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Pinaud Christian. Interconnexion des réseaux de téléphonie. Commutation et pratiques de communication. In: Cahier / Groupe
Réseaux, n°4, 1986. Interconnexion des réseaux. pp. 4-65;
doi : https://doi.org/10.3406/flux.1986.1760
https://www.persee.fr/doc/flux_1162-9630_1986_num_2_4_1760
TELEPHONIE
С PINAUD
Février 1986
-S-
ET PRATIQUES DE COMMUNICATION
INTRODUCTION
INFRASTRUCTURE ET TERRITOIRE 1
TELECOMMUNICATION ET TRANSGRESSIONS 2
Fraternité globale 17
Le signal téléporté
ou le songe d'une communication 18
Connexion et transport narcissique 20
.
LA COMMUTATION A BARRES CROISEES OU L'EMERGENCE 36
DES GRANDS RESEAUX
INFRASTRUCTURE ET TERRITOIRE
TELECOMMUNICATION ET TRANSGRESSIONS
(1) Oité par LIBOIS L.J. (1983), p. 314 et suivantes. Lire aussi
à ce sujet les pages 7 et suivantes de KLEIMPIELD S. The
Biggest Company on Earth, a profile of ATT (HOLT, RINEHART and
WINSTON, New York, 1981). L'emphase du soulignement nous
appartient.
(2) Cf. p. 32 et suivantes. STEHMAN J.W. The Financial history of
the American Telephone and Telegraph Company. Augustus M.
KELLEY Publishers, New York, 1967. 1ère édition en 1925.
II est clair que Th. VAIL fait de l'interconnexion
universelle un projet politique. Dans un premier temps (1985),
l'interconnexion servira les intérêts de la toute nouvelle entreprise qui se
donne "tout le reste du monde" comme champ d'action. Dans un second
temps, 1907, l'interconnexion profitera à l'usager. Le glissement
de l'objectif institutionnel vers le service à l'usager ne modifie
pas le dessein politique. Le service public couvre les activités
de l'entreprise. Et Th. YAIL résume ainsi sa doctrine : "One
policy, one system, universal service" (i).
(1) Entre autres, car un réseau est bien autre chose que les
éléments que nous avons explicités, notamment l'organisation
humaine et réglementaire permettant sa mise en oeuvre.
А Л-
Guidage à l'infini
(i) Nous reprenons ainsi une expression chère aux gens du transport*
Four réaliser cette augmentation de la capacité de
transmission, il faut mettre au point un guide plus performant que la
paire de fils ordinaires. C'est le câble coaxial. Celui-ci est
constitué d'un fil plein entouré d'un tube métallique qui lui est
concentrique et qui en est séparé par quelques millimètres de
diélectrique. Les courants électriques circulent sur la face
interne du tube et à la surface du fil plein. Un phénomène
d ' autoblindage réduit l'affaiblissement de façon considérable,
tout particulièrement aux très hautes fréquences. Tout se passe
comme si les signaux s'enfermaient eux-mêmes dans un espace
restreint favorable à la multiplication des circuits par
augmentation des fréquences ( 1 ) . Mais les câbles coaxiaux ne sont pas
les seuls guides d'ondes. Depuis fort longtemps, les physiciens
travaillent sur les guides à conducteur parfait (2) et utilisent
des ondes toujours plus courtes. Aujourd'hui, les guides (3) en
milieu fermé sont constitués par les fibres optiques où circulent
des ondes lumineuses, aux fréquences extrêmement élevées. En milieu
ouvert, les faisceaux hertziens se comportent aussi comme des
guides d'ondes. Celles-ci sont émises vers des directions très
précises, à de très hautes fréquences et supportent, elles aussi,
jusqu'à plusieurs milliers de communications. On les appelle
parfois les artères hertziennes.
Imperceptible
PUISSANCE ET CONNEXION
Fraternité globale
aux quatre coins du pays (territoire national !), les familles ont
des difficultés à maintenir leurs liens. La complexité croissante
des activités professionnelles suscite la quête d'informations
toujours plus spécialisées. Devant cette atomisation des lieux de
1 • affectivité et de l1 exercice professionnel, mass-media et télé-
communicatiora sont devenus les nouveaux outils de la cohésion
sociale. Les media sont le lien entre 1* individu et "la Grande
Voix" du groupe (i). Le réseau de télécommunication relie les
hommes comme le dit le slogan publicitaire, mais il les réunit
aussi. Il est la trace d'une communauté et le moyen de son
expression : "L'équipement ne trouve sa logique que par la
solidarité physiquement réalisée entre les éléments desservis
(et avec l'extérieur du système)" (2).
•
Nous ne reviendrons pas sur ces points dans notre seconde partie.
Autant nous avons essayé de démontrer que la téléphonie,
indifférente à l'espace et aux frontières, s'appuyait sur trois
projections imaginaires différentes, correspondant à trois
acteurs, investissant chacun un terrain bien particulier par
rapport au réseau, autant nous tenterons de démontrer dans cette
seconde partie que l'évolution d'une technique spécifique de la
télécommunication rend parfaitement compte de la progression des
réseaux sur l'espace» Cette technique est la commutation.
Le cordon de communication
Pas à pas
Chcfchrui
pnmure Chcicheui
«conduit 7 Abonné
n°
demandé
7584 :
o— Illustration Sélecteur
non autorisée à la diffusion
£ Sélecteur Sélecteur v
DFMANDEUR de milliers de centaines de dizaines • **
Sélecteur
d'unités
Le rayon de la communication
(1) C'est R.J. CBAPUIS (1982, op. cit.) qui évoque cette possibilité,
p. 360* Notre hypothèse est différente. En télégraphie, il
existait un commutateur de lignes manuel, à barres croisées* Son
nom était le commutateur suisse* A l'intersection des lignes,
il suffisait d'enclencher un pivot métallique pour que le
contact soit établi entre les deux barres* Faute de documents
sur la genèse des idées de BETULANDER, le débat reste sans
verdict.
Croisées de barres et matrices de connexion
1
ч ч ч
Lignes
entrantes ■а ч
Point de connexion
11 12 Lignes
Q 13ouvert
sortantes
M 1Ь ф16 fermé
(0 R. CHAPUIS (1982, op. cit.) insiste (p. 360 ) pour que soit
reconnue à BETULANDER la valeur de cette innovation. CHAPUIS
écrit que les trois idées à la base de la commutation
crossbar sont la sélection par matrice de connexion, la mise
en place de celle-ci par l'usage de relais électromagnétiques
et l'écoulement-concentration du trafic grâce aux étages de
matrices reliés par des mailles.
•M-
(1) C'est celui sur lequel nous avons fonctionné jusqu'à présent.
En octobre 1985, ce plan sera modifié. L'indicatif régional
sera intégré au numéro de l'abonné et le pays sera redécoupé
en cinq grandes zones. On augmente ainsi la capacité de
numérotage. La croissance téléphonique des années 70 et le
développement des services télématiques ont fini par saturer
le plan de 1955.
-5'0-
ПППП.П.ПП
MIC
1 BOOOp
'
Oe seconde Ten-ps
1
La position temporelle
(1) No
Nous reviendrons sur ce point plus loin.
(2) A. Guingamp et Paimpol. Pour tout ce qui concerne la passionnante
histoire de la commutation temporelle, se reporter à L.J. LIBOIS
(1983, op. cit.).
Le principe de la commutation temporelle revient à combiner
successivement deux types d'opération :
i
des logiciels de commande localisés sur les lieux mêmes de leur
application, et des logiciels d'exploitation et de maintenance,
centralisés dans un calculateur universel. A 1» avenir, la
distinction entre un réseau de circuits de paroles et un réseau de
canaux sémaphoriques sera insuffisante. Un troisième réseau se
spécialisera dans la circulation et le traitement des données
d'exploitation et de maintenance.
.
.
On voit que la commutation électronique temporelle entraîne
toute une série de restructurations* La numérisation des signaux
oblige à une définition toujours plus précise des fonctions des
signaux. On peut alors distinguer autant de réseaux que de fonctions
de signaux, le principal de ces réseaux restant, bien sûr, celui de
communication des abonnés. Mais, là aussi, l'intégration numérique
de la transmission et de la commutation apporte des modifications
importantes.
-го-
CONCLUSION
- réseaux d'ordinateurs ;
- accès à des bases de données ou banques d'images avec
possibilité de commentaires sonores ;
- transmission de documents graphiques sous toutes leurs
formes (télécopie, télé-écriture, télé-dessin, transmission
d'images) ;
- traitement de textes ;
- transfert de fonds et transactions commerciales ;
Bien que, dans cette liste, nous ayons des éléments qui
relèvent encore d'une vision des services empruntant aux réseaux
et aux terminaux, elle est suffisamment élaborée pour faire
apparaître la tendance essentielle d'une nouvelle définition des
services de télécommunication. Le réseau support et le terminal
approprié a un service particulier comptent désormais beaucoup
moins que la situation de communication développée par l'usager*
Quels seront les interlocuteurs ? Quels messages désirent-ils
échanger ? On comprend que la combinaison des caractéristiques
descriptives de la situation vont servir à définir le service de
communication que l'usager voudra utiliser. Parmi celles-ci, le
mode sémio tique, le nombre, la localisation et la nature de
l'interlocuteur (2) seront déterminants. L'idée générale qui
1) Homme
ROCH A.ou (1983),
machine p.! 6.
il!
sous tend la conception des nouveaux services des réseaux
numériques , veut qu'un petit nombre, peut-être un seul, des réseaux
supports pourraient servir à définir un grand nombre de services
de communication.