Vous êtes sur la page 1sur 6

PCSI DEVOIR de MATHÉMATIQUES n◦ 6 pour le 24/02

EXERCICE :
1. Soient a un réel, n un entier naturel non nul. Résoudre, dans C, l’équation (d’inconnue z) :
(z + 1)n = e2ina .
Factoriser, dans C[X], le polynôme P = (X + 1)n − e2ina .
2. En déduire des expressions simples pour les produits
n−1   n−1
Y kπ Y kπ
Pn (a) = sin a + et Qn = sin .
n n
k=0 k=1

PROBLÈME 1 : Le but du problème est de montrer que le nombre π est irrationnel.


Soit n ∈ IN, soit P ∈ IR[X] un polynôme de degré 2n. On considère les applications F et G
suivantes, définies sur IR :
n
X
F : x 7→ F (x) = P (x) − P 00 (x) + P (4) (x) − · · · + (−1)n P (2n) (x) = (−1)k P (2k) (x) ;
k=0
0
G : x 7→ G(x) = F (x) sin x − F (x) cos x .
Z π
0
1. Calculer G (x). En déduire que P (x) sin x dx = F (0) + F (π).
0
a
On suppose désormais que π est un nombre rationnel, et on écrit π = avec a et b entiers
b
naturels non nuls. Dans tout ce qui suit, le polynôme P est donné par
1 n
P (X) = X (a − bX)n .
n!
2. Montrer que P (j) (0) = 0 pour tout j ∈ [[0, n − 1]]. Calculer P (j) (0) pour tout j ∈ [[n, 2n]].
En déduire que F (0) est un entier relatif.
3. Montrer que ∀x ∈ IR P (π − x) = P (x). En déduire que F (π) est un entier relatif.
Z π
∗ 1 n
Pour tout n ∈ IN , on pose In = x (a − bx)n sin x dx.
0 n!
4. Montrer que, pour tout n ∈ IN∗ , In est un entier strictement positif.
5. Montrer que lim In = 0. Conclure.
n→+∞

PROBLÈME 2 :
Pour tout entier naturel n, on note fn la fonction définie sur IR par
Z 2π
1
∀x ∈ IR fn (x) = (sin t)n ex sin t dt .
2π 0
1. Montrer que, pour tous réels x0 et x, et pour tout t ∈ [0, 2π], on a
x sin t (x − x0 )2 |x|+|x |
e − ex0 sin t − (x − x0 ) (sin t) ex0 sin t ≤ e 0
.
2
(pour t fixé, on considérera la fonction u : x 7→ u(x) = ex sin t ).

2. En déduire une majoration de l’expression f0 (x) − f0 (x0 ) − (x − x0 ) f1 (x0 ) valable quels
que soient les réels x0 et x. En déduire enfin que la fonction f0 est dérivable sur IR, quelle
est sa dérivée ?
3. En procédant comme à la question 2., montrer que, pour tout entier naturel n, la fonction fn
est dérivable sur IR et admet pour dérivée fn+1 .
4. Pour tout x ∈ IR, démontrer les relations
Z π2 Z π
2 2 2
f0 (x) = ch(x sin t) dt ; f1 (x) = sin t · sh(x sin t) dt .
π 0 π 0
5. De la question 4., déduire des informations sur la parité des fonctions f0 et f1 , étudier le signe
de f1 et les variations de f0 .
Z π2
2 2 x
6. Pour x ∈ IR∗+ , démontrer f0 (x) ≥ ch(x sin t) dt ≥ ch . Qu’en déduit-on pour les
π π6 3 2
branches infinies de la courbe représentative de f0 ?
7. Par une intégration par parties, trouver une relation entre fn+2 (0) et fn (0). Donner alors
l’expression de fn (0) en discutant selon la parité de l’entier n.
8. Montrer que f0 admet un développement limité à tout ordre au voisinage de zéro, expliciter
son développement limité à l’ordre 4.

***************************************************

CORRIGÉ

***************************************************

EXERCICE : Où l’on calcule des produits de sinus


 
2i a+ kπ
n 2i a+ kπ
n
n 2ina n 2ia n
1. On a (z+1) = e ⇐⇒ (z+1) = (e ) ⇐⇒ z+1 = e ⇐⇒ z = e −1
avec 0 ≤ k ≤ n − 1. On peut transformer un peu l’expression des nombres (appelons-les zk )
obtenus ci-dessus :
   
i a+ kπ
n i a+ kπ
n −i a+ kπ
n i a+ kπ
n
 kπ 
zk = e e −e =2ie sin a + .
n
On en déduit la factorisation, dans C[X], du polynôme P (c’est un polynôme normalisé de
degré n dont les racines sont les zk , 0 ≤ k ≤ n − 1 : on voit facilement que ce sont n racines
distinctes) :
n−1

Y i a+ kπ

n 2ina n
 kπ 
P = (X + 1) − e = X −2ie sin a + .
n
k=0

2. Évaluons l’identité ci-dessus en zéro (ce qui revient en fait à exploiter le produit des racines
du polynôme P ) :
n−1

Y i a+ kπ

2ina n
 kπ 
P (0) = 1 − e = −2ie sin a + ,
n
k=0

soit
 n−1
Y i kπ

n
−2i eina sin na = (−2i eia )n e Pn (a) .
k=0
n−1 π
Pn−1 n(n−1)
Y i kπ
n
in k π
in 2 iπ n−1
2
 iπ
2
n−1
Or, e = e k=0
= e = e = e = in−1 . Nous obtenons
k=0
donc
−2i eina sin na = (−1)n 2n in eina in−1 Pn (a) .
Avec un peu de vitamine et en tenant compte de i2n = (i2 )n = (−1)n , on trouve finalement
sin na
Pn (a) = n−1 .
2
n−1
Y  kπ 
Posons ensuite, pour tout réel a, Qn (a) = sin a+ . Alors la fonction a 7→ Qn (a) est
n
k=1
continue sur IR (comme produit de n − 1 fonctions continues sur IR) et Pn (a) = sin a Qn (a)
Pn (a) sin na
pour tout a ; donc pour tout réel a non multiple de π, on a Qn (a) = = n−1 .
sin a 2 sin a
La continuité de la fonction Qn en zéro permet d’écrire que
sin na n
Qn = Qn (0) = lim Qn (a) = lim n−1 = n−1 .
a→0 a→0 2 sin a 2

PROBLÈME 1 : Où il est démontré que π est irrationnel


1. G0 (x) = F 00 (x) + F (x) sin x. Or, en ajoutant F (x) et F 00 (x), les termes se télescopent et il


reste
G0 (x) = P (x) + (−1)n P (2n+2) (x) sin x = P (x) sin x


puisque la dérivée (2n + 2)-ième du polynôme P (de degré 2n) est nulle. Donc
Z π Z π
P (x) sin x dx = G0 (x) dx = G(π) − G(0) = F (0) + F (π) .
0 0

2. Le polynôme P admet le nombre 0 pour racine d’ordre n (il est divisible par X n ), donc les
dérivées du polynôme P jusqu’à l’ordre n − 1 sont nulles en zéro : P (j) (0) = 0 pour tout
j ∈ [[0, n − 1]].
Pour tout entier naturel j, notons cj le coefficient de X j dans le polynôme P ; on sait que
P (j) (0)
cj = mais, par ailleurs, en développant par la formule du binôme, on a
j!
n 2n
1 n X k n−k k
X Cnj−n 2n−j
P (X) = X Cn a (−bX) = a (−b)j−n X j
n! j=n
n!
k=0

1 j−n 2n−j
et, pour j ∈ [[n, 2n]], le coefficient de X j est donc cj = C a (−b)j−n , d’où
n! n
j! j−n 2n−j j!
P (j) (0) = C a (−b)j−n . Comme j ≥ n, est un entier et P (j) (0) est un entier
n! n n!
relatif.
Pour j > 2n, on a bien sûr P (j) (0) = 0.
On vient de prouver que P (j) (0) est un entier relatif pour tout j ∈ IN. De la définition de
F (x), il résulte alors immédiatement que F (0) est un entier relatif.
Xn n  a n bn
3. On a P (X) = b −X = X n (π − X)n . Ainsi écrit, la symétrie
n! b n!
P (π −X) = P (X) apparaı̂t clairement. En dérivant la relation P (π −x) = P (x), on obtient
−P 0 (π − x) = P 0 (x) puis, pour toute dérivée d’ordre pair, P (2k) (π − x) = P (2k) (x). En par-
ticulier, P (2k) (π) = P (2k) (0) pour tout entier naturel k, d’où il résulte que F (π) = F (0).
Z π
4. On a In = P (x) sin x dx = F (0) + F (π) d’après la question 1., donc In est un entier
0
relatif. D’autre part, la fonction x 7→ P (x) sin x est continue, positive (voir l’expression de
P (x) donnée à la question 3.) et non identiquement nulle sur [0, π], son intégrale sur cet
intervalle est donc strictement positive, d’où In > 0 : In ∈ IN∗ .
bn π n
Z
5. Reprenons l’expression In = x (π−x)n sin xdx. Sur l’intervalle [0, π], on a 0 ≤ xn ≤ π n
n! 0
π 2n+1 bn (π 2 b)n
et 0 ≤ (π − x)n ≤ π n , d’où une majoration de l’intégrale : 0 ≤ In ≤ =π .
n! n!
xn
Or, on sait que, pour tout réel x, lim = 0 (croissance comparée des suites géométriques
n→+∞ n!
et factorielle), donc lim In = 0. Cependant, une suite d’entiers naturels non nuls est
n→+∞
minorée par 1 et ne peut donc converger vers 0 : il y a donc une contradiction, ce qui
montre que l’hypothèse “π est rationnel” est fausse.

PROBLÈME 2 : Où l’on étudie une intégrale dépendant d’un paramètre


1. Fixons t ∈ [0, 2π]. On applique l’inégalité de Taylor-Lagrange à l’application u : x 7→ ex sin t :
2
u(x) − u(x0 ) − (x − x0 ) u0 (x0 ) ≤ M2 (x − x0 ) ,

2
où M2 est le maximum de |u00 | sur l’intervalle [x0 , x] (si x ≥ x0 ) ou [x, x0 ] (sinon). Comme
u00 (y) = (sin t)2 u(y) = (sin t)2 ey sin t , donc 0 ≤ u00 (y) ≤ ey sin t ≤ e|y sin t| ≤ e|y| par
croissance de la fonction exponentielle. Si y appartient à l’intervalle [x0 , x] ou [x, x0 ], alors
|y| ≤ max{|x0 |, |x|} ≤ |x| + |x0 |, d’où M2 ≤ e|x|+|x0 | , ce qui achève la démonstration.
2. On en déduit
1 2π x sin t
Z

|f0 (x) − f0 (x0 ) − (x − x0 ) f1 (x0 )| = e − ex0 sin t − (x − x0 ) (sin t) ex0 sin t dt
2π 0

Z 2π
1 x sin t
− ex0 sin t − (x − x0 ) (sin t) ex0 sin t dt

≤ e
2π 0
Z 2π
1 (x − x0 )2 |x|+|x0 | (x − x0 )2 |x|+|x0 |
≤ e dt = e .
2π 0 2 2
2
(x − x0 ) |x|+|x0 |
Le majorant e étant négligeable devant x − x0 lorsque x tend vers x0 , on
2
peut écrire, lorsque x tend vers x0 : f0 (x) = f0 (x0 ) + (x − x0 ) f1 (x0 ) + o(x − x0 ), donc la
fonction f0 admet un développement limité à l’ordre un au voisinage de x0 , elle est donc
dérivable au point x0 avec f00 (x0 ) = f1 (x0 ). Ceci étant valable quel que soit le réel x0 , la
fonction f0 est dérivable sur IR et f00 = f1 .
3. On reprend l’inégalité de la question 1. que l’on multiplie par |(sin t)n |. Comme |(sin t)n | ≤ 1,
on obtient
(x − x )2
0
(sin t)n ex sin t − (sin t)n ex0 sin t − (x − x0 ) (sin t)n+1 ex0 sin t ≤ e|x|+|x0 | .

2
En intégrant cette inégalité sur le segment [0, 2π] comme à la question 2., il vient
2
fn (x) − fn (x0 ) − (x − x0 ) fn+1 (x0 ) ≤ (x − x0 ) e|x|+|x0 | ,

2
d’où l’on déduit de la même façon que la fonction fn est dérivable au point x0 avec
fn0 (x0 ) = fn+1 (x0 ).
(n)
On a ainsi prouvé que la fonction f0 est de classe C ∞ sur IR avec f0 = fn pour tout entier
naturel n.
4. Pour l’expression de f0 (x), on utilise d’abord la 2π-périodicité de la fonction t 7→ ex sin t , puis
la relation de Chasles :
Z 2π Z π
1  0 x sin t
Z Z π
1 x sin t 1 x sin t

f0 (x) = e dt = e dt = e dt + ex sin t dt .
2π 0 2π −π 2π −π 0

On pose ensuite t = −u dans la première intégrale :


1  π −x sin t
Z π Z π x sin t Z π
+ e−x sin t
Z  1 e 1
f0 (x) = e dt + ex sin t dt = dt = ch(x sin t) dt .
2π 0 0 π 0 2 π 0
π
On exploite enfin la symétrie par rapport à la valeur : si on pose g(t) = ch(x sin t), on
2
constate que g(π − t) = g(t), donc (on pose t = π − u dans la deuxième intégrale)
Z π Z π2 Z π Z π2 Z π2

g(t) dt = g(t) dt + g(t) dt = g(u) + g(π − u) du = 2 g(u) du .
π
0 0 2 0 0
Z π2
2
On obtient bien f0 (x) = ch(x sin t) dt.
π 0
De la même façon, en utilisant la 2π-périodicité de la fonction t 7→ (sin t) ex sin t , on obtient
d’abord Z 2π Z π
1 1
f1 (x) = (sin t) ex sin t dt = sin t · sh(x sin t) dt .
2π 0 π 0
La fonction h : t 7→ sin t · sh(x sin t) vérifie aussi h(π − t) = h(t), ce qui permet de terminer
le calcul de la même façon.
5. Des expressions obtenues ci-dessus, on déduith immédiatement que f0 est paire et f1 est impaire,
πi
que f1 est positive sur IR+ (on intègre sur 0, une fonction à valeurs positives) et négative
2
sur IR− , donc f0 est décroissante sur IR− et croissante sur IR+ .
6. La première inégalité est immédiate puisque l’expression ch(x sin t) est toujours positive.
hπ πi 1 x
Pour t ∈ , , on a ≤ sin t ≤ 1 d’où x sin t ≥ puisqu’on a supposé x positif, enfin
6 2 2 2
x
ch(x sin t) ≥ ch car la fonction ch est croissante sur IR+ . En intégrant cette dernière
2
2 π π x 2 x f0 (x)
inégalité, on a f0 (x) ≥ − ch = ch . On en déduit que lim = +∞, ce
π 2 6 2 3 2 x→+∞ x
qui entraı̂ne en particulier que lim f0 (x) = +∞ et montre que la courbe représentative
x→+∞
de f0 admet une branche parabolique de direction Oy lorsque x tend vers +∞. On a bien
sûr la même situation lorsque x tend vers −∞ puisque la fonction f0 est paire.
7. Posons In = fn (0). Alors
Z 2π i2π n + 1 Z 2π
1 1 h
In+2 = (sin t)n+2 dt = − cos t (sin t)n+1 + (cos t)2 (sin t)n dt ,
2π 0 2π 0 2π 0

donc, en utilisant cos2 t = 1 − sin2 t,


Z 2π h
n+1 i n+1
In+2 = (sin t)n − (sin t)n+2 dt = (n + 1)(In − In+2 ) , soit In+2 = In .
2π 0 n+2
1 1×3
• Partant de I0 = 1, on obtient les termes d’indices pairs : I2 = , I4 = , · · ·,
2 2×4
1 × 3 × · · · × (2p − 1) (2p)! (2p)!
I2p = = 2 = 2p .
2 × 4 × · · · × (2p) 2 × 4 × · · · × (2p) 2 (p!)2

• Partant de I1 = 0, on obtient bien sûr I2p+1 = 0 pour tout p entier naturel.


8. La fonction f0 est de classe C ∞ (question 3.), donc admet un développement limité à tout
ordre au voisinage de zéro. De plus, f (k) (0) = fk (0) = Ik pour tout entier k, le DL2n (0) de
f0 est donc
2n n n
X Ik k X I2p 2p X x2p
f0 (x) = x + o(x2n ) = x + o(x2n ) = 2p (p!)2
+ o(x2n ) .
k! p=0
(2p)! p=0
2
k=0

1 2 1 4
Pour n = 4, on obtient f0 (x) = 1 + x + x + o(x4 ).
4 64

Vous aimerez peut-être aussi