
Les régions par exemple disposent de leurs propres intérêts vis-à-vis
de l’Etat, et sont indexés à leur degré d’autonomie.
Les entreprises publiques peuvent également exercer une pression
politique sur le gouvernement de leur pays pour s’engager dans une
politique publique, où pour empêcher un changement dans la stratégie
gouvernementale qui pourrait leur être préjudiciable.

2.3. Les moyens de pression

Comment ces groupes exercent-ils la pression sur l’autorité politique ?


Quels sont donc leurs moyens ?

A priori, les groupes de pression ont le choix entre deux stratégies :

- Soit s’adresser directement aux institutions et aux décideurs politiques


- Soit de manière indirecte en exerçant de l’influence sur l’opinion
publique
Le choix de l’une où de l’autre peut être motivé par plusieurs
considérations : la nature de la relation avec l’autorité politique, la

29
transparence et la réaction attendue de l’opinion publique, ainsi que le
degré d’influence directe sur le pouvoir.

Bibliographie :

Références principales

- Jean-Marie Denquin, Science Politique, Presses Universitaires de


France, 1997
- Yves Schemeil, Introduction à la science politique, Presses de sciences
PO et Dalloz, 2012

Références complémentaires
- Munroe. T, An Introduction to Politics, Canoe PRESS, 2002
- Lasswell. H, Politics, who gets what, when, how, 1936
- Duverger. M, Introduction à la politique, Editions Gallimard, 1964
- Le Bon. G, Esprit de la Politique
- Almond. G et Verba. S, The civic culture. Political attitudes and
democracy in five nations, Princeton University Press, 1963
- Easton. D, “The new revolution in political science”, American
political science review, 63 (4), 1969, p 1051-1062
- Easton. D, A system analysis of political life, Wiley, 1965
- Weber. M, Le savant et le politique, Paris, Plon, 1959

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