Vous êtes sur la page 1sur 43

Hématologie

SOMMAIRE

PARTIE 1 PARTIE 3
MODULE 8
ITEM 291 Adénopathie superficielle ............... 408
ITEM 126 Immunoglobuline monoclonale .... 391 ITEM 297 Anémie .................................................. 409
ITEM 311 Éosinophilie ......................................... 417
PARTIE 1
MODULE 10 ITEM 316 Hémogramme ..................................... 419
ITEM 332 Splénomégalie .................................... 423
ITEM 143 Agranulocytose
médicamenteuse ................................................... 394 ITEM 334 Syndrome mononucléosique.......... 424
ITEM 161 Dysmyélopoïèse ................................. 396 ITEM 335 Thrombopénie .................................... 426
ITEM 162 Leucémies aiguës ............................... 398 ITEM 339 Troubles de l’hémostase
et de la coagulation............................................. 428
ITEM 163 Leucémie lymphoïde chronique .... 399
ITEM 164 Lymphomes malins............................ 400
ITEM 165 Maladie de Vaquez ........................... 403
ITEM 166 Myélome multiple des os................ 405
391

H É M AT O L O G I E
PARTIE 1
MODULE 8
ITEM 126
IMMUNOPATHOLOGIE
Immunoglobuline monoclonale
– RÉACTION
INFLAMMATOIRE
Objectif Diagnostic

DÉFINITION ORIENTATION ÉTIOLOGIQUE


Ig (ou « gammapathie ») monoclonale :
X AC sécrété par un clone unique lymphoïde B ; QUI NE PAS EXPLORER ?
X détectable par immunoélectrophorèse des protéi- X Âge ≥ 70 ans, asymptomatique, pic < 5 g, NFS,
nes sériques (IEPS). créatinine et calcémie normales : surveillance à
6 mois.
ÉPIDÉMIOLOGIE X Sujets ayant une antériorité de pic identique
de plus d’un an : surveillance semestrielle puis
X Prévalence élevée, augmentant avec l’âge.
annuelle si stable.
X 1 % après 60 ans, 10 % après 80 ans.
X Sujets en état contre-indiquant une prise en
X Ig monoclonale de signification indéterminée >>
charge spécifique.
myélome > LNH > LLC, Waldenström…
X Classes : IgG >> IgM > IgA >> IgD > IgE. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
X Biologie :
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE ƒ NFS : cytopénie(s), hyperlymphocytose ?
X Électrophorèse des protides sériques (EPS) fortuite. ƒ créatinine, calcémie, biochimie hépatique ;
X ↑ VS, protides, Ca, créatinine. ƒ dosage pondéral des IgG, IgA et IgM ;
X Douleurs ou lésions osseuses. ƒ IFPU (immunofixation des protéines urinaires) :
X Complications : amylose, hyperviscosité, neuro- recherche de chaînes légères (dite « protéinurie de
pathie… Bence-Jones ») ;
ƒ myélogramme : recherche d’infiltration par des
plasmocytes (myélome) ou des lymphoplasmo-
DIAGNOSTIC cytes (maladie de Waldenström).
X EPS : suspicion d’Ig monoclonale, devant un pic X Imagerie :
étroit, habituellement en γ-globuline, plus rare- ƒ radio de thorax : adénopathies ?
ment en β ou en α2 (IgA et IgM), à confirmer par ƒ radios du squelette : si Ig non M, recherche de
IEPS ou immunofixation. lésions lytiques du crâne, rachis, bassin, côtes,
X IEPS : fémurs ou humérus ;
ƒ diagnostic positif d’Ig monoclonale ; ƒ échographie abdominale : si IgM, recherche de
ƒ par identification d’une seule chaîne lourde et splénomégalie ou d’adénopathies.
une seule chaîne légère au niveau du pic ;
ƒ détermination de la classe de l’Ig. IG MONOCLONALE NON IGM :
MYÉLOME ?
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Recherche des critères diagnostiques de myélome
X Hypergammaglobulinémie polyclonale avec : examens ci-dessus. ]ITEM 166\
aspect de pic : distinction faite à l’IEPS.
IGM MONOCLONALE :
X Hypertransferrinémie (carence martiale) : petit
pic en β1, vérifier la normalité de la transferrine MALADIE DE WALDENSTRÖM ?
avant de faire une IEPS. X Maladie de Waldenström = LNH lymphoplasmo-
X Hyperhaptoglobinémie (d’origine inflammatoire) : cytaire.
petit pic en α2. X Diagnostic par l’association :
ƒ IgM monoclonale > 5 g/L ;
ƒ lymphoplasmocytose médullaire au myélogramme ;
CLINIQUE
ƒ adénopathies voire splénomégalie à la radio de
Recherche d’arguments pour : thorax et l’échographie abdominale.
X myélome : douleurs osseuses, signes d’hypercalcé- X Diagnostics différentiels : autres lymphomes, LLC,
mie ; très rare myélome à IgM.
X autres hémopathies lymphoïdes : adénopathies,
splénomégalie ;
X virose, hépatopathie ;
X complication de l’Ig monoclonale (cf. ci-après).
PARTIE 1
392 MODULE 8 ITEM 126

IMMUNOPATHOLOGIE – RÉACTION INFLAMMATOIRE

ƒ type II : Ig polyclonales + composant monoclonale


H É M AT O L O G I E

AUTRES CAUSES
X Autres hémopathies (surtout lymphoïdes) : dépis- secondaire à des proliférations lymphoïdes, des
tées par les examens développés ci-avant. infections subaiguës ou chroniques (VHC > VHB,
X Infections subaiguës ou chroniques : VIH, VHB, EBV, Osler) ou des maladies auto-immunes (LES,
VHC, CMV, EBV… Sjögren, PR, polymyosite) ;
X Déficits immunitaires. ƒ (type III : uniquement Ig polyclonales [donc hors
X Connectivites : PR, LES, Gougerot-Sjögren. sujet ici, liées à des infections ou des maladies
X Hépatopathies chroniques, cirrhoses. auto-immunes]).
X Tumeurs solides. X Principales manifestations :
ƒ cutanées : urticaire au froid, Raynaud, purpura,
IG MONOCLONALE ulcères, livedo ;
DE SIGNIFICATION INDÉTERMINÉE ƒ neurologiques : neuropathies périphériques ;
X Traduction de « Monoclonal Gammapathy of ƒ rénales : glomérulonéphrite membranoproliférative ;
Unknown Significance » (MGUS) préférable à ƒ articulaires : arthralgies.
« Ig monoclonale bénigne », vu le risque de 1 % X Biologiquement : VS basse à 20 °C, hypo-
par an de développer une hémopathie lymphoïde complémentémie, facteur rhumatoïde +, fausse
ou une amylose. hypogammaglobulinémie.
X Meilleur critère de MGUS : stabilité du pic. X Diagnostic : recherche de cryoglobulinémie.
X Diagnostic d’élimination, avec notamment : AMYLOSE AL
ƒ taux faible (IgG < 20 g/L, IgA < 10 g/L, IgM : non
Infiltration de tissus par une substance protéique
fixé) ;
comprenant une chaîne légère d’Ig, d’où « AL » pour
ƒ plasmocytose médullaire < 10 % sans dystrophie ;
Amyloid Light Chain.
ƒ taux normal des autres immunoglobulines ;
X Diagnostic : sur biopsie d’organe atteint ou
ƒ absence de chaînes légères urinaires (ou taux
accessible et fréquemment touché : glande sali-
< 300 mg/24 h) ;
vaire accessoire, rectum (coloration au rouge
ƒ calcémie, créatinine et Hb normales ;
Congo puis immunohistochimie).
ƒ absence de lésion osseuse.
X Diagnostic différentiel : fait histologiquement
X Surveillance : à 3 mois puis semestrielle voire
avec les principales autres amyloses :
annuelle clinique et biologique (EPS, NFS, Ca,
ƒ AA (inflammatoire) ;
créatinine, pas IEPS).
ƒ à transthyrétine (familiale ou sénile) ;
ƒ à β2-microglobuline (dialysés).
COMPLICATIONS X Examens complémentaires : recherche d’une Ig
Pouvant concerner les Ig monoclonales de signifi- monoclonale et de sa cause.
cation indéterminée (donc éviter la dénomination X Manifestations :
« immunoglobuline monoclonale bénigne »). ƒ cardiopathie : 1re cause de mortalité des amyloses
AL. Myocardiopathie restrictive avec insuffisance
SYNDROME D’HYPERVISCOSITÉ cardiaque, troubles du rythme ou de la conduction
X Plus avec les IgM qu’avec les autres classes. et angor à coronarographie normale. ECG : micro-
X Céphalées, vertiges, acouphènes, phosphè- voltage ± pseudonécrose. Échocardiographie :
nes, baisse d’acuité visuelle, voire troubles de la hypertrophie concentrique à prédominance sep-
conscience, AVC. tale hyperéchogène ;
X FO : possibles œdème ou hémorragies rétinien- ƒ polyneuropathie : sensitive, hypotension orthosta-
nes. tique ;
ƒ néphropathie : protéinurie, insuffisance rénale ;
MALADIE DES AGGLUTININES FROIDES ƒ atteinte digestive : macroglossie, xérostomie, diar-
Ig anti-I agglutinant les hématies au froid sur le frot- rhée, constipation, hémorragies, hépatomégalie ;
tis ou in vivo, favorisant l’hémolyse. Possibles ané- ƒ atteinte cutanée : ecchymoses spontanées…
mie, Raynaud. ƒ syndrome du canal carpien et atteinte ostéoarti-
culaire.
NEUROPATHIES PÉRIPHERIQUES
X Souvent liées à une activité anti-MAG (Myelin-
MALADIE DES DÉPÔTS D’IG
Associated Glycoprotein) ou à l’amylose. X Dépôts tissulaires non amyloïdes de chaînes légè-
X Symétriques à prédominance sensitive, peu dou- res ou de chaînes lourdes d’Ig souvent associés à
loureuses. un myélome.
X Manifestations : néphropathies tubulaires
CRYOGLOBULINES DE TYPES I ET II (Fanconi) ou glomérulaires, cardiomyopathie, neu-
X Ig précipitant au froid : ropathie périphérique, hépatomégalie.
ƒ type I : monoclonal, secondaire à des proliféra- X Diagnostic : histologique en immunofluores-
tions lymphoïdes (myélome, lymphome) ; cence.
PARTIE 1
MODULE 8 ITEM 126 393

IMMUNOGLOBULINE MONOCLONALE

H É M AT O L O G I E
SYNDROMES ASSOCIÉS SYNDROME DE FUITE CAPILLAIRE
AUX IMMUNOGLOBULINES X Collapsus avec anasarque sans œdème pulmonaire.
MONOCLONALES X Hypoprotidémie avec hypoalbuminémie.
X Élévation de l’Hte.
SYNDROME POEMS X Ig monoclonale trouvée dans 90 % des cas.
Acronyme anglais désignant l’association : SYNDROME DE SCHNITZLER
X Polyneuropathy (constante) ; X Lésions urticariennes douloureuses peu prurigi-
X Organomegaly (foie et/ou rate) ; neuses.
X Endocrinopathy (diabète, hypogonadisme…) ; X IgM monoclonale.
X Monoclonal Ig ; X Lésions osseuses condensantes et douloureuses.
X Skin Change (modifications cutanées : hyperpig-
mentation, hypertrichose, Raynaud…).
Rechercher plasmocytome ou myélome.
394
H É M AT O L O G I E

PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 143
CANCÉROLOGIE
Agranulocytose médicamenteuse
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectifs Diagnostic, prise en charge de l’urgence

DIAGNOSTIC X Neutropénie d’origine infectieuse : contexte, myé-


lémie fréquente.
DIAGNOSTIC POSITIF X Neutropénie ethnique (race noire) : > 500/mm3.
X NFS : X Neutropénie constitutionnelle : enfants.
ƒ PNN < 100/mm3 (mais même attitude si PNN X Syndrome de Felty : contexte de PR, splénomé-
< 500) ; galie.
ƒ autres lignées = normales (en fait possible throm- X LES : femme jeune, manifestations cutanéo-
bopénie minime si immunoallergique, anémie si articulaires…
cause toxique). X Hypersplénisme : contexte, thrombopénie habi-
X Myélogramme : tuelle.
ƒ soit aplasie granuleuse (durée attendue > 10 jours) ;
ƒ soit début de régénération granuleuse avec aspect
blocage de maturation au niveau des promyélocy- CONDUITE À TENIR
tes (nombreux), sans cellule plus différenciée de
ENQUÊTE ÉTIOLOGIQUE
la lignée granuleuse (durée attendue : quelques
jours) ; Chimiothérapie anticancéreuse ? Sinon :
ƒ autres lignées : normales, possible plasmocytose X établissement de la liste des médicaments pris
réactionnelle. dans les dernières semaines ;
X arrêt immédiat de tout médicament non indispen-
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE sable et remplacement d’un médicament indis-
X Cause médicamenteuse : pensable mais suspect par un autre, non connu
ƒ prises médicamenteuses compatibles ; pour son risque d’agranulocytose ;
ƒ régression à l’arrêt du médicament (habituelle- X signalement à la pharmacovigilance.
ment en 7 à 15 jours) ;
ÉVALUATION DE LA GRAVITÉ
ƒ absence d’autre cause au myélogramme.
X Principaux médicaments en cause : X Syndrome infectieux : fièvre, frissons, état de
ƒ mécanisme immunoallergique (indépendant de la choc.
dose, installation brutale) : X Foyer infectieux, rarement patent : angine
x antalgiques : noramidopyrine, amidopyrine, ulcéro-nécrotique, pneumopathie, cellulite péri-
x anti-inflammatoires : phénylbutazone, aspirine, néale, infection urinaire.
x anticonvulsivants : phénytoïne, primidone, phé- X Radio de thorax : ne devant pas retarder la prise
nobarbital, carbamazépine, en charge (habituellement normale).
x médicaments cardiovasculaires : disopyramide, NB : absence de polynucléaires limitant la sympto-
propranolol, quinidine, captopril, ticlopidine, matologie pyogène.
x antibiotiques : pénicillines, céphalosporines, sul-
TRAITEMENT ]ITEM 81\
famides ;
ƒ mécanisme toxique (toxicité dose-dépendante, X Hospitalisation urgente.
installation progressive) : X Isolement protecteur.
x antithyroïdiens de synthèse : carbimazole, propyl- X Arrêt des médicaments non vitaux.
thiouracile, X Facteur de croissance granulocytaire (GCSF :
x anti-inflammatoires : phénylbutazone, ibuprofène, Neupogen, Granocyte) : en fonction du contexte
indométacine, (cause, durée, surinfection…).
x anti-infectieux : macrolides, sulfamides, zidovu- X Si fièvre ou foyer infectieux patent :
dine, pyriméthamine, ƒ prélèvements bactériologiques sur 3 h, avant
x D-pénicillamine, sels d’or, phénothiazine, antibiothérapie, mais ne devant pas la retarder :
x chimiothérapie anticancéreuse : contexte connu, 3 hémocultures, ECBU, prélèvement de gorge,
cytopénies généralement associées. coproculture si diarrhée ;
ƒ antibiothérapie :
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS x débutée en urgence dès prélèvements faits,
X LA (contre : autres lignées normales, peu de blas- sans attendre les résultats auxquels elle sera
tes). adaptée,
PARTIE 1
MODULE 10 ITEM 143 395

AGRANULOCYTOSE MÉDICAMENTEUSE

x classiquement bactéricide parentérale à large X En cas de chimiothérapie anticancéreuse à

H É M AT O L O G I E
spectre (double et synergique), risque élevé de neutropénie : facteur de crois-
x orientée de façon probabiliste par un éventuel sance granulocytaire débuté entre 1 et 6 jours
point d’appel infectieux. après le dernier jour de chimiothérapie et pendant
5 à 7 jours ou jusqu’à sortie d’aplasie.

PRÉVENTION PRÉVENTION SECONDAIRE


X Arrêt définitif du médicament incriminé :
PRÉVENTION PRIMAIRE sauf chimiothérapie anticancéreuse.
X Éviter les médicaments les plus fréquemment X En cas de nouvelle cure de chimiothérapie
en cause : noramidopyrine, phénylbutazone, anti- anticancéreuse ayant déjà entraîné une neu-
thyroïdiens de synthèse. tropénie fébrile :
X En cas d’utilisation nécessaire : NFS régulière ƒ facteur de croissance granulocytaire ;
(exemple : sous antithyroïdien, NFS hebdomadaire ƒ ± adaptation des doses de chimiothérapie en
pendant 3 mois puis mensuelle). fonction du terrain.
396
H É M AT O L O G I E

PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 161
CANCÉROLOGIE
Dysmyélopoïèse
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

GÉNÉRALITES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES


Définition : dysmyélopoïèse = myélodysplasie : X NFS :
troubles de la maturation de(s) lignée(s) myéloïde(s), ƒ anémie (> 80 %) macro- ou normocytaire normo-
clonaux ou non. chrome arégénérative ;
X Dysmyélopoïèses non clonales, non détaillées ƒ neutropénie : 50 % ;
ici : ƒ thrombopénie : 30 % ;
ƒ carence en folate ou B12 ; ]ITEM 297\ ƒ parfois :
ƒ infection à VIH, à Parvovirus B19 ; x macrocytose isolée,
ƒ toxicité de l’alcool, de l’arsenic, du plomb. x leuconeutropénie isolée,
X Dysmyélopoïèses clonales, développées ci- x thrombopénie isolée,
dessous : x polynucléose neutrophile.
ƒ maladies clonales par mutation d’une cellule sou- X Frottis sanguin : anomalies cytologiques, quanti-
che myéloïde ou totipotente ; fication des blastes.
ƒ avec dysplasie médullaire puis cytopénie(s) péri- X Myélogramme = diagnostic positif :
phérique(s) ; ƒ moelle habituellement riche, mais parfois pauvre ;
ƒ à risque d’évolution vers une LA myéloblastique ƒ étude cytologique ;
(25 %). ƒ nombre de blastes ;
ƒ nombre de sidéroblastes en couronne (coloration
de Perls) ;
ÉPIDÉMIOLOGIE
ƒ caryotype médullaire : anomalies cytogénétiques
X Âge médian : 70 ans (80 % > 60 ans). = 50 %, surtout en cas de forme secondaire.
X Fréquence augmentant avec : X Ferritine : stock martial en vue de polytransfu-
ƒ vieillissement de la population ; sion.
ƒ usage des radiothérapies et chimiothérapies. X Folates, B12 : si mégaloblastose.
X Formes primitives ou secondaires (10 %) à : X Bilan prétransfusionnel.
ƒ radiothérapie, chimiothérapie, benzène, isonia- X EPO : préthérapeutique.
zide, chloramphénicol ;
ƒ cytopénies constitutionnelles (Fanconi…) ;
ƒ trisomie 21 ; CLASSIFICATIONS
ƒ aplasie médullaire primitive, autogreffe de cellules
souches hématopoïétiques. COMPARAISON
DE LA CLASSIFICATION OMS
À CELLE DE LA FAB
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE
X Disparition de l’« AREB en transformation » :
X Anémie : révélatrice dans 90 % des cas. blastes ≥ 20 % = LA.
X NFS fortuite. X Intégration de la LMMC au groupe des syndromes
X Conséquences de(s) cytopénie(s) : myéloprolifératifs.
ƒ pâleur, asthénie, dyspnée, angor ; X Création de 2 nouveaux groupes :
ƒ hémorragies ; ƒ syndromes myélodysplasiques non classables ;
ƒ infections, fièvre inexpliquée. ƒ syndrome myélodysplasique avec anomalie isolée
X Surveillance : si facteur de risque. 5q- (syndrome 5 q-).
X Bilan d’hémochromatose.
FACTEURS PRONOSTIQUES
EXAMEN CLINIQUE IPSS = International Prognostic Scoring System :
X pourcentage de blastes médullaires ;
X État général.
X nombre de cytopénies ;
X Retentissement de cytopénie (cf. ci-dessus).
X caryotype.
X Recherche d’organomégalie (évocatrice de LA
ou de LMMC).
PARTIE 1
MODULE 10 ITEM 161 397

DYSMYÉLOPOÏÈSE

H É M AT O L O G I E
Classification OMS : tendant à remplacer celle de la FAB (= franco-américano-britannique).
Sang5 Moelle
Sigles Dénominations
cytopénie(s) blastes blastes sidéroblastes1 dysplasie2
AR Anémie réfractaire Anémie ≈0 < 5% < 15 % ≥1
ARS AR sidéroblastique Anémie3 0 < 5% ≥ 15 % ≥1
ARSDM ARS avec dysplasie multilignée4 ≥ anémie ≈0 < 5% > 15 % ≥2
AREB-1 AR avec excès de blastes 1 ≥ anémie < 5% 5-9 % ≥1
AREB-2 AR avec excès de blastes 2 ≥ anémie 5-19 % 10-19 % ≥1
CRDM Cytopénie réfractaire avec Cytopénies ≈0 < 5% < 15 % ≥2
dysplasie multilignée
SMDNC SMD non classables Cytopénies ≈0 < 5% < 15 % 1
SMD del 5q SMD avec délétion isolée de 5q Anémie3 < 5% < 5% < 15 % ≥1
SMD : syndromes myélodysplasiques.
1. En couronne.
2. Nombre de lignées dysplasiques.
3. Plaquettes N ou ↑.
4. Granuleuse ou mégacaryocytaire.
5. Sang : monocytes < 100.
398
H É M AT O L O G I E

PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 162
CANCÉROLOGIE
Leucémies aiguës
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

DÉFINITION ƒ cytochimie :
Proliférations clonales médullaires de cellules héma- x myéloblastes : myéloperoxydase +, corps d’Auer +,
topoïétiques immatures : x lymphoblastes : myéloperoxydase –, corps d’Auer – ;
X myéloblastes (leucémies aiguës myéloblastiques : ƒ immunophénotypage : systématique pour préci-
LAM) ; sion du type ;
X lymphoblastes (leucémies aiguës lymphoblastiques : ƒ caryotype, cytogénétique et biologie moléculaire :
LAL). intérêt pronostique et thérapeutique.
X Autres examens biologiques :
ƒ TP, TCA, fibrinogène, complexes solubles : CIVD ?
ÉPIDÉMIOLOGIE (LAM3 surtout) ;
X Prédominance suivant l’âge : ƒ LDH, ionogramme sanguin, urée, créatinine, bio-
ƒ LAL chez l’enfant (pic : 4 ans) ; chimie hépatique, uricémie ;
ƒ LAM chez l’adulte. ƒ ponction lombaire : envahissement méningé ?
X Facteurs de risque : ƒ bilan bactériologique : hémocultures, ECBU,
ƒ LAL : LMC ; coproculture, prélèvement de gorge ;
ƒ LAM : ƒ bilan prétransfusionnel : groupe Rh, RAI.
x syndromes myéloprolifératifs chroniques (LMC, X Examens iconographiques :
LMMC, Vaquez, thrombocytémie essentielle, ƒ radio de thorax : adénopathies, leucostase, foyer
myélofibrose primitive), infectieux ?
x myélodysplasie, ƒ échographie abdominale : adénopathies, spléno-
x aplasie médullaire, mégalie ?
x radiothérapie, ƒ ECG, échocardiographie : préthérapeutiques.
x chimiothérapie,
x benzène. CLASSIFICATION

CLINIQUE Code Nature Particularités


X Insuffisance médullaire : LAM 0 Très peu différenciée
ƒ syndrome anémique ; ]ITEM 297\
LAM 1 Sans Insuffisance médullaire mais
ƒ hémorragies cutanéomuqueuses par thrombopé- maturation peu de syndrome tumoral
nie ou thrombopathie ± CIVD ; granuleuse
ƒ syndrome infectieux sur neutropénie. LAM 2 Avec Splénomégalie
X Syndrome tumoral : LAM 3 Promyélocytaire CIVD
ƒ adénopathies, splénomégalie, hépatomégalie ;
ƒ méningite ou névrite blastique ; LAM 4 Myélomonocytaire Leucostase et syndrome
ƒ plutôt dans les LAM : gingivite hypertrophique, LAM 5 Monoblastique tumoral fréquents
leucostase pulmonaire ou encéphalique ;
LAM 6 Érythroblastique
ƒ plutôt dans les LAL : atteinte gonadique.
LAM 7 Mégacaryocytaire Myélofibrose
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES LAL1 Petits lymphoblastes Plutôt enfant
X NFS avec frottis sanguin : cytopénie(s) + blas- LAL2 Grands lymphoblastes Plutôt adulte
tose (myéloblastes ou lymphoblastes).
LAL3 Type Burkitt
X Myélogramme :
ƒ diagnostic positif : blastose ≥ 20 % (OMS)1 ; NB : il existe une nouvelle classification OMS, plus complexe mais plus
fine tenant aussi compte des translocations, de myélodysplasie associée
et du caractère primitif ou induit des LA.

1. Blastose médullaire permettant le diagnostic : anciennement


≥ 30 % pour la FAB (classification franco-américano-britannique.
399

H É M AT O L O G I E
PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 163
CANCÉROLOGIE
Leucémie lymphoïde chronique
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

DÉFINITION X Imagerie :
Hémopathie maligne de lymphocytes matures habi- ƒ radio de thorax ;
tuellement B (95 %). ƒ échographie abdominale.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ÉPIDÉMIOLOGIE
X Lymphocytoses B polyclonales :
X Principale hémopathie du sujet âgé.
ƒ infectieuses (transitoires) : coqueluche, viroses,
X Âge moyen de découverte : 65 ans.
syndrome mononucléasique ; ]ITEM 334\
X ɉ > Ɋ.
ƒ des femmes tabagiques.
X Hémopathies lymphoïdes ]ITEM 164\, distin-
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE guées par immunophénotypage :
X NFS fortuite. ƒ leucémie à tricholeucocytes ;
X Polyadénopathie. ƒ leucémie à prolymphocytes B ;
X Complications : ƒ lymphome splénique à lymphocytes villeux ;
ƒ infections : principale cause de mortalité ; ƒ lymphome folliculaire ou du manteau leucémique ;
ƒ cytopénies centrales ou immunologiques… ƒ maladie de Waldenström ;
ƒ transformation : ƒ syndrome de Sézary.
x leucémie à prolymphocytes,
x lymphome (richtérisation), CLASSIFICATIONS PRONOSTIQUES
ƒ cancers épithéliaux : cutanés, coliques, pulmonai-
res. CLASSIFICATION DE BINET
X Stade A : ≤ 2 aires ganglionnaires atteintes1.
EXAMEN CLINIQUE X Stade B : ≥ 3 aires ganglionnaires1.
X État général. X Stade C : anémie < 10 g/dL ou thrombopénie
X Polyadénopathies : bilatérales, indolores, non < 100 000, quel que soit le nombre d’aires gan-
compressives. glionnaires atteintes.
X ± Splénomégalie, hépatomégalie : parfois. FACTEURS PRONOSTIQUES
X Favorables :
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ƒ Stade A de Binet ;
X NFS avec frottis sanguin : ƒ absence de « signes de prolifération » :
ƒ lymphocytes > 4 000, cytologiquement normaux ; x temps de doublement de la lymphocytose
ƒ parfois cytopénie. > 12 mois,
X Immunophénotypage lymphocytaire sanguin x thymidine kinase basse ;
= diagnostic positif. Le plus souvent : ƒ CD38–, ZAP70–, absence d’anomalies cytogénéti-
ƒ CD19+, CD20+, CD23+, CD5+, FMC7– ; ques ou délétion isolée de 13q ;
ƒ IgM de surface monotypique peu exprimée. ƒ mutations somatiques ou des gènes VH des Ig.
X Autres examens biologiques : X Péjoratifs :
ƒ recherche d’hémolyse : réticulocytes, haptoglo- ƒ stades B et C de Binet ;
bine, bilirubine ± test de Coombs ; ƒ « signes de prolifération » ;
ƒ bilan pronostique : caryotype, β2-microglobuline, ƒ CD38+, ZAP70+, anomalies cytogénétiques ;
LDH, ± thymidine kinase ; ƒ absence de mutation somatique.
ƒ EPS : ↓γglobulines, ± pic étroit (faire alors IEPS) ;
ƒ (NB : myélogramme = sans intérêt.) 1. Cinq « aires ganglionnaires » considérées : cervicale, axillaire,
inguinale, foie et rate (atteinte bilatérale comptant pour 1 aire).
400
H É M AT O L O G I E

PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 164
CANCÉROLOGIE
Lymphomes malins
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

Groupe hétérogène de proliférations lymphoïdes EXAMENS COMPLÉMENTAIRES


malignes, composé de 2 sous-groupes :
X maladie de Hodgkin (MDH) ; DIAGNOSTIC POSITIF
X lymphomes non hodgkiniens (LNH). X Biopsie ganglionnaire : pour diagnostic posi-
tif et précision de la forme (cf. classification) :
ƒ composantes cellulaires :
x cellules de Sternberg : cellules géantes malignes,
Maladie de Hodgkin d’origine lymphocytaire B, représentant une très
faible partie des ganglions atteints ;
x réaction tissulaire : non tumorale, entourant les
Prolifération généralement ganglionnaire de cellu-
cellules de Sternberg (lymphocytes, fibroblas-
les géantes (de Sternberg) d’origine habituellement
tes, histiocytes, PNE et PNN) parfois granuloma-
lymphoïde B, souvent peu nombreuses mais déclen-
teuse ;
chant différentes réactions cellulaires permettant de
ƒ immunophénotypage :
définir plusieurs types histologiques.
x forme classique : CD15+, CD20–, CD30+,
CD45– ;
ÉPIDÉMIOLOGIE x forme à prédominance lymphocytaire : l’inverse.
X 15 % des lymphomes.
BILAN D’EXTENSION
X Âge médian : 30 ans mais 2 pics (25 et 70 ans).
X ɉ > Ɋ. X Biopsie ostéomédullaire : systématique.
X Facteurs de risque : X ± Ponction biopsie hépatique : si atteinte radio-
ƒ VIH, EBV ; logique ou biologique sans autre lésion biopsiable
ƒ prédisposition familiale. (ni adénopathie accessible, ni lésion à la biopsie
médullaire).
X Radio de thorax : index médiastinothoracique.
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE X Scanner thoraco-abdomino-pelvien : adénopa-
X Adénopathie(s) superficielle(s). thies, plèvre, poumons, péricarde, rate, foie…
X Adénopathies médiastinales sur radio. X PET-scan : si possible pour évaluation initiale et
X Fièvre prolongée, amaigrissement, sueurs noctur- surtout post chimiothérapie mais sans retarder la
nes. prise en charge.
X Rarement : prurit, douleurs à l’ingestion d’alcool. X Examen ORL : anneau de Waldeyer.
AUTRES EXAMENS
EXAMEN CLINIQUE X NFS : souvent inflammatoire (anémie, hyperleu-
X Signes d’évolutivité : cocytose, thrombocytose), parfois éosinophilie ou
ƒ fièvre ; cytopénies par envahissement médullaire.
ƒ sueurs nocturnes ; X Bilan inflammatoire : VS, fibrinogène, CRP, EPS.
ƒ amaigrissement (≥ 10 %). X LDH, β2-microglobuline.
X Adénopathies (schéma daté) : X Biochimie : bilan hépatique, ionogramme, san-
ƒ cervicales ou susclaviculaires > axillaires > autres ; guin, urée créatinine, glycémie, Ca.
ƒ mobiles fermes indolores asymétriques, non com- X Sérologie VIH, EBV.
pressives habituellement. X Bilan prétransfusionnel.
X Splénomégalie : modérée, fréquente (25 %). X ECG et échocardiographie : avant anthracy-
cline.
NB : lymphographie bipédieuse : non faite, obsolète.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
X Adénopathie. ]ITEM 291\
X Difficultés histologiques : cellules sternber-
goïdes parfois rencontrées au cours de la MNI, et
sous hydantoïnes ou phénylbutazone.
PARTIE 1
MODULE 10 ITEM 164 401

LYMPHOMES MALINS

H É M AT O L O G I E
CLASSIFICATION Lymphomes
Classification de l’OMS (2001) :
X Maladie de Hodgkin classique (95 %) : non hodgkiniens
ƒ scléronodulaire (60 %),
ƒ riche en lymphocytes (10 %) ; X Groupe hétérogène de proliférations lym-
ƒ à cellularité mixte (20 %), phoïdes clonales différant par leur :
ƒ à déplétion lymphocytaire (5 %) ; ƒ phénotype : B (85 %) ou T ;
X Maladie de Hodgkin nodulaire à prédominance ƒ structure histologique : folliculaire ou diffuse…
lymphocytaire (5 %). ƒ origine topographique : ganglionnaire, tissu lym-
phoïde extraganglionnaire ;
ƒ grade de malignité : bas, intermédiaire, haut ;
STADIFICATION
ƒ présentation et pronostic.
X Classification d’Ann Arbor : X Différences principales avec la maladie de
ƒ I : un seul territoire ganglionnaire ou extragan- Hodgkin :
glionnaire ; ƒ cellules de Sternberg absentes ;
ƒ IIn : n territoires ganglionnaires du même côté du ƒ signes généraux moins fréquents ;
diaphragme ; ƒ localisations extraganglionnaires plus fréquentes ;
ƒ III : atteinte ganglionnaire sus et sous- ƒ caractère leucémique parfois ;
diaphragmatique ; ƒ pronostic souvent moins bon.
ƒ IV : atteinte viscérale sans contiguïté (moelle, foie,
os, poumon, système nerveux, os…).
X Précisions : ÉPIDÉMIOLOGIE
ƒ signes d’évolutivité : A (absence) ou B (présence) ; X Généralités :
ƒ 2 signes inflammatoires biologiques : a (absence), ƒ en augmentation, possibles à tous âges ;
b (présence) ; ƒ incidence augmentant avec l’âge ;
ƒ E : une seule atteinte viscérale par contiguïté ; ƒ hommes plus touchés : sex-ratio 2/1 ;
ƒ S : atteinte splénique (rate considérée comme un ƒ LNH = 85 % des lymphomes ;
ganglion) ; ƒ LNH les plus fréquents : folliculaires, à grandes
ƒ X : grosse masse tumorale (ganglion > 10 cm, rap- cellules.
port médiastino-thoracique > 1/3). X Facteurs de risque (variables suivant les types
histologiques) :
ƒ EBV, VIH, VHC, HTLV, Helicobacter pylori ;
ƒ radiothérapie, chimiothérapie ;
ƒ déficits immunitaires, syndrome de Gougerot-
Sjögren, thyroïdite de Hashimoto.

CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE
X Adénopathie(s), splénomégalie.
X Localisation extraganglionnaire : digestive,
ORL, cutanée, méningée.
X Signes généraux : fièvre prolongée, amaigrisse-
ment > sueurs nocturnes.

EXAMEN CLINIQUE
X Signes d’évolutivité.
X Adénopathies (schéma daté) :
ƒ parfois douloureuses, volumineuses, compressi-
ves ;
ƒ cervicales ou axillaires > autres.
X Splénomégalie, hépatomégalie ?
PARTIE 1
402 MODULE 10 ITEM 164

CANCÉROLOGIE – ONCOHÉMATOLOGIE

X Lymphomes du MALT :
H É M AT O L O G I E

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
X Biopsie ganglionnaire ou d’organe envahi : ƒ LNH B de bas grade développés aux dépens des tis-
ƒ histologie standard : nécessaire au diagnostic sus lymphoïdes associés aux muqueuses (« MALT »),
positif ; plus souvent digestives que pulmonaires ;
ƒ immunophénotypage (CDn + ou –) : précision du ƒ souvent localisés ;
type de LNH ; ƒ formes gastriques liées à l’Helicobacter pylori à
ƒ cytogénétique : anomalies > 90 % des LNH (dia- 90 % et pouvant régresser après son éradication.
gnostic, pronostic) ; X Lymphomes cérébraux primitifs :
ƒ biologie moléculaire : recherche d’EBV. ƒ LNH B liés à EBV chez l’immunodéprimé.
X Sérologies : LYMPHOMES T
ƒ VIH, EBV, VHC ;
X Mycosis fongoïde :
ƒ HTLV1 si lymphome T.
ƒ LNH T épidermotrope avec cellules de Sézary à la
X Test de Coombs : si anémie régénérative
biopsie cutanée (lymphocytes T matures) ;
(AHAI ?).
ƒ plaques prurigineuses devenant infiltrées, puis
X Ponction lombaire : systématique si haut grade
nodules cutanés ;
pour cytologie.
ƒ évolution possible vers le syndrome de Sézary.
X Bilan identique au Hodgkin par ailleurs.
X Syndrome de Sézary :
ƒ LNH T épidermotrope avec cellules de Sézary ;
STADIFICATION ƒ de novo ou sur mycosis fongoïde ;
Classification d’Ann Arbor : cf. Hodgkin. ƒ érythrodermie prurigineuse à gros plis avec adé-
nopathies et leucémie à cellules de Sézary ;
ƒ envahissement possible de : moelle, rate, foie,
PRINCIPALES FORMES poumons.
X Lymphomes T nasaux :
LYMPHOMES B
ƒ LNH T liés à EBV, endémiques en Afrique ;
X Lymphome de Burkitt : ƒ obstruction nasale, rhinorrhée, parfois : troubles
ƒ LNH B de haut grade souvent lié à EBV (à 95 % en visuels, adénopathies.
Afrique et 15 % en Europe) ; X Lymphomes T associés à HTLV :
ƒ endémique en Afrique, sporadique en Europe ; ƒ LNH T à formes leucémiques ou ganglionnaires ;
ƒ principalement enfant et adolescent ; ƒ zones d’endémie HTLV : Japon, Caraïbes, Afrique
ƒ en Europe : masse principale iléocæcale ou noire et Amérique centrale.
mésentérique ; X Lymphadénopathie angio-immunoblastique :
ƒ en Afrique : masse principale du massif facial ; ƒ LNH T avec stigmates auto-immuns ;
ƒ t(8 ; 14) ou t(2 ; 8) ou t(8 ; 22). ƒ particularités cliniques :
X Lymphomes B à grandes cellules : x érythème maculo-papuleux fréquent,
ƒ groupe hétérogène de LNH de haut grade ; x parfois : ascite, épanchement pleural, poly-
ƒ représentant 1/3 des LNH ; arthralgies, entérocolite, néphropathie, polyneu-
ƒ révélation le plus souvent ganglionnaire ; ropathie ;
ƒ autres atteintes fréquentes : digestive, ORL… ƒ particularités biologiques :
X Lymphomes folliculaires : x anémie souvent hémolytique auto-immune,
ƒ LNH B de bas grade, les plus fréquents (40 %) ; x hyperéosinophilie dans 1/3 des cas,
ƒ pic de fréquence vers 60 ans ; x hypergammaglobulinémie polyclonale fréquente,
ƒ souvent adénopathies diffuses indolores ; x AC de spécificités diverses : Coombs + > anti-
ƒ rares atteintes extrahématopoïétiques ; muscle lisse > FR > AAN > Ig monoclonale ou
ƒ CD5– CD10+ ; cryoglobulinémie.
ƒ t(14 ; 18) dans 80 % des cas ;
ƒ envahissement médullaire fréquent (75 %) ;
ƒ transformation possible en LNH de haut grade.
X Lymphomes du manteau :
ƒ LNH B de bas grade ;
ƒ CD5+ CD23– CD10– ;
ƒ t(11 ; 14) dans 80 % des cas avec surexpression
de la cycline D1 ;
ƒ formes leucémiques fréquentes ;
ƒ envahissement fréquent de : rate, moelle et tube
digestif.
403

H É M AT O L O G I E
PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 165
CANCÉROLOGIE
Maladie de Vaquez
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

GÉNÉRALITÉS ƒ Hte > 60 % (ɉ) ou 56 % (Ɋ) : polyglobulie cer-


X Définition : taine, sauf déshydratation manifeste ;
ƒ syndrome myéloprolifératif ; ƒ Hb > 18,5 g/dL (ɉ) ou 16,5 g/dL (Ɋ) ;
ƒ caractérisé par une hyperproduction d’hématies ƒ PNN et plaquettes souvent élevés.
prédominante ou exclusive ; X Volume globulaire total isotopique (VGT) :
ƒ entraînant une polyglobulie (PG). ƒ polyglobulie si VGT > 125 % du VGT théorique
X Démarche diagnostique résumée : (ou ɉ > 36 mL/kg et Ɋ > 32 mL/kg) ;
ƒ 1/ évoquer une polyglobulie (↑ Hte) ; ƒ inutile si Hte > 60 % (ɉ) ou 56 % (Ɋ).
ƒ 2/ affirmer la polyglobulie (↑ VGT) ;
EXCLURE UNE POLYGLOBULIE IIAIRE
ƒ 3/ éliminer une polyglobulie secondaire
(radio de thorax, GDS, échographie abdominale). X Gazométrie artérielle : normale.
X Échographie abdomino-pelvienne : normale
(rein, foie, ovaires, utérus).
ÉPIDÉMIOLOGIE
X Radiographie de thorax : normale
X 80 % > 50 ans. X ± IRM cérébrale : recherche d’hémangioblas-
X Âge médian : 65 ans au diagnostic. tome du cervelet, seulement en cas de syndrome
X ɉ > Ɋ. cérébelleux ou d’hypertension intracrânienne.
X ± EPO : normale ou basse.
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE
AUTRES EXAMENS
X NFS fortuite.
X Érythrose cutanéomuqueuse. X Mutation de JAK2 :
X Prurit généralisé à l’eau (pathognomonique). ƒ gène codant pour une protéine kinase transmet-
X Splénomégalie. tant le signal d’activation du récepteur de l’EPO
X Syndrome d’hyperviscosité : céphalées, verti- (JAK2 = Janus kinase 2) ;
ges, acouphènes, flou visuel, paresthésies, insom- ƒ indications de sa recherche :
nies, voire troubles de la conscience, AVC. x place non consensuelle,
X Complications : x pour certains : dès la constatation d’Hte et/ou
ƒ thromboses (AVC, IDM, Budd-Chiari) ; Hb élevée sans argument pour une hémocon-
ƒ hémorragies ; centration ou une polyglobulie IIaire,
ƒ myélofibrose, LAM ; x pour d’autres : après VGT élevé, sans argument
ƒ érythermalgie : acrosyndrome vasculaire paroxys- pour une polyglobulie IIaire, mais sans tableau
tique rare, déclenché par la chaleur ou l’effort, typique (SM, ↑ PNN, ↑plaquettes) ;
caractérisé par des accès de rougeur, chaleur ƒ limites :
cutanée, et douleurs à type de brûlures. x sensibilité : 90 % pour la maladie de Vaquez,
x spécificité imparfaite : positivité dans la moitié
des thrombocythémies essentielles et des fibro-
EXAMEN CLINIQUE
ses médullaires Ives.
X Érythrose cutanéomuqueuse. X ± Biopsie de moelle osseuse :
X Splénomégalie : 75 % des cas et très évocatrice ƒ faite si tableau atypique et recherche de mutation
car absente des polyglobulies secondaires. de JAK2 indisponible ou négative ;
X HTA fréquente. ƒ hyperplasie globale, surtout de la lignée érythro-
X Absence de : BPCO, adénopathie, hépatoméga- blastique.
lie tumorale, masse rénale, syndrome cérébelleux. X ± Culture de progéniteurs érythroïdes (BFU-E) :
X Facteurs de risque vasculaire associés ? ƒ faite si tableau atypique et recherche de mutation
de JAK2 indisponible ou négative ;
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ƒ pousse spontanée.
X ± VS : très abaissée.
AFFIRMER LA POLYGLOBULIE X ± Uricémie : souvent élevée avec risque de goutte
X NFS : ou de colique néphrétique.
ƒ Hte > 54 % (ɉ) ou 48 % (Ɋ) : polyglobulie très X ± Ferritinémie : si VGM < 80, pour recherche de
probable ; carence martiale, malgré la polyglobulie.
PARTIE 1
404 MODULE 10 ITEM 165

CANCÉROLOGIE – ONCOHÉMATOLOGIE
H É M AT O L O G I E

Critères diagnostiques DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


de Pearson de 20011
POLYGLOBULIES SECONDAIRES
z Critères majeurs : X VGT ↑ mais souvent PaO2 ↓ et/ou EPO ↑.
✔ VGT ≥ 125 % de la valeur théorique ; X Hypoxémies chroniques :
✔ pas de causes de polyglobulie secondaire2 ; ƒ insuffisance respiratoire chronique, syndrome
✔ splénomégalie. d’apnée du sommeil,
z Critères mineurs : ƒ syndrome de Pickwick,
✔ PNN > 10 0003 ou plaquettes > 400 000 ; ƒ cardiopathies cyanogènes,
✔ pousse spontanée de BFU-E ou EPO ƒ altitude,
< 10 mU/mL. ƒ intoxication chronique au CO, tabagisme.
X Production inappropriée d’EPO :
z Vaquez si :
ƒ cancer du rein à cellules claires, sténoses de l’ar-
✔ soit 3 critères majeurs ;
tère rénale, kyste(s) du rein, hydronéphrose ;
✔ soit 2 majeurs + 2 mineurs.
ƒ hépatocarcinome ;
ƒ cancer de l’ovaire, fibrome utérin ;
ƒ hémangioblastome du cervelet…
1. Il existe d’autres critères dont ceux de l’OMS de 2008, incluant
JAK2, mais ayant pour défaut de ne pas tenir en compte la SM, X Médicaments : EPO, corticoïdes, androgènes.
les PNN et les plaquettes : X Anomalie de l’affinité de l’hémoglobine avec
– Critères majeurs : l’O2 : hémoglobine anormale hyperaffine, méthé-
1/ polyglobulie sur la NFS ou par le VGT, moglobinémie, déficit en 2-3 DPG.
2/ mutation de JAK2.
– Critères mineurs : FAUSSES POLYGLOBULIES
1/ biopsie ostéomédullaire évocatrice,
X VGT normal.
2/ EPO < N,
3/ pousse spontanée de BFU-E, X Microcytoses : thalassémies (Hb normale ou
⇒ Vaquez si : – soit 2 critères majeur + 1 mineur basse).
– soit 1er critère majeur + 2 mineurs X Hémoconcentration (diagnostic clinique).
2. Notamment : ni tabagisme (carboxyHb < 2 %), X Syndrome de Gaisbock : typiquement hommes
ni insuffisance respiratoire chronique (SaO2 > 92 %), jeunes et obèses.
ni tumeur rénale ou hépatique.
3. Sans infection (fumeur > 12 500). FORMES POLYGLOBULIQUES D’AUTRES
SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS
Rares.
405

H É M AT O L O G I E
PARTIE 1
MODULE 10
ITEM 166
CANCÉROLOGIE
Myélome multiple des os
– ONCOHÉMATOLOGIE

Objectif Diagnostic

DÉFINITION X Hypercalcémie aiguë. ]ITEM 319\


Myélome multiple = maladie de Kahler : X Amylose AL. ]ITEM 264\
X prolifération plasmocytaire maligne de la moelle X Cryoglobuline. ]ITEM 264\
osseuse ; X Rénales :
X habituellement avec hyperproduction d’une immu- ƒ IRA :
noglobuline monoclonale. x déshydratation,
x hypercalcémie,
x tubulopathie myélomateuse :
ÉPIDÉMIOLOGIE
- par précipitation tubulaire de chaînes légères,
X Âge médian au diagnostic : 66 ans. - habituellement : myélome à chaînes légères ou
X 97 % > 40 ans. IgD ou stade III,
X Aucun facteur de risque connu. - favorisée par : déshydratation, ↑ Ca, produits
X Pic : IgG (60 %) > A (30 %) >> M, D, E. de contraste iodés, aminosides, AINS, IEC,
ARAII,
PHYSIOPATHOLOGIE - IRA souvent grave,
- protéinurie souvent > 1 g/24 h, à prédomi-
X (Hors programme, mais permettant de retrouver
nance de chaînes légères,
la plupart des signes.)
- sans œdème (albuminurie < 1 g/24 h), ni héma-
X Prolifération plasmocytaire dans la moelle osseuse,
turie, ni HTA,
située essentiellement dans le squelette axial et la
- diagnostic positif : histologie rénale, pratiquée
partie proximale des fémurs avec :
seulement en cas d’atypie (albuminurie élevée
ƒ destruction osseuse (→ douleurs, fractures, hyper-
sans amylose trouvée ailleurs) ;
calcémie) ;
ƒ IRC :
ƒ limitation de l’espace restant pour l’hématopoïèse
x tubulopathie myélomateuse,
(→ cytopénies) ;
x amylose AL : ]ITEM 264\
ƒ sécrétion d’une Ig monoclonale (→ VS ↑, néph-
- IRC (50 %), à gros reins,
ropathie, neuropathie, amylose, hyperviscosité,
- protéinurie constante, persistant en IRT, ± syn-
infections par baisse des Ig normales).
drome néphrotique (30 %),
- souvent sans hématurie ni HTA,
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE - atteintes extrarénales : cœur, nerfs, foie, tube
digestif, glandes salivaires…
DÉCOUVERTE FORTUITE x dépôts de chaînes légères ou lourdes (rares) :
X Cytopénie, VS élevée, pic électrophorétique, - IR évoluant rapidement vers l’IRT,
hypercalcémie, insuffisance rénale. - glomérulosclérose, tubulopathie (syndrome de
Fanconi),
SUIVI D’IG MONOCLONALE
- atteintes extrarénales proches de l’amylose,
X Gammapathie monoclonale de signification indé- - diagnostic histologique : dépôts granuleux,
terminée (d’où l’importance de ne pas l’appeler négatifs au rouge Congo, correspondant à des
« bénigne »). chaînes légères souvent κ en IF,
COMPLICATIONS x infiltration interstitielle plasmocytaire : rare ;
ƒ syndrome néphrotique : ]ITEM 328\
X Osseuses : fracture, tassement. x amylose AL, ]ITEM 264\
X Infectieuses : favorisées par la baisse des Ig nor- x dépôts de chaînes légères ou lourdes : rares ;
males et les traitements. ƒ syndrome de Fanconi : rare. ]ITEM 219\
X Neurologiques :
ƒ compression médullaire par tassement vertébral
ou infiltration épidurale ; EXAMEN CLINIQUE
ƒ neuropathie périphérique immunologique ou amy- X Évaluation de l’état général : longtemps
loïde. conservé.
X Syndrome d’hyperviscosité : céphalée, confu- X Douleurs osseuses (60 %).
sion, voire coma, œdème papillaire. X Complications : cf. ci-dessus.
PARTIE 1
406 MODULE 10 ITEM 166

CANCÉROLOGIE – ONCOHÉMATOLOGIE

X Myélome symptomatique :
H É M AT O L O G I E

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
X NFS : anémie (70 %), parfois leucopénie ou ƒ (A) plasmocytes clonaux médullaires2 ou plasmo-
thrombopénie. cytome ;
X VS : élevée dans 85 % des cas (inutile au diagnos- ƒ (B) Ig monoclonale sérique1 ou chaînes légères
tic et au suivi). urinaires1 ;
X Calcémie : élevée dans 13 % des cas. ƒ (C) retentissement viscéral ou clinique :
X Créatininémie : élevée dans 50 % des cas. x hypercalcémie (Ca > 2,75 mmol/L),
X β2microglobulinémie, albuminémie, CRP : pro- x insuffisance rénale (créatinine > 173 μmol/L),
nostic. x anémie (Hb < 10 g/dL),
X EPS = électrophorèse des protéines sériques : pic x lésions osseuses (lésions lytiques ou ostéopénie
étroit à quantifier (essentiel au suivi). avec fractures),
X IEPS = immunoélectrophorèse des protéines x infections sévères fréquentes (> 2 par an),
sériques (ou immunofixation) : diagnostic d’Ig x amylose,
monoclonale, nature de la chaîne légère et classe. x syndrome d’hyperviscosité.
X Dosage pondéral des classes d’Ig.
X IEPU = immunoélectrophorèse des protéines uri- FORMES PARTICULIÈRES
naires (ou immunofixation) : recherche de chaîne X Myélome à chaînes légères :
légère urinaire1. ƒ 15 à 20 % des cas ;
X Myélogramme : plasmocytose > 10 % dans ƒ sécrétion seulement de chaînes légères (κ ou λ),
96 % et > 30 % dans 70 % des cas (N < 5 %), éliminées dans les urines ;
étude du caryotype des plasmocytes (pronostic). ƒ pas d’Ig monoclonale ;
X Radios du squelette (crâne, rachis, bassin, côtes, ƒ VS normale, EPS normale ou hypogamma-globu-
fémurs et humérus) : géodes ostéolytiques arrondies linémie ;
à l’emporte-pièce sans condensation périlésionnelle, ƒ mais chaînes légères κ ou λ à l’IEPS et/ou IEPU ;
fractures, tassements, déminéralisation diffuse. ƒ insuffisance rénale plus fréquente.
X IRM rachidienne : indications reconnues : X Myélome non sécrétant :
ƒ myélome non sécrétant ; ƒ 3 % des cas ;
ƒ tassement avec déficit neurologique ; ƒ pas d’Ig monoclonale excrétée ;
ƒ tassement récent (myélome ou ostéoporose ?). ƒ diagnostic par lésions osseuses et plasmocytose
X NB : scintigraphie osseuse = inutile dans le cadre médullaire.
du myélome.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES
X Métastases osseuses
SYSTÈMES DE CRITÈRES DIAGNOSTIQUES X Plasmocytome solitaire :
ƒ prolifération plasmocytaire clonale localisée,
X Nombreux, toujours critiquables.
osseuse ou extra-osseuse ;
X En général, association de :
ƒ avec Ig monoclonale moins fréquente (5 %).
ƒ 1 composant monoclonal, parmi :
X Autres Ig monoclonales. ]ITEM 126\
x Ig monoclonale (souvent IgG > 30 ou IgA
X Leucémie à plasmocytes.
> 20 g/L),
x chaînes légères urinaires (souvent > 1 g/24 h) ;
ƒ 1 composant plasmocytaire, parmi : STADIFICATION
x plasmocytose médullaire > 10 %, X International Staging System (ISS) :
x tumeur plasmocytaire. ƒ stade I : β2-microglobuline < 3,5 mg/L, albumine
CRITÈRES INTERNATIONAUX DE 2003 ≥ 35 g/L ;
ƒ stade II : ni I, ni III ;
X Critères nécessaires : A et/ou B, + C. ƒ stade III : β2-microglobuline > 5,5.
X Myélome asymptomatique : X Classification de Durie et Salmon évaluant la
ƒ (A) plasmocytes clonaux médullaires ≥ 10 % ; masse tumorale (cf. tableau p. 407) :
ƒ (B) Ig monoclonale sérique ≥ 30 g/L ; ƒ stade I : nécessité de la présence de tous les cri-
ƒ (C) sans retentissement viscéral ni clinique. tères ;
ƒ stade III : présence suffisante d’1 critère.
1. Chaîne légère urinaire : anciennement appelée « protéinurie
de Bence Jones », par référence à une technique de recherche
abandonnée depuis plusieurs décennies. 2. Pas de seuil chiffré car retentissement évocateur.
PARTIE 1
MODULE 10 ITEM 166 407

MYÉLOME MULTIPLE DES OS

H É M AT O L O G I E
Stadification du myélome : classification de Durie et Salmon
Stade1 I II III
Hémoglobine (g/dL) > 10 < 8,5
Calcémie (mmol/L) ≤3 >3
Pic IgG (g/L) < 50 > 70
IgA (g/L) < 30 ni I ni III > 50
Chaînes légères urinaires (g/24 h) <4 > 12
Lésions ostéolytiques radiologiques ≤1 ≥3
12 2
Masse tumorale (10 cellules/m ) < 0,6 > 1,2
1. Compléter par A si créatinine < 180 ou B si créatinine ≥ 180 μmol/L.
408
H É M AT O L O G I E

PARTIE 3

ITEM 291
ORIENTATION DIA-
Adénopathie superficielle
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostic

DIAGNOSTIC POSITIF X Quelle que soit l’aire ganglionnaire :


Adénopathie = ganglion de taille augmentée : ƒ mélanome, lymphome ;
X cliniquement > 1 cm ; ƒ lymphadénite suppurée (adénopathie douloureuse
X radiologiquement : plus petit diamètre > 1 cm. en contexte infectieux)
En l’absence de cause locale, chercher une cause
générale (cf. ci-dessous).
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE
ADÉNOPATHIES DIFFUSES
CLINIQUE
X Maladies infectieuses :
X Orientation clinique : 80 % des cas. ƒ tuberculose ;
X Terrain : ƒ viroses : EBV, CMV, VIH, rougeole, rubéole, vari-
ƒ facteurs de risque de cancer ou d’IST ; celle ;
ƒ antécédents : néoplasie, voyages, animaux, conta- ƒ parasitoses : toxoplasmose, leishmaniose viscérale,
ges. trypanosomiase.
X Adénopathie(s) : X Hémopathies malignes : LNH, Hodgkin, LLC,
ƒ ancienneté et évolution de l’adénopathie ; Waldenström, LAL > LAM.
ƒ localisation ou caractère diffus ; X Cancers avec métastases ganglionnaires multi-
ƒ taille, sensibilité, consistance, mobilité (doulou- ples : thyroïde, nasopharynx…
reuse : plutôt infection ; dure et/ou fixée : cancer) ; X Médicaments : hydantoïnes, carbamazépine, pri-
ƒ fistulisation (tuberculose, bartonellose, maladie de midone, pénicillines, isoniazide…
Nicolas-Favre, cancer…). X Maladies systémiques :
X Examen complet : fièvre, amaigrissement, sueurs ƒ LES, Gougerot-Sjögren, PR ;
nocturnes, splénomégalie, hépatomégalie, prurit, ƒ sarcoïdose, histiocytoses, syndrome d’activation
lésion cutanée, dysphonie, toux, dysphagie, trou- macrophagique.
bles digestifs…
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
PRINCIPALES HYPOTHÈSES X NFS (premier élément d’orientation) :
ƒ syndrome mononucléosique ; ]ITEM 334\
ADÉNOPATHIES LOCALISÉES ƒ hyperlymphocytose : faire un immunophénoty-
X Cervicales : page ; ]ITEM 316\
ƒ infection ORL, tuberculose, maladie des griffes du ƒ blastose ou cytopénies : faire un myélogramme.
chat ; ]ITEM 316\

ƒ cancer ORL ou thyroïdien, Hodgkin ; X VS.


ƒ syndrome de Kawasaki. ]ITEM 94\ X Sérologies : EBV, toxoplasmose, VIH.
X Occipitales : toxoplasmose, lésions du cuir che- X IDR à la tuberculine ou Quantiféron : discutés.
velu (poux, teigne…). X Radio de thorax : adénopathies médiastinales,
X Sus-claviculaires : cancer digestif (à gauche métastases, signes de tuberculose ?
= Troisier), pulmonaire, rénal, prostatique ou testi- X Autres (orientés par la clinique) :
culaire, lymphome. ƒ sérologie, FAN, BGSA ;
X Axillaires : ƒ mammographie, scanner ;
ƒ cancer du sein ; ƒ examen ORL, endoscopie digestive …
ƒ infection de la main, BCG, maladie des griffes du X Ponction ganglionnaire :
chat, pasteurellose. ƒ pour cytologie et bactériologie avec BK ;
X Épitrochléennes : ƒ en l’absence d’orientation par NFS ;
ƒ pasteurellose, tularémie, syphilis ; ƒ utile surtout si collectée à la recherche de germes ;
ƒ sarcoïdose. ƒ biopsie nécessaire si ponction négative ou mali-
X Inguinales : gne.
ƒ infection bactérienne des membres inférieurs, X Biopsie ganglionnaire , indications :
syphilis ; ƒ diagnostic non fait par les autres examens ;
ƒ cancer du canal anal, des organes génitaux exter- ƒ altération de l’état général ;
nes, sarcomes osseux ou musculaires des membres ƒ ganglion stable ou augmentant à un mois ou
inférieurs. > 3 cm.
409

H É M AT O L O G I E
PARTIE 3

ITEM 297
ORIENTATION DIA-
Anémie
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostics principaux

GÉNÉRALITÉS CLINIQUE

DÉFINITIONS X Syndrome anémique :


ƒ d’autant plus marqué qu’anémie d’installation
X Anémie = baisse du taux d’hémoglobine (Hb)
rapide et terrain cardiopulmonaire pathologique ;
sous les valeurs normales à la NFS, sans hémodi-
ƒ pâleur généralisée, cutanéomuqueuse ;
lution :
ƒ asthénie, céphalées, vertiges, acouphènes, scoto-
ƒ ɉ : < 13 g/dL ;
mes, confusion, coma ;
ƒ Ɋ : < 12 ;
ƒ dyspnée d’effort puis de repos ;
ƒ Ɋ enceinte : < 11,5 ;
ƒ tachycardie, souffle cardiaque anorganique, angor,
ƒ nouveau-né : < 13,5 ;
insuffisance cardiaque, claudication intermittente
ƒ jusqu’à 6 ans : < 11,5 ;
des membres inférieurs, œdèmes.
ƒ 6 à 14 ans : < 12,5 ;
X Signes de gravité :
ƒ (NB : Hte ou nombre d’hématie ne définissent pas
ƒ potentielle = terrain : âgé, insuffisance corona-
l’anémie).
rienne, cardiaque ou respiratoire ;
X Diagnostic différentiel = hémodilution :
ƒ patente = chute tensionnelle, dyspnée au moin-
ƒ augmentation du volume plasmatique ;
dre effort, angor, ischémie ECG, troubles de la
ƒ sans variation du volume globulaire ;
conscience ;
ƒ avec baisse du taux d’hémoglobine sans anémie
ƒ niveau de l’Hb : risque de mauvaise tolérance
vraie ;
< 7 g, coma < 3 g.
ƒ causes : 3e trimestre de grossesse, splénomégalie
X Éléments d’orientation causale pour :
majeure, IgM monoclonale, perfusions abondantes.
ƒ hémorragie : saignement extériorisé, traumatisme,
X Microcytose = VGM < 82 (ANAES).
chute tensionnelle, antécédent d’ulcère gastro-
X Macrocytose = VGM > 98 (ANAES).
duodénal, de tumeur colique personnelle ou fami-
X Régénérative = avec réticulocytes > 120 000
liale, prise d’AINS ;
(ANAES).
ƒ carence martiale : hémorragie cf. ci-dessus (sans
ORIENTATION CAUSALE chute tensionnelle), ménorragies, diarrhée chro-
X Clinique. nique, anomalies cutanéomuqueuses (peau
X Paraclinique (cf. algorithme p. suivante et suite) : sèche, ongles plats, striés, cassants ; cheveux secs
ƒ VGM : micro / normo / macrocytose ; et cassants, glossite atrophique, perlèche) ;
ƒ réticulocytes (sauf si microcytose) ; ƒ inflammation : fièvre prolongée, rhumatisme
ƒ autres anomalies de NFS ; inflammatoire chronique ;
ƒ examens spécifiques, suivant ces 1ers éléments : ƒ hémolyse : ictère, splénomégalie, anémie fami-
x ferritine, CRP, fibrinogène… liale, médicaments favorisants ;
x haptoglobine, bilirubine libre… ƒ origine centrale : très variables suivant la cause,
x créatinine, TSH… antécédents ou signes de dysthyroïdie ou d’insuf-
X NB : en cas de transfusion, faire les prélèvements fisance rénale.
à visée étiologique avant transfusion, (notam-
ment, en fonction du contexte : réticulocytes,
schizocytes, ferritine ± fer, folate, B12, haptoglo-
bine, etc.).
H É M AT O L O G I E 410

ANÉMIE : algorithme diagnostique


Hb: Ɋ< 12 g/dL ANÉMIE
ɉ< 13 g/dL
PARTIE 3

MICROCYTAIRE < 82 VGM > 82 NORMO / MACROCYTAIRE

Réticulocytes
Ferritine
Fausse anémie par
ITEM 297

< 120 000 > 120 000


HÉMODILUTION
NON RÉGÉNÉRATIVE
RÉGÉNÉRATIVE
Hb > 9 g/dL Clinique
N ou VGM : 82-98 μm3 ± Haptoglobine, bilirubine
ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

Réticulocytes < 120 000


CRP, fibrinogène ET une situation parmi :  Haptoglobine Haptoglobine N
– splénomégalie  Bilirubine Bilirubine N
N – grossesse (3e trimestre)
– perfusions abondantes Hémolyse Hémorragie aiguë
Origine ethnique : – lg monoclonale
Inflammation SANS autre cause
Carence – Méditerranée Test de Coombs
ITEM 112 d’anémie Régénération après
martiale – Afrique – + cessation de la cause
ITEM 222 – Asie
– incertaine si VGM > 98 Alcoolisme ? Myélogramme Immunologique :
chercher – CRP, fibrinogène
• Auto-immune : LES, LLC, mycoplasme, α méthyl-dopa
cause associée Créatinine, TSH moelle • Allo-immune : fœto-maternelle
oui non
• Immuno-allergique : β−lactamines, sulfamides…
pauvre riche
Électrophorèse Frottis sanguin
Biopsie de non envahie envahie (morphologie érythrocytaire : schizocytes, microsphérocytes…)
de l’hémoglobine +
si VGM > 105 moelle osseuse ± autres examens : électrophorèse Hb,
chercher dosages enzymatiques
≠N N cause associée • Myélofibrose • Dysmyélopoïèses: recherche de toxiques,
• Aplasie – primitives (clonales) de plasmodium
médullaire – secondaires: cytométrie de flux pour CD55 et CD59
Myélogramme  folate ou B12
• Alcoolisme ITEM 161

Thalassémie Anémie • Hypothyroïdie • Érytroblastopénie Héréditaire :


sidéroblastique • IRC ITEM 253 – hémoglobinopathie : drépanocytose
• Leucémies aiguës ITEM 162 – déficit enzymatique : G6PD, PK
• Lymphomes ITEM 164 – anomalie membranaire : microsphérocytose…
• Myélomes ITEM 166 Mécanique : MAT, valve mécanique
• Cancers Toxique : plomb, ribavirine, disulone…
• Tuberculose Infectieuse : paludisme…
• Leishmaniose Hémoglobinurie paroxystique nocturne
PARTIE 3 ITEM 297 411

ANÉMIE

H É M AT O L O G I E
Anémies microcytaires DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
= autres anémies microcytaires.
(arégénératives) X Inflammation.
X Thalassémies hétérozygotes.
Biologie complémentaire : ferritine, fer, CRP, fibri- X Anémies sidéroblastiques non clonales.
nogène.
CAUSES
X Nourrisson :
ANÉMIE FERRIPRIVE
ƒ prématurité, gémellité, régime lactofarineux trop
= ANÉMIE PAR CARENCE MARTIALE long ;
X Fer ↓, ferritine ↓ ; CRP et fibrinogène N. ƒ maladie cœliaque, prises de sang multiples.
X Carence martiale : X Enfant :
ƒ 1re cause d’anémie ; ƒ diverticule de Meckel ;
ƒ 14 % des femmes adultes ; ƒ maladie cœliaque : intolérance au gluten, diarrhée ;
ƒ 11 % des enfants < 5 ans ; ƒ hémosidérose pulmonaire idiopathique : hémo-
ƒ 1 % des hommes adultes. ptysies.
X Adulte :
CLINIQUE
ƒ hémorragies :
X Syndrome anémique : souvent bien toléré car x digestives : ulcère gastro-duodénal, gastrite,
installation progressive. œsophagite, cancer colique, polypes, diverticu-
X Signes évocateurs de carence martiale lose, hémorroïdes, RCH, angiodysplasies (Rendu-
(inconstants) : Osler ?), parasitose (ankylostome, anguillule),
ƒ peau sèche, ongles plats, cheveux secs et cassants ; x génitales : insuffisance lutéale, fibrome utérin,
ƒ muqueuses : glossite atrophique, perlèche, dys- stérilet, cancers (col, endomètre),
phagie, atrophie vulvaire, gastrite. x épistaxis répétés : angiomes (Rendu-Osler ?),
X Recherche d’orientation causale : x pulmonaires : rares (cancers, maladies systémi-
ƒ antécédents de cancer colique personnel ou fami- ques),
lial, gastrite, ulcère gastro-duodénal, gastrecto- x syndrome de Lasthénie de Ferjol (auto-saignées
mie, fibrome utérin, multiparité ; par personnel de santé ayant des troubles psy-
ƒ prises d’AINS, aspirine, anticoagulant, stérilet ; chiatriques),
ƒ hémorragies extériorisées, douleur abdominale, x dons de sang : 200 mg Fe/400 mL de sang ;
diarrhée chronique ? ƒ carence d’apport : 3e trimestre de grossesse,
ƒ règles : importance (caillots, changes) et durée (> vieillards, tiers-monde ;
5 jours ?) ; ƒ malabsorption : gastrectomie, anomalie du grêle
ƒ TR, examen gynécologique, recherche hépatomé- (résection, maladie cœliaque, Crohn, Whipple),
galie, ganglion de Troisier. géophagie (pica).
BIOLOGIE EXPLORATION ÉTIOLOGIQUE
X NFS :
Guidée par la clinique. En l’absence de point d’appel :
ƒ anémie hypochrome microcytaire arégénérative ;
X Chez la femme :
ƒ hyperplaquettose fréquente (500-600 000) ;
ƒ examen gynécologique ;
ƒ polynucléose neutrophile modérée parfois.
ƒ échographie pelvienne si doute ou méno / métror-
X Ferritine ↓ : examen le plus sensible et le plus
ragie inexpliquée ;
spécifique (ANAES) suffisant au diagnostic de
ƒ en l’absence d’orientation : cf. hommes.
carence martiale si abaissée.
X Chez l’homme :
X RST ↑ (récepteurs solubles de la transferrine1) :
ƒ fibroscopie œso-gastro-duodénale (FOGD) avec
utilisables en cas de doute sur une carence mar-
biopsies duodénales systématiques en l’absence
tiale associée à un syndrome inflammatoire pou-
de lésion causale (maladie cœliaque) ;
vant élever la ferritine.
ƒ coloscopie si FOGD négative, et systématiquement
X Fe et transferrine : moins sensibles et moins spéci-
au-delà de 60-65 ans car lésion colique fréquente,
fiques, Fe ↓, coefficient de saturation ↓, capacité
même en présence d’une maladie à la FOGD (dis-
de fixation (CTF) ↑.
cuter en fonction de l’état du patient et des pers-
X Chronologie d’installation des anomalies :
pectives de prise en charge : dément grabataire ?) ;
ferritine ↓ – CTF ↑ et RST ↑ – Fe ↓ et VGM ↓
ƒ si négatifs, discuter exploration du grêle : scanner,
– CCMH ↑ – Hb ↓ – nombre d’hématies ↓.
transit, scintigraphie, vidéo-capsule ?
X Examen parasitologique des selles si diarrhée ou
éosinophilie.
1. RST : l'HAS préparerait une publication jugeant cet examen
peu utile.
412 PARTIE 3 ITEM 297

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT


H É M AT O L O G I E

TRAITEMENT ANÉMIE INFLAMMATOIRE


(hors programme mais incontournable) X Fer ↓, ferritine N ou ↑ ; CRP ↑ et/ou fibrinogène ↑.
X Traitement de la cause. X VS : mauvais marqueur ici, car parfois élevée
X Transfusions : rares (si mauvaise tolérance car- jusqu’à 50 par la seule anémie.
diorespiratoire seulement). X 2e cause d’anémie. ]ITEM 112\
X Restauration du stock de fer :
ƒ sels de fer per os :
THALASSÉMIES
x adulte : 100 à 200 mg/j de fer métal,
x enfant : 5 mg/kg/j de fer métal (en 2 à 3 prises/j), X Fer N ou ↑, ferritine N ou ↑ ; CRP et fibrino-
x durée : 4 mois au moins (jusqu’à ferritine N), gène N.
x effets indésirables (à annoncer) : selles noires, X Diagnostic : électrophorèse de l’Hb.
troubles digestifs divers, céphalées, vertiges, X Terrain : sujets d’origine africaine ou asiatique (α)
x meilleure résorption à jeun. À prendre aux repas ou méditerranéenne (α ou β).
si mauvaise tolérance ; X Définition :
ƒ exceptionnellement fer IV (si intolérance orale ƒ anémies héréditaires autosomiques récessives par
majeure). défaut total ou partiel de synthèse de certaines
X Surveillance : chaînes de globine ;
ƒ NFS à J10 (baisse de l’Hb ?) ; ƒ tableaux très différents car mutations différentes
ƒ NFS et ferritine à 4 mois : arrêt si normales ; en siège et nombre (cf. tableau).
ƒ NFS de contrôle après 3 mois. X Rappels du sujet normal :
ƒ gènes de globine : 4 α, 2 β, 2 δ, 2 γ, 2 ε ;
PRÉVENTION (hors programme) ƒ Hb adulte :
X Prématurés : fer. x HbA1 = α2β2 = 97 %,
X Nourrissons : lait enrichi en fer. x HbA2 = α2δ2 = 2 %,
X Femmes enceintes : fer aux 2e et 3e trimestres, x HbF = α2γ2 = 1 % ;
sauf si hémochromatose.
X Femme donneuse de sang régulière : fer.
X Dons de sang pour autotransfusion : fer.

Thalassémies : différents phénotypes et génotypes


Thalassémies Génotype Électrophorèse Hb Manifestations
β mineure β0/β+ HbA2 4-7 % Microcytose hypochromie
(ou hétérozygote β/β+ HbA < 95 % Anémie absente ou modérée (> 10 g)
ou trait thalassémique) HbF persistante Asymptomatique ou pâleur
β majeure β0/β0 HbA2 5-15 % Anémie (5-7 g) microcytaire hypochrome peu régénérative
(maladie de Cooley) β0/β+ HbF 15-60 % Hépatosplénomégalie
β+/β+ HbA basse ou ~ 0 Retard de croissance staturo-pondérale
α silencieuse α=3 Normale chez adulte Aucune
α mineure α=2 Normale chez adulte Microcytose hypochromie
Anémie absente ou modérée (> 10 g)
α (hémoglobinose H) α=1 HbA > 70 % Anémie hémolytique
HbH 10-30 %
Hb Bart < 5 %
α majeure α=0 Mort in utero ou à la naissance
0
= non production de chaîne ; + = faible production ; HbH = 4β ; Hb Bart = 4γ.
NB : HbA2 abaissée en cas de carence martiale associée.

ANÉMIES SIDÉROBLASTIQUES ƒ anomalies de l’ADN mitochondrial ;


ƒ maladie autosomique, sensible à la thiamine.
(SAUF ANÉMIE RÉFRACTAIRE)
X Formes acquises :
X Fe ↑ et électrophorèse de l’hémoglobine : N. ƒ traitement par isoniazide, chloramphénicol, cyclo-
X Frottis sanguin : GR à ponctuations basophiles. sérine ;
X Myélogramme : sidéroblastes en couronne ƒ intoxication par plomb, zinc ;
≥ 15 %. ƒ carence en vitamine B6 ou en cuivre.
X Formes héréditaires : X (Anémie réfractaire sidéroblastique : syndrome
ƒ liée à l’X par déficit en ALA-synthétase 2 (ALA-S2) ; myélodysplasique macrocytaire).
PARTIE 3 ITEM 297 413

ANÉMIE

ƒ orientation causale : ethnie, anémie familiale, voya-

H É M AT O L O G I E
Anémies normocytaires ges exotiques, toxiques, infection, maladie auto-
ou macrocytaires immune…
X Deux tableaux différents d’hémolyses :
régénératives ƒ extravasculaire (splénique), chronique : splénomé-
galie ;
X Réticulocytes : élévation 3 jours après installation ƒ intravasculaire, aiguë : fièvre, lombalgies, hémo-
de l’anémie. globinurie.
X Diagnostic positif : réticulocytes ↑, haptoglo-
RÉGÉNÉRATION APRÈS TRAITEMENT bine ↓, ± bilirubine libre ↑.
X Examens à visée étiologique en l’absence de
ET/OU CESSATION DE LA CAUSE cause évidente (toxique, infectieuse…) :
Quelle que soit l’anémie : arrêt d’un toxique, trai- ƒ test de Coombs globulaire direct : positif = ané-
tement d’une carence, régression d’un syndrome mie hémolytique immunologique ; élution mon-
inflammatoire… trant la spécificité des AC ;
ƒ frottis sanguin : hématies de forme ou aspect
HÉMORRAGIE AIGUË anormal orientant vers une cause.

X Diagnostic clinique, habituellement évident : HÉMOLYSES TOXIQUES


saignement extériorisé (plaie cutanée, méléna, X Médicaments : disulone, ribavirine.
hématémèse, épistaxis, métrorragie…). X Toxiques :
X NB : hématurie = rarement cause d’anémie. ƒ arsenic, plomb, cuivre ;
X Diagnostic parfois difficile : ƒ venins : serpent, araignée, guêpe ;
ƒ hémorragie digestive non extériorisée : antécé- ƒ champignon.
dents, AINS, épigastralgie, sang au TR ;
ƒ hématome : troubles de l’hémostase, trauma- HÉMOLYSES INFECTIEUSES
tisme (résorption d’hématome : parfois bilirubine Contexte habituellement très évocateur :
↑, haptoglobine ↓) ; X septicémie à C. perfringens, streptocoques, E. coli ;
ƒ baisse de l’Hb retardée de quelques heures en X paludisme.
cas d’hémorragie aiguë, car perte proportionnelle
d’hématies et de plasma. HÉMOLYSES IMMUNOLOGIQUES
Coombs +.
X Anémie hémolytique auto-immune (AHAI) :
HÉMOLYSES ƒ maladie auto-immune : auto-anticorps contre un
X Définition : diminution de la durée de vie des antigène normal des globules rouges du patient
globules rouges. (anti-Rh, anti-I…), activant ou non le complément ;
X Clinique : ƒ AC froid : agglutinant les hématies au mieux à 4 °C ;
ƒ ictère et splénomégalie : fréquents ; ƒ AC chaud : actifs à 37 °C.

Anémies hémolytiques auto-immunes


AC Hémolyse Causes Contexte
Maladie des agglutinines froides Évolution chronique + poussées au froid
(chronique idiopathique) Raynaud ; IgM monoclonale anti-I
IgM
Maladie de Waldenström Adénopathies
anti-I Intra-vasculaire
froide Infections Mycoplasme Enfant, signes infectieux
EBV, CMV, Début bruyant, hémolyse aiguë
VHB, VIH IgM polyclonale anti-I
AHAI idiopathique à AC chauds Splénomégalie (50 %)
Hémopathies LLC Adénopathies
lymphoïdes LNH (LAI1…)
IgG Maladies auto-immunes LES >> PR, sclérodermie, ± thrombopénie (syndrome d’Evans)
Extra-vasculaire,
anti-Rh dermato-myosite, RCH, Biermer
chronique
chaude
Cancer ou kyste de l’ovaire Masse pelvienne/ TV, TR, écho
Médicaments α méthyl-Dopa Prise médicamenteuse
L-Dopa
Hydantoïnes fludarabine
1. LAI = lymphadénopathie angio-immunoblastique : forme de LNH T.
414 PARTIE 3 ITEM 297

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

X Anémie hémolytique allo-immune : ƒ syndrome hémolytique et urémique (SHU) :


H É M AT O L O G I E

ƒ allo-anticorps dirigé contre antigène globulaire ; x MAT affectant surtout l’enfant,


ƒ allo-immunisation fœtomaternelle anti-Rh : x sans trouble neurologique habituellement,
x mère Rh– (d/d) et père Rh+ (D/D ou D/d), x volontiers lors d’une gastro-entérite à E. coli
x passage transplacentaire d’hématies fœtales Rh+ O157 : H7,
entraînant des AC maternels IgM puis IgG, x traitement = symptomatique + de la cause ;
x manifestations seulement lors de la 2e grossesse ƒ autres formes de MAT : liées aux cancers, chimio-
incompatible, thérapies, greffes de moelle, grossesse, HTA mali-
x hémolyse fœtale dès la 6e semaine : anémie, gne.
hépatosplénomégalie, insuffisance cardiaque et Macroangiopathies thrombotiques :
anasarque fœtoplacentaire, X Dysfonctionnement de prothèse valvulaire aorti-
x mort fœtale in utero ou ictère néonatal précoce que >> mitrale.
à bilirubine libre, neurotoxique si > 300 μmol/L X Prothèses vasculaires : parfois.
(ictère nucléaire), X Rétrécissements valvulaires serrés : exceptionnel.
x diagnostic : groupage de mère et enfant, test de X Hémolyse chronique modérée, parfois aggravée
Coombs au sang du cordon, par désinsertion de la prothèse ou surinfection.
x prévention : sérum anti-D injecté aux femmes Marathoniens : anecdotique.
Rh– sans immunisation antérieure après accou-
chement d’enfant Rh+ ou interruption de gros- MALADIE DE MARCHIAFAVA-MICHELI
sesse ou manœuvre obstétricale ou traumatisme = « hémoglobinurie paroxystique nocturne ».
ou métrorragie ou décollement placentaire, X Définition : maladie clonale, seule anémie hémo-
x dépistage : RAI si femme Rh– aux 2, 6, 8, et lytique corpusculaire acquise.
9e mois, X Physiopathologie :
x si RAI+ anti-D : surveillance du titre des AC, ƒ défaut de l’expression de CD55 et CD59, protéi-
échos fœtales ; nes membranaires inhibitrices du complément, par
ƒ incompatibilité fœtomaternelle ABO : mutation acquise sur une cellule souche hémato-
x mère O porteuse d’AC anti-A ou anti-B par poïétique totipotente ;
immunisation active (transfusion, vaccination…), ƒ hémolyse intravasculaire par sensibilité au com-
x anémie hémolytique fœtale généralement modé- plément, activé par l’acidose physiologique noc-
rée, possible dès la 1re grossesse. turne.
X Anémie hémolytique immunoallergique : X Tableau polymorphe :
ƒ AC dirigé contre un antigène exogène fixé aux ƒ anémie avec hémoglobinurie paroxystique mati-
hématies du patient ; nale ;
ƒ possibilité de sensibilisation par un médicament ƒ anémie hémolytique chronique ;
dès le 1er traitement (β-lactamines, sulfamides, ƒ hémosidérose rénale ou hémosidérinurie chroni-
rifampicine, quinine…) ; que avec carence martiale et microcytose ;
ƒ anémie hémolytique intravasculaire aiguë avec ƒ thromboses veineuses ou artérielles ;
hémoglobinémie, choc et IRA ou bien hémolyse ƒ aplasie médullaire.
extravasculaire subaiguë ; X Diagnostic :
ƒ diagnostic : Coombs direct positif sans spécificité ƒ cytométrie de flux : déficit en CD55 et CD59 ;
anti-hématie et si négatif, Coombs indirect positif ƒ test de Ham-Dacie (hémolyse acide avec complé-
contre le médicament. ment) : désuet.
ANÉMIES HÉMOLYTIQUES MÉCANIQUES ANÉMIES HÉMOLYTIQUES HÉRÉDITAIRES
Fragmentation d’hématies sur obstacle avec forma- X Anomalie héréditaire de :
tion de schizocytes. ƒ membrane : microsphérocytose >> elliptocytose,
Microangiopathies thrombotiques : ancanthocytose, stomatocytose ;
X MAT : anémies hémolytiques mécaniques avec ƒ hémoglobine : drépanocytose >> hémoglobino-
thrombopénie et thromboses microvasculaires. ses C, D, E…
X Fièvre, ictère et IRA très fréquents. ƒ enzyme : déficit en PK > G6PD >> autres en
X Plusieurs formes différentes : Occident.
ƒ purpura thrombotique thrombocytopénique (= X Maladie de Minkowski-Chauffard :
PTT, syndrome de Moschcowitz) : ƒ maladie autosomique dominante à pénétrance
x MAT affectant surtout l’adulte, variable par déficit d’une protéine membranaire,
x troubles neurologiques habituellement, conférant une forme sphérique aux hématies
x le plus souvent idiopathique, mais parfois asso- (microsphérocytose héréditaire) ;
cié à : VIH, connectivite, vascularite, ƒ anémie hémolytique chronique extravasculaire
x traitement : symptomatique + échanges plasma- avec poussées paroxystiques ictériques ;
tiques (transfusions plaquettaires à éviter sauf ƒ clinique : subictère et splénomégalie modérée ;
hémorragie incontrôlée) ;
PARTIE 3 ITEM 297 415

ANÉMIE

ƒ diagnostic : ƒ facteurs déclenchant les crises :

H É M AT O L O G I E
x frottis sanguin : microsphérocytose, x médicaments oxydants : antipaludéens, sulfami-
x diminution de la résistance osmotique des héma- des, quinolones…
ties, x infections, ingestion de fèves (favisme) ;
x augmentation de l’autohémolyse in vitro corri- ƒ diagnostic :
gée par le glucose ; x frottis sanguin : corps de Heinz (non spécifiques),
ƒ complications : ictère néonatal, poussées hémoly- x dosage de la G6PD à distance d’une crise (réti-
tiques (spontanées ou lors d’infections), érythro- culocytes = riches en G6PD).
blastopénie aiguë par infection à Parvovirus B19, X Déficit en pyruvate kinase :
lithiase biliaire pigmentaire, ulcères de jambes. ƒ maladie autosomique récessive ubiquitaire ;
X Drépanocytose : ƒ hémolyse chronique ± poussées aiguës ;
ƒ maladie autosomique récessive par mutation du ƒ antécédent familial ;
gène de la chaîne β de la globine entraînant la ƒ terrain : Blancs européens, Noirs, Asiatiques ;
synthèse de l’hémoglobine S ; ƒ diagnostic :
ƒ hémoglobine S : polymérisation avec déformation x frottis sanguin : pas de sphérocytose,
figée des hématies (falciformation) ; x autohémolyse in vitro corrigée par l’ATP, non par
ƒ terrain : Africains, Méditerranéens, Réunionnais, le glucose,
Guyanais ; x PK érythrocytaire ↓↓.
ƒ drépanocytose hétérozygote :
x asymptomatique sauf très grande hypoxie,
x électrophorèse de l’Hb : HbA > HbS > 30 % ;
ƒ drépanocytose homozygote : Anémies normocytaires
x anémie hémolytique chronique : Hb 6-10 g/dL,
dès le 3e mois, ou macrocytaires
x ictère, splénomégalie initiale transitoire (infarcie arégénératives
ensuite),
x aggravations aiguës de l’anémie par érythro-
X En cas d’anémie isolée, chercher une cause
blastopénie à Parvovirus B19 ou par crise de
simple (par : ferritine, fibrinogène, CRP, créati-
séquestration splénique après fièvre ou crise
nine, TSH) :
douloureuse abdominale,
ƒ carence martiale : exceptionnellement normocytaire ;
x diagnostic :
ƒ anémie inflammatoire : normocytaire au début ;
- frottis sanguin : drépanocytes,
ƒ insuffisance rénale : rôle à confirmer par dosage
- électrophorèse de l’Hb : HbS > 50 % ;
de l’EPO (basse ou trop peu élevée) ;
x crises vaso-occlusives douloureuses fébriles :
ƒ éthylisme chronique ;
- thromboses aiguës capillaires favorisées par
ƒ hypothyroïdie ou panhypopituitarisme.
hypoxémie, acidose, déshydratation, infection,
X Myélogramme :
hyperthermie, froid, injection de produit de
ƒ si bi / pancytopénie ou absence de cause simple ;
contraste,
ƒ suffisant pour distinguer mégaloblastose, myélo-
- infarctus : osseux, pulmonaires, rénaux, spléni-
dysplasie, envahissement et aplasie.
ques, hépatiques ou cérébraux…
X NB, chercher une cause associée en cas de :
x infections : fréquentes et sévères, par asplénie
ƒ cause simple présente, mais VGM > 105 ;
fonctionnelle, à pneumocoque, Haemophilus,
ƒ carence martiale trouvée dans une anémie normo /
staphylocoque, salmonelle, mycoplasme,
macrocytaire.
x autres complications : priapisme, rétinopathie
proliférante, cardiomyopathie dilatée, infarctus
pulmonaire, HTA pulmonaire, fausses couches, MOELLE ENVAHIE
ulcères de jambe, lithiase biliaire, ostéonécrose Habituellement bi/pancytopénie :
aseptique de la tête fémorale… X leucémies aiguës, lymphomes, myélome ;
X Déficit en glucose-6-phosphate déshydrogé- X métastases de cancer ;
nase : X tuberculose, leishmaniose.
ƒ maladie récessive liée à l’X, par mutation du gène
de la G6PD, réduisant la demi-vie de l’enzyme et
la résistance des hématies aux oxydants ; MOELLE PAUVRE
ƒ terrain : Méditerranéens ou Noirs africains, anté- Biopsie ostéomédullaire nécessaire.
cédents familiaux masculins ; X Myélofibrose : myélofibrose primitive, LMC, leu-
ƒ deux formes différentes, habituellement : cémie à tricholeucocytes, primitive.
x chez le Noir : crises hémolytiques induites, X Érythroblastopénie : Parvovirus B19, auto-
x chez le Méditerranéen : hémolyse chronique immune (thymome, LLC, LES), toxique, maladie
(splénomégalie) et crises hémolytiques intravas- de Blackfan-Diamond, idiopathique.
culaires aiguës spontanées ou provoquées ;
416 PARTIE 3 ITEM 297

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

X Aplasie médullaire : X Carences en vitamine B12 :


H É M AT O L O G I E

ƒ médicaments : chimiothérapies anticancéreuses, ƒ syndrome de non dissociation de la vitamine


chloramphénicol, phénylbutazone, sulfamides, B12 de ses protéines porteuses (60 %) :
phénothiazines, antithyroïdiens, AINS, sels d’or… x diagnostic : carence en B12 sans autre cause
ƒ toxiques : benzène, pesticides ; trouvée (cf. ci-dessous),
ƒ infections : VHB, VHC, VIH, CMV, EBV ; x causes :
ƒ maladie de Fanconi : autosomique récessive, - gastrite atrophique, chirurgie gastrique,
avec dysmorphie ; - alcool, insuffisance pancréatique,
ƒ irradiation (> 5 Gy). - médicaments : metformine, anti-sécrétoires
gastriques,
- pullulation microbienne, Helicobacter pylori,
MOELLE RICHE - Sjögren, sclérodermie,
- déficit congénital en haptocorrine,
DYSMYÉLOPOÏÈSES ]ITEM 161\
- âge avancé,
- idiopathique,
SYNDROME D’ACTIVATION
x traitement :
MACROPHAGIQUE - celui de la cause, si possible,
X Contexte habituel : hémopathie (LNH), infec- - substitution orale ;
tion… ƒ maladie de Biermer (20 %) :
X Fièvre (constante), organomégalies. x terrain : femme, âge mûr, maladies auto-immu-
X Bi / pancytopénie, ferritine ↑, triglycérides ↑. nes,
X Myélogramme : hémophagocytose. x déficit isolé en B12 par absence de FI avec atro-
phie gastrique (FOGD),
ANÉMIES MÉGALOBLASTIQUES
x risque de cancérisation gastrique,
X Cause : carence en folate ou B12 x auto-anticorps (≥ 1 trouvé dans 95 % des cas) :
X Orientation diagnostique : - AC anti-FI : spécificité ≈ 100 %, mais sensibi-
ƒ clinique : lité ≈ 70 % ;
x syndrome anémique, - anti-cellules pariétales : sensibilité ≈ 90 %, mais
x syndrome digestif : faible spécificité (faux positifs : âge > 60 ans,
- bouche sèche, douloureuse, gastrites, thyroïdites) ;
- langue dépapillée (glossite de Hunter), ƒ autres causes, plus rares :
- anorexie, dyspepsie, nausée, vomissement, épi- x carence d’apport : régime végétarien strict,
gastralgie, diarrhée ; x malabsorption : gastrectomie, iléonectomie,
x syndrome neurologique : Crohn, maladie cœliaque, maladie d’Imers-
- sclérose combinée de la moelle (déficit B12) lund (déficit héréditaire en transcobalamine II),
= syndrome cordonal postérieur + pyramidal, infection intestinale (anse borgne, diverticulose
- ralentissement psychomoteur, dépression, hal- grêle),
lucinations ; x spoliation : bothriocéphale (helminthiase),
ƒ biologie : x médicaments : colchicine, néomycine, metfor-
x NFS : mine, anti-ulcéreux.
- de la macrocytose isolée à la pancytopénie, X Carences en folates :
- hypersegmentation nucléaire des PNN, ƒ carence d’apports : dénutrition, alcoolisme chroni-
- macrothrombocytes, que, grossesses multiples ;
x myélogramme : mégaloblastose, ƒ malabsorption : résection intestinale haute, mala-
x dosages de vitamine B12 et folate, die cœliaque, Whipple, Crohn, tuberculose intes-
x LDH ↑ et bilirubine libre ↑ par hémolyse intra- tinale ;
médullaire ; ƒ besoins élevés : hémolyse chronique, cancers,
ƒ si vitamine B12 basse : hémopathies ;
x FOGD : recherche d’atrophie gastrique, ƒ augmentation des pertes : dialyse, cirrhose, insuf-
x recherche d’AC anti-FI et anti-cellules pariétales, fisance cardiaque ;
x test de Schilling : peu pratiqué ; ƒ médicaments : méthotrexate, salazopyrine, isonia-
ƒ si folates bas : zide, sulfamides antibactériens, nitrofurantoïne,
x FOGD : atrophie villositaire duodénale ? pentamidine, triamtérène, hydantoïnes, barbituri-
x recherche d’AC anti-transglutaminase tissulaire, ques, contraceptifs oraux.
x test au D-xylose : peu pratiqué.
417

H É M AT O L O G I E
PARTIE 3

ITEM 311
ORIENTATION DIA-
Éosinophilie
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostic

X Définition : PNE > 400/mm3 dans le sang (ANAES, radio de thorax… échographie abdominale,
mais 500 pour de nombreux auteurs). myélogramme, biologie moléculaire recherchant
X Intérêt de : niveau (chiffres), évolution. un transcrit de fusion FIP1L1-PDGFRα…) ;
X Causes allergique > parasitaires > autres. ƒ rarement en l’absence de cause trouvée après une
exploration approfondie : évocation d’un syndrome
hyperéosinophilique idiopathique (cf. ci-après).
ORIENTATION ÉTIOLOGIQUE
PRINCIPE
CAUSES
X Importance de la clinique et des éventuelles autres
anomalies de la NFS. X Allergie (atopie) :
X Vérifier que le diagnostic retenu explique les mani- ƒ eczéma constitutionnel, urticaire ;
festations. ƒ asthme allergique ;
X Réévaluer manifestations et PNE après traitement. ƒ rhinite, conjonctivite allergiques.
X Parasitoses (helminthiases : cf. tableau,
CLINIQUE page 418) :
X Atopie : personnelle ou familiale ? (asthme, ƒ métropolitaines : toxocarose (larva migrans viscé-
eczéma, urticaire, rhinites et conjonctivites…). rale), taeniase, distomatose, oxyurose, ascaridiase,
X Mode de vie : origine géographique, voyages, trichinose, hydatidose, échinococcose alvéolaire,
alimentation, hygiène, animaux… anisakiase, trichocéphalose ;
X Notion de parasitose dans l’entourage. ƒ exotiques : anguillulose, ankylostomiase, ascari-
X Prises médicamenteuses. diase, bilharziose, cysticercose, filariose lymphati-
X Manifestations : que, dracunculose, loase, onchocercose.
ƒ cutanées : prurit, éruption ; X Autres infections :
ƒ respiratoires : dyspnée asthmatiforme, toux ; ƒ VIH, VHC ;
ƒ digestives : diarrhée, douleurs abdominales ; ƒ aspergillose bronchopulmonaire allergique.
ƒ organomégalies : adénopathies, splénomégalie, X Médicaments :
hépatomégalie ; ƒ allopurinol, sels d’or, méthotrexate ;
ƒ autres : œdèmes, myalgies, épilepsie, trouble visuel, ƒ hydantoïne, carbamazépine, imipramine ;
hématurie. ƒ héparines ;
ƒ β-lactamines, isoniazide, amphotéricine B ;
DÉMARCHE ƒ antiviraux : antiprotéases, ganciclovir ;
X Explorations en fonction de la clinique. ƒ statines, IEC ;
X Causes simples et fréquentes : atopie (PNE ƒ L-tryptophane.
< 1 500), médicaments. X Maladies systémiques :
X Recherche de parasitose : en fonction de voya- ƒ PAN, Churg-Strauss, Wegener, PR ;
ges et manifestations. ƒ fasciite à éosinophiles (syndrome de Shulman) ;
X En l’absence d’orientation : ƒ embolies de cholestérol ;
ƒ sans voyage exotique : 3 EPS et sérologies toxo- ƒ sarcoïdose, mastocytose systémique ;
cara, taenia, fasciola (distomatose) puis, si néga- ƒ Crohn, Whipple.
tifs, ascaris, trichinella et échinococcus ; X Hémopathies et cancers :
ƒ si voyages exotiques : 3 EPS et sérologies d’an- ƒ Hodgkin et LNH notamment T (mycosis fongoïde,
guillule, d’ascaris et autres examens à adapter au Sézary) ;
pays considéré (cf. tableau p. 418) ; ƒ syndromes myéloprolifératifs, LAM4 ;
ƒ traitement antiparasitaire : adapté au parasite ou ƒ cancers notamment pulmonaires.
d’épreuve ; X Dermatoses :
ƒ si traitement inefficace : ƒ dermatoses allergiques (cf. eczéma, urticaire) ;
x rechercher à nouveau une maladie néoplasique, ƒ mycosis fongoïde, Sézary (LNH T) ;
systémique ou virale : cliniquement puis para- ƒ pemphigoïde bulleuse, pemphigus ;
cliniquement, ƒ folliculose lymphoïde de Wells.
x (NFS, VS, biochimie hépatique, créatinine, CPK, X Déficits immunitaires congénitaux :
LDH, Ca, ANCA, sérologies VHC et VIH, IgE, ƒ syndrome de Wiskott-Aldrich ;
vitamine B12, cortisolémie, bandelette urinaire, ƒ syndrome de Job-Buckley.
H É M AT O L O G I E 418

Parasitose Géographie1 Contamination Manifestations évocatrices Diagnostic


2
Toxocarose Fécale animale (chien et chat) Löffler3, atteintes oculaires, DA, D, V Sérologie
PARTIE 3

Taeniase Viande de bœuf peu cuite EPS, sérologie


Distomatose Cresson, mâche, arrosés par eau Angiocholite, DA, D, V Sérologie
souillée par bovin porteur
Oxyurose Mains souillées mises à la bouche Prurit anal vespéral, DA, D Scotch test, EPS
X Hypocorticisme.
ITEM 311

Ascaridiase Eau souillée Löffler3, DA, D, V EPS, sérologie


Métropole
Trichinose Viande de porc peu cuite Myalgies, œdème surtout périorbitaire, DA, D, V Sérologie ƒ avec atteinte viscérale ;
Anisakiase Poisson cru Douleurs abdominales, nausées Biopsie gastro-duodénale
Trichocéphalose Eau souillée Anémie, DA, D EPS
ƒ habituellement hommes jeunes ;
ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

Hydatidose Afrique du Nord Eau / aliment souillé, Hépatomégalie sensible, toux Sérologie
nophiles = maladie de Carrington.

et Australie contact avec chien porteur


ƒ PNE > 1 500/mm3 pendant ≥ 6 mois ;
ƒ sans argument pour une autre cause ;

Échinococcose alvéolaire Hémisphère nord Aliment souillé par renard porteur Hépatomégalie sensible, ictère Sérologie
Bilharziose urinaire Réunion, Afrique Hématurie, hydronéphrose, Löffler3 Sérologie, EPU
Proche et Moyen Orient
Transcutanée par bain en eau
Bilharziose digestive Sérologie, EPS, biopsie
X Syndrome hyperéosinophilique idiopathique :

Guyane, Guadeloupe, Martinique, douce souillée de selles humaines Löffler3, rectorragies, DA, D
X Pneumopathie chronique idiopathique à éosi-

Afrique Noire, Amérique du Sud, rectale


Extrême-Orient
Anguillulose Transcutanée par eau ou boue Löffler3, larva currens cutanée, duodénite, DA, EPS très répétés
Cosmopolite dont Réunion, souillée de selles humaines D, V, méningite
Ankylostomose Guadeloupe, Martinique Transcutanée sur sol humide Duodénite, DA, D, V EPS
souillé de selles humaines Anémie
Cysticercose Réunion, Espagne, Afrique, Féco-orale Épilepsie, déficit neurologique, hypertension Sérologie
Amérique centrale et du Sud intracrânienne, troubles visuels, myalgies
myocardique).
ƒ manifestations :

thie interstitielle ;

Filariose lymphatique Égypte, Afrique noire, Amérique Piqûre de moustique Lymphangite avec éléphantiasis Microfilarémie nocturne,
x asthénie ou fièvre ;

du Sud, Inde, Pakistan, Extrême- sérologie


Orient
Dracunculose Eau de boisson souillée par ponte Tuméfaction sous-cutanée Prélèvement de lésion
x diarrhée, organomégalie ;

percutanée avec extériorisation d’un ver cutanée


Afrique noire
Loase Piqûre de taon Prurit sur reptations sous-cutanées, Goutte épaisse diurne,
œdèmes migrateurs sérologie
Onchocercose Afrique noire, Amérique du Sud Piqûre de moucheron Nodules cutanés, Biopsie cutanée exsangue,
« cécité des rivières » sérologie
x prurit, éruption cutanée, angio-œdème ;

x neuropathie sensitive, convulsions, coma ;

1. Métropole : France métropolitaine, de façon non exclusive (existence aussi ailleurs) ; cosmopolite : dans le monde entier, mais France métropolitaine exclue.
2. Toxocarose : 1re cause d’hyperéosinophilie parasitaire en France.
3. Syndrome de Löffler : infiltrats pulmonaires labiles lors de la migration de larves.
x toux sèche, dyspnée asthmatiforme, pneumopa-

x insuffisance valvulaire ou cardiaque (fibrose endo-

DA : douleurs abdominales. D : diarrhée. V : vomissement. EPS : examen parasitologique des selles. EPU : examen parasitologique des urines.
419

H É M AT O L O G I E
PARTIE 3

ITEM 316
ORIENTATION DIA-
Hémogramme
GNOSTIQUE DEVANT

Objectifs Indications, interprétation

DURÉES DE VIE NORMALES DÉFINITIONS


Ordre d’idée parfois utile au raisonnement : X Hémogramme = NFS : analyse du nombre, de la
X hématies : 120 jours ; proportion et du volume des éléments figurés du
X plaquettes : 1 semaine ; sang par unité de volume.
X PNN : 1 jour. X Valeurs seuils suivant l’ANAES (1997) et défi-
nition des anomalies :

Valeurs normales Valeurs < N Valeurs > N

Lignée rouge
Hémoglobine (Hb) ɉ : 13-17 Anémie Polyglobulie à confirmer par mesure
(g/dL) Ɋ : 12-16 isotopique du VGT
Enceinte > 11,5
Naissance > 13,5
Jusqu’à 6 ans > 11,5
6 à 14 ans > 12,5
Hte ɉ : 38-50 % Suspicion d’anémie Suspicion de polyglobulie
( %) Ɋ : 38-45 % (cf. Hb)
VGM (μm3) Adulte : 82-98 Microcytose Macrocytose
6 à 14 ans > 80
2 à 6 ans > 73
Avant 2 ans > 70
CCMH1 (%) > 32 % Hypochromie –
Réticulocytes2 (× 106/L) 30 000-120 000 Hyporéticulocytose Hyperréticulocytose (régénération)
Lignées blanches
Leucocytes (× 106/L) 4 000-10 0003 Leucopénie Hyperleucocytose
4
PNN 1 500-7 000 Neutropénie Polynucléose neutrophile
PNE4 < 4005 – Éosinophilie
4
PN basophiles < 100 – Basophilie
Lymphocytes4 adulte : 1 500-4 000 Lymphopénie Lymphocytose
10 ans < 6 500
4 ans < 8 000
1 an < 10 000
nourrisson < 11 000
Monocytes4 200-800 Monocytopénie Monocytose
Plaquettes
Plaquettes 150 000-400 000 Thrombopénie Thrombocytose
1. CCMH = Hb/Hte.
2. Valeur à interpréter en fonction du chiffre de l’hémoglobine.
3. Valeurs usuelles, non mentionnées par l’ANAES. Variations des leucocytes globaux : ininterprétables, n’interpréter que les variations des différentes
catégories de leucocytes.
4. Pour les différents globules blancs : n’interpréter que les valeurs absolues et non leur pourcentage des GB totaux (sans intérêt)
5. Valeur retenue par l’ANAES mais 500 est le chiffre usuel retenu dans la littérature.
420 PARTIE 3 ITEM 316

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

X Causes « métaboliques » :
H É M AT O L O G I E

INDICATIONS DE L’HÉMOGRAMME
ƒ stress : passage aux urgences, choc émotionnel,
EN URGENCE douleur, froid, chaleur, effort musculaire, nausée,
X État de choc. vomissements, anesthésie, chirurgie ;
X Pâleur intense, dyspnée inexpliquée, douleur tho- ƒ insuffisance rénale ;
racique. ƒ grossesse, éclampsie, lactation, menstruations ;
X Angine ulcéro-nécrotique ou résistante aux anti- ƒ endocrinopathies : Cushing, thyroïdite aiguë, aci-
biotiques. dose diabétique ;
X Fièvre après prise médicamenteuse ou résistante ƒ trisomie 21.
aux antibiotiques. NEUTROPÉNIE
X Purpura pétéchial ou syndrome hémorragique.
Myélogramme en l’absence de cause évidente.
DEGRÉ D’URGENCE X Causes médicamenteuses. ]ITEM 143\
SUIVANT LE CONTEXTE X Causes toxiques : benzène, pesticides, radiothé-
X Syndrome anémique. rapie.
X Syndrome infectieux. X Hypersplénisme : splénomégalie. ]ITEM 332\
X Altération de l’état général, amaigrissement, fiè- X Infections :
vre prolongée, sueurs nocturnes. ƒ viroses : VIH, EBV, VVZ, CMV, VHB, VHC, Parvovirus
X Prurit prolongé inexpliqué. B19, rougeole, oreillons, rubéole ;
X Syndrome d’hyperviscosité : céphalées, acouphè- ƒ mycobactérioses, salmonellose, brucellose, septi-
nes, phosphènes, flou visuel, AVC. cémies à BGN, rickettsioses ;
X Thrombose vasculaire. ƒ leishmaniose, paludisme, histoplasmose.
X Adénopathie, splénomégalie. X Endocrinopathies : hypothyroïdie, hypocorti-
X Surveillance de traitement à risque hématologi- cisme.
que, hémopathie, insuffisance rénale, maladie à X Causes nutritionnelles : carence en fer, folate,
risque hémorragique. B12, cuivre.
X Causes constitutionnelles :
ƒ neutropénie ethnique (Noirs : habituellement PNN
INTERPRÉTATION : CAUSES > 800) ;
ƒ neutropénie cyclique : autosomique dominante,
ANÉMIE ]ITEM 297\
cycles de neutropénie de 21 jours en moyenne ;
POLYGLOBULIE ]ITEM 165\
ƒ syndrome de Wiskott Aldrich ;
ƒ maladie de Fanconi ;
ÉOSINOPHILIE ]ITEM 311\ ƒ ataxie-télangiectasie ;
ƒ maladie de Blackfan-Diamond ;
THROMBOPÉNIE ]ITEM 335\ X Causes immunologiques :
ƒ LES, PR (neutropénie + PR + splénomégalie = syn-
POLYNUCLÉOSE NEUTROPHILE drome de Felty) ;
X Inflammations : ƒ neutropénie auto-immune primitive ;
ƒ infections surtout bactériennes (mais typiquement ƒ leucémie à LGL (Large Granular Lymphocytes
pas brucellose, typhoïde, tuberculose) ; = grands lymphocytes granuleux).
ƒ nécroses tissulaires : IDM, pancréatite aiguë, rhab-
domyolyse, brûlures… HYPERLYMPHOCYTOSE
ƒ maladies systémiques : connectivites, vascularites, Immunophénotypage en l’absence de cause évi-
maladie périodique ; dente ou si hémopathie soupçonnée.
ƒ cancers, maladie de Hodgkin. X Syndrome mononucléosique. ]ITEM 334\
X Troubles hématologiques : X Tabagisme.
ƒ asplénie anatomique ou fonctionnelle ; X Hémopathies : LLC, maladie de Waldenström,
ƒ syndromes myéloprolifératifs : LMC, LMMC, syndrome de Sézary, leucémie à tricholeucocytes,
Vaquez, thrombocytémie essentielle, myélofibrose histiocytose maligne… ]ITEMS 163 et 126\
primitive (ex-splénomégalie myéloïde) ; X Infections :
ƒ anémie aiguë, fin d’agranulocytose. ƒ coqueluche, brucellose, tuberculose, syphilis
X Causes exogènes : secondaire, rickettsioses ;
ƒ toxiques : tabac (1re cause), benzène, éthylène ƒ viroses : rougeole, oreillons, rubéole, varicelle,
glycol, Hg, Pb, venins, endotoxine ; hépatites.
ƒ médicaments : corticoïdes, androgènes, hépa- X Endocrinopathies : hypocorticisme, insuffisance
rine, lithium, digitaliques (intoxication), facteur de antéhypophysaire, thyrotoxicose
croissance hématopoïétique. X Connectivites.
PARTIE 3 ITEM 316 421

HÉMOGRAMME

X Hyperplaquettoses

H É M AT O L O G I E
LYMPHOPÉNIE primitives (souvent
X Infections : > 800 000) :
ƒ virales : SIDA, hépatites, grippe, rougeole, vari- ƒ thrombocytémie essentielle ;
celle… ƒ autres syndromes myéloprolifératifs : LMC,
ƒ bactériennes : tuberculose, typhoïde, paludisme, Vaquez, myélofibrose primitive.
infections sévères. MYÉLÉMIE
X Maladies générales : PR, LES, sarcoïdose, myas-
X Définition : présence dans le sang de cellules
thénie, entéropathies exsudatives, IRC, hyper-
immatures granuleuses (myélocytes, métamyélo-
corticismes.
cytes, promyélocytes).
X Cancers et hémopathies : Hodgkin, LNH, apla-
X Causes :
sie médullaire, cancer terminal.
ƒ myélémie modérée et transitoire :
X Iatrogénie :
x réparation d’insuffisance médullaire,
ƒ chimiothérapies et immunosuppresseurs : corti-
x infection, hémorragie ou hémolyse aiguës,
coïdes, cyclophosphamide, azathioprine, métho-
x corticothérapie, facteurs de croissance granulo-
trexate, sérum anti-lymphocytaire, rituximab ;
cytaires ;
ƒ radiothérapie, PUVA-thérapie ;
ƒ myélémie persistante :
ƒ don de plaquette par aphérèse ;
x syndromes myéloprolifératifs (LMC…),
ƒ clozapine.
x myélofibrose,
X Troubles nutritionnels : alcoolisme, grand âge,
x envahissement médullaire par cancer ou lym-
dénutrition, déficit en zinc.
phome.
X Causes congénitales : déficit immunitaire com-
biné sévère, ataxie-télangiectasie, syndrome de BLASTOSE CIRCULANTE
Wiskott-Aldrich.
X Causes :
MONOCYTOSE ƒ leucémies aiguës ;
ƒ lymphomes leucémiques ;
X Sortie d’aplasie (post-chimiothérapie…).
ƒ régénération après greffe, aplasie ou agranulocy-
X Splénectomie.
tose ;
X Néoplasies :
ƒ facteurs de croissance granulocytaires.
ƒ leucémies myélomonocytaires, LMC, LA, myélo-
X cf. causes de myélémie si quelques blastes avec
dysplasie ;
myélémie.
ƒ Hodgkin, histiocytoses malignes ;
ƒ carcinomes et sarcomes. BICYTOPÉNIE ET PANCYTOPÉNIE
X Infections : X Définition : baisse de 2 ou des 3 lignées myé-
ƒ tuberculose, brucellose, rickettsioses, syphilis, loïdes.
endocardite d’Ösler ; X Examens diagnostiques :
ƒ viroses (EBV) ; ƒ dosage des réticulocytes distinguant causes cen-
ƒ paludisme, trypanosomiase, mycoses profondes. trales (< 100 000) et périphériques (> 150 000) ;
X Maladies systémiques : sarcoïdose, PR, RCH, ƒ recherche de blastose au frottis sanguin (LA) ;
Crohn, histiocytose. ƒ myélogramme : en l’absence de cause évi-
X Diverses : cirrhose, Gaucher. dente immédiate ;
MONOCYTOPÉNIE ƒ biopsie de moelle : si moelle pauvre (aplasie, myé-
lofibrose) ou envahie (cancer) au myélogramme.
X Aplasie ou envahissement médullaire.
X Causes périphériques :
X Corticothérapie, SIDA.
ƒ hypersplénisme (splénomégalie) ; ]ITEM 332\
X Leucémie à tricholeucocytes.
ƒ cirrhose, même sans splénomégalie : thrombopé-
HYPERPLAQUETTOSE nie, anémie > neutropénie ;
X Hyperplaquettoses secondaires (habituellement ƒ LES ; ]ITEM 117\
< 800 000) : ƒ syndrome d’Evans = anémie et thrombopénie
ƒ syndrome inflammatoire ; auto-immunes (Coombs +) ;
ƒ carence martiale ; ƒ microangiopathies thrombotiques : thrombopénie
ƒ stress, exercice ; de consommation + anémie hémolytique mécani-
ƒ asplénie anatomique ou fonctionnelle ; que. ]ITEM 335\
ƒ hémorragie ou hémolyse aiguë ;
ƒ réparation de thrombopénie.
422 PARTIE 3 ITEM 316

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

X Causes centrales : ƒ myélofibrose : primitive, LMC > LA, leucémie à tri-


H É M AT O L O G I E

ƒ carence en folate ou B12 ; choleucocytes ;


ƒ autres dysmyélopoïèses ; ]ITEM 161\ ƒ aplasie médullaire :
ƒ envahissement : cancers (sein, thyroïde, pros- x médicaments : chimiothérapies, chloramphéni-
tate…) et hémopathies (LLC, LA, myélome, col, sulfamides, antithyroïdiens…
Waldenström, lymphome) ; x autres toxiques : radiothérapie, benzène, arsenic,
ƒ infections : tuberculose, leishmaniose, syphilis ; x infections : VHB, VHC, VIH, EBV, CMV, VVZ,
ƒ nécrose médullaire ; rubéole,
ƒ surcharge : maladie de Niemann-Pick ; x hémoglobinurie paroxystique nocturne,
ƒ syndrome d’activation macrophagique : fièvre, x thymome,
organomégalies, bi / pancytopénie, hyperferritiné- x maladie de Fanconi : avec dysmorphie, auto-
mie, hypertriglycéridémie, dans un contexte d’hé- somique récessive,
mopathie (LNH), d’infection… x idiopathique : 60 %.
423

H É M AT O L O G I E
PARTIE 3

ITEM 332
ORIENTATION DIA-
Splénomégalie
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostic

DÉFINITION ƒ infections virales : EBV, VHB, CMV, VIH, rubéole ;


X Augmentation du volume de la rate. ƒ tuberculose hématopoïétique, syphilis secondaire.
X Rate normale : non palpable (sauf chez l’enfant). X Hypertension portale :
X Éventuelle confirmation par échographie ou scan- ƒ cirrhose ;
ner (≥ 12 cm). ƒ thrombose portale ou sus-hépatique (syndrome
X Recherche éventuelle par ces imageries en cas de Budd-Chiari) ;
d’obésité. ƒ thrombose veineuse splénique.
X Hémopathies :
ƒ bénignes : hémolyses ;
CLINIQUE ƒ malignes :
X Taille de la rate (débord costal) : x lymphomes, LLC, LAL, leucémie à tricholeucocytes,
ƒ modéré : toutes causes possibles ; x LAM, LMC, Vaquez, thrombocythémie essen-
ƒ > 18 cm : surtout hémopathies malignes. tielle, myélofibrose primitive.
X Antécédents : hépatopathie, hémopathie, mala- X Maladies systémiques :
die systémique ? ƒ LES ;
X Voyage exotique, notions de contage ? ƒ sarcoïdose ;
X Autres : fièvre, adénopathies, signes d’hyperten- ƒ maladie de Still ;
sion portale, pâleur, ictère ? ƒ syndrome de Felty.
X Maladies de surcharge :
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ƒ maladie de Gaucher ;
ƒ amyloses ;
SUIVANT LA CLINIQUE ƒ maladie de Niemann-Pick.
EN L’ABSENCE D’ORIENTATION X Tumeurs spléniques :
ƒ bénignes : kystes, hamartome ;
X NFS avec réticulocytes et frottis sanguin :
ƒ malignes : fibrosarcome, hémangioblastome.
ƒ hypersplénisme (20 %) : neutropénie, thrombopé-
nie (50-150 000), ± anémie,
ƒ autres : élévation d’une lignée, blastes, cytopé- À titre informatif : Splénectomie
nies, hyperlymphocytose ? Indications :
X Biochimie hépatique, TP. z diagnostiques : splénomégalie sans diagnostic
X ± Haptoglobine si réticulocytes élevés. précis ;
X ± Myélogramme si cytopénies ou blastes. z thérapeutiques :
X Échographie abdominale : taille et morpholo- ✔ anémies hémolytiques incontrôlées,
gie spléniques, foie, système porte, veines sus- ✔ hypersplénisme majeur incontrôlé.
hépatiques, ascite, adénopathies ? Conséquences :
X Radio de thorax : adénopathies ? z immédiates : hyperleucocytose (jusqu’à
X Si diagnostic non trouvé, discuter : 30 000) et thrombocytose (1 000 000) ;
ƒ scanner thoraco-abdomino-pelvien ; z à distance :
ƒ biopsie hépatique, ponction splénique ; ✔ corps de Jolly dans les hématies, thrombo-
ƒ splénectomie (surtout si splénomégalie hétéro- cytose (500 000),
gène inexpliquée) ; ✔ risque d’infections bactériennes foudroyan-
ƒ ou surveillance (splénomégalie modérée homo- tes (pneumocoque, méningocoque, haemo-
gène inexpliquée). philus),
✔ prévention par vaccination anti-pneumo-
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE coque, anti-haemophilus et anti-méningo-
coque au mieux avant splénectomie et
X Infections : pénicilline V au long cours,
ƒ septicémies : endocardites, typhoïde, brucellose, ✔ information du patient, carte de splénecto-
infections à pyogènes… misé,
ƒ abcès splénique(s) ; ✔ si fièvre : hémocultures rapides et ECBU ne
ƒ parasitoses : paludisme, leishmaniose, trypanoso- devant pas retarder une céphalosporine de 3e
miase, bilharziose hépatique, hydatidose, histo- génération parentérale débutée en urgence.
plasmose, toxoplasmose ;
424
H É M AT O L O G I E

PARTIE 3

ITEM 334
ORIENTATION DIA-
Syndrome mononucléosique
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostic

DIAGNOSTIC POSITIF ƒ œdème palpébral évocateur ;


ƒ rarement atteintes neuroméningées, cardiaques,
X Frottis sanguin : pulmonaires…
ƒ grands lymphocytes hyperbasophiles, polymorphes, X Biologie :
ƒ sans critère chiffré. ƒ NFS :
X NFS : hyperlymphocytose habituellement isolée. x hyperleucocytose avec SMN,
(NB : cellules = lymphocytes T activés) x parfois : leuconeutropénie, AHAI, thrombopénie
modérée ;
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ƒ transaminases élevées dans 1 cas sur 3 ;
LAL, LLC, lymphocytose infectieuse de Carl Smith ƒ sérologie (MNI test et/ou IFI) :
(jeune enfant)… x MNI test :
- détection d’IgM hétérophiles : induits par EBV
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE mais dirigés contre des Ag animaux,
- précoce, sensible (98 %, moins avant 5 ans ou
CLINIQUE en cas d’immunodépression),
- assez spécifique (90 %, faux positifs liées à :
X Terrain :
CMV, rubéole, toxoplasmose, VIH),
ƒ grossesse : risque tératogène de toxoplasmose ou
x IgM anti-VCA (en IFI) :
rubéole ;
- signe de primo-infection, durant 4-12 semaines,
ƒ immunodéprimé : risque de réactivation (CMV,
- précoce, sensible et spécifique,
VHB) ;
- indications : MNI test négatif, âge < 5 ans,
ƒ transfusé, toxicomane, sexualité à risque ?
immunodépression, doute diagnostique,
X Notion de contage ?
- 2 fois plus couteux que le MNI test.
X Examen complet :
X Évolution :
ƒ adénopathies, HSM ?
ƒ bénigne mais asthénie plusieurs semaines ;
ƒ angine ? (EBV) ;
ƒ rares complications (hépatite, méningite, myopé-
ƒ éruption cutanée, ictère ?
ricardite…).
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES X Traitement : repos et antipyrétiques.
X Guidés par l’examen clinique. CMV
X Sérologie EBV (recherche d’IgM anti-VCA, pour X Transmission : sanguine, salivaire, sexuelle ou
certains après dépistage par un MNI test positif). materno-fœtale.
X Autres sérologies : CMV, toxoplasmose, rubéole, X Incubation : 30 à 40 jours.
VIH (attendue négative). X Clinique (en fonction du terrain) :
X ± Antigénémie p24 : si cause non trouvée avec ƒ sujet sain : souvent asymptomatique, parfois : fiè-
bilan initial. vre, hépatite, adénopathies, splénomégalie, rash ;
X ± Myélogramme : rarement utile (destiné à éli- ƒ grossesse : risque d’embryo-fœtopathie (cerveau,
miner une LA). poumon, foie, rate) ;
CAUSES ƒ immunodéprimé : pneumopathie, encéphalopa-
thie, hépatite, cytopénie.
MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE X Biologie : thrombopénie et cytolyse hépatique
X Infection à EBV, 1re cause de SMN. fréquentes
X Primo-infection salivaire : entre 15 et 25 ans. X Diagnostic :
X Incubation : 2 à 6 semaines. ƒ sérologie : avec recherche d’IgM ;
X Clinique : ƒ virémie ou antigénémie CMV (pp65) si immuno-
ƒ symptomatique dans moins de 50 % des cas ; dépression.
ƒ fièvre prolongée, asthénie intense, myalgies ;
ƒ angine érythémateuse ± pultacée ; TOXOPLASMOSE
ƒ adénopathies constantes, diffuses ; X Transmission : par viande saignante et chats.
ƒ splénomégalie, hépatomégalie : parfois ; X Clinique (en fonction du terrain) :
ƒ exanthème fugace (3 % sans pénicilline A, 90 % ƒ sujet sain : asymptomatique ou fièvre et adénopa-
avec pénicilline A) ; thies cervicales ;
PARTIE 3 ITEM 334 425

SYNDROME MONONUCLÉOSIQUE

ƒ grossesse : embryopathie ou fœtopathie ; X Autres virus : rubéole, oreillons, rougeole, vari-

H É M AT O L O G I E
ƒ immunodéprimé : encéphalopathie. celle, herpès, hépatites.
X Diagnostic : sérologie avec IgM. X Bactéries : brucellose, mycoplasme, typhoïde,
syphilis secondaire, rickettsiose.
CAUSES PLUS RARES X Allergies médicamenteuses : pénicilline, phé-
X Primo infection VIH : SMN + fièvre + adénopathies nylbutazone, hydantoïne.
+ douleurs pharyngées + rash morbilliforme, sérolo-
gie VIH –, mais antigénémie p24+ ou ARN VIH+.
426
H É M AT O L O G I E

PARTIE 3

ITEM 335
ORIENTATION DIA-
Thrombopénie
GNOSTIQUE DEVANT

Objectif Diagnostic

DIAGNOSTIC POSITIF EXAMENS COMPLÉMENTAIRES


X Plaquettes < 150 000/mm . 3
X Biologie :
X Avec confirmation par frottis sanguin (agré- ƒ NFS, réticulocytes : état des autres lignées ;
gats ?). ƒ hémostase : CIVD, hépatopathie ? (TP, TCA, fibri-
nogène, V, D-dimères).
CLINIQUE ƒ myélogramme :
x nécessaire sauf cause évidente : éthylisme, cir-
X Signes hémorragiques inconstants :
rhose, CIVD, paludisme…
ƒ absents au-delà de 80 000/mm3 ;
x orientant vers l’origine centrale ou périphérique
ƒ rares au-delà de 50 000/mm3.
(suivant le nombre des mégacaryocytes et leur
X Purpura typiquement :
aspect normal ou non) ;
ƒ pétéchial ou ecchymotique ;
x précisant certaines causes centrales ;
ƒ non infiltré, plan, uniforme ;
x complété d’une biopsie ostéomédullaire en cas
ƒ diffus, non déclive ;
de moelle pauvre.
ƒ volontiers cutanéomuqueux ;
X Échographie abdominale :
ƒ ± bulles hémorragiques buccales.
x splénomégalie ?
X Hémorragies profondes : plus rares.
x signes de cirrhose ?
X Fond d’œil :
SIGNES DE GRAVITÉ ƒ si plaquettes < 20 000 ;
X Plaquettes < 20 000 (risque d’hémorragie céré- ƒ recherche d’hémorragies rétiniennes.
brale spontanée).
X Bulles hémorragiques buccales.
X Troubles neurologiques centraux.
Précautions
X Hémorragies rétiniennes au FO (si thrombopénie
Si thrombopénie franche, interdire injections
< 20 000).
IM, gestes invasifs, anticoagulants, aspirine,
X Hémorragies viscérales diffuses.
AINS.
Précisions sur l’algorithme (p. 427) :
ORIENTATION ÉTIOLOGIQUE z PTI : purpura thrombopénique idiopathique :
Voir algorithme p. 427. ✔ diagnostic d’exclusion ;
✔ thrombopénie acquise, isolée, périphéri-
CLINIQUE que ;
X Interrogatoire : ✔ bilan étiologique négatif ;
ƒ antécédents personnels et familiaux d’hémorra- ✔ mécanisme immunologique, mais test de
gies ; Combs plaquettaire sans intérêt (ni sensible,
ƒ antécédents d’éthylisme, hémopathie, hépatopa- ni spécifique).
thie, maladie auto-immune ; z Syndrome d’Evans :
ƒ contexte infectieux, viral, voyage tropical récent ; ✔ = thrombopénie + AHAI ;
ƒ prises médicamenteuses : ✔ volontiers associé au LES.
x anti-mitotiques : notamment sels de platine, z Thrombopénies familiales :
souvent avec autres cytopénies, ✔ maladie de Fanconi = autosomique réces-
x cardiovasculaires : héparine, thiazidique, digoxine, sive, enfant, aplasie + malformations + pig-
quinidine… mentation cutanée ;
x anti-infectieux : sulfamides, pénicillines, rifampi- ✔ syndrome de Wiskott-Aldrich = récessif lié
cine, vancomycine, pentamidine, quinine… à l’X, nourrisson, dermatite eczématiforme
x anti-épileptiques : acide valproïque, phénytoïne, + infections ;
clonazépam ✔ maladie de Bernard et Soulier = récessive,
x autres : phénylbutazone… plaquettes géantes, hémorragies graves.
X Examen physique :
ƒ fièvre ?
ƒ hépatomégalie, splénomégalie, adénopathies évo-
quant une hémopathie.
PARTIE 3 ITEM 335 427

THROMBOPÉNIE

H É M AT O L O G I E
THROMBOPÉNIE : algorithme diagnostique

PLAQUETTES < 150 000 Contrôle sur frottis THROMBOPÉNIE

AGRÉGATS
PLAQUETTAIRES

Réticulocytes ± haptoglobine
TP, TCA, fibrinogène ± D-dimères

ÉTHYLISME : toxicité directe


hypersplénisme
CIVD
SPLÉNOMÉGALIE ITEM 332
Schizocytes + MAT :
CONTEXTE PTT, SHU
MÉDICAMENTS : héparine PARTICULIER
ITEM 182 Anémie
hémolytique
Fièvres tropicales ITEM 99
PALUDISME ITEM 107
Test de
Coombs SYNDROME
globulaire D’EVANS
direct +

M Y É L O G R A M M E

Mégacaryocytes nombreux Mégacaryocytes rares

THROMBOPÉNIE PÉRIPHÉRIQUE THROMBOPÉNIE CENTRALE Moelle Biopsie


pauvre médullaire

Moelle riche
APLASIE MYÉLO-
MÉDULLAIRE FIBROSE
Autres
MÉDICAMENTS Médicaments cellules
(cf. texte) Splénomégalie : clinique, Mégacaryocytes
échographie ≠N N
rares isolés
AAN, antiphospholipide
CIVD : TP, TCA, fibrinogène,
D-dimères
Sérologies virales :
VIH, VHB, VHC…
Thrombopénie Thrombopénie
congénitale acquise
SPLÉNOMÉGALIE
ITEM 332
Carence folate
B12 Toxique
LUPUS Myélodysplasie
ANTI-PHOSPHOLIPIDES
INFECTIONS Leucémie aiguë Fanconi Possible
VIRALES : Myélome, état pré- :
ITEM 117 CIVD – VIH May-Hegglin
— lymphome, – leucémique
ITEM 339 – VHB, VHC Wiskott-Aldrich – aplasique
LLC
– EBV Métastases – myélodys-
– Oreillons Infections : plasique
– Rubéole – tuberculose
– Varicelle… PTI – leishmaniose
1. Chimiothérapies anti-cancéreuses : plutôt causes de bi- ou pancytopénies
428
H É M AT O L O G I E

PARTIE 3

ITEM 339 Troubles de l’hémostase


ORIENTATION DIA-
GNOSTIQUE DEVANT et de la coagulation
Objectifs Diagnostic, exploration

Ceux favorisant les thromboses : ]ITEMS 117 ET 135\ X Signes de gravité :


ƒ extension des hémorragies, chute tensionnelle,
tachycardie ;
ƒ bulles hémorragiques buccales ou hémorragies
Rappels rétiniennes (FO classiquement indiqué si plaquet-
tes < 20 000) ;
Définition : hémostase = mécanismes prévenant ou ƒ syndrome anémique, terrain altéré.
arrêtant les hémorragies. X Exploration minimum : TP, TCA, plaquettes.

HÉMOSTASE PRIMAIRE
X Participants : sous-endothélium vasculaire, pla-
quettes, vWF, et fibrinogène.
Troubles
X Rôle : formation du clou plaquettaire. de l’hémostase primaire
X Exploration : 1re ligne = numération plaquettaire.
Anomalies du temps de saignement
COAGULATION = HÉMOSTASE SECONDAIRE
X Facteurs : Plaquettes Thrombopénie ITEM 335
TS TCA
ƒ voie exogène : facteur tissulaire, VII ; TP TCA
ƒ voie endogène : facteurs contact, XII, XI, IX, VIII ; TP : N Willebrand
ƒ voie commune : V, X, II, I.
Numération plaquettaire N TCA : N
X Rôle : formation du caillot de fibrine. TP : N
Thrombopathie
X Exploration : 1re ligne = TP, TCA.
TCA Afibrinogénémie
TP
FIBRINOLYSE
X Participants : activateur tissulaire du plasmino-
gène (tPA), plasminogène, XII, urokinase. THROMBOPÉNIES ]ITEM 335\

X Rôle : dissolution du caillot.


X Exploration : temps de lyse des euglobulines… AFIBRINOGÉNÉMIE CONGÉNITALE
Rare : cf. troubles de la coagulation (p. 429).

Syndrome hémorragique THROMBOPATHIES


X TS ↑, temps d’occlusion ↑, numération pla-
X Fréquence, ancienneté. quettaire N.
X Spontanéité ou facteurs favorisants : X Précisées par les tests fonctionnels plaquet-
ƒ médicaments : anticoagulants, antiagrégants taires.
(dont AINS), thrombopéniants ]ITEM 335\ ; X Acquises :
ƒ traumatismes, interventions chirurgicales ; ƒ médicaments : AINS, aspirine, ticlopidine, clopi-
ƒ antécédents : trouble familial de l’hémostase, dogrel, dextrans, héparine, β-lactamines à hautes
hémopathie, cirrhose, insuffisance rénale. doses, ilomédine ;
X Localisations évocatrices mais non spécifi- ƒ hémopathies : syndromes myéloprolifératifs, myé-
ques de troubles de : lodysplasies, leucémies aiguës, Ig monoclonales ;
ƒ hémostase primaire : ƒ autres causes :
x purpura cutané et/ou muqueux, pétéchial et/ou x insuffisance rénale, hépatopathies,
ecchymotique, x alcool, scorbut, hypoglycémie chronique,
x hémorragies muqueuses : épistaxis, méléna, x valves mécaniques, prothèses vasculaires.
ménorragies… X Héréditaires :
x bulles hémorragiques buccales ou hémorragies ƒ syndrome de Bernard-Soulier ;
au FO ; ƒ thrombasthénie de Glanzmann ;
ƒ coagulation : hémarthroses, hématomes profonds. ƒ anomalies du contenu des granules plaquettaires ;
ƒ anomalies des prostaglandines…
PARTIE 3 ITEM 339 429

TROUBLES DE L’HÉMOSTASE ET DE LA COAGULATION

X Enquête génétique familiale.

H É M AT O L O G I E
MALADIE DE WILLEBRAND
X Généralités : X Traitement :
ƒ la plus fréquente maladie héréditaire hémorragique ; ƒ ALD30, vaccination VHB ;
ƒ déficit qualitatif ou quantitatif en facteur von ƒ carte de maladie de Willebrand ;
Willebrand (vWF) : autosomique dominant à ƒ carte de groupe sanguin (phénotype complet) ;
pénétrance variable (70 %) ou récessif ; ƒ contre-indication de : AINS, IM, ponctions, activi-
ƒ (rares Willebrand acquis par AC anti-vWF) ; tés violentes ;
ƒ vWF = protéine porteuse du VIII et participant à ƒ médicaments (schématiquement) indiqués si
l’adhésion des plaquettes au sous-endothélium hémorragie ou chirurgie :
vasculaire. x desmopressine (Minirin IV, Octim spray nasal) :
X Trois types principaux de maladie de induction de libération cellulaire de vWF+VIII, test
Willebrand : d’efficacité préalable, utilisable pour les patients
répondeurs (surtout type 1, jamais type 3),
Types 1 2 3 x concentré de vWF ± VIII : si non répondeur à la
desmopressine.
% des cas 80 % 20 % < 3%
Anomalie Déficit Anomalies Déficit
du vWF quantitatif qualitatives complet
modéré (« variants »)
Activité vWF ↓ ↓ 0
Troubles
vWFAg ↓ N ou ↓ 0 de la coagulation
VIII ↓ N ou ↓ ↓↓↓
X Exploration de 1re ligne = TP et TCA :
X Clinique :
ƒ hémorragies cutanéomuqueuses ; Facteurs explorés
ƒ dans le type 3 : idem et hématomes, hémarthro-
ses car VIII très abaissé ; Facteurs spécifiques Facteurs communs
ƒ variations familiales et au cours de la vie.
TP1 VII
X Biologie : X-V-II-I
ƒ TS et temps d’occlusion ↑ (rarement N) avec pla- TCA2 XII-XI-IX-VIII
quettes N, TCA N ou ↑ et TP = N ;
1. TP = exploration de la voie exogène (ou extrinsèque) et de la voie
ƒ VIII et vWFAg ↓ sauf si anomalie qualitative du vWF ; commune.
ƒ activité du vWF ↓ (= activité cofacteur de la risto- 2. TCA = exploration de la voie endogène (ou intrinsèque) et de la voie
cétine, diagnostic positif). commune.

X Quatre situations principales suivant les résultats du TP et du TCA :

TCA
N ↑
Thrombopathie Héparines (surtout non fractionnée)
Willebrand de type 2 ACC de type lupique1
Déficit en XIII Déficits2 en :
N
– VIII (hémophilie A, Willebrand, AC anti-VIII)
– IX (hémophilie B)
– XI, XII
Déficits isolés en VII : Déficit en vitamine K
TP – par déficit en vitamine K débutant Insuffisance hépatocellulaire
– constitutionnel CIVD
– par AC anti-VII Déficits2 en V, X ou II
< 70 % Déficit modéré en VII, X, II ou V : Afibrinogénémie
– insuffisance hépatocellulaire modérée Fibrinopathie : congénitale, cirrhose, Ig monoclonale
– constitutionnel Héparine très surdosée
– par AC anti-facteur ACC de type lupique puissant1
– Hyperfibrinogénémie
1. ACC de type lupique : anticoagulant circulant de type lupique, à risque de thrombose et non d’hémorragie.
2. Déficit constitutionnel (= congénital) ou acquis (par AC anti-facteur…).
430 PARTIE 3 ITEM 339

ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT

ƒ formes majeures : facteur < 1 % :


H É M AT O L O G I E

TP ET TCA NORMAUX
Situation compatible avec : x 1res hémorragies dès la 1re année,
X déficit en facteur XIII ; x provoquées par traumas minimes,
X maladie de Willebrand de type 2. x hémarthroses, hématomes superficiels ou pro-
fonds, hémorragies extériorisées,
x arthropathie chronique invalidante ;
TP BAS ET TCA NORMAL
ƒ formes modérées : facteur entre 2 et 5 %,
Doser : VII, V, X et fibrinogène. hémarthroses plus rares ;
DÉFICIT ISOLÉ EN VII ƒ formes mineures : facteur > 5 %, hémarthroses
rares, tardives.
X Hypovitaminose K débutante : X Diagnostic biologique :
ƒ le VII a la demi-vie la plus courte ; ƒ TCA ↑ isolé, corrigé par le plasma témoin ;
ƒ baisse retardée des II, X et IX ; ƒ facteur VIII ↓ ou IX ↓ .
ƒ causes : AVK, cholestase, antibiothérapie, autre X Diagnostic anténatal :
malabsorption ; ƒ dépistage des conductrices :
ƒ confirmation = test de Koller : TP N 24 h après x filles des malades = conductrices obligatoires ;
20 mg de vitamine K IV. x hémophilie A : VIII/vWFAg < 0,8,
X Déficit constitutionnel en VII (rare). x hémophilie B : IX/II ↓ ;
X AC anti-VII (très rare). ƒ chez les conductrices enceintes :
x si possible : détermination du sexe fœtal par
DÉFICIT MODÉRÉ EN VII, X, II OU V
PCR sur sang maternel,
N’ALTÉRANT PAS LE TCA x sinon ou si embryon ɉ : à 8 SA, biopsie de tro-
X Insuffisance hépatocellulaire modérée. phoblaste pour caryotype ± étude ADN si ɉ,
X Constitutionnel. x si fœtus ɉ à ADN non informatif : ponction
X Par AC anti-facteur. de sang du cordon à 22 SA : dosage du VIII
ou IX.
FIBRINOGÈNE ÉLEVÉ
X Dépistage : TCA avant chirurgie, enquête fami-
Artefact in vitro sans risque hémorragique. liale chez hémophile.
X Traitement :
TCA ALLONGÉ ET TP NORMAL ƒ ALD30, vaccination VHB ;
ƒ carte d’hémophile et de groupe sanguin (phéno-
HÉMOPHILIES type complet) ;
X 2 types : A (VIII ↓) > B (IX ↓). ƒ suivi en centre d’hémophilie ;
X Sexe masculin : transmission récessive liée à l’X ƒ contre-indication : AINS, IM, ponctions, activités
(mais 1/3 mutations de novo). violentes, rasage mécanique ;
X Rares cas d’hémophilies acquises : par AC anti- ƒ si hémorragie ou en préopératoire : concentré de
VIII : lupus… VIII ou IX ;
X Formes plus ou moins sévères suivant le degré ƒ enquête génétique familiale.
du déficit (stable dans la famille) :

TCA allongé avec TP normal : diagnostic

Maladie de Willebrand
VIII VIII vWF activité
N Hémophilie A
IX IX Hémophilie B
Corrigé
XI XI Déficit en XI (rare)
XII XII Déficit en XII (rare)

TCA
TCA malade Correction du TCA AC anti-
par saturation oui
TP = N + témoin phospholipide
en phospholipides ?

Non Anticoagulant AC anti-VIII


VIII VIII
corrigé circulant
IX IX AC anti-IX
Héparinothérapie
XI XI AC anti-XI
XII XII AC anti-XII
PARTIE 3 ITEM 339 431

TROUBLES DE L’HÉMOSTASE ET DE LA COAGULATION

ƒ biologie : inconstante dans les formes frustes :

H É M AT O L O G I E
TCA ALLONGÉ ET TP BAS
X Importance du contexte clinique (cf. tableau). x plaquettes ↓, TP ↓ et TCA ↑, fibrinogène ↓,
X En l’absence d’orientation, doser : plaquettes V ↓,
(pq), fibrinogène (I), V, II, VII, X. x D-dimères ↑ (PDF = produits de dégradation de
X Autres causes : fibrine : + mais peu pratiqués),
ƒ AC antiphospholipides puissants : non- x complexes solubles + ;
normalisation du TP et du TCA par adjonction de ƒ traitement :
plasma témoin, contexte auto-immun (LES…) ; x étiologique : le plus important,
ƒ AC anti-facteur : dosage du facteur abaissé, non x symptomatique : réanimation, PFC si TP < 35 %,
normalisé par adjonction de plasma témoin ; antithrombine si < 60 %, héparine à faible dose…
ƒ déficit isolé en un facteur : dosage spécifique bas, X Fibrinolyse aiguë :
normalisé par adjonction de plasma témoin ; ƒ secondaire à une CIVD ou « primitive » (plus rare)
ƒ grand surdosage d’héparine (saturation de l’inhi- par libération tissulaire de tPA ;
biteur d’héparine utilisé pour mesurer le TP) ; ƒ contexte : CIVD, CEC, lésion du pancréas, pou-
ƒ dysfibrinogénémie congénitale ou acquise ; mon, prostate (chirurgicale, traumatique ou inflam-
ƒ fibrinolyse (cf. ci-dessous). matoire), accouchement ;
X Coagulation intravasculaire disséminée ƒ clinique : syndrome hémorragique diffus ;
(CIVD) : ƒ biologie :
ƒ causes : infection, complications obstétricales, x TP ↓ et TCA ↑, fibrinogène ↓, PDF +,
chirurgie, cancer métastasé, LAM3, hémolyse IV, x si fibrinolyse primitive : plaquettes N, D-dimères
polytraumatisme, grande brûlure… et complexes solubles négatifs, facteurs de coa-
ƒ clinique : gulation peu ou non diminués en dehors du
x formes infracliniques, fibrinogènev,
x syndrome hémorragique diffus, x ↓ temps de lyse des euglobulines (diagnostic).
x thromboses (poumons, reins, peau…) ; X Afibrinogénémie congénitale :
ƒ maladie rare ;
ƒ hémorragies muqueuses dès la 1re année de vie ;
ƒ fibrinogène ≈ 0, TS ↑, numération plaquettaire N ;
ƒ traitement : transfusion de fibrinogène pour obte-
nir 1 g/L.

TCA et TP anormaux : principales causes et arguments en faveur


Principales causes Pq I V II VII X Autres éléments en faveur

Hypovitaminose K N N N N N IX , prise d’AVK, cholestase, diarrhée…

Insuffisance hépatique N N N N N N Clinique de cirrhose ou d’hépatite fulminante

CIVD N N N N D-dimères positifs ± complexes solubles

Fibrinolyse primitive N N N N N temps de lyse des euglobulines


NB : N signifie « normal ou bas »

Vous aimerez peut-être aussi