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Abdennour Bidar*
Octobre 2014 48
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5. Dans Pour une pédagogie de la laïcité à l’école (La Documentation française, 2012), nous
avions insisté là-dessus, c’est-à-dire sur la facilité/nécessité de mobiliser la question de la laïcité
dans tout un ensemble de situations de vie scolaire et d’enseignement.
6. Dans la Charte, ce sont les articles 4 et 8 qui portent le plus explicitement le thème de
cette conciliation entre liberté et unité : « La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conci-
liant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt
général » ; « La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du
bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme
des convictions ».
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comme les autres. Elle est en effet la conviction que nul ne détient
la vérité et que par conséquent toutes les convictions – sauf celles
qui sont violentes, intolérantes ou meurtrières – ont le droit et la
capacité de vivre les unes avec les autres. Au niveau global aujour-
d’hui, cette conviction des droits de l’homme est confrontée à un
formidable défi : montrer qu’elle peut avoir autant de force – montrer
autant de force de conviction – que les convictions religieuses ou
politiques partisanes.
Tel est typiquement le genre de point sur lequel il faut former
les personnels de l’Éducation nationale si l’on veut qu’ils soient les
porteurs d’une vraie conviction… sans pour autant se départir de leur
obligation professionnelle qui est de ne pas manifester leurs convic-
tions personnelles dans l’exercice de leurs fonctions. Prenons
l’exemple le plus sensible aujourd’hui : s’il est croyant, et quelle que
soit sa confession, sa foi juive, chrétienne, musulmane ou autre est
tout à fait conciliable avec sa mission professionnelle de transmis-
sion des valeurs de la République. On peut être laïque et croyant
sans contradiction ! J’insiste là-dessus parce que j’ai rencontré à
plusieurs reprises des inspecteurs de l’Éducation nationale qui
m’expliquent que tel professeur leur a dit : « Je ne vois pas pourquoi
j’enseignerais la laïcité alors que je suis croyant. » Ce type de posi-
tionnement pose deux problèmes. D’une part, il correspond à un
manquement à l’obligation professionnelle de transmettre les valeurs
de la République – ce qui devrait obliger le professeur en question
à s’interroger sur la pertinence de son engagement dans l’Éducation
nationale dès lors qu’il n’est pas disposé à assumer les devoirs qui
lui sont inhérents. D’autre part, cela indique une confusion sur la
laïcité et cette confusion plonge l’individu dans une difficulté imagi-
naire, voire une schizophrénie inutile. Il s’illusionne en pensant qu’il
ne peut être croyant et laïque parce qu’il se trompe en pensant que
la laïcité est l’ennemie de la religion. Il risque cette schizophrénie
s’il décide malgré tout de promouvoir la laïcité devant ses élèves
parce qu’il aura alors l’impression de se dissocier entre ce qu’il
pense vraiment et son obligation professionnelle. On voit ainsi
apparaître beaucoup de faux problèmes et de mauvais positionne-
ments faute de formation suffisante. C’est également la raison pour
laquelle des professeurs expliquent qu’ils refusent de parler de
laïcité parce que la notion serait liberticide. En particulier, elle stig-
matiserait les musulmans. Ce positionnement est dramatique parce
qu’il permet de mesurer les ravages des instrumentalisations de la
laïcité sur les esprits !
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Conclusion provisoire
J’ai voulu me livrer ici à un exercice dont la difficulté tient à la
tentative de passer de façon cohérente et continue de considérations
générales ou théoriques à l’analyse de cas particuliers et de situa-
tions concrètes, et vice versa. Difficulté pour toute réflexion engagée
dans l’action, c’est sans doute aussi sa force. Une dernière chose à
ce sujet peut-être. Je me suis aperçu de nombreuses fois à quel point
notre capacité à prendre du recul et de la hauteur peut facilement
s’évaporer dès qu’on « replonge dans le concret ». En l’occurrence,
je ne compte plus les circonstances où une réflexion globale sur la
pédagogie de la laïcité à l’école, conduite en assemblée avec des
professeurs, des chefs d’établissement, des inspecteurs, finit soudain
par se réduire brutalement en se focalisant de manière définitive sur
quelques situations particulières : les longues robes, l’exception
concordataire de l’Alsace-Moselle, etc. La réflexion collective a dans
ces moments-là une capacité fascinante, ou effrayante, à se laisser
obnubiler et littéralement avaler dans cet entonnoir… Il ne s’agit ni
d’éluder ces questions sensibles, ni de s’y laisser enfermer. Ne
perdons pas de vue que le problème majeur de notre société aujour-
d’hui ce ne sont pas quelques situations de contestation ouverte de
la laïcité, si graves et préoccupantes soient-elles parfois, ou pour le
dire trop brutalement peut-être, quelques jeunes filles vêtues de
« longues robes », mais notre difficulté à tous de faire société autour
de principes et de valeurs réellement partagés. La radicalité reli-
gieuse – ou simplement sa visibilité plus courante – n’est que le
révélateur le plus sensible aujourd’hui de la gravité des fractures de
notre corps social et de la crise généralisée de notre vivre-ensemble.
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