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Dominique Plée Le soleil comme source d’énergie

Le photovoltaïque
Le soleil
comme source
d’énergie
Le photovoltaïque

Dominique Plée est directeur scientifique au département de


recherche d’Arkema, entreprise de chimie française dont les trois
pôles d’activité sont : les produits vinyliques, la chimie industrielle
et les produits de performance. Arkema concentre notamment
ses efforts sur l’optimisation des cellules photovoltaïques, aussi
bien sur leur rendement que sur leur résistance et leur longévité.

Dans tous les domaines et sont d’augmenter la produc-


pas seulement celui de l’ha- tion globale d’énergie, de di-
bitat, la question énergé- versifier les sources et d’éco-
tique est vouée à occuper nomiser l’énergie. La tenue
durablement le devant de la des objectifs européens re-
scène. L’équation mondiale quiert un fort investissement
ressemble de plus en plus dans la recherche et le déve-
à un casse-tête avec d’une loppement. En effet, l’Europe
part la demande des pays s’est fixée d’atteindre d’ici
émergents, de la Chine et de 2020 l’objectif ambitieux des
l’Inde, qui doublera d’ici 2050, « 3 fois 20 » (paquet énergie
d’autre part les problèmes climat), à savoir :
posés par l’usage massif des - une diminution de 20 % des
combustibles fossiles : épui- gaz à effet de serre par rap-
sement des ressources, per- port au niveau de 1990 ;
turbations climatiques (ces - une amélioration de 20 % de
sujets sont abordés dans les l’efficacité énergétique ;
Chapitres d’A. Ehrlacher et de - une contribution des éner-
D. Quénard). gies renouvelables à hauteur
Les leviers d’action pour faire de 20 % dans la consomma-
face à ce problème mondial tion finale d’énergie.
La chimie et l’habitat

L’EUROPE ET LE PLAN SET


OU « PLAN STRATÉGIQUE POUR LES TECHNOLOGIES ÉNERGÉTIQUES »
Afin d’atteindre les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique,
de sécurité d’approvisionnement en énergie et de compétitivité des entreprises européennes
(les « 3 fois 20 »), la Commission a présenté en 2007 le plan SET ou « plan stratégique pour les
technologies énergétiques », qui a été adopté par le Conseil de l’Union européenne en 2008.
Ce plan stratégique vise à accélérer le développement et le déploiement au meilleur coût
des technologies à faible intensité carbonée. Il comprend des mesures portant sur la pla-
nification, la mise en œuvre, les ressources et la coopération internationale en matière de
technologies énergétiques.

Des obstacles à franchir


Or, certaines contraintes freinent le développement et la diffusion des technologies éner-
gétiques, qu’il s’agisse du sous-investissement chronique qui touche ce secteur depuis les
années 1980, des délais importants de commercialisation des nouveaux produits, du surcoût
qu’ils entraînent souvent sans toujours assurer un meilleur rendement énergétique, des
obstacles juridiques et administratifs, ou encore de leur acceptation sociale.
De plus, face à la concurrence de certains pays industrialisés et des économies émergentes,
les États membres de l’Union européenne doivent adopter une approche commune efficace.
Le temps est en outre un facteur décisif dans l’adoption de cette approche pour que les
objectifs européens soient atteints.

Des objectifs pas à pas


Le plan SET fixe les objectifs suivants pour l’Europe :
– à court terme : renforcer la recherche pour réduire les coûts et améliorer les perfor-
mances des technologies existantes, et favoriser la mise en œuvre commerciale de ces
technologies. Les actions à ce niveau devraient porter notamment sur les biocarburants
de deuxième génération, la capture, le transport et le stockage du carbone, l’intégration
des sources d’énergie renouvelables dans le réseau électrique et l’efficacité énergétique
en matière de construction, de transport et d’industrie ;
– à plus long terme : soutenir le développement d’une nouvelle génération de technologies
à faible intensité carbonée. Les actions à réaliser devraient se concentrer, entre autres,
sur la compétitivité des nouvelles technologies en matière d’énergies renouvelables, le
stockage de l’énergie, la durabilité de l’énergie de fi ssion, l’énergie de fusion, ainsi que le
développement des réseaux transeuropéens de l’énergie.

Des moyens pour l’innovation technologique


La réalisation de ce plan SET implique un effort collectif et des actions au niveau du secteur
privé, des États membres et de l’Union européenne, ainsi qu’au niveau mondial. Ce plan
propose tout d’abord une nouvelle méthode de gouvernance en matière de technologies
énergétiques, basée sur une planification stratégique commune. Dans cette optique, un
groupe de pilotage, créé par la Commission en 2008 et constitué de représentants des
États membres, permet de renforcer la cohérence en concevant des actions communes,
en mettant des ressources à disposition et en évaluant les progrès.
Grâce à une augmentation des ressources, tant financières qu’humaines, et à l’encourage-
ment des formations de chercheurs, la Commission encourage et lance progressivement de
nouvelles initiatives industrielles européennes – dans les secteurs de l’énergie éolienne,
de l’énergie solaire, de la bioénergie, du piégeage, du transport et du stockage de CO2, du
réseau électrique et de la fission nucléaire – qui prendront la forme de partenariats public-
privé ou de programmes communs entre États membres.
110
Le soleil comme source d’énergie
Les défis technologiques à re-
lever par l’Union européenne
au cours des dix prochaines
années ont été définis dans le
plan SET (Encart : « L’Europe
et le plan SET ») et la produc-
tion d’électricité voltaïque y
figure en bonne place.
Les atouts pour la génération
d’électricité photovoltaïque
reposent en grande partie
sur une recherche en plein
développement qui permet
d’améliorer constamment
le rendement des cellules
photovoltaïques. Nous avons
maintenant pris conscience
que nous consommons sans titude de l’eau retenue par les Figure 1
les reconstituer les énergies barrages pour faire tourner
Éolien, hydraulique, solaire,
fossiles (gaz naturel, charbon, les turbines ; c’est aussi l’ori-
géothermie… les énergies
pétrole), dont le stockage s’est gine des vents et de l’énergie renouvelables sont amenées à se
effectué durant des millions éolienne correspondante, tout développer de plus en plus pour
d’années. C’est la différence autant que de l’échauffement remplacer les énergies fossiles.
des deux vitesses – formation/ des panneaux solaires ther-
consommation – qu’il faut bien miques (et de l’eau chaude
avoir à l’esprit : c’est la cause qu’ils délivrent dans la mai-
de l’augmentation rapide de son).
la quantité de dioxyde de car- Ce chapitre est consacré aux
bone dans l’atmosphère, puis panneaux solaires photo-
dans les mers1 (le cycle dans voltaïques, dans lesquels le
ce dernier cas est de l’ordre rayonnement solaire provoque
de dix siècles). Nous avons là une séparation des charges
une des raisons du dévelop- électriques dans un semi-
pement du concept des éner- conducteur3, avec circulation
gies renouvelables – l’éolien, d’un courant électrique (En-
l’hydraulique, le solaire, la cart : « Les panneaux photovol-
biomasse 2 , la géothermie... taïques, ou comment transfor-
(Figure 1). mer la lumière en électricité »).
Sauf pour la géothermie, le Il se focalise en particulier sur
soleil est le plus souvent le la filière utilisant le silicium
véritable réservoir d’énergie cristallin, qui est encore ac-
des énergies renouvelables : tuellement le semi-conduc-
c’est l’énergie solaire qui est teur le mieux connu et le plus
à l’origine de la montée en al- utilisé, tandis que le Chapitre
de D. Lincot est consacré aux
1. Voir aussi l’ouvrage La chimie filières sans silicium.
et la mer, ensemble au service de Commençons par un rapide
l’homme. Chapitre de S. Blain.
état des lieux des différentes
Coordonné par Minh-Thu Dinh-
Audouin, EDP Sciences, 2009. technologies photovoltaïques
2. Voir le Chapitre de D. Gronier, et de leur développement.
Encart : « La biomasse, ressource
renouvelable de demain ? ». 3. Voir la note 1 du chapitre 2. 111
La chimie et l’habitat

LES PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES, OU COMMENT TRANSFORMER


LA LUMIÈRE EN ÉLECTRICITÉ
De la découverte de l’effet photovoltaïque aux cellules photovoltaïques
C’est A.-C. de Becquerel (Figure 2) qui fit la première observation d’un photo-courant dès
1839, avec une électrode en platine et l’autre en cuivre oxydé, plongées dans une solution
conductrice acide. Les propriétés semi-conductrices du sélénium furent mises en évidence
un peu plus tard (1877) par W.G. Adams et R.E. Day.

Figure 2
Antoine-César de Becquerel (1788-1878), physicien français
qui a découvert l’effet photovoltaïque, à savoir l’apparition
d’une tension aux bornes d’un matériau semi-conducteur.

Il fallut attendre le XXe siècle pour voir émerger des résultats importants. La contribution
théorique d’A. Einstein fut d’expliquer en 1905, en particulier grâce à la notion du quantum
élémentaire d’énergie de Planck porté par le photon, que la longueur d’onde du rayonnement
incident doit être inférieure à une valeur limite pour provoquer l’émission d’un électron par
un métal, et que le courant d’électrons produit est proportionnel au nombre de photons
reçus (au flux lumineux).
La connaissance de la première « jonction p-n » dans le silicium dut attendre 1941, et l’obten-
tion d’une cellule photoélectrique (Figure 3) à bon rendement (construite par les chercheurs
du laboratoire américain Bell Telephone Laboratories) s’est faite en 1955.

Figure 3
La première cellule photovoltaïque provient de la Bell Telephone
Laboratories ou « Bell Labs ».
L’assemblage de cellules conduit à un module photovoltaïque

Comme marche un semi-conducteur ?


En purifiant intensivement un composé tel que le silicium (qui comporte quatre électrons
périphériques), puis en y introduisant une impureté bien choisie, on obtient un semi-
conducteur. Il est dit de type n (comme « négatif ») si l’impureté est de l’arsenic ou du
phosphore par exemple, qui possèdent cinq électrons périphériques, donc par rapport
au silicium un électron excédentaire (appelé donneur) susceptible de circuler assez faci-
lement c’est-à-dire de passer facilement, par une faible absorption d’énergie, du niveau
de la bande de valence au niveau de la bande de conduction (pour plus de détails, voir le
Chapitre de D. Lincot). Il est dit de type p quand il s’agit du bore, qui n’a que trois électrons
périphériques, ce qui entraîne un déficit de charge négative donc l’équivalent d’une charge
positive dans la bande de valence.

112
Le soleil comme source d’énergie
Qu’est-ce que la jonction p-n ?
Une partie d’un semi-conducteur étant dopée n et l’autre p (les deux étant séparées par
un plan dit de jonction), le courant ne circule que dans un sens : de la partie n où ils sont
excédentaires vers la partie p (le courant, lui, circule par convention dans l’autre sens).
Pour que cette circulation se fasse, il faut au préalable que, par l’absorption de l’énergie
portée par les photons du rayonnement solaire, les électrons du semi-conducteur aient
été portés de leur niveau fondamental (bande de valence) jusqu’à la bande de conduction
d’énergie plus élevée, créant ainsi une paire « électron-trou » (électron et trou sont appelés
excitons. Voir aussi le Chapitre de M. J. Ledoux). Généralement, cette paire électron-trou
revient à l’état initial en réémettant l’énergie absorbée sous forme d’énergie thermique :
le semi-conducteur s’échauffe au soleil.
Comment récupérer l’énergie électrique ?
Récupérer tout ou partie de cette énergie sous forme électrique est justement l’objectif
de la conversion photovoltaïque. Comment faire ? Tout simplement en séparant les paires
électron-trou créées et en forçant les électrons à circuler dans un circuit extérieur. Le champ
électrique très fort existant à l’interface entre les deux zones permet de faire circuler les
électrons dans le circuit extérieur et crée ainsi le photo-courant. La différence de potentiel
étant notée U et l’intensité I, la puissance est : P = UI. On obtient une cellule solaire qui
possède une caractéristique courant-tension. La puissance maximale correspond à un point
particulier de cette caractéristique appelé point de fonctionnement. Le rapport de cette puis-
sance à la puissance lumineuse incidente définit le rendement de la cellule photovoltaïque.
Les différents types de semi-conducteurs utilisés
Le silicium* monocristallin, polycristallin et même amorphe représente 85 % du marché.
Il existe des filières sans silicium, l’une fondée sur le tellurure de cadmium (CdTe), l’autre
sur des diseléniures de cuivre et d’indium (CIGS), alliages du type Cu(In, Ga)Se2.

* Le silicium (Si) est l’élément le plus abondant dans la croûte terrestre, présent notamment dans le
sable et le quartz.

1 Les technologies
photovoltaïques :
où en sommes-nous ?
ou amorphe 4 (a-Si), dont le
rendement est le plus faible.
L’intérêt du silicium amorphe
est cependant de permettre
1.1. Les différentes filières une forte absorption des pho-
tons dans le visible – cent fois
Même pour la filière sili- plus que le silicium cristal-
cium, il faut distinguer plu- lin –, ce qui permet la fabri-
sieurs types de matériaux cation de cellules à l’aide de
(Figure 4 et voir le Chapitre couches minces, de l’ordre du
de D. Lincot). Le rendement
(voir l’Encart : « Les panneaux 4. Un matériau monocristallin est
photovoltaïques, ou com- constitué d’un seul et unique cris-
ment transformer la lumière tal, par opposition avec un matériau
en électricité ») n’est pas le polycristallin, constitué d’une mul-
même pour ce type de semi- titude de petits cristaux de tailles
et d’orientations variées. Dans un
conducteur lorsqu’il est mo-
matériau amorphe, les atomes ne
nocristallin (c-Si) – où le ren- respectent aucun ordre à moyenne
dement le plus élevé peut aller et grande distance, contrairement
jusqu’à 24 % –, polycristallin aux matériaux cristallins. 113
La chimie et l’habitat

Une autre filière, encore à


l’état de la recherche et du dé-
veloppement, repose sur l’uti-
lisation de semi-conducteurs
organiques ou hybrides orga-
nique-inorganique. Quelques
récentes démonstrations exis-
tent néanmoins sur des pro-
duits commerciaux, encore à
petite échelle, qui atteignent
des rendements autour de 3 %,
tandis que le silicium cristal-
lin monte, pour certains sys-
tèmes, à plus de 20 %, et les
Figure 4 micromètre d’épaisseur, et ce systèmes couches minces sont
qui entraîne une baisse signi- quant à eux compris entre 8 et
État de l’art pour le photovoltaïque. ficative des coûts de produc- 13 % pour les produits com-
Les technologies de couches
minces sont écrites en rouge.
tion. Cela explique que malgré merciaux.
les rendements plus faibles L a technologie photovol-
qu’avec le silicium cristal- taïque concentré correspond
lin (de 6 à 7 %), cette filière à une partie émergente en-
tend à se développer dans le core très faible du silicium
contexte d’une forte demande. cristallin. La partie « semi-
La découverte récente d’au- conduc teur s III-V » des
tres formes structurales du chimistes nécessite encore
silicium entre l’amorphe et le des concentrations solaires
cristallin (polymorphe, micro- très élevées sur les cellules
cristallin μ-c Si) susceptibles semi-conductrices.
d’améliorer le rendement
des modules autour de 10 %,
constitue une autre base de 1.2. Les facteurs
développement de la filière de développement
dite « couches minces ». Les
filières sans silicium, dont 1.2.1. Les facteurs politiques
celle fondée sur le CdTe ou et économiques
les dérivés de CIGS, sont éga- Le photovoltaïque a connu
lement bien adaptées à une une croissance importante,
utilisation en couches minces. de 25 à 40 % depuis dix ans,
À coté des substrats de mais cette croissance est due
verre, les supports souples pour beaucoup à des subven-
très minces, métalliques ou tions au niveau mondial et à
plastiques, commencent à beaucoup d’incitations des
voir le jour. L’avantage de ces gouvernements de nombreux
supports est leur poids, plus pays. Il est probable que dans
faible que le verre, ainsi que l’avenir, le photovoltaïque va
leur souplesse d’utilisation devoir vivre avec des subven-
et de transport. Cependant, tions moins importantes et
ces substrats entraînent des une aide des Pouvoirs publics
contraintes supplémentaires plus limitée.
(températures limitées, défor- Par exemple en Espagne, dès
mations, propriétés barrière…) 2008, à la suite de spécula-
114 qui doivent être surmontées. tions sur le photovoltaïque,
Le soleil comme source d’énergie
le gouvernement a décidé − le coût de l’énergie photovol-
de mettre des barrières en taïque comparé au prix réseau,
baissant les aides tarifaires appelé la parité réseau (« grid
(« feeds in tarifs », FIT) de parity »), dont dépend le taux
45 % pour les fermes solaires de retour sur investissement.
et de 5 % pour les particu- Ce retour varie selon les loca-
liers. En Allemagne, on an- lisations géographiques et
nonce une baisse de 11 % des bien entendu selon les struc-
FIT en 2011. En France, non tures et technologies de coût
seulement il y a une baisse de locales. Pour raisonner au
12 % des subventions accor- niveau européen, il faut par
dées pour le rachat du cou- exemple prendre en compte le
rant d’origine photovoltaïque, fait qu’au Sud, le watt-heure
mais on annonce un moratoire (Wh) photovoltaïque est moins
sur les nouveaux projets, mis cher qu’au Nord et que l’élec-
à part ceux des particuliers tricité du réseau italien est la
inférieurs à 3 kW, et une limi- parmi les plus chères, sinon la
tation globale souhaitée aux plus chère d’Europe ; la pari-
alentours de 500 MW/an. té réseau ne sera donc pas
Par ailleurs, quelques autres obtenue à la même date en
points importants méritent Allemagne et en Italie ;
d’être notés : à la fin 2010, − l’intermittence : l’électri-
70 % de la production des cité est produite de jour et
modules de silicium cristal- l’alternance jour-nuit rend le
lin sont localisés en Asie, qui stockage nécessaire, mais à
fournit 80 % des modules ins- quel coût et avec quelle tech-
tallés en France, ce qui pèse nologie ? C’est un point impor-
pour près d’un milliard d’euros tant aujourd’hui en France :
dans le déficit commercial de quand on pose des panneaux
la France. Ainsi l’on peut dire photovoltaïques sur un bâti-
que les subventions gouverne-
ment, c’est dans 99 % des cas
mentales françaises ont servi
pour les raccorder au réseau.
à financer l’industrie chinoise.
L’électricité non utilisée est
Il faut donc imaginer des sys-
revendue à EDF et le particu-
tèmes de subvention et des
lier reçoit une somme d’argent
tarifs différents (voir aussi la
qui aujourd’hui est en moyenne
conclusion du Chapitre de J.-C.
de 0,4 € par kWh de différence
Bernier), et cela, en sachant
entre ce qu’il consomme et ce
que le potentiel de produc-
qu’il revend. Avec un tel tarif,
tion français est de l’ordre de
le retour sur investissement
500 MW et que l’on a quelques
et de dix à quinze ans, selon la
acteurs français qui tournent
région où il se trouve ;
chacun autour de 100 MW : Te-
nesol, Fonroche et Photowatt. − l’intégration aux bâti-
ments qui comporte trois
1.2.2. Les facteurs à considérer critères principaux : le poids
pour le développement relativement élevé des pan-
du photovoltaïque neaux (16 kg/m2) qu’il faut allé-
D’autres facteurs importants ger et l’étanchéité car le pan-
sont à considérer pour le neau intégré fait office de toit ;
développement du photovol- − le panneau doit respecter à
taïque : la fois les normes électriques 115
La chimie et l’habitat

A commencent à être menées


autour de la disponibilité d’un
certain nombre de métaux
stratégiques : indium, gal-
lium, tellure… Le tellure par
exemple n’est jamais pur. Si
l’on augmente sa production,
on augmente donc aussi celle
des autres métaux associés,
avec peut être, le risque de
déséquilibrer d’autres mar-
chés. L’indium est un métal
relativement rare, ce qui
augmente notre dépendance
par rapport aux pays produc-
teurs ;
B − le devenir des panneaux en
fin de vie est une thématique
de réflexion émergente : com-
ment les recycle-t-on ?
− l’intégration architectu-
rale : deux exemples sont pré-
sentés sur la Figure 5. Nous
avons vu dans l’Encart « Les
panneaux photovoltaïques,
ou comment transformer la
lumière en électricité » que
la recombinaison des excitons
génère de la chaleur, donc le
rendement du panneau dimi-
nue avec la température ; on
aura ainsi intérêt à prévoir des
systèmes de panneaux avec
circulation d’air à l’arrière
C et les normes bâtiments, ce pour les refroidir (Figure 5A).
qui n’est pas forcément facile. Un concept plus esthétique
Un projet sur ce sujet, aidé par avait été développé par une
l’Agence de l’environnement société américaine, SRS Ener-
et de la maîtrise de l’énergie gy, qui fabriquait des tuiles
(Ademe), Photobat5, s’est ter- incorporant des cellules pho-
miné fin 2010 ; tovoltaïques et s’emboîtant
− les procédés de fabrication entre elles comme des tuiles
doivent être réexaminés dans standard. Leur performance
le contexte du développement au mètre carré est cependant
Figure 5
durable car il y a émission de moindre que pour les pan-
Comment intégrer des panneaux polluants ou de gaz à effet de neaux classiques car la cel-
photovoltaïques à nos toits tout en lule ne couvre pas la totalité
serre, en particulier de CO2
assurant efficacité et esthétisme ? de la surface de la tuile. Elles
A) Système classique de panneaux dans le cas de la purification
avec possibilité de circulation d’air du silicium. Des discussions peuvent néanmoins séduire
à l’arrière pour refroidissement ; une certaine clientèle malgré
B et C) tuiles incorporant des 5. www.tenerrdis.fr/rep-projets/ leur prix élevé (Figures 5B et
116 cellules photovoltaïques. ido-117/photobat.html 5C).
Le soleil comme source d’énergie
2 Les panneaux en
silicium cristallin :
comment diminuer le coût
zone n à excès d’électrons, et
à trois électrons périphériques
pour avoir une zone p à défaut
Figure 6
Procédé de fabrication des
panneaux photovoltaïques en
pour atteindre la parité d’électrons (voir l’Encart : « Les silicium cristallin : une fabrication
réseau ? panneaux photovoltaïques, verticalement intégrée.
ou comment transformer la
2.1. Les procédés lumière en électricité ») ;
de fabrication − l’encapsulation : les cellules
Le silicium cristallin est sont ensuite assemblées sous
d’abord fondu sous forme forme de modules, incorporant
de gros lingots, lesquels un certain nombre de maté-
sont alors taillés (sciage) en riaux polymères dont le rôle
briques dans lesquelles on est de les protéger contre l’eau
découpe des plaques ou ga- et l’oxygène de l’air, de per-
lettes fines (wafer) d’environ mettre leur maintien en place
200 microns d’épaisseur. et de protéger de la corrosion
Pour fabriquer les cellules les nombreuses connexions
photovoltaïques à partir de électriques (qui sont souvent
ces galettes, on a ensuite re- en cuivre) ;
cours à différents procédés − la fabrication de la face
(Figure 6) : arrière du panneau (backs-
− le dopage par des impuretés heet) : dans la majeure partie
bien choisies : à cinq électrons des cas, elle est constituée
périphériques pour avoir une d’une couche de polymère 117
La chimie et l’habitat

2.2. Comment rendre


Verre
le photovoltaïque attractif
Encapsulant
Cellules Si et compétitif ?
Encapsulant Connecteurs
Dans le Tableau 1 figurent les
Face arrière ou backsheet
prix moyens des technologies
photovoltaïques européennes
Figure 7 fluoré blanc donc le rôle est de la filière silicium compa-
de réfléchir et de récupérer rées à celles des producteurs
Structure schématisée la les photons par l’arrière. Cette
plus classique d’un module chinois et japonais. Les tech-
photovoltaïque.
couche est anti-UV, antisalis- nologies couches minces ap-
L’ensemble est laminé à chaud sure et à haute durabilité ; paraissent les moins chères,
en plaçant successivement les − l’assemblage des modules mais du fait de leurs rende-
différentes couches à partir du en systèmes : incorporation ments moins élevés, il faudra
verre substrat puis en traitant des connectiques électriques plus de surface pour obtenir
pendant 10 à 15 minutes à
150 °C de façon à permettre
et de tous les éléments en aval la même énergie. On constate
à l’encapsulant de réticuler capables d’assurer la gestion une baisse générale des prix
chimiquement. électrique du système. sur l’année 2009 de l’ordre de
La Figure 7 représente une 30 à 40 %.
coupe complète d’un module Le coût de production du
photovoltaïque où l’on re- module européen, qui est de
trouve au centre les cellules 1,2-1,3 €/W en 2010, se dé-
au silicium et leurs connec- compose de la façon suivante
teurs protégés par les deux (Figure 8) :
couches d’encapsulant à base − les matériaux non semi-
de polymère, la face arrière
conducteurs tels que les poly-
réfléchissante et la face avant,
mères et le verre ;
en général constituée d’une
plaque de verre. Les diffé- − les matériaux semi-conduc-
rentes opérations d’assem- teurs tels que le silicium ;
blage se font par laminage6 à − les procédés mis en jeu pour
chaud pour positionner les dif- réaliser les lingots, les briques
férentes couches, en partant et les galettes, en particulier
de la plaque de verre qui sert le sciage, où le rendement est
de support et en traitant 10 à loin d’être de 100 % car il y a
15 minutes à 150 °C pour pro- beaucoup de pertes de silicium
duire la réticulation chimique7 au cours de l’opération ;
de l’encapsulant. − la fabrication de la cellule ;

6. Le laminage est un procédé de


− si l’on estime le coût de vente
fabrication par déformation plas- moyen européen à une valeur
tique de matériaux par compres- de l’ordre de 1,65 €/W en 2010,
sion continue au passage entre il faut encore y ajouter l’aval,
deux cylindres tournant dans des c’est-à-dire la structure por-
sens opposés. teuse éventuelle, la conversion
7. La réticulation chimique de
chaînes polymères correspond
électrique et l’installation. En
à la formation d’un réseau tridi- Europe, ce prix est en moyenne
mentionnel entre ces chaînes (qui de 1,5-1,8 €/W en 2010, soit un
peut se faire sous l’action de l’air total de 3,15-3,45 €/W, aux-
ou encore par chauffage), qui se quels il faut ajouter la marge
lient les unes aux autres par des des installateurs.
liaisons chimiques covalentes et
forment un gel (ou élastomère) Pour rendre le photovol-
118 où elles ne peuvent plus couler. taïque plus attractif, il faudrait
Le soleil comme source d’énergie
Tableau 1
Évolutions respectives des prix du silicium cristallin et des couches minces sur 2009. Remarque : les prix
indiqués sont ceux des modules hors installation, sur le marché international.

Prix moyen (€/W) Variation


Type de module
déc. 2009 janv.-déc. 2009
Silicium cristallin 2,05 –35 %
producteurs européens (rdt 16,5 %)
Silicium cristallin 1,62 –45 %
producteurs chinois (rdt 16,5 %)
Silicium cristallin 2,05 –35 %
producteurs japonais (rdt 16,5 %)
Couches minces Cd-Te (rdt 11 %) 1,68 –20 %
Couches minces silicium amorphe (rdt 7 %) 1,46 –34 %

arriver, en 2015, à un prix de d’un point de vue général,


vente de 1,2-1,3 €/W, soit une utiliser des matériaux moins
diminution de 30 %. Pour y coûteux sur tout le reste de
parvenir, il faudra augmenter la chaîne.
le rendement et diminuer les
coûts, ce qui implique la mise
Mais tout cela sera insuffisant si
en œuvre d’autres technolo- les coûts avals n’évoluent pas et Figure 8
gies comme : si l’on ne met pas en place une Coût de la production des
− des hétérojonctions8, relati- gestion fiable de l’électricité modules photovoltaïques en
vement compliquées technolo- produite afin d’éviter de sollici- Union européenne en 2010 :
giquement et plus sensibles ; ter trop l’électronique. 1,2-1,3 €/watt.
− l’utilisation des contacts
arrière pour récupérer tous les
électrons par l’arrière et non Coût du module €/watt Coût installé €/watt
plus par l’avant (évitant ainsi 0,15
l’ombrage des grilles sur la 0,35
face avant : voir la Figure 13) ; 0,5 0,5
− des galettes plus fines pour
diminuer la quantité de sili-
cium par watt. Aujourd’hui, les
galettes sont de 180 microns 0,55
d’épaisseur. Lorsqu’on la dimi-
nue, le matériau devient plus 0,2
0,55
cassant et les rebuts augmen- 0,45
tent ;
matériaux Strucrure
– le cuivre au lieu de l’argent trichlorosilane + silicium métallurgique Conversion
pour véhiculer le courant et, lingots et galettes Installation
cellules Divers
8. Une hétérojonction est une jonc-
1,65 €/watt 1,6 €/watt
tion formée de deux semi-conduc-
teurs différents ou d’un métal avec Somme = 3,25 €/watt
un semi-conducteur. 119
La chimie et l’habitat

réseau et diminuer le coût du


€/kWh
kWh. Pour atteindre cet objec-
1,0 900 heures par an :
tif, les chimistes et les élec-
0,60 €/kWh
0,8 troniciens devront travailler
1 800 heures par an :
pour améliorer : les protec-
0,30 €/kWh
0,6 tions, les encapsulations, les
pâtes de métallisation et toute
0,4
l’électronique du système.
0,2 La mesure du kWh est bien
plus pertinente que celle du
0,0 kW.
1990 2000 2010 2020 2030 2040

Réseau prix de gros Réseau prix de détail Photovoltaïque 2.2.1. Comment augmenter
Source : RWE Energie AG an RSS GmeH
la durée de vie des panneaux ?
Si l’on veut fabriquer des pan-
neaux photovoltaïques qui
Figure 9 Sur la Figure 9, on voit que la dureront longtemps, il faut
parité réseau varie en fonction assurer une bonne protection
La parité réseau en fonction de de l’ensoleillement donc se- des cellules : pour cela ils
l’ensoleillement (fourchettes de
prix par kWh).
lon les années et selon le lieu doivent :
À partir de 2020, la parité réseau géographique, mais le princi- − être insensibles à l’eau ;
commencera à être atteinte par pal paramètre à considérer
− avoir une bonne inertie
l’ensemble des pays européens. est le coût du kilowatt-heure
chimique ;
(kWh), dont la diminution ne
sera assurée que par une − avoir une transmittance 9
augmentation de la durée de adaptée à la réponse spectrale
vie des panneaux. Une étude des cellules ;
allemande à montré que la − être faciles à mettre en
parité réseau pourrait être at- œuvre ;
teinte en 2012 pour une durée − résister au fluage10 ;
de vie prévue des panneaux
− être bien isolés thermique-
de trente ans et en 2020 pour
ment ;
une durée de vie de vingt-cinq
ans. Si l’on pouvait concevoir − être traités ou être naturel-
des panneaux de durée de vie lement antisalissure ;
de quarante ans, la parité avec − être recyclables.
Figure 10 le réseau serait déjà atteinte Dans le cahier des charges
aujourd’hui (Figure 10). des systèmes de protection
Coût du kilowatt-heure (kWh) en
euros en fonction de la durée de Il est donc fondamental d’ac- des cellules, les encapsu-
vie du panneau photovoltaïque en croître la durée de vie des sys- lants jouent un rôle impor-
Allemagne. tèmes pour atteindre la parité tant, comme le montre la Fi-
gure 11 qui donne les courbes
de transmittance en fonction
0,30 de la longueur d’onde pour
0,20 2012 2020 Photovoltaïque :
0,20 25 ans 9. La transmittance lumineuse
30 ans
€/kWh

d’un matériau est la fraction de


0,15
40 ans l’intensité lumineuse le traversant.
0,10 Réseau 10. Le fluage est un phénomène
0,05 physique qui provoque la défor-
0,00
mation irréversible d’un matériau
2000 2010 2015 2020 2025 2030 2035 soumis à une contrainte constante
120 pendant une certaine durée.
Le soleil comme source d’énergie
trois encapsulants différents.
100
L’éthylène vinylacétate (EVA)
90
est aujourd’hui l’encapsulant
80
le plus fréquemment utilisé ;

transmittance (%)
70
il coupe à environ 350 nm le
60
rayonnement solaire, soit les
50 Encapsulant 1
ultraviolets. Certains encap- 40 Encapsulant 2
sulants (comme l’« encapsu- 30 EVA
lant 1 ») laissent en revanche 20
passer les ultraviolets, ce qui 10
n’est pas forcément un avan- 0
tage à long terme car d’une 200 300 400 500 600 700 800 900
part, il faut tenir compte du longueur d’ondes (nm)
spectre de réponse solaire
de la cellule utilisée qui est
peut être mauvais dans l’UV, Les formes de pyramides Figure 11
et d’autre part les ultraviolets que l’on voit sur la Figure 13
peuvent nuire aux structures à gauche, qui sont faites par Étude comparative de différents
types d’encapsulants pour protéger
sous-jacentes. attaque chimique, permettent
les cellules photovoltaïques. Il
de mieux capter les photons et est important que l’encapsulant
2.2.2. Comment diminuer d’augmenter le rendement de assure une transmittance optimale
le coût lié au silicium et la cellule ; pour assurer un bon rendement
à sa mise en œuvre ? tout en préservant les cellules
− en diminuant les effets de
La croissance du marché a de la dégradation par les rayons
l’ombrage : la Figure 13 montre ultraviolets (en dessous de 400 nm
incité les producteurs de sili- à droite la coupe d’une ligne de longueur d’onde).
cium à investir car les délais de métallisation en argent
pour les nouvelles capacités qui sert à récupérer les élec-
ont provoqué une pénurie en trons. Comme on le voit sur le
2007-2008. Si la croissance schéma d’une cellule en bas
photovoltaïque ne dépasse de cette figure, ces lignes font Figure 12
pas 30 %, il devrait de nou- de l’ombrage et diminuent la Les problématiques des prix liées
veau y avoir une disponibi- quantité de lumière captée. au silicium.
lité de silicium (Figure 12) ;
aujourd’hui, l’offre est su-
périeure à la demande et le 300

prix risque donc de devenir


plus « modéré », peut-être de 250
30 €/kg en 2012. Seuls les in-
dustriels avec des structures 200
Si (kilotonnes)

de coût et un savoir-faire bien


établis seront compétitifs sur 150
le long terme car les usines
en question nécessitent des 100
investissements très lourds et
une compétence avérée. 50

Comment améliorer l’effica-


cité d’un panneau en silicium ? 0
2009 2010 2011 2012 2013
Plusieurs possibilités sont en-
visageables : Capacités (kilotonnes)
Si électronique
− en texturant la surface du
Si total (si taux de croissance moyen = 15 %)
silicium de manière à dimi- Si total (si taux de croissance moyen = 30 %)
nuer la réflexion de la lumière. 121
La chimie et l’habitat

Figure 13 L’idée est donc, soit de récu- la courbe bleue représente la


pérer la totalité des électrons diminution de la résistance et
Pour augmenter le rendement par l’arrière, moyennant dif- la courbe violette l’augmenta-
des cellules photovoltaïques
férentes techniques à mettre tion de l’ombrage. On voit bien
en silicium, on peut travailler
sur la texturation de la partie au point, soit de diminuer la qu’il y a un optimum pour une
silicium (image au microscope) : largeur de ces lignes mais certaine largeur des lignes de
c’est une question de chimie ! On avec l’inconvénient dans ce cas métallisation.
peut aussi trouver un compromis d’augmenter la résistance. Sur
entre ombrage et résistance pour la Figure 14 est représentée la 2.2.3. Le recyclage
les lignes de métallisation. perte de rendement en fonc- des panneaux
tion de la largeur des lignes de La recyclabilité des panneaux
métallisation (courbe verte) ; photovoltaïques sera aussi

3,5

3,0

2,5

2,0 Résistance
perte (%)

Ombrage
1,5 Total
1,0
Figure 14
0,5
Compromis ombrage-résistance.
0,0
On a au moins 1,4 % à regagner
0 50 100 150 200 250
par la disparition des contacts en
largeur des lignes de métallisation (microns)
122 face avant.
Le soleil comme source d’énergie
Figure 15
Face à l’absence de règlementation
spécifique pour le recyclage
des panneaux, l’association
européenne PV cycle11 a été
créée en 2007, regroupant plus
de trente producteurs européens
de panneaux photovoltaïques qui
s’engagent à collecter et recycler
les panneaux usagés installés en
Europe.

déterminante pour la dura- européens et un projet FUI


bilité de cette technologie. À (Fonds unique interministé-
l’heure actuelle, ce sujet est riel), dont Arkema fait partie,
loin d’être mûr, et les traite- ont été lancés pour résoudre
ments sont pour l’instant très les problèmes de recyclage
rustiques car il n’existe pas dans les différentes filières
de réglementation spécifique. photovoltaïques, avec les pré-
Sur la Figure 15 sont résu- occupations de :
mées les méthodes utilisées − simplifier les procédés ;
par les différents fabricants.
− diminuer l’énergie grise
Les parties cadre métallique,
(celle utilisée pour la produc-
cuivre et semi-conductrice
tion, la fabrication, l’utilisation
sont récupérées, mais on ne
et le recyclage des matériaux) ;
sait en revanche que faire des
polymères, qui sont générale- − diminuer les rejets liquides ;
ment brûlés. − recycler au mieux le sili-
Il reste donc un très gros cium, le verre, les plastiques,
effort à faire pour rendre le l’argent et le cuivre.
photovoltaïque plus accep- Des PME et des start-up fran-
table d’un point de vue en- çaises se positionnent actuel-
vironnemental. Deux projet lement sur le sujet.

Le photovoltaïque au silicium
et demain ?
Si l’on se pose la question de l’avenir du photo-
voltaïque dans le cadre de la filière silicium, il
est clair que pour le consommateur, la durée
de vie est actuellement le problème le plus
important à prendre en compte, dans la mesure
où elle est actuellement donnée pour vingt ans
(période pendant laquelle la perte d’efficacité 11. www.pvcycle.org 123
La chimie et l’habitat

est inférieure à 20 %), alors que le retour sur


investissement est de dix à quinze ans. De plus,
il faut prendre conscience que les problèmes
de stockage de l’électricité produite doivent
être résolus à un coût acceptable, du fait du
caractère intermittent de cette énergie.
Si l’on veut diminuer les dépenses d’éner-
gie liées à l’habitat, actuellement l’attitude la
plus responsable et la plus pertinente est de
travailler d’abord sur l’isolation du bâtiment
(voir notamment les Chapitres de J.-C. Bernier,
D. Quénard, J. Ruchmann et J. Souvestre).
Quand les bâtiments sont proches de l’énergie
positive, l’équipement photovoltaïque devient
alors pertinent. Par ailleurs, il est impératif de
résoudre les problèmes de cycles de vie qui ont
été jusqu’à présent très négligés.
Les nouvelles technologies couches minces ou
les systèmes organiques en cours de recherche,
et pour certaines en cours de développement
(voir le Chapitre de D. Lincot), vont certaine-
ment résoudre beaucoup de problèmes dans la
mesure où le retour sur investissement pour-
rait être diminué jusqu’à trois ans et même
pour les derniers à une année.
La France a démarré depuis longtemps dans le
photovoltaïque mais n’a pas donné les efforts
suffisants, du fait de la place de l’énergie
nucléaire dans le mix énergétique, jusqu’à il
y a environ six à sept ans (en comparaison à
l’Allemagne qui y travaille intensément depuis
vingt ans) ; elle tient maintenant sa place au
niveau de l’Europe. La Chine, qui a démarré
tard, s’est très rapidement développée dans
ce domaine avec une production bien implan-
tée, moyennant de très gros investissements,
dont la plus grosse partie de la production est
actuellement exportée, tandis que l’Inde est en
plein développement.

124
Le soleil comme source d’énergie
En résumé : augmenter le rendement, dimi-
nuer le coût de fabrication, stocker l’éner-
gie, augmenter la duré de vie des cellules et
résoudre les problèmes de recyclage, avec
en plus de cela l’intégration esthétique, sont
certainement les problèmes sur lesquels les
chercheurs, les architectes et les industriels
doivent continuer à travailler.

125
La chimie et l’habitat

Crédits
photographiques
Fig. 5 : srsenergy. s y stems in Ger many using
Fig. 6 : Photowatt. experience curves, Bhandari R.
(2009). Solar Energy, 83 : 1634.
Tableau 1 : source : Snapshot
Fig. 12 : source : Snapshot of spot
of spot market for PV modules-
market for PV modules- quaterly
quaterly repor t Q4 2009, PV
report Q4 (2009). PV Xchange,
Xchange, Photovoltaic s, 1st Photovoltaics, 1st Quarter 2010,
Quarter 2010, p. 345. p. 345.
Fig. 9 : source : d’après RWE Fig. 13 : images microscope :
Energy. Grenoble INP/CMTC.
Fig. 10 : source : Grid parity
analysis of solar photovoltaic

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