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Droit international public 1

Plan de cours + présentations sur l’ENT + bibliographie + documents de TD.


- P.-M. Dupuy, Y. Kerbrat, Droit international public, 15 e éd., Paris, Dalloz, 2020
En fondamentale : pour chaque séance, une bibliographie + des documents à lire. Un exercice
systématique à faire (soit un cas pratique, soit une dissertation ; pas de commentaire de texte).
Notes : un devoir maison à remettre (25%) + une interrogation prévenue (25%) + le galop d’essai soit
dissertation ou cas pratique (50%) + pondération.

La ConvEDH a profondément transformé notre droit. On retrouve aussi l’influence du DI au


niveau de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. S’il n’y avait pas de règles
en matière de DI, pas de satellites, pas de communication par lignes téléphoniques, etc. Le DI se
développe en raison de la mondialisation : échanges commerciaux, etc. De plus, il est important car
parfois, les Etats sont obligés d’admettre qu’ils ne peuvent pas lutter seuls c/ le réchauffement
climatique, le covid-19, le terrorisme… EX : à partir du 18ème S, plusieurs traités pour lutter c/ les
pandémies.
- Un droit global : globalisation sur les questions de santé notamment
- Un droit destructeur : remet en cause un certain nb de ppes juridiques
Le DI est une matière d’actualité.
EX1 : relations entre la Grèce et la Turquie  frontière maritime fixée proche des côtes turques. PB
car gisements de pétrole. Navire d’exploration sismique turc escorté par des bâtiments de guerre.
EX2 : guerre en Syrie depuis 2011  répercussions = propagation de Daesh.
EX3 : guerre au Yémen depuis 2015 (bombardements par l’Arabie Saoudite), + de 10 000 morts. La
semaine dernière, des membres des NU ont dénoncé les exactions commises.
EX4 : la q° du réchauffement climatique (l’Amazonie brûle).
EX5 : la q° des migrants. Tous ces exemples sont difficiles à gérer par un seul pays  globalisation.
La semaine prochaine, les membres des NU vont se retrouver à NY en distanciel  : c’est la 75ème
session de l’AGNU. Par la suite, ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui vont intervenir.
AUJOURD’HUI : projet de traité sur la biodiversité marine (qui n’a pas encore de régime juridique
alors qu’on en a sur les sols).

INTRODUCTION
Le DIP = c’est l’ensemble des règles et institutions régissant la conduite des sujets internationaux
(Etats, OI..). C’est une matière relativement jeune, qui a des implications idéologiques et politiques
assez fortes.
Section I – Approche générale du droit international public
Paragraphe 1 – Du droit des gens au droit international public
Le DI moderne est apparu avec la figure de l’Etat moderne  Traité de Westphalie du 24 octobre
1648 qui avait mis fin à la guerre de 30 ans : il consacre le principe de souveraineté et d’égalité des
Etats.
 C’est l’acte de naissance du DI moderne

Toutefois, avant ce traité, un certain nb de règles existait déjà : « là où il y a une société, il y a du
droit ». Il faut remonter à la Mésopotamie ancienne et aux grands empires avec notamment la
naissance de la notion d’immunité. Après la chute de l’empire romain, toutes ces pratiques vont
disparaitre.
Au 11ème S, le DI va réapparaitre sous une distinction fondamentale : la distinction entre le droit de la
guerre et le droit de la paix. Mais c’est vraiment le traité de Westphalie qui va redonner vie à la
matière. Acte fondateur du DI moderne. Un certain nb de règles AJD encore appliquées.
Cette qualification de DIP, on la doit à un juriste Jeremy Bentham qui publie un ouvrage dans lequel il
utilise l’expression « International Laws ». Distinction entre le droit des gens, de la communauté et le
droit des nations.
/!\ Pourquoi avoir accolé l’adjectif public ? dans la traduction française, l’ouvrage de Bentham
publié en 1802 et l’expression « international law » va être traduite par DIPublic.
// droit international privé. Distinction entre les deux ? repose sur l’objet :
- Le DI privé : ne s’applique qu’aux personnes privées ; déterminer le droit applicable en cas
de conflit de lois au regard de la nationalité des personnes ou du lieu. EX : un français tue un
autre français au Chili, quel droit s’applique ? compétence territoriale : droit chilien et
compétence personnelle : droit français.
- Le DI public : il s’applique aux Etats par extension aux OI. Or, c’est une erreur d’opposer les
3 matières, elles sont complémentaires. EX : une convention des NU sur les contrats de vente
de marchandises = un traité. Sauf que l’objet du traité = règles de droit international privé.
Paragraphe 2 – Les caractéristiques générales du droit international public
Le DI est un ordre profondément différent. DISTINCTION : (voir diapo)
- Ordre juridique interne : il est centralisé  un seul souverain. Ordre structuré, cohérent. Un
organe fait la loi ; un organe fait appliquer la loi ; et l’ordre judiciaire qui contrôle le respect
du droit. Normalement, chacun a un monopole de fonction.
- Ordre juridique international : environ 200 Etats (voir Taïwan, Palestine…) il est
décentralisé et sans spécialisation de fonction. Qui fait les traités ? les Etats et les OI. Qui les
applique ? les Etats et les OI. L’auteur est aussi le destinataire de la norme. Quid en cas de
difficulté d’application sur un traité ? il peut y avoir un juge (CIJ) mais que si l’ensemble
des Etats est d’accord.
A NOTER : il y a encore AJD de la place pour de la justice privée. Les Etats peuvent se faire
justice eux-mêmes avant de pouvoir recourir à un tiers, à partir du moment où ils sont
d’accord. La volonté des Etats est fondamentale.
Section II – La contestation du droit international public
Paragraphe 1 – La négation du droit international public
Quelles sont les critiques faites au DIP ? il y a des critiques qui proviennent de sociologues, et
d’autres de juristes.
Du côté sociologique, ce qui est critiqué est qu’il n’existe pas un mais des droits internationaux.
Autant de conceptions du DI que d’Etats (conception française, conception italienne, etc). Selon eux,
manque d’unité du DI. Mais surtout, certains disent que le DI est un outil : il sert les Etats.
- « Les Etats ne sont tenus au respect des traités qu'aussi longtemps qu'ils y ont intérêt »
(Hegel)
- « Les traités internationaux sont comme les roses et les jeunes filles : ils durent ce qu'ils
durent » (de Gaulle)
- Le droit international est « une incitation permanente à l’hypocrisie » (Aron)  les puissants
vont se servir du droit pour épuiser les plus faibles.
Du côté des juristes, le DI ressemble à du droit mais n’est pas du droit. Certains vont insister sur la
place qui est faite à l’Etat. Compte tenu de la place reconnue aux Etats, comment contraindre un
souverain ? Le DI ne peut exister car il ne peut y avoir de règles de droit qu’à partir du moment où il y
a une autorité centrale, un supérieur. De plus, en DI, il n’y a pas de sanctions : si la norme est violée,
pas de juge (« Sans l’épée, les pactes ne sont que des mots » (Hobbes)). Enfin, le DI n’arrive pas à
centraliser le recours à la contrainte. Il y a toujours une place pour les contremesures et la justice
privée + il n’y a pas d’interdiction de recours à la force (car contrebalancée par la légitime défense).
Mise en cause de la juridicité du droit international
- Place singulière reconnue aux Etats
- Absence de sanctions
- Incapacité du DI à centraliser le recours à la contrainte
Paragraphe 2 – L’existence du droit international public
A) Sur le plan positif
Le terme « positif » a deux sens bien différents en droit international. Il désigne à la fois :
 le droit posé par un acte volontaire (par la volonté des Etats tel un traité)  tout vient de
la volonté de l’Etat
 et le droit en vigueur  le droit applicable
L’existence + du DI est indiscutable. Tous les jours, des individus font du DI (cabinets d’avocats,
ministères, OI, organisations gouvernementales, sociétés…).
AJD : la France est liée par plus de 6600 traités et en signe environ entre 250 et 400 par an. Il existe
entre 40 000 et 50 000 traités dans le monde à l’heure actuelle. Outil très utilisé, outil du DI.
 Les Etats reconnaissent donc l’existence du DI car participent aux politiques extérieures et
concluent des traités. Les tribunaux internationaux appliquent le DI mais aussi les juridictions
internes (en appliquant la ConvEDH, le PIDCP, …).

B) Sur le plan théorique


Le droit international n’est pas un droit de subordination (relations verticales) mais un droit de
coordination (relations horizontales) entre des sujets égaux et souverains.
Une règle de droit ne cesse pas d’être une règle de droit du seul fait qu’il n’existe pas de sanction en
cas de violation. L’argument relatif à l’absence de sanction commence à être quelque peu daté.
EX de la guerre en Irak en 2002 : les Etats-Unis vont dire qu’il y a des armes de destruction massive
en Irak. Argument : un jour ou l’autre, ils vont s’attaquer à nous. Le CdS refuse parce que la France, la
Chine et la Russie s’opposent. Intervention des Etats-Unis justifiée par eux-mêmes ; résultat
catastrophique avec la montée de Daesh et la situation actuelle en Syrie  violation du DI.
Le DI est donc un jeu de domino, si on retire un bout, tout s’écroule. Les Etats ont tout intérêt à
respecter les règles.
Section III – Les mutations contemporaines du droit international public
Le DI subit des transformations profondes sous les effets d’une sorte d’accélération de l’Histoire :
- la décolonisation a donné lieu à une multiplication du nombre d’Etats (51 parties à la Charte
des Nations Unies en 1945), et à de nombreux conflits territoriaux
- la fin du bloc communiste par la chute du mur de Berlin (que vont devenir les traités
d’armement en URSS ? PB de succession aux traités, notamment en matière d’armement, les
Etats-Unis se sont retrouvés le gendarme du monde, l’ONU s’est mise à fonctionner…)
- la mondialisation du libéralisme économique et politique (printemps arabe, FMI…),
- la préoccupation grandissante accordée aux droits de l’homme (C.E.D.H., C.I.D.H., pactes
des Nations Unies…) et aux problèmes d’environnement (Conférence de Rio, Conférence
Paris Climat 2015, réchauffement climatique, fonte des glaces de l’Arctique…),
- les crimes internationaux et leur poursuite devant les juridictions pénales internationales
(C.P.I. (Omar el Bechir, Khadafi, Bachar El Assad…), T.P.I. (Karadzic, Mladic), TSL (chargé
d’enquêter sur l’assassinat de Rafiq Hariri), condamnation de Charles Taylor ex-président du
Libéria qui est à l’origine de crimes en Sierra Léone (diamants du sang)…), chambres
extraordinaires africaines (Hissène Habré)
- la montée du terrorisme international
Paragraphe 1 – L’interdiction du recours à la force et ses conséquences
En 1945  adoption de la Charte des Nations Unies : interdiction du recours à la force dans le cadre
d’un recours interétatique. En revanche, le DI tolère deux exceptions :
- en cas de légitime défense
- en cas d’autorisation du Conseil de sécurité
Paragraphe 2 – L’émergence de nouveaux sujets et de nouveaux acteurs
Dans l’affaire du Lotus en 1927 : la CJI a posé le principe selon lequel « le DI régit les relations
entre Etats indépendants. »
Parmi les sujets du DI  les Etats + les OI. Mais qu’est-ce qu’être un sujet de DI ? c’est être
titulaire de droits et obligations. Cependant, compte tenu de l’expansion du DI, il y a des droits
conférés aussi aux individus. NUANCES : l’individu est un sujet en devenir du DI ; pas limité aux
Etats et OI.
Paragraphe 3 – La juridictionnalisation du droit international
A) L’essor des juridictions internationales
Arbitrage : compétence reconnue aux Etats de confier leurs différents à un tiers afin que celui-ci le
règle. Quelques décennies plus tard, apparition en 1922 de la 1 ère juridiction internationale  la CPJI
(Cour permanente de justice internationale).
1) L’apparition des premières juridictions internationales dans le courant du XXe
siècle
La 1ère juridiction internationale : la Cour permanente de Justice Internationale. Le pacte de la Société
des Nations prévoyait l’établissement d’une juridiction internationale. En 1920, le Conseil de la SDN
se réunit pour étudier la q°. A partir de là, projet adopté par l’AG de la SDN. Entrée en vigueur du
statut en 1921 ; la Cour a été mise en place en 1922.
Elle a connu 29 affaires contentieuses et 27 avis consultatifs. Elle a cessé ses travaux en 1940 et a été
dissoute en 1946. Or, quand on regarde ses bilans : plutôt positif (+ d’une cinquantaine d’affaires).
Pourquoi dissoudre la CPJI ?
La CPJI était indépendante de la SDN mais ses juges étaient élus par la SDN  un certain nb d’Etats
ont fait remarquer qu’on ne pouvait pas maintenir la CPJI car il fallait l’accord de tous les Etats dont
l’Allemagne. ATTENTION : dissolution n’était pas une sanction. 
Depuis 1946  CIJ qui siège à La Haye (comme la CPJI). Parfaite continuité entre les 2 cours car elle
suit les pas de la CPJI.
Elle est composée de 15 juges élus par le CDS et l’AGNU. Elus pour 9 ans mais renouvelables par
tiers tous les 3 ans. Il faut préciser que le CDS et l’AGNU ont autant de poids chacun.
Double fonction de la CIJ :
- Procédure consultative : ouverte à 5 organes et à 16 institutions spécialisées du système des
Nations Unies  sont donc compris le CDS et l’AG des NU, la famille des NU (banque
mondiale, FMI…) qui peuvent être invités à statuer. En règle générale, les demandes viennent
de l’AGNU. En réalité, c’est une consultation juridique : un organe des NU qui pose une q° à
la CJI. La Cour est très peu saisie d’avis consultatifs ; fonction peu utilisée.
- Procédure contentieuse : seuls des Etats (Etats Membres des NU et éventuellement, autres
Etats ayant adhéré au Statut de la Cour ou ayant accepté sa juridiction selon des conditions
précises) peuvent s'adresser à celle-ci et UNIQUEMENT c/ des Etats + conditions de
compétence. La CJI rend en moyenne 3-4 affaires/an et 5-6 décisions/an (assez cher, long)
Que fait la CJI ? 14 affaires officiellement. La plupart remontent aux années 2014-2019.
Un certain NB d’affaires sur le droit de la mer ; Somalie-Kenya (délimitations maritimes) ; Guinée
Equatoriale c/ France sur l’affaire des immunités (le vice-pré de la Guinée est poursuivi par la
justice française pour des questions d’abus de B sociaux ; immeuble luxueux en France etc. ; la
France est accusée AJD d’avoir violé l’immunité diplomatique par la propriété de l’Etat de Guinée)  ;
Iran c/ Etats-Unis (l’Iran a saisi la CJI) ; Ukraine c/ Fédération de Russie ; q° de délimitation
maritime entre Guyana et Venezuela ; Qatar c/ émirats arabes unis ; République islamique d’Iran
(affaire la + explosive) : la Palestine  membre des NU qui lui ont reconnu le statut d’Etat
observateur. Dès que l’AGNU a reconnu ce statut, la Palestine a ratifié des traités dont le dépositaire
est le SG des NU. Trump a décidé de déménager l’ambassade à Jérusalem. Impact considérable.
2) La multiplication des juridictions à l’orée du XXIe siècle
Etablissement de quelques juridictions internationales :
- Cour de Justice de l’Union européenne (Cour de Justice de la CECA 1952)
- Cour européenne des droits de l’homme (1959)
- Cour interaméricaine des droits de l’homme (1979)
- Organe de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (1994)
- Tribunal international du droit de la mer (1996)
- Cour pénale internationale (2002)
Double tendance dans la création des juridictions internationales  spécialisation &
régionalisation :

Spécialisation des juridictions Régionalisation


- Droit de la mer - Amérique du sud
- Droit international pénal - Afrique
- Droit du commerce international
B) La place singulière du juge dans l’ordre juridique international
Il y a une règle absolue à connaitre : le recours à une procédure juridictionnelle est TOUJOURS
subordonné au consentement de toutes les parties à un litige. JAMAIS une juridiction
internationale ne rendra un arrêt au fond sans le consentement des Etats. Le fondement de la
compétence devant les juridictions internationales reste le consentement. Différentes façons de le
donner :
- Soit l’Etat donne son consentement avant l’émergence du différent (= juridiction
obligatoire)  ici, deux cas de figure à envisager pour les modalités du consentement :
 Dès lors que des Etats sont parties à cette convention, un Etat peut unilatéralement saisir
la Cour c/ un autre Etat (sur le fondement de l’article 22)  clause compromissoire
renvoie à la compétence de la Cour
 Article 36 du statut de la CIJ : adopté en 1946 et annexé à la Charte des NU = déclaration
facultative d’acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour CAD qu’un Etat peut s’il
le souhaite faire une déclaration facultative d’acceptation de la compétence obligatoire de
la Cour. Si un autre Etat a fait la même déclaration, il pourra saisir la Cour contre le 1 er
Etat. (74 Etats ont accepté la déclaration facultative de la juridiction obligatoire de la CJI).
- Soit l’Etat donne son consentement après l’émergence du différent (= juridiction
facultative)  c’est la règle en DI. Ce consentement va être donné au cas par cas et après
l’émergence du différent. Les Etats décident a posteriori de soumettre leur différent à un juge.
REMARQUES : la Cour actuelle serait un peu + audacieuse qu’avant ; mais manque de compétence
souvent. On va AJD doucement vers une juridiction obligatoire. De plus, le juge joue un rôle de
suppléance normative en DI.
Paragraphe 4 – L’extension du champ d’application du droit international public
Le DI actuel est différent de celui de 1920 qui se limitait aux rapports diplomatiques territoriaux et au
droit de la mer. AJD le DI déborde = diversification de la matière.

Paragraphe 5 – Le droit international face au terrorisme


Les NU ont longtemps passé sous silence la q° du terrorisme car cela les gênait. En 1972, les NU ont
été mises au pied du mur avec la prise en otage d’athlètes israéliens. CQFC : pas de définition générale
AJD du terrorisme.
PB : a charte des NU écrite en 45 pour les ETATS. Or, AJD la menace vient de groupes. La charte est
donc dépassée car selon elle, le conflit armé vient d’une entité étatique. Le monde a été totalement
bouleversé par les attentats du 11 sept.
 DEFI DU DROIT INTERNATIONAL

Paragraphe 6 – Le droit international face à la pandémie de COVID-19


La santé est nécessairement un domaine qui ne peut écarter une régulation par le DI. Pourquoi  ? car les
crises sanitaires ignorent les frontières et les Etats sont AJD dans une situation d’interdépendance. Ils
doivent nécessairement coopérer.
Cela fait des siècles que les Etats cherchent à se prémunir de la propagation des maladies : mesures de
quarantaine prises pour se protéger de la fièvre jaune, de la peste et du choléra notamment.
Le 1er Etat qui a adopté les mesures de quarantaine = Venise. Ces mesures n’étaient pas totalement
efficaces et surtout, elles portaient atteinte à la liberté du commerce. Certains Etats considéraient qu’il
fallait protéger la liberté du commerce. L’invention de la machine à vapeur a accéléré cette prise de
conscience car les communications se sont intensifiées, en même temps que les épidémies. Les Etats
ont commencé à chercher à se doter de règles communes à partir de 1851. La 1 ère conférence de Paris a
donné lieu à la naissance d’une convention jamais entrée en vigueur (car par ratifiée par les Etats en
raison de leur volonté de conserver de la marge nationale de pouvoir discrétionnaire). Ces réticences
n’ont pas disparu : article 168 TFUE  l’Union n’intervient que pour « compléter les politiques
nationales ».
AJD, le SG des NU a dit le 20 mars 2020 : « Nous sommes confrontés à une crise sanitaire
planétaire comme l’Organisation des Nations unies n’en a jamais connue en 75 ans d’histoire – une
crise qui propage la souffrance dans toute l’humanité, met en péril l’économie mondiale et bouleverse
la vie de tout un chacun […] ; les mesures prises au niveau national ne permettront pas de remédier
à la crise, dont l’ampleur et la complexité ont un caractère international ». (António Guterres, 20
mars 2020)
L’OMS a déclaré le 11 mars 2020 qu’il s’agissait d’une pandémie.
 En la matière, il existe des règles. Le règlement sanitaire international (RSI) de 2005 impose à
chaque Etat :
- d’évaluer les événements qui surviennent sur son territoire au moyen d’un algorithme
- et de notifier à l’OMS, dans les 24 heures suivant l’évaluation,
 tout événement pouvant constituer une urgence de santé publique de portée
internationale,
 ainsi que toute mesure sanitaire prise face à ces événements.
Le RSI de 2005 a été révisé en raison de l’épidémie de SRAS dans le sud est asiatique. Il avait été
reproché à la Chine d’avoir caché la maladie dans un 1 er temps. A priori, AJD, la Chine a tardé avant
d’informer l’OMS du Covid-19.
Entre 2014 et 2016, épidémie d’Ebola  retard aussi car les Etats n’avaient pas les moyens
techniques.
Quelles CSQ pour un Etat dès qu’il déclare un état de santé sanitaire ? image dégradée à
l’étranger, risque de perte économique.
On peut blâmer la Chine mais aussi l’OMS. Pourquoi ? il a tardé aussi (sous pression de la chine ?) car
SG de l’OMS élu en partie grâce à la Chine. Relations incestueuses entre l’OMS et la Chine. A partir
du moment où l’OMS déclare une pandémie, il y a une série de dispositions qui vont s’appliquer. De
plus, le CDS est resté muet au mois de mars. Pourtant, il avait qualifié Ebola de menace. PQ ? la
présidence du CDS était la Chine au mois de mars.
Sur le sujet : visions différentes entre Trump, Macron et XI Jin Ping.

TITRE 1ER - LA FORMATION DU DROIT INTERNATIONAL


Le DIP est sans aucun doute une discipline relative : matière qui vise à imposer des règles auxquelles
les destinataires doivent se tenir.
Distinction entre normes et sources :
- Norme = contenu  prescription d’une règle. EX : interdiction du recours à la force art 2§4
Charte des NUas
- Source = contenant, va véhiculer la norme
L’article 38 du statut de la CIJ : disposition qui énonce les ppales sources du DIP. Le statut de la CIJ
est annexé à la Charte des NU. Pour résumer :
- Traités
- Coutume
- Ppes généraux de droit reconnus par les nations civilisées
- La doctrine (à titre subsidiaire)
- La JP
Cet article liste plusieurs sources du DIP. L’objet de l’article 38 est de dire quelles sont les sources sur
laquelle la CIJ va pouvoir se fonder  autorité particulière en DIP. Pour autant, article critiquable :
- Renvoi au ppes généraux de droit reconnus par les nations civilisées : qu’est-ce qu’une nation
civilisée ? qu’est-ce qui est reconnu comme une nation civilisée ?
A quand remonte le statut de la CIJ ? au lendemain de la 2GM, en 1946. En réalité, c’est le
même qu’en 1920 (voir infra)  explication quant à l’expression « nations civilisées »
- Le statut ignore les actes unilatéraux des Etats et des OI
- Le statut ignore les accords informels

 Article 38 très utile et précieux mais incomplet


 Il permet de voir quelles sont les sources du DI et quel est le chemin qu’une norme peut
emprunter
PB en DIP : les rapports entre les sources et les normes sont complexes. PRECISIONS :
- Une même norme peut être issue de plusieurs sources différentes. EX : l’interdiction de
recourir à la force armée dans les RI (consacrée par le traité et par la coutume, plusieurs
sources ≠)
- Une même source peut donner naissance à de très nombreuses règles de contenu très
varié (le moindre traité en fournit une illustration)
- En droit international, il n’existe pas de hiérarchie des sources. Il ne saurait par conséquent
résulter de hiérarchie des normes en fonction de la source dont elles émanent  la source
coutumière n’est pas + important que la source jurisprudentielle, etc.
- Il existe cependant des moyens de déterminer une priorité d’application (déterminée par le
contenu) entre des normes apparemment incompatibles :
 par des règles techniques (lex posterior/lex specialis)
 de façon embryonnaire par le recours à la notion d’OP international (jus cogens)
Chapitre 1er – La formation conventionnelle du droit international
En 1895, un arbitre va rendre une décision Royaume-Uni / Transvaal. Sentence arbitrable rendue le 2
avril 1895 par l’arbitre unique Melius de Villiers. PB : litige opposant une province de l’Afrique du
sud au R-U. Loi empêchant aux personnes de couleur d’être propriétaire. Le R-U conteste cette loi.
Les parties vont solliciter un arbitre et lui demander de statuer en équitable.
Réponse de l’arbitre : « Je considère qu’il est équitable et juste (…) que la République Sud-Africaine
soit tenue et ait le droit, en ce qui concerne le traitement des indiens et autres commerçants
asiatiques, sujets britanniques, de donner pleinement force et effet aux dispositions de la loi n° 3 de
1885 »
 Ce qui était juste ne l’est pas forcément AJD
 Ce qui est juste pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre

La CIJ a pu introduire de l’équité dans son jugement. Elle est souvent amenée à trancher des affaires
de délimitation maritime. Technique de tracer la ligne de manière géométrique ; puis elle regarde si
circonstances spéciales et peut être amenée à corrige le tracé au nom du ppe d’équité.
Prolégomènes : définition, classification et contexture des traités
L’apparition des traités est liée à l’apparition des 1 ères communautés organisées.
Le traité est un instrument essentiel AJD. Compte tenu de son importance, les règles relatives aux
traités ont fait l’objet d’un travail de codification confié à la Commission du DI. Celle-ci est un organe
subsidiaire de l’AGNU. Elle est composée de 34 membres élus par l’AGNU, juristes du DI. Le rôle est
de codifier le DI coutumier (voir diapo). Lorsque la commission décide de se saisir d’un sujet,
rapporteur désigné et rapport final pouvant servir de base de négociation à une future convention.
L’AGNU décida de saisir la commission au sujet d’un traité dès 1950. En 1965, projet de convention
sur le droit des traités remis par la commission. Tout ce W a abouti à la Convention de Vienne sur le
droit des traités entrée en vigueur le 27 janvier 1980 mais adoptée 10 ans avant en 1969 (long W qui
s’explique par la complexité). L’Azerbaïdjan est le dernier Etat ayant ratifié la Convention en 2018
(montre qu’elle est encore vivante).
La Convention de Vienne ne concerne que les traités ENTRE Etats et seulement entre Etats (article 3).
Quid de l’inclusion des OI ? trop complexe.
Deuxième traité en 1986 : la Convention de Vienne sur le droit des traités entre États et OI ou entre OI
seulement (encore ratifié en 2018 par un Etat).
D’un point de vue méthodologique, les deux conventions se ressemblent(benzer aynı görünmek)
largement. En outre, nb des règles dans l’une et l’autre sont des règles coutumières pouvant
s’appliquer aux Etats. La grande majorité des dispositions sont coutumières et donc opposables à la
France par le biais de la coutume malgré le fait que la France ne l’ait pas ratifiée.
Article 2§1 A : « L'expression ‘‘traité’’ s'entend d'un accord international conclu par écrit entre
États et régi par le droit international, qu'il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux
ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière » 
REMARQUES :
- Un traité suppose tjrs un accord de volonté entre Etats  : consentement. L’accord de volonté
peut être successif, et non pas simultané.
- Les traités ne peuvent être conclus que par les Etats et les OI (peu importe la puissance de
certains autres : GAFA, Microsoft, etc.)
- La Convention de Vienne ne s’applique qu’aux accords écrits (il peut exister des accords
verbaux mais démontrer leur existence)
- Le DI n’est pas formaliste : il existe quelle que soit la forme du traité (accord, échange,
déclaration, etc.) ce qui est important c’est de regarder le contenu
 Un traité est un accord écrit conclu entre deux ou plusieurs sujets du DI qui lui
reconnaissent une force obligatoire.
Classification des traités
Classification matérielle des traités :
 OBJET
- Les traités-lois : pose des règles applicables à la société en général
- Les traités-contrats : repose sur l’échange, sur la réciprocité (traité « synallagmatique »)
 BUT
- Traités normatifs
- Traités constitutifs d’OI
Classification formelle des traités :
- Qualité des parties
- Nombre de parties (bilatéraux, multilatéraux)
- Procédure de conclusion (forme solennelle ou simplifiée)
L’EX de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de
l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction :
- Un préambule(önsöz) qui énumère les parties et expose les motifs, les raisons d’être du traité
(pas de force contraignante du préambule MAIS l’interprète peut se fonder sur une disposition
du préambule)
- Dispositif
- Annexes éventuelles (ici 3 : annexe sur les produits chimiques ; annexe sur la vérification ;
annexe sur la confidentialité) qui ont une portée contraignante
Section I – L’élaboration des traités
§1 – La conclusion des traités
A) La procédure internationale de conclusion des traités
1) La capacité à conclure
La q° de la qualité de sujet international  Article 6 sur la Capacité des États de conclure des
traités : « Tout État a la capacité de conclure des traités. »
Qui peut conclure un traité ? Etats fédérés ? Régions ? au niveau du DI, une violation du traité
engage la responsabilité de la France (peu importe si c’est une violation d’une unité décentralisée
(Bretagne), ou du juge judiciaire, ou autre). Rares sont les traités qui reconnaissent un pouvoir aux
entités fédérés.
Quid des mouvements de libération nationale qui se sont vus la possibilité de conclure certains
types de traités bien définis. Les mouvements de libération nationale peuvent conclure :
- Des traités d’indépendance
- Des traités relatifs à la conduite de la lutte armée
- Certains actes constitutifs d’OI
Pour conclure un traité, il faut être un Etat. Les entités décentralisées peuvent le faire si la C° le
permet et enfin, un certain nombre d’entités a cette capacité. EX : le Vatican, la Palestine, des OI
+ ou – reconnues comme le CICR qui est une association de droit privé. Les personnes privées, les
sociétés transnationales et les ONG ne peuvent pas conclure de traités.
La q° de la représentation  article 7 de la Conv de Vienne qui évoque la q° des pleins pouvoirs.
Pour pouvoir représenter son Etat, il faut avoir les pleins pouvoirs :
- Ceux qui sont supposés avoir les pleins pouvoirs  : chefs d’Etat, chefs de gouvernement,
ministres des Affaire Étrangère. Concernant les ambassadeurs, ils les ont mais uniquement
pour conclure un traité avec l’Etat dans lequel ils sont accrédités.
- Ceux qui doivent disposer d’un document attestant les pleins pouvoirs  : document détenu par
celui qui a l’autorité pour enduire la négociation des traités en droit interne
Article 52 de la C° du 4 oct 1958 : « Le Président de la République négocie et ratifie les traités. Il est
informé de toute négociation tendant à la conclusion d'un accord international non soumis à
ratification. »  la C° fait une distinction entre les traités et les accords internationaux.
2) L’élaboration du texte
a) La négociation
Différence entre l’élaboration d’un traité bilatéral ou multilatéral :
- Bilatéral  simple échange de lettres seulement parfois (voir courrier du MAE au ministre
macédonien des AE) & naissance du traité
- Multilatéral  on négocie différemment au vu du nombre de parties. L’initiative peut
émaner des Etats, des OI mais aussi des ONG (même si elles n’ont pas les mêmes
prérogatives, elles peuvent faire du lobbying auprès de l’Etat).
Par conséquent, les traités multilatéraux sont négociés au sein de certains organes ou proviennent
de l’initiative d’Etats.
EX : adoption en 2006 d’une résolution par l’AGNU relative à un futur « instrument global et
juridiquement contraignant établissant les normes internationales communes pour
l’importation, l’exportation et le transfert d’armes classiques ». ICI  l’idée vient de l’ONU.
Les traités multilatéraux sont négociés au sein d’une OI. EX de la COP21 : très
nombreux.
Comment se passent les négociations ? à partir du moment où est organisée une conférence,
procédure. Les parties n’hésitent pas à utiliser la technique par consensus. A la fin de la
conférence, le texte est soumis à l’adoption. EX : le 28 mars à minuit, fin. Donc le Président
de la conférence va décider d’arrêter les discussions. C’est CE texte qui sera soumis à
l’adoption. Deux possibilités pour le Président :
 Soit soumettre le texte au vote EX : conférence visant à adopter le traité de Rome.
 Soit soumettre le texte au consensus . Quelle différence avec le vote ? qui ne dit mot
consent. Si personne ne s’y oppose, le texte est adopté. Pression sur les Etats car tout le
monde va regarder si qq s’oppose. EX1 : conférence de Kampala en 2010 qui a débattu
sur la définition du crime d’agression. En 98, plutôt que de ne pas adopter le texte, ils ont
décidé de reporter à plus tard la q° du crime d’agression  conférence de Kampala décide
de reprendre la définition et le Président décide de soumettre le texte au consensus. Dès
lors, tous les yeux se sont tournés vers le R-U et la France, membres permanents. Si
blocage, ça allait forcément venir de la France ou du R-U. Le délégué japonais a levé la
main et s’est rendu compte qu’il avait commis une boulette car il souhaitait seulement
prendre la parole. EX2 : Corée du Nord, Iran et Syrie concernant le traité sur le commerce
des armes. Les russes et les américains ont dit qu’il fallait plus de temps pour le texte. En
mars 2013, ces trois Etats bloquent le consensus. Le texte n’a pas été adopté. Réel choix
de recourir au vote ou au consensus. Le consensus facilite l’adoption du texte car pression
sur les Etats mais inconvénient car une seule main suffit pour faire échouer l’adoption.

b) L’authentification
L’authentification consiste à dire que le texte rédigé correspond à l'intention des négociateurs, qui le
considère comme définitif. L'authentification se fait au moyen de la signature (art 10 CVDT). D'autres
modes sont prévus :
• Suivant la procédure établie dans les État.
• La signature
• La signature ad referendum ou le paraphe (mais n'est que provisoire, d'où la distinction)

Les États ne sont pas obligés de signer le traité, ni de le ratifier (EX : la Russie sur le traité du
commerce des armes). Dès lors, à quoi sert la signature ? Plusieurs effets :
• Un État qui a signé n'est pas dans la même situation que celui qui n'a pas signé (CPI, 16 mars
2001). La signature peut constituer l'expression fidèle des vues communes des parties. La
Cour peut se servir du traité signé, mais non ratifié, pour considérer les vues des parties à
l'époque où le traité a été signé. L’article 18 CVDT pose un certain nombre d'obligations à
l'égard d'un État qui a signé mais pas ratifié (il ne peut pas porter atteinte à l'objet et au but du
traité) <=> il ne doit pas vider le traité en question de sa substance. EX : les USA ne veulent
pas ratifier le traité établissant la CPI de 1998  considèrent une absence d'effets =>
juridiquement possible par art 18.

• A partir du moment où le texte est signé, certaines dispositions vont entrer en vigueur.
L'adoption du traité entraîne l'application de toutes les clauses qui rendent possibles son
accession à la qualité de traité contraignant.

• Un traité faisant l'objet de nombreuses signatures peut faire entrer certaines de ses dispositions
dans la coutume. EX : établissement du consentement, dispositions sur l'authentification…
Normalement, le traité peut être signé par les États ayant participé aux négociations. Cette
possibilité peut être ouverte à d'autres États qui n'ont pas participé aux négociations (car ils
n'existaient pas) ou un État n'ayant pas souhaité signer immédiatement. EX1 : Convention
contre la torture est ouverte à tous les États pour n'importe quelle durée. EX2 : traité sur le
commerce des armes ouvert à tous les États à compter du 3 juin 2013 jusqu'à son entrée en
vigueur. EX3 : accord de Paris ouvert aux États pdt un an.

La Convention de Vienne prévoit dans son article 24 : « Les dispositions d'un traité qui réglementent
l'authentification du texte, l'établissement du consentement des États à être liés par le traité, les
modalités ou la date d'entrée en vigueur, les réserves, les fonctions du dépositaire, ainsi que les autres
questions qui se posent nécessairement avant l'entrée en vigueur du traité, sont applicables dès
l'adoption du texte. »
La coutume peut avoir des interférences sur l’élaboration des traités.
 Enfin, qui peut authentifier le texte ? tout dépend du traité

Certains traités réservent la signature aux Etats qui ont participé à l’élaboration. Mais AJD, la
signature est ouverte à n’importe quel Etat dès lors que les conditions de fond sont remplies. Parfois,
la Convention est ouverte à signature éternellement // parfois il y a une période définie dans certaines
hypothèses. La signature est en principe réservée aux Etats qui ont participé à la négociation du traité.
Désormais, cette possibilité est donc offerte :
 à des Etats qui n’ont pas participé aux négociations
 ou qui, bien qu’ayant participé, n’ont pas jugé opportun de signer la convention au
moment de son adoption
3) L’expression par l’Etat du consentement à être lié

a) Pour les Etats ayant signé le traité

 La conclusion en forme solennelle


Le moment de l’engagement proprement dit est repoussé dans le temps, Il y a donc une dissociation
 entre la phase d’authentification (signature)
 et celle de l’expression du consentement à être lié (ratification)
Qu’est-ce qu’une ratification ? elle peut être définie comme l’acte par lequel l’Etat consent à ce
que le traité devienne effectif ou obligatoire. Depuis la fin de la 2GM, plusieurs termes synonymes :
ratification, approbation, etc.
La signature d’un Etat ne veut pas forcément dire ratification par l’Etat. La conduite des RI relève de
l’exécutif. EX du refus législatif d’autoriser l’exécutif à ratifier :
- Aux Etats-Unis :
 Pacte de la SdN (1919)
 Traité instituant l’Organisation internationale du commerce (Charte de la Havane) (1948)
- En France
 Traité instituant la CED (1952)

 La conclusion en forme simplifiée


L’apparition des accords en forme simplifié fait suite à deux facteurs :
- Nécessité de conclure rapidement certains types d’accords (militaires, économiques et
financiers...)
- Permettre à l’exécutif, lorsque la constitution le permet, de se dispenser de la phase
parlementaire
NB : cette pratique est née aux Etats-Unis dès la fin du XVIIIe par le biais des executive agreements.
What is the difference between a treaty and an executive agreement ? Voir PowerPoint.
b) Pour les Etats n’ayant pas signé le traité : l’adhésion
C’est un acte par lequel l’état qui n’a pas signé le traité, va donner son consentement définitif à
être lié. Ici, l’Etat va directement donner son consentement définitif à être lié. L’adhésion permet
d’élargir le cercle d’Etats. Certains traités favorisent l’adhésion et d’autres non.
B) La procédure interne de ratification des traités
Ici, le constituant a toute latitude. Il faut comprendre que du point de vue du DI, ce qui compte c’est le
respect du traité, peu importe les modalités qui sont réglées par le droit constitutionnel.
1) La diversité des solutions
Dans le cadre d’un régime présidentiel (le cas des USA) c’est le Président qui ratifie les traités. Pour
cela, il doit recueillir l’aval du Sénat à la majorité des 2/3. Pour qu’un traité soit ratifié aux USA, il
faut donc rassembler les clivages politiques.
Dans le cadre d’un régime parlementaire, partage des compétences entre l’exécutif et le législatif. Du
point de vue du DI, une prérogative qui revient tjrs à l’exécutif qui ratifie toujours. Donc exécutif
ratifie et négocie mais droit de regard du Parlement qui doit être sollicité (une ou les deux chambres).
EX : Espagne, le roi d’Espagne ratifie mais dans un certain nb de domaines, il ne peut le faire que si
appel à une chambre.
2) Le système français
Concernant le système français : Titre 6 – articles 52 à 55 Des traités et accords.
Articles 52 & 53. On voit la distinction dans la C° française entre les traités et les accords
internationaux. Qui ratifie ? L’article 52 précise que les traités sont ratifiés par le chef de l’Etat (le
PR). Il est informé de toute négociation tendant à la ratification d’un traité. Les accords sont ratifiés
par le MAE ; les traités sont ratifiés par le PR.
Quelle procédure ? article 53  autorisation du Parlement pour certains traités. Loi de ratification ou
d’approbation nécessaire pour la ratification. En réalité, on aurait pu rajouter deux traités au regard de
la distinction 34 -37 (les traités d’alliance et les traités des différends).
Voir article 11 de la C° : « Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant
la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux Assemblées, publiées au Journal Officiel,
peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur
des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux
services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être
contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions. » EX :
traité de Maastricht.
Voir pour illustration la loi sur la ratification du Traité sur le commerce des armes.
AJD statistiquement, la part des PJL autorisant la ratification d’accords ou traités ne cesse de croitre
(autour de 50% des PJL déposés au Parlement sont des PJL visant à autoriser la ratification des
accords et traités). En revanche, ces PJL sont bien souvent adoptés dans un hémicycle vide et de
manière extrêmement rapide.
§2 – Les réserves aux traités (Andlaşmalarda çekince)
Négocier un traité n’est pas chose aisée. Bien entendu, plus le nb d’Etats augmente, plus les difficultés
se renforcent. En négociant, les Etats ne peuvent pas s’entendre sur tout. Dans le cadre de la
négociation d’un traité bilatéral, soit accord soit non. Concernant les traités multilatéraux, plus
compliqué. Difficile que les Etats s’entendent sur tous les points d’une négociation. C’est alors
développée la notion de réserve qui permet de modifier l’étendue de l’engagement.
A) La notion de réserve
Article 2D de la Convention de Vienne : « l’expression réserve s’entend d’une déclaration
unilatérale, quel que soit son libellé ou sa désignation, faite par un Etat quand il signe, ratifie,
accepte ou approuve un traité ou y adhère, par laquelle il vise à exclure ou à modifier l’effet juridique
de certaines dispositions du traité dans leur application à cet Etat ».
Réserves : actes unilatéraux émis uniquement au moment de l’engagement et cherche à modifier
l’étendue ou portée de l’engagement de l’Etat par rapport à ce qui a été prévu dans le traité.
Un Etat ne peut émettre de réserve uniquement au moment de l’engagement.
Illustration article 30 convention relative aux droits de l’enfant : « Dans les Etats où il existe des
minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d’origine autochtone, un enfant
autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d’avoir sa propre vie
culturelle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d’employer sa propre langue en commun
avec les autres membres de son groupe. » la France ne peut admettre qu’il existe des minorités ; donc
elle a ratifié cette convention. OR, elle a émis une réserve compte tenu de l’article 2 de la C°. Donc
exclusion de l’article 30 par la France.
/!\ seul compte l’objet et non pas la forme.
Mais, certains Etats vont faire des déclarations interprétatives(yorumlayıcı beyanlar). Celles-ci ont
pour objet de préciser le sens d’une disposition et ne sauraient être similaires à une réserve.
Illustration : la convention de Montego Bay sur le droit de la mer qui interdit les réserves. Or,
l’Equateur cherche à limiter en faisant une déclaration. L’Equateur ratifie, fait une déclaration mais
cherche par tous les moyens à limiter la portée de son engagement. L’Allemagne et la Finlande ont
douté de l’Equateur sur ce point. La France a douté de la déclaration du RDC.
 Système biscornu entre une Commission (européenne des DH) et une Cour (CEDH). Dans
l’affaire Temeltasch du 5 mai 82, la Commission rapporte que : « Si un Etat formule une
déclaration et la présente comme une condition de son consentement à être lié par la
Convention (européenne des droits de l'homme) et comme ayant pour but d’exclure ou de
modifier l’effet juridique de certaines dispositions, une telle déclaration, quelle que soit sa
désignation, doit être assimilée à une réserve (au sens de l’article 64 de la Convention) ».
Quels sont les avantages des réserves ? A quoi servent-elles ?
- Meilleure application des traités en droit interne ?
- Hétérogénéité des Etats d’où la nécessité d’admettre des réserves
- Un certain nb de traités sont soumis à exigence constitutionnelle d’approbation parlementaire
(parfois l’exécutif peut émettre une réserve afin d’obtenir l’approbation du Parlement)
- Permet de susciter l'adhésion du plus grand nombre d'Etats ?
- Permet aux Etats de s’engager a minima (d’autant que les réserves peuvent être retirées à tout
instant). Un Etat vertueux va ratifier un traité relatif aux droits de l’homme, va adapter son
droit interne et retirer ses réserves  gage de sûreté de l’Etat
Quels sont les inconvénients des réserves ? (Çekincelerin dezavantajları nelerdir)
- Améliore l’image de l’Etat car il ratifie alors qu’il a émis des réserves
- Amoindrissement de la portée réelle des traités (EX de la convention sur le droit des
femmes, 80 Etats ont ratifié, mais 60 ont émis des réserves). Le Qatar a ratifié le PIDESC et le
PIDCP. Contexte ? Coupe du monde de foot en 2022 « confiée » au Qatar. Le pays entretient
des relations très compliquées avec ses voisins donc isolé. En 2018, il décide de ratifier le
PIDCP et le PIDESC. Bonne chose selon rapports d’ONG mais il faut noter que le Qatar a
émis des réserves. Oui au pacte mais seulement pour les H (notamment article 3 PIDESC pas
opposable au Qatar)
 Réserve d’Oman à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination
à l’égard des femmes en fonction de la Charia
 Réserve de l’Arabie Saoudite à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes
 Neutralisation des effets du traité : Etats ne sont même pas liés aux dispos ppales des traités
 Risque de dénaturation du traité

Observation générale n°24  notion de réserve incompatible avec la notion de droits de l’homme. On
ne doit selon lui pas émettre de réserves dans les traités relatifs aux droits de l’homme.
DILEMME DES RESERVES
 Convient-il de sauvegarder l’intégrité du traité en exigeant que les Etats acceptent toutes
les dispositions ? (andlaşmanın bütünlüğünün korunması)
 Convient-il de sauvegarder l’universalité du traité en assurant l’acceptation par tous ?
(andlaşmanın evrenselliğinin korunması)
B) Les conditions de validité des réserves
Article 19 qui fixe les conditions de validité : « Un État, au moment de signer, de ratifier, d'accepter,
d'approuver un traité ou d'y adhérer, peut formuler une réserve, à moins :
a) que la réserve ne soit interdite par le traité ;
b) que le traité ne dispose que seules des réserves déterminées, parmi lesquelles ne figure pas la réserve en
question, peuvent être faites ; ou
c) que, dans les cas autres que ceux visés aux alinéas a) et b), la réserve ne soit incompatible avec l'objet et le
but du traité. »
La France est partie à un traité mais souhaiterais émettre une réserve. PLUS POSSIBLE. Néanmoins,
article 22 sur le retrait des réserves et des objections aux réserves : « 1. A moins que le traité n’en
dispose autrement, une réserve peut à tout moment être retirée sans que le consentement de l’Etat qui
a accepté la réserve soit nécessaire pour son retrait. »
Que prévoit les traités ? article 19 : « Un État, au moment de signer, de ratifier, d'accepter, d'approuver un
traité ou d'y adhérer, peut formuler une réserve, à moins :
a) que la réserve ne soit interdite par le traité ;
b) que le traité ne dispose que seules des réserves déterminées, parmi lesquelles ne figure pas la réserve en
question, peuvent être faites ; ou
c) que, dans les cas autres que ceux visés aux alinéas a) et b), la réserve ne soit incompatible avec l'objet et le
but du traité. »

Traités qui interdisent les réserves.


article 120 du traité instituant la CPI  « Le présent Statut n’admet aucune réserve »

Traités qui limitent les réserves (soit en autorisant soit en interdisant les réserves à certains articles, soit
en interdisant les réserves générales).
article de la ConvEDH  Les réserves de caractère général ne sont pas autorisées aux termes du présent
article.

Pour résumer, il y a des traités qui interdisent, certains qui autorisent et d’autres qui limitent.

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C) Les effets des réserves
Etat du droit avant 1951 :
 Règle générale au niveau universel : un Etat réservataire ne pouvait être partie à une
convention qu’à la condition que toutes les autres parties acceptent sa réserve
Avantage ? cohérence, simplicité // risque de laisser certains Etats de côté
 Au niveau régional, le système panaméricain était différent dans la mesure où l’objection à
une réserve avait seulement pour effet de priver de liens conventionnel l’Etat réservataire
et l’Etat objecteur. Autrement dit, l’Etat réservataire partie à la convention et l’Etat qui a
émis l’objection aucune relation conventionnelle.
Au lendemain de la 2GM, augmentation du nb d’Etats. Situation intenable(savunulamaz durum) 
système va être assoupli(sistemi gevşetmek esnetmek) et la Convention de Vienne va reprendre la
solution dégagée par la cour.
Etat du droit depuis 1951/1969 :
 Lorsque les réserves sont envisagées par le traité, un Etat réservataire peut être partie à un
traité sans que les autres Etats n’aient à donner leur consentement (ce qui était le cas du
temps de la S.d.N.). Il est admis que le consentement a été donné lors d l’acceptation de la
clause d’autorisation (article 20 § 1 de la Convention de Vienne).
 Lorsque les réserves ne sont pas envisagées par le traité, il suffit qu’un Etat accepte la
réserve pour que l’Etat réservataire soit partie au traité. Autrement dit, si un Etat émet
une réserve, qu’un autre ne réagit pas, ce dernier est censé accepter.
 POUR RESUMER : un Etat émet une réserve. L’Etat est partie au traité dès lors que le traité
envisage une dispo sur les réserves. A défaut, si un Etat accepte, l’Etat devient partie au traité.
La Convention de Vienne, s’inspirant des principes dégagés par la CIJ en 1951, précise :
 En cas d’acceptation expresse ou implicite (açık veya örtülü kabul)
 NB : l’absence d’objection pendant un délai d’un an doit être interprété comme une
acceptation (article 20 § 5)
 Le traité s’applique entre les Etats
 Moins la disposition qui a fait l’objet de la réserve, « dans la mesure prévue par cette
réserve » (art. 21 § 1)
 En cas d’objection à la réserve
 Objection simple : l’Etat partie refuse que la réserve produise des effets pour l’Etat
objectant. L’objection simple va neutraliser l’effet de la réserve. ILLUSTRATION  : un
Etat ratifie et émet une réserve à l’article 4 qui précise que les Etats devront faire
qqchose. L’Etat dit que cette disposition ne pose pas une O° mais une faculté. Réserve
neutralisée.
 Objection aggravée : elle refuse toute relation conventionnelle avec l’Etat réservataire
ILLUSTRATION : un traité de 10 articles est conclu entre plusieurs Etats. A fait une réserve à l’article
3 (« A n’est liée à l’article 3 que pour autant que les forces militaires de l’Etat ne violent pas les
règles de DI »)
*B ne dit rien
*C fait une objection simple
*D fait une objection aggravée
En CSQCE :
 Le traité sera applicable entre A et B étant précisé que l’article 3 s’appliquera avec la
réserve
 Le traité sera applicable entre A et C moins la disposition de l’article 3
 Le traité ne sera pas applicable entre A et D
 Le traité sera applicable dans toutes ces dispositions entre B, C et D
La Convention de Vienne a essayé de limiter l’effet des objections aux réserves puisque l’objection ne
peut être qu’expresse. Les objections ne peuvent également être émises que par un Etat signataire.
La Convention de Vienne s’efforce néanmoins de concilier(uzlaşmak) des intérêts
contradictoires(çatışan çıkarlar) :
- D’un côté, elle facilite la formulation des réserves
 En posant d’une part une présomption en faveur de la validité des réserves (chapeau
de l’article 19)
 En abandonnant d’autre part le principe de l’unanimité
 Et enfin en posant le principe de l’acceptation tacite
- De l’autre, elle préserve la liberté de consentement des autres parties en leur permettant
d’objecter et de moduler l’effet de leur objection
Pour conclure, la q° des réserves soulèvent d’innombrables difficultés. Le juge international est amené
à traiter la q°, ainsi que le juge interne.
CE Ass. 12 Octobre 2018, SARL Super Coiffeur req Np ( Slaytta var)
§3 – Les procédures finales
A partir du moment où le traité a été adopté et que l’Etat a donné son consentement, il va pouvoir
entrer en vigueur.
A) L’entrée en vigueur des traités
La Convention de Vienne nous dit que les traités en forme solennelle peuvent entrer en vigueur selon
différentes procédures. EX : la convention de Vienne, pour entrer en vigueur, devait être ratifiée par
35 Etats, mais ce seuil peut évoluer.
Différents seuils de ratification pour l’entrée en vigueur des traités :
- Ensemble des parties
- Nombre faible (< 35)  EX : convention c/ la torture dont le seuil était de 20. Intérêt d’un
seuil bas est d’accélérer l’entrée en vigueur. Mais si le seuil est trop faible, remise en cause de
la crédibilité du traité.
- Seuil élevé (>50)  risque que la convention n’entre en vigueur que bien des années + tard.
EX : Convention des NU sur le droit de la mer, 12 ans pour récupérer 60 ratifications.
Quid des seuils qualitatifs ? article 110 Charte des NU  « La présente Charte entrera en vigueur
après le dépôt des ratifications par la République de Chine, la France, l'Union des Républiques
socialistes soviétiques, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, les États-Unis
d'Amérique et par la majorité des autres États signataires. Un procès-verbal de dépôt des ratifications
sera ensuite dressé par le Gouvernement des États-Unis d'Amérique qui en communiquera copie à
tous les États signataires. »  idée de faire jouer le seuil sur la ratification par certains Etats en
particulier.
Accord de Paris (lutter c/ le dérèglement climatique, 189 Etats parties AJD) : conformément à
l'article 21, l'Accord entre en vigueur le trentième jour qui suit la date du dépôt de leurs instruments de
ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion par au moins 55 Parties à la Convention qui
représentent au total au moins un pourcentage estimé à 55 % du total des émissions mondiales de gaz à
effet de serre.
 Idée que pour qu’il entre en vigueur, il fallait que le nb d’Etats qui ratifiaient soient
responsables d’un tel pourcentage d’émission de gaz à effet de serre

 Critique ? on reconnait que certains Etats sont + importants que d’autres Etats =
rupture d’atteinte au ppe d’égalité MAIS permet de témoigner sur une certaine réalité.

B) Les procédures accessoires


1) Le dépositaire
Toute une série de procédure doit être faite. + le number d’Etats est important, + la procédure l’est
aussi. Pour simplifier les choses, les traités ont pour habitude de désigner un dépositaire, celui qui va
centraliser la procédure. Au lieu de notifier tous les autres Etats, les Etats ne vont notifier que le
dépositaire. Ses fonctions sont prévues à l’article 77 de la Convention de Vienne sur le droit des
traités. Toute communication établie entre les parties au traité va passer par le dépositaire.
Qui est-il ? le + souvent, c’est une OI sous l’égide de laquelle s’est déroulée la négociation. EX : si
vous prenez les NU, c’est le SGNU.
La France est souvent désignée comme Etat dépositaire (+ de 80 traités) = assez conséquent.
Un Etat peut-il ne plus être dépositaire s’il ne le veut plus ? non, l’Etat ne peut pas car manquement à
une O° conventionnelle. Evidemment, si l’Etat ne veut vraiment plus, les autres devront trouver un
autre dépositaire et négocier.
2) L’enregistrement et la publication
L’enregistrement et la publication ont vu le jour au lendemain de la 2GM avec la naissance de la SDN.
Article 18 du Pacte de la SDN : « Tout traité ou engagement international conclu à l'avenir par un membre
de la Société devra être immédiatement enregistré par le secrétariat et publié par lui aussitôt que possible.
Aucun de ces traités ou engagements internationaux ne sera obligatoire avant d'avoir été enregistré. »

MAIS  application partielle de l’article 18 :


- Les Etats ont retenu une approche restrictive de la notion d’« accord »
- Les sanctions n’ont pas été appliquées 
La charte des NU a repris dans son article 102 : « 1°) Tout traité ou accord international conclu par un
Membre des Nations Unies après l'entrée en vigueur de la présente Charte sera, le plus tôt possible, enregistré
au Secrétariat et publié par lui.

2°) Aucune partie à un traité ou accord international qui n'aura pas été enregistré conformément aux
dispositions du paragraphe 1 du présent Article ne pourra invoquer ledit traité ou accord devant un organe de
l'Organisation. »

 Gênant de ne pas enregistrer ? la CIJ, organe judiciaire ppal des NU, et on ne peut pas
invoquer un traité non enregistré devant la Cour
 OR : interprétation large dans l’affaire Qatar/Bahrein en 1994 : « Le défaut d’enregistrement
ou l’enregistrement tardif est […] sans conséquence sur la validité même de l’accord, qui
n’en lie pas moins les parties »
Article 80 de la Convention de Vienne  les traités doivent être enregistrés et publiés : « 1. Après
leur entrée en vigueur, les traités sont transmis au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies aux fins
d'enregistrement ou de classement et inscription au répertoire, selon le cas, ainsi que de publication.

2. La désignation d'un dépositaire constitue autorisation pour celui-ci d'accomplir les actes visés au §
précédent. »

Section II – La validité des traités


§1 – Les causes d’invalidité des traités
A) Les vices (kusur-lar)du consentement
Il s’agit de vérifier la régularité du consentement donné par l’Etat.
1) Le dol et la corruption (sahtekarlık dolandırıcılık)
Le dol est défini à l’article 49 de la Convention de Vienne : « Si un État a été amené à conclure un traité
par la conduite frauduleuse(hile) d'un autre État ayant participé à la négociation, il peut invoquer le dol comme
viciant son consentement à être lié par le traité. »

= technique frauduleuse destinée à obtenir le consentement d’une ou plusieurs parties. EX : les
accords de Munich conclus entre la France + le R-U et l’Allemagne + l’Italie. Le tribunal militaire
international de Nuremberg a considéré que l’Allemagne était responsable de dol car il s’agissait en
vérité d’annexer toute la tchéco-Slovaquie.
L’article 50 de la Convention de Vienne envisage la corruption : « Si l'expression du consentement d'un
État à être lié par un traité a été obtenue au moyen de la corruption de son représentant par l'action directe ou
indirecte d'un autre État ayant participé à la négociation, l'État peut invoquer cette corruption comme viciant
son consentement à être lié par le traité. »

2) L’erreur
Dans le cadre de l’erreur, c’est l’Etat lui-même qui s’est trompé. Article 48 de la Convention de
Vienne : « 1. Un État peut invoquer une erreur dans un traité comme viciant son consentement à être lié par le
traité si l'erreur porte sur un fait ou une situation que cet État supposait exister au moment où le traité a été
conclu et qui constituait une base essentielle du consentement de cet État à être lié par le traité.

2. Le paragraphe 1 ne s'applique pas lorsque ledit État a contribué à cette erreur par son comportement ou
lorsque les circonstances ont été telles qu'il devait être averti de la possibilité d'une erreur.

3. Une erreur ne concernant que la rédaction du texte d'un traité ne porte pas atteinte à sa validité ; dans ce cas,
l'article 79 s'applique. »

Il ne peut s’agir que d’une erreur de fait et pas une erreur de droit. De plus, cette erreur de fait doit
porter sur un élément essentiel, élément qui était à la base du consentement. Autrement dit, s’il n’avait
pas commis cette erreur, il n’aurait pas commis le traité. En pratique, la q° de l’erreur s’est posée
principalement pour des traités de délimitation.
Illustration : affaire du temple de Préah Vihéar. Temple à cheval entre deux Etats. En 1907, accord
entre la Thaïlande et la France sur la délimitation. Ce sont les français qui ont procédé à la délimitation
car les thaïlandais n’avaient pas les moyens technologiques. Mais sur le tracé, il y a eu une erreur. En
1954, la Thaïlande a occupé la zone de Préah Vihéar. Le Cambodge a saisi la CIJ et la Cour a rendu
son arrêt le 15 juin 1962. La CIJ a rejeté car la Thaïlande avait fait comme si la carte était valable donc
la CIJ a considéré que la Thaïlande avait « validé » l’erreur.
« Il résulte des constatations qui précèdent que les autorités siamoises ont reçu en son temps la carte de l'annexe 1 et qu'elles
l'ont acceptée. Mais AJD il est allégué au nom de la Thaïlande, pour ce qui concerne la zone de Préah Vihéar actuellement en
litige, qu'une erreur a été commise, erreur que les autorités siamoises ne connaissaient pas lorsqu'elles ont accepté la carte.
C'est une règle de droit établie qu'une partie ne saurait invoquer une erreur comme vice du consentement si elle a contribué
à cette erreur par sa propre conduite, si elle était en mesure de l'éviter ou si les circonstances étaient telles qu'elle avait été
avertie de la possibilité d'une erreur. La Cour considère que les qualités et les compétences des personnes qui ont vu la carte
de l'annexe 1 du côté siamois rendent à eux seuls difficile que la Thaïlande puisse juridiquement invoquer l'erreur. »

On peut invoquer l’erreur si l’Etat a contribué lui-même à celle-ci & si l’Etat a eu connaissance de
l’erreur mais qu’il n’a pas réagi.
 L’erreur eut être invoquée mais UNIQUEMENT l’erreur de fait
 L’Etat ne doit pas avoir contribué à l’erreur et ne doit pas avoir eu connaissance de
celle-ci
Différend territorial (Jamahiriya arabe libyenne/Tchad), arrêt du 3 février 1994  il faut une erreur
de fait et qui porte sur un élément essentiel.
3) La contrainte (zorlama tehdit)
La Convention de Vienne envisage deux cas spécifiques qui rendent nulle le traité en cas de :
- Contrainte exercée sur le représentant d’un Etat (article 51)
- Contrainte exercée sur un Etat par la menace ou l’emploi de la force (article 52)  idée qu’à
partir du moment que traité conclu sous la force, il est nul
Depuis 1945, au moins deux traités conclus sous l’empire de la contrainte :
- Accord conclu entre la Yougoslavie et l’OSCE en 1999
- Conflit entre la RDC & le Rwanda et l’Ouganda, accord conclu sous la contrainte en 1999
La France a refusé de se prononcer sur ces ≠ dispositions (l’erreur, le dol et la contrainte) car selon lui,
dispositions inspirées du droit civil interne et inopérantes en droit international.
4) La violation des règles de droit interne relatives au consentement
Article 46 de la Convention de Vienne : « 1. Le fait que le consentement d'un État à être lié par un traité a
été exprimé en violation d'une disposition de son droit interne concernant la compétence pour conclure des
traités ne peut être invoqué par cet État comme viciant son consentement, à moins que cette violation n'ait été
manifeste et ne concerne une règle de son droit interne d'importance fondamentale.

2. Une violation est manifeste si elle est objectivement évidente pour tout État se comportant en la matière
conformément à la pratique habituelle et de bonne foi. »

Idée qu’un Etat ne peut pas se prévaloir de son droit interne pour juger de la validité d’un traité.
Dérogation par cet article : il est possible d’obtenir l’invalidité d’un traité dès lors que le consentement
donné à la suite d’une violation manifeste d’une règle de droit interne. Pas une violation mineure mais
manifeste (si elle est « objectivement évidente… »).
PB ? très dangereux car un traité conclu par la France reste conclu par la France et valable pour tous
les Etats. CSQ préjudiciables sur la sécurité juridique en raison des changements politiques (nouveau
gouvernement qui veut se débarrasser de certains traités en invoquant cette clause).
EX : Iraq a envahi(işgal) le Koweït en 90 ; à la suite de l’invasion et de l’intervention autorisée par les
NU, l’Iraq se retire et traité de frontière conclu. Iraq dit que ce traité est nul car rédigé sans l’accord de
S. Hussein.
Illustration : Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria, (Cameroun c. Nigéria
; Guinée équatoriale (intervenant)), arrêt du 10 octobre 2002, CIJ  le Nigéria invoque la nullité
d’un traité au motif que le chef de l’Etat n’avait pas la compétence. Or, pas définition, les chefs d’Etat
disposent du pouvoir de négociation des traités. REJET DE l’ARGUMENT.
B) L’illicéité de l’objet et du but du traité : la violation d’une norme impérative (jus cogens)
Peut-on considérer qu’un traité soit nul au regard de son objet ? q° qui a divisé la doctrine et les
Etas notamment dans les années 60. Est-il possible de dire que les Etats ne sont pas complètement
souverains ? oui. Il existe des règles qui vont s’imposer aux Etats, qu’ils aient donné ou non leur
consentement. Il existe des règles fondamentales dans la société internationale. Peut-on limiter la
capacité conventionnelle des Etats ? Peut-on considérer qu’un traité ne peut pas porter sur
n’importe quel sujet ? c’est là toute la question du jus cogens.
Article 53 et article 64 de la Convention de Vienne A RETENIR :
- Article 53. Traités en conflit avec une norme impérative du Droit International général
(jus cogens) : « Est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme
impérative du droit international général. Aux fins de la présente Convention, une norme impérative du
droit international général est une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des
États dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n'est permise et qui ne peut
être modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère »
 Hypothèse où le traité est nul car norme impérative contraire au moment de la ccl du
traité

- Article 64. Survenance d'une nouvelle norme impérative du droit international général
(jus cogens) : « Si une nouvelle norme impérative du droit international général survient, tout traité
existant qui est en conflit avec cette norme devient nul et prend fin. »
 Hypothèse où traité est nul car survient une norme impérative contraire
La Convention de Vienne est adoptée en 1970. Quelques mois plus tard, la CIJ rend un arrêt le 5
février 1970 Barcelona Traction (Belgique c/ Espagne) dans laquelle elle souligne qu’« Une
distinction essentielle doit être établie […] entre les O° des Etats envers la communauté
internationale dans son ensemble et celles qui naissent vis-à-vis d’un autre Etat dans le cadre de la
protection diplomatique. Par leur nature même, les premiers concernent tous les Etats. Vu
l’importance des droits en cause, tous les Etats peuvent être considérés comme ayant un intérêt
juridique à ce que ces droits soient protégés ; les O° dont il s’agit sont des O° erga omnes ».
La CIJ dit qu’il existe des normes erga omnes c’est-à-dire opposables à tous donc horizontal (jus
cogens suppose une hiérarchie donc vertical). Le 23 janvier 2020, la CIJ a rendu une ordonnance dans
l’affaire de l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide
(Gambie c/ Myanmar). Gambie saisit la CIJ considérant que le Myanmar commet un génocide.
Qualité pour agir ? aptitude à présenter une requête. La Gambie étant partie peut parfaitement
introduire un recours c/ le Myanmar aussi partie.
Intérêt à agir ? être directement atteint par la violation du DI. Est-ce que la Gambie est directement
atteinte / lésée dans ses droits par le fait que le Myanmar soit accusé de violer la convention sur
le génocide ? NON. Cependant, la Convention sur le génocide n’est pas une convention comme les
autres. Elle pose des dispositions erga omnes (opposables à toutes les parties). A partir de ce moment,
dès lors qu’un Etat viole ces O°, tous les autres sont atteints et c’est ce que va dire la COUR le 23
janvier 2020 : « En raison des valeurs qu’ils partagent, tous les Etats parties à la convention sur le génocide ont un
intérêt commun à assurer la prévention des actes de génocide et, si de tels actes sont commis, à veiller à ce que leurs auteurs
ne bénéficient pas de l’impunité. Cet intérêt commun implique que les O° en q° s’imposent à tout Etat partie à la convention
à l’égard de tous les autres Etats parties. Dans l’arrêt qu’elle a rendu en l’affaire relative à des Questions concernant
l’obligation de poursuivre ou d’extrader (Belgique c. Sénégal), la Cour a indiqué que les dispositions pertinentes de la
convention contre la torture étaient « comparables » à celles de la convention sur le génocide. Elle a estimé que ces
dispositions généraient des « obligations … [pouvant] … être qualifiées d’«O° erga omnes partes», en ce sens que, quelle
que soit l’affaire, chaque Etat partie a[vait] un intérêt à ce qu’elles soient respectées». Il s’ensuit que tout Etat partie à la
convention sur le génocide, et non pas seulement un Etat spécialement affecté, peut invoquer la responsabilité d’un autre
Etat partie en vue de faire constater le manquement allégué de celui-ci à ses obligations erga omnes partes et de mettre fin
à ce manquement. »

La consécration du jus cogens est vraiment une évolution marquante de la société internationale.
Jusqu’en 1969, le DI était perçu comme un droit contractuel. Avec le jus cogens, différent.
Un Etat a été très critique à l’égard de la notion du jus cogens : la France (seul Etat partie à la
Convention). PQ ?
- Identification : la convention ne donne pas de critères précis ; qu’est ce que le jus
cogens ?
 Cela suppose une base consensuelle : tous les Etats ? une majorité d’Etats ? PB de savoir
comment identifier le jus cogens (identifié par l’AGNU ? par les Etats ?)
 Qu’est-ce que la Communauté internationale des Etats dans son ensemble ?
- Craintes pour la stabilité des relations conventionnelles
- Inadéquation de la procédure de règlement des questions d’interprétation
 Possibilité d’émettre des réserves
 Grand pouvoir reconnu à la CIJ
La CIJ va lâcher le mot tabou le 3 février 2006 dans l’arrêt Activités armées sur le territoire du
Congo (Congo/Rwanda) dans lequel elle dit que l’interdiction du génocide est une norme de jus
cogens.
Dans l’arrêt du 20 juillet 2012, Questions concernant l'obligation de poursuivre ou d'extrader
(Belgique c. Sénégal) (interdiction de la torture), le Sénégal a désigné comme juge ad hoc Serge
Sur.
 La notion de jus cogens fait peur

§2 – La portée de l’invalidité des traités


Article 69 sur les CSQ de la nullité d’un traité « 1. Est nul un traité dont la nullité est établie en vertu de la
présente Convention. Les dispositions d'un traité nul n'ont pas de force juridique.

2. Si des actes ont néanmoins été accomplis sur la base d'un tel traité :

a) toute partie peut demander à toute autre partie d'établir pour autant que possible dans leurs relations mutuelles la
situation qui aurait existé si ces actes n'avaient pas été accomplis ;

b) les actes accomplis de bonne foi avant que la nullité ait été invoquée ne sont pas rendus illicites du seul fait de la nullité
du traité.

3. Dans les cas qui relèvent des articles 49, 50, 51 ou 52, le paragraphe 2 ne s'applique pas à l'égard de la partie à laquelle
le dol, l'acte de corruption ou la contrainte est imputable.

4. Dans les cas où le consentement d'un État déterminé à être lié par un traité multilatéral est vicié, les règles qui précèdent
s'appliquent dans les relations entre ledit État et les parties au traité. »

La nullité est rétroactive. La Convention de Vienne fait une ≠ entre nullité relative et nullité absolue :
- La nullité relative : elle vise à protéger l’intérêt des victimes, celui qui a été trompé, des
irrégularités. CSQ ? article 44 §4 de la Convention :
 qu’elle ne peut être invoquée que par les parties, sauf si, après en avoir pris
connaissance, elles ont accepté ou acquiescé à la validité du traité
 elle peut en outre être limitée à la clause affectée par le vice concerné à condition qu’il
s’agisse d’une clause divisible (conditions particulièrement restrictives)
la nullité relative concerne le dol et la corruption, l’erreur et la  ratification imparfaite.
En cas de violation d’une norme impérative ou de contrainte, la sanction est la nullité
absolue.
- La nullité absolue 
 les parties n’ont pas la possibilité de la couvrir par le biais de la confirmation expresse
ou tacite
 La nullité absolue en DI, ne se confond toutefois pas avec la nullité en droit interne. En
DI, la nullité absolue ne peut en effet être invoquée que par les seules parties au traité
Quand la nullité peut-elle être invoquée ? La Convention souhaitait imposer un délai mais ce qui est
retenu c’est qu’on peut l’invoquer à tout moment  INSECURITE JURIDIQUE. La CIJ ne l’a pas
entendu de la sorte. Dans un arrêt du 13 décembre 2007 Différend territorial et maritime
(Nicaragua c. Colombie), exceptions préliminaires, la CIJ a considéré qu’il n’était pas possible
d’invoquer une nullité absolue ad vitam aeternam : « Le fait pour un Etat ne de pas invoquer une
nullité absolue et d’agir comme si ce traité était en vigueur pendant une période de temps assez
importante (50 ans), prive cet Etat de son droit d’affirmer ultérieurement la nullité ».
Illustration : Arbitrage en vertu du Traité sur la mer de Timor (Timor-Leste c. Australie)  : pdt
lgtps, Timor occupé par les portugais. Puis ils se sont retirés et immédiatement, l’Indonésie en a
profité pour l’occuper. Le Timor a des ressources importantes dans la mer du Timor. Force de
pression, l’Indonésie s’est retirée et l’ONU a construit un Etat et depuis 2002 le Timor-Leste = Etat.
L’Australie a conclu un traité pour pouvoir forer. Partage de 50/50 des revenus tirés du pétrole.
Pourtant le Timor cherche à remettre en cause la validité du traité.
Section III – La mise en œuvre des traités( Antlaşmaların uygulanması)
Une fois entré en vigueur, le traité produit des effets sur les parties, sur les tiers et dans le temps.
§ 1 – La mise en œuvre des traités dans l’ordre juridique international
A) Les effets des traités sur les parties
1) Le caractère obligatoire des traités
Article 26 – Pacta sunt servanda : « Tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par
elles de bonne foi. »  les Etats doivent respecter les traités qui sont dotés d’un caractère obligatoire.
Aspect fondamental et ce ppe posé par l’article 26 de la Convention de Vienne découle du ppe de
bonne foi. Dans un certain nb de traités, il arrive qu’il y ait un article qui précise expressément que les
parties doivent être de bonne foi.
2) La non-rétroactivité des traités
Article 28 – Non rétroactivité des traités : « A moins qu'une intention différente ne ressorte du traité
ou ne soit par ailleurs établie, les dispositions d'un traité ne lient pas une partie en ce qui concerne un
acte ou fait antérieur à la date d'entrée en vigueur de ce traité au regard de cette partie ou une
situation qui avait cessé d'exister à cette date. »
3) L’application territoriale des traités
Article 29 : « A moins qu'une intention différente ne ressorte du traité ou ne soit par ailleurs établie,
un traité lie chacune des parties à l'égard de l'ensemble de son territoire. »
Toutefois, certaines dispositions pour limiter le champ d’application des traités :
- Clauses coloniales
- Clauses fédérales : clause particulière visant à répondre au caractère fédéral pour répondre aux
difficultés de compétence existant au sein de l’Etat fédéral (EX : Canada). Elles existent mais
sont dénuées de toute utilité souvent
Lorsqu’un Etat ratifie un traité relatif aux droits de l’homme, est-il obligé de respecter ces droits
hors de son territoire ? OUI on doit appliquer ces droits hors du pays. Quand on prend les différentes
conventions internationales, il est souvent dit que les traités relatifs aux droits de l’H s’imposent à
toute personne relevant de sa juridiction  idée que cela s’applique au territoire de l’Etat + ailleurs =
vocation extraterritoriale.
Application territoriale des traités relatifs aux droits de l’homme :
Les traités relatifs aux droits de l'homme imposent très souvent aux Etats de garantir les droits
consacrés à toute personne relevant de leur « juridiction » ou de leur compétence. La CIJ estime
notamment que les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme sont applicables « aux
actes d’un Etat agissant dans l’exercice de sa compétence en dehors de son propre territoire » (avis
du 9 juillet 2004, Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien
occupé).
 Les traités relatifs aux droits de l'homme peuvent donc avoir une application
extraterritoriale

B) Les effets des traités sur les tiers


1) Le caractère relatif des traités
Un traité ne saurait produire d’effet sur les tiers sauf avec leur consentement (implicite article 36).
Article 34. Règle générale concernant(hakkında) les États tiers
Un traité ne crée ni obligations ni droits pour un État tiers sans son consentement.
Article 35. Traités prévoyant des obligations pour des États tiers(üçüncü)
Une obligation naît pour un État tiers d'une disposition d'un traité si les parties à ce traité entendent
créer l'obligation au moyen de cette disposition et si l'État tiers accepte expressément par écrit cette
O°.
Article 36. Traités prévoyant des droits pour des États tiers
1. Un droit naît pour un État tiers d'une disposition d'un traité si les parties à ce traité entendent, par
cette disposition, conférer ce droit soit à l'État tiers ou à un groupe d'États auquel il appartient, soit à
tous les États, et si l'État tiers y consent. Le consentement est présumé tant qu'il n'y a pas d'indication
contraire, à moins que le traité n'en dispose autrement. 2. Un État qui exerce un droit en application
du paragraphe 1 est tenu de respecter, pour l'exercice de ce droit, les conditions prévues dans le traité
ou établies conformément à ses dispositions.
2) Les exceptions au caractère relatif des traités
Clause de la nation la plus favorisée = technique conventionnelle selon laquelle les avantages
commerciaux qu’un Etat viendrait à accorder à un autre Etat par voie conventionnelle bénéficie
également aux Etats tiers. On la retrouve dans les traités de commerce. Cela permet d’octroyer par
voie conventionnelle un avantage à un Etat.
Exemple :
- A et B concluent un traité commercial qui fixe les tarifs douaniers applicables aux
importations respectives de leur territoire à 5 %. Ce traité contient une CNPF
- B conclue un traité similaire avec C dans lequel les droits passent à 3 %
- A pourra bénéficier de ce tarif dans ses relations avec B alors qu’il est tiers au traité entre B et
C (cercle vertueux)
Cette clause déroge-t-elle au PPE de l’effet relatif des traités ?
Exemples de traités qui portent vériteblement atteinte au principe de l’effet relatif de traites
Traités relatifs au statut de certains espaces Exemples : traité de l’antartique du 1er decembre
1959
Traités qui créent des organisations internationales universelles disposant d’une personnalité
juridique objective opposable aux tiers.
Traités de codification
C) Les effets des traités dans le temps
Le traité est un instrument juridique vivant qu’il faut adapter en fonction des situations. On peut donc
le dénoncer, y mettre un terme.
1) La modification des traités
On trouve ≠ termes : amendement, modification, révision… l’emploi de ces ≠ termes n’a pas
d’incidence. La convention de Vienne envisage cette q° de la modification des traités ainsi que les
effets de cette modification à l’égard de qui et quoi, comment.
a) Les modalités
Article 39 de la Convention de Vienne : « Un traité peut être amendé par accord entre les
parties. Sauf dans la mesure où le traité en dispose autrement, les règles énoncées dans la partie II
s'appliquent à un tel accord. »
Q° : Comment modifier un traité ? Il existe des traités qui limitent la liberté et d’autres qui
l’encourage.
En ce qui concerne les limitations : les parties peuvent limiter la liberté des Etats en apportant un
certain nombre de précisions  article 121 du Statut de la CPI :
- Quant à l’initiative (qui
- L’examen (comment)
- Délais (EX : article 321 du Statut de la CPI prévoit la possibilité pour les Etats d’amender le
traité à l’expiration d’un délai de 7 ans)
- En excluant de la révision certaines disposition (EX : article 155 § 2 de la Convention de
Montego Bay exclut la modification de certains articles)
Il y a quand même certaines dispositions qui encouragent les modifications  EX : c’est le cas du
traité de Rome instituant la CPI : au bout de 7 ans, une conférence de révisions sera organisée pour
examiner tout amendement au Statut.
Les clauses finales vont donc encadrer, limiter ou encourager les modifications.
La régle de l’unanimite
Un traité doit-il être modifié à la majorité ou à l’unanimité (oybirliği)? EVOLUTION.
- AVANT : le traité ne pouvait être modifié qu’à l’unanimité
- AJD : la règle de l’unanimité demeure pour certains traités :
 C’est le cas de ceux relevant du domaine politique ou militaire (Traité de l'Atlantique nord
également appelé Pacte de l'Atlantique de 1949 par exemple) ou ceux des obligations
économiques régionales (Traité de Rome de 1957/Traité de Lisbonne)
 Peut-être est exigée pour la modification de certaines dispositions uniquement (les
dispositions les plus fondamentales)
EX : Article XXVIII b) du Statut du FMI : Le consentement de tous les Etats membres est requis pour
tout amendement modifiant

i) le droit de se retirer du Fonds (section 1 de l’article XXVI);

ii) la disposition selon laquelle la quote-part d’un État membre ne peut être modifiée sans son consentement
(section 2, paragraphe d), de l’article III); et

iii) la disposition selon laquelle la parité de la monnaie d’un État membre ne peut être modifiée que sur la
proposition de cet État membre (paragraphe 6 de l’annexe C) »

Quid de la Charte des NU : pour qu’un amendement soit adopté, majorité de 2/3 des Etats et pour
qu’un amendement entre en vigueur, 2/3 des Membres des NU, y compris tous les membres
permanents du CDS.
AUJOURD’HUI : La révision des traités multilatéraux se fait à la majorité :
 Solution inévitable en raison de la multiplication du nombre d'Etats
 Pendant de la règle de l'adoption majoritaire du texte des traités multilatéraux
 Adoption comme révision des traités multilatéraux se font sur la base de majorités
qualifiées, le plus souvent celle des deux tiers
 Existe également des règles de double majorité (permet de satisfaire au critère du nombre,
faire en sorte que les Etats les + intéressés participent au processus. EX : le FMI  les
Etats disposent d’un nb de voix proportionnel à leur quote-part. Pour modifier les statuts
du FMI, il faut les 3/5 des Etats membres disposant des 85% du nb total des voix
attribuées. Autrement dit, rien ne peut se faire sans les USA)
Un traité peut-il être modifié par la pratique subséquente des Etats ? la commission du DI dans
son projet, avait proposé qu’un traité puisse être inventé par la pratique subséquente des Etats  donc
que la coutume pouvait amener à cela. La convention de Vienne sur le droit des traités n’a cependant
pas retenu cela. Pourquoi ? volonté de garder le contrôle. Dans son projet d’articles sur le droit des
traités, la Commission du DI avait entendu tenir compte de ces précédents jurisprudentiels. L’article
38 posait en effet le principe selon lequel un traité pouvait être modifié par la pratique ultérieure suivie
par les parties. Cette disposition n’a cependant pas reçu les faveurs des Etats. La Convention de
Vienne sur le droit des traités ne contient par conséquent aucune disposition en ce sens.
DONC la pratique des Etats peut conduire à la modification d’un traité à condition qu’elle soit
uniforme. La pratique fournit plusieurs exemples de traités qui ont été modifiés sous l’effet de la
conduite subséquente des parties :
 Affaire concernant l’emplacement des balises frontalières à Taba (Egypte/Israël)
 SA, 13 avril 2002, Décision concernant la délimitation de la frontière entre l’Érythrée et
l’Éthiopie
 La CA de Rennes, 26 mars 1979, Rego Sanles : le droit des conventions de la mer de 1958
est « abrogé par la pratique généralisée des zones économiques exclusives de 188 miles ».

b) L’opposabilité
Quelle est l’opposabilité ? Autrement dit, est ce que la modification d’un traité qui est le fait de
seulement quelque Etats est opposable seulement à eux ou bien la modification vaut-elle pour
tous les Etats ?
Les révisions n’ont en principe qu’un effet relatif. On assiste alors à un fractionnement du régime
juridique du traité :
- Le traité initial non modifié continue de faire droit entre toutes les parties contractantes,
- Le traité amendé ne lie que celles qui ont approuvé la révision (art. 40, al. 4, et 30, al. 4, b).
EXCEPTIONS : dans un certain nb d’OI, à partir du moment où une révision est adoptée à une
majorité qualifiée, l’amendement est opposable à tous les Etats. EX : En 78, lorsque les conditions se
trouvèrent réunies pour l’entrée en vigueur du 2 e amendement du FMI, la France n’a eu le choix
qu’entre :
- le retrait du FMI au nom du respect de ses principes et de sa volonté
- ou son maintien dans l'organisation au prix de l'abandon de ses conceptions et de devoir
respecter de nouvelles règles à l'égard desquelles elle avait manifesté son opposition
Qu’a fait la France (s’est-elle retirée ou a-t-elle ratifié l’amendement) ? elle a effectivement
accepté l’amendement du FMI. Il faut bien comprendre ce que représente une OI pour un Etat et le fait
de la quitter.
2) La suspension et l’extinction des traités (andlaşmaların askıya alınması ve
feshedilmesi)
Les traités, en règle générale, sont conclus pour une durée indéterminée. Pour autant, cela ne veut pas
dire qu’ils ont vocation à s’appliquer de manière perpétuelle. Il peut arriver que les effets d’un traité
soient suspendus. Ce phénomène de suspension et d’extension peut résulter de la volonté des parties
ou de circonstances extérieures aux parties.
a) Du fait de la volonté des parties
Un certain nb de traités contient des clauses résolutoires = clause qui conditionne la fin de
l’engagement à la survenance de certains faits. Plusieurs types de clauses résolutoires :
- La réalisation de l’objet du traité (EX : une fois la marchandise livrée pour un traité de
commerce)
- L’atteinte du terme fixé par le traité (EX : le traité CECA avait été conclu pour 50 ans :
1952/2002)
- Certains traités multilatéraux prévoient qu'ils cesseront d'être en vigueur si le nombre
des parties contractantes tombe en dessous d'un certain seuil (EX : 6 pour la Convention
du 20 février 1957 relative à la nationalité des femmes mariées)
Clauses suspensives permettant de suspendre l’application du traité provisoirement.
Il est aussi possible d’abroger (yürülükten kaldırmak) un traité : article 54 de la Convention de
Vienne sur l’Extinction d'un traité ou retrait en vertu des dispositions du traité ou par
consentement des parties : L'extinction d'un traité ou le retrait d'une partie peuvent avoir lieu :
a) conformément aux dispositions du traité ; ou,

b) à tout moment, par consentement de toutes les parties, après consultation des autres États contractants.

 L’abrogation peut être expresse (parties sont d’accord) ou implicite (effet du temps ou
obsolescence)
La dénonciation des traités.
Dans ce cas, le traité va continuer d’exister et à être opposable à un certain nb d’Etats. Cependant, il ne
produira plus d’effets pour un certain nombre de parties.
La dénonciation désigne le fait qu’un Etat souhaite sortir unilatéralement d’un traité ou d’une
convention. Il décide de rompre de manière unilatérale.
Peut-on dénoncer un traité ? la grande majorité des traités contiennent des clauses de dénonciation.
EX : article 78 de la Convention interaméricaine des Droits de l’homme : « Les Etats parties
peuvent dénoncer la présente Convention à l'expiration d'un délai de cinq ans à partir de la date de
son entrée en vigueur, moyennant un préavis d'un an ». Est-ce normal ? OUI.
Concernant le 1er § : ce délai est une mesure de sécurité juridique pour éviter que les Etats ne
ratifient un traité puis le dénonce le lendemain. Le 2 ème facteur de sécurité juridique est la question du
préavis.
Concernant le 2ème § : La dénonciation ne prendra effet que pour l’avenir. S’il viole le traité pendant la
période de préavis, il en sera tenu responsable.
Le Canada a dénoncé le protocole de Kyoto de 1997 et il a donc dû respecter un délai de 3 ans
(dénonciation possible à partir de 2000) et un préavis de 1 an.

Procédure pour dénoncer un traité ? l’accord de Paris est entré en vigueur le 4 novembre 2016 et
les USA l’ont ratifié en septembre 2016. Article 28 qui pose les conditions de dénonciation des
traités :
1) À l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur du présent Accord à
l’égard d’une Partie, cette Partie peut, à tout moment, le dénoncer par notification écrite adressée au
Dépositaire.
2) Cette dénonciation prend effet à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la date à laquelle le
Dépositaire en reçoit notification, ou à toute date ultérieure pouvant être spécifiée dans ladite
notification.

3) Toute Partie qui aura dénoncé la Convention sera réputée avoir dénoncé également le présent Accord.

 Dénonciation effective car délai de 3 ans


 Si Joe Biden est élu, il devra donc lancer une procédure d’adhésion pour les Accords de Paris

Si un traité ne contient pas de clause de dénonciation  en PPE : pas de dénonciation possible. Sauf
dans 2 hypothèses :
- Au regard de la volonté des parties (regarder les W préparatoires, si les parties n’ont pas dit
que le traité était indénonçable)
- Au regard de la nature du traité : EX un traité d’alliance (elles se font et se défont).
Peut-on dénoncer un traité relatif aux Droits de l’Homme ?
On ne peut pas émettre des réserves sur des traités relatifs aux droits de l’Homme donc on pourrait
penser qu’ils ne peuvent pas être dénoncés. Mais certains traités relatifs aux droits de l’Homme
contiennent des dispositions sur la dénonciation.
 En réalité il n’y a pas vraiment de réponse.

Illustration : le 25 août 1997, le SGNU (le dépositaire du Pacte) a reçu du gouvernement de la


République populaire démocratique de Corée une notification de retrait du PIDCP en date du 23 août
1997. Le Pacte ne contenant pas de clause de dénonciation, le SGNU a adressé le 23 septembre 1997
au gouvernement de la RPDC un aide-mémoire dans lequel il a expliqué la situation juridique
engendrée par cette notification.
 Observation générale n°26 des NU, Continuité des obligations, 1997 : applique l’article 56 de la
Convention de Vienne (on regarde l’intention des parties + la nature du traité) :

Un traite qui ne contient pas de dispositions relativ…


- Concernant l’intention des parties : le comité fait une comparaison entre le pacte lui-même et
le protocole facultatif : le protocole facultatif peut être dénoncé mais pas le pacte DONC
démontre que les rédacteurs du pacte avaient pour intention d’exclure toute possibilité de
dénonciation
- Concernant la nature du traité : « Par ailleurs, il est clair que le Pacte n'est pas le type de
traité qui, en raison de sa nature, implique un droit de dénonciation. ».
 CCL° : le Pacte ne peut pas être dénoncé.

La CIJ a rajouté que la seule hypothèse serait que tous les Etats membres au Pacte consentent au retrait
de la Corée. Rien n’est officiel et juridiquement la Corée est encore liée au Pacte mais dans les faits
elle ne l’est plus vraiment.
b) Du fait de circonstances extérieures à la volonté des parties
1ère hypothèse : Article 60. L’exception d’inexécution
Lorsqu’un Etat n’applique pas le traité, il est possible d’invoquer l’exception d’inexécution. Cet
article 60 évoque une « violation substantielle » :
« 3. Aux fins du présent article, une violation substantielle d'un traité est constituée par :
a) un rejet du traité non autorisé par la présente Convention ;
b) la violation d'une disposition essentielle pour la réalisation de l'objet ou du but du traité. »
Ce mécanisme ne vaut pas pour tous les types de traités : pas pour les traités relatifs aux droits de l’H.
Illustration : traité relatif à l’institution d’un barrage « Gabcikovo Nagy Maros » entre la Hongrie et la
Tchécoslovaquie (qui est devenu pendant le traité, la République Tchèque et la Slovaquie, c’est la
Slovaquie qui a repris le traité). Arrêt de la CIJ, Projet Gabčíkovo-Nagymaros
(Hongrie/Slovaquie), 25 mars 1997 : « la Cour estime que seule une violation substantielle du traité
lui-même par un Etat partie audit traité peut mettre l'autre partie en droit de s'en prévaloir pour
mettre fin à un traité. La violation d'autres règles conventionnelles ou d'autres règles du droit
international général peut justifier l'adoption par l'Etat lésé de certaines mesures, y compris des
contre-mesures, mais elle ne saurait justifier qu'il soit mis fin au traité sur la base du droit des
traités. »  Il faut une grave violation du traité pour invoquer l’exception d’inexécution.
2ème hypothèse : Article 61. Survenance d'une situation rendant l'exécution impossible
Il s’agit de tenir compte de circonstances extérieures. Sorte de « force majeure ». N’a jamais été
appliqué mais pourrait survenir dans des cas comme par exemple : un traité sur un lac qui finit par
s’asséché.
3ème hypothèse : Article 62 : un changement fondamental de circonstances par rapport à celles
existantes au fondement du traité peut entrainer sa suspension ou son extinction.
Il s’agit d’éliminer les traités devenus inapplicables suite à des changements de circonstances. Il
est DANGEREUX d’offrir cette possibilité aux parties car un Etat peut en profiter  encadrement :
- Il faut vérifier que les circonstances aient constitué une base essentielle du consentement des
parties
- Le changement doit avoir pour effet de transformer radicalement la portée des O° qui restent à
exécuter en vertu du traité
En pratique, conditions jamais remplies, elles sont très difficiles à constituer. Objectif de préserver la
stabilité conventionnelle.
Quid de la guerre : CSQ sur les conventions conclues par ces Etats ? la commission du DI a travaillé
sur le sujet et a remis un rapport en 2011 : « L’existence d’un conflit armé n’entraîne pas ipso facto
l’extinction des traités ni la suspension de leur application :
a) Entre les États parties au conflit ;
b) Entre un État partie au conflit et un État qui ne l’est pas ».
Concernant le b), la commission du DI considère qu’ils doivent continuer à s’appliquer. Mais certains
cesseront. Dans le projet de la CDI, liste de traités qui doivent continuer à s’appliquer notamment
traités portant sur les conflits armés, et ceux relatifs au droit international humanitaire.
A NOTER : il faut rappeler que si une nouvelle norme impérative dont l’objet est c/ au traité survient,
le traité cesse de produire effet.
§ 2 – La mise en œuvre(uygulama) des traités dans l’ordre juridique interne
A) Les constructions doctrinales
Deux façons d’envisager les choses.
1) Le monisme
Idée qu’il n’y a qu’un ordre juridique : tantôt vers l’international, tantôt vers l’interne. L’OJ comprend
une variété d’actes. Le monisme implique l’existence d’un seul et unique ordre juridique qui
comprend une variété d’actes tournés tantôt vers l’intérieur, tantôt vers l’extérieur.
Ici, les sujets sont toujours les mêmes, ce sont les individus. De plus, la source du droit réside toujours
dans l’Etat (loi, règlement) et l’objet du droit c’est tjrs la réglementation des rapports sociaux
interindividuels.
 Pas besoin d’avoir d’acte de transmutation
Dans ce cadre, la souveraineté est perçue comme un obstacle.
2) Le dualisme
Dans ce cas, deux ordres juridiques séparés par une cloison étanche : d’un côté l’OJ interne et de
l’autre, l’OJ international. Le dualisme consacre une cloison hermétique entre le droit interne et le
droit international. Il en résulte une indifférence réciproque de chacun des deux ordres juridiques. Ils
n’ont aucun point de contact à l’exception de la responsabilité internationale.
Ici, les sujets sont les Etats ; les sources sont la coutume et l’objet concerne les rapports interétatiques.
 Il faut une transmutation pour que le traité de DI s’applique en droit interne
En vérité, ces deux théories rendent imparfaitement compte de la réalité. Dans les systèmes
monistes, des procédures de réceptions sont envisagées dans les systèmes dualistes, le droit
international général faisant partie du droit de l’Etat (« part of the law of the land »). Si un traité
est ratifié par la France et qu’aucun acte de transposition, pas d’effet en droit interne. Tandis que dans
les systèmes dualistes, il y a des normes qui s’appliquent : la coutume par exemple.
B) Les choix effectués par les différents droits internes
1) Les exemples étrangers
Italie, R-U et Allemagne sont des Etats dualistes (la norme pourra s’appliquer en droit interne après
avoir fait l’objet d’une transposition).
Les Pays-Bas et la Grèce sont eux monistes (C° récentes, + ouvertes au DI).
Il y a aussi des Etats dont la C° est + ambiguë (Espagne notamment, article 96).
2) L’exemple français
Le texte de base : article 55 de la C° qui opte pour une option dualiste (même si texte a suscité des
difficultés). Plusieurs q° se posent : q° de la hiérarchie, de la publication et de la réciprocité.
Concernant la hiérarchie : décision IVG du CC° de 1975 dit qu’il n’a pas la compétence pour se livrer
à un contrôle de conventionalité de la loi. Arrêt Jacques Vabre ensuite accepte de faire primer le traité
sur la loi. Le CC° reste empêtré dans la JP des semoules jusqu’en 1989 où le CE fait valoir la
postériorité. Puis Niccolo, le CE reconnait la supériorité du traité sur la loi. MAIS arrêt Sarran, traité
inférieur à la C°.
La ratification, la publicité et la réciprocité doivent être remplies pour que le traité ait une valeur
supérieure à la loi.
Concernant la ratification des traités, le JA accepte de contrôler la régularité de procédure de ccl des
traités  CE, ass., 18 décembre 1998, SARL Parc d’activité de Blotzheim. Notamment, le JA va
vérifier si le traité a bien été soumis à ratification parlementaire.
La Cour de cassation en a fait de même le 29 mai 2001 dans l’arrêt Asecna c/ N’Doye.
Les traités doivent être publiés au JO dans la partie lois et décrets. Également, la dénonciation doit être
publiée tout comme les réserves et les déclarations interprétatives. La publication est une condition de
leur applicabilité en droit interne. Autrement dit, si la France a ratifié un traité et que celui-ci n’est pas
publié…
Enfin, la supériorité ne vaut que là où les autres parties respectent le traité en q° (réciprocité). Quel
contrôle le juge peut-il effectuer ?
Auparavant, lorsqu’un requérant ou l’administration considérait que le traité ne devait pas primer sur
la loi parce qu’il n’y avait pas réciprocité l’invoquait devant le juge et celui-ci renvoyait au MAE en
demandant si le traité en q° n’était plus appliqué par l’autre partie. Il se considérait comme lié par la
réponse du ministère. Cette JP classique a été censurée par la CEDH dans l’arrêt du 13 févr. 2003,
Chevrol c/ France qui considère qu’il y a une atteinte à l’article 6 de la ConvEDH. Par la suite, JP du
CE, Ass., 9 juillet 2010, Cheriet-Benseghir (le CE cherche lui-même si le traité est réciproquement
appliqué par les autres états ET il peut demander avis au MAE mais il n’est pas lié par la réponse.)
Par la suite, la chambre criminelle s’est ralliée à cette interprétation. A l’inverse, la chambre civile
dans l’arrêt 1re civ, 6 mars 1984, Kappy, épse Lisak considère que la c° de réciprocité est tjrs
remplie. Pour que cela tombe, il faut que le MAE publie une note officielle dans laquelle est contesté
l’application du traité par l’une des parties.
Arrêt GISTI du CE, Ass. 29 juin 1990 : si une q° d’interprétation se pose, le CE s’en charge lui-
même, il ne renvoie pas au MAE (en tout cas il n’est pas lié).
PRECISIONS.
La q° de l’effet direct des traités  dès lors que traité publié ratifié et sous réserve de réciprocité, est
applicable dans l’OJ interne. MAIS, peut-on invoquer un traité ? c’est la q° de l’effet direct.
EVOLUTION.
- PPE : effet direct
- EXCEPTION : un traité n’a pas d’effet direct lorsque l’objet de la disposition en cause est de
régler strictement des rapports entre Etats OU lorsque les dispositions qu’il consacre sont
suffisamment conditionnelles et précises
Le CE s’est livré à une analyse détaillée. Il a reconnu un effet direct à certaines dispositions :
- L’article 37 sur les traitements inhumains et l’emprisonnement des enfants (« les Etats parties
veillent à ce que : nul enfant ne soit soumis à la torture… nul enfant ne soit privé de liberté…
») (CE, 14/02/2001, N)
- L’article 3 § 1 sur l’intérêt supérieur de l’enfant (CE, 22 septembre 1997, Cinar)
- L’article 16 sur le respect de la vie privée de l’enfant (CE, 30 juin 1999, Guichard)
A l’inverse, il ne reconnait pas d’effet direct sur ces dispositions :
- Article 26 § 1 (droit de bénéficier de la sécurité sociale)
- Article 27 § 1 (droit à un niveau de vie suffisant)
- Cf. : CE, 23 avril 1997, GISTI
Autrement dit, selon la nature du contentieux, certaines dispositions sont invocables et d’autres non.
Finalement, la Cour de cassation s’est ralliée au CE.
Le CE a essayé d’apporter un peu d’ordre et a relâché ses critères d’interprétation : CE, 11 avril 2012,
GISTI et FAPIL : « une stipulation doit être reconnue d'effet direct par le JA lorsque, eu égard à
l'intention exprimée des parties et à l'économie générale du traité invoqué, ainsi qu'à son contenu et
à ses termes, elle n'a pas pour objet exclusif de régir les relations entre États et ne requiert
l'intervention d'aucun acte complémentaire pour produire des effets à l'égard des particuliers (…)
L’absence de tels effets ne saurait être déduite de la seule circonstance que la stipulation désigne les
Etats parties comme sujets de l’obligation qu’elle définit ».
 On ne parle plus de disposition inconditionnelle et précise
 En pratique, pas de réel changement. EX : CE, 16 nov. 2016, Confédération nationale des
associations familiales catholiques  stipulations trop larges donc pas d’effet direct
Arrêt d’ass., Gardedieu du 8 février 2007 : il incombe à l’Etat de réparer l’ensemble des préjudices
résultant de l’intervention d’une loi adoptée en méconnaissance des engagements internationaux de la
France (engagement de la responsabilité de l’Etat).
Section IV – L’interprétation des traités
2 questions se posent :
- Qui a la compétence pour interpréter ?
- Quelles sont les méthodes pour interpréter ?
Paragraphe 1 – La compétence pour interpréter
Dans l’OJ international, chaque sujet détient la compétence discrétionnaire d’interpréter pour lui-
même le sens et la portée des droits et des obligations qu’il possède en vertu des normes
internationales.
Principe posé dans l’affaire du lac Lanoux : « Il appartient à chaque Etat d’apprécier,
raisonnablement et de bonne foi, les situations et les règles qui le mettent en cause » (sentence relative
au lac Lanoux, 16 novembre 1957).
Que se passe-t-il en cas de divergence ? La CIJ est souvent saisie de question d’interprétation des
traités :
- Fonction contentieuse : c’est une q° dont elle peut avoir à connaître dans le cadre d’un
différend interétatique. EX : CIJ, 2014, Chasse à la baleine  q° de l’interprétation et de
l’application de l’article VIII de la convention de 1946 sur la réglementation de la chasse à la
baleine, dont le § 1 autorise, les parties à « accorder à l’un quelconque de [leurs]
ressortissants un permis spécial autorisant l’intéressé à tuer, capturer et traiter des baleines
en vue de recherches scientifiques ». Le Japon s’est engagé à ne plus pratiquer la chasse à la
baleine. La convention de 46 prévoit que les parties peuvent accorder un permis de chasse à la
baleine en vue de recherche scientifique. Le Japon a donc fait beaucoup beaucoup de
recherches scientifiques…
- Fonction consultative : c’est une question dont elle peut également avoir à connaître
lorsqu’elle est saisie d’une demande d’avis consultatif. EX : interprétation de la convention
sur le génocide de 1948 dans son avis de 1951
L’article 2 de la ConvEDH de 1950 consacre le « droit à la vie » mais tolère la peine de mort. En 1950
il était impossible de prendre une convention qui l’interdirait (abolie en France en 1981).
CEDH, Soering c. Royaume-Uni, 7 juillet 1989  allemand au RU recherché par les Etats-Unis. Il a
saisi la CEDH pour ne pas être extradé des USA (car encourrait la peine de mort et les couloirs de la
mort). La CEDH a conclu qu’une extradition vers les États-Unis exposerait le requérant à un risque
réel de traitement contraire à l’article 3 de la Convention. Elle est parvenue à cette conclusion eu
égard à la très longue période que les condamnés passent généralement dans le couloir de la mort,
aux États-Unis, dans des conditions extrêmes avec l’angoisse omniprésente et croissante de
l’accomplissement de la peine capitale, et à la situation personnelle du requérant, en particulier son
âge et son état mental à l’époque où il avait commis l’infraction. La Cour a estimé en outre que le but
légitime de l’extradition pouvait être atteint par d’autres moyens, sans entraîner pour autant des
souffrances d’une intensité ou durée exceptionnelles. Par conséquent, elle a conclu que la décision du
Royaume-Uni violerait l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) de la
Convention si elle recevait exécution.
Dans l’affaire CEDH, GC, Öcalan c. Turquie, 12 mai 2005  arrestation de M. Ocalan. Quant à la
pratique des États contractants concernant la peine de mort : la Cour a relevé que la peine de mort en
temps de paix était venue à être considérée en Europe comme une forme de sanction inacceptable, qui
n’est plus autorisée par l’article 2 de la Conv. Toutefois, elle n’a formulé aucune conclusion définitive
sur le point de savoir si les États parties à la Convention avaient une pratique établie de considérer
l’exécution de la peine de mort comme un traitement inhumain et dégradant contraire à l’article 3 de
la Convention. Quoi qu’il en soit, la Cour a jugé qu’il serait contraire à la Convention, même si
l’article 2 devait être interprété comme autorisant toujours la peine de mort, d’exécuter une telle
peine à l’issue d’un procès inéquitable.
 Evolution ici : la ConvEDH n’interdit pas la peine de mort, mais ne l’autorise pas non
plus. En revanche, 2 protocoles qui s’ajoutent à la Convention : Protocole n°6 et
Protocole n°13 qui interdisent la peine de mort en temps de paix puis en toutes
circonstances.
CEDH, Al-Saadoon et Mufdhi c. Royaume-Uni, 2 mars 2010  deux iraqiens accusés d’avoir tué
des militaires britanniques. Arrestation par le RU et souhait de les remettre aux autorités iraquiennes.
Saisine de la CEDH considérant qu’ils risquaient la peine de mort désormais interdite par la
ConvEDH. Réponse de la CEDH ? « [D]ans l’affaire Öcalan, la [Cour européenne des droits de
l’homme n’a pas exclu la possibilité que l’article 2 se trouve déjà modifié de telle manière qu’il ne
ménage plus d’exception autorisant la peine de mort. De plus, (…) la situation a encore évolué depuis
lors : tous les États membres sauf deux ont désormais signé le Protocole n° 13 [à la Convention,
relatif à l’abolition de la peine de mort en toutes circonstances], et parmi les signataires, tous sauf
trois l’ont ratifié. Ces chiffres, combinés à la pratique constante des États, qui observent le moratoire
sur la peine capitale, tendent fortement à démontrer que l’article 2 interdit aujourd’hui la peine de
mort en toutes circonstances. Dans ce contexte, la Cour estime que le libellé de la deuxième phrase de
l’article 2 § 1 n’interdit plus d’interpréter les mots "peine ou traitement inhumain ou dégradant" de
l’article 3 [de la Convention, qui interdit la torture et les peines et traitements inhumains ou
dégradants,] comme s’appliquant à la peine de mort (…). »
Sous le fait de l’évolution de la pratique, la ConvEDH AJD interdit la peine de mort.
Paragraphe 2 – Les méthodes d’interprétation des traités
Article 31 de la Convention de Vienne - Règle générale d'interprétation : « 1. Un traité doit être
interprété de bonne foi suivant le sens ordinaire à attribuer aux termes du traité dans leur contexte et
à la lumière de son objet et de son but. »
La référence à la bonne foi est le PPE qui doit guider l’interprétation des traités. L’interprète peut
prendre appui sur le texte et notamment selon le « sens ordinaire à attribuer aux termes. »
L’article 32 envisage les moyens complémentaires si les dispositions de l’article 31 n’ont pas permis
d’interpréter le texte ou si résultat totalement absurde.
Article 32 - Moyens complémentaires d'interprétation : « Il peut être fait appel à des moyens
complémentaires d'interprétation, et notamment aux travaux préparatoires et aux circonstances dans
lesquelles le traité a été conclu, en vue, soit de confirmer le sens résultant de l'application de l'article
31, soit de déterminer le sens lorsque l'interprétation donnée conformément à l'article 31 :
a) laisse le sens ambigu ou obscur ; ou
b) conduit à un résultat qui est manifestement absurde ou déraisonnable. »
 « Il n’y a pas lieu de tenir compte des travaux préparatoires si le texte d’une convention est
suffisamment clair » (affaire du Lotus)
Article 33 – Interprétation de traités authentifiés en deux ou plusieurs langues  le PPE est que
quand un texte est rédigé en plusieurs langues, il vaut dans toutes les langues sauf précision contraire.
EX : les arrêts de la CIJ, en cas de divergence, une langue (anglais ou français) fait foi.
Dans l’hypothèse de divergences, il faut privilégier la version qui a priori semble la + compatible avec
l’esprit, l’objet et le but du traité.
CONCERNANT L’ARTICLE 41 DU STATUT DE LA CIJ :
 1. La Cour a le pouvoir d'indiquer, si elle estime que les circonstances l'exigent, quelles
mesures conservatoires du droit de chacun doivent être prises à titre provisoire.
 1. The Court shall have the power to indicate, if it considers that circumstances so require,
any provisional measures which ought to be taken to preserve the respective rights of either
party.
En anglais, les mesures vont tendre vers un caractère non obligatoire // en français caractère plutôt
obligatoire. La CIJ va trancher CIJ, 27 juin 2001, LaGrand : elle considère que pour avoir un
caractère effectif, les mesures conservatoires ne peuvent avoir qu’un caractère contraignant.
CHAPITRE 2 – La formation non conventionnelle du droit international

Section I. – Les modes de formation spontanés


Paragraphe 1 – La coutume
Jusque dans les années 45-50, la coutume a lgtps constitué la source ppale du DI.
AJD : ce n’est plus le cas avec les traités. Pour autant, la coutume conserve une grande importance. En
raison de son caractère non écrit, elle soulève un certain nombre de difficultés à la fois sur sa
constatation et sur son opposabilité.
A) La constatation de la coutume
Difficulté de la coutume ? il faut pouvoir la constater. L’une des principales difficultés de la coutume
est d’établir à partir de quand on passe du non-droit au droit. A partir de quand est-on en présence
d’une norme coutumière ? Q° importante car coutume = norme juridique, norme contraignante.
1) Le processus coutumier
L’article 38 § 1 envisage la coutume. Alinéa B précise que la coutume doit être une preuve, une
pratique générale acceptée comme étant le droit.
a) L’élément matériel : la pratique
On peut dire de la coutume que c’est une source parasite. POURQUOI ? car elle peut prendre appui sur
n’importe quel comportement, n’importe quelle manifestation de la vie internationale. Il peut s’agir
d’action, d’abstention.
La CIJ a été amenée à préciser quelles étaient les caractéristiques que doit revêtir la pratique pour
passer à une coutume. Selon la CIJ, la pratique doit présenter trois caractéristiques. Elle doit être :
- Continue  un comportement isolé ne saurait admettre une pratique. Ce critère a été dégagé
il y a fort lgtps par la CIJ dans l’affaire dit du droit d’asile. Un ressortissant politique allait se
faire arrêter à Lima et s’est réfugié à l’ambassade de Colombie. Cette dernière estimait qu’il
pouvait rejoindre la Colombie sans être arrêté, en fondant cela sur l’existence d’une coutume.
Il faut en outre que la coutume soit constante et uniforme.
- Générale  on peut distinguer deux critères : le caractère qualitatif et le caractère quantitatif.
Quid du partage du plateau continental de la mer du Nord. Pour qu’il y ait coutume, une
pratique doit être partagée par un certain nombre d’Etats et notamment par ceux qui sont les
plus intéressés
- S’inscrire sur une certaine durée  on observe une accélération de la formation de la
coutume avec notamment l'essor des technologies. AJD une durée bcp + brève suffit.
b) L’élément subjectif : l’opinio juris
Opinio juris : la conviction que l’attitude conforme à cette pratique est juridiquement obligatoire.
Pour résumer, il y a une pratique et les Etats vont considérer un jour que celle-ci est obligatoire. Au
départ, ils considèrent qu’elle est bonne pour eux et donc l’appliquent.
Q° de savoir pourquoi cette pratique est obligatoire et est devenue une coutume ?
- Pour les volontaristes, la coutume est un pacte tacite (assentiment). Les Etats doivent donc
avoir donné leur assentiment.
- Les objectivistes considèrent eux que la coutume spontanée constitue une manifestation de la
volonté sociale ou de la conscience juridique collective (sentiment).
L’affaire du plateau continental de la mer du Nord, on va considérer que l’opinio juris est un
sentiment. Les Etats vont avoir l’impression que la norme est devenue obligatoire. La CIJ a donc
tranché en faveur de des objectivistes.
L’opinio juris va permettre de distinguer ce qui relève de la coutume ou de la simple courtoisie
internationale. Dans le processus de la coutume, elle va naitre d’une pratique suivie d’une opinio juris.
Distinction entre coutume sage et coutume sauvage :
- Coutume sage : la coutume sage se manifeste en premier lieu par une pratique (pratique,
opinio juris  coutume)
- Coutume sauvage : elle consisterait au renversement du processus (d’abord un opinio juris et
ensuite une pratique) intérêt ? oui car il s’agissait de rendre compte d’une réalité
Quelle est la valeur de l’interdiction de la torture ? Arrêt CIJ, 20 juillet 2012 (Belgique c/
Sénégal) : selon la Cour, l’interdiction de la torture relève du DI coutumier et elle a acquis le caractère
de norme impérative (jus cogens)  La Cour s’appuie sur les textes qui consacre ce principe + sur le
fait que la pratique de la torture est régulièrement dénoncée + que cette pratique a été introduite dans
le droit interne.
La CIJ parfois va prendre son temps pour démontrer l’existence de la norme coutumière et parfois elle
est bcp plus directe  arrêt Diallo, 30 novembre 2010 : « La prohibition des traitements inhumains
ou dégradants fait partie des règles du droit international général que les Etats sont tenus de
respecter en toute circonstance, et en dehors même de tout engagement conventionnel »

2) La codification de la coutume
Elle consiste à rédiger, à transcrire la coutume internationale. Première conférence
intergouvernementale de codification (La Haye, 1930). Il s’agissait de codifier
- La nationalité,
- La responsabilité
- Et le droit de la mer
La charte des NU va investir l’AGNU d’encourager le développement progressif du DI et sa
codification (dépoussiérer la coutume).
La codification vise à diminuer les incertitudes (insécurité juridique) qui planent sur la coutume
quant à
- Son existence
- Sa consistance
- Son opposabilité
Elle vise également à clarifier, renouveler, préciser une pratique qui a évolué. La convention de
codification va donc écrire la coutume + incorporer des dispositions nouvelles.
Mise en place de la Commission du DI qui a été créée par l’AGNU et qui vise à codifier ce droit. Elle
propose à l’Assemblée un projet qui deviendra ensuite ou non une convention. Dans les années 60, on
assiste à la décade prodigieuse de la codification  nombreuses conventions de codification ont été
adoptées. Certains souhaitaient une disparition progressive de la coutume, tandis que certains se sont
inquiétés de cela.
Effets des conventions de codification sur la coutume :
- Déclaratoire (une norme coutumière existe et la disposition conventionnelle reprend cette
norme coutumière)
- Cristallisateur (la norme coutumière et la norme conventionnelle vont apparaitre en même
temps : il y a une pratique en émergence et lorsque la conventionnelle de codification a eu lieu
et a fait naitre la norme conventionnelle, l’opinio juris nait en même temps)
- Point de départ d’une nouvelle coutume (EX : interdiction du recours à la force)
Illustration  : Activités armées sur le territoire du Congo 2 (RDC c. Rwanda), CIJ, arrêt du 3
février 2006 : la RDC n’avait aucune chance de voir son affaire examinée par le fond. Elle a donc
invoqué plusieurs arguments dont l’un de se fonder sur l’article 66 de la Convention de Vienne. PB :
les Etats n’étaient pas partie donc la RDC invoquait la coutume  l’article 66 est-il une norme
coutumière ? Non selon la CIJ car dispositions ne présentent pas le caractère de DI coutumier.
B) L’opposabilité de la coutume
1) Dans l’ordre juridique international
Le traité ne liera que les Etats qui sont parties. En revanche la coutume est erga omnes, c’est-à-dire
qu’elle est opposable à tous Etats. Mais peut-on s’en défaire ? Oui grâce à l’objecteur persistant : une
norme coutumière peut ne pas être opposable à un Etat dans lors qu’il est un objecteur persistant.
Quid de l’objecteur persistant ? pour être objecteur persistant, plusieurs conditions :
- Cette règle ne peut être mise en œuvre qu’à l’égard des normes en voie de formation
- L’objection doit être réitérée avec suffisamment de constance et de cohérence sans quoi l’Etat
sera considéré comme ayant postérieurement acquiescé
- Il existe des règles sur lesquelles l’Etat ne peut émettre d’objections (jus cogens)
Très difficile à mettre en œuvre. La CIJ l’a mis en œuvre 2 fois :
- CIJ, 20 novembre 1950, Droit d’Asile (Pérou/Colombie) : considère que la coutume, si elle
avait existé (elle n’existe donc pas encore), ne peut pas s’appliquer au Pérou car, loin d’y avoir
adhéré vu son comportement, l’a même répudié
- Pêcherie Norvégienne : la Norvège s’était toujours opposée à la règle des 3 milles nautiques
alors la convention relative au litige ne pouvait pas s’appliquer
Autre EX : la Turquie aujourd’hui est objecteur persistant à la règle des 12 milles nautiques. Voir les
délimitations maritimes entre la Turquie et la Grèce.
La CIJ a également dégagé l’existence de coutumes locales et de coutumes régionales : la coutume
est opposable à tous mais à côté des coutumes générales, il y en a des locales (2 Etats) et régionales (+
que 2 Etats).
2) Dans les ordres juridiques internes
Quelle est la valeur de la coutume dans l’OJ interne ? le préambule de la C° de 1946 renvoie aux
règles du droit public international. Alinéa 14 : « La République française, fidèle à ses traditions, se
conforme aux règles du droit public international ». La q° de la coutume ne se pose que rarement
devant le juge interne.
Dans CE, 6 juin 1997, Aquarone, le juge accepte d’appliquer la coutume mais il refuse de lui
accorder une valeur supra-législative  portée infra-législative.
Dans CE, Sect., 14 oct. 2011, Mme Saleh, le CE considère que l’on peut engager la resp sans faute de
l’Etat du fait de l’application d’une règle coutumière de DI comme du fait de la resp des traités.
Le juge français a montré moins de réticence dans l’exercice de la coutume. Dans Cass. crim, 13
mars 2001, Khadafi, la Cour considère qu’il n’est pas possible de poursuivre un chef d’Etat étranger
alors même qu’aucune règle ne le dit. Autrement dit, le juge applique directement la coutume
internationale.
Paragraphe 2 – Les principes généraux de droit
Les PGD forment une norme internationale au même titre que la coutume et les traités. La Cour peut
statuer en se fondant sur les PGD. En 1920, le DI était bien - développé et les auteurs de la CPJI ont
imaginé l’hypothèse ou un litige était pendant devant le juge mais ni traité ni coutume pour le régler.
DONC les auteurs se sont dit que le juge pourrait statuer sur les PGD.
Que sont ces principes ? ce sont des ppes communs aux différents ordres juridiques internes que le
juge va décider d’élever dans l’OJ international. En pratique, il est très rare que le juge international
soit amené à se fonder sur un PGD. EX : la bonne foi, l’égalité entre les parties à un différend.

On peut distinguer principes généraux « de » et « du » droit : les PG de droits sont ceux énoncés par la
CIJ. A côté, les PG du droit sont propres à l’OJ international.

Solution de l’arrêt Paulin, 28 juillet 2000 : le CE accepte d’appliquer dans l’OJ interne les PG de
droits mais ils n’ont pas de valeur supra-législative (même valeur que la coutume).
Section II. – Les modes de formation volontaires
Ces modes sont soit des actes unilatéraux, soit des accords informels entre Etats.
Paragraphe 1 - Les actes unilatéraux
Acte unilatéral = manifestation de volonté imputable à un seul sujet de DI mais qui est
susceptible de produire des effets juridiques (il est créateur de normes juridiques). Le statut de la
CIJ ne fait pas mention des actes unilatéraux. Deux types : les AU des Etats et les AU des OI.
A) Les actes unilatéraux des Etats
Q° assez technique. La commission du DI s’est penchée sur le PB et a adopté en 2006 des principes
directeurs applicables aux déclarations unilatérales des États susceptibles de créer des obligations
juridiques. La PB vient notamment du fait que le DI n’est pas du tout formaliste.
1) Les différentes catégories d’actes unilatéraux étatiques

- Notification  acte par lequel un Etat informe les tiers d’une décision ou d’une situation qu’il
entend pouvoir invoquer. EX : le plateau continental.
- Reconnaissance  acte qui peut résulter d’un comportement aussi bien actif que passif, et
consiste pour l’Etat à accepter de se voir opposer une situation de fait ou une situation de
droit.
- Protestation  refus de reconnaitre la légitimité d’une prétention d’un Etat tiers ou refus de
reconnaitre une situation quelconque de fait ou de droit. Elle doit être prompte, claire et
constante. EX : la non-reconnaissance de la Palestine par certains états.
- Promesse  créé une O° juridique à la charge de son auteur et corrélativement fait naitre des
droits nouveaux au profit des tiers.
- Renonciation  acte par lequel l’Etat renonce à faire valoir ses droits. Cependant, elle ne
peut être qu’expresse.

2) La portée juridique des actes unilatéraux étatiques


a) Les obligations découlant des actes autonormateurs
Les actes autonormateurs sont des actes par lesquels l’Etat s’impose des O° et créé des droits vis-à-vis
des tiers. Ils sont entièrement tournés vers leurs destinataires. Il faut parler de l’Affaire des essais
nucléaires, (Nouvelle Zélande c. France), CIJ le 20 déc. 1974  la Cour a profité de la situation
pour considérer qu’il y avait un non-lieu. La cour rappelle que la France s’est engagée à ne plus
pratiquer d’essais nucléaires dans l’atmosphère. Ne sert à rien de statuer dans la mesure ou les parties
ont obtenu ce qu’elles souhaitaient (Nouvelle Zélande demandait l’arrêt des essais par la France). A
partir du moment où un Etat fait une déclaration de confiance, la cour considère que cette déclaration
peut produire des effets juridiques.
PB : le DI n’est pas très formaliste. Quand est-ce qu’une déclaration engage ou pas ? idée que toute
déclaration n’engage pas un Etat. Deux conditions à respecter :
- S’interroger sur l’auteur de l’acte : certaines entités peuvent engager l’Etat :
 le chef de l’Etat (arrêt ci-dessus de 74)
 le MAE (cas de la déclaration du MAE norvégien Ihlen : CPJI, 5 avril 1933, Statut
juridique du Groenland oriental)
 les propos tenus par l’agent d’un Etat devant une juridiction internationale l’engage
unilatéralement (CPA, 11 avril 2006, La Barbade/Trinité et Tobago).
 des déclarations des autorités législatives et des assemblées constituantes ad hoc
peuvent faire des déclarations au nom de l’Etat (CIJ, Génocide (Croatie c. Serbie), 18
nov. 2008).
La CIJ observe AJD qu’il y a de + en + d’individus pouvant représenter l’Etat. EX :
ministre de la justice sur des q° judiciaires.
A NOTER : toutes les déclarations du chef de l’Etat ne peuvent pas engager l’Etat.

- S’interroger sur le contenu et contexte : la Cour va tenir compte des circonstances et des
termes utilisés. CIJ, 4 juin 2008, certaines questions concernant l'entraide judiciaire en
matière pénale (Djibouti c. France)  considère que pas d’engagement de la part de l’Etat
français.
Quels mots utilisés ? la déclaration a-t-elle été faite dans une allocution ou cadre privé ? peut-
on considérer que certains tweets de Trump soient des engagements ? oui (au cas par cas)
Un Etat peut-il revenir sur une déclaration ?
Quand un État s'est engagé, s'il veut revenir sur son engagement, il doit obtenir le consentement du
« débiteur à l'obligation ». Remarque : il faut également consulter la nature de l'acte en cause. Mais,
l'AU soulève encore des difficultés en pratique.
b) Les obligations découlant des actes hétéronormateurs
L’Etat va pouvoir imposer des O° vis-à-vis des tiers :
- lorsqu’un Etat exerce une compétence reconnue par le DI conventionnel ou coutumier
- lorsqu’un Etat agit au nom de la communauté internationale par un acte unilatéral c'est-à-
dire unilatéralement sur une parcelle de son territoire considéré d’intérêt international

B) Les actes unilatéraux des organisations internationales


Ils sont extrêmement variés et juridiquement imputables à l’OI. Ils sont toujours subordonnés à l’acte
constitutif car pris en son application. C’est le droit dérivé. Dès que leur acte constitutif le permet, les
OI peuvent adopter des actes unilatéraux.
1) La classification des actes unilatéraux des organisations internationales

- En fonction de leur auteur


 Organe politique
 Organe juridictionnel
- En fonction de leur(s) destinataire(s)
 Organisation
 Etats membres
 Etats tiers
- En fonction de leur objet
 Poser une norme
 Déployer des effets immédiats

2) La portée des actes unilatéraux des organisations internationales


Au sein des AU des OI, on parle toujours de résolutions (distinction doctrinale utile de reprendre car
implications pratiques). On peut distinguer entre les décisions (portée contraignante) et les
recommandations (portée non contraignante).
a) La portée des décisions
Certaines OI peuvent prendre des décisions c’est-à-dire des AU contraignants. EX : c’est le cas des
résolutions adoptées par le CDS des NU = article 25 de la Charte des NU  : « Les Membres de
l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du CDS conformément à la
présente Charte. En revanche, toutes les résolutions n'ont pas de portée contraignante (il peut adopter
des résolutions obligatoires comme non-obligatoires). CIJ, 21 juin 1971  il faut analyser le libellé
d'une résolution pour en déduire son caractère obligatoire : toutes les résolutions n'ont donc pas de
portée contraignante.
Si le CDS cite l'article 25, la résolution a une portée contraignante. Mais, s'il ne dit rien (et c'est à son
habitude), il faut analyser tout le contexte de la résolution & le langage employé (peut permettre de
déceler le caractère obligatoire). Pourquoi cette possibilité d'adopter des résolutions non-
contraignante ? Il est toujours + facile d'adopter une solution non-contraignante que contraignante.
EX : veto de la Russie sur le bombardement d'Alep. Peu d'OI peuvent adopter des résolutions
contraignantes.

b) La portée des recommandations


Les recommandations des OI n’ont aucune portée contraignante. Il faut que l’acte constitutif le
prévoie expressément. Intérêt ? Les recommandations peuvent devenir du droit dur à partir du
moment où elles sont appliquées par les Etats.
Quelle est la pertinence d'adopter des actes non-contraignants ? Il ne faut pas sous-estimer
l'importance de ce type de résolution. EX : CIJ dans l'affaire des activités militaires au Nicaragua s'est
servie du vote de l’État pour dégager une opinio juris. De plus, il arrive que les résolutions de l'AGNU
soient le point de départ d'une coutume.
Paragraphe 2 – Les accords informels entre Etats
De manière fréquente, les Etats sont conduits à adopter des actes visant à régir leurs relations
mutuelles et orienter leurs conduites sans pour autant avoir de portée contraignante.
Il s’agit d'actes négociés entre personnes habilitées à engager un sujet de droit international et amener
à encadrer leurs relations sans pour autant avoir d'effet obligatoire.
Intérêt de ces accords ? ils permettent de garantir de la flexibilité :
- Ce sont des accords immédiatement applicables : pas besoin de recourir à la procédure de
ratification
- Un tel accord peut venir palier une impossibilité de traité, il est souvent adopté faute de mieux
- Ces textes sont facilement modifiables : plus difficile de modifier la coutume ; cela permet de
réagir très rapidement et de s’adapter au temps
La violation de ces actes n’entraine pas directement de responsabilité (car pas de portée obligatoire).
Mais, les Etats ont plutôt tendance à les respecter car attendent en retour ce même respect.
Illustration : communiqué du G7 France à Biarritz.
La soft law est un terme générique pour désigner des règles dont la valeur normative serait limitée :
- Soit parce que les dispositions en cause, bien que figurant dans un instrument contraignant, ne
créent que des obligations peu ou pas contraignantes (EX : traité-cadre)
- Soit parce que les instruments qui les contiennent ne sont pas juridiquement obligatoires

 Certains se sont inquiétés de cette tendance


 Mais, la soft law peut être utilisée pour essayer de réguler des comportements de sujets qui ne
sont pas des sujets de DI
 P. Weil dénonce la multiplication des instruments de soft law. Il dénonçait le jus cogens, mais
aussi la soft law : « à force d'accumuler du « non-droit » on ne peut pas créer du droit ».
Pour autant, ces prédictions ne se sont pas réalisées car la soft law n'a pas remis en cause
l'existence du DI. Au contraire, elle permet au DI de s'adapter au rôle des acteurs privés. Les
Etats y trouvent leur compte.
Section III. – Les moyens auxiliaires de détermination de la règle de droit
Paragraphe 1 – La doctrine
Quel est le rôle aujourd'hui de la doctrine ? Elle a joué un rôle décisif dans la formation du DI
notamment dans le cadre du droit de la mer. Il y a eu une querelle entre Grotius qui estimait que la mer
appartenait à tout le monde et Selden qui estimait que certaines mers appartiennent à certains. AJD
c’est celle de Grotius qui est devenue coutumière.
Ajd la doctrine n’est plus à l’origine des règles du DI. Elle joue encore un rôle d’enrichissement, de
compréhension du DI, mais n’a plus le rôle qui a pu être le sien dans la fabrication du DI
Paragraphe 2 – La jurisprudence
Le juge doit être la bouche de la loi. Or, on sait très bien que le juge enrichit le droit. L’article 59 de
la CIJ prévoit que : « La décision de la Cour n'est obligatoire que pour les parties en litige et dans le
cas qui a été décidé. » = il pose le PPE de l’effet relatif de la chose jugée. La CIJ renvoie très
largement à la notion de JP constante.
En 1920, Leon Bourgeois qualifiait la cour de « petit nombre de juges siégeant constamment,
recevant un mandat dont la durée permettra l’établissement d’une véritable JP ».
Derrière le phénomène du développement des juridictions internationales, interactions qui vont
enrichir très largement le DI.
La JP n’est pas qu’un moyen auxiliaire de détermination de la règle de droit. C’est une source du DI.
Dans l’affaire Jan Mayen du 14 juin 1993, la Cour fait part du « droit coutumier du plateau
continental tel qu’il s’est développé dans la jurisprudence »  elle reconnaît ainsi expressément
l’existence de règles coutumières qui découlent directement de la seule intervention du juge et non pas
de coutumes qu’il se serait contenté de constater et qui ne devraient guère à son action.
 Les juridictions internationales contribuent à l’enrichissement et au développement du
DI
Au début des 2000’s, certains s’inquiétaient de ce phénomène en disant que si un juge dégage un PPE
et qu’un autre en dégage un autre, unité du DI en danger  la réponse est NON car il y a eu un
enrichissement mutuel des différentes juridictions : « La lecture des décisions rendues par ces
juridictions met en évidence la place centrale qu’occupe la jurisprudence de la Cour internationale de
Justice quand il s’agit des questions de droit international général, les décisions de la Cour étant
couramment citées comme faisant autorité sur de telles questions. Par ailleurs, la Cour internationale
de Justice, consciente de la place particulière qu’elle occupe au sein de l’ordre juridique
international, se réfère elle-même à la jurisprudence de ces juridictions spécialisées lorsqu’elle
l’estime pertinent, afin de contribuer à la cohérence et à l’unité des règles du droit international. »
(Discours de S. Exc. M. Ronny Abraham, président de la CIJ).
Conclusion du titre I : Les rapports entre les normes du droit international
I) L’application des normes incompatibles (uyumsuz)
Il peut arriver que deux normes incompatibles mais toutes deux valables trouvent à s’appliquer à une
hypothèse donnée. Que faire ? Devant une telle situation, l’interprète (juge, un Etat…) doit :
- Tout d’abord, rechercher le sens et la portée des normes invoquées afin de déterminer si elles
peuvent être conciliées par une interprétation appropriée = principe de l’harmonisation
- Si les normes ne sont absolument pas compatibles, il convient :
 De se fonder sur la place qu’elles occupent respectivement dans la hiérarchie des normes
 Si elles sont de rangs équivalents, il faut alors se référer à divers PGD
lex spécialis : loi spéciale l’emporte sur la loi générale
lex posterior : loi postérieure l’emporte sur la loi antérieure
Il arrive que certains traités prévoient une hiérarchie entre eux  article 103 de la Charte des NU :
« En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations Unies en vertu de la présente
Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront »
 il postule la supériorité de la charte sur n’importe quel autre engagement international = PPE de
l’autonomie de la volonté des Etats.
A l’inverse, certains traités envisagent leur subordination  à travers une déclaration de compatibilité.
Hypothèses que l’on retrouve dans la Convention de Vienne à l’article 30 - Application de traités
successifs portant sur la même matière.
En pratique, compliqué. La situation n’est pas la même selon que les parties sont les mêmes ou pas :
 Lorsque les parties aux traités sont les mêmes
- En vertu de l’adage lex posterior derogat priori, il convient de donner la priorité au traité le +
récent, supposé matérialiser la volonté commune la + récente (art. 30 § 3 de la Conv de
Vienne)
- Ce principe peut néanmoins être écarté en fonction du caractère général ou bien spécial des
dispositions en cause et + particulièrement de l’intention des cocontractants de faire primer
en partie la convention antérieure
 Lorsqu’il n’y a pas identité des parties, la q° est + délicate en raison de l’application du
PPE de l’effet relatif des traités
- L’article 30 § 4 b) de la Conv de Vienne dispose que « dans les relations entre un Etat
partie aux deux traités et un Etat partie à l’un de ces traités seulement, le traité auquel les
deux Etats sont parties régit leurs droits et obligations réciproques »
- Cette solution suppose qu’il est possible :
*d’appliquer simultanément des traités contradictoires vis-à-vis de partenaires différents
*sans que l’exécution de l’un fasse obstacle à l’exécution de l’autre, ce qui n’est pas toujours
le cas
Cf. arrêt ass. 23 décembre 2011, Kandyrine : M. Kandyrine étant portugais sa demande est rejetée
 seuls les français peuvent obtenir remboursement de leur créance. M. K soutient que la CEDH pose
un principe de non-discrimination :
1) L’arrêt confirme l’incompétence du CE lorsqu’il est saisi d’un recours dirigé c/ un acte portant
publication d’un traité ou d’un accord international pour se prononcer sur la validité de ce
traité ou de cet accord au regard d’autres engagements internationaux souscrits par la France
2) En revanche, le CE admet qu’on peut apprécier la compatibilité de la décision administrative à
l’égard d’un traité.
Le CE ne traite pas la question de la priorité de la CEDH.
Cour de cassation, 1re chambre civile, 4 Juillet 2018  la Cour considère qu’une convention peut
être écartée parce qu’elle est contraire à l’OP international (« Qu’en statuant ainsi, alors que le
jugement algérien, fondé sur le droit pour le mari de mettre fin de façon discrétionnaire au mariage,
est c/ au principe d’égalité des époux lors de la dissolution du mariage que la France s’est engagée
à garantir à toute personne relevant de sa juridiction, et donc à l’OP international, dès lors que les
époux de nationalité algérienne sont domiciliés sur le territoire d’un Etat contractant, même s’ils sont
séparés, la cour d’appel a violé les textes susvisés »).
Lorsqu’il y a une incompatibilité entre deux normes coutumières universelles, on fait application des
adages lex posterior ou lex specialis. S’il y a contrariété entre une coutume régionale et une coutume
universelle : il faut regarder si les deux états sont liés à cette coutume. Si les deux états sont liés, la
coutume régionale prime. Si un seul des deux états est partie, on applique la coutume universelle.
II) Le domaine de la supra-légalité internationale
C’est l’hypothèse où se heurtent deux normes. Il y a des normes qui ont une supériorité soit en raison
de leur contenu ou alors en raison d’une disposition conventionnelle. En ce qui concerne les
dispositions qui sont supérieures quant à leur contenu, ce sont évidemment les normes de jus cogens
(interdiction du génocide, de l’esclavage…). C’est une liste évolutive (Art 64) : un traité peut être
conclu et au bout d’un certain temps on considère que l’objet de celui-ci est contraire à une norme
impérative  EX : l’interdiction de l’esclavage avec les traités négriers.
On ne peut pas objecter sur le plan des principes à une norme qui s’impose à l’Etat.
La France n’est pas partie à la CVDT. Le CE a précisé qu’il valait mieux ne pas ratifier le traité, en
invoquant le caractère évolutif des normes impératives.
Certaines normes sont également supérieures, non pas par leur contenu, mais en raison d’une
disposition d’un traité. C’est le cas de l’article 103 de la Charte des Nations Unies : cet article pose la
supériorité de tous les engagements de la CNU et des résolutions contraignantes.

 Distinction entre les normes de jus cogens et les normes erga omnes 
Dans l'affaire de la Barcelona Traction (CIJ, 1969, Belgique c/ Espagne), la CIJ consacre l'existence
de droits erga omnes (peu après l'adoption de la CVDT). Elle fait une distinction entre les normes
opposables entre certains États et les normes opposables à tous les États.
/!\ Erga omnes et jus cogens ne sont pas la même chose. Toutes les normes jus cogens sont erga omnes
(opposabilité au niveau horizontal). En revanche, toutes les normes erga omnes ne sont pas
impératives (opposabilité au niveau vertical). EX : les traités aux frontières sont opposables à tous les
États (mais ne sont pas de jus cogens). On voit que progressivement se dessine une sorte d’OP
international. En réalité, il manque un élément essentiel : l'existence d'un organe qui soit véritablement
le garant de cet ordre juridique. Ce développement normatif ne s'est pas accompagné d'une
centralisation institutionnelle.
Enfin, outre les normes qui ont une supériorité en raison de leur contenu, certaines normes bénéficient
d’un statut spécial : ce sont les normes erga omnes. C’est-à-dire des normes opposables à tous. Une
norme de jus cogens est une norme supérieure qui s’impose aux autres. Toutes les normes de jus
cogens sont des normes erga omnes. Mais toutes les normes erga omnes ne sont pas des normes de jus
cogens.
Un traité c/ à une norme de jus cogens est nul (rapport de validité = contre rapport de légalité). En
revanche, lorsqu’une norme est contraire à la CNU, cette norme est inapplicable (rapport
d’opposabilité = contrôle de conventionnalité).

 Résolution du CDS contraire à une norme de jus cogens


Aucun traité n’a été reconnu comme nul car contraire à une norme conventionnelle. En revanche, il est
déjà arrivé qu’un traité soit jugé inapplicable car contraire à une résolution du CDS. CDS ne
EX : Accident aérien de Lockerbie  quel est le texte qui doit primer ? Est-ce la résolution du
CDS ou est-ce la Convention de Montréal ?
La résolution est contraignante. Le CDS utilise un langage directif. La CIJ se retrouve avec d’un côté
une convention, et une seconde résolution qui est contraignante. Le CDS ayant rendu une première
résolution qui était non contraignante. Entre ces deux résolutions, la Libye saisi la CIJ. Suite à la saisie
de la CIJ, le CDS a donc adopté une seconde décision obligatoire (sinon c’était la Convention de
Montréal qui devait s’imposer). La seconde résolution étant contraignante, elle s’impose vis-à-vis de
la convention (art 103 de la CNU).
Les résolutions du CDS doivent être mises en œuvre par les Etats. Cette q° relève de l’UE. Le Conseil
de l’Union a adopté un règlement en 2002 visant à mettre en œuvre les résolutions du CDS  un
requérant soutient que le règlement est contraire au droit de l’UE = le TUE va considérer que la
résolution a été adopté par le CDS. Et le TUE s’octroie le droit de contrôler la légalité de cette
résolution. Il va considérer que cette résolution porte atteinte au droit de la défense, mais vu que nous
sommes en matière de terrorisme, il considère qu’elle est licite.
La CJCE, dans un arrêt du 3 septembre 2008 Kadi, rappelle qu’elle n’a aucune compétence pour
contrôler les résolutions du CDS. Elle casse l’arrêt du TUE et considère qu’elle se trouve dans un
ordre juridique européen. Le règlement respecte le droit de l’UE. Dès lors que le règlement porte
atteinte au droit de la défense, alors il est contraire au droit de l’UE. On censure donc le règlement qui
met en œuvre la résolution du CDS. L’inconvénient c’est que l’UE se trouve empêchée se mettre en
œuvre une résolution obligatoire du CDS.
Le CDS a fait évoluer ces pratiques avec la mise en place d’un médiateur par exemple.
En ce qui concerne la CEDH, l’arrêt du 12 septembre 2012 Nada : Mr Nada (italien-égyptien) réside
dans une enclave italienne en Suisse. Les autorités suisses refusent qu'il puisse quitter le territoire
italien car il figure sur les listes du CDS. La CEDH va considérer que les deux textes ne sont pas
incompatibles : il est possible d’appliquer les résolutions du CDS tout en respectant les droits de la
défense.
TITRE II – LES SUJETS DU DIP
CHAPITRE 1er – L’Etat : sujet originaire du DIP
Section I – L’identification de l’Etat
L’Etat est traditionnellement définis par ses éléments. Même s’il faut également rajouter la
souveraineté.
1§/ Les éléments constitutifs de l’Etat
Dans l’avis n°1 de la commission d’arbitrage de la conférence pour la paix en Ex-Yougoslavie en
1991 il est précisé que « l’Etat est communément défini comme une collectivité qui se compose d’un
territoire et d’une population soumis à un pouvoir politique organisé ». Cette commission d’arbitrage
a été mise en place par l’UE.
Il y a donc 3 éléments qui constitue un état : un territoire, une population, un gouvernement.
A) Un territoire
1) La consistance du territoire
Pour qu’il y ait un Etat, il faut un territoire. Le territoire c’est tout d’abord :
- Le territoire terrestre = sol, sous-sol, eaux comprises à l’intérieur des frontières.
- Les espaces maritimes = eaux intérieures, mer territoriale (12 miles nautique des cotes)
- Ensemble de l’espace aérien = couche atmosphérique surplombant le territoire terrestre et la
mer territoriale de l’Etat
= sur ces zones, l’Etat est souverain, cela fait partie de son territoire.
En revanche, l’Etat n’exerce que des droits souverains sur la zone économique exclusive ou le plateau
continental. Cela ne relève pas de son territoire.
Le territoire étatique peut être séparé par des îles ou des enclaves.
2) L’acquisition du territoire
On évoque souvent le terme « acquisition du territoire » mais cela mérite d’être précisé. Les Etats
disposent d’un titre qui leur permet d’exercer des compétences sur un territoire donné. L’Etat dispose
d’un titre territorial.
a. L’acquisition des territoires sans maître (terra nullius)
Selon Georges Scelle, les Etats sont animés par une « obsession territoriale ». Les Etats se sont fait la
guerre pendant longtemps pour étendre leur territoire. L’expression territoire sans maître est apparue
au 16ième siècle : il s’agit d’un territoire sur lequel il n’y a pas d’Etat.
L’Etat est un produit européen qui s’est forgé au 15 ième siècle en tant qu’organisation sociale. Les Etats
européens ont développé cette notion de territoire sans maître : il s’agit d’un territoire qui n’est pas
incorporé dans un état. Le territoire peut être acquis grâce au titre territorial du territoire en question.
La CIJ dans un avis de 1975 est revenue sur cette conception : elle rejette l’assimilation entre
territoire sans maître et territoire non incorporé dans un état. L’Etat n’est pas la seule forme
d’organisation sociale. Il existe d’autre formes d’organisation sociale qui existe en dehors de l’Etat.
Avec le temps, plusieurs méthodes ont été élaborées pour acquérir du territoire :
 Attribution pontificale : le Pape attribue des territoires à des Etats
 La découverte 
 Occupation effective : ce mode d’acquisition a été développé par l’acte général de Berlin en
1885. En 1885, les puissances européennes ont conclu un accord par rapport à l’Afrique entre
les différents empires coloniaux. Les Etats ont posé des conditions pour pouvoir prétendre à
l’occupation licite d’un territoire. Deux conditions doivent être respectés : l’Etat doit aviser les
autres Etats qu’il entend occuper le territoire et il doit l’occuper de manière effective.
Cette q° d’effectivité n’est pas figée et tout dépend des circonstances.
EX : Affaire de l’Ile de Clipperton (1931)  îlot qui se trouve loin des côtes mexicaines. Cette île
était occupée par les français. Mais le Mexique a également revendiqué l’île en q° car il considérait
qu’il n’y avait pas d’occupation effective par la France. Les Etats font appel à une décision arbitrale.
L’arbitre considère que la France occupe de manière effective le territoire. La France occupait de
manière continue le territoire et cela suffit pour considérer que la France occupait de manière effective
le territoire.
b. Les transferts territoriaux entre Etats
On ne peut plus acquérir de nouveaux territoires : si un Etat souhaite acquérir un nouveau territoire, il
doit le prendre à un autre.
α. Les transferts conventionnels
Il est possible de céder un territoire c’est-à-dire qu’un Etat renonce en faveur d’un autre aux droits et
titres qu’il possédait jusque-là sur un territoire donné. EX : Traité du Versailles où l’Allemagne cède
l’Alsace-Lorraine à la France en 1919. Il est également possible que cela se fasse par le biais d’une
vente. C’est ainsi que les Russes ont vendu l’Alaska aux Américains.
β. Les transferts non conventionnels
Si deux Etats se font guerre et qu’à la suite, l’un occupe le territoire de l’autre, il s’agit d’une
conquête. Ce mode d’acquisition n’est aujourd’hui plus licite.
Dans une résolution de 1970, l’AGNU admet que « nulle acquisition territoriale obtenue par la
menace et l’emploi de la force ne sera reconnue comme légale ».
Parfois, sous l'effet du temps, l'annexion a été + ou - entérinée. EX : Estonie, Lettonie et Lituanie 
annexé par la Russie  contesté par les Européens  difficile avec le temps de remettre en cause
cette annexion.
EX : la Chine envahit le Tibet en 1950  sous l'effet du temps il sera possible de considérer une
propriété de la Chine. La q° reste en suspens pour l’instant. Néanmoins, il faut rappeler qu’il n’y a pas
de prescription acquisitive en droit international.
3) La délimitation du territoire
Selon la CIJ (2009), les frontières terrestres ont pour objet de limiter territorialement la
souveraineté de l’Etat. La frontière permet de préciser là où s’arrête la compétence de l’Etat. L’Etat
exerce une compétence territoriale sur son territoire.
La frontière est nécessairement artificielle. Elle est le résultat d’accords négociés.
Une règle a été utilisée par les Etats décolonisés qui est la règle de l’uti possidetis juris. Elle a été
adoptée au 19ième siècle par les Etats sud-américains. En Amérique du Sud, les Etats ont décidé de
conserver les frontières du colonisateur. Les frontières administratives deviennent les frontières
internationales. Un siècle plus tard, l’acte constitutif de l’Union Africaine a repris ce principe du
respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance.
Ce principe a également été repris en cas de dissolution d’un Etat fédéré.
Cette règle a un avantage : elle permet de garantir une stabilité. Mais ce n’est pas sans inconvénient.
EX : en Afrique, les frontières ignorent la répartition des tribus et des peuples. On nie toute spécificité,
toute organisation du territoire.
Lorsque l’on parle de frontières il faut distinguer :
- La délimitation : elle consiste à établir le tracé de la frontière du point de vue juridique
(déterminer les coordonnées qu’emprunte la frontière). Un traité détermine le tracé de la
frontière.
- La démarcation : elle consiste à matérialiser le tracé de la frontière sur le terrain en mettant
des bornes par exemple lorsque cela est possible.
D’ailleurs, la CIJ est assez régulièrement saisie de conflits de frontières. Notamment, elle a dû préciser
où passaient les frontières. Le juge lorsqu’il est saisi d’une q° de délimitation, va chercher à identifier
l’existence d’un titre frontalier (est-ce qu’un traité règle la question ?). EX : entre la Libye et le
Tchad. Ils ont saisi la CIJ afin qu’elle détermine la frontière. Dans un deuxième temps, si un titre
n’existe pas, il fera preuve d’empirisme et il regardera qui occupait le territoire en question. C’est le
critère de l’effectivité. Il se pose la question de savoir qui administre de manière effective le
territoire ?
EX : conflit entre le Venezuela et le Guyana ou encore Guatemala et Belize (délimitation terrestre et
maritime = contentieux très vieux datant de la fin de la WW2  organisation d’un référendum afin de
savoir si le peuple était d’accord que ce différent soit porté devant la CIJ).
B) Une population
Un Etat ne peut pas exister sans population. Cette population peut être variable (elle peut être très
faible = Monaco), mais elle peut également être nomade.
La population est la masse des individus qui sont rattachés à l’État de façon stable (cela concerne
donc les nationaux) par un biais qui est la nationalité.
Peu importe la culture et l’histoire commune. Il n'y a pas de condition de rattachement à un peuple.
C) Un gouvernement
L’Etat a besoin d’être représenté. Cette notion de gouvernement doit être entendue de manière
extrêmement large. Le DI est totalement indifférent à la forme politique constitutionnelle du gvnmt.
« Tout Etat a le droit inaliénable de choisir son système politique, économique, social et culturel sans
aucune forme d’ingérence de la part d’un autre Etat » (résolution 2625 (XXV) de l’AGNU,
déclaration relative aux principes du DI touchant les relations amicales et la coopération entre Etats).
Cette q° tend à évoluer avec la pénétration sans cesse croissante des droits de l’Homme.
Une condition est essentielle en revanche : le gouvernement doit être effectif. On entend par
effectivité, le fait que le gouvernement dispose de la capacité réelle d’exercer toutes les fonctions
étatiques. C’est-à-dire le maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure ainsi que l’exécution des
engagements à l’extérieur. Ce critère est apprécié souverainement par les autres Etats.
Lorsqu’il y a une absence passagère de gouvernement, l’Etat reste. Du point de vue des Etats, il est
parfois difficile pour une entité d’obtenir la qualité étatique. En revanche, lorsqu’elle a acquis cette
qualité, il est extrêmement difficile de dire qu’elle ne l’a plus. EX : en Somalie. En 1990, elle n’était
plus représentée à l’AGNU. Pour autant, les Etats n’ont jamais considéré qu’il n’y avait plus de
gouvernement effectif ce qui aurait eu comme CSQ de remettre en cause la qualité d’état.
Les Etats fédérés ne sont pas des Etats au sens du DI. Il leur manque la souveraineté (attribut décisif et
exclusif).
2§/ L’attribut décisif et exclusif des Etats : la souveraineté
A) La notion de souveraineté dans l’ordre juridique international
L’Etat se caractérise par la souveraineté.

 Aspect interne
Elle est absolue, inconditionnée et illimitée. L’Etat est souverain, il échappe à toute limitation qui ne
relève pas de son propre fait.

 Aspect international
La souveraineté n’est pas une puissance mais une liberté. La souveraineté est un concept limité par
essence. En DI, la souveraineté n’appartient pas à un Etat mais aux Etats. La souveraineté est limitée
par les autres. La liberté d’un Etat s’arrête là où commence la liberté des autres.
« La souveraineté dans les relations entre Etats signifie l’indépendance » (sentence arbitrale du 4 avril
1928 relative à l’île de Palmas) = être souverain dans l’ordre juridique international, signifie
l’indépendance.
Le TPIY en 1997 affirme que « les Etat par principe ne peuvent recevoir d’ordre ».
C’est parce qu’ils sont souverains que les Etats peuvent exercer un certain nombre de prérogatives en
DI. C’est ce qui ressort de l’arrêt de la CPJI, 17 août 1923, Affaire du Vapeur Wimbledon. La CPJI
affirme que c’est parce que les Etats sont souverains qu’ils peuvent conclure des traités. Selon une
célèbre phrase de l’Affaire du Lotus de 1927, « les limitations de l’indépendance des Etats ne se
présument pas ».
 Les Etats fédérés et les Etats fantoches ne sont pas souverains.

En 1932, le Japon a envahi une partie de la Manchourie. Il s’en est retiré après avoir créé un Etat
fantoche. Cet état prétend avoir un territoire, une population, un gouvernement mais en réalité ce n’est
pas un état souverain. Il n’existe que grâce au Japon.
EX : depuis 1974, le nord de Chypre est occupé par la Turquie suite à un coup d’état. Les turcs créent
un état : la République Turque de Chypre-Nord. Cet Etat n’est reconnu que par la Turquie  en réalité
c’est un état fantoche : sans l’aide de la Turquie, cet état ne serait pas viable.

 Le Vatican est-il un Etat ?


Certains éléments laissent penser que c’est un Etat : le Vatican dispose d’une souveraineté dans l’OJ
international. Le Vatican bénéficie de l’immunité. L’Italie reconnait l’autorité exclusive du Saint-
Siège sur le territoire et le Vatican conclue des traités (concordats).
Néanmoins, certains peuvent soulever des difficultés :
- Service publics gérés par l’Italie
- Territoire exigu et population restreinte
- Nationalité vaticane est fonctionnelle : on ne peut avoir cette nationalité que tant que vous êtes
en poste au Vatican.
B) Les implications de la souveraineté dans l’ordre juridique international
1) Le principe d’égalité entre les Etats
La souveraineté implique que les Etats sont égaux en droit (Art 2, §1 de la CNU). Ce principe
d’égalité est appliqué à l’AGNU (Un Etat = 1 voix). Certains états sont plus riches que d’autres, sont
plus peuplés que d’autre et donc plus puissants. Ils sont juridiquement égaux mais dans les faits cela
n’est pas toujours le cas. Au sein même de la CNU, les 5 membres permanents disposent d’un droit de
véto alors que les 188 autres n’en bénéficient pas (pose le principe de l’égalité). Au sein des NU,
certains états contribuent plus fortement que d’autre aux NU.
On retrouve cette ≠ dans les organisations économiques  + la contribution financière à l’organisation
est importante et + le droit de vote est important. C’est le cas du FMI.
Ce principe d’égalité est donc relatif.
2) La non-intervention dans les affaires intérieures : principe et exceptions
C’est une q° assez sensible. La règle est claire : les Etats ont l’obligation de ne pas s’ingérer dans les
affaires intérieures d’un état (CIJ, arrêt du Détroit de Corfou, 1949).
Pour autant, il peut y avoir des formes d’ingérences. Ce qui interdit cette intervention dans les affaires
intérieures, c’est la contrainte.
Certaines interventions peuvent être légitimées :

 Intervention légitimée : un gouvernement sollicite l’aide d’un autre Etat.


EX : intervention au Mali en 2012-2013 = en 2013, les terroristes vont franchir une sorte de
ligne informelle et vont marcher vers Bamako. Bamako appelle la France à l’aide 
intervention française sur le territoire malien.
= Ce type de question soulève des difficultés : intervention vraiment sollicitée ?
 L’intervention d’humanité : il s’agit d’une règle qui permet à un état d’intervenir sur le
territoire d’un état étranger pour préserver la population d’un péril imminent.
EX : Intervention britannique en Sierra Leone afin de préserver ses ressortissants en 2003 +
préserver citoyens européens.
 Très rarement utilisée

 Est-ce qu’il existe un droit ou un devoir d’ingérence ?


Bernard Kouchner et Mario Bettati ont tenté de promouvoir un droit/devoir d’ingérence. L’AGNU a
tenté de relayer cette idée par trois résolutions. L’Union Africaine a été un peu plus loin avec l’article
4 de l’acte constitutif de l’Union Africaine de 2000. Les Etats membres de l’Union africaine se sont
reconnus le droit d’intervenir sur le territoire d’un état membre en cas de crimes de guerres, de
génocide ou de crimes contre l’humanité. Cette évolution considérable ne s’est pas concrétisée en
pratique.
Ce droit d’ingérence a été remplacé par la « responbasility to protect ». On retrouve cette idée dans le
Document final du Sommet mondial de 2005. Il affirme que c’est l’Etat qui doit protéger sa population.
S’il ne peut pas protéger sa population, la communauté internationale doit le faire. La communauté
internationale doit intervenir soit par des méthodes d’incitation ou par un recours au CDS. Le CDS
peut prendre des mesures dans le cadre du chapitre 7 impliquant le recours éventuel à la force.
EX : En 2011, le CDS a autorité le recours à la force afin de protéger la population libyenne.
AJD la q° peut se poser d’imposer une sorte d’ingérence environnementale. EX : l’Amazonie,
lorsqu’un Etat est incapable de protéger (le Brésil) une seule solution, le CDS. Possible ? pas encore.
3) Les immunités
L’immunité peut être définie comme l’O° d’un Etat de ne pas exercer sa juridiction c/ un autre
Etat. Limite ? un Etat va s’abstenir de juger un autre Etat sur son territoire au nom du PPE de
l’égalité souveraine des Etats.
Cette immunité a pour but de préserver une liberté d’action. A l’inverse, un Etat sait que d’autres
Etats ne pourront pas le juger.
Voir l’affaire des immunités juridictionnelles de l’Etat (Allemagne c/ Italie).
- Immunité de l’Etat lui-même
- Immunité des agents de l’Etat

a) Les immunités des Etats


Le 2 déc. 2004, est adoptée la convention des NU sur les immunités juridictionnelles de l’Etat et de
leurs biens (pas entrée en vigueur) MAIS la grande majorité des dispositions sont des dispositions
coutumières.
 Immunité de juridiction des Etats
Celle-ci peut être définie comme l’immunité à l’égard des poursuites. Article 5 Conv. NU sur les
immunités : « Un Etat jouit, pour lui-même et pour ses biens, de l’immunité de juridiction devant les
tribunaux d’un autre Etat ».
EXCEPTIONS :

- Un Etat passe un contrat avec une entreprise privée et dans ce contrat, l’Etat renonce à cette
immunité ;
- Article 10 de la Conv. NU : « si un Etat effectue […] » Confirmé par la Ccass, mixte, 20
juin 2003 Naira X c/ école saoudienne de Paris. La Cour reprend la distinction entre les
actes de souveraineté et les actes de gestion  l’Etat bénéficie d’une immunité afin de
préserver le PPE d’égalité. MAIS si l’Etat intervient comme une personne privée, aucune
raison particulière de lui accorder cette immunité. Il faut distinguer les actes de gestion qui
font que l’Etat intervient comme une personne privée des actes de souveraineté. EX :
 Le service du travail obligatoire
 1ère Civ. 6 nov. 2019 PPE selon lequel la cour a approuvé la CA d’avoir (…) diapo.
 Dès lors que des actes témoignent de la puissance de l’Etat, il bénéficie de son
immunité
 En revanche lorsqu’il se comporte comme un commerçant, exclusion de l’immunité
Lorsque les juridictions d’un Etat entendent poursuivre un Etat étranger, il y a une immunité
par PPE. Celle-ci peut tomber quand ces actes sont des actes de gestion.
PB ? c’est le juge qui détermine quel acte est quoi.
 Immunité d’exécution
= immunité à l’égard des voies d’exécution. Il est possible qu’une décision soit rendue par un Etat
mais pas exécutée en raison de cette immunité, sauf à ce que l’Etat décide volontairement de le faire :
- Saisies conservatoires
- Saisies-arrêts
- Saisies-exécutions
L’immunité d’exécution n’est pas absolue et rencontre des limites  Article 19
Immunité des États à l’égard des mesures de contrainte postérieures au jugement.
 Cour de cassation, 1ère civ., 28 mars 2013, NML c/ Argentine et Total Austral  la
Cour accepte que les Etats peuvent renoncer par contrat écrit seulement : de manière
expresse et spéciale.
 Cass. 1ère civ., 13 mai 2015, Commissions Import Export (Commisimpex) c/
République du Congo  la Cour semble faire marche arrière. Elle dit que le droit
coutumier qu’elle dégage de la Convention permet une renonciation implicite.
 Finalement, 1ère Civ., 10 juillet 2018, la Cour fait marche arrière. Donc la renonciation
doit être expresse et spéciale.
L’immunité peut également céder en fonction de la nature des actes. Notamment, elle cède lorsque les
biens en cause « sont spécifiquement utilisés ou destinés à être utilisés par l’Etat autrement qu’à des
fins de service public non commercial » (art. 19 de la convention de 2004). Ce principe a été repris
par la CIJ (Immunités juridictionnelles de l’Etat, 3 février 2012). On ne parle pas d’acte de gestion
et de souveraineté mais on retrouve la même distinction.
De son côté, la Cour de cassation (1ère civ., 14 mars 1984, République Islamique d’Iran c. Société
Eurodif), exclut l’immunité d’exécution lorsque « le bien concerné se rattache, non à l’exercice
d’une activité de souveraineté mais à une opération économique, commerciale ou civile relevant du
droit privé qui donne lieu à la demande en justice ».
Arrêt Saleh, Sect., 14 oct. 2011  personnels de l’ambassade du Koweit ayant obtenu des indemnités
en raison de leur licenciement. Ils avaient poursuivi l’Etat du Koweit et avaient obtenu les indemnités.
Le Koweit a refusé d’exécuter arguant son immunité d’exécution. Le CE considère que la
responsabilité peut être engagée du fait de la responsabilité d’un traité international dès lors que
préjudice anormal et spécial.
Normes de jus cogens : arrêt CEDH, 21 novembre 2001, Al-Adsani c. Royaume-Uni  avant la
CEDH, M. AA se rend au RU. Compte tenu des actes de torture dont il a fait l’objet, M. AA décide de
saisir les juridictions britanniques c/ le Koweit. Immunité du Koweit. Les juridictions britanniques
appliquent une loi .....?
La CEDH est tout d’abord à s’interroger sur l’application de deux principes contradictoires :
 le droit d’accès à un tribunal
 le principe des immunités (qui lui a pour effet de priver l’accès à un tribunal)
Reprenant sa JP constante, la Cour rappelle que le droit d’accès à un tribunal n’est pas un droit
absolu. Les Etats peuvent donc lui apporter des limitations. Encore faut-il que ces limitations
poursuivent un but légitime et qu’elles ne soient pas disproportionnées. Ce qui est le cas en espèce.
En l’espèce, acte de torture. La CEDH dit que les immunités peuvent être invoquées à partir du
moment où répondent a un but légitime. Qu’en est-il quand torture ? la CEDH va dire que le droit
d’accès au tribunal n’est pas un droit absolu.
Décision critiquée car maintient l’immunité alors qu’acte de torture. ANALYSE DE LA
SITUATION : le Koweit est à l’origine de l’acte de torture. Si jamais la CEDH avait admis que l’on
puisse poursuivre le RU de ne pas avoir permis de poursuivre le Koweit pour des actes de torture en
dehors du territoire européen… la charge aurait pesé sur le RU qui n’y est pour rien.
CEDH, 4ème section, 14 janvier 2014, Jones et autres c. Royaume-Uni  semble préparer le terrain à
un revirement de JP. Or, revirement tjrs pas effectué.
Cass. italienne, 11 mars 2004, Ferrini  + audacieuse. M. Ferrini italien déporté pdt la 2GM. Il a
décidé de saisir le juge italien c/ l’Allemagne pour obtenir réparation. Le juge d’appel avait appliqué
l’immunité de juridiction. La Cour va écarter l’immunité en invoquant une norme de jus cogens. La
règle d’immunité ne pouvait donc pas valoir.
CIJ, Immunités juridictionnelles de l’Etat, 3 février 2012 : la cour affirme que l’Italie a manqué à
ses O°. « En l’état actuel du droit international coutumier, un Etat n’est pas privé de l’immunité pour
la seule raison qu’il est accusé de violations graves du droit international des droits de l'homme ou du
droit international des conflits armés ».
La Cour précise toutefois qu’elle ne s’est prononcée que « sur l’immunité de juridiction de l’Etat lui-
même devant les tribunaux d’un autre Etat ; la question de savoir si, et le cas échéant, dans quelle
mesure l’immunité peut s’appliquer dans le cadre de procédures pénales engagées contre un
représentant de l’Etat n’est pas posée en l’espèce ».
 Application du droit des immunités par la CIJ
 L’Italie met une loi en place
 COUP DE THEATRE : la cour italienne fait prévaloir la C° italienne sur la décision.

b) Les immunités des agents de l’Etat


Pendant lgtps, l’immunité des agents était absolue. Deux régimes :
- Un régime conventionnel envisagé par la Convention de Vienne sur les relations
diplomatiques du 18 avril 1961 et la convention de Vienne sur les relations consulaires du 24
avril 1963  ce régime s’applique donc aux agents diplomatiques.
Article 29 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques
« La personne de l’agent diplomatique est inviolable. Il ne peut être soumis à aucune forme
d’arrestation ou de détention ». Le seul pouvoir de l’Etat pour mettre en cause des diplomates
est de les déclarer persona non grata.
Article 40 de la Convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les relations consulaires
« L’Etat de résidence traitera les fonctionnaires consulaires avec le respect qui leur est dû et
prendra toutes mesures appropriées pour empêcher toute atteinte à leur personne, leur liberté
et leur dignité ».
- Un régime jurisprudentiel
Affaire du CE, 11 février 2011, Susilawati 
Affaire Khashoggi « Compte tenu de la gravité de la situation entourant la disparition de M.
Khashoggi, j'estime que l'inviolabilité ou l'immunité des locaux et des fonctionnaires concernés
accordée par des traités tels que la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires
devrait être levée immédiatement » (Haut-Commissaire Michele Bachelet, dans un communiqué).

 « En vertu du DI, tant la disparition forcée que les exécutions extrajudiciaires sont des crimes
très graves, et l'immunité ne devrait pas être utilisée pour entraver les enquêtes sur ce qui
s'est passé »,
Le chef de l’Etat bénéficie donc en PPE d’une immunité. Mais, la CIJ a été saisie de plusieurs
affaires qui ont permis de saisir ces q° d’immunité :
- Affaire CIJ, 14 février 2002, RDC c/Belgique « La Cour n’est pas parvenue à déduire (…)
l’existence, en DI coutumier, d’une exception à la règle consacrant l’immunité de juridiction pénale et
l’inviolabilité des MAE en exercice lorsqu’ils sont soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre ou des crimes
contre l’humanité ».
- CIJ, 4 juin 2008, Djibouti c/ France : sur certaines q° concernant l’entraide judiciaire en
matière pénale
- CIJ, Certaines procédures pénales engagées en France (Congo c/ France)
Normalement le judiciaire est indépendant et peut placer l’exécutif dans des situations délicates en
délivrant des mandats d’arrêts qui vont tendre les relations diplomatiques. Joker qui permet qu’un Etat
introduise un recours devant la CIJ. A travers ces affaires, la CIJ a pu apporter des précisions aux q°
des immunités.
Apports de la jurisprudence de la CIJ au droit des immunités des agents :
- L’immunité du chef de l’Etat ne protège que c/ les actes contraignants. Dans l’affaire
Dijoubti c/ France, le président avait été invité à témoigner en tant que simple témoin.
Comme pas de mesures de contraintes, la CIJ a considéré qu’acte pas c/ à l’immunité
- La CIJ considère que cette immunité ne vaut que pour les personnes placées au sommet de
l’Etat : chef de l’Etat, PM, MAE, Ministre de la défense… dans l’affaire Djibouti, il s’agissait
de protéger un procureur donc immunité pas invocable.
L’immunité vaut pour n’importe quel acte (parmi les actes contraignants) : la Cour considère qu’il
n’est pas possible d’opérer de distinction entre les actes
 accomplis à titre officiel protégés par l’immunité (immunités fonctionnelles)
 et ceux accomplis à titre privé non protégés par l’immunité (immunités personnelles)
ni entre les actes accomplis
 avant l’entrée en fonctions
 et ceux accomplis durant l’exercice des fonctions
La CIJ considère que quand un individu peut se prévaloir d’une immunité, celle-ci est absolue tant
qu’il exerce ses fonctions. Dès lors qu’il n’exerce plus ses fonctions, il peut être poursuivi.
LIMITES
Le 31 mai 2004, la Chambre d’appel du TSSL a considéré qu’un PPE de DI établit que l’égalité
souveraine des Etats n’empêche pas un chef d’Etat d’être poursuivi par une cour ou un tribunal pénal
international.
Le TPIY constate l’existence d’exceptions aux immunités qui « naissent des normes du DI pénal
prohibant les crimes de guerre, les crimes c/ l’humanité et le génocide. D’après ces normes, les
responsables de ces crimes ne peuvent invoquer l’immunité à l’égard des juridictions nationales ou
internationales, même s’ils ont commis ces crimes dans le cadre de leurs fonctions officielles » (arrêt
de la Chambre d’appel du 29 octobre 1997 relatif à la requête de la Croatie aux fins d’examen de
la décision de la Chambre de première instance II rendue le 18 juillet 1997).
De plus, des juridictions internes avaient admis qu’il pouvait y avoir des exceptions au principe de
l’immunité :
- Dans l’arrêt Khadafi du 13 mars 2001, la Cour de cassation française a admis que
l’immunité puisse être tenue en échec dans certaines hypothèses (qu’elle n’a toutefois pas
précisé)
- De même dans le second arrêt Pinochet du 24 mars 1999, la chambre des lords a considéré
que Pinochet n’était pas protégé par son immunité :
 pour les actes de torture en se fondant sur la convention contre la torture de 1984 (ne
s’est pas fondé sur le droit coutumier)
 et qu’à partir de 1988 (date à laquelle la convention a été ratifiée par le Royaume-Uni)

/!\ Immunité ne signifie pas impunité :


 Celui qui bénéficie d’une immunité peut être jugé dans son pays
 Son immunité peut être levée
 Il peut être jugé éventuellement par une juridiction internationale
 Dès lors qu’il a cessé ces fonctions, il ne bénéficie plus de la totalité des immunités de
juridiction et des poursuites peuvent être engagées pour les actes commis avant et après ou
pendant mais ne relevant pas de ses fonctions.
EN RESUME, remarques :
- Immunité du chef de l’Etat ne résulte pas du droit conventionnel mais du droit coutumier
(intérêt de la coutume)
- Qui peut bénéficier de cette immunité ? agents au sommet de l’Etat
Section II. – La formation et la transformation de l’Etat
Paragraphe 1 – Les mutations territoriales à l’époque contemporaine
A) La création d’un Etat par substitution
1) La dissolution
= processus d’éclatement d’un Etat en plusieurs. Ce processus n’est pas tjrs admis. EX : en
Yougoslavie, la Serbie n’a pas eu le statut d’Etat continuateur.
2) La fusion
Processus inverse = regroupement de plusieurs Etats en un seul. EX : Allemagne, RDA et RFA.
Réunification allemande :
- Le traité du 18 mai 90 (entré en vigueur le 1 er juillet 90) a réalisé une union économique et
monétaire entre les deux Etats
- Le traité du 31 aout 90 (entré en vigueur le 3 oct.) a réalisé l’absorption de la RDA par la RFA
Procédé rare. EX1 : le Yémen. EX2 : Zanzibar et Tanganyika  Tanzanie.
B) La création de l’Etat par sécession (ayrılma)
Lorsqu’un territoire sur lequel un Etat exerçait ses compétences souveraines sert d’assise spatiale à un
nouvel Etat à la suite de revendications d’indépendance  partition du territoire.
1) Dans le cadre du droit à la décolonisation
L’AGNU dans sa Résolution 2625 du 24 octobre 1970 rappelle que « Le territoire d’une colonie ou
d’un autre territoire non autonome possède, en vertu de la Charte, un statut séparé et distinct de celui
de l’Etat qui l’administre ».
L’un des buts de la CNU est de « développer entre les Nations des relations amicales fondées sur le
respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes »
(Article 2 § 1 de la CNU) :
 Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et
aux peuples coloniaux : « Charte de la décolonisation »
 Résolution 1541 (XV) du 15 décembre 1960 codifiant les principes de mise en œuvre du
droit des peuples à l’autodétermination pour les territoires non autonomes
 Résolution 2625 (XXV) du 24 octobre 1970 relative aux principes du droit international
touchant les relations amicales et la coopération entre Etats
 Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est « un principe essentiel du droit
contemporain » « opposable erga omnes » (Timor oriental, 30 juin 1995)
Qu’entend-t-on par « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ? Il ne peut être envisagé qu’à
travers le prisme du territoire. Le DI va assimiler le territoire au peuple. Il ne faut pas confondre
peuple et minorité. Une minorité au sein d’un territoire ne peut pas disposer du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes. Les NU ont prévu un certain nb de règles pour préciser les modalités
d’exercice de ce droit à décolonisation.
CIJ, Sahara occidental, avis consultatif du 16 octobre 1975 : la Cour estime que l’existence de liens
historiques entre le Sahara occidental et le Maroc et « l’ensemble mauritanien » n’était pas pour
autant « de nature à modifier l’application de la résolution 1514 (XV) quant à la décolonisation et, en
particulier, l’application du principe d’autodétermination du territoire »  toute colonie doit se voir
offrir la possibilité de décider si elle souhaite ou non devenir indépendante. O° d’organiser un
référendum (actuellement en Nouvelle-Calédonie).
De plus, référendum dans le cadre des frontières coloniales. EX : les Comores. La France a organisé
un référendum sur ces îles. Or, elle a violé le DI car a organisé 4 référendums et non pas un. Un à
Mayotte et un aux grandes Comores. En organisant 4 référendums, votes différents. La France a, à
tort, considéré qu’il y avait 4 peuples = violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la
souveraineté de la République indépendante des Comores.
2) Hors décolonisation
Lorsque la population du territoire en q° entend se séparer : plus compliqué. Le DI dit que le principe
d’autodétermination ne peut être interprété comme « autorisant ou encourageant une action, quelle
qu’elle soit, qui démembrerait ou menacerait, totalement ou partiellement l’intégrité territoriale ou
l’unité politique de tout Etat souverain et indépendant ».
Droit à la décolonisation OUI mais pour les peuples colonisés. Dès les années 60, les conflits de
sécession ont commencé. La RDC était colonisée par les belges. Les belges partent et immédiatement
après, le Katanga va coloniser. Le CDS réprouve les actions sécessionnistes :

Si la sécession est condamnée, des Etats ont pu naitre. EX : Bengladesh. EX1 : Erythrée devenue
indépendante parce que l’Ethiopie est devenue trop faible donc ne pouvait contrôler.
 Difficulté car la naissance de l’Etat est une q° de fait
 Tout dépend de la réaction des autres Etats

Paragraphe 2 – Les conséquences de l’apparition d’un nouvel Etat


A) La reconnaissance d’Etat
Q° de fait. Il y a des formes ≠. C’est toujours discrétionnaire, l’Etat n’est pas obligé de reconnaitre.
1) Les formes de la reconnaissance
La reconnaissance peut être individuelle ou collective : un Etat ou plusieurs Etats décident de
reconnaitre un Etat. EX : l’UE avait fixé des lignes directrices pour la reconnaissance de nouveaux
Etats.
La reconnaissance peut aussi être expresse ou implicite :
- Expresse : par un acte unilatéral. EX : le Kosovo déclare son indépendance, la France
reconnait par une lettre du PR.
- Implicite EX : lors d’un traité. La France a conclu un accord avec la Chine, c’est-à-dire que la
France reconnait la Chine en tant qu’Etat.
Ce qui peut parfois poser des q°, dans quel sens traduire le vote d’un Etat ? La Corée du Nord et la
Corée du Sud sont devenues membres en même temps aux NU. La France reconnait seulement la
Corée du Sud. Est-ce que le fait pour un Etat de voter en faveur de l’admission d’un autre Etat
équivaut à une reconnaissance implicite ? on pourrait dire que oui, mais a priori c’est non. Q°
compliquée.
2) Le caractère discrétionnaire de la reconnaissance
La reconnaissance est une opération de qualification laissée à la discrétion de l’Etat : celui-ci décide de
son plein gré de reconnaitre ou non = acte discrétionnaire.
Avis n° 10 du 4 juillet 1992 de la Commission d’arbitrage de la conférence pour la paix en ex-
Yougoslavie : « La reconnaissance est un acte discrétionnaire que les autres Etats peuvent effectuer
au moment de leur choix sous la forme qu’ils décident et librement »
Illustration : en 1991, trois Etats (Estonie, Lituanie et Lettonie) vont déclarer leur indépendance.
Pourquoi tarder à reconnaitre la Lituanie ? On était à une époque où les européens croyaient au
Président de l’URSS. Imaginer que l’URSS puisse s’effondrer… donc ne voulait pas précipiter les
choses. L’indépendance de la Lituanie entrainerait l’indépendance de l’Estonie et de la Lettonie…
Lorsqu’ils sont devenus indépendants, les Etats ont donc tardé à les reconnaitre pour des
considérations politiques.
La reconnaissance répond donc à des considérations politiques et juridiques :
- EX1 : la RDA (Rép. Démocratique allemande) a été reconnue par la France en 1973. Or, nul
doute que la RDA était un Etat avant. Pourquoi ? elle a attendu d’avoir le feu vert de la RFA.
- EX2 : Taïwan îlot au large de la Chine. Est-ce un Etat ? En 1950, pour l’ONU, la Chine c’était
Taïwan. En 1971, une résolution est adoptée et les USA ont décidé de nouer des relations avec
la Chine continentale et dans l’ONU, c’est Taïwan qui est exclu. Quel statut reconnaitre à
Taïwan ? pour la Chine, soit considérer que la Chine est un Etat, soit Taïwan. AJD, Taïwan
reconnu par un certain nb d’Etats (de moindre importance). Etats qui reconnaissent Taïwan  :
Belize (1989), Guatemala (1960), Haïti (1956), Honduras (1965), Îles Marshall (1998),
Nauru (1980-2002, 2005), Nicaragua (1990), Palaos (1999), Paraguay (1957), Saint-
Christophe-et-Niévès (1983), Sainte-Lucie (1984–1997, 2007), Saint-Vincent-et-les-
Grenadines (1981), Swaziland (1968), Tuvalu (1979), Vatican (1942).
ATTENTION : il n’y a pas d’O° de reconnaitre mais il peut y avoir une O° de ne pas reconnaitre.
Notamment, lorsque la reconnaissance est fondée sur un acte illicite.
La reconnaissance peut intervenir à tout moment, même prématurément. EX : les USA ont
reconnu le Panama seulement quelques jours après l’insurrection (ils avaient l’intention de conclure un
canal reliant la mer des caraïbes à l’océan pacifique).
Illustration : Israël  pas reconnu par tous les Etats. La reconnaissance d’Israël par les Etats arabes a
connu une évolution. Le Bahreïn et les Emirats arabes unis ont conclu un accord de paix sous
l’influence des USA. Prochaine étape ? l’Arabie Saoudite possible.
La date de la reconnaissance a aussi son importance. Le conflit a débuté le 25 Juin 1991. L’ex
Yougoslavie est rentrée dans un processus de dissolution et la q° se posait de savoir quand reconnaitre
les Etats issus de ce processus. Plusieurs points de vue :
- Ne pas précipiter les choses (dont la France) car risque que ces Etats deviennent trop
intransigeants dans la négociation.
- Aller le + vite possible (dont l’Allemagne) de sorte que + vite l’annexion serait résolue.

3) Les effets de la reconnaissance


La reconnaissance est donc un acte à la fois politique et juridique :
- Politique en ce sens qu’il témoigne de la volonté d’un ou plusieurs Etats d’entretenir des
relations amicales et diplomatiques ;
- En tant qu’acte juridique, la reconnaissance est un acte unilatéral auto-normateur : il va créer
des O° à l’égard de son auteur  effets de droit.
L’Etat qui reconnait est engagé. Autrement dit, la situation lui est opposable et il ne pourra plus
contester EN DROIT l’existence de l’Etat qu’il a reconnu. La reconnaissance = ONE SHOT. Valable
une fois. Sinon, atteinte à la sécurité juridique.
 La reconnaissance engage donc sur la durée

AJD il peut y avoir certaines évolutions. EX : une pression mise en œuvre par Belgrade en Serbie
pour ne pas reconnaitre le Kosovo. Il faut bien comprendre que la reconnaissance se fait de manière
unilatérale. Le régime juridique de la reconnaissance est celui de l’acte unilatéral. Si à chaque fois
qu’on a un gouvernement qui arrive au pouvoir (ex : extrême gauche puis extrême droite) risque
d’insécurité juridique. DONC : la reconnaissance est opposable aux successeurs. Or, si un successeur
dit qu’il ne reconnait pas tel ou tel Etat alors qu’un prédécesseur avait reconnu, cela a une importance
politique mais pas juridique.
La reconnaissance est-elle déclarative ou constitutive ?
- Certains vont dire qu’elle est déclarative en constatant l’achèvement du processus. Selon eux,
la naissance d’un Etat n’est qu’un fait ;
- D’autres vont dire qu’elle est constitutive (kurucu) : l’ensemble du système juridique
international ne repose que sur l’opposabilité des situations juridiques entre les ≠ sujets. Ainsi,
la reconnaissance serait pour eux une sorte de 4 ème élément de reconnaissance (avec le
territoire, la population et le gouvernement). Elément qui parachèverait la formation de l’Etat.
Les volontaristes ont défendu ce point de vue.
PB de ce point de vue ? difficultés sur le plan de la théorie :
 Rupture d’égalité entre les Etats : Etats reconnus et Etats non reconnus
 Tout Etat est tenu de respecter un certain nb d’O° même à l’égard d’un Etat tiers. EX :
L’Espagne ne reconnait pas le Kosovo. L’Espagne est-elle amenée à considérer que le
Kosovo est un Etat sans maitre ? NON. Si agression, violation.
Quel point de vue retenu ? la reconnaissance est à la fois déclarative et constitutive.
Déclarative car un Etat peut exister même sans être reconnu (Avis n° 1 de la Commission
d’arbitrage de la Conférence européenne pour la paix en Yougoslavie, 19 novembre 1991 :
« L’existence ou la disparition d’un Etat est une question de fait ; la reconnaissance par les autres
Etats a des effets purement déclaratifs ») = véritable rempart c/ un Etat fantoche
Un Etat peut être un Etat sans être reconnu, mais il n’est rien car ne peut conclure de
conventions ni être membre d’OI. Aucune relation diplomatique, aucun poids dans l’OJ
international.
Pour conclure, la reconnaissance peut être considérée comme déclarative au niveau de
l’existence mais elle est en revanche constitutive au niveau de son opposabilité.
Illustration : le Somaliland. Somalie très dangereuse AJD. Somaliland a déclaré son indépendance mai
il n’est reconnu par personne. Seul le Kenya entretient des relations avec lui. EX type de territoire qui
a toutes les caractéristiques d’un Etat mais qui ne peut pas exercer ses compétences car reconnu par
personne. PQ les Etats ne le reconnaissent pas ? parce que si un le fait, multiplication de déclarations
d’indépendance et cela porte atteinte à al sécurité juridique et à la sécurité de manière générale.
Aussi, lorsqu’un Etat devient indépendant, il cherche à être reconnu. A partir de combien de
reconnaissances est-on face à un Etat ? pas de réponse. Il est vrai que tous les Etats membres de
l’ONU sont considérés comme des Etats. AJD, réflexe de se tourner vers l’ONU pour obtenir la
qualité d’Etat. A partir du moment où un Etat membre des NU, reconnaissance. EX : le Soudan du sud
déclare son indépendance le 11 juillet 2011 et le 14 juillet, il est membre de l’ONU car aucun doute
sur sa qualité d’Etat.
Or, la Palestine attend encore pour devenir membre. La Palestine a cherché à devenir membre mais
avant, elle a sollicité son admission à l’UNESCO. Lorsqu’un Etat veut devenir membre d’une
organisation, procédure à suivre.
Admission de la Palestine à l’UNESCO : le vote a été obtenu avec 107 voix en faveur de l’admission
et 14 voix contre, avec 52 abstentions.
Pour obtenir le statut de membre des NU, procédure : c’est l’AG qui décide après la recommandation
du CDS. Après réflexion, le CDS n’a pas recommandé car ses membres n’ont pas réussi à s’entendre
sur la qualité d’Etat. Comme pas de recommandation du CDS, la Palestine ne peut pas devenir
membre. Alors elle a biaisé et a demandé le statut d’observateur non membre des NU.
Plusieurs statuts dans l’ONU :
- Statut de membre
- Statut d’observateur : assister aux travaux de l’organisation mais pas de droit de vote.
Le 29 novembre 2012, la Palestine a donc obtenu la qualité d’Etat observateur non membre des
Nations Unies par une résolution :
- 138 pour (dont la France)
- 9 contre : Etats-Unis, Israël, iles Marshall, Micronésie, Nauru, Palau et Panama
- 41 abstentions
A partir de là, la Palestine a commencé à présenter sa demande pour adhérer un certain nb de traités.
Elle a notamment pu ratifier les conventions de Vienne sur les relations consulaires et diplomatiques
(de 1961 et 1963)  cette résolution anodine d’Etat observateur a eu pour effet que la Palestine a pu
conclure des traités.
AJD quelques Etats européens reconnaissent la Palestine : notamment la Suède en 2014 qui est partie
de l’idée que pour conforter la position des palestiniens, il fallait reconnaitre la Palestine en tant
qu’Etat. Selon la France, si on la reconnait, elle risque d’être trop exigeante dans la négociation. A
NOTER : la Palestine est membre de l’UNESCO et d’Interpol.

Quid du transfert de l’ambassade des USA à Jérusalem (Palestine c. Etats-Unis d’Amérique) 


décidé par D. Trump. Certains Etats sont pour ce transfert, d’autres non. La Palestine a invoqué les
conventions sur les relations diplomatiques et consulaires pour contester ce transfert. A-t-elle la
capacité de s’appuyer sur ce traité ? Affaire politique et juridique.
Quid du Kosovo : le K est une province de l’ex-Yougoslavie. Après la guerre, il n’a pas obtenu son
indépendance. La Serbie s’est livrée à un nettoyage ethnique. Atrocités commises. En 1999, opération
de l’OTAN. Résolution adoptée qui gèle le processus, autrement dit mettre en place une ???
temporaire. De 1999 à 2008, le statut final du Kosovo est indéterminé (la résolution étant ambiguë).
En 2008, le K déclare son indépendance. A partir de là, certains Etats décident de le reconnaitre. Il
devient membre du FMI, de la BM. La Russie et certains Etats européens (Espagne, Roumanie) ne le
reconnaissent pas. L’UE a dit que le K constitue un cas sui generis = cas particulier. Elle ne se mouille
pas. Quelle est la situation AJD ? le K a cherché à devenir membre de l’UNESCO et a échoué à trois
voix près.
 Dans son avis du 22 juillet 2010, la CIJ, par 10 voix contre 4, considère que la déclaration
d'indépendance du K n'est pas contraire au DI général et à la Résolution 1244 du CDS
relative au statut du K. Or, elle ne dit pas que c’est un Etat.

B) La succession d’Etat
En la matière, deux conventions adoptées : Convention de Vienne sur la succession d’Etats en
matière de traités de 1978 & Convention de Vienne sur la succession d’Etats en matière de biens,
archives et dettes d’Etat de 1983. Celles-ci n’ont pas connu un grand succès : la 1ère n’a été ratifiée
que par 22 Etats et n’est pas entrée en vigueur. Or, certaines règles sont devenues coutumières.
Il faut s’interroger sur le processus d’accession à la qualité d’Etat. Deux PPES s’opposent :
PPE de la continuité (= l’Etat hérite de tous les traités conclus antérieurement par ses prédécesseurs)
PPE de la table rase (= l’Etat devient vierge)
- En ce qui concerne les Etats nouvellement indépendants issus d’un processus de
décolonisation : PPE de la table rase. Ils ne sont liés par aucun traité de l’Etat colonisateur.
- Pour tous les autres Etats : PPE de continuité.
La vigueur de ces règles peut être atténuée à partir du moment où l’application du PPE est contraire à
l’objet et le but du traité. Il faut rappeler certains ppes concernant les traités de frontières. Il y a ici une
succession automatique. Mais les traités de frontière sont des traités objectifs, ils sont opposables à
tous. Cette règle a été rappelée dans Projet Gabčíkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt du
25 septembre 1997. L’objectif est de garantir la stabilité des RI. Ce principe de succession
automatique vaut pour les traités de frontière mais pas pour les traités relatifs aux droits de l’homme.
En ce qui concerne la Convention de Vienne sur la succession d’Etats en matière de biens,
archives et dettes d’Etat de 1983 : le but principal est de faire en sorte que la succession ne
désorganise pas le nouvel Etat.
- Article 9 - EFFETS DU PASSAGE DES BIENS D’ETAT : « Le passage de biens d’Etat de
l’Etat prédécesseur emporte l’extinction des droits de cet Etat et la naissance de ceux de l’Etat
successeur sur les biens d’Etat qui passent à l’Etat successeur, dans les conditions prévues par les
dispositions des articles de la présente partie. »
- Article 37 - TRANSFERT D’UNE PARTIE DU TERRITOIRE D’UN ETAT : « 1.
Lorsqu’une partie du territoire d’un Etat est transférée par cet Etat à un autre Etat, le passage de la
dette d’Etat de l’Etat prédécesseur à l’Etat successeur est réglé par accord entre eux. 2. En l’absence
d’un tel accord, la dette d’Etat de l’Etat prédécesseur passe à l’Etat successeur dans une proportion
équitable compte tenu, notamment, des biens, droits et intérêts qui passent à l’Etat successeur en
relation avec cette dette d’Etat. »

EX : Accord de Moscou du 6 juillet 1992 sur la répartition des biens publics :
 61 % des biens à la Russie
 16 % à l’Ukraine
 4 % à la Biélorussie
 1 à 3 % à chacun des autres Etats
Section III. – Les compétences de l’Etat
Compétence = aptitude juridique à exercer certains pouvoirs.
Paragraphe 1 – Les différents titres de compétence
La compétence peut être exercée dans l’espace à travers lequel l’Etat exerce sa souveraineté, c’est-à-
dire le territoire ou bien à l’égard des personnes et des biens rattachés par le lien de nationalité.
A) La compétence territoriale
La compétence territoriale a deux caractéristiques mis en exergue par l’affaire de l’Ile des Palmes ou
de Palmas, sentence arbitrale du 4 avril 1928 : « L’indépendance relativement à une partie du
globe est le droit d’y exercer, à l’exclusion de tout autre Etat, les fonctions étatiques. Le
développement de l’organisation nationale des Etats durant les derniers siècles et, comme corollaire,
le développement du droit international, ont établi le principe de la compétence exclusive de l’Etat en
ce qui concerne son propre territoire ».
1) La plénitude de la compétence
Aspect positif. Sur son territoire, l’Etat exerce l’ensemble des pouvoirs permettant de régir le
statut des personnes, des biens et des activités qui se situent dans les espaces constituant le
territoire national. Les normes édictées sur le territoire ont une présomption de validité.
Rappel dans l’affaire du Lac Lanoux, sentence arbitrale, 16 novembre 1957 « La souveraineté
territoriale joue à la manière d’une présomption. [Elle doit cependant] fléchir devant toutes les
obligations internationales, qu’elle qu’en soit la source, mais elle ne fléchit que devant elle ».
Limite à cette compétence territoriale ? les O° internationales. L’Etat ne doit pas nuire à ses voisins.
EX : l’Etat ne saurait polluer le territoire voisin.
PPE de la « Souveraineté permanente sur ces ressources naturelles et ses activités économiques » :
implique le droit pour les Etats de nationaliser les biens privés étrangers pour des motifs d’intérêt
public, sous réserve d’une indemnisation adéquate. Lorsqu’un Etat devient indépendant, souveraineté
permanente sur ses ressources naturelles et ses activités économiques.
A NOTER : il est possible de nationaliser un bien à condition toutefois de verser une indemnité.
Difficulté de savoir comment déterminer cette indemnisation.
2) L’exclusivité de la compétence
L’exclusivité de compétence est l’aspect négatif en ce sens qu’aucun autre pouvoir concurrent ne
saurait s’exercer dans ces espaces. Autrement dit, chaque Etat va pouvoir adopter son
administration, ses juridictions, etc. La CIJ a rappelé ce ppe de l’indépendance à ≠ reprises. Aucun
Etat ne peut exercer sa compétence sur le territoire d’un autre Etat.
Il découle de l’exclusivité de compétence que :
 La réglementation juridique édictée par un Etat étranger est inapplicable sur le territoire de
l’Etat ;
 L’Etat doit respecter la souveraineté territoriale des autres Etats et s’y interdit d’exercer
des actes de contrainte.
Affaire Eichmann : le CDS dans sa résolution 138 du 23 juin 1960 a condamné cet acte violant la
souveraineté de l’Argentine et a demandé au gouvernement israélien « d’assurer une réparation
adéquate ». Le communiqué conjoint israélo-argentin du 3 aout 1960 met un terme au différend,
Israël reconnaissant la violation des « droits fondamentaux » de l’Etat argentin.
CEDH, 12 mai 2005, Ocalan  M. O recherché et arrêté au Kurdistan mais avec l’accord de l’Etat.
Si Etat tiers a donné son consentement, alors possible.
Il existe des hypothèses de compétences mineures : hypothèse dans laquelle l’Etat ne dispose pas de
la plénitude de compétence. Plusieurs compétences mineures :
- L’occupation militaire (présence militaire prolongée sur tout ou partie du territoire) qui peut
résulter d’un accord de paix. La puissance occupante est en droit de se comporter comme le
souverain territorial. MAIS pas de transfert de souveraineté, l’occupation n’étant que
provisoire par définition. EX : Chypre nord.
- La cession de bail (cession déguisée et temporaire de la souveraineté). Il n'y a pas de transfert
de souveraineté. L’État cédant a vocation à récupérer le territoire à l'expiration d'un délai.
EX : bail sur Hong Kong par les britanniques pendant 99 ans.
- La servitude internationale (restriction à l'indépendance d'un État sur le territoire duquel un
autre État réglementaire et éventuellement juridictionnelle). Cette q° soulève des difficultés et
est très largement encadrée.

B) La compétence personnelle
L’Etat va exercer sa compétence par rapport aux individus (les nationaux) rattachés à l’Etat par le lien
de nationalité. Chaque Etat peut déterminer librement l’attribution de sa nationalité. Le distinguo
essentiel concerne le droit du sol (la nationalité va s’acquérir par la naissance sur le sol) et le droit du
sang (la nationalité est déterminée par rapport à la nationalité des parents). Il existe aussi la
naturalisation qui est subordonnée à des conditions + ou – restrictives.
Le critère déterminant ici est le lien de nationalité. Les Etats sont libres de déterminer les règles
applicables.
Qu’advient-il lorsqu’un individu nait à l’étranger de parents français par exemple ? Double
nationalité ? Quid en l’absence de nationalité ? des conventions ont été adoptées mais il peut y
avoir des conflits.
Concernant les individus  l’arrêt CIJ, arrêt du 6 avril 1955, Nottebohm précise qu’il faut un lien
de rattachement effectif ou substantiel à un Etat.
Concernant les personnes morales  affaire de la Barcelona Traction (qui a dégagé des règles
erga omnes, opposables à tous). Un conflit est né entre l’Espagne et la société en question. La société
était canadienne et la Belgique agit devant le CIJ. L’Espagne estime que la Belgique ne peut pas agir
car société pas belge  on ne peut pas déterminer la nationalité en fonction de la nationalité des
actionnaires. DONC on détermine soit par le siège social, soit par le lieu d’incorporation :
 siège social (France) : réserver le bénéfice de la nationalité aux seules sociétés dont
l’activité est susceptible de présenter un intérêt pour l’économie nationale
 lieu d’incorporation (pays anglo-saxons) : sociétés constituées conformément à la loi du
pays et enregistrés comme tels dans celui-ci acquiert sa nationalité
Concernant les aéronefs  il faut regarder l’immatriculation
Concernant les navires  octroi discrétionnaire par les Etats et un « lien substantiel »
Concernant les satellites et objets spatiaux  immatriculés par l’Etat qui a procédé à leur lancement
Paragraphe 2 – La concurrence de compétences exercées par deux Etats
A) L’exercice concurrent des compétences nationales de deux Etats
La compétence de l’Etat n’est pas uniquement territoriale. Il peut être amené à régler des situations qui
se produisent en dehors de son territoire.
Aucune difficulté concernant les situations en haute mer : la compétence sera déterminée par le
pavillon. En revanche, quand il s’agit d’exercer une compétence sur le territoire d’un Etat étranger,
plus compliqué.
Compétence normative ≠ compétence d’exécution :
 La compétence normative (édiction d’une réglementation) : l’édiction de normes
générales et impersonnelles ou de décisions individuelles par les organes investis de la
fonction législative ou réglementaire.
 La compétence d’exécution (application d’une réglementation pouvant aller jusqu’à
la contrainte) : le pouvoir d’accomplir des actes matériels en vue de l’application
effective de la législation.
Une loi peut-elle avoir une portée extraterritoriale ? il faut déjà s’interroger pour savoir si l’Etat
dispose d’une compétence ou non. De nombreuses lois ont une portée extraterritoriale. EX : lois
antitrust. Cette loi à portée extraterritoriale peut s’appliquer sur le territoire de l’Etat étranger à partir
du moment ou ce dernier ne s’y oppose pas. Un juge national peut parfaitement être amené à appliquer
une loi étrangère. Ce sont donc des q° de DI privé.
En revanche, la situation est différente lorsqu’il s’agit de recourir à des actes de contrainte. Deux cas
de figure à distinguer :
- La mise en œuvre sur le territoire du for  possibilité de le mettre en œuvre = rappelé par la
CPJI, 1927, Lotus
- La mise en œuvre sur le territoire étranger  impossibilité de mettre en œuvre sauf si l’Etat
étranger accepte.
EX :
Lois Helms-Burton et d’Amato-Kennedy  le gvmt américain décide d’adopter des sanctions à
toute entreprise qui commerce avec Cuba, la Libye et l’Iran :
- Helms-Burton, 12 mars 1996 : vise Cuba en raison de son régime politique et des mesures de
nationalisations prises contre des intérêts américains au cours des années soixante,
- d’Amato-Kennedy, 5 août 1996 : vise l’Iran et la Libye accusés d’être des Etats organisant
ou soutenant le terrorisme.
Possible pour les entreprises américaines, mais pas pour les autres. Les USA avaient adopté ces
lois valables pour toutes les sociétés. Seulement les entreprises étrangères pouvaient faire l'objet de
sanctions économiques aux USA. Art 435-6-2 → Code pénal → dispositions similaires en France.
La compétence pénale universelle est la compétence de tout juge de connaitre d’un crime
indépendamment de lien de rattachement (du lieu de crime et de la nationalité de l’auteur et des
victimes). Aucun lien de rattachement, le juge peut connaitre d’un crime peu importe le lieu, la
nationalité de l’auteur et la nationalité des victimes. On peut retrouver cette compétence universelle
dans certains traités (Convention c/ la torture de 1984) et aussi dans la coutume. Certains crimes
heurtent tout un chacun. Ces crimes ne doivent pas avoir d’impunité et dès lors, tout juge doit pouvoir
connaitre de ceux-ci. La Convention c/ la torture prévoit que dès qu’un crime a été commis, il doit être
jugé peu importe le lieu et les nationalités. En France, les juges peuvent connaitre des crimes de
torture, terrorisme, etc. Il s‘agit de transposer des O° conventionnelles en droit interne.
Certains Etats ont voulu aller très loin. EX : la Belgique a adopté des lois de compétence universelle à
la fin des 90. Elle a reconnu la compétence à certains de ses juges nationaux pour des crimes. Elle a
également considéré qu’il était possible de poursuivre les individus même sans qu’ils ne soient sur le
territoire. Déluge de plaintes et retour en arrière de la Belgique.
B) La coopération de l’Etat étranger à la mise en œuvre du droit national
Les Etats peuvent coopérer et peuvent coopérer par le biais de l’extradition. L’extradition est l’acte
par lequel un Etat remet à un autre Etat sur la demande de celui-ci une personne qui se trouve
sur son territoire et à l’égard duquel l’Etat requérant envisage d’exercer sa compétence pénale
(article 696-8 du CPP).

CONCLUSION
L’avenir de l’Etat ? L’Etat AJD est concurrencé : OI, transnationales… qui bousculent les Etats et les
contraints par une pression. Mais, la souveraineté entraine une série de CSQ. Une fois qu’une entité
accède à l’Etat, elle bénéficie d’un régime juridique protecteur, en dépit d’une certaine perte de
l’influence des Etats. Pour l’instant, les Etats resteront la forme principale des relations internationales.
EXAMENS : deux sujets au choix comme galop d’essai (dissertation ou CP). En CP, répondre aux q°
dans l’ordre. Faire attention au barème. Il faut un véritable raisonnement avec les connaissances sans
déballer tout le cours.

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