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ISAMS 2019

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE


LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN TUNISIE
Résumé UNIVERSITE DE SFAX
ISAMS REF
Notre travail cherche à animer le débat autour des relations entre le corps, le
vêtement et le langage. Nous nous entamons dans une recherche sur le
langage que nous renvoie le vêtement sur le corps. L’existence d’une sorte du
langage corporelle et son rapport avec l’apparence de l’Homme est ce qui nous
Master de recherche en design produit
motive et nous octroie une position inquisitive et toujours curieuse par rapport à EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER DE RECHERCHE.
la mode vestimentaire. Durant ce parcours, nous allons constamment essayer
de mettre en évidence la capacité créative de délivrer des messages cachés
derrière les vêtements en général et la mode en particulier, tout en soulignant
ses influences sur le corps.

Abstract
« LE LANGAGE SUR LE CORPS
Our work seeks to revive the debate around the relationships between body,
fashion and language. We begin a research on the language conveyed by the
DANS LA MODE VESTIMENTAIRE.»
garments on the body. The existence of a body language and its relation with
the appearance of the person is what motivates us to be inquisitive and always
curious about wearable fashion. During this journey, we will constantly try to
highlight the creative ability to deliver hidden messages behind clothing in
general and fashion in particular, while highlighting its influences on the body.

Takoua TABAKH : « le langage sur le corps dans la mode vestimentaire »


Mémoire élaboré par : Takoua TABAKH

‫ملخص‬

‫ م‬،‫ الدسد واللغ واللباس‬: ٌ‫الددلٌ بٌ العاار التال‬ ‫ٌهدف هذا البحث إلى استكشاف العالاقا‬
‫ إ ّ المادة العلمٌ المع وض ع هذا‬.‫خالل تقرً خرائرها ومدى التأث والتأثٌ المتبادل بٌاها‬ JURY :
ٌ‫ األم الذي ٌدعلاا اخلص إلى حقٌق علم‬، ‫الموضوع تب ز حقٌق هذا التداخل بٌ هذه العاار‬
Monsieur Dr. Amine HADJ TAIEB ............................. Président de jury
‫وهً أ اللباس عالم لها معا عمٌق مؤث ة على الدسد تتداوز وضعها المادي المحسوس إلى‬
Madame Dr. Souhir ABDELMOULA………….. Directrice de recherche
‫كما اتضح لاا أ ّ ال سائل الخفٌ التً تم ّداا بها المالبس بشكل عام وأزٌاء‬.‫دالال غٌ مادٌ مع ّقدة‬ Monsieur Dr. Omar TAKTAK………………………………….Rapporteur
‫ وتؤ ّكد التداخل ال ّداللً الحتمً بٌ الدسد‬،‫ تت دم مدى اقٌم الدسد وأهمٌته‬،‫الموض بشكل خاص‬
.‫واللغ واللباس‬

2019/2020
RÉPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITÉ DE SFAX
INSTITUT SUPÉRIEUR DES ARTS ET MÉTIERS DE SFAX

Mention : Design

Discipline : Design Produit

« LE LANGAGE SUR LE CORPS DANS LA MODE


VESTIMENTAIRE. »

Mémoire de Master de recherche

Élaborée par l'étudiante: Takoua TABAKH

Sous la direction de : MmeDr. Souhir ABDELMOULA

Année universitaire :

2019 / 2020
Dédicaces
Je dédie ce travail

A toute ma famille et mon amie Mona, qui m’ont éclairé mon chemin

et elles m’ont encouragé tout au long

de mes études.
Remerciements
Je saisis cette occasion pour exprimer en priorité, mes reconnaissances

les plus sincères et mes remerciements les plus profonds à mon encadrante de

mastère Dr. Souhir ABDELMOULA pour son soutien et orientation, ainsi que

pour la confiance qu'elle m'a accordé tout au long de l’élaboration de ce

mémoire de mastère.

Je tiens également à adresser toute ma gratitude aux membres du jury

qui me font l'honneur de s'intéresser à cette recherche, en acceptant de

l’examiner et de l’enrichir par leurs propositions.

Et finalement, mes vifs remerciements vont à toutes les personnes qui

ont contribué de près ou de loin au succès et à l’achèvement de ce travail.


SOMMAIRE

INTRODUCTION ……………………………………………………………………. 5
CHAPITRE I : LES CONCEPTS CLES : LE LANGAGE ET LE CORPS,
8
NOTIONS ET CARACTERISTIQUES ……………………………………………..
I. La notion du langage …………………………………………………….……... 8
1. Le langage d’un point de vue linguistique ………………….……………….. 8
2. Le langage auprès des philosophes ………………………………..……….. 10
3. Les fonctions du langage …………………………………………….……….. 12
4. Les caractéristiques du langage …………………………………….……….. 16
II. Le corps en question …………………………………………………………... 24
1..Le corps dans sa définition linguistique ……………………….…………….. 24
2..Le corps dans sa définition philosophique………………………….……….. 25
3..Le corps dans la sociologie…………………………………………………… 28
4. Le corps au regard de l’art …………………………………………………… 32
III..La synthèse ………………………………………………………...…………… 50
CHAPITRE II: LA MEDIATION LANGAGIERE, DU CORPS À LA MODE
VESTIMENTAIRE …………………………………………………………………… 52

I..La proximité entre le langage et le corps……………………………..……... 52


1..L’aperçu historique et les principales théories …………………………….. 53
2..La puissance du langage corporel ………………………………………….. 57
II. La corrélation entre vêtement et corps …………………………………….. 60
1..Le vêtement, une extension du corps……………………………………….. 60
2..Le vêtement comme un corps absent ………………………………………. 63
3..Le vêtement un objet-signe ………………………………………………….. 67
III. Le corps vêtu auprès des créateurs de la mode …………………………. 73
1..Le corps, le vêtement, la mode et ses significations ..…………………….. 73
2..L’étude et l’analyse des corpus ……………………………………............... 76
IV. La synthèse……………………………………………………………….……... 92
CONCLUSION ……………………………………………………………………… 94

LA LISTE DES REFERENCES……………………………………….…........................... 96


LES ANNEXES…………………………………………………………...….……………….. 113
LA TABLE DES FIGURES…………………………………………….…..........………….. 118
LA TABLE DES SCHEMAS…………………………………………….........…………….. 119
L'INDEX……………………………………………………………………..…………………. 120
Introduction

Le corps, cet ensemble complexe d’éléments, constitue un sujet épineux, qui


a engendré un vaste débat dont les répercussions ont touché divers aspects de notre
vie quotidienne. La controverse autour du corps s’est émergée surtout à partir du
XXème siècle où plusieurs chercheurs appartenant à une multitude de disciplines ont
choisi d’étudier le thème du corps, étant donné que ce dernier représente la racine
identitaire de l’Homme et le pivot de son existence.

En effet, face à cette ambiguïté qui entoure le corps, de nombreuses


interrogations se posent, concentrant surtout sur son rapport avec le monde, ses
représentations et ses manifestations dans son entourage. Autrement dit, comment
le corps s’exprime, se comporte et interagit avec l’autrui et la vie sociale de manière
générale. Ceci ne peut être atteint qu’à travers un certain système de signes
notamment du langage pour déchiffrer et décoder ce qu'il vise à délivrer.

En réalité, ce type de sujet s’intéressant à la dualité corps / langage, a soulevé


diverses questions qui nous ont interpellé à focaliser notre attention, surtout si nous
l’associons avec notre champ de recherche tel la mode vestimentaire.

L’étude approfondie de l’alliance entre le corps et le langage dans l’univers de


la mode vestimentaire est tellement intéressante que, ces dernières décennies, plus
d’attention est accordée au corps vêtu et ses significations. Récemment, des
nouveaux critères vestimentaires sont émergés, relatifs à la corporalité humaine qui
nous orientent à s’interroger davantage sur la valeur du corps humain surtout au
milieu de ces aspects versatiles et changeants.

Dans la présente étude, nous cherchons à entrevoir la relation entre le corps


et le langage, dans laquelle nous tentons à dévoiler les champs de corrélation entre
eux, surtout dans la mode vestimentaire.

Nous procédons à cette recherche, tout en ouvrant les axes de combinaison


avec d’autres disciplines. De ce fait, notre méthodologie n’est pas unilatérale. Elle ne
se restreint pas systématiquement à un seul volet. Au contraire, elle s’inscrit dans la

5
logique de la transdisciplinarité dans laquelle nous avons mis en facteur les analyses
de différents domaines, à l’instar de la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’art,
etc. Ceci nous sollicite à consulter plusieurs outils de recherche touchant divers
domaines tels les ouvrages, les encyclopédies, les dictionnaires, les travaux
universitaires, les articles, etc. Ainsi, en vue de récupérer les informations
nécessaires et plus détaillées et pertinentes pour notre investigation, nous nous
somme revenus aux études des penseurs reconnus qui ont déjà étudié certains
aspects de notre recherche comme Roland Brathes, David Le Breton, Ferdinand de
Saussure, etc.

La nature prolifique de notre méthodologie nous permet d’offrir des nouvelles


possibilités d’analyse et par la suite exhiber une autre dimension pour la recherche.
Ainsi, notre intérêt est porté à double enjeux, l’un vise à offrir une opportunité
importante pour mieux comprendre les concepts: le langage et le corps dans leurs
complexités sous l’égard théorique. Et l’autre vise à jeter une nouvelle lumière sur
l’analyse pratique de ces deux éléments au sein de la mode vestimentaire
moyennant les corpus choisis.

La démarche suivie dans ce travail, se déroule sous la forme de deux


chapitres fondamentaux; le premier, s’intéresse aux particularités des concepts clés
tels le langage et le corps. Ce chapitre est consacré à traiter les notions
susmentionnées dans leur globalité. En faisant appel à la multitude des penseurs qui
l’ont abordé dans leurs études, nous avons esquissé une étude théorique et critique
sur lequel s’appuie cette partie.

Dans le deuxième chapitre, la réflexion se penche, en premier lieu, sur la


quête des liens entre la triade: corps, langage et vêtement. Suivant une
démonstration théorique, nous nous attacherons à comprendre comment le langage
en général et celui du vêtement en particulier impact t-il sur l’image corps. Par
surcroît, afin d’avoir une vision plus extensive et renforcer notre étude, notre
approche a été guidée par des analyses des corpus ayant la vocation d’interpréter
des modèles vestimentaires de divers créateurs de mode. Ceci nécessite l’adoption
de données sémiologiques telles la dénotation et la connotation des modèles en
question.

6
Le choix de ces corpus n’est pas arbitraire, au contraire, nous optons pour la
sélection des modèles qui sortent de l’ordinaire et bouleversent tous les attributs
classiques par la représentation des signes iconographiques, oscillants entre
l’inventivité et l'expressivité, porteurs des langages assez puissantes et évoquant
systématiquement des questions relatives au statut du corps.

Finalement, notre problématique dans cette mémoire, réside donc dans une
démarche de réflexion analytique, dans laquelle nous faisons appel aux travaux des
nombreux chercheurs, artistes et créateurs de la mode vestimentaire qui ont
interpellé ces notions dans leurs pensées.
Plusieurs recherches et analyses que nous avons effectuées ont abouti aux
questions suivantes:

- Dans quelle mesure le langage en général et celui du vêtement en


particulier transforment-ils l’image du corps? Et comment ceux-ci se
manifestent dans la mode vestimentaire?

Lors de notre investigation et pour mieux clarifier notre sujet au lecteur, nous
avons dressé les questions suivantes qui révèlent la méthodologie appliquée:

- Quelles sont les caractéristiques du langage en tant que notion et quelles sont
ses fonctions?
- Comment le concept du corps a-t-il été interprété? Et quelle place a t-il dans la
société et dans l’art?
- Quelles fonctions de communication remplit le corps? Quel est le langage qui
peut être transmis par ce dernier?
- Comment expliquer la signification des vêtements portés par le corps?
- Quelle est la relation entre le corps vêtu et la mode vestimentaire? et comment
les créateurs de la mode l’ont représenté dans leurs créations?

7
Chapitre I: Les concepts clés: le langage et le corps, notions et
caractéristiques:

I. Notion du langage:

Le langage constitue un terme hétérogène qu’il est vain d'essayer de le délimiter


ou de le circonscrire dans un seul trait. D’ailleurs, les experts ont du mal à parvenir à
un consensus relativement à la définition exacte de ce concept, étant de nature
prolifique. Ceci est fortement lié aux maintes définitions existantes qui résultent du
rapport du langage avec plusieurs disciplines.

Mais avant de détailler les diverses définitions du concept langage qui fera l'objet
de notre analyse, nous allons exposer rapidement les origines étymologiques de ce
terme. Le mot langage vient du latin, fin du Xème siècle, « lengatge.»1. Néanmoins,
en se référant à un dictionnaire étymologique, on se rend compte que cette
expression est en fait dérivée du mot latin « Lingua»2, qui signifie langage.
Également, langage se traduit logos en grecs qui désigne la parole, la pensée et la
raison.

1. Le langage d’un point de vue linguistique:

Parmi les différentes définitions du mot langage que nous allons exposer dans
ce qui suit, nous entamons par la définition linguistique. Toutefois, nous nous
limiterons à mentionner les définitions les plus propices de ce concept.

Commençons par la définition du dictionnaire Larousse, affirmant que le langage


est « la faculté qu’ont les êtres humains de s’exprimer, de communiquer par la
parole.»3 Cette définition annonce deux points remarquables l’un élucide que le
langage est la fonction d’expression de la pensée et la capacité de communiquer
entre les hommes par les mots et l’autre explique les manières d’utilisation de cette
faculté notamment l’acte de la parole.

1
Centre national des ressources textuelles et lexicales, langage: étymologie [en ligne], Disponible sur:
http://www.cnrtl.fr/etymologie/langage, consulté le (04/04/2019).
2
Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique, Montréal, édition Larousse©,
2001, p.424.
3
Claude Kannas, (dir.), Dictionnaire super Major, Montréal, éd. Larousse©, 2008, p.611.

8
Également, le dictionnaire des genres et des notions littéraire sa introduit la notion
de langage en tant que « registre dans lequel, du quadruple point de vue de
phonétique, du lexique, de la syntaxe et de la stylistique, le message est encodé.»4.
Nous remarquons que cette définition s’est appuyée sur la définition précédente; de
Larousse. En fait, elle l’a enrichi en interprétant les éléments par lesquels la parole
est composée.

Nous sommes perplexes devant ces définitions dans le sens où nous percevons
qu’elles sont trop restreintes et engagent surtout le concept de la parole. Ceci nous
incite à examiner d’autres définitions probablement plus précises et englobant mieux
les nuances et les différents aspects du concept langage.

De ce fait, nous nous référons à l’Encyclopédie Universalise qui nous a fourni


d’autres significations du concept langage plus minutieuses en le définissant comme
«un système de signes phoniques ou graphiques, destiné à l'expression de la
pensée et à la communication entre les hommes.»5 D’où, le langage est un dispositif
complexe qui assure les fonctions des communications entres les gens, et qui
représente la pensée à travers un mécanisme de signes bien établi.

Pareillement, on peut dégager une sorte de similarité entre la définition qui


précède et celle du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, stipulant
que le langage est « un système de symboles quelconques, d'objets institués comme
signes, permettant à des individus de communiquer entre eux.»6. Tout à fait, cette
perspective semble la plus propice dans la mesure où elle nous a clarifié la
signification du langage dans sa vue d’ensemble.

Pour conclure, nous nous percevons que les définitions pré-indiquées,.sont


différentes que celles mentionnées au début de notre analyse. Il se trouve que des
définitions ont évoqué un système des signes global, bien que d’autres ont limité le
langage strictement à la parole et l’écrit, omettant ainsi le langage des signes.

4
Michel Albin, (dir.), Le dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris, éd. Encyclopaedia
Universalis ©, 2001, p.414.
5
Encyclopædia Universalis, Dictionnaire: langage [en ligne], Disponible sur:
https://www.universalis.fr/dictionnaire/langage/, consulté le (05/04/2019).
6
Centre national des ressources textuelles et lexicales, langage: lexicographie [en ligne], Disponible
sur: https://www.cnrtl.fr/definition/langage, consulté le (05/04/2019).

9
Cependant, nous ne pouvons pas nier que les définitions brièvement expliquées
en ce qui précède, nous ont permis de révéler quelques caractéristiques du langage
comme perçu par certains dictionnaires et encyclopédies.

Devant cette dense multiplicité de définitions de cette expression, il était plus


judicieux d’avoir recours à la définition de ce concept d'un point de vue philosophique
pour le mieux cerner et mieux déchiffrer ses significations.

2. Le langage auprès des philosophes:

Le concept de langage est l’un des concepts les plus importants qui a
spécialement retenu l’attention des philosophes. Cet intérêt est encore renforcé au
vingtième siècle dans lequel le langage a devenu un sujet capital. Dès lors, il est
considéré comme un trait dominant de la philosophie contemporaine et dans
certaines sciences humaines: la sociologie, la psychologie et la linguistique, etc.

Bien que le langage a été traité et analysé par nos contemporains, mais il
occupait une place très importante depuis l’âge d’or de la philosophie, étant donné
que le déchiffrage du soi, de la conscience humaine et du monde qui l’entoure se
manifeste dans le langage. Ce sont les philosophes grecs qui ont discuté en premier
ce concept.

Le philosophe Démocrite, représente l’avant-gardiste des philosophes grecs


qui ont traité le concept de langage. Il a interprété la définition du langage par les
images. De son côté, il a affirmé qu’« en nommant une chose nous représentons
dans le nom son image, mais cette image ne se réduit pas aux signes distinctifs
occasionnels et individuels de l’être concret, à la raison ou sens universel de l’être
nommé.»7. Ce qui revient à dire, moyennant l’image nous fondons un langage, ces
images doivent être universels non individuels. En examinant cette proposition
présentée par Démocrite, il est clair qu'elle est restreinte par l’utilisation des termes

7
Christos Yannaras, Philosophie sans rupture [en ligne], Genève, éd. Labor et Fides©, 1986, p.40,
Disponible sur:
https://books.google.tn/books?id=ieY_f25op9YC&pg=PA39&lpg=PA39&dq=D%C3%A9mocrite+et+le+
langage&source=bl&ots=cXDkw7rYWE&sig=ACfU3U0Z5On2LUgrWW9Ym7QU4S-
pAcCstQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjkpLDTrN_jAhXByaQKHWdtBKUQ6AEwCXoECAgQAQ#v=one
page&q=D%C3%A9mocrite%20et%20le%20langage&f=false, consulté le (13/04/2019).

10
étroits de l’image sans une explication claire de la réalité, de ses éléments et de la
fonction fondamentale qu'elle remplit.

Pourtant, Platon a associé le langage au terme discours d’où l’acte de la


parole. Ceci a été énoncé lors de sa discussion de l'origine du langage dans son
fameux dialogue Le Cratyle. Tout en insistant que la parole est un acte qui appartient
au monde de la nature et soulignant la nécessité que les mots ne sont considérés
justes que lorsqu’ils correspondent à ce qu’ils désignent. Platon limite le sens du
langage en tant qu’un phénomène linguistique naturel. Mais, cette définition ne décrit
pas le sens exact de ce concept, tandis qu’elle se limite uniquement dans l’acte de la
parole.

À l’autre bout de la chaîne, Aristote a une perspective plus raisonnable. Il


considère que l’homme est en fait « le seul être vivant possédant le langage.»8 De
son côté, la faculté linguistique est un trait essentiellement manifesté par l’homme, le
séparant ainsi de tous les êtres vivants..Cette faculté est « propre à l’espèce
humaine pour exprimer sa pensée et la communiquer.»9 C’est par le biais du langage
que l’homme est capable de penser et de transmettre ses idées. Ainsi, ce don
constitue la base de la vie en communauté.

Toutefois, en glissant le regard sur la philosophie contemporaine, nous


percevons une vision différente et plus avancée dans la définition du langage.
Prenons à titre d’exemple l’affirmation du philosophe Jean-Paul Sartre qui a indiqué
que « Par langage nous entendons tous les phénomènes d’expression et non pas la
parole articulée qui est un mode dérivé et secondaire.»10. De prime abord, on
constate que les langages ne se résument pas uniquement dans la parole, mais
surtout dans l’expression et la communication d’une certaine idée, abstraction faite
de toute verbalisation.

Ceci s’effectue par des systèmes de communication naturel, humains et


inhumains dont on cite: les langues symboliques (envoi de fleurs, code

8
Jean-Louis Labarrière, Aristote et la question du langage animal [en ligne], Disponible
surhttps://www.persee.fr/doc/metis_1105-2201_1993_num_8_1_1000consulté (12/04/2019).
9
Maurice, Druon (dir.), Dictionnaire de l’académie française, Tome 2, Paris, éd. 9émeédition ©, 2005,
p.1042.
10
Sartre, Résumé de: l'Etre et le Néant [en ligne], Disponible sur:
https://www.lesphilosophes.fr/penseurs/letre-et-le-neant.html, le consulté (14/04/2019).

11
vestimentaire), les codes de signaux (signalisation routière), le langage gestuel, le
langage pictural, le langage musical, le langage des abeilles1*, le langage des
couleurs, etc.
11

De ce fait, le langage ne se limite pas exclusivement aux langues vivantes ou


mortes. Mais réellement, il va au-delà de cet emploi pour s’associer à une multitude
de systèmes de communication.

Dans ce même registre et afin d’étayer cette opinion, référons-nous à cet


extrait du philosophe et mathématicien Wittgenstein: « La totalité des propositions est
un langage.»12. Autrement dit, la mathématique et l'informatique sont des exemples
représentant ces dits systèmes qui suscitent de vives controverses. En effet, les
mathématiciens et les informaticiens créent souvent des systèmes codés à des fins
spécifiques, qu’ils désignent comme des langages. Ces systèmes sont en fait
artificiels et non naturels, contrairement aux codes basés sur les langages naturels
existants.

3. Les fonctions du langage:


3.1. Selon le modèle de Jakobson:

Le langage constitue une norme ou une structure de communication verbale et


non verbale. En ce qui concerne les êtres humains, la capacité de comprendre et
faire usage du langage est éminemment développée et est remarquablement plus
raffinée en comparaison avec d’autres espèces. Le langage est défini comme étant
la « faculté d’expression témoignant de la possibilité pour l’être humain de dire ses
émotions et ses besoins.»13. Pour bien exploiter cette faculté, « le langage doit être
étudié dans toutes ses fonctions.»14.

En effet, ce concept se caractérise par une gamme de fonctions, composée


des six fonctions fondamentales proposées par le penseur russe Roman Jakobson et

1*
Les abeilles par leurs danses disposent d’une sorte de langage, ils utilisent un effet, un tel système
productif pour communiquer de l’information.
12
A. Shalom, De la langue comme image à la langue comme outil [en ligne], Disponible sur:
https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1966_num_1_2_2337, consulté (14/04/2019).
13
Bernard Laos, Essai sur la fonction du langage [en ligne], Disponible sur: https://www.psyche-
amour.com/2018/09/25/essai-sur-la-fonction-du-langage/, consulté (15/04/2019).
14
E-Classroom, les fonctions du langage [en ligne], Disponible sur: http://e-classroom.over-
blog.com/les-fonctions-du-langage (26/04/2019).

12
ce dans le but d’explorer le rôle et l’emploi de ce langage ainsi que son utilité. Le
schéma.ci-dessous illustre le modèle précédemment mentionné décrivant les
différentes fonctions du langage et ses éléments.

La fonction phatique

La fonction métalinguistique

La fonction expressive
La fonction poétique La fonction conative

La fonction référentielle

Schéma1: Roman Jakobson, les fonctions du langage, 1963. (1)

Comme l’élucide le schéma, la première fonction est la fonction expressive. Cette


dernière est relative à un émetteur, autrement dit, la personne qui cherche à délivrer
quelque chose tel qu’un contenu ou une information. Cette fonction sert à informer
le destinataire des opinions et des sentiments de l’émetteur.

Quant à la deuxième fonction, c’est la fonction phatique qui a pour objet d’


« établir un contact ou s’assurer du bon fonctionnement de la communication.»15
Cette fonction ne s’assure qu’à travers un canal garantissant la transmission du
message. A titre d’exemple, un livre, les média, un téléphone, une toile, etc.

Concernant la fonction métalinguistique, elle est relative au code utilisé par


l’émetteur..D’une autre manière,.c’est le système de signes employé pour
communiquer. Il désigne « l’ensemble des conventions qui permettent, dans un acte
communicatif, la compréhension du message du destinateur par le destinataire.»16
Citons comme exemples, un système de programmation, un langage des signes

(1)Nalya,.Roman.JAKOBSON.et.le.langage.[en.ligne],.2008,.Disponible.sur:<http://nalya.canalblog.co
m/archives/2008/01/23/7668273.html>, consulté le (27/04/2019).
15
L’étudiant, communication monologue et dialogue [en ligne], disponible sur: https://www.letudiant.fr ›
communication-monologue-et-dialogue, consulté le (26/04/2019).
16
Lucie Guillemette, Josiane Cossette, le processus sémiotique et la classification des signes [en
ligne], Québec, Signo Semio ©, 2006, Disponible sur:http://www.signosemio.com/eco/processus-
semiotique-et-classification-des-signes.asp, consulté le (27/04/2019).

13
pour les sourds, etc. Il faut noter que le code doit être connu de la part du
destinataire pour avoir une communication réussite.

Ensuite, la fonction poétique qui correspond au message. Cette fonction vise à


« rechercher des effets de style»17, notamment le style pour étayer ce message, vu
que chacun a son propre style. L’émetteur doit avoir « la volonté de soigner
particulièrement l’esthétique de sa signification.»18 On peut dans ce cas, évoquer les
exemples du ton, la hauteur de la voix, le rythme, etc.

Par la suite, nous expliquant la fonction référentielle. Elle est consacrée au


référent c’est dans ce cas le contexte de la communication, sur lequel
intervient l’émetteur qui cherche à donner des informations. Précisément le sujet de
la communication.

Et finalement, la fonction conative. L’émetteur utilise cette fonction visant que


le récepteur agit sur lui-même et s'effectue. Dans ce cas, on se concentre sur le
récepteur dont l’émetteur cherche à impressionner. Cette fonction est primordiale
dans les entreprises pour pouvoir cerner les feedbacks de ses consommateurs.

3.2. Le langage: moyen de communication:

Comme nous avons déjà mentionné, le langage est un système des signes
qui fonctionne pour assurer l’acte de la communication. Alors, le langage et la
communication sont intrinsèquement.liés. Dès lors, pour mieux comprendre ces
fonctions du langage, il serait avantageux de distinguer la signification du terme
communication.

Dans l’ouvrage du psychologue Janine Beaudichon intitulé La communication:


processus, formes et applications, la communication est défini comme étant «un outil
majeur de régulation sociale entre et au sein des groupes humains grands ou petits,
ainsi que le véhicule par excellence de la transmission des savoirs.»19

17
Nalya,Roman.JAKOBSON.et.le.langage[en.ligne],.2008,.Disponible.sur:
<http://nalya.canalblog.com/archives/2008/01/23/7668273.html>, consulté le (27/04/2019).
18
Aaron Fstr, Linguistique [en ligne], disponible sur: <https://quizlet.com/tr/388390911/linguistique-
flash-cards/>, consulté le (29/04/2019).
19
Janine Beaudichon, La communication: processus, formes et applications, Paris, Armand colin©,
1999, p.10.

14
Alors, la communication est simulée en fait à « un échange dynamique, l’envoi
et la réception des informations.»20 À condition que les informations transmises
doivent apporter « un système de signes compréhensibles par le destinataire et le
destinateur»21.

La communication se divise en deux parties majeures: la communication


verbale et la communication non verbale. Le tableau ci-dessous démonte ces
différents types et leurs caractéristiques.

La communication verbale La communication non-verbale

Un système de signes verbal, conçu Un système de signes constituant des


par centaines conventions ensembles des signes non verbaux
linguistiques et sociales. qui transmettent des messages sans
avoir recours à la parole.

Le système de signes non-verbaux


Une mode de communication qui se
peut être: des signes visuels,
base à l’énonciation des mots
sonores, tactiles, olfactifs, gestuels,
généralement rassemblés sous forme
graphiques, gustatifs, etc.
d’une phrase.

Schéma 2: Tableau représentant différents types de la communication (2)

En effet, la communication qu’elle soit verbale ou non, se base principalement


sur l’interaction. Alors, elle se constitue par une combinaison des actions entre les
deux pôles: l’émetteur et le destinataire. Si l’émetteur initie l’acte de la
communication avec le mot ou autrement, cette initiative vise à vérifier si l’intérêt de
participation du destinataire réellement existe. Ceci indique la valabilité de la
demande de réception et ce, en émettant des réactions. Dès lors, l’action

(2) Travail personnel.


20
Agnieszka Hennel-Brzozowska, La communication non-verbale et paraverbale perspective d’un
psychologue, Pologne, Université Pédagogique de Cracovie [en ligne], n°5, 2008, p. 21. Disponible
sur: https://studylibfr.com/doc/4127084/la-communication-non-verbale-et-paraverbale, consulté le
(01/05/2019)
21
Hanane Serraoui, Pour une approche sémiologique des encarts publicitaires dans le quotidien
algérien Liberté, thèse en Sciences du langage et sémiologie de la communication, Faculté des
Lettres et des Langues Département de Lettres et Langue Française, Algérie, 2016, p. 7.

15
communicative repose sur l’échange des preuves, des idées, des sentiments, des
expériences et des attitudes, etc. Dans un cadre de communication, le partenariat et
l’interaction sont primordiaux, à condition que l’intention de transmettre à l’émetteur
et celle de recevoir du destinataire soient accessibles et claires pour les deux.

Prenons comme exemple, la communication d’un certain produit artistique.


On sait très bien que l’étude de l’histoire de l’art se montre plus intéressante si
l’artiste en question se manifeste comme un grand communicateur de messages.
C’est par le biais de ses œuvres qu’il nous communique des réflexions très
complexes. Si jamais on essaye de les décrire, il nous fallait des milliers de mots ce
qui fait preuve de la puissance, richesse et franchise du langage des images, faute
de quoi, l’image se trouve muette, rigide et la communication ne s’achève pas.

4. Les caractéristiques du langage:

4.1 Langage, un système de signes social:

Il est sans doute clair que, la communication est une caractéristique naturelle et
un processus social qui est étroitement associé à l'Homme depuis sa naissance et à
la société depuis sa création. De ce fait, elle est considérée comme nécessité pour
assurer la continuité de la vie sociale et aussi afin de nouer des relations humaines.
Là, l’importance du langage se manifeste très clairement vue qu’il sert à transmettre
les pensées moyennant un système de signes prédéfini dans une certaine
communauté humaine.

En effet, plusieurs sociologues2* considèrent le langage comme un phénomène


22

social contribuant à assurer la cohésion des relations sociales. Aucun groupe humain
ne peut exister, vivre et survivre sans relations entre ses membres. L'Homme ne

2*
Dans la même perspective, Pierre Achard a intégré la notion du langage dans le discours sociétal,
en considérant que « le langage (dans un sens très large) est un constituant central et non accidentel
de tout processus social ». François Leimdorfer, Actualité de la sociologie du langage de Pierre
Achard [en ligne], 2007, p.1. Disponible sur <https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2007-3-
page-69.htm, consulté le (04/05/2019).
Ainsi, le sociologue français Pierre Bourdieu a affirmé de son coté, la puissance du langage dans la
société dans son ouvrage Langage et pouvoir symbolique. Il met le langage dans des rapports de
domination symbolique en disant « c’est un instrument d’action et de pouvoir. », mais aussi un « outil
de classement social. ». Claude Dubar, Les sociologues face au langage et à l'individu [en ligne],
Cairn Info, 2007, p.8. Disponible sur <https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2007-3-page-
29.htm> consulté le (04/05/2019).

16
peut pas vivre sans communication. Il entretient des relations sociales diverses et
infinies, directement ou indirectement et à travers des langages verbaux ou non
verbales. C'est le moyen de soutien pour construire, organiser et stabiliser la vie
sociale sur la base de sa communication interne.

Le langage s’impose comme l'une des composantes principales de la société.


Chaque communauté a son propre langage qui l'utilise pour communiquer et pour
transmettre ses idées, ses émotions, son héritage, etc. Pour confirmer ce
raisonnement, nous nous référons aux dires de Saussure qui a affirmé dès le début
de son œuvre Le Cours de linguistique générale que: « le langage est un système
virtuel de communication propre à une communauté, ce système doit être intelligible
pour tous les individus de cette communauté, il est commun à tous.»23. Il a surtout
mis l’accent sur cette idée en signalant que « le langage est un produit social et un
ensemble de conventions nécessaires, adoptés par le corps social.»24. Il considère
que, tant que nous vivions en société, un échange oral aura nécessairement lieu
pour transmettre l’information, s’intégrer et faire connaitre aux autres nos besoins et
nos passions.

Effectivement, ce rapport entre langage et société montre un caractère


conventionnel du concept ici étudié dont les règles, sur lesquelles il est fondu, sont
continuellement éditées et modifiées par l’être humain. C’est à la fois « une institution
sociale et un système des valeurs; l’individu ne peut, à lui seul, ni la créer ni la
modifier elle est essentiellement un contrat collectif, auquel si l’on veut
communiquer.»25, selon Roland Barthes. Dès lors, nous pouvons constater que la
communication est explicitement définie comme l’objet ultime de l’utilisation du
langage. Ce dernier vise à transmettre des idées, des sentiments et des désirs à
travers « un système de signes.»26, privilégié par la société.

23
Michel Bougeoise, Dictionnaire Dialectique De La Langue Française, Paris, éd. Armand Colin©,
1996, p.256.
24
Ibid., p.256.
25
Roland Barthes, Éléments de sémiologie[en ligne], Paris, éd. Denoël ©, 1965, p.121.disponible sur:
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1964_num_4_1_1029, consulté le (05/05/2019).
26
Étienne Souriau, vocabulaire d’esthétique, Paris, éd. Presses universitaires de France©, 2004, p.
941.

17
4.2. La sémiologie étant la science du langage:

Le langage représente un univers de signes, fonctionnant pour assurer la


communication. Alors la relation entre le langage et la science des signes notamment
la sémiologie, reste toujours imperceptible et presque indivisible.

Ceci nous a mené à orienter notre recherche vers des concepts phares que
nous ne nous permettant pas de les dépasser, vu leurs importances, tels que les
signes et la sémiologie. De ce fait, les questions qui se posent sont: qu’entend-on
par la sémiologie, que signifient réellement les signes et quelles sont ses différentes
classifications?

De prime abord, le terme sémiologie, étymologiquement, remonte à l’origine


grecque de«sêmeiôtikê», de « sêmeion» et également dérivé du mot « séma». Ce
terme désigne le signe qui est essentiellement l’attribut accordé à l’original « sens».

Quant au terme « logie», il désigne la science d’un sujet quelconque, et donc


le mot sémiologie, est la science des signes. Les racines de la sémiologie s'étendent
à environ deux mille ans. Cela signifie que la science de la sémiologie n'est pas une
science moderne, comme le prétendent certains, mais profondément enracinée dans
l'histoire.

Ceci est prouvé par le fait que cette théorie de signes, a commencé à prendre
une forme dès l’âge de la philosophie antique grecque à plusieurs occasions. En
premier lieu à travers Platon qui a utilisé ce terme pour désigner la rhétorique3*.
Pareillement, Aristote s’intéressait à la science des signes, en admettant que
l’Homme ne se rend pas compte aux choses et aux faits uniquement par des mots,
mais par le cadre qui y est placé et par ce qu’il symbolise.

Ultérieurement, au début de la renaissance européenne, le philosophe


Leibnitz, lui aussi, a essayé de cerner et mettre en place une logique symbolique
formelle des signes. En effet, sa « préoccupation fondamentale était, que celle
d'étudier, comprendre et, au besoin, construire des systèmes de signes.»27. Sur cette

3
*La rhétorique constitue un art tourne autour l'éloquence, l'art de parler extrêmement bien pour
convaincre et persuader.
27
Marcelo Dascal, la sémiologie de Leibniz [en ligne], Paris, éd. Aubit Montaigne©, 1978, p.5.
Disponible sur: http://excerpts.numilog.com/books/9782403044171.pdf, consulté le (08/05/2019).

18
base, Il définissait la sémiologie en tant qu’« une science qui a précisément pour
domaine toutes les variétés possibles de systèmes de signes»28.

En avançant un peu plus dans l’histoire, le concept sémiologie a été introduit


après par Saussure en France dans son livre Le Cours de linguistique générale
indiquant dans cet ouvrage que la science des signes est en fait qualifiée par le
terme: la Sémiologie. Cette science est intéressée par l'examen des signes en se
basant également sur l'expérience humaine et « l’étude la vie des signes au sein de
la vie sociale.»29, selon les dires de l’auteur.

Autrement dit, l’être humain est caractéristiquement capable de manipuler et


d’utiliser des symboles lui permettant ainsi de mieux transmettre ses pensées et bien
cerner les corrélations entre idées, choses et concepts. Et ce, en examinant le
système de la production, la codification et la communication de signes, notamment
des langages, et en fournissant « les outils nécessaires à l'examen critique des
symboles et des informations, dans des domaines divers.»30

Certaines théories prétendent que « tout est signe, l'homme même et le


monde qui l'englobe.»31.Les signes peuvent être « picturaux, linguistiques,
architecturaux, vestimentaires, gestuels, olfactifs, musicaux, filmiques.»32. Même les
concepts, les idées ou les pensées peuvent être considérer comme des signes.

Bref, dans le sens large, la sémiologie est « la théorie générale des signes et
des systèmes de signification, linguistiques et non linguistiques.»33. Notamment la
façon « d'étudier la nature du langage et d’étudier ses caractéristiques.»34

28
Marcelo Dascal, la sémiologie de Leibniz [en ligne], op. cit., p. 6.
29
Centre national de ressources textuelles et lexicales, Sémiologie: Lexicographie [en ligne],
Disponible sur:< https://www.cnrtl.fr/definition/s%C3%A9miologie> consulté le: (29/06/2019).
30
Ratna Soraya, La semiotique communication et peirce et barthes [en ligne], p.1. Disponible sur
<https://studylibfr.com/doc/2195733/la-semiotique-communication-de-peirce-et-barthes > consulté le
(21/06/2019).
31
Signo Semio, Définition de la sémiotique[en ligne], disponible sur: <http://www.signosemio.com/,
consulté le (29/06/2019).
32
Ibid., p1.
33
Inrp, Approche sémiotique[en ligne], disponible sur: http://www.inrp.fr/Tecne/histimage/TeS1.htm,
consulté le (08/05/2019).
34
Christian Guilbault, La sémiologie [en ligne], disponible sur:
https://www.sfu.ca/fren270/semiologie/index.html#start, consulté le (08/05/2019).

19
La sémiologie s’intéresse à tous les types de signes ou de symboles, et pas
seulement les mots. De ce fait, cette science ne coïncide pas simplement et
uniquement avec la linguistique. Mais au contraire, elle forme bien plus un cadre
large qui renferme toute une série d'autres disciplines. La sémiologie s’interagit avec
de nombreux domaines au sein du système intellectuel scientifique et
méthodologique telles que la philosophie, la psychologie, la sociologie et l’art, etc.

En bref, la sémiologie constitue une discipline fondamentale pour étudier et


interpréter le langage en termes de signification ainsi que, pour distinguer ses
diverses caractéristiques. Ainsi, il convient de noter que, les phénomènes les plus
importants du langage sont dus à des phénomènes liés à la signification. Ces
phénomènes sont en constante évolution et influencés par divers facteurs,
notamment sociologiques, géographiques, idéologiques, etc.

4.2.1. Le signe et ses classifications:

Le signe constituait un objet d'étude pour les philosophes et les penseurs depuis
toujours. En passant par l’époque grecque et traversant l’ère contemporaine jusqu'à
nos jours, cette préoccupation semble être due à l’importance du signe et à sa
pénétration dans tous les aspects de la vie humaine.

Le signe se définit comme « ce qui indique quelque chose.»35. Il sert à


« transmettre une information, pour dire ou indiquer une chose que quelqu’un
connaît et veut que les autres connaissent également.»36.Sa fonction fondamentale
est faite pour « communiquer quelque chose à quelqu’un.»37. Sa compréhension
peut engendrer une variété de connotations selon le contexte qu’elle suit. En se
basant sur l’étude scientifique, nous pouvons passer à un niveau de compréhension
plus élevé du signe, c’est ce que la sémiologie vise.

35
Claude Kannas, (dir.), Dictionnaire super Major, Montréal, éd. Larousse©, 2008, p. 970.
36
Lucie Guillemette, Josiane Cossette, Le processus sémiotique et la classification des
signes, Signo©, 2018, disponible sur: http://www.signosemio.com/eco/processus-semiotique-et-
classification-des-signes.asp.consulté le (30/06/2019).
37
Guy Bouchard, La typologie des signes selon Adam Schaff [en ligne], Erudit©, 2019, Volume 34,
numéro 1, p.58. Disponible sur < https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/1978-v34-n1-
ltp3384/705650ar.pdf> consulté le (30/06/2019).

20
En outre, du fait que les signes possèdent une variété de types, le sémiologue
Umberto Eco les a classés en deux types majeurs: les signes artificiels et les signes
arbitraires.

a. Les signes arbitraires:

On appelle signe arbitraire «celui qui est lié à la chose signifiée par
la nature.».38 Autrement dit, c’est tout ce qui évoque d’une façon naturelle et non
provoquée ou forcée. Ces signes se divisent eux-mêmes en deux catégories: des
signes émis par la nature et des signes émis spontanément par l’être humain. La
première catégorie est celle qui précède des origines naturelles d’où il n’a « aucun
émetteur humain.»39. Néanmoins, pour déchiffrer ces signes il a fallu avoir des
connaissances préliminaires du destinataire. La nature représente aussi « un univers
de signes.»40, conformément aux dires d’Eco.

Chaque jour, nous percevons des signes de la nature, sans avoir conscience
de leurs présences. Ces signes ne se produisent pas par hasard et renferment
diverses informations utiles qu’il serait intelligent d’appliquer dans notre vie.
Seulement, la reconnaissance et l’identification de ces signes ne sont pas toujours
évidentes car, très fréquemment imperceptibles que la majorité des personnes ne
peuvent pas les saisir. Par exemple, la fumée est un signe du feu, on associe les
orages directement aux nuages pluvieux ou neigeux, on peut détecter l’heure à partir
de la position du soleil, etc.

Concernant la deuxième catégorie, elle englobe les signes émis


spontanément par l’être humain. Ces signes se manifestent d’une façon involontaire
par l’être humain. Sans avoir aucune intention prévue. Par exemple, la rougeur du
visage à cause de la honte, les odeurs, les cris, etc. Ce sont des actes involontaires
et qui échappent au contrôle de l’être humain.

38
Encyclopédia Image Mundi, les signes [en ligne], disponible sur:
http://www.cosmovisions.com/signe.htm, consulté le (29/06/2019).
39
Lucie Guillemette et Josiane Cossette, le processus sémiotique et la classification des signes [en
ligne], op.cit., p.3.
40
Ibid., p.3.

21
b. Les signes artificiels

Les signes artificiels sont « des signes conventionnels, ils sont en effet
produits par les hommes pour communiquer entre eux, et en ce sens les uns et les
autres s'opposent aux signes naturels»41. Cette catégorie a pris naissance grâce aux
inclinations actuelles de la sémiologie.

L’émission de ces signes se fait d’une façon consciente par une personne, et
ce en se basant sur des conventions spécifiques et en vue de révéler quelque chose
à quelqu’un. On appelle signe conventionnel, tous signes rattachés à la chose ou
bien au fait signifié par le biais d’une convention humaine. On peut citer comme
exemple: les signes des panneaux routiers, le solfège de la musique, etc. De plus,
nous pouvons inclure certains objets que l’Homme utilise pour transmettre des
messages tels que les vêtements, les moyens du transport, les meubles, les
accessoires, etc. « Dès qu’il y a société, tout usage est converti en signe de cet
usage».42

Certainement, sans oublier l’ensemble des filières artistiques qu’elles


soient plastiques, indiquons par exemple la peinture, la sculpture et la gravure, etc.
Ou bien appliquées à l’instar du design produit, design espace et design image, etc.
Le tout est considéré en tant que des langages non verbaux dotés par des signes
artificiels. Ces signes sont incarnés sous la forme des couleurs, des textures et des
techniques auxquels nous permettant de convertir nos idées et nos pensées à des
objets tangibles.

En réalité, de nombreux artistes ont élaboré des tableaux énigmatiques et


extraordinaires afin de transmettre un message dont pour seuls les affiliés arrivaient
à le distinguer évoquer un message que seuls les initiés pouvaient décoder ou tout
simplement dans le but de provoquer notre curiosité. Prenons à titre d’exemple,
l’œuvre intitulée Le cri du notoire Edvard Munch dans laquelle, le peintre traduit sa
souffrance et sa douleur morale en une représentation optique. De ce fait, Il a
donc figuré le ressenti par des manières physiques et non verbaux. Citons aussi, le

41
Guy Bouchard, La typologie des signes selon Adam Schaff [en ligne], op.cit., p.60.
42
Lucie Guillemette, Josiane Cossette, le processus sémiotique et la classification des signes [en
ligne], op.cit., p. 3.

22
design habillement par exemple qui constitue un art chatouillant la curiosité de l’âme
et exprimant l’innovation qui se révèle dans les créations vestimentaires. Ce dernier
dévoile un axe important de la communication visuelle qui fait naitre des messages
chiffrés reflétant les comportements et les valeurs du consommateur.

Enfin, pour résumer tout ce que nous avons déjà mentionné, nous faisons
recours au développement d’un schéma explicatif structuré d’une manière simple et
lisible. Ce schéma ci-dessous est représenté hiérarchiquement. Au sommet duquel
se trouve le signe qui se sépare en deux branches l’une des signes arbitraires et
l’autre des signes artificiels. Les signes arbitraires sont divisés à leur tour en deux
embranchements l’un des signes arbitraires émis par la nature et l’autres des signes
émis par l’être humain.43

Signe

Signes Signes
arbitraires
artificiels

Signes Signes
émis par émis par
la nature l’Homme

Schéma 3: explication de la classification des signes (3)

(3) Travail personnel.


23
II. Le corps en question:

En étudiant la notion du corps, une question inévitable et incontournable se


pose et s’impose: le concept du corps a-t-il été minutieusement détaillé et
profondément décortiqué de façon qu’on l’a épuisé, qu’il n’y a plus rien à expliquer
ou interpréter? Ou est-il inadmissible de prétendre qu’on a pu restreindre ce concept
dans quelques définitions, étant variable, renouvelable et fortement lié à la réalité
versatile et évolutive de nature?

Dans ce cadre, on se trouve engagé à aborder le corps, cette expression étant


à la fois ambigüe et controversée dans laquelle se mêlent confusément plusieurs
concepts différents, parfois contradictoires. L’évolution et la multiplication des
emplois de ce terme sont faites selon plusieurs égards. Pourtant, avant d'entrer dans
le vif du sujet, il convient de préciser les racines étymologiques du terme corps. En
effet, ce terme trouverait son origine dans le mot latin « corpus.»44. Dès l’origine le
terme corps est pris dans le sens de « l’opposition à anima ou animus, et désigne
non seulement l’organisme vivant, mais aussi le corps inanimé, le cadavre.»45. Au
XIIème siècle, le mot s’écrit cors, puis on ajoute le p muet pour se ressembler à sa
source.

1. Le corps dans sa définition linguistique:

Le corps est défini comme étant «un organisme matériel des êtres animés.»46,
selon Larousse. Également, d’après le dictionnaire encyclopédique Auzou, il s’agit de
« L’organisme matériel et charnel des êtres vivants.»47. Au regard de ces définitions,
nous percevons la présence d’une sorte de similarité. Le terme organisme est
mentionné dans les deux définitions. Il recouvre en fait l’ensemble des organes des
êtres animés d’où le corps humain, animal ou végétal. La notion du corps étant dans
ce cas restreinte dans celle de l’organisme et semble être comprise uniquement sur
le siège des fonctions physiologiques. Ces définitions se montrent largement vagues

44
Henri Mitterand, Albert Dauzat et Jean Dubois, Dictionnaire étymologique, op.cit, p.424.
45
Didier Lecordier, Les concepts en sciences infirmières [en ligne], Liège, éd. Association de
recherche en soins infirmiers, 2012, p.129. Disponible sur:<https://www.cairn.info/concepts-en-
sciences-infirmieres-2eme-edition--9782953331134-page-129.htm>. Consulté le (19/03/2019).
46
Claude Kannas, (dir.), Dictionnaire super Major, op.cit, p.266.
47
Philippe Auzou, (dir.), Dictionnaire encyclopédique Auzou, Paris, éd. Auzou©, 2002, p.350.

24
et indéterminées ce qui nous incite d’explorer des perspectives réunissant d’autres
dimensions.

2. Le corps dans sa définition philosophique:

L’approche philosophique met en avant une réflexion plus perspicace et


constructive sur le corps. Cela se manifeste par plusieurs œuvres philosophiques
dont celui de Michel Blay, Le Grand dictionnaire de la philosophie, dans lequel la
thématique du corps apparaît de manière exemplaire. L’auteur a estimé que « le
corps est l’ultime raison de nos orientations, spirituelles autant que vitales,
individuelles autant que collectives, et de nos pouvoirs comme de nos défaillances,
en somme notre grande raison.»48. A partir de cet horizon, il est aisé de vérifier que
le corps n’est pas juste un organisme dans les sens traditionnel du « cadavre.»49. Au
contraire, il « est d’abord le siège de l’expérience sensible et de la relation avec le
monde en tant que phénomène.»50. Lors de cette interaction avec le monde, on
révèle beaucoup de nous-mêmes à partir de nos gestes, nos mouvements, notre
regard, notre voix, la manière dont nous nous habillons, en somme, à travers la façon
dont nous nous présentons et nous agissons.

Dans la même optique, Merleau-Ponty4*51a argumenté que « le corps est un


sensible exemplaire, car c’est un sensible pour soi; c’est un ensemble de couleurs et
de surfaces habitées par un toucher, une vision, et donc un sensible exemplaire, qui
offre à celui qui l’habite et le sent de quoi sentir tout ce qui au-dehors lui
ressemble.»52. Ainsi, Chantal Durpoix a souligné que « nous attribuons du sens aux

48
Michel Blay, Grand dictionnaire de la philosophie, Montréal, éd. CNRS Editions ©, 2003, p.203.
49
D’après Larousse, l’explication du terme corps inclut cette expression: « La partie matérielle
de quelqu'un après la mort; cadavre. »[en ligne], Disponible sur:
<https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/corps/19404?q=corps#19293>, consulté le
(28/03/2019).
50
Jacques Fontanille, Corps et sens, Paris, éd. Presses Universitaires De France©, 2011, p.2.
4*
Maurice Merleau-Ponty est un philosophe français, né à Rochefort-sur-Mer le 14 mars 1908 et mort
le 3 mai 1961 à Paris, il est connu par ses contributions pour les lecteurs s’intéressant à la pensée du
philosophe, à l’esthétique et à la philosophie de l’art. Le corps était un des thèmes majeurs de la
pensée de Maurice Merleau-Ponty. En prenant comme point de départ l'étude de la perception,
Merleau-Ponty est amené à reconnaître que le « corps propre » n'est pas seulement une chose, un
objet potentiel d'étude pour la science, mais qu'il est aussi une condition permanente de l'expérience,
qu'il est constituant de l'ouverture perceptive au monde et à son investissement. Ses plus célèbres
ouvrages sont: le problème communiste, Les Aventures de la dialectique, Phénoménologie de la
perception, La Prose du monde, Le Visible et l’invisible.
52
Merleau-Ponty Maurice, Le visible et l’invisible, Paris, éd. Gallimard, 1988, p.178-179.

25
choses et à nous-mêmes à travers la dimension corporelle, charnelle et de
comportement.»53. Une telle perspective nous aide à comprendre que l’activité
communicative et l’interaction de l’individu avec le monde et avec les autres sont
exprimées par des modulations corporelles qui possèdent à chaque fois la capacité
de constituer de nouveaux sens.

Cependant, en glissant le regard sur la philosophie du platonisme5* nous


distinguons une perspective totalement différente, voire même contradictoire. Sur
cette base, la vision de Platon est coïncidente avec la philosophie spirituelle idéaliste
qui reconnait la vulgarité du corps. D’après cette philosophie «le corps est le
tombeau de l’âme.»54. Il est clair ici qu’on ne saurait aucunement nier que Platon
glorifie l'âme et méprise le corps. Il minimise l'Homme dans sa dimension consciente
tout en éloignant le corps de la nature de l'Homme lui-même. Il illustre le corps
comme étant complètement inactif, étant une source de vice qui tire l’âme vers le bas
et entrave sa quête d'atteindre la perfection. Platon est totalement convaincu que
« L'âme ne raisonne jamais mieux que quand elle s’isole le plus complètement en
elle-même, en envoyant promener le corps.»55. Il se voit ici à quel étendu le corps
pèse sur l’humain, comme si ce corps désigne une barrière retenant l'âme d’être
libre. Ce penseur a fait allusion à cette conviction qu’il adoptait à plusieurs occasions.
Une conviction basée essentiellement sur la logique de l'exclusion du corps et
l’accuse souvent par sa passivité excessive en affirmant que « Les yeux de l’esprit
ne s’ouvrent que lorsque les yeux du corps se ferment.»56.

Néanmoins, la perception du corps a changé dans la philosophie moderne qui


déclenche une réelle avancée en abordant l’union entre l'âme et le corps et

53
Chantal Durpoix, Le corps et l’habillement: l’expression de l’apparition[en ligne], Paris, éd. DeBoeck
Supérieur©, 2017, p.4. Disponible sur <https://www.cairn.info/revue-societes-2017-3-page-11.htm>.
Consulté le (01/04/2019).
5
*Platon avançait sa théorie des formes de laquelle s’écoule les concepts du platonisme et réalisme.
54
Assia, Hadj-Ahmed, Platon: Le corps est un tombeau [en ligne], Paris, éd. Major-Prépa, 2017.
Disponible sur:<https://major-prepa.com/culture-generale/platon-corps-tombeau-ame>.Consulté le
(1/04/2019).
55
Ethique Et Philosophie Morale, La realite selon Platon [En Ligne], 2010, Disponible
sur:<http://ayena.unblog.fr/2010/03/29/la-realite-selon-platon/>.Consulté le (04/04/2019).
56
070 citations de Platon, Disponible sur:<https://www.evolution-101.com/citations-de-platon/>.
Consulté le (04/04/2019).

26
admettant que ce sont « deux substances dont l’homme est composé.»57. Certes,
cette philosophie rejette l’opinion de ceux qui réduisent la valeur du corps par rapport
l’âme. D’ailleurs, elle endosse un point de vue qui accorde une importance extrême
au corps du fait que l’être humain ne peut reconnaître le monde qu'à travers son
corps.

Restant dans la même pensée, Deshimaru admet que le corps est conforme
avec l’âme au niveau de l'importance, en disant: « Pas de différence entre corps et
l’âme. C'est pareil à la feuille de papier, on ne peut pas acheter l'endroit sans
l'envers.»58. De son côté, le corps et l’âme sont égaux au niveau du pouvoir et de
l'action, étant donné que l'acte de l'âme n’est autre que l'acte du corps. Dans ce
même registre et afin d’étayer cette opinion, nous nous référons à l’attestation de
Spinoza « ni le corps ne peut déterminer l’âme à penser, ni l’âme le corps du
mouvement.»59. Dans cet extrait, Spinoza admet que l'âme et le corps sont une seule
chose. Ils expriment la même substance sans aucune différence et préférence entre
eux.

De ce point de vue, un rapprochement est possible avec Descartes, dans la


mesure où il précise que cette union est une union substantielle: « l’âme est
réellement et substantiellement uni au corps»60 et l’âme « n’éprouve pas la joie dès
qu’elle est infuse dans son corps.»61. Descartes considérait que l’âme humaine se
définit à travers sa connexion au corps et non à travers son indépendance et sa
séparation. Elle est associée au corps en s’influençant par les changements qui s'y
produisent.

En se basant sur ce qui précède, nous avons brièvement passé en revue les
attitudes philosophiques les plus importantes concernant la relation dialectique du
corps et l’âme. Nous remarquons la division de la pensée philosophique en trois
57
Odette Barbero, Descartes le pari de l’expérience: cogito, liberté, union de l’âme et du corps, Paris,
éd. L'Harmattan, 2009, p.235.
58
Taïsen Deshimaru, Questions à un Maître Zen [en ligne], Paris, éd. Albin Michel ©, 1984, p.170.
Disponible sur:< https://terebess.hu/zen/mesterek/DeshimaruQuestions.pdf >, Consulté le
(18/04/2019).
59
Éric Delassu, Qu’est-ce que l’idée d’un corps en acte? [en ligne], Lyon, Congrès du COSHSEM,
2015,.p.2. Disponible sur:< https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01170340/document>. Consulté le
(19/04/2019).
60
Odette Barbero, Descartes le pari de l’expérience: cogito, liberté, union de l’âme et du corps, op.cit.,
p. 247.
61
Ibid., p.235.
27
points de vue: une pensée tout à fait matérielle par la dominance du corps, une
pensée spirituelle admettant la supériorité de l’âme et finalement une pensée mixte
combinant les deux.

Au milieu de cette controverse, il nous semble judicieux de ne pas prendre en


compte que la somme des perceptions des philosophes ont souligné que le corps est
une énigme existentiel, un champ de recherche continu dont lequel il reste toujours
des faits à découvrir.

3. Le corps dans la sociologie:


3.1. Le corps un produit et un producteur social:

Le corps s’établit comme l’un des principaux sujets de la science sociologique qui
a été absent pendant longtemps. Et ce, dans le sens où la sociologie classique s'est
rarement focalisée de manière constante sur le corps en tant que domaine de
recherche indépendant. De ce fait, l’étude du corps d’un égard sociologique,
notamment la sociologie du corps se considère une branche quasi récente de
la sociologie, dans laquelle le corps et ses interactions sociales deviennent un terrain
d’observation et de recherche.

En réalité, l'intérêt porté au corps dans la société a surgi depuis le début du XXe
siècle, en particulier avec l'anthropologue Marcel Mauss. Ce dernier aurait fondé les
premiers éléments constitutifs de la sociologie du corps à travers ses importantes
études sur les expressions sentimentales et émotionnelles.

Des années plus tard, Mauss examinait la manière dont le corps est utilisé
comme un atout culturel dans les sociétés. Il le définit comme suit: « Le corps
fonctionne comme un miroir puisqu’il est le truchement de l’expression intime de
nous-mêmes, et révèle à la vue de tous un mode de vie, des conceptions, une
organisation sociale, un système de représentations du monde.»62. Ainsi, en
admettant que « le milieu social et culturel et la place occupée par les individus dans

62
Arthur Gautier,Fiche De Lecture: Les Techniques du Corps de Marcel Mauss [en ligne], le Major, 14
janvier 2018. Disponible sur: https://major-prepa.com/culture-generale/techniques-corps-marcel-
mauss/, consulté le (24/07/2019).

28
la société influençaient fortement les usages du corps.»63. On renforce l’idée que le
corps n’est pas seulement l’un parmi les éléments caractérisant par excellence
l’existence humaine mais, aussi il est à la fois associé et façonné par le milieu social
auquel il appartient.

De ce fait, une relation d’importance réciproque se construit entre le corps et la


société. Il est donc à la fois « un produit social et un marqueur social.»64. Autrement
dit, le corps est d’une part un révélateur d'une société donné et d'une époque, qui
«fournit à la société un moyen de se représenter, de se comprendre et d'agir sur elle-
même.»65. D’autre part, il facilite à la fois la reconnaissance et la distinction du soit.
De même, à partir de ce corps, on est capable non seulement de comprendre, mais
aussi d’agir sur le monde social.

A partir de ce point de vue, un rapprochement avec le sociologue David Le


Breton est possible. Ce sociologue définit le corps comme étant «l’axe de la relation
au monde, le lieu et le temps où l’existence prend chair.»66. Conformément à ses
dires, le corps se manifeste en tant que l’élément le plus affirmant et le plus exaltant
de cette existence. Et ce, dans le sens que, cette entité corporelle nous concède
l’habilité de naître, vivre et mourir. Il est « la base même de notre présence et de
notre retrait du monde.»67. C’est à travers ce corps, qu’on fait partie de ce monde et
qu’on est capable d’interagir avec nos semblables.

Le corps constitue simultanément, l’aboutissement, en quelque sorte, d'une


intériorisation du coté social dans l'individu et le moyen de la différenciation de cet
individu et de son affirmation en tant qu’existence autonome. Ceci s’accomplit
notamment par les différentes et diverses interactions que la personne fait et subit
lors de différentes situations qui mettent le corps en scène.

63
Christine Détrez, Il était une fois le corps [en ligne], Ressources en sciences économiques et
sociales, 26/04/2011, disponible sur: http://ses.ens-lyon.fr/articles/christine-detrez-il-etait-une-fois-le-
corps--118371, consulté le (24/07/2019).
64
Yannick Vanpoulle, corps identité et socialisation [en ligne], p.1. Disponible sur:
http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/spiral-files/download?mode=inline&data=2178371, consulté le
(26/07/2019).
65
Ibid., p.1.
66
Nadia Jelassi, (dir.), Le corps et pratiques artistiques, Tunis, Unité de recherche: Pratiques
artistiques modernes en Tunisie©, 2015, p. 23.
67
John O’Neil, le corps communicatif, Paris, éd. Méridiens klincksieck ©, 1995, p.21.

29
3.2. Le corps dans l’ère post moderne:

Durant la dernière décennie, le corps devenait une priorité absolue de


l’époque postmoderne et l'objet de nombreux champs de recherches, vu
l’augmentation de l’intérêt du public au corps. De plus en plus, les gens s'intéressent
à la forme et à l'apparence de leurs corps. Sans oublier le rôle grandissant des
médias, des réseaux sociaux et de l’Internet qui regorge de matériaux sur les images
corporelles.
Nous pouvons établir que, les raisons derrière cet intérêt croissant sont liées à
l’ère postmoderne, où la présence intensive du corps dans la culture de
consommation est aujourd’hui l’une de ses manifestations les plus importantes.
En effet, on associait étroitement la présentation du corps avec le marketing
et la commercialisation d’une multitude de produits et des biens. Ces derniers ont
réellement peu de relation avec lui, mais il est, tout de même, abondamment présent.
Par exemple quelle est la relation entre un réfrigérateur et une image du corps d’une
femme demi-nue? Et c’est quoi le rapport entre une boisson et les lèvres roses d’une
belle fille?
En réalité, le tout est inscrit « dans une logique permanente de
marchandisation du non-marchand.»68. Notamment la logique de la société de
consommation fondée sur le principe de la marchandisation. Dans laquelle le corps
devient un lieu de prédilection pour l’expérimentation et pour l’exposition.

Jour après jour, des différents domaines tels que la médecine, le marketing, le
sport, les média, etc, sont de plus en plus impliqués et dont chacun conceptualise un
corps particulier et lui attribue un regard spécifique. Du coup, nous nous trouvons
face à face avec la tendance des projets corporels. Suivant laquelle, la taille, l'allure,
la forme et même la composition du corps sont devenus reconstructibles et façonnés
selon les conceptions et les choix de son propriétaire. De ce fait, des nombreux
marchés ont développé autour du corps. Et ce, qu’il soit à travers les produits et les
soins du corps ou à travers les chirurgies esthétiques et les procédées de la mise en
forme corporelle.

68
Élisabeth Tissier-Desbordes, Le corps hypermoderne, Cairn.info [en ligne], 2006, p.171.
Disponible.sur:https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ERES_AUBER_2006_01_0171,
consulté le (28/07/2019).

30
Ceci est inscrit généralement sous le prétexte d’obtenir un corps dit idéal,
parfait ou mondialisé. Ce principe de l'idéalisme est étayé par les médias et se
développe surtout après l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux. Celles-ci
diffusent et imposent des mesures corporelles bien précises à son destinataire et
excluent certains types de corps qui ne répondent pas à ces critères.
En effet, la modélisation corporelle est souvent associée à un influenceur. Ce
dernier est en fait une personnalité fameuse et réussie dans sa vie publique et privée
à titre d’exemples: des chanteurs, des joueurs, des acteurs, etc. Cet influenceur
constitue l’icône de l’ère postmoderne. De ce fait, le destinataire « aspire à
ressembler aux célébrités.»69 Les mesures d’idéalisme corporel envahissent l'esprit
du destinataire qui tente de collecter ces fragments dans son corps.
Néanmoins, ce clonage esthétique, a conduit à une similitude remarquable
dans les traits des visages, comme le témoigne la figure ci-dessous. Il en résulte que
chaque personne perd l'intimité de sa forme, donc les traits de sa personnalité qui le
distinguent des autres. Ceci met en question l’identité corporelle de l’être humain et
son statut social. Désormais son corps devient transformé, artificiel voire unifié. Une
trahison complète de la nature, pas de différence entre les corps, tout le monde ont
les mêmes traits les mêmes formes. En un mot, une nouvelle mutation du corps
humain émerge « plus proche que jamais de la machine.»70.

(4)

Figure1: le clonage esthétique, à gauche le turc Samet Licina et à droite le


brésilien Rodrigo Alves.

(4) 1. Samet Licina [en ligne], Disponible sur: <https://www.instagram.com/sametlicina/?hl=fr >,


Consulté le: (28/07/2019).2. Rodrigo Alves [en ligne], Disponible sur:
<https://www.instagram.com/rodrigoalvesuk/?hl=fr>,Consulté le: (28/07/2019).
69
Mairi Mackenzie, Découvrir la mode, Paris, éd. Eyrolles, 2010, p.133.
70
INTERLETTRE, corps naturel, corps artificiel, 4 mars 2017 [en ligne], disponible sur:
https://interlettre.com/theme-1-le-corps, consulté le (28/07/2019).

31
4. Le corps au regard de l’art:

4.1. Le corps dans l’œuvre:

« Le corps est, pour le meilleur et pour le pire, l’image du monde.»71. Affirmant


Nicolas Bouvier. De là, découle une évidence, à travers le corps l’Homme remplit sa
place dans l’univers et se manifeste comme créateur qui reste au coude à coude
avec la nature qui l’entoure. Depuis l’aube du temps, le corps suscitait l’intérêt des
penseurs et des savants. Un intérêt inextinguible pour nos ancêtres, nous et les
générations qui viennent, étant donné que ce corps est en fait l’extension tangible de
notre âme.

Le corps humain a fait l’objet de la peinture depuis le tout début de son


histoire. Plusieurs exemples confirmant ce fait, nous viennent à l’esprit dont peut être
le plus impressionnant sont les illustrations préhistoriques indiquant que même à
l’âge Paléolithique6*, le corps constituait un sujet intéressant à représenter. Le temps
s’écoulait et les âges succédaient, mais une vérité artistique reste toujours valable et
constante: le corps humain couvert ou nu continue d’être une thématique de
prédilection, un sujet inspirant et un point focal des artistes et des courants
artistiques, surtout occidentaux, dans leur entièreté.

Les anciennes civilisations ne manquaient pas de représenter le corps par


différentes voies dont la peinture et la sculpture, etc. Par ces représentations, on a
pu découvrir les caractéristiques et la culture de ces sociétés. « Le corps a
longtemps constitué le sujet incontournable de l’expression artistique.»72, d’après
l’artiste Alain Biancheri. Dans ce contexte, il est clair que l’art et le corps sont
étroitement liés.

71
Pierre Starobinski, Le corps, miroir du monde. Voyage dans le musée imaginaire de Nicolas
Bouvier, Genève, Ed. Zoé, 2002, p.7.
6
* Le préhistoire est caractérisé par plusieurs périodes dont le Paléolithique. Il constitue celle la plus
longue et ancienne, depuis 3 millions d'années, où la parution de l’homme prenait lieu ainsi que son
développement de la faculté de confectionner des outils à partir des pierres.
72
Alain Biancheri, les arts plastiques au XX éme, Paris, Edition: Delagrave, collection Pédologie et
formation, 2002, p.11.

32
Ce dernier est omniprésent par exemple, dans l’art médiéval*7,comme le
rappelle Jean Wirth*8 « Nu ou vêtu, le corps est au centre de l’image médiévale,
totalement anthropomorphique, ignorant des genres tels que le paysage ou la nature
morte, montrant des personnages aussi grands que les bâtiments, les montagnes ou
les arbres qui les entourent.»73. Le corps est mis en relief par l’art médiéval comme
étant le centre et le point focal de l’œuvre. Lors de sa représentation, les artistes
aspiraient à la perfection, cherchaient l’embellissement et même l’idéalisation du
corps.
Néanmoins, cette idéologie, ne conformait pas, voire contredisait d’autres
courants qui vont dans un sens radicalement contraire. Cette perspective percevait le
corps comme la source de la décadence, l’origine de la corruption et le générateur de
tous scandales. Dans cette pensée, on visait à dédaigner le corps en bannissant sa
représentation et même criminalisant toute reproduction franche et osée du corps.
Ceci s’est traduit par une tendance d’éclipser le corps et atténuer sa présence dans
les œuvres artistiques. De ces œuvres, on peut mentionner à titre d’exemple, le
fameux rejet absolu des œuvres d’Édouard Manet tels que « Le Déjeuner sur
l'herbe» et « L’Olympia» par le musée lors de ses premières expositions.

(5)
Figure 2: Edouard Manet, L’Olympia, 1863, huile sur toile,
130,5 × 191 cm, Musée d’Orsay, Paris.

7
*La parution de l’art médiéval est antérieure à celle de l’art moderne. Le premier englobe les
mouvements artistiques anciens. On qualifie d’art médiéval toutes créations artistiques appartenant au
Moyen Âge c’est-à-dire de l’IVe siècle au XVe siècle.
8
* Jean Wirth est un historien et connaisseur de l’art français. Il est né le 1er juin 1947 à Colmar. Il
étudiait l’histoire des arts anciens. Ses plus mémorables productions: La datation de la sculpture
médiévale, L'image à l'époque gothique (1140-1280), L’image médiévale, naissance et
développements (VIe-XVe siècle) et Qu'est-ce qu'une Image?
73
Jean Wirth, Qu'est-ce qu'une Image?, Genève, éd. Librairie Droz©, 2013, p.10.
(5) Nadine Fattouh-Malvaud, Le scandale de la réalité [en ligne], Disponible sur: <https://www.histoire-
image.org/fr/etudes/scandale-realite>,Consulté le: (01/04/2019).

33
74 (6)

Figure 3: Edouard Manet, Le Déjeuner sur l'herbe, 1863,


huile sur toile, 207 × 265 cm, Musée d’Orsay, Paris.

Manet a provoqué une polémique ardente qui a profondément marquée


l'histoire de l'art du XIXe siècle en tant l’un des scandales les plus reconnus. Ses
œuvres sont jugées à l’époque comme « le plus scandaleux des nus féminins jamais
peints.»75. Manet visait à représenter une imitation9* de la réalité par le biais peinture,
comme il le rappelle« Je rends aussi simplement que possible les choses que je
vois... Je les ai vues. J’ai fait ce que j’ai vu.»76.

Fondamentalement, Manet a peint des corps réels, non idéalisés dans une
scène de la vie contemporaine. Conséquemment, il a transgressé les codes de la
peinture académique et dépassé ses règles sacrées dictant que « Le nu féminin
n’est cependant légitime que lorsque qu’il use de l’alibi mythologique, allégorique ou
orientaliste.»77. Effectivement, dans cette époque, la représentation du corps humain
nu servait seulement à représenter les dieux et les divinités et qui est soumise à des
règles de proportions strictes. Manet a occasionné un scandale qui a tracé la voie à

(6) Cécile Martet, L’Œuvre à la loupe: Le déjeuner sur l’herbe de Manet [en ligne], Disponible
sur:<https://www.kazoart.com/blog/loeuvre-loupe-dejeuner-sur-lherbe-manet/> Consulté le:
(01/04/2019).
75
Nadine Fattouh-Malvaud, Le scandale de la réalité [en ligne], Disponible sur:< https://www.histoire-
image.org/fr/etudes/scandale-realite>, consulté le (01/04/2019).
9
*L’imitation du réel par la peinture se manifeste aussi dans les représentations des nus féminins de
Pierre Bonnard: il s’inspirait de la vie quotidienne, il visait à communiquer, inconsciemment d’une
façon subjective, ce qu’il voyait. Les figures féminines envahissent les tableaux de Bonnard dont les
plus fameux sont: nu à la baignoire, Femme nue se baissant, Nu à contre-jour, La Sieste.etc.
76
Eric Darragon, dans Manet, Paris, éd. Citadelles & Mazenod, 1991, p. 157
77
Alexandre Cabanel, La naissance de vénus [en ligne], Disponible sur:
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/la-naissance-de-venus/ consulté le
(26/04/2019).

34
la modernité et à une représentation singulière et unique du corps, rompu et séparé
de l’idéalisme. Cette brise fraîche a permis à la peinture de concevoir des nouvelles
méthodes et manières de dévoiler et de dépeindre les formes.

4.2. La fragmentation du corps:

Dans le but de forger un langage invraisemblable, unique et nouveau, on se


trouvait face à une nouvelle interprétation du corps. Une interprétation non
conformiste, qui détruisait et excluait les représentations traditionnelles des nus
féminins en peinture. C’est avec la création des Demoiselles d’Avignon de Pablo
Picasso que cette révolution artistique du courant moderne a vu le jour.

Ce tableau, estimait comme stimulus du cubisme, avait décidément constitué un


point d’inflexion dans la représentation du corps. Ce mouvement « apporte donc une
nouvelle vision du corps, loin d’une figuration ou d’un idéalisme qui aime à en
distordre ces formes traditionnelles.»78 C’est une nouvelle orientation marquée par un
changement brutal de la manière selon laquelle le corps est peint; et ce par la
dislocation, la déformation et la concrétion de la figure humaine en la défigurant
selon une tendance géométrique, la privant ainsi de sa flexibilité mais dénotant, tout
de même, hardiment ce mouvement osé et innovant.

Par l’éclatement des formes que Picasso a appliqué, une nouvelle lecture du
corps est apparue: c’est le corps fragmenté10*. Il réinvente les codes de l'imitation de
la réalité par la re-représentation et la re-signification du corps humain. En s’inspirant
de motifs issus des arts primitifs11* et africains, Picasso traite le corps des femmes
nues de manière bien particulière, aucune ne ressemble à l’autre. En mêlant
l’abstraction, la géométrie et la défiguration, cet artiste attribuait une illusion de

78
Sarah Lodiot, Le corps dans le cubisme [en ligne], Dans Art Contemporain, 2016, Disponible sur:
<https://danseartcontemporain.wordpress.com/2016/04/14/le-corps-dans-le-cubisme/> Consulté le
(29/04/2019).
10
* On désigne par art primitif les inventions et les créations des tribus des différents continents
façonnées en vue d’exprimer leurs vies, coutumes et traditions.
C’est grâce à plusieurs fameux artistes comme Gauguin et Picasso que ces objets, auparavant
présumés non artistiques voire inesthétiques, sont par la suite traités comme art.
L’intention de cet art n’est pas en fait « la figuration et l’imitation ». Il cherche plutôt à mettre en relief
le symbolique, le mythique et la signification. Le charme de ces œuvres relève de leurs harmonies et
cohérences avec leurs symbolismes magiques, superstitieux ou religieux.
11
* Linguistiquement, le fragment est défini comme «le morceau d’une chose qui a été brisée,
déchirée» Conformément au Centre National de Ressources Textuelle et Lexicales, Disponible sur: <
https://www.cnrtl.fr/definition/fragment>. Consulté le (30/04/2019).

35
massivité et un aspect géométrique au corps humain. Picasso le déconstruit: « le
corps humain a dû représenter un clivage.»79. Ce peintre emploie: la décomposition
du corps et de l'espace et la fragmentation de la figure réelle en plusieurs facettes,
insinuant l’effet d’un miroir brisé.

(7)

Figure 4: Pablo Picasso, Les demoiselles d’Avignon, 1907,


huile sur toile, 243.9 x 233.7 cm, Moma, New York.

Dans la même veine, le concept de la fragmentation du corps est étroitement


associé à l’art photographique dans le sens où il se focalise sur le cadrage et « ce
geste qui isole une partie d’un tout.»80. Dans son œuvre Mes vœux, conservée au
musée national d'Art moderne à Paris, l’artiste française Annette Messager, a
travaillé sur le concept précédemment mentionné en exposant des fragments
corporels sur scène. Ces fragments sont incorporés dans des installations plastiques.
Ces dernières sont constituées par 263 épreuves photographiques en petit format et

79
Bernard Bessière, Jean-Michel Mendiboure, voir le corps dans l’Espagne d’aujourd’hui [en ligne],
Manage, éd. Lansman©, 2003, p47. Disponible sur:<https://books.google.tn/books?id=P-
aKJVvRuM8C&pg=PA47&lpg=PA47&dq=le+corps+humain+a+d%C3%BB+repr%C3%A9senter+un+cl
ivage&source=bl&ots=p5E0f680Hx&sig=ACfU3U2is4YSotUFvNCQy5RloOsFgLHPww&hl=fr&sa=X&v
ed=2ahUKEwi0nY6Ugu7iAhVFbFAKHeAcBWgQ6AEwAHoECAgQAQ#v=onepage&q=le%20corps%2
0humain%20a%20d%C3%BB%20repr%C3%A9senter%20un%20clivage&f=false> Consulté le
(29/04/2019).
(7) Edina Bernard, L'art moderne, 1905-1945, paris, éd. Larousse©, 1999, p.38.
80
Nadia Jelassi, (dir.), corps et pratiques artistiques, op.cit., p.201.
36
en noir et blanc. Ces photos assemblées en cercle suspendu, montrent des détails et
des portions corporels d’hommes et de femmes.
A première vue de cette œuvre, on aperçoit quasi automatiquement qu’il est
basé sur la fragmentation. En l’examinant plus méticuleusement, une constatation
s’impose: le découpage atteint plus abondamment les images du corps. Plusieurs
membres du corps sont particulièrement photographiés: un œil fermé entouré de
noir, un zoom sur un nez, main, un cou, etc.
L’étalage et l’exhibition des fragments et des morceaux corporels de cette
manière bien étudiée, permettent à l’artiste d’accorder une fonction spécifique à
chacune de ses images dans le propos global. Ceci nous mène à délibérer « les
représentations du corps et notre rapport au réel.»81. Dans son œuvre, l’artiste
réédifie le corps d’une manière morcelée et fractionnée pour provoquer une réflexion
plastique sur le corps.

(8)

Figure 5: Annette Messager, Mes vœux, 1989, installation artistique, 160 × 320
cm, musée national d'Art moderne, Paris.

81
Bouchard Pascale, Postmodernisme et féminisme, centre de recherche sur le texte et l’imaginaire
Figura [en ligne], 2011, volume: 26, p. 159, Disponible sur:
<http://oic.uqam.ca/fr/system/files/garde/52799/documents/08.pascale-bouchard-postmodernisme-
feminisme.pdf> consulté le: (01/05/2019)
(8) Fading paper, Mes Vœux suspendus, Annette Messager [en ligne], Disponible sur:
<http://fadingpaper.blogspot.com/2012/06/mes-voeux-suspendus-annette-messager.html> Consulté
le (14/05/2019).

37
4.3. Le corps stylisé:

La stylisation12* du corps préoccupait plusieurs artistes qui ont toutefois


sélectionné une démarche propre à eux; et ce en établissant des nouvelles normes
de représentations. Jean Dubuffet et Willem de Kooning ont joué sur l’image de la
femme en lui infligeant un caractère de massivité et d’effroi qui va jusqu’à la
monstruosité13*.

A premier vu, on peut tirer des constations prématurés, que le mépris a


provoqué ces représentations plutôt obscènes et grossières de la femme.
Cependant, le motif de cette conduite est de l’incarner de toutes les modalités
concevables.

Inspiré par ses gribouillages d’enfance, Dubuffet a assigné à ses femmes des
titres dans le but de diriger l’interprétation de l’observateur. D’ailleurs, cet artiste s’est
attentionné au corps humain comme sujet de peinture à plusieurs reprises, mais
surtout durant la période de 1950-1951. C’est à cette époque qu’il présentait la série
des corps de dames s’attaquant ainsi au nu féminin, un genre de peinture
extrêmement vénéré par l’occident. Le peintre procédait à révoquer les privilèges les
plus précieux de la figure humaine dont la symétrie, l’harmonie et la joliesse. Les
formes sont désormais aplaties et fusionnées dans la matière: « Changés en galette,
aplatis au fer à repasser.»82, conformément aux dires de l’artiste.

12
* La stylisation est un concept qui se résume par «l’Action, fait de représenter un objet en le
réduisant à ses caractères les plus typiques ».D’après CNRTL, stylisation [en ligne], disponible sur:
https://www.cnrtl.fr/lexicographie/stylisation. Consulté le (19/05/2019). Suivant cette logique, l’artiste
procède à dégager les traits principaux de l’objet en se bornant aux aspects primordiaux et à affadir
ses typicités. Dans le cadre dans lequel on traite, la stylisation s’appuie surtout sur la primauté des
éléments et des dimensions les plus essentiels qui prévalent dans ce type d’œuvres.
13
* L’intégration de la monstruosité du corps humain a pris lieu fréquemment dans l’art à travers les
siècles et surtout dans l’art contemporain. Nous citons à titre d’exemple, les œuvres de l’artiste
Matthew Barney qui montre le corps comme étant un lieu d’hybridation en fusionnant le corps de la
bête à celui de l’Homme. D’autres artistes adoptaient la même approche tels que: Dino Valls, Rick
Baker, Jenny Saville,etc.
82
Margherita Leoni-Figini, Jean Dubuffet (1901-1985) Exposition Du Centenaire [en ligne], Paris,
© Centre Pompidou 2010, p. 5. Disponible
sur:<http://mediation.centrepompidou.fr/educat+ion/ressources/ENS-dubuffet/ENS-dubuffet.html
>Consulté Le (01/05/2019).

38
(9)

Figure 6: Jean Dubuffet, Le Métafizyx, 1950, Huile sur toile, 116 x 89,5 cm,
Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris.

En ce qui concerne l’artiste Willem de Kooning, il les a nommées tout


simplement Woman et les a attribuées des numéros. Comme ça, elles sont
méconnaissables et sont carrément des modèles aux corps déformés. En fait, il visait
à nous exposer la femme en général dénuée de tous aspects de beauté
conventionnelle telle que la symétrie et munie d’une nouvelle esthétique, apprécié
autrement.

L'effroi et l’anomalie que ces artistes ont choisi de mettre en avant en


représentant la femme, offre un propos plus profond et significatif: la représentation
du corps n’est pas aussi simple que ça. Les artistes en question cherchaient à
exposer le corps d’une façon organique, laissant voir l’intérieur et faisant appel à la
dimension mortelle. Ceci menait à une « désacralisation de la représentation du nu
féminin.».83

(9)Centre Pompidou, Le Métafizyx [en ligne], Disponible sur:


<https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cKajEek/rqyka94 > Consulté le: (14/05/2019).
83
Margherita Leoni-Figini, Jean Dubuffet (1901-1985) Exposition Du Centenaire [en ligne], op. cit, p.6.

39
(10)

Figure 7: Willem De Kooning, Woman, 1950-1952, Huile sur toile, 192.7*147.3 cm,
musée d’art moderne, New York, États-Unis.

On peut aussi se référer à une figure majeure du courant surréalisme, qu’on


ne peut pas dépasser, c’est l’artiste célèbre Salvador Dali. Dans sa création Araignée
du soir, espoir, il emploie le corps d’une façon exceptionnelle et étonnante. L’œuvre
montre immédiatement que le corps humain est installé dans une ambiance
mystérieuse et énigmatique. Les éléments représentés dans ces tableaux sont en
lévitation et le corps est un sujet à une transformation de phase du solide au liquide
et encore du réel à l’irréel.

Cette création artistique permet à l’observateur d’avoisiner le monde des


rêves, l’illusoire, le délire, l’inconscient et l’imaginaire. Dès lors, l’homme se trouve
délivré des astreintes qui le détiennent, en recueille la force pour soulever les
contraintes qui paralysent ses actions et entravent sa créativité et sa réflexion. Cette
approche pousse à méditer et même défier les traditions de la peinture: « En art ce
n’est pas comme au foot: C’est quand on est hors-jeu qu’on marque le mieux les
buts.»84Salvador Dali.

(10)MoMA,.Willem.de.Kooning.[en.ligne],.Disponible.sur:<https://www.moma.org/collection/works/798
10>.Consulté le: (20/05/2019).
84
Payot librairie, Surréalisme[en ligne], disponible sur: https://www.payot.ch/Detail/surrealisme-
cathrin_klingsohr-9783836514187, consulté le: (20/05/2019).

40
(11)

Figure 8: Salvador Dali, Araignée du soir, espoir, 1950. Huile sur toile, 40.5 x
50.8 cm cm. The Dali Museum, St. Petersburg (Floride).

4.4. Le corps comme outil:

A l’autre bout de la chaîne, nous percevons l’apparition des nombreux artistes


qui sortent de la toile ou des supports habituels de l’art, pour peindre sur un médium
un peu plus original, voire même plus personnel: leurs propres corps. Une nouvelle
dimension était donnée au corps dans laquelle l’artiste s’engage à souligner la
présence de son corps ou un autre corps comme matériau de base et un support
artistique dans la construction de l'œuvre d'art. « Au-delà même de la représentation
le corps devient outil, trace et empreinte, l’artiste met en jeu son propre corps.»85.

L’un des exemples les plus pertinents de ce courant, n’est autre que la série
des Anthropométries de l’époque bleue d’Yves Klein, désignée par certains « la
technique des pinceaux vivants.»86. Cet artiste a eu recours à des jeunes femmes
nues et couvertes de peinture pour s’en servir comme pinceaux vivants: « le corps

(11)Salvador Dali [en ligne],La Galerie Virtuelle MarVal


Disponible.sur:<http://www.photosmarval.org/index.php/surrealisme/salvador-dali/araignee-
du-soir-espoir > Consulté le: (20/05/2019).
85
Mamac, Le corps dans l’art,[en ligne], Disponible sur:http://www.mamac-
nice.org/francais/pedago/3%20FICHE%20PEDA%20le%20corps.pdf, consulté le (05/05/2019).
86
Centre.Pompidou,Yves.Klein,.disponible.sur:<http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressourc
es/ENS-yves_klein/ENS-Yves_Klein.htm>, consulté le: (21/05/2019).
41
enduit de peinture bleu est devenu un véritable pinceau qui laisse à plusieurs reprise
son empreinte sur la toile.»87.

C’est en plein public que la création des Anthropométries était faite. Les
modèles ayant le corps badigeonné en bleu se collent sur le support pictural pour
obtenir des traces sur les toiles blanches. Ces « pinceaux», selon les directives du
peintre, se plaçaient sur la surface de la toile et se remuaient dans tous les sens en
vue de peindre ce tableau. Visant à évoquer la « légèreté et l’apesanteur.»88, Yves
Klein esquissait de cette façon les empreintes. «J’ai su vite que le bloc du corps
c'est-à-dire le tronc est une partie des cuisses, me fascinait.»89.

Klein s’adonne à recopier la réalité et ce par créer la toile directement à partir


du corps renvoyant ainsi à l’immédiateté du contact pour effectivement dépasser le
peintre et ses techniques. En se basant sur ce qui précède, l’empreinte pour Klein,
illustre la réalité plus fidèlement que n’importe quelles autres représentations car
elles regroupent abondamment « l’énergie vitale.»90. Il disait qu’« elles signifiaient
cette santé qui nous mènent à l’être.»91. Ces anthropométries personnifient « une
énergie réelle, vivante et féconde une perturbation de tout un protocole mimétique,
de toutes les représentations classiques.»92.

87
Hannah Weitmeier, International Klein bleue, Paris, éd. Tashen©, 2001, p.53.
88
Sylvain Rakotoarison, Les pinceaux vivants d’Yves Klein [en ligne], Bruxelles, éd. Agora vox, 2018,
p.6. Disponible sur:<https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/les-pinceaux-vivants-d-yves-
klein-203769> consulté le (05/05/2019).
89
Hannah Weitmeier, International Klein bleue, Paris, éd. Tashen©, 2001, p.58.
90
Fathi Bouzida, La mode à l’épreuve de l’art, Sfax, éd.1ére édition, 2019, p. 167.
91
Laboratoire du geste, Yves Klein, Anthropométries de l’époque bleue [en ligne], Disponible sur:
<http://www.laboratoiredugeste.com/spip.php?article28 > consulté le: (07/05/2019).
92
Fathi Bouzida, La mode à l’épreuve de l’art, op.cit., p.168.

42
(12)

Figure 9: Yves Klein, Anthropométries de l’époque bleue, 156.5 x 282.5 cm,


pigments purs sur papier, 1960, Musée national d'art moderne, Paris.

Cependant, de nos jours, l’ère de l’art post moderne, la valeur du corps en tant
que centre d’intérêt artistique reste toujours intacte. Ceci est témoigné par
l’importance accordée à celui-ci en étudiant de près ses mouvements, son
dynamisme et évolution dans l’espace. Dans cet aspect, le corps se manifeste
comme médium à des fins différentes, fréquemment suggestives et intrigantes, mais
aussi dégoûtantes et même fascinantes. Ces pratiques allouent au corps des
fonctions innovantes: il est simultanément ressource d’invention et de
dégénérescence.

Dans ce cadre, Olivier Valsecchi, un artiste photographe concevait une œuvre


dynamique. Il accentuait à la fois la force et la vulnérabilité du corps humain. Il
s’intéressait passionnément à ce dernier, lui désignant comme « centre de ses
recherches et de son univers créatif»93.

La conception de Valsecchi rendait le corps comme une pâte à modeler,


façonnée et sublimée via son objectif, revitalisant et réanimant ainsi « son
inconscient et son esthétisme.»94. En 2012, « Klecksography», une série créée par
cet artiste était dévoilée. Cet œuvre conformait à « une trame narrative logique»95

(12)Centre.Pompidou,Yves.Klein,.disponible.sur:<http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressou
rces/ENS-yves_klein/ENS-Yves_Klein.htm>, consulté le: (21/05/2019).
93
Mob art studio, Olivier Valsecchi [en ligne], Disponible sur; < https://www.mob-
artstudio.lu/expositions/expositions-passees?start=15> consulté le: (07/05/2019).
94
Ibid.,p.1.
95
Ibid.,p.2.

43
En fait, sans altération ni manipulation numériques, Valsecchi a regroupé et a
réuni plusieurs corps humains, d’une façon à engendrer un air surréaliste et un
aspect surprenant.

(13)

Figure 10: Olivier Valsecchi, Série Klecksography, œuvre


photographique2012,Hasselblad Masters Award.

Restons dans la même optique, on peut mentionner ici, l'artiste américaine


Alexa Meade qui reconnue par ses œuvres singuliers. En peinant directement sur
ses modèles par de grands coups de pinceaux, puis les objets, puis le paysage qui
l'entoure. Une fois photographiées, ses œuvres donnent à voir une autre dimension
qu’une simple toile peinte à deux dimensions.

Elle décrit son approche: «Je peins mes portraits figuratifs directement sur la
personne que je représente. Les modèles sont transformés…Lorsque cela est
photographié, la vie, la respiration des gens disparaissent sous la peinture, occultées
par leurs propres masques.»96.

Ses œuvres d’art exhibent une ressemblance étonnante à un tableau


classique accroché au mur d'une galerie d'art, l’originalité de son travail se trouve
dans le sens où elle peint nettement des êtres humains, les transformant en portraits
vivants et respirant, tout en oscillant entre la peinture corporelle et le trompe-l’œil.

(13) Journal Du Design, Klecksography par Olivier Valsecchi, Disponible sur: <http://www.journal-du-
design.fr/art/klecksography-par-olivier-valsecchi-38273/>, consulté le:(07/05/2019).
96
Lynda Ben Chatouh, Peintures corporelles: Quand le corps devient une toile [en ligne], disponible
sur: https://www.huffpostmaghreb.com/2016/08/04/peinture_n_11329764.html, consulté le
(07/05/2019).

44
(14)

Figure 11: Alexa Meade, Colour of Reality, Installation artistique, 2016,


Galerie Saatchi, Londres.

4.2. Le corps comme une œuvre:

Le corps, ce curieux miracle, intriguera et captivera éternellement les artistes qui


ne résistaient depuis toujours de l’installer au cœur de leurs toiles. Son
omniprésence dans l’art le qualifie d’être une substance de créations artistiques, où
le corps devient lui-même l’œuvre. Une telle perspective qui a vue le jour le XXe
siècle, cherchait à débarrasser le corps des valeurs classiques, étant
intrinsèquement imparfait. Dès lors « le corps est déformé, disloqué, stylisé,
transformé, ébranlant la représentation picturale et sculpturale du XXème siècle. Au-
delà même de la représentation le corps devient outil, trace et empreinte, l’artiste met
en jeu son propre corps.»97.

D’où, on voudra accentuer la présence du corps de l’artiste en libérant son


toucher et son mouvement lors de son interprétation plastique. Les œuvres
modernes sont caractérisées par leurs spontanéités, émancipations et impulsions qui
font directement référence à la présence du corps de l'artiste ou un autre corps. De
ce fait, les artistes modernes ont pensé à une sorte de transmission du corporel par

(14) Take Part, A Colorful Video Reveals the Invisibility of Black Lives, Disponible sur:
<http://www.takepart.com/video/2016/09/20/color-reality-reveals-invisibility-black-lives/>, consulté le:
(07/05/2019).
97
Mamac, Le corps dans l’art, [en ligne], Disponible sur:http://www.mamac-
nice.org/francais/pedago/3%20FICHE%20PEDA%20le%20corps.pdf, consulté le (10/05/2019).

45
la pratique esthétique. Ils «remplacent les représentations picturales ou sculpturales
par des actions où leurs propres corps révèle le corps de l’artiste dans une
dimension sociologique et critique de monde et de la société.»98.

Cette perspective est représentée surtout par l'art corporel, le Happening13*,


l'art de la vidéo et l’art du mime. L’artiste devient lui-même l'œuvre artistique. Ayant
surgi au cours des années cinquante, l’aptitude artistique contemporaine transformait
le corps en œuvre d'art. Cet art est une manifestation de l'interférence exceptionnelle
entre l'art et la vie. Dans ce cas, l'artiste a renoncé aux canaux habituels de la
création artistique pour incarner lui-même la pratique plastique. Comme l’explique
Otto Muehl: « Cette nouvelle méthode ou le corps devient le tableau lui-même est
une source de création inépuisable, qui conduisit de la représentation avec
matériaux à la présentation de soi.»99.

L’optique moderne n’est réellement qu’un témoignage de la mutation de la


perception artistique du corps d’un artiste à l’autre, chacun selon son époque. Ceci a
entraîné des nouvelles tendances créatives de l’art contemporain. Des tendances qui
dépassent la simulation et l’imitation pour exprimer les émotions et les sentiments
réprimés dans le corps. Des inclinations qui révèlent des d’attitudes et des idées
inédites, étant libéralement ouvertes à d’autres possibilités et alternatives dans les
pratiques créatives, comme l’exprime le sociologue Alain Touraine «et plus
simplement, j’ai introduit l’univers du corps que la rationalité a déjà rejeté, écarté si
ce corps est opprimé ou emprisonné.»100. Ce qui nous amène à un nouveau monde
des visions, des concepts et des valeurs extraordinaires et inusités.

Parmi les artistes qui traitaient leurs propres corps comme une forme de
travail plastique, l’artiste française Orlan est l’une des plus grands artistes de l’art
corporel ayant une notoriété mondiale. Ses œuvres sont éphémères, faites dans un
lieu et dans un moment précis en gardant des traces photos ou vidéo.

98
Exporevue, le corps.est.comme une.viande.consciente.socialisée, Disponible
sur:<https://www.exporevue.com/magazine/fr/journiac.html> consulté le: (10/05/2019).
13
* un Happening est employé, dès la fin des années 1950, la 1ére fois dans le sens performance de
l’anglais qui signifie représentation; est en fait un événement classé comme étant un art. Le
Happening se caractérise par la spontanéité ainsi qu’il requiert que le publique soit activement inclus
en tant que intervenant.
99
Laurence Bertrand-Dorléac, Paris, L'ordre sauvage, éd. Gallimard, 2004, p.87.
100
Alain Touraine, Critique de la modernité, Paris, éd. Librairie Arthème Fayard, 1992, p.510.

46
Entre 1991 et 1993, Orlan a subi neuf opérations des chirurgies esthétiques
qui sont mises en scènes et diffusées au public en vidéo pour exposer
soigneusement et en détail la transformation que son corps et les partager étape par
étape dans la salle d’opération. Ce qui intéresse Orlan est « moins d’arriver à un
produit fini (au résultat), que de mettre en scène le processus qui conduit à ce produit
(performance).»101. Son corps représentait une œuvre artistique en cours
d’accomplissement et que sa réalisation est transmise en temps réel. Dans ce
contexte elle déclare: « mon corps est bien devenu un lieu de débat public. Je peux
faire de nouvelles images avec cette nouvelle image. C'est ce qui m'importait.»102.

(15)

Figure 12: Orlan, Deuxième bouche, œuvre photographique,165 x 110


cm, New York, 1993.

De plus, L'idée d'utiliser le corps de l'artiste directement devant le public a


généré avec Gina Pane, l'une des représentations les plus frappantes de l'art
corporel. Manipuler une lame de rasoir et s’affliger de nombreuses coupures dans
différentes parties de son corps n’est pas facile pour une personne consciente. Cet
acte résume l'une des performances artistiques les plus choquantes qui ont
suscitées des sentiments tels que la surprise et la peur.
101
Claude Fintz, Le corps comme lieu de métissages, Paris, éd. L’Harmattan©, 2003, p. 173.
102
Claire Ané, Orlan, artiste: Mon corps est devenu un lieu public de débat[en ligne], le monde, 2004.
Disponible sur: https://www.lemonde.fr/vous/article/2004/03/22/orlan-artiste-mon-corps-est-devenu-un-
lieu-public-de-debat_357850_3238.html consulté le (18/05/2019).
(15) Flickr, intimité dans l’art contemporain, Disponible sur: <
https://www.flickr.com/photos/131148625@N04/16096440573>, consulté le: (10/05/2019).

47
Le spectateur est émotionnellement touché, il participe inconsciemment aux
souffrances ou au malaise extrême de l’artiste, de sorte que certaines personnes
présentes ne peuvent témoigner cette intervention violente de Pane. Non seulement
elle a commis cet acte, mais elle a volontairement inséré des clous au niveau de son
bras pour délivrer la douleur14* et la souffrance. Pour elle, l'art se résumait dans le
concept de douleur et le plaisir de torturer son corps. L’intention est d’ouvrir une voie
nouvelle de création « la blessure: par sa mise en relation avec l’autre comme
réceptacle de son environnement sociopolitique, culturel qu’un effet de
rebondissement; mais dans l’intention d’une ouverture sur un langage nouveau.».103

Il se trouve que Pane est toujours à la quête de nouveaux moyens et outils qui
l’aident à exprimer d'une manière plus puissante, violente, intense et authentique ses
propres sentiments et émotions personnelles. Pour ce type d’artistes, c'était une
manière de s'investir plus profondément dans leurs œuvres et de réduire la distance
entre eux et leurs peintures.

Cette tendance inspire les artistes à pousser leurs limites en soumettant leurs
corps à des pratiques extrêmes, parfois brutales en vue d’éprouver des sensations
allant de l’euphorie et la délivrance, à la peine et la désolation. Après avoir adopté
une idéologie qui accuse les violences sociales, cette tendance a connu un
désintérêt graduel étant donné que les artistes se penchent maintenant surtout sur
les performances individuelles.

14
*La reproduction et la représentation de la peine, l’affliction et le tourment affligés au corps humain
sont stylisées de façon à ajuster ces concepts et les élever pour qu’ils soient considérés « beaux ».
Dans le but de dépasser et rompre l’idée de l’idéale en employant le corps dans un ton pathétique, et
ce en implorant le spectateur et suscitant une réaction de sa part, constitue le modèle suivi par l'art
contemporain. Cette approche est empruntée par beaucoup d’artistes contemporains dans la
conception de leurs œuvres et expressions plastiques dont on peut citer Marina Abramović, Michel
Journiac, David Wojnarowicz.etc.
103
Nadia Jelassi, Corps et pratiques artistiques, op.cit., p.198,

48
(16)

Figure 13: Gina Pane, Azione Sentimentale, 31,5 x 22 cm, œuvre


photographique, 1973, Galerie Diagramma, Milan.

Pour conclure, sur la base de ces éléments évoqués, nous pouvons trancher
que le corps réjouit d’une position clairement importante dans l’actualité artistique
suivant nombreuse manifestations. Les exemples sélectionnés tantôt s’enrichissent
les uns des autres, tantôt se contestent et se contredisent. Et ce dans le but
d’entreprendre un vaste champ d’investigation visant ainsi d’étudier et de détailler
notre cause évidemment sans prétendre que l’étude soit toutefois exhaustive.

Le point focal de cette recherche est particulièrement l’art contemporain du


moment que ce dernier est carrément obsédé par le corps. Les artistes adhérents de
ce courant ont examiné le corps d’une nouvelle perspective qui le révèle comme leur
extrême centre d'intérêt: « le corps dans l’art contemporain est un sujet d’une
ampleur déconcertante… il n’y a pas d’art dans lequel le corps ne soit pas
impliqué.»104. Ceci a été soutenu par l’apparition de l’art corporel comme discipline
appartenant à l’art contemporain en introduisant des nouveaux comportements du
corps. Ceci est dans le but de se tenir à l’écart des commandements et des
impositions classiques de la production artistique et pour créer une voie esthétique
in-conventionnelle, fondée sur l’émancipation de l’acte créateur des restreintes

(16) Centre Pompidou, Azione Sentimentale, disponible sur:


<https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cj7rGr9/rRRKar8 >, consulté le: (21/05/2019).
104
Sally O'Reilly, Le corps dans l'art contemporain, Paris, éd. Thames & Hudson©, 2010, p.7.

49
artistiques traditionnelles. Ces dernières sculptent la vision de l’artiste et son style de
créativité en aspirant à concevoir une conduite alternative contre les phénomènes
culturels, politiques, etc.

Au cœur de tout cela, l’artiste s’insère dans tous les systèmes et les valeurs
esthétiques habituels en menant à une transgression plus marquante. A titre
d’exemple, beaucoup d’artistes ont utilisé des pratiques douloureuses voire
dangereuses comme Orlan et Gina pane, leurs corps ont été sujet, à l’humiliation, la
désacralisation et la distorsion. Pour ce faire, une violation des systèmes moraux
s’impose.

III. La synthèse:

A travers ce chapitre, nous avons décortiqué les concepts phares de notre


recherche tels que le langage et le corps, moyennant une étude et une analyse
approfondie prenant en compte sur des divers domaines dont la philosophie, la
sociologie, l’anthropologie, l’art, etc. A ce propos, dans le but de dégager l’essence
de ce chapitre nous allons essayer, dans ce qui suit, de récapituler les points mis en
évidence. Pour ce faire, nous allons extraire les sous concepts en rapport avec nos
termes clés.

Commençons par le premier concept: le langage, comme on a déjà pré-indiqué,


englobe plusieurs spécifications dont la plus substantielle est que ce concept, est en
fait une faculté humaine permettant à l’Homme d'extérioriser une idée, d’interagir et
de se communiquer, à travers un système de signes précis. Ces signes peuvent être
arbitraires ou artificiels, verbales ou non verbales et ils sont dotés par une sémiologie
permettant leurs déchiffrages et leurs compréhensions.

Cette démonstration nous mène à révéler un ensemble de sous concepts en


corrélation avec le langage tels: la communication, la transmission, l’interaction,
l’échange, la pensé, le message, l’idée, l’expression, la norme, l’information, la
structure, le système, la faculté, la capacité, le signe et le sens.

Par la suite, nous nous livrons à la dissection du deuxième concept: le corps. En


l’étudiant, nous avons passé en revue ses attitudes linguistiques, philosophiques,

50
sociologiques et artistiques. Et ceci par le biais de l’énumération et l’analyse de
différentes modalités de l’expression et de la représentation du corps dans ces
différents points de vues. L’ouverture à plusieurs champs de recherche nous a
permis de discerner de nombreux sous concepts qui sont étroitement liés au terme
en question: l’organisme le vivant, le cadavre, le charnel, le geste, le mouvement, la
posture, le comportement, la structure et la morphologie.

Après avoir présenté et prédéfinit le fondement de ce chapitre, qui tourne autour


de nos concepts clés tels le langage et le corps, nous allons nous orienter vers le
chapitre suivant intitulé: La médiation langagière, du corps à la mode
vestimentaire, dans lequel nous tenons à répondre aux interrogations
fondamentales de cette recherche.

51
Chapitre II: La médiation langagière, du corps à la mode
vestimentaire:

La question des liens entre la triade: vêtement, corps et langage était depuis
toujours matière de débat. Elle représentait un sujet de prédilection pour une
multitude de célèbres penseurs tels que Roland Barthes, Pierre Bourdieu, Ferdinand
de Saussure, etc. Les raisons suscitant cet intérêt remontent à la vive importance
accordée à chacun de ces trois éléments dans notre existence humaine.

Dans ce chapitre, nous optons pour la réalisation d’une investigation


réunissant les pratiques et les théories. De prime abord, nous cherchons à entrevoir
la relation entre le corps et le langage d’une manière générale, tout en déterminant
sa puissance sur l’être humain et son entourage. Nous nous focalisons alors
spécifiquement sur le langage du corps en tant que concept indépendant et puis
lorsqu’il est traduit par la mode vestimentaire et ses significations.

Pour atteindre une meilleure compréhension de ce qui précède, il fallait


réaliser une analyse approfondie étudiant au début, le rapport entre le corps et le
vêtement en tant que deux éléments étroitement associés ainsi que la valeur du
vêtement lui-même étant une entité isolée. Puis, nous procédons à élucider le
langage du vêtement en tant qu’objet-signe, nous conduisant ainsi à détailler sa
signification dans la mode vestimentaire, tout en démontrant son impact sur le corps
qu’il porte. Dans cette étape, nous analyserons des corpus représentant les créations
et les innovations de certains créateurs de mode bien choisis.

I. La proximité entre le langage et le corps:

Même une attention infime accordée à notre corps dans les comportements
qu’il manifeste socialement et lors de ses rapports d'échange et de production révèle
que ce corps est «le lieu où s’entrecroisent de multiples signification.»105. Ceci ne
peut se produire que moyennant une multitude de langages composés de maints
éléments transmettant des signes et des codes bien déterminés émis par le corps.
Citons par exemple: les signes iconiques, les signes gestuels et comportementaux;

105
Christian Salomon, Les Métaphore du corps, Paris, éd. L’Harmattan©, 2014, p.15.
52
les signes vestimentaires, les signes vocaux, les signes rituels d'attitudes, les signes
de l'art, etc.

Ces divers langages intriguaient les penseurs depuis longtemps, en essayant


de déchiffrer ses signes qu’elles soient arbitraires ou artificielles comme nous avons
déjà mentionné dans le chapitre précédant: (voir les classifications des signes).

Par le bais de ces signes le corps « devient un espace communicant.»106 Mais


il faut noter que « chaque signe est propre à nous-même et nous correspond, il
découle de notre propre histoire, comportement, entendement.»107. Ces signes sont
issus d’une certaine interaction avec l’environnement qu’ils l’entourent. De ce fait,
l’analyse et l’interprétation de ces signes n’sont pas globales et ne peut être
généralisées d’une la même façon pour tout le monde. « Le même signe non-verbal
peut avoir des significations différentes pour différents contextes sociaux.»108,
comme le rappelle le sociologue Goffman. Par exemple, retirer les oreilles dans la
culture portugaise signifie que le goût des aliments est délicieux, mais en Italie ceci
incite une signification sexuelle. En tenant compte de tout ce qui précède, nous
essayerons de dégager les grandes lignes sur le langage corporel et sa particularité.

1. L’aperçu historique et les principales théories :

Avant d’entrer dans le vif sujet, nous allons exposer un bref aperçu historique
sur le rapport entre le corps et le langage.

Nous commençons en premier lieu par l'époque préhistorique spécifiquement


par les égyptiens antiques qui avaient leur propre langage corporel les distinguant
des autres peuples. Il nous semble pertinent d’examiner celui-ci à travers leurs
peintures sur poteries et leurs représentions murales existantes dans les temples.
Nous percevons des différentes scènes de cérémonies dans lesquelles ils
exprimaient leurs sentiments à travers des mouvements corporels non aléatoires
ressemblant à la danse.

106
Claude fintz, (dir.), les imaginaires du corps, Tome 1, Paris, éd. L’harmattan©, 2000, p. 12.
107
Alain-Jean Reynaud, les signes transmis par le corps ou l'esprit, le langage de l'univers, décembre
2013, Disponible sur: http://enseignant-medecine-de-l-ame.com/article-les-signes-le-langage-de-l-
univers-105612316.html Consulté le (28/07/2019).
108
Agnieszka Hennel-Brzozowska, La communication non-verbale et paraverbale perspective d’un
psychologue[en ligne], op.cit.,p 25.

53
(17)

Figure 14: Gravure égyptienne de la Danse, Égypte 1400 av JC.

Toutefois, malgré cette apparition précoce du langage corporel, le premier


ouvrage qui traite les mouvements et les gestes du corps est apparu au 17ème
siècle en 1644 écrit par John Bulwer et intitulé: la Chirologia ou le langage naturel de
la main. Cet ouvrage explore le sens et l’utilité de plus de cent gestes de la main, et
ce que ressentait l’émetteur.

Plus tard au 19ème siècle, le langage corporel a reçu plus d’intérêt avec
l’apparition de l’art du mime ou la pantomime dans les pièces de théâtres. Cet art se
base sur les gestes et les grimaces du corps pour exprimer le ressenti sans avoir
recours à la parole.

Néanmoins, un intérêt plutôt sérieux et pondéré au langage corporel de la part


des penseurs reste un peu décalé, dans la mesure où la communication corporelle
n’a pratiquement été étudiée à aucune échelle jusqu'à la seconde moitié du XXe
siècle, où la recherche sur le concept langage corporel a commencé de s’étendre.

En effet, « La communication corporelle est donc depuis les années 1960


appréhendée comme un processus décontextualisé et paradoxalement désincarné
d’encodage et de décodage d’unités que sont les gestes les postures les mimiques
faciales le les émotions, etc.»109. Du coup, plusieurs théories naissaient dans cette
époque discutant la synergie du corps et du langage dans plusieurs égards.

(17) Marjorie Delbauve, De l'origine de la danse, 2015, disponible sur: < http://association-rythme-et-
reverence-avec-marjorie.over-blog.com/De-l-origine-de-la-danse>, consulté le: (10/07/2019).
109
Fabienne Martin-Juchat, Le corps et les média, Bruxelles, éd. De Boeck©, 2008, p. 20.
54
Mais afin de délimiter notre recherche dans un cadre bien précis, nous
essayerons d’exposer brièvement les principales théories.

Commençons par l’anthropologue Gregory Bateson qui a souligné le fait que


les mots représentent des idées abstraites, tandis que le langage du corps exprime
des émotions affectant les relations entre humains. L’individu introverti, renfermé sur
lui-même et silencieux, impénétrable et inabordable s’exprime et communique par le
biais de sa posture et son abstention de communiquer. Ceci confirme que « Tout est
communication: il est impossible de ne pas communiquer». Les êtres humains
constituent l’exemple le plus évident. Pareillement, les animaux ont exhibé des
comportements de communication, même les plantes et les cellules.

La communication s’effectue aussi avec les machines et les objets dont


certains communiquent entre eux. N’importe quelle forme d’existence communique
avec tout et ceci se réalise par des signes. Dans ce cadre, l’ouvrage Communication
et société de cet anthropologue, élucide bien notre orientation et du coup notre
décision à élaborer ce présent chapitre.

Bateson a expliqué la possibilité d’un conflit entre expressions verbales et non


verbales et qu’il est possible de se contredire le locuteur lui-même grâce à la
différence entre sa parole et ses mouvements corporels et ceci d’après le
développement de sa théorie: la double contrainte. Selon cette théorie « deux
messages émis peuvent être opposés à partir d'un message verbale.»110. Autrement
dit, il peut arriver même fréquemment, que la communication non verbale contredit la
dimension verbale.

De plus, nous pouvons mentionner la « règle du 7 % - 38 % - 55 %»


ou « règle des 3V» inventée par le psychologue Albert Mehrabian15*. Cette règle
correspond aux trois lettres V situés dans Verbal, Vocal et Visuel.

110
Félix Lotito, Langage non verbal [en ligne], disponible sur:
http://fr.viadeo.com/fr/groups/detaildiscussion/?containerId=0021vhdrykdf28tw&forumId=002no1j
09hyy747&action=messageDetail&messageId=00226davex8dzcme, consulté le (18/07/2019)
15
* Professeur de psychologie, à l'Université de Californie à Los Angeles.Ses publications abordent et
étudient la dissimilitude entre messages verbaux et non-verbaux ainsi que sa quantification en
pourcentage qui lui a octroyé une célébrité mondiale.

55
(18)

Schéma 4: Albert Mehrabian, la règle des 7%, 38%, 55%, 1967.

Le diagramme ci- dessus résume la théorie d’Albert Mehrabian. Cette théorie


stipule que 93% de l’impact et des répercussions d’un message sur l’interlocuteur
s’attribue au non verbal et seulement 7% de cet impact est imputable au verbal. Alors
que l’effet de la voix par son intonation et son rythme compte 38% et celui du visuel
dont la posture, les vêtements, le gestuel et le regard compte 55%.

Nous pouvons alors déduire cette formulation: l’appréciation totale = 7 %


sens des mots + 38 % voix + 55 % visuel.

Dans le but de connaitre davantage le langage corporel,.nous


approfondissons notre recherche par la présentation d’une discipline pseudo-
scientifique qui à mieux déchiffrer le fonctionnement de l'esprit humain en examinant
le langage corporel.

La discipline en question est inventée par Philippe Turchet qu’il a nommée: la


synergologie. Ce chercheur a déployé une série des ouvrages analysant et
interprétant le langage corporel. En effet, « La synergologie vise à mieux comprendre
l’esprit humain à travers la gestuelle son objectif premier d’avoir une meilleure
communication.»111.Cette discipline sert non seulement à déchiffrer la personnalité
de l’interlocuteur mais aussi à découvrir et à améliorer nos propres comportements,
nos mouvement gestuels, nos expressions faciales, etc.

(18) Camille Andres, Prendre la parole en public, Disponible sur: https://www.bilan.ch/femmes-


leaders/prendre-la-parole-en-public, consulté le (12/07/2019).
111
Michèle Lemieux, Apprendre à décoder le langage du corps [en ligne], p.62. Disponible sur:
https://www.annabelleboyer.com/wpcontent/uploads/2017/07/Decoder_non_verbal_Annabelle_Boyer_
synergologue.pdf consulté le (13/07/2019).

56
Ainsi, on peut se rendre compte des difficultés d’affirmation propres à nous, de
nos incommodités et inconforts.

Cette analyse abordant le gestuel prend en compte trois considérations:


sociologique, physique et psychologique. Cette pseudo-science s’enracine dans un
domaine pluridisciplinaire et est affectée, dès lors par plusieurs disciplines tels que
les neurosciences et les sciences de la communication comme à titre d’exemple
l'anthropologie, la sociologie et l'ethnologie.

La synergologie est reconnue et employée par des communicateurs et des


influenceurs16* renommés. Cette science explique aux communicateurs la façon
d’activer des zones spécifiques du cerveau de son interlocuteur résultant ainsi à un
message plus efficace. Il ne faut pas confondre la synergologie avec la
morphopsychologie s’intéressant au corps dans ses formes, qui révèlent à une
certaine limite le caractère de l’individu.

2. La puissance du langage corporel:

« Le corps est le lieu de la production et de l'interprétation des phénomènes


langagiers.»112. Cette affirmation témoigne que la structure langagière est enracinée
dans le corps, dans la mesure où « nous n’atteignons jamais l’homme séparé du
langage.»113. Alors, le langage est un élément indispensable dans la composition du
corps. Il se tisse dans ce dernier par un ensemble de signes bien déterminés dans le
cadre que, ce que « nous interpelle, physiquement ou psychiquement est un
signe.»114. De telle sorte que, chaque mouvement, chaque expression faciale,
chaque grimace ainsi que d'autres signaux tels que les odeurs, la position de
sommeil, les styles vestimentaires, etc, constituent une sorte de paroles qui révèlent

16*
Parmi les communicateurs fameux qui utilisent cette science nous pouvons citer: Anthony Robbins,
Les Brown, Zig Ziglar etc.
112
Colette Cortès, Du corps dans le langage: sémiotisation, grammaticalisation, lexicalisation de la
relation au corps humain, Université Paris 7, Disponible sur: https://mellange.eila.univ-paris-
diderot.fr/_media/recherche/clillac/ciel/cahiers/98-99/1cortessemio.pdf, Consulté le (21/07/2019).
113
Maria de JesusCabral, Du corps en état de langage, Carnets [En ligne], Deuxième série - 6, 2016,
Disponible sur: http://journals.openedition.org /carnets/773, consulté le (22/07/2019).
114
Reynaud Alain Jean, les signes transmis par le corps ou l'esprit, le langage de l'univers, Disponible
sur:http://enseignant-medecine-de-l-ame.com/article-les-signes-le-langage-de-l-univers-
105612316.html Consulté le (28/07/2019).

57
un discours sans avoir recours à un mot, comme le proverbe l’indique « Ce que les
mots ne disent pas, le corps l’exprime.».115

La communication non-verbale englobe un ensemble large et diversifié des


processus à propriétés communicatives. Elle est issue au premier lieu d’un acte
d’imitation de l’environnement qui l’entoure. En deuxième temps, elle permet de se
développer au cours du temps. Prenons comme exemple « L’enfant apprend petit à
petit la gestuelle de son entourage, envers qui il a pleine confiance, de sorte que sa
gestuelle elle-même finisse par reproduire inconsciemment des marqueurs
sociaux.»116.

Ce langage, même si silencieux, il représente « le début d’un dire quelque chose


qui commence à esquisser une signification.».117. Il influence considérablement nos
relations avec les autres. « Par le biais de notre corps que nous communiquons avec
les choses et les personnes autour de nous»118. Si nos paroles possèdent un impact
évident, tout nos attitudes, regards et gestuel ont un effet encore plus incontestable
que les mots. Ces « mots ne sont que des symboles pour les relations des choses
entre elles et avec nous ils ne touchent jamais à la vérité absolue.»119. Et nous ne
pouvons atteindre cette vérité que moyennant le corps comme l’a mentionné
Nietzsche: «la vérité du langage est peut-être le corps.».120 Ceci va dans le même
sens avec ce que Pierre Bourdieu a souligné: «le corps fonctionne comme un
langage par lequel on est parlé plutôt qu’on ne le parle, un langage de la nature, où
se trahit le plus caché et le plus vrai à la fois.»121

115
Équipe Gereso, Votre corps, votre premier outil de communication, sur:
https://www.gereso.com/actualites/2006/01/01/votre-corps-votre-premier-outil-de-communication/,
Consulté le (29/07/2019).
116
Arthur Gautier, Fiche De Lecture: Les Techniques du Corps de Marcel Mauss [en ligne],le Major, 14
janvier 2018. Disponible sur: https://major-prepa.com/culture-generale/techniques-corps-marcel-
mauss/, consulté le (30/07/2019)
117
John O’Neil, Le Corps Communicatif, op.cit., p.29.
118
Ibid., p.15.
119
Eric Blondel, Nietzsche le corps et la culture, Paris, éd. L’harmattan©, 2006, p.219.
120
Ibid., p. 219.
121
Pierre Bourdieu, Remarques provisoires sur la perception sociale du corps [en ligne], Actes de la
recherche en sciences sociales©. Vol. 14, 1977, p.51. Disponible sur:
https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1977_num_14_1_2554, consulté le (30/07/2019).

58
De ce fait, le corps fait véhiculer un message plus prononcé, indéniable et
efficace qu’un simple mot que l'on déclare. Ceci est soutenu par la théorie de Mickael
Argyle en admettant que la communication corporelle est une douzaine de fois plus
influente que la simple communication verbale. Raison pour lequel, il est primordial
de maitriser le langage corporel, surtout lors d’un entretien d’embauche, une
négociation du vente, une prise de la parole en public ou même si pour démasquer
un menteur, etc.

Aussi, la communication par le corps « agit comme vecteur inconscient de nos


émotions.»122. Elle est composée d’une multitude d’éléments qu’elles soient
conscientes ou pas. « Ces éléments traduisent nos profonds ressentis face à une
situation»123. On peut la simuler à un miroir qui reflète les pensées et les ressentis
des autres personnes en réaction à nos propos et à nos actions. A titre d’exemple:
replacer une mèche de cheveux, croiser les jambes, relever un sourcil même si la
posture, les couleurs que l’on porte, les tatouages qui nous dessine, les expressions
artistiques, etc.

Ces éléments, peuvent âtre perçu comme insignifiants ou anodins, mais au


contraire« elle révèle de moi-même, de mon état émotionnel ou de
ma personnalité.»124, en révélant en plus de transparence nos vraies intentions, le
plus enfouie de nos émotions et même notre identité.

Cette idée est quasi conforme avec la description de langage corporel par
Pierre Bourdieu: « un langage d’identité social.»125. Effectivement, la communication
en moyennant le corps constitue en fait une sorte de marqueur social. C’est
puisqu’elle permet à l’autre de nous donner un statut correspondant et une valeur
sociale adéquate. C’est l’instrument qui nous présente à autrui. Dès lors, elle occupe
la fonction de porteur de signes ayant ainsi un important rôle et jouant de ce fait sur
les identités.

122
Raphaële Granger, Apprenez à décoder le langage du corps[en ligne], Disponible sur:
https://www.manager-go.com/efficacite-professionnelle/communication-non-verbale.htm, consulté le
(02/08/2019).
123
Ibid., p.2.
124
Passeport santé, Comment décrypter le langage corporel? [en ligne],disponible sur:
https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=comment-
decrypter-langage-corporel, consulté le (03/08/2019).
125
Pierre Bourdieu, Remarques provisoires sur la perception sociale du corps [en ligne], op.cit., p 51.
59
II. La corrélation entre vêtement et corps
1. Le vêtement, une extension du corps

Le corps, cette entité singulière, est capable de se transformer et changer


d’une façon étonnante lorsqu’elle est en relation avec un objet qui lui incarne tel le
vêtement. Alors la question qui nous vient à l’esprit est la suivante: comment faire
manifester cette relation et dans qu’elle mesure le vêtement influence l’image du
corps?

Entamant par le philosophe William James qui a déclaré que « Le moi se


compose d'une âme, d'un corps et d'un vêtement.»126. Cette affirmation met en
évidence l’importance du vêtement. Selon ce philosophe, l’être humain est composé
de ces trois éléments: l’âme, le corps et le vêtement. Cette pensée énonce un double
constat: le premier: le vêtement est considéré d’une valeur identique que le corps et
l’âme. Le deuxième est de considérer le vêtement comme étant un élément
indispensable à la présence du corps et de l’âme. Cet élément représente « comme
seconde peau.»127, que nous ne pouvons pas abandonner ou dispenser duquel si on
cherche à affirmer notre existence.

Par surcroît, cette perspective n’est pas loin de ce que Merleau-Ponty a


indiqué en considérant le vêtement «comme un prolongement du corps.»128, en
insistant que les vêtements « sont incrustés dans votre chair, ils font partie de sa
définition pleine, et le monde est fait de l’étoffe même du corps.»129. Dès lors, on peut
constater que l’habillement incarné est en fait l’expression nos manières d’être,
déclarant ainsi notre existence par plusieurs modulations.

126
Lextenso, La tenue vestimentaire, l'identité et le lien social dans le cadre des rapports
professionnels [en ligne], disponible sur: https://www.lextenso.fr/petites-affiches/PA200225402,
consulté le (05/08/2019).
127
Rachel Viné-Krupa, le vêtement comme seconde peau, Jefklak [en ligne], 20 novembre 2017,
Disponible sur: https://www.jefklak.org/le-vetement-comme-seconde-peau/, Consulté le (04/08/2019).
128
Renata Pitombo Cidreira et Chantal Durpoix, « Le corps et l’habillement : l’expression de
l’apparition », Cairn.info [en ligne], N°137, 2017, p19. Disponible sur: https://www.cairn.info/revue-
societes-2017-3-page-11.htm, Consulté le (04/08/2019).
129
Ibid., p.13.

60
Alors, le vêtement «est langage dans le rapport au monde, compagnon dans
le lien intime à soi, symbole dans notre histoire de vie, objet de soin dans le rapport à
notre corps physique et psychique»130.

Ce qui frappe au premier lieu est que le vêtement est un élément incorporé dans
le corps. Il relève notre histoire et « transporte les témoignages de notre vie, de notre
passé.»131, tout en influençant nous-même et nos interactions à la vie sociale. En
second lieu, cette affirmation discréditant la nudité17* ou le déshabillage du corps,
dans le sens où la mise à l’état nu ne pouvant pas exprimer la socialisation du corps
humain et son développement au fil du temps: « Les gens nus n’ont pas ou peu
d’influence sur la société.»132. Et « l’humanité n’est pas humaine quand elle est
nue»133. Ceci confirme que« Le corps civilisé est un corps couvert.»134.

De ce fait, nous pouvons considérer le vêtement comme étant l’un des plus
importants objets dénotant le développement humain et sa civilisation. « Le vêtement

130
Pauline Bourguignon, Création de vêtements: Habiller et habiter son corps,[en ligne],disponible sur:
https://paulinebourguignon.com/creation-de-vetements-habiller-et-habiter-son-corps/, consulté le
(04/08/2019).
131
Marie-Suzel Inzé, « Le vêtement et ses fonctions cachées », Geroscopie© [en ligne], Mars 2011, n°
6. Disponible sur: https://www.geroscopie.fr/print.asp?679D4D7EBB7C, consulté le (04/08/2019).
17*
Il ne faut pas confondre la nudité avec le nudisme, la nudité est lorsque le corps humain ou une de
ses parties est dépourvu de vêtement. Cet état ne vise pas transmettre un message tel que la nudité
pratiquée quotidiennement par les tribus africaines ou Amazoniennes. D’autre part, on désigne par le
nudisme l’anticonformisme représentant une certaine construction intellectuelle. Ce n’est pas tout
simplement être nu, par exemple lors d’une activité intime dans un contexte privé, dans le cadre
médical ou dans le nu artistique. Actuellement, le nudisme se limite dans des contextes précis où
avoir recours à cette pratique vise à exprimer des opinions ou protester si on parle par exemple de
l’activisme politique. Un exemple de nudisme est celui de la Manifestation internationale cyclo-nudiste,
comme son nom l’indique, représente des groupes de participants des quatre coins du monde défilant
nus à vélo afin de se révolter contre la dépendance au pétrole. Dans ce type de manifestations ou de
festivals, surtout, les festivals écologiques, le nudisme est très fréquemment pratiqué.
132
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], thèse en linguistique, Université de Cergy- Pontoise UFR
des lettres et sciences humaines département des lettres modernes, 2009, p.88. Disponible sur:
https://docplayer.fr/10229973-Analyse-semio-linguistique-de-quelques-vetements-de-mode-esquisse-
dictionnairique-et-lexiculturelle-these-elguebli-najat.html, consulté le (04/08/2019).
133
Ibid.,p. 88.
134
Yves Stalloni, Le corps dénudé [en ligne], espace prépas, 30/11/2017, disponible sur:
https://grandes-ecoles.studyrama.com/espace-prepas/concours/ecrits/culture-generale/le-corps-
denude-6247.html, consulté le (04/08/2019).

61
est l'instrument de la dignité de l'homme et le symbole de sa fonction humaine.»135,
conformément aux dires de l’archéologue André Leroi-Gourhan. Avoir un corps
dévêtu est méprisé surtout que la nudité « chez les modernes, est signe d’indécence
car elle suppose que l’homme s’est dépouillé d’un attribut que la pudeur et la
civilisation imposent de conserver sur soi, le vêtement.»136, comme le dénonce
l’écrivain Yves Stalloni.

De plus, le sociologue Erwin Goffman admet pour sa part l’importance du


vêtement et ses impacts sur l’image du corps. Celle-ci est considérée comme « l’une
des expériences fondamentales dans la vie de chacun.»137. Elle « parle de nous
avant même qu’on ait prononcé un mot car elle transmet toujours des informations à
ceux que nous croisons»138. Donc, l'image corporelle est dotée d’une omniprésence
canalisée par le biais du langage visuel. Ceci exhibe une affluence de données
retraçant notre perception de nous-mêmes, de nos relations avec autrui et notre
évolution. Pour ces raisons, avoir une bonne image conforme avec notre discours est
primordial. Surtout avec l’émergence de l’ère de l’image ses dernières décennies
durant laquelle, plus d’importance est attribuée aux visuels: « L’apparence n’a jamais
suscité autant de préoccupations et d’intérêt qu’à notre époque car nous
communiquons davantage avec l’image qu’avec les mots.»139.

À ce propos, nous nous appuyons sur les analyses de Goffman, notamment sa


théorie face-à-face qui étudie le rapport entre la présentation de soi et l’habit que
nous portons. En focalisant surtout sur l’interaction des signes émis par le vêtement
et ses influences sur autrui, Goffman met d’accent sur l’existence d’une
communication visuelle non verbale qui « influence systématiquement l’opinion de
notre interlocuteur et c’est elle qu’il retient en priorité.»140.

135
Etudier, Anthropologie du vêtement [en ligne], 23 janvier 2011, disponible
sur:https://www.etudier.com/dissertations/Anthropologie-Du-Vetement/142802.html, consulté le
(04/08/2019).
136
Yves Stalloni, Le corps dénudé [en ligne], op.cit,.p.1.
137
Paul Schilder, L’image du corps, socio- anthropologie [en ligne], 2017, n°37, disponible sur:
https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/2606, consulté le (05/08/2019).
138
Pascale Loko, l’importance de votre image [en ligne], disponible sur:
https://www.votreimageenlumiere.fr/conseil-en-image/limportance-de-votre-image/ consulté le
(07/08/2019).
139
Pascale Loko, l’importance de votre image [en ligne], op.cit., p2.
140
Ibid., p2.
62
Ce sociologue évoque alors le facteur social joué par le corps vêtu. Il explique
comment l’employer selon la situation et le contexte qu’il est dedans. Du moment où
nous portons n’importe quel vêtement, ceci s’associe et s’intègre instantanément
dans l’image du corps et comme le proverbe annonce: « dans mon pays mon nom,
dans un pays étranger mon habit.»141. Ce qui vient dire que, au cours de la
communication, les premières impressions se focalisent essentiellement sur le
vêtement. C’est ce que les gens vont juger au départ. De ce fait, notre habit devient
notre premier moyen de communication. Un porteur d’un ensemble des signes
capables de soutenir, altérer ou infirmer nos propos, notamment il devient « partie de
l’image du corps.»142.

En outre, le vêtement influence, énormément notre posture et notre allure


corporelle: « en changeant de vêtements, nous changeons d’attitude.»143. Quand
nous portons un pyjama diffère de porter une robe soirée cintrée sur le corps, nos
attitudes se modifient résultat du changement de l’image corporelle, puisqu’elle se
trouve alors en relation directe et étroite avec le vêtement.

Toutefois, non seulement nos attitudes changent, mais aussi la morphologie du


corps peut être changé moyennant le vêtement. Par exemple, le manteau avec des
épaules larges, amplifie le corps et élargie sa surface. L’effet contraire existe comme
dans le cas des corsets et des gains minceurs, etc. Alors, l’habillement est un moyen
pour façonner le corps par lequel, nous pouvant contrôler les différentes parties du
notre corps, dans le sens de soit les mettre en valeur, les camoufler ou les corriger.

2. Le vêtement comme un corps absent :

Certains considèrent que la présence du vêtement sans corps est totalement


inutile et qu’il n’a pas du sens sous prétexte que « le corps du sujet qui le maintien
c’est lui qui révèle sa forme et son sens.»144. Cette pensée a soulevé nos doutes et
nous a ramené à se poser des questions légitimes: est-ce vrai le fait que le vêtement

141
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p. 81.
142
Paul Schilder, L’image du corps, socio- anthropologie [en ligne], op.cit.p.20.
143
Ibid., p22.
144
Anthony Mathé, Le vêtement au prisme du corps, vers une sémiotique du corps habillé:
l’exemple de Paco Rabanne, Actes sémiotiques[en ligne], 28 janvier 2014, Numéro 117, disponible
sur: https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/4965, consulté le (08/08/2019).

63
sans corps n'a aucune signification? Représente-il le souvenir d'un moment de vie ou
incarne-t-il l'esprit de son porteur?

Pour répondre à ces questions, nous faisons recours aux travaux créatifs et aux
expériences novatrices de deux artistes qui ont complètement changé cette vision
péjorative du vêtement, tout en valorisant et prouvant l’importance qu’il apporte.

Tout d’abord, nous entamons notre analyse par les travaux de l’artiste
plasticienne Isabelle Tournoud. Elle réalise des sculptures sous forme des vêtements
d’un aspect tridimensionnel, conçu essentiellement à la base des matériaux
végétaux. L’artiste met en cause par le biais de ses sculptures le rapport entre
l’humain et la nature. Ceci s’effectue par la mise en avant de la précarité et la
vulnérabilité de l’homme ainsi que la fragilité de la vie incarnée lors de l’union de
l’homme et du végétal.
A ce propos, la plasticienne déclare « Il s’agit aussi pour moi, d’évoquer la
fragilité de l’existence. C’est pourquoi j’utilise pour réaliser mes sculptures souvent
des végétaux. Que je les choisisse doux, sensuels ou légers, une fois transformés en
mues ils disent la précarité d’être au monde.»145. Pour atteindre ses objectives,
Isabelle a pris le vêtement comme un objet de prédilection. De son côté, le vêtement
est l’objet le plus proche à l’Homme et son adaptation dans ses œuvres va livrer ses
messages d’une manière plus franche et directe « l’habit comme seconde peau,
comme interface entre l’être humain et le monde extérieur: des habits sans humain
mais des habits très humains, habités par l’humain.»146.
En effet, la présence du vêtement évoque et incarne le corps malgré son
absence, « Ces vêtements semblent garder l’empreinte d’un corps qui les aurait
habité. Ils sont comme des secondes peaux. On peut aussi les voir comme des
mues. L’absence naît du vide autour duquel ils prennent forme. De ce vide surgissent
des images. Des images heureuses, douloureuses. Des rêves d’enfance...»147,
conformément aux dires de l’artiste.

145
Nathalie Béreau, Isabelle Tournoud [en ligne], disponible sur:
https://www.nathaliebereau.com/spip.php?article104, consulté le (08/08/2019).
146
Jérôme Cottin, La figure du saint habillé par l'art contemporain: une approche théologico-esthétique,
Cairn.Info [en ligne], 2008, N° 108, p12. Disponible sur: https://www.cairn.info/revue-transversalites-
2008-4-page-159.htm, consulté le (12/08/2019).
147
Nathalie Béreau, Isabelle Tournoud[en ligne],op.cit., p.1.

64
Dans ce contexte, nous optons à utiliser son œuvre singulière, intitulée: Le
coin des mauvaises graines, exposée lors de sa participation au 5ème Biennale d’art
contemporain, en 2008 à Jouy-en-Josas, Paris. Ce travail se compose de cinq
sculptures des enfants jouant au milieu de coquelicots, ou plutôt cinq enveloppes
ou emballages inoccupés, vides, dépeuplés de gamins du fait qu’il se voit que leurs
vêtements constitués de graines de pavot. Cette omission du corps, provoque
l’intérêt et déclenche l’interprétation de chacun.
Par le moyen de ses vêtements, l’artiste évoque la problématique de la
mémoire, « la Mémoire des corps qui ont été et ne sont plus.»148. Elle cherche à
« donner à voir une trace sensible du passage de la vie.»149, selon ses dires. Quand
le corps cesse d’exister, seul l’habit qui reste. Dans ce cas, le vêtement est perçu à
la fois comme enveloppe du corps, expression du soi et entité propre. Il
renonce« son statut fonctionnel et se transforme en sculpture importable.»150,
notamment une œuvre d’art.

(19)

Figure 15: Isabelle Tournoud, Le coin des mauvaises graines, œuvre


sculpturale, 2008, 5ème Biennale d’art contemporain à Jouy-en-Josas, Paris.

(19) Protestantisme et images, Isabelle Tournoud, artiste de l’Arte Povera, disponible sur: <
https://www.protestantismeetimages.com/Isabelle-Tournoud-artiste-de-l.html >, consulté le:
(12/08/2019).
148
Biscarrosse, Les présences absentes d’Isabelle Tournoud,.le portrait inconscient, portraits de gens
et paysages du monde [en ligne], avril 2015, Disponible sur:
https://leportraitinconscient.com/2015/04/14/les-presences-absentes-disabelle-tournoud/ consulté le
(12/08/2019).
149
Nathalie Béreau, Isabelle Tournoud[en ligne], op.cit., p.1.
150
Fathi Bouzida, La mode à l’épreuve de l’art, op.cit. p. 115.

65
Cette pensée n’est pas loin de ce que l’artiste asiatique Phet Cheng Suora
introduit dans son œuvre, nommée Vestiaire poétique, exposée en 2011 au Musée
Industrie Archéologie Textile en Belgique, et composée d’un ensemble de douze
vêtements-kimonos suspendus en papier.

Ce travail traite au premier lieu le thème du temps. Moyennant le vêtement, cette


plasticienne a réussi à mettre en évidence un univers propre à elle, un univers plein
de la spiritualité et de signification. A ce propos elle déclare: « Pour moi, le vêtement
est l'incarnation concrète et esthétique de l'être, une deuxième peau intime qui ne
sert pas seulement à se protéger mais aussi à exister, une mémoire spirituelle et
symbolique.»151.

En choisissant des codes vestimentaires bien étudiés, l’artiste a créé un dialogue


entre le présent et le passé, elle « invoque l'âme et l'esprit de ses ancêtres dont
seuls subsistent des vestiges de vêtements, de kimonos.»152. Ces sculptures
synthétisées de peau végétale, plissées et tannées, restituent une histoire. Ces
manteaux-kimonos suspendus et qui donnent l’impression qu’ils flottaient dans l’air
depuis une éternité dont l’endommagement de l’étoffe incite la détérioration d’un être
disparu. Ces enveloppes fragiles et en lévitation, évoquent une certaine présence
forte et indestructible.

Ce vêtement suspendu provoque « un étrange sentiment de présence.»153, qui


nous invite à la spiritualité, tout en permettant de naviguer dans son monde
intangible « celui de la mémoire, de l'esprit, de l'âme.»154. Au sol, se dessine un
chemin de pierres blanches qu’il fallait suivre dans le but de fournir un certain appui
de direction horizontal contre l’agitation en élévation des habits. De cette manière, le
visiteur entre doucement dans la demeure et ses espaces plus intimes.

151
Valérie, Parcours d'art contemporain de La Clayette [en ligne], Mars 2013, Disponible sur:
http://artsenfete.over-blog.com/article-phet-cheng-suor-116371515.html, consulté le (12/08/2019).
152
Officiel Galeries et Musées, Incarnation: Isabelle Tournoud et Phet Cheng Suor, [en ligne],
disponible sur:http://www.officiel-galeries-musees.com/musee/musee-du-textile/exposition/incarnation-
isabelle-tournoud-et-phet-cheng-suor, consulté le (13/08/2019).
153
Communauté d’agglomération du choletais, Incarnation [en ligne], p.7. Disponible sur:
http://www.fems.asso.fr/wp-content/uploads/2012/07/Dossier-de-presse-Incarnation-basse-
d%C3%A9f.pdf, consulté le (13/08/2019).
154
Ibid,.p.7.

66
(20)

Figure 16: Phet Cheng Suor, Vestiaire poétique [en ligne], 2011, Musée
Industrie Archéologie Textile, Belgique.

D’après tous ce qui précède, nous pouvons déduire que grâce à l’intégration du
vêtement dans l’art, l’habita assisté à un véritable saut qualitatif, une mutation du
sens et de fonction, d’un simple objet quotidien à une œuvre d’art authentique qui
possède une signification propre à elle, oscillante entre les deux univers telle le
spirituelle et le symbolique.

3. Le vêtement un objet-signe:

Le langage avant tout, comme nous avons montré précédemment, est


composé d’un ensemble des signes organisés pour livrer un certain message,
assurant l’acte de la communication qu’elle soit verbale ou non verbale.

Le signe vestimentaire, quant à lui, est classé avec la deuxième catégorie de


la communication: la communication non verbale, qui se base essentiellement sur le
principe d’interaction entre l’émetteur et le destinataire. Cependant, quand on parle
de la communication vestimentaire une nouvelle dénomination émerge; on parle plus
d’un émetteur et d’un destinataire mais d’« un vêtu et un percepteur.»155.

(20) Main Tenant, Vestiaire poétique, Exposition de Phet Cheng Suor à Gand [en ligne], disponible
sur: http://ecrireiciaussi.canalblog.com/archives/2011/09/30/22120437.html,consulté le (14/08/2019).
155
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne],op.cit., p.5.

67
Néanmoins, il était opportun de dégager la définition du vêtement afin de
mieux comprendre de quelle façon nous construisons le sens d’ensemble. Pour
commencer, nous faisons recours à la définition du dictionnaire le Petit Robert qui
définit le vêtement comme suit: « ensembles des objets fabriqués pour couvrir le
corps humain, le cacher, le protéger, le parer.»156. Ce qui frappe au premier lieu que
cette définition a décrit le vêtement comme un ensemble des objets fabriqués à des
fins objectifs.

Au-delà, le vêtement est donc une « chose concrète qui a une forme, un
aspect, un usage.»157, correspondant à la définition d’objet. Cette chose concrète,
notamment l’objet « a une fonction utilitaire première, mais il a aussi une fonction
symbolique.»158, affirmant le sociologue Jean Baudrillard. Par le biais de cette
démonstration, nous pouvons alors déduire que le vêtement est un objet à la fois
utile et significatif.

Toutefois, d’un point de vue sémiologique tout objet est un signe, comme le
sémiologue Umberto Eco a déclaré: « la sémiologie voit des signes là ou tout le
monde ne voit que des objets.»159. En insistant, dans un autre lieu, que la fonction
d’usage elle-même est signe, «tout usage est converti en signe de cet usage.»160.

De ce fait, le vêtement alors est purement un objet-signe et ses fonctions tels


la protection, la pudeur et la parure se considèrent aussi des signes formant une
certaine communication. Le vêtement constitue par excellence, un élément de
langage. Sa signification diffère remarquablement d’une culture à une autre, selon
les contextes et les modes.

Autrement dit, l'importance du vêtement ne se restreint seulement qu’à


assurer la continuité de la vie de l'individu par sa protection. Mais aussi, il apporte
des divers langages sur le corps qui émergent et évoluent au fil du temps; depuis
l’apparition des premiers établissements humains à l’achèvement des premières

156
Josette Rey-Debove, Alain Rey, Dictionnaire le petit rober, Paris, éd. Le Rober©, 2008.
157
Claude Kannas.dir, Dictionnaire super Major, op.cit., p.726.
158
Les échos, Qu'est-ce qu'un vêtement? [En ligne], Disponible sur:
https://www.lesechos.fr/2004/09/quest-ce-quun-vetement-1063092,consulté le (15/08/2019).
159
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p. 7.
160
Lucie Guillemette, Josiane Cossette, le processus sémiotique et la classification des signes [en
ligne], op.cit., p.2.

68
civilisations jusqu’à nos jours. En effet, L’Homme s’habille essentiellement par
pudeur pour se protéger ou pour parer ou les trois à la fois, comme Roland Barthes a
démontré.
Ce sémiologue a suggéré « de comprendre le vêtement dans son contenu
idéologique comme un langage.»161. Il a cerné les langages du vêtement en trois
langages fondamentaux: la protection, la pudeur et l’ornementation. Et ce, tout en
s’interrogeant « pourquoi l’homme s’habille-t-il? On a soupesé l’importance
respective des trois facteurs suivants: protection, pudeur et ornementation.»162.

Commençons par le premier langage qui est consacré à la protection. Celui-ci


est purement lié au corps. C’est un besoin vital pour assurer la continuité de
l’Homme. Le vêtement était et reste toujours une nécessité pour les êtres humains
au même titre que les autres nécessités de la vie, tels que la nourriture, le logement
et autres.
Initialement, le besoin de vêtement était associé à l’exigence de se protéger
des conditions météorologiques tels que le froid et la chaleur et des différents
dangers de l’environnement qui l’entoure: le contact avec les plantes toxiques, des
piqûres d’insectes et des épines, etc.
Depuis l’antiquité, l'Homme primitif avait mis au point des techniques de
protection de son corps, telles que l'utilisation de fourrure et de peau d’animale qu’il
avait chassé et les façonnés sous forme de vêtements ajustés à sa taille. De ce fait il
remplit « une fonction d'enrobement, de protection, comme celle de la peau.»163.

En outre, le deuxième langage est celui de la pudeur. Le vêtement envoie


« une marque de pudeur.»164, qui est absolument liée à la dimension sociale,
également dès la rencontre avec l’autrui. Dans un premier temps, le sentiment de la
pudeur s’est apparu par le fait, avec la mutation du cerveau humain d’un état
sauvage à un état conscient civilisé «à travers l’évolution primitive du cerveau
humain, probablement vers sa sédentarisation, l'idée de la pudeur se développa

161
Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Pratiques politiques et culturelles du vêtement, cairn.info [en
ligne], 2007, Numéro 641, p.1, Disponible sur:https://www.cairn.info/revue-historique-2007-1-page-
3.htm, consulté le (15/08/2019).
162
Roland Barthes, Histoire et sociologie du Vêtement Quelques observations méthodologiques [en
ligne], Persée ©,1957, p. 430, disponible sur: https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-
2649_1957_num_12_3_2656 consulté le (16/08/2019).
163
Marie-Suzel Inzé, Le vêtement et ses fonctions cachées [en ligne], op.cit., p 1.
164
Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Pratiques politiques et culturelles du vêtement [en
ligne],op.cit,.p.1.
69
dans son esprit, et ces peaux servirent-elles aussi de cache-sexe.»165. Nous pouvons
expliquer la raison derrière l’émergence du sens de la pudeur dans l’esprit humain
par le facteur sexuel qui « est le plus simple et le plus primitif élément de la
pudeur»166. D’après José Perez, étant un philosophe qui s’est intéressé par
l'évolution de l’émotion en question, que « la pudeur peut apparaître à un âge
précoce, si le désir sexuel apparaît de bonne heure.»167.
En effet, l’exposition des organes sexuels induit habituellement l’attirance
et le désir qui représentent l’impulsion sexuelle. De ce fait, couvrir ces parties
du corps permet de présenter l’autre en premier lieu comme un être social
avant de le considérer comme partenaire sexuel potentiel : « La pudeur a enclin
les hommes et encore plus les femmes à cacher leurs organes de reproduction pour
ne pas exciter des convoitises.»168. C’est une sorte de gestion des réactions
humaines et ne pas tourner vers ses instincts.
D’autres penseurs affirment que la première cause d’emploi du vêtement est
relative au premier lieu à l’apparition du sentiment de la pudeur « L'origine des
vêtements a probablement eu sa première base psychique d'une idée de pudeur
déjà formée des éléments composés que nous avons retracés.»169.
Finalement, on peut aborder la fonctionnalité d’ornementation ou de la parure
comme langage. Quant à celui-ci, nous nous appuierons encore une fois sur Barthes.
Ce dernier a souligné que le vêtement dans le sens large se compose en deux
catégories, l’habillement et le costume « la signification du vêtement croit au fur à
mesure que l’on passe de l’habillement au costume.»170. En expliquant davantage
cette différence entre eux, de son coté, Barthes considère que l’habillement « est
faiblement significatif, il exprime plus qu’il ne notifie.»171. Le costume est au contraire
« une relation intellectuelle notificative entre le porteur et son groupe.»172.

165
Anca Margineanu, La Préhistoire [en ligne] Disponible
sur:http://racontemoiunvetement.blogspot.com/p/la-prehistoire.html, consulté le (17/08/2019).
166
Havelock Ellis H., L'évolution de la pudeur[en ligne], p.1. Disponible sur:
https://carnets2psycho.net/theorie/classique211.html, consulté le (18/08/2019).
167
Ibid., p.1.
168
Marc-Alain Descamps, La psychologie des vêtements[en ligne], Disponible
sur:http://www.europsy.org/marc-alain/psyvet1.html, consulté le (18/08/2019).
169
Havelock Ellis, L'évolution de la pudeur[en ligne], op.cit., p.4.
170
Roland Barthes, Histoire et sociologie du Vêtement Quelques observations méthodologiques [en
ligne], op.cit., p. 437.
171
Ibid. p. 437.
172
Ibid., p. 437.
70
Ce qui vient de dire que, le costume est un indicateur social beaucoup plus
signifiant que l’habillement. Ce dernier procure « un système de signes codant pour
une identification.»173. Autrement dit « une structure dont les éléments n’ont jamais
une valeur propre, mais sont signifiants dans la mesure seulement où ils sont liés par
un ensemble de normes collectives.»174.

Mais avant tout, il serait judicieux d’avoir recours à la définition de la parure


avant de décortiquer les significations du costume. En effet, la parure est définie en
tant que « signifiant participe de l’identification de l’individu, au titre qu’il vient
composer son apparence et possiblement d’ailleurs, modifier l’interprétation des
premiers marqueurs du corps.»175.

Dans cette précision, il nous est clair que la parure constitue le terrain le plus
spontané et naturel pour exprimer et représenter les attributs externes du corps, en
tant qu’un assemblage de signes qui sont des facteurs de différenciation et
distinction sociale et non pas uniquement visuelle.

En poursuivant la lecture de Barthes on aperçoit qu’il détermine une sorte de


mutation de l’habillement au costume. Comme il l’a désignée « le passage
d’habillement au costume.»176, et dans un autre lieu « le passage de la protection à
la parure.»177. Au-delà, nous distinguons que le terme habillement est inscrit dans la
protection et celui de costume dans la parure; « le fait de parure devient fait de
costume.»178, selon ce sémiologue.

Alors, le vêtement est un objet-signe, qui était au départ un habillement


transmettant des significations de la production et de la pudeur, du moment où, il
sera réglementé par la société, comment on le porte, quand, où et avec qui. Une
mise en place des codes vestimentaires a apparu et une nouvelle dénomination du
vêtement a émergé: c’est le costume.

173
Université Lumière Lyon 2, La parure signifiante: un système de signes pour informer et
communiquer [en ligne], disponible sur: http://theses.univ-
lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2010.marillonnet_j&part=366504, consulté le (18/08/2019).
174
Ibid., p.1.
175
Ibid., p.2.
176
Roland Barthes, Histoire et sociologie du Vêtement Quelques observations méthodologiques [en
ligne], op.cit., p. 437.
177
Ibid., p 434.
178
Ibid., p. 434.

71
En outre, Barthes décode les significations du costume et ses composantes
sociales. De son côté, le costume nous révélant « des classes d’âge, le genre, des
groupes sociaux»179. Il nous indique ainsi, la localisation et la manière particulière de
se vêtir d’un pays, d’une époque, d’une condition, etc.

Le costume est «riche de messages: coupe, matériau, couleur, rien n’est


neutre.»180. Certains vêtements, d’une manière générale, marquent l’état social de la
personne si elle est mariée, célibataire ou même si elle est en deuil. De la même
façon, il nous révèle la profession; un uniforme du policer ou une blouse du médecin.
Par surcroît, le vêtement peut aussi être un marqueur religieux, citons comme
exemple le voile sur la tête ou le niqab, destinés généralement pour les femmes,
ainsi le « kesa» des moines bouddhistes ou les vêtements liturgiques utilisés par les
Chrétiens, etc. Ceux-ci sont tous des vêtements porteurs des notions d’identification
religieuses qui nous permettent de reconnaitre l'appartenance religieuse de la
personne moyennant ses vêtements.

De ce fait, le vêtement devient une véritable carte d’identité qui sert à afficher
« un symbole, une apparence, qui importe tant pour lui que pour son interlocuteur ou
simplement pour ceux qui sont amenés à le voir.»181. Il facilite l’identification des
inconnus, « nous lisons les signaux délivrés par leurs vêtements et en tirons des
inférences sur le genre de personnes dont il s’agit»182. Néanmoins, ces premières
impressions peuvent être vraies, mais peuvent être aussi parfaitement fausses,
comme le proverbe populaire l’énoncé « l’habit ne fait pas le moine».
Dès lors ces questions obligatoirement se posent: quelle signification le vêtement
apporte-t-il si on l’entrecroise avec la mode vestimentaire? Comment les créateurs
de la mode ont employé ces signes vestimentaires pour influencer le corps de celui
qu’il porte?

179
Florence Gherchanoc et Valérie Huet, Pratiques politiques et culturelles du vêtement [en ligne],
cairn.info, 2007, N° 641, p.16. Disponible sur: https://www.cairn.info/revue-historique-2007-1-page-
3.htm, consulté le (18/08/2019).
180
Stéphanie Leclerc-Murray, Le vêtement et ses dérivés comme pratique interdisciplinaire, un corps
graphique et organique dans un parcours limité [en ligne], Mémoire en Art, Université du Québec à
chicoutimi, 2016, p. 8. Disponible sur:
https://constellation.uqac.ca/3889/1/LeclercMurray_uqac_0862N_10193.pdf,consulté le (18/08/2019).
181
Pierre-Yves Ardoy, «Le vêtement-symbole: aspects juridiques »
Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole [en ligne], Disponible sur:
https://constellation.uqac.ca/3889/1/LeclercMurray_uqac_0862N_10193.pdf,consulté le (19/08/2019).
182
Sue JenkynJones, Le stylisme guide des métiers, Paris, éd. Pyramyd©, 2005,p.34.
72
III. Le corps vêtu auprès des créateurs de la mode:
1. Le corps, le vêtement, la mode et ses significations:

La mode vestimentaire est « un système de signes d’objet-signes.»183, comme


l’affirme le sémiologue Roland Barthes. En effet, le vêtement est un objet-signe,
d’après l’analyse effectuée précédemment, et le langage est un système de signes.
D’après cette démonstration, nous pouvons déduire que la mode vestimentaire n’est
autre chose que le langage vestimentaire. Du coup, le vêtement « ne va pas sans
mode et vice versa, la mode rime avec le vêtement.»184. Mais avant d’entrer dans le
vif sujet, il convient de déterminer la définition de la mode afin de mieux élucider la
démarche de notre analyse.

Le terme mode possède un sens plus large du moment qu’il est répandu dans
le monde et diffusé dans maints aspects des sociétés contemporaines qui ne sont
pas uniquement restreints dans la mode vestimentaire.

Etymologiquement, la mode vient du mot latin « Modus.»185, qui signifie « la


manière passagère, […] propre à une époque et à un milieu»186. Si on l’entrecroise
avec le domaine vestimentaire, la mode désigne alors « la manière passagère de
vivre dans une société et de sentir propre unicité comme individu vêtu.»187. Cette
affirmation nous montre que la mode vestimentaire n’est pas une activité récente,
mais au contraire, elle était née depuis l’apparition des premières communautés
sociales.

Dans ce contexte, l’historienne Dominique Veillon a déclaré, dans son


ouvrage Quelques éclairages sur l'histoire de la mode contemporaine, que: « La
mode est bien autre chose qu’une simple affaire de vêtements. Elle fait partie
intégrante de notre patrimoine culturel et esthétique.»188.

183
Roland Barthes, l’aventure sémiologique, Paris, édition du seuil, 1985, p.252.
184
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p. 3.
185
Ibid., p.12.
186
Claude Kannas, (dir.), Dictionnaire super Major, op.cit., p. 683.
187
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p.12.
188
Dominique Veillon, Quelques éclairages sur l'histoire de la mode contemporaine, Cairn.Info [en
ligne], 2007, Numéro 221, p.1, Disponible sur: https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2007-
4-page-3.htm, consulté le (19/08/2019).

73
Ceci indique que la mode vestimentaire reflète et exprime les pensées et les
courants culturels de « toutes les sociétés des plus primitives aux plus
sophistiquées.»189.
Autrement dit, c’est « la manière, la façon, l’habitude ou encore la vogue du
moment»190. Elle qualifie tous ce qui est nouveau, actuel, tendance, dans le vent,
dernier cri, en vogue ou au goût du jour. Et ce pour évoquer une certaine manière de
penser affectée par une époque ou un milieu bien précis tout en prenant en
considération que les tendances d’aujourd’hui seront surement déphasées,
dépassées, démodées et même traitées d’archaïques demain. Le concept de mode
vestimentaire évolue sans cesse jour après jour. Cette évolution continue est
engendrée par un mécanisme complexe réunissant le principe des classes sociales,
les nouveautés et les innovations vestimentaires ainsi que, des composantes
économiques bien déterminées. A ce propos, Roland Barthes affirme: « Chaque
nouvelle mode est un refus d’hériter, une subversion contre l’oppression de la mode
précédente; la mode se vit comme un droit, le droit naturel du présent sur le
passé.»191.
Ce changement perpétuel au fil des siècles, a engendré une multitude des
styles vestimentaires, qui tracent la mutation des pensées, des mentalités et le
développement d’une société et d’une époque: « si la mode vestimentaire change,
c’est que la société a changé.»192.
Néanmoins, la mode vestimentaire lors de ces dernières décennies a subi un
changement radical et rapide. Elle est devenue internationale et mondialisée. Ça
veut dire qu’il n’y a plus des différences vestimentaires prononcées entre une société
et une autre. Cette délocalisation de la mode s’émerge surtout avec le progrès
industriel et l’évolution de la nouvelle technologie, qui ont un rôle primordial dans la
promotion de cette mode et ses dernières tendances.

189
Sue JenkynJones, Le stylisme guide des métiers, op.cit., p.34
190
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse dictionnairique et
lexiculturelle [en ligne], op.cit., p.12.
191
Owdin, Leçons sur la philosophie de la mode de Roland Barthes [en ligne], Disponible
sur:https://owdin.live/2018/03/29/lecons-sur-la-philosophie-de-la-mode-de-roland-barthes/, consulté le
(20/08/2019).
192
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p.8.
74
En effet, grâce à ce bouleversement, les nouvelles créations sont de nos jours
à la portée de toutes les classes sociales. Ceci a éliminé la hiérarchie sociale. La
mode n'est plus exclusive à la classe supérieure. Dès lors, «la classe moyenne et
ses valeurs vont définir les tendances culturelles ainsi que la mode.»193.

De plus, cette évolution accélérée a produit une société actuelle dotée d’une
créativité, dans le domaine de la mode, sans précèdent. Sur le plan pratique, le
renouvellement et le changement vestimentaire s’effectue d’une manière
saisonnière, stimulant ainsi l’innovation, l’originalité alimentée par les idées créatives
et inédites.
De ce fait, la mode n’est plus un issu conventionnel d’une certaine société, au
contraire elle a devenu un fait individuel personnel, engendré par les créateurs de la
mode: « La mode comme système de signes variables qui peuvent être modifiés à
tout moment et combinés d’après les choix personnels des créateurs de mode.»194.
Le créateur de la mode est celui qui établit les codes vestimentaires à suivre comme
un « arbitre incontesté de la mode.»195.

A chaque fois que ces codes sont mis en place, une nouvelle image du corps
s’émerge. En effet, la mode vestimentaire exprime le corps d’une autre façon,
« Selon la manière dont il est vêtu, le corps révèle son anatomie différemment.»196.
Elle met le corps en valeur autant qu'elle l’insulte. Donc, elle peut être tantôt
valorisante, tantôt dévalorisante dans l’apparence du corps. Ceci dépendra des choix
du créateur et du message qu’il cherche à délivrer à travers ses vêtements. On peut
comparer ça aux vêtements théâtraux. A chaque changement des vêtements, la
personnalité d’acteur et ses significations changent. A ce propos, Yves Saint-Laurent
déclare: « La mode est une fête. S'habiller, c'est se préparer à jouer un rôle.»197.

193
MairiMackenzie, Découvrir la mode, op.cit. p.32.
194
Najet Elguebli, Analyse sémio- linguistique de quelques vêtements de mode esquisse
dictionnairique et lexiculturelle [en ligne], op.cit., p.7.
195
MairiMackenzie, Découvrir la mode, op.cit. p.32.
196
Farah Kartibou, Rapports entre arts plastiques et mode, travail ironique de l’image de la femme [en
ligne], Mémoire en Sciences de l’art option arts plastiques, Université Paris I Ŕ Panthéon Sorbonne,
2014, p.47. Disponible sur: https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01315152/document, consulté le
(20/08/2019).
197
Valérie Guillaume, Dominique Veillon, La mode, un demi-siècle conquérant?, Paris, éd. Gallimard,
2007, p.1.

75
2. L’étude et l'analyse des corpus:

Afin de percevoir les impacts du vêtement et ses langages délivrés sur le


corps dans la mode vestimentaire, nous faisons recours à une étude pratique;
connotative et dénotative de quatre corpus des différents modèles, des divers
créateurs de mode qui ont marqué un bouleversement remarquable dans l’histoire de
la mode.

2.1. Le vêtement et la glorification du corps:

Comme mentionné précédemment, le vêtement est considéré comme le


premier signe qui nous identifie dans les yeux d’autrui, un reflet de notre personnalité
et de notre attitude. Garder une bonne image du corps peut se faire par le biais du
vêtement. Ceci est primordial pour avoir une meilleure impression, à laquelle la mode
vestimentaire souvent aspire. Des nombreux stylistes sont à la recherche continue
de nouvelles méthodes innovantes pour sublimer et perfectionner la silhouette
corporelle en mettant en valeur ses formes et en camouflant ses imperfections.

A ce propos, nous pouvons évoquer les expériences novatrices, de l’un des


créateurs de la mode les plus reconnus par leur perfection du corps et surtout le
corps féminin. Une véritable figure dans l’univers de la mode, surnommé « Le
magicien de la coupe.»198, le grand couturier tunisien Azzedine Alaïa.

En effet, les créations de ce concepteur exceptionnel emploient la dualité


couture, sculpture. Moyennant la technique du moulage, il souligne l’élégance de la
silhouette femelle et met en évidence sa beauté en sculptant les tissus et les étoffes
sur son corps. Ses dires confirment sa conduite créative: « J'aime les femmes [...] Je
ne pense pas toujours à faire des nouveautés, à être créatif, mais à faire un
vêtement pour que les femmes soient belles.»199.

198
Magazine Elle, La femme selon Azzedine Alaia [en ligne], Disponible sur:
https://www.elle.fr/Mode/Dossiers-mode/La-femme-selon-Azzedine-Alaia,Consulté le (26/08/2019).
199
François Guillot, Pourquoi Azzedine Alaïa était un génie de la mode, Le Nouvel Observateur [en
ligne], 20 novembre 2017, disponible sur: http://o.nouvelobs.com/galeries-
photos/mode/20171120.OBS7558/pourquoi-azzedine-alaia-etait-un-genie-de-la-mode.html, consulté
le (26/08/2019).

76
Par héritage de ses études antérieures en sculpture, ce créateur a créé une
nouvelle vision particulière du corps de la femme. En fait, Azzedine Alaïa maîtrise
bien les morphologies corporelles féminines et les a présentées dans les meilleures
allures possibles: « Mon obsession est de les rendre belles. Et, pour les rendre
belles, il faut connaître leur corps.»200. Ses créations conviennent parfaitement à tous
les corps. N’importe le type du corps féminin enfilant ses créations, ces dernières
s’harmonisent avec lui parfaitement, rendant ainsi la femme qui les porte encore plus
belle accordant par conséquent un succès indéniable à ce créateur.

Dans ce sens Azzedine Alaïa a déclaré « Mes modèles peuvent aller jusqu’au
44 et je décline toujours mes robes en trois longueurs: il ne faut jamais forcer une
femme à dévoiler ce qu’elle répugne à montrer. Ma robe qui s’évase en forme corolle
va à toutes les femmes.[..] Mes robes sont là pour s’adapter au corps, du plus mince
au plus plantureux.»201.

Il invitait les femmes à mettre en valeur leur beauté moyennant des lignes
moulantes et sexy qui soulignent leur féminité et harmonise l’ensemble de leurs
corps. « Des robes très sexy qui épousent le corps au plus près en maille fluide
rebrodée de paillettes qui donnent l'impression que le corps est mouillé.»202, comme
les décrit le magazine L'Officiel de la couture et de la mode de Paris N°804.

A ce propos, nous précéderons à effectuer une analyse et une lecture


particulièrement à ce modèle exhibé dans une exposition sculpturale, dans le but
d’examiner de près le créatif chez notre créateur de mode en question Azzedine
Alaïa.

200
Magazine Elle, La femme selon Azzedine Alaia [en ligne], op.cit., p.4.
201
Ibid., p.8.
202
L'Officiel de la couture et de la mode, Paris, Éditions Jalou, no 804,‎avril 1996, p. 75.

77
(21)

Figure 17: Azzedine Alaïa, Houppette, saison collection Printemps-été,


1994, musée Palais Galliera de la mode de Paris.

La figure ci-dessus, représente une des merveilleux modèles qui ont marqué
son empreinte dans la mode vestimentaire. Intitulée Houppette, cette robe est
conçue par notre fameux couturier tunisien Azzedine Alaïa et fait partie de sa
collection Printemps-Eté en 1994. Elle est actuellement exposée dans le Musée:
Palais Galliera de la Mode à Paris, à côté d’une quarantaine de robes les plus
iconiques de ce couturier atypique.203

(21) Aurélie Wehrlin, EN IMAGES: Les robes intemporelles d'Azzedine Alaïa, LeVif Weekend
Magazine[en ligne],22 janvier 2018, disponible sur: https://weekend.levif.be/lifestyle/mode/en-images-
les-robes-intemporelles-d-azzedine-alaia/diaporama-normal-787837.html Consulté le (28/08/2019).

78
Par ailleurs et avant de commencer l’analyse dénotative et connotative du
modèle, il est en fait primordial de dégager les caractéristiques photographiques de
cette image. Elle est dans une prise de vue frontale d’un cadrage vertical. Ce dernier
est inscrit dans le plan moyen afin d’avoir une vue d’ensemble sur le modèle. Cette
technique particulière est utilisée dans le but d’orienter le regard du spectateur sur la
robe et mettre en valeur ses formes.

Dans la dénotation, le modèle s’agit d’une robe à bandelettes en maille longue


et cintrée qui marque parfaitement les formes corporelles féminines. Elle est sans
manches et décolleté sous forme de cœur pour épouser la poitrine et mettre en
évidence ses reliefs. La robe est en noir et blanc, elle est fabriquée essentiellement
en maille stretch pour les parties noires et en viscose duveteuse pour les bandes
blanches.

D’autre part, au milieu et le long de cette robe, le créateur a placé un long


ruban blanc, d’une part et d’autre duquel, se ramifient plusieurs ajourages duveteux.
Ces derniers sont semblables, répétitifs et successifs. Ils sont situés d’une façon
verticale et horizontale sur toute la surface de la robe. Cette représentation transmet
une redondance iconique des formes. Ceci crée le mouvement et engendre le
dynamisme au sein de cette composition qui provoquera, impactera et charmera
l’observateur par ces éléments trompe-œil sublimant le corps féminin.

Tout bien considéré, Alaia, par le biais de cette robe élégante et


extraordinaire, a tenté d’individualiser et accentuer le corps, dans sa taille et forme,
et la silhouette en se basant sur sa morphologie. Son but ultime était de mettre en
lumière sa sexualité et son allure. Il a cherché avidement à insérer l’image de la
femme dans un cadre de séduction.

Ce créateur, a maîtrisé les coutures en spirale. Ceci lui a permet de façonner


le corps en engendrant l’allongement des jambes, mettant en relief le fessier,
maintenant la taille et soutenant la poitrine. Dans ce contexte l'historien de la
mode Olivier Saillard a attesté, en décrivant les créations du Azzedine Alaia, que:
« si un couturier c'est quelqu'un qui refaçonne les corps, alors aujourd'hui il n'y a

79
qu'Azzedine qui sait faire ça […] Ses robes sont hors du temps, hors la mode […]
Ses vêtements, c'est des caresses pour les filles.»204.

Moyennant ses créations vestimentaires moulantes, Azzedine Alaïa a imposé


son nom dans la mode vestimentaire. Ces œuvres sont considérés « parmi les plus
complexes de ce siècle, conçus à la perfection et réalisés selon les règles de la
Haute Couture.»205. Ses coupes raffinées et sexy magnifient le corps féminin et
glorifient sa représentation. Avec leurs simplicités sophistiquées, ils donnent du lustre
à la beauté au corps et une sorte d’élégance épurée.

Dans ce contexte l’Encyclopédie Universalise a affirmé qu’« Il a introduit la


notion d'une élégance issue d'une minutieuse construction de la silhouette féminine,
épousée par des vêtements de cuir, de maille, et dont il souligne amoureusement les
courbes grâce à des surpiqûres et à des fermetures à glissière.»206.

En bref, Azzedine Alaïa est un couturier exemplaire qui savait avec sa


manière ingénieuse comment améliorer l’apparence du corps grâce au vêtement; par
faire sortir ses qualités et cacher ses imperfections. Le vêtement est donc, dans ce
cas, un rehaussement de l'image corporelle qui lui attribue des signes notables
comme Joseph Joubert a annoncé « Les beaux habits sont un signe de joie»207.

204
Le point, Azzedine Alaïa, Grand couturier au travail peu exposé, se montre aux Pays-Bas [en ligne],
disponible sur: https://www.lepoint.fr/culture/azzedine-alaia-grand-couturier-au-travail-peu-expose-se-
montre-aux-pays-bas-15-12-2011-1408953_3.php, consulté le (28/08/2019).
205
Colin McDowell,La mode aujourd’hui, Paris, éd. Phaidon Press Ltd©, 2005, p. 431.
205
CastexJessica. Alaïa du 28 septembre 2013 au 26 janvier 2014 [en ligne], Disponible sur:
http://palaisgalliera.paris.fr/sites/galliera/files/cp_dp_visuels/dossiers_de_presse/gal_alaia_dp_web_fr.
pdf (consulté le (03/09/2019)
206
Guillaume GARNIER, « Alaïa Azzedine - (1940-2017) », Encyclopædia Universalis [en ligne],
disponible sur: http://www.universalis.fr/encyclopedie/azzedine-alaia/ consulté le 30/09/2019)
207
Linternaute, citation [en ligne], disponible sur: http://www.linternaute.com/citation/14995/les-beaux-
habits-sont-un-signe-de-joie-----joseph-joubert/, consulté le (01/09/2019)
80
3.2. Le corps vêtu et l’interférence des genres:

Le changement incessant est considéré comme la caractéristique la plus


marquante dans l’univers de la mode postmoderne. Jour après jour, une nouvelle
mode apparait et une autre disparait. Ceci est dû au rythme rapide suivi par les
couturiers actuels. Ces derniers sont à la recherche continue et incessante
d’innovations et de création des vêtements inédits et jamais vu qui dépasse toutes
les frontières voire toutes les normes.

Depuis toujours, le vêtement force sa marque sur le corps en indiquant son genre
pour faciliter la présentation du soi sans avoir recours à la parole. Moyennant les
vêtements, nous distinguant l’identité du corps que ce soit femme ou homme.

Cependant, cette règle n’est plus strictement valable ces dernières décennies
et surtout avec l’apparition du vêtement androgyne18* qui constitue notre objet de
recherche dans cette partie. L’inclination androgyne représente de nos jours un canal
de discours de l’indifférenciation des genres lors de la conception des vêtements.
Dans cet Age, certains couturiers considèrent le corps vêtu comme unité isolée. Il
s’annonce comme étant un genre différent, indépendamment de notre nature ce qui
signale une révolte à caractère ambigüe.

Le début du 21esiècle a annoncé cette tendance excentrique, considérée


révolutionnaire dans son interprétation du genre. Cette façon de s’habiller, désignée
par le style androgyne, représente sans doute « un genre humain de l’avenir».208 Ce
style a dominé les dressings et les podiums industriels et de la Haute-Couture.

A ce propos, nous pouvons citer l’avant-gardiste Jean-Paul.Gaultier,


surnommé « l'enfant terrible de la mode.»209, qui est connu par ses modèles
provocantes et réversibles. En jouant avec les signes du genre, Jean-Paul Gaultier

18
*L’androgyne: mot d’origine grec. La première partie « andro» symbolise l’homme et la deuxième
partie « gyn » signifie « femme ». Ce terme englobe le fait de mélanger tout ce qui est caractères
féminins avec ceux masculins. De ce fait, l’androgyne se qualifie d’une personne asexuée ne
conformant ni aux traits masculins ni aux traits féminins et créant ainsi une confusion des genres dans
leur société.
208
Souhir Abdelmoula Turki, « Le mythe et la réalité androgyne dans la création vestimentaire
contemporaine,Jean-Paul Gaultier comme exemple. », p.7.
209
Dessin original, Exposition Jean-Paul Gaultier au Grand Palais [en ligne], 22 avril 2015, Disponible
sur: https://www.dessinoriginal.com/news/article/exposition-jean-paul-gaultier-au-grand-palais-
4569.html, consulté le (21/08/2019).

81
défend avec ses défilés le droit à la diversification. Il introduit « une nouvelle manière
de faire et de porter la mode: détournements, métamorphoses, transgressions,
réinterprétations.»210.

Dès ses premières collections, ce couturier transgresse les limites


existantes entre masculinité et féminité. Jean-Paul Gaultier ne conformait
pas à l’unisexe, un concept largement répandu lors des années 70 qui
cherchait à anéantir les différences. Dans ce contexte, il déclare: « J’aime
inverser les rôles, briser les codes établis qui n’ont plus de sens aujourd’hui.
Je ne crois pas que les tissus aient un sexe, pas plus que certains
vêtements.»211.

En effet, Jean-Paul Gaultier désire de nous orienter vers un nouveau


concept, c’est le corps sans genre, ambigu, libéré de toutes sortes
d’identification. Dans cette étape, nous ferons recours à l’un de ses modèles
qui a provoqué une polémique notoire dans le milieu de la mode. Ce modèle
a remis en cause les valeurs en représentant une altération vestimentaire
alarmante et répugnante.

210
Francetvinfo, Mesgoûts et mes couleurs: l’hymne à la tolérance de Jean Paul Gautier [en ligne],
Disponible sur: https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/createurs/mes-gouts-et-mes-couleurs-l-
hymne-a-la-tolerance-de-jean-paul-gaultier_3351661.html, consulté le (21/08/2019).
211
La Galaxie RMN GP, Féminin-Masculin: androgynie et mixité des genres chez Gaultier [en ligne],
Disponible sur:https://www.grandpalais.fr/it/node/15500, consulté le (21/08/2019).

82
(22)

Figure 18:Jean-Paul Gautier, Le plus beau jour, collection L’Homme


moderne, Prêt-à-porter Homme Automne-Hiver 1996-1997.

Dans la dénotation, cette figure représente un modèle vestimentaire intitulé Le


plus beau jour, réalisé par le couturier français Jean-Paul Gautier et lancé au sein de
sa collection de prêt-à-porter nommée: l’homme moderne pour la saison Automne-
Hiver en 1996-1997. 212
A l’égard photographique, cette image est prise dans un plan vertical et d’un
ongle de vue frontale. La silhouette figurée est coupée jusqu’aux chevilles car le
photographe a voulu montrer la vue d’ensemble du modèle. En fait, le modèle est
une robe mariée en pantalon de couleur blanche. Cette robe est asymétrique, courte
en devant et longue en arrière. Elle est ajustée et drapée au niveau de la taille et
évasée en bas par une longue traine. Les manches sont longues à la coupe droite.

(22) Musée des beaux-arts de Montréal, disponible sur:


<https://www.facebook.com/mbamtl/photos/a.10150186277425235/10158809621165235/?type=1&the
ater>, consulté le: (21/08/2019).

83
Quant aux accessoires, la robe est adjointe par des longues paires de gants blancs
avec bordures en fourrure et une voile en tulle accrochée dans un chapeau plat à
bords étroits et blancs.
Toutefois, malgré que cette description de la robe qui parait ordinaire et qu’elle
n’a rien de spécial et sans innovation au niveau du vêtement lui-même, mais c’est au
niveau du mannequin qui la porte où l’innovation réside. En effet, ce modèle n’est
pas intégré dans la collection des femmes, mais plutôt des hommes. Jean-Paul
Gaultier était le pionnier qui ose habiller son mannequin homme par ce type de
vêtement qui est purement féminin et considéré l’un des plus importantes pièces
chez les femmes, « C’est une première dans l’histoire de la mode, qu’un homme soit
autorisé à porter la sacro-sainte pièce maîtresse de la collection.»213.

En créant cette robe pour les hommes, une multitude des significations
s’imposent sur le corps. En effet, pour mieux concevoir la vision de Jean-Paul
Gaultier et les messages qu’il veut transmettre par ce modèle, il était opportun de
dégager la signification de la robe mariée en général.

Premièrement, la robe de mariée possède une signification particulière, intime,


personnelle et symbolique. Elle rappelle une occasion très spéciale et souvent
fantasmée par les filles depuis leurs enfances, symbolisant l’amour impérissable et
l’affection immortelle. Ce costume spécial fait partie de la mode fastueuse, luxueuse
et caractérisée par l’opulence et l’abondance des ornements. La robe en question est
bourrée de tissu moulant blanc faisant ainsi allusion à la pureté et l’innocence. Des
accessoires bien sélectionnés en vue d’accentuer l’élégance sont souvent ajoutés.

Cependant, quand un homme ose porter cette robe de caractère quasi sacrée
selon les femmes, une nouvelle, mais frappante, image du corps vêtu s’émerge. À
travers ce modèle Gaultier prescrit « une mixité explosive entre les deux gardes
robes pour jouir ses propres clichés.»214. Le créateur de ce fait, a délibérément
« estompé les frontières entre féminité et masculinité, brassé les codes

213
Profondeur de champs, Libérer les genres: la mode et l’androgynie [en ligne], Disponible
sur:https://profondeurdechamps.com/2013/02/16/liberer-les-genres-la-mode-et-landrogynie/ Consulté
le (22/08/2019).
214
Souhir Abdelmoula Turki, Le mythe et la réalité androgyne dans la création vestimentaire
contemporaine, Jean-Paul Gaultier comme exemple, op.cit., p. 13.

84
vestimentaires et les références ethniques et culturelles du monde entier.»215. Alors,
nous pouvons considérer ce modèle totalement révolutionnaire et qui désobéit les
conventions du vêtement, en inversant les rôles entre les deux genres.
Dans ce contexte, le professeur Souhir Abdelmoula a affirmé: « Le créateur ne
cesse plus de brouiller les frontières et de métamorphoser le «il»et le « elle» dans
ses collections. Il divulgue des silhouettes androgynes, voire des costumes mixtes.
Jean-Paul Gaultier crée son propre mythe du vocabulaire vestimentaire.»216. Par
surcroît, la mixité des genres et l’inter-calage du style peuvent provoquer des effets
néfastes à la fois sur le corps et sur l’entourage auquel il appartient.

En effet, pour le modèle en question que, on aperçoit que le corps joue ici le
rôle d’une architecture superficielle enveloppant la morphologie du mannequin et
atténuant ainsi ses caractères masculins. En couvrant ces signes, la qualité
symbolique du nu se perd. Il en résulte que le créateur de la mode acquiert un
caractère énigmatique.
Ce bouleversement de la manière de vêtir empêche non seulement la
reconnaissance de l’identité par l’apparence, mais il va au-delà pour causer un
manque de compatibilité entre l'apparence et l'être à intérieur. Ceci peut mener à un
déséquilibre identitaire dû à l’opposition entre le genre sexuel auquel il fait partie et
son sexe biologique. Comme Isabelle Paresys a déclaré, « Le danger ne vient pas
seulement d’un brouillage dans le système vestimentaire visuel de reconnaissance
des identités par le biais du vêtement. Il vient aussi d’un défaut de concordance entre
l’apparence et l’être intérieur que ne peuvent qu’accentuer les transferts de pratiques
vestimentaires d’un sexe, d’un groupe social ou d’une nation à l’autre.»217.
Cette démonstration confirme l’importance du vêtement et son rôle primordial
assurant l’équilibre social et psychique de l’individu, il devient « le marqueur sur le
corps même de l’individu.»218. Le modèle de Jean-Paul Gauthier repose sur la
confusion de l’identité sexuelle provoquant une sorte d’hésitation chez l’observateur
pour déterminer le genre auquel appartient le corps vêtu. Ceci prouve que l’identité
215
Magazine ELLE, Jean Paul Gaultier [en ligne], Disponible sur: https://www.elle.fr/Mode/Les-defiles-
de-mode/Jean-Paul-Gaultier, Consulté le (23/08/2019).
216
Souhir Abdelmoula Turki, « Le mythe et la réalité androgyne dans la création vestimentaire
contemporaine,Jean-Paul Gaultier comme exemple. », op.cit., p11.
217
Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Corps, apparences vestimentaires et identités en France à la
Renaissance, open edition [en ligne], 2012, Numéro 4, p. 31. Disponible sur:
https://journals.openedition.org/apparences/1229, consulté le (21/08/2019).
218
Ibid., p.37.
85
corporelle est incorporée dans le vêtement. Nous identifions les gens par leurs
vêtements. En effet, avec chaque changement des signes vestimentaires, une
ambiguïté autour de l’identité du corps se dégage.

3.3. Le corps vêtu : un objet de dévalorisation:

La mode vestimentaire n’est jamais un fait arbitraire. Elle garde toujours des
significations derrière les modèles qu’elle propose. Moyennant leurs conceptions
vestimentaires, les créateurs de la mode libèrent leurs esprits. Le podium devient un
moyen pour critiquer, exprimer et objecter. Dès lors, attirer les clients et les
convaincre d'acheter ne sont plus les objectifs visés, mais choquer les spectateurs et
les pousser autour de décodage des significations est à ce que les créateurs
aspirent. Dans ce contexte, la styliste Nathalie Garçon a affirmé que: « La mode telle
que je la conçois est un moyen de s’individualiser, de se libérer. Un moyen de se
donner confiance, de jouer de ses défauts pour les valoriser […]. Elle n’est pas une
question de prix, ni de sigles. Elle est un moyen de communiquer avec l’autre, qui va
jusqu’à la manière que l’on a de bouger, de se comporter dans la vie. Bref, elle est
un art de vivre.»219.
En effet, tout est permis dans l’univers de la mode. Afin d’assurer une
communication marquante de leurs visions, les créateurs adoptent des matériaux
inhabituels et atypiques à la tradition vestimentaire dans leurs conceptions. Ces
matériaux peuvent être parfois importables comme les papiers, les cartons, les
déchets, les objets recyclés voire les matériaux alimentaires comme la viande de
bœuf et le chocolat.
Dans cet horizon le créateur de mode Paco Rabanne a déclaré qu’« On peut
s'habiller dans toutes les matières, aussi invraisemblables soient-elles.»220.
Cependant, cette mutation vestimentaire à caractère vulgaire et menaçant remet la
valeur du corps humain en question, qui nous incite à s’interroger: comment le corps
est présenté s’il est couvert par ce genre de matériaux?, et quelles significations

219
Nathalie Garçon, La mode, un art de vivre [en ligne], Disponible sur:
http://www.passcreamode.com/Paroles-d-experts/La-mode-vue-par/Ses-ambassadeurs/La-mode-un-
art-de-vivre, Consulté le (23/08/2019).
220
Estelle Delpech, «Paco Rabanne, le métallurgiste du vêtement », Marie Claire [en ligne],
Disponible sur: https://www.marieclaire.fr/paco-rabanne-le-metallurgiste-du-vetement,1237834.asp,
Consulté le (24/08/2019).

86
peut-il posséder? Pour répondre à ces questions, nous analyserons deux corpus de
différentes créations vestimentaires, extravagantes et inhabituelles qui évoquent les
effets de la surprise et la moquerie chez les spectateurs.221

Commençons en premier lieu par le modèle intitulé la viande de bœuf cru,


conçu par le couturier Franc Fernandez. Ce modèle est une pièce unique portée par
une chanteuse controversée, Lady Gaga lors de sa participation à l’MTV Vidéo
Awards à Los Angeles en 2010. Malgré la polémique qu’elle a créée, cette robe est
actuellement exposée dans la Musée19*du Panthéon du Rock and Roll aux Etat Unis.

(23)
Figure 19: Franc Fernandez,la viande de bœuf cru, 2010, MTV Video
Awards, Los Angeles.

(23) Ludivine, Lady Gaga et sa robe en viande[en ligne], Disponible sur: https://www.peau-
ethique.com/blog/lady-gaga-et-sa-robe-en-viande/, Consulté le (24/08/2019).
19
* Il importe de noter que cette tenue en viande n'est pas toute à fait la première de son genre. Une
autre similaire est exhibée à Paris au centre Pompidou. L’artiste tchèque Jana Sterbak l’a créée en
1987 et l’a nommée: Vanitas: robe de chair pour albinos anorexique. Cependant c’est la première fois
ce genre du matériau est adopté par les créateurs de la mode et diffusé comme un article à porter non
comme une œuvre d’art.

87
Dans la dénotation, le modèle consiste une robe avec une encolure en V
légèrement dégagée et des bretelles extravagantes. Elle est asymétrique courte en
avant et plus longue en arrière. Une coiffe et de bottes constituaient les accessoires
de cette robe. Pour fixer les bottes, une ficelle blanche a été nouée.

En regardant la robe la première fois, on ne se rend pas compte qu’elle est


constituée à partir de la viande de bœuf morcelée et assemblée. Imbibés dans des
substances chimiques spéciales, ces morceaux ont été conservés. Ces derniers ne
sont pas arrangés n’importe comment, mais plutôt d’une façon harmonieuse et
délibérée. En regardant un peu plus près et en observant mieux les détails et la
couleur, c’est à ce moment là qu’on découvre la réalité impressionnante et
surprenante de cette robe incroyablement inhabituelle.
Cette robe en viande est considérée la première de son genre qui a traversé le tapis
rouge de ce festival.

Néanmoins, malgré son apparence excentrique, ce modèle apporte tant de


significations et des messages. En effet, d’après son créateur, ce modèle est réalisé
sous le prétexte de « montrer au monde entier que chacun est susceptible de finir
traité comme un morceau de viande s’il ne se bat pas pour ses droits».222. De son
côté, cette robe nous sollicite à défendre nos valeurs et à ne pas demeurer comme
« de la viande sur un squelette.»223, conformément à ses dires.

Dans ce cas, ce n’est pas le choix du mannequin comme avec Jean-Paul


Gaultier qui a amorcé un débat en vue de choquer le spectateur, dénoncer quelque
chose ou même pour juste créer le « buzz», mais c’est le choix du matériau atypique
adopté dans ce modèle.

Par le biais de ce modèle, le créateur cherche à remplacer les matériaux


communs des vêtements par d’autres extraordinaires et hors du commun. Cette
création manifeste une rare audace, dans le sens où Franc Fernandez a osé de

222
Sonia De la Forterie, Lady Gaga: pourquoi a-t-elle porté une robe en viande lors d'une cérémonie?,
NRJ [en ligne], 20 septembre /2018, Disponible sur: https://www.nrj.fr/artistes/lady-gaga/actus/lady-
gaga-pourquoi-a-t-elle-porte-une-robe-en-viande-lors-d-une-ceremonie-71298899, Consulté le
(24/08/2019).
223
Francetvinfo, la robe en viande portée par Lady Gaga entre au musée [en ligne],
Disponible sur: https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/la-robe-en-viande-portee-par-lady-gaga-en-
2010-entre-au-musee_1078393.html, Consulté le (24/08/2019).

88
mettre en scène ce qu’on ne voit pas d’habitude porté par aucune personne
auparavant. Il travaille à extraire et à séparer l’intérieur du corps humain de sa
nature, étant l’enveloppe charnelle lui donnant ainsi une dimension insolite.

Toutefois, on peut détecter une sorte d’inquiétude exprimée, liée à l’emploi


d’un matériau organique tel la viande. Un malaise s’accorde à cet emploi du fait qu’il
évoque les attitudes sauvages de l’homme primitif en observant la couleur et la
découpe.

On se trouve obligé de penser à la viande fraiche emballée, commercialisée


dans les grands espaces. Ceci nous ramène à une constatation évidente: le corps
devient un produit à consommer, ce n’est qu’une marchandise grossière voire
obscène. Il symbolise un véritable signe de transgression de la dignité humaine et la
perte indéniable de son valeur propre en tant qu’être vivant civilisé. Depuis cet
événement « les fondements de la couture sont dépecés.»224. La mode vestimentaire
a perdu son aura et son « bling-bling»20*par l’émergence et l’intégration des
éléments kitsch discréditant l’image du corps.

A ce propos, nous pouvons aussi aborder une collection exceptionnelle du


couturier britannique Alexander McQueen, intitulée Parodie et lancée lors de la
saison Automne-Hiver en 2009-2010 au Palais Omnisports de Paris- Bercy.

Ce styliste est connu par ses attitudes engagées et focalisées sur les enjeux
sociétaux et ceci se voit clairement dans ses créations. Chaque défilé s’attentionne à
une cause particulière. En effet, cette collection est l’une de ses fameuses créations
qui a relancé une controverse autour d’elle.

Dans cette étape, nous ferons une analyse approfondie d’un modèle
appartenant à cette collection pour mieux déchiffrer les messages transmis et leurs
impacts sur le corps.

224
De Givry Valérie, art et mode: l’inspiration artistiques des créateurs de la mode, Paris, éd: Regard,
1998, p. 88.
20
*Le bling-bling désigne l’aspect luxueux et splendide du vêtement.

89
(24)

Figure 20: Alexander McQueen, Parodie, saison Automne-Hiver


2009-2010, Palais Omnisports de Paris- Bercy.

La figure ci-dessus représente un modèle de la collection Parodie du créateur


en question. En premier lieu, dans la dénotation, le modèle est en fait une robe
sirène noire, de longueur qui touche le ras du sol, composée d’un ensemble de
rayures situées verticalement et horizontalement sur toute la robe, oscillantes entre
le noir et le transparent. Nous remarquons que cette robe est associée à un long
poncho noir, porté ouvert, avec des manches trois-quarts. Quant aux accessoires,
nous percevons la présence d’un sachet en guise de bonnet noir couvrant la tête du
mannequin. 225

(24) Vogue, Alexander McQueen [en ligne], Disponiblesur: https://www.vogue.com/fashion-shows/fall-2009-


ready-to-wear/alexander-mcqueen, Consulté le (25/08/2019).

90
Le maquillage est inhabituel, appliqué d’une façon à déformer le visage, la
bouche est gonflée, ronde, surdimensionnée et colorée de noire et les sourcils sont
effacés complètement de leur visage blanchi.  Cette robe est conçue par des sacs de
poubelle que le créateur les a récupérés et les a utilisés en tant que tissu principal de
ce modèle.
De point de vue connotation, comme son nom l’indique, cette collection est
basée sur le principe de la parodie21*. Où le styliste a eu le courage et la hardiesse
pour critiquer la Haute.Couture du XXe siècle d’une façon sarcastique et même
parfois choquante. Il s’attaque principalement au rythme rapide et pressé soutenu
par la mode vestimentaire, en déclarant que «Le chiffre d'affaires de la mode est
tellement rapide et jetable, et je pense que c'est une grande partie du problème. Il n'y
a pas de longévité.»226.
En effet, afin d’atteindre son objectif, McQueen a utilisé à part les sacs
poubelles, les déchets, les canettes en aluminium, les objets ménagers recyclés, etc.
En tant que matières premières de ses créations vestimentaires. Pour renforcer cette
notion de parodie, le créateur a placé un tas d’ordures au milieu du défilé qui a
encore amplifié son effet.
En dépassant et même se moquant de tous les stéréotypes de la Haute
Couture, dont les tissus sont luxes et exorbitants, notre créateur s’est rebellé en
employant ces objets recyclés. Du coup, les signes de noblesse et de la sublimité du
vêtement de mode sont perdus et se sont convertis en signe de décadence et de
mépris. Le créateur a malmené le corps et dévalorisé sa présence. Pareil au corpus
précédent où le créateur utilisait la viande dans sa conception vestimentaire, nous
constatons que la disposition sacrée du corps dans les deux cas est énormément
transgressée.
En s’appuyant sur cette conviction, Ariane Bilodeau a déclaré que le corps est
utilisé: « dans toute sa pluralité comme outil de transgression, de déconstruction des
stéréotypes, d’émancipation et de contestation sociale et politique.»227. De ce fait, le

22
* La parodie est une sorte d'humour qui emploi les personnages, le cadre et le style d'une œuvre
pour se faire ridiculiser.
226
La citation est. d’origine anglais d’où le styliste a déclaré:The turnover of fashion is just so quick
and so throw away, and I think that is a big part of the problem. There is no longevity.”, Disponible sur:
https://www.nytimes.com/2009/03/12/fashion/12MCQUEEN.html, consulté le (24/08/2019)
227
Ariane Bilodeau,Art féministe. Le corps, outil de transgression, de contestation et de
décolonisation, Erudit. [en ligne], Numéro 15, hiver 2016, p.2. Disponible
sur: https://www.erudit.org/fr/revues/ncs/2016-n15-ncs02387/80885ac.pdf, Consulté le (26/08/2019).

91
corps vêtu est perçu en tant qu’endroit capital d’énonciation des idées, placé « au
centre des débats dès lors qu’il est instrumentalisé pour nourrir des objectifs.»228.
Entre autres, il devient un support, « un objet de consommation qu'on jette.»229.
Ces créateurs abandonnent les fonctions principales du vêtement, celles de
valoriser l’apparition du corps. Mais au contraire, ils pédalent dans le vide dans le
non sens et le non signifiant « Sans contenu, elle, la création, devient alors le
spectacle que les hommes se donnent à eux-mêmes du pouvoir qu’ils ont de faire
signifier l’insignifiant.»230 déclarait Jean Baudrillard.

IV. La synthèse:

Suite à l’investigation antécédente et l’étude fouillée effectuées dans ce


chapitre, nous pouvons à travers cette synthèse discerner les principaux points qui
seront résumés ci-après.

En prime abord, notre réflexion s’oriente vers la prospection des liens entre
nos termes clés tels le corps et le langage. Ceci se fait en dégageant les grandes
lignes du langage corporel moyennant la détermination de l’acte communicationnel
établi par des signes non verbales émis par cette entité corporelle, et en démontrant
ses impacts sur l’Homme lui-même et l’environnement qui l’entoure.

Ensuite, notre regard se focalise essentiellement sur une sorte de langage


non verbal étroitement associé au corps et fréquemment désigné par le terme« la
seconde peau», c’est le vêtement. La démarche suivie ici se base surtout sur
l’illustration des signes et sur les messages cachés derrière cet objet ambigu, tout en
le décryptant et révélant ainsi son influence sur la représentation du corps et en
soulignant dans quelle mesure les vêtements transforment l’image du corps.

Finalement, nous poursuivrons notre étude par l’analyse dénotative et


connotative de quatre corpus représentant des modèles vestimentaires inventifs des
créateurs qui laissent leurs empreintes dans l’univers de la Mode. Cette dimension

228
Marie Cipriani-Crauste, Le tatouage dans tous ses états à corps, désaccord, Paris, L’harmattan©,
2009, p. 17.
229
Farah Kartibou, Rapports entre arts plastiques et mode, travail ironique de l’image de la femme [en
ligne], op.cit. p. 21.
230
Jean Baudrillard, L’échange symbolique et la mort, Paris, éd. Gallimard, 1976, p.142.

92
interprétative nous a permis d’attarder un moment sur l’état présent de la mode
vestimentaire et son rapport avec le corps face aux enjeux actuels. Ainsi elle nous
amène à examiner la manière dont le corps est représenté et à déchiffrer les
langages vestimentaires transmis par les créateurs en question.

L’ensemble des sous concepts dégagés dans cette partie sont:

Communication, code, signe, visuel, optique, corporel, comportement,


échange, interaction, message, pensée, synergologie, symbole, habillage,
déshabillage, nudité, image, habit, pudeur, protection, parure, ornementation,
valorisation, dévalorisation, tendance, visibilité, originalité, nouveauté.

93
Conclusion :

En conclusion, nous désirons en amont d’exprimer au quel point cette


expérience de recherche nous a marqué et enrichi du fait qu’elle représentait une
sorte d’initiation dans le monde des analyses poussées. Le long de ce projet, notre
manière de raisonner a devenu plus attentive, claire et riche.

En effet, comme nous l’avons déjà constaté tout au long de notre étude, ce
travail de recherche avait pour ambition de mettre en question le langage dont le
vêtement délivre et son impact sur le corps.

Pour répondre à notre problématique, nous avons procédé à une étude


transdisciplinaire qui intervient dans plusieurs champs de recherches. Cette
approche nous a permis, évidement, d’aboutir à de nombreux résultats. Du coup,
nous pouvons lister les plus remarquables:

Concernant le premier chapitre, nous avons pu examiner les caractéristiques


inhérentes des concepts clés, tout en adaptant un cadre d’analyse théorique
accueillant des éclaircissements terminologiques de ces notions.

En premier lieu, nous commençons par le langage dans lequel, nous prouvons
qu’il se caractérise par plusieurs critères dont le plus important est qu’il est porteur
d’un système de signes bien déterminé. Ceci nous amène à aborder l’alliance entre
la sémiologie et le langage dans la mesure où ils se complètent: sans langage nous
ne pouvons pas discuter de la sémiologie et vice versa.

Dans un second lieu, nous passons vers la recherche de notre deuxième


concept celui du corps, dans lequel nous avons exhibé ses origines étymologiques et
ses particularités dans les divers égards tels linguistique, philosophique, sociologique
et artistique. Les résultats les plus notables probablement sont: la clarification de la
dialectique qui entoure le corps et l’âme, la détermination du statut actuel du
corps et de sa double casquette; étant à la fois un marqueur social et un produit
social et finalement l’affirmation de la pensée qui considère la corporéité humaine
comme un objet d’art à travers la divulgation des travaux artistiques dont le corps
était fortement existant et le pivot principal de ses œuvres.
94
Quant au deuxième chapitre, on a répondu aux interrogations qui importaient le plus
et constituaient le sujet de notre recherche.
De prime à bord, notre recherche se base à entrevoir la relation entre le corps
et le langage d’une manière générale, tout en analysant la puissance qu’il a sur l’être
humain ainsi que son entourage. Par la suite, nous focalisons notre regard
spécifiquement sur le langage vestimentaire et son rapport avec le corps, moyennant
l’observation de la relation réciproque entre le vêtement, le corps et le langage. Ceci
nous a permis d’une part de saisir les différentes significations du vêtement en tant
qu’un objet-signe, et d’autre part déterminer leur influence sur le corps qu’il porte,
que ce soit par la valorisation ou la dévalorisation de son image.

Pour mener ce travail et par le besoin d’éclairer et consolider notre recherche,


nous avons fait appel à une analyse dénotative et connotative des modèles
vestimentaires inventifs conçus par les créateurs de la mode reconnus. Cette
dimension interprétative est essentielle dans notre approche, dans la mesure où ces
corpus choisis présentent des exemples tangibles et des agents transmetteurs d’un
langage non verbal engendré par chaque créateur de la mode, tout en dévoilant le
pouvoir de ce langage pour transformer l’image du corps.

Au terme de cette recherche, nous pouvons déduire que le sujet de notre


travail nous a offert une chance incomparable pour dévoiler les différents
raisonnements des antérieurs, découvrir des nouveaux termes et concepts
spécialisées et relatifs aux divers domaines, connaitre de près les pensées et les
travaux de célèbres artistes et créateurs de la mode. C’était une opportunité pour
s’ouvrir sur de nouvelles perspectives de recherche et approuver la possibilité de
suivre une approche transdisciplinarité par une interaction fertile entre la mode
vestimentaire et les autres domaines.

95
LISTE DES REFERENCES

I. LA BIBLIOGRAPHIE :

1/ Les dictionnaires et les encyclopédies :

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 BEAUDICHON, Janine, La communication: processus, formes et applications,


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7/ le congrès :

 DELASSU, Éric, Qu’est-ce que l’idée d’un corps en acte ? [en ligne], Lyon,
Congrès du COSHSEM, 2015, Disponible sur:< https://hal.archives-
ouvertes.fr/hal-01170340/document>. Consulté le (19/04/2019).

112
Les annexes

L’annexe1:

Des autres exemples des artistes qui ont mis en œuvre le corps dans leurs
travaux artistiques, comme médium à des fins différentes.

1. Le corps robotisé chez Stelarc:

Une figure majeure de l’art corporel, Stelarc l’artiste performeur pionner de


l'hybridation du corps. Ce dernier utilise son propre corps en tant que un lieu
d'expérimentation, et l’immerge notamment avec des éléments robotisés. De ce fait,
Il fusionne alors le corps biologique à des substances robotiques et mécaniques. Ses
œuvres mettent en relation le rapport entre l’Humain et la machine. Tout en
interrogeant la signification des notions de la corporéité et l’individualité à l’égard des
avancées technologiques.231

(1)

Figure 1: Stelarc, Corps amplifié, yeux au laser et troisième main, performance


artistique, 1985, Centre d’art d'Enghien-les-Bains, France.

(1) Grazia Dammacco, STELARC, THIRD HAND(1980-1988) [ en ligne], janvier 2016disponible sur:
<http://www.postdigitaltribe.org/2016/01/08/stelarc-third-hand1980-1988/>, consulté le: (05/09/2019).

113
2. Le corps, un lieu de revendication politique: Liu Bolin comme exemple:

Pour protester d’une manière silencieuse, l'artiste chinois Liu Bolin a choisi
d’utiliser son corps comme moyen d’expression contre la politique de son
gouvernement. Il est surnommé par l’homme invisible, parce que il se disparaître
totalement dans le milieu qui l’entoure, à l’aide des matériaux spécifiques tel que des
vêtements de la peinture, etc. Une sorte de camouflage du corps qui lui rend
imperceptible dans l’environnement.

Et ceci dans le but de diriger le regard sur la figure inquiétante de l'individu tout
en interroger son emplacement dans la société. Son œuvre la plus connue est Hiding
in the city (se cacher dans la ville), cette œuvre s’agit d’une série photographique,
déhanchée en 2005 et inclue également dans l’art de performance. Ces œuvres
photographiques sont pris essentiellement devant des monuments essentiellement
chinois, ou encore devant des espaces publics comme les supermarchés, les rues,
etc.232

(1)

Figure 1:Liu Bolin, Série: Hiding in the city, œuvre photographique,


2005, la chine.

(1) Galerie paris, Liu Bolin, Disponible sur: <http://www.galerieparisbeijing.com/fr/artiste/liu-


bolin/>,consulté le: (05/09/2019).

114
L’annexe 2:
 Le vêtement dans l’art:

D’autres artistes ayant intégré le vêtement dans leurs œuvres, nous retrouverons
notamment Alain Guerra Et Neraldo De La Paz et leur œuvre Indradhanush, ainsi
Kaarina Kaikkonen et son œuvre Huellas y Diàlogos. Ces œuvres sont des
installations artistiques, conçues surtout par le vêtement recyclé. En lui donnant une
seconde vie, il n’est plus un objet a abandonné, au contraire une œuvre artistique.233

(1)

Figure 1: Alain Guerra Et Neraldo De La Paz, Indradhanush, 2008,


installation artistique, (304x609x244cm), Musée d'art contemporain, Miami.

(2)

Figure 2: Kaarina Kaikkonen, Huellas y Diàlogos, 2013, installation


artistique, Musée de la mémoire — MNBA, Santiago, Chile.

(1) Danièle Pérez, arts plastiques [en ligne], Disponible sur:https://perezartsplastiques.com/guerra-de-


la-paz-indradhanush-2008-mix-media-sculpture-with-assorted-clothing-120x240x96in-
304x609x244cm/,consulté le (08/09/2019).
(2)Margaux Cresci, Kaarina Kaikkonen étend son linge en public, vysual, septemebre 2015 [en ligne],
Disponible sur: <https://vysual.org/kaarina-kaikkonen-%C3%A9tend-son-linge-en-public-
21318e67f67f> Consulté le: (08/09/2019).

115
Annexe 4:

Les travaux d’autres créateurs de mode, qui ont focalisé sur:

 Le corps vêtu et l’interférence des genres:234

(1)
Figure 1: John Galliano, Collection Haute Couture pour
homme, saison Printemps- Eté 2019/2020, Paris.

, Le plus beau jour, collection L’Homme moderne, Prêt-


à-porter Homme automne-hiver 1996-1997
Source:Musée des beaux-arts de Montréal, disponible sur:
<https://www.facebook.com/mbamtl/photos/a.10150186277425235/10158
809621165235/?type=1&theater>, consulté le: (21/08/2019).

(2)
Figure 2: Hussein Chalayan, Collection prêt-à- porter
pour femme, saison Printemps-Eté 2018/2019, Londres.

(1)Dazed, Galliano’s latest Margiela show was a co-ed, high-tech vision of the future [en ligne],
disponible sur:https://www.dazeddigital.com/fashion/article/41566/1/maison-margiela-john-galliano-
mutiny-paris-fashion-week-Spring-Summer-2019, consulté le (07/09/2019).
(2)Le figaro, Défilé - Hussein Chalayan - Prêt-à-porter Automne-Hiver 2018-2019 [en ligne], disponible
sur:https://www.pinterest.com/pin/363806476128561593/?lp=true, consulté le (07/09/2019).

116

, Le plus beau jour, collection L’Homme moderne, Prêt-


 Le corps vêtu, objet de dévalorisation:
235

(1)

Figure 1: Martin Margiela, collection Haute Couture


pour femme, saison Automne-Hiver 2015/2016, Paris.

, Le plus beau jour, collection L’Homme moderne, Prêt-à-


porter Homme automne-hiver 1996-1997
Source:Musée des beaux-arts de Montréal, disponible sur: <
https://www.facebook.com/mbamtl/photos/a.10150186277425235/1015880962116
5235/?type=1&theater>, consulté le: (21/08/2019).

(2)
Figure 2: Moschino, collection prêt-à-porter pour
femme, saison Automne-Hiver 2017/2018, Milan.

(1)Magazine Elle, 24 mariées Haute-Couture [en ligne], disponible sur:


https://www.elle.fr/Mariage/Robe-de-mariee/20-mariees-haute-couture/Jean-Paul-Gaultier-mariee-
gypsy, consulté le (05/09/2019).
(2) Lauren Alexis Fisher, Moschino Sent Models Wearing Literal Trash Down The Runway, Magazine
Bazzar [en ligne], disponible sur: https://www.harpersbazaar.com/fashion/fashion-
week/news/a20882/moschino-trash-runway-fall-2017/, consulté le (07/09/2019).
117
La table des figures

FIG 1: Le clonage esthétique……...…………………………………………………….....31

FIG 2: L’Olympia ………………………..........……………………………………………..33

FIG 3: Le déjeuner sur l’herbe……………...………………………………………………34

FIG 4: Les demoiselles d’Avignon………………………………………………………….36

FIG 5: Mes vœux…………....…….……….....……………………………………..………37

FIG 6: Le Métafizyx…...….………………...……………………………………………..…39

FIG 7: Woman…...…….…………………...………………………………………………..40

FIG 8: Araignée du soir, espoir…………………………………………………………..…41

FIG 9: Anthropométries de l’époque bleue……………....………………………………..43

FIG 10: Série Klecksography……………...……………………………………...………..44

FIG 11: Colour of Reality ………...…………………………………………………………45

FIG 12: Deuxième bouche 7ème Surgery-Performance : Omniprésence…...….…….47

FIG 13: Azione Sentimentale……………………………………………………………..…49

FIG 14: Gravure égyptienne de la Danse……………...………………………………….54

FIG 15: Le coin des mauvaises graines……………...……………………………………65

FIG 16: Vestiaire poétique…………………………………………………………………..67

FIG 17: Houppette……………………………………………………………………………78

FIG 18: Le plus beau jour………………………………………………………...…………83

FIG 19: La viande de bœuf cru…………………………………………………...………..87

FIG 20: Parodie……………………………………………………………………...……….90

118
La table des schémas

Schéma 1 ::: Les fonctions du langage ………..………………………………….. 13

Schéma 2: : Le tableau représentant les types de la communication………..... 15

Schéma 3 ::: La classification de signes ………………….…………………....... 23

Schéma 4 :: La règle des 7%, 38%, 55%…………………………………………. 56

119
120
La table des matières

INTRODUCTION ………………………………………………………………….... 5

CHAPITRE I : LES CONCEPTS CLES : LE LANGAGE ET LE CORPS,


NOTIONS ET CARACTERISTIQUES …………………………………………….. 8
I. La notion du langage ………………………………………………………..….. 8
1. Le langage d’un point de vue linguistique ………………………………….. 8
2. Le langage auprès des philosophes ……………………………………….... 10
3. Les fonctions du langage …………………………………………………….. 12
3.1. Selon le modèle de Jakobson ……………………………………………... 12
3.2. Le langage, moyen de communication ………………………………….. 14
4. Les caractéristiques du langage …………………………………………….. 16
4.1 Le langage, un système de signes social …………………………………. 16
4.2. La sémiologie étant la science du langage ………………………………. 18
4.2.1. Le signe et ses classifications …………………………………………… 20
a. Les signes arbitraires …………………………………………………………. 21
b. Les signes artificiels …………………………………………………………... 22
II..Le corps en question …………………………………………………………... 24
1. Le corps dans sa définition linguistique …………………………………….. 24
2. Le corps dans sa définition philosophique……………………………… …. 25
3. Le corps dans la sociologie ………………………………………………….. 28
3.1..Le corps un produit et un producteur social………………………...…….. 28
3.2..Le corps dans l’ère post moderne ………………………………………… 30
4. Le corps au regard de l’art ………………………………………..………….. 32
4.1. Le corps dans l’œuvre ………………………………………………………. 32
4.2..La fragmentation du corps …………………………………………………. 35
4.3..Le corps stylisé ……………………………………………………………… 38
4.4..Le corps comme outil ……………………………………………………….. 41
4.5..Le corps comme une œuvre ……………………………………………….. 45

III..La synthèse ……………………………………………………………………….. 50

121
CHAPITRE II: LA MEDIATION LANGAGIERE, DU CORPS A LA MODE
VESTIMENTAIRE …………………………………………………………………… 52
I..La proximité entre le langage et le corps………………………………..…... 52
1. L’aperçu historique et les principales théories ……………………………... 53
2. La puissance du langage corporel …………………………………………... 57
II..La corrélation entre vêtement et corps ……………………………………... 60
1. Le vêtement, une extension du corps……………………………………….. 60
2. Le vêtement comme un corps absent ………………………………………. 63
3. Le vêtement un objet-signe ………………………………………………….. 67
III..Le corps vêtu auprès des créateurs de la mode …………………………. 73
1. Le corps, le vêtement, la mode et ses significations ……………………… 73
2. L’étude et analyse des corpus ………………………………….................... 76
2.1. Le vêtement et la glorification du corps …………………………………... 76
2.2. Le corps vêtu et l’interférence des genres ……………………………….. 81
2.3..Le corps vêtu, objet de dévalorisation ……………………………………. 86
IV..La synthèse……………………………………………………………………… 92
CONCLUSION ………………………………………………………………………. 94
LA LISTE DES REFERENCES…………………………………………………….. 96
I. LA BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………………. 96
II. LA NETOGHRAPHIE ………………………………………………………........ 100
LES ANNEXES………………………………………………………………………. 113
L’ANNEXE 1………………………………………………………………………….. 113
L’ANNEXE 2………………………………………………………………………….. 115
L’ANNEXE 3………………………………………………………………………….. 116
LA TABLE DES FIGURES…………………………………………………………. 118
LA TABLE DES SCHEMAS………………………………………………………... 119
L’INDEX……………………………………………………………………………….. 120

122
INDEX

A L

Alain Biancheri………………….……….p.32 Lady Gaga..................................p.87, p. 88


Alain Touraine ……………….………….p.46 Leibnitz................................................ p.18
Albert Mehrabian…….…………...p.55, p.56 M
Alexa Meade ………………….….p.44, p.45
Alexander McQueen………...…...p.89, p.90 Marcel Mauss…………..……….…….. .p.28
André Leroi-Gourhan……...……….......p. 62 Merleau-Ponty …………………..p.25, p. 60
Annette Messager……….….……p.36, p.37 Michel Blay……………………………. p. 25
Ariane Bilodeau…………….………..….p.91
Mickael Argyle………………………... p. 59
Aristote……………………...……..p.11, p.18
N
C
Nathalie Garçon…………..…..….……. p.86
Chantal Durpoix…………….………......p.25
Nicolas Bouvier …...............................p.32
D
O
David le Breton………………….... p.6, p.29
Démocrite……………...………………..p.10 Olivier Valsecchi........................ p.43, p.44
Dominique Veillon…………...…..p.73, p.75
Orlan ..................................p.46, p.47, p.50
E Otto Muehl ..........................................p. 46
P
Édouard Manet……………………p.33, p.34
Erwin Goffman ………………...….p.53, p.62 Pablo Picasso…........................p. 35, p.36
F Paco Rabanne………….………….……p.86
Perez……………..………...………..……p.70
Phet Cheng Suor ………….….....p.66, p.67
Ferdinand de Saussure..p.6, p17, p.9, p.52 Philippe Turchet ……….….……………p.56
Franc Fernandez………………..……….p.88 Pierre Bourdieu ……….……..………….p.59
G Platon…………………........p.11, p.18, p.26
R
Gina Pane……...................p.47, p.49, p.50
Gregory Bateson..................................p.55 Roland Barthes........p.17, p.52, p. 69, p.70
p. 71, p.73, p.74
I
Roman Jakobson........................p.12, p.13
Isabelle Tournoud............p.64, p. 65, p. 66 S
Isabelle Paresys……………….……….p.85
J Salvador Dali .............................p.40, p. 41
Souhir Abdelmoula..............................p.85

Janine Beaudichon…………….……....p.14 W
Jean Baudrillard …………………p.68, p.92
Jean Dubuffet…………….………...……p.38 Willem de Kooning...........p.38, p. 39, p. 40
Jean Wirth………………………………..p.33 William James......................................p.60
Jean-Paul Gaultier………...p.81, p.82, p.84 Wittgenstein........................................p. 12
p. 85, p.88. Y
Jean-Paul Sartre…………………...…...p. 11
John Bulwer……...................................p.54 Yves Klein………………….p.41, p.42, p.43
Yves Saint-Laurent………...…………...p.75
K Yves Stalloni……………...…..…p.61, p. 62

Kooning................................................p.40

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