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C. EMONET
Les retraitements diffèrent suivant l’approche bilancielle utilisée. Selon les objectifs
poursuivis par l’analyste financier, il privilégie la notion de liquidité/solvabilité, de performance ou
de rentabilité/risque. Le but de ces retraitements est de dépasser l’approche juridique qui prévaut
lors de l’établissement des documents comptables en France et de traduire la réalité économique
de l’entreprise.
Le principe de classement consiste à distinguer les éléments d’actif en fonction de leur liquidité (du
moins liquide au plus liquide) et les éléments de passif en fonction de leur exigibilité (du moins
exigible au plus exigible). L’exigibilité correspond à la capacité de l’entreprise à respecter les dates
d’échéance de règlement de ses dettes.
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L’approche patrimoniale permet de calculer l’actif net comptable (ou patrimoine net) qui est égal
aux actifs (classés par liquidité croissante) moins les dettes (classées par exigibilité croissante).
c) Le bilan économique a lui pour objectif l’analyse des rentabilités et des risques de l’entreprise.
Selon cette approche, un investissement mobilise une ressource. Et cette ressource est rémunérée
par le revenu dégagé par l’investissement. Il met par conséquent en vis à vis les investissements qui
dégagent le résultat économique de l’entreprise et les ressources qui se partagent ce revenu. A l’actif
sont présentés les capitaux employés qui doivent être égaux aux capitaux investis au passif, soit la
structure financière de l’entreprise.
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Une autre vision de l’approche économique du bilan consiste à considérer l’actif et le passif comme
deux portefeuilles gérés indépendamment :
1) L’actif économique dégageant le revenu économique et soumis au risque économique lié
au métier de l’entreprise et à ses marchés.
2) Le portefeuille des ressources exigeant leur maximisation et soumis au risque financier
(endettement).
Il n’y a pas de lecture horizontale du bilan. La notion de fonds de roulement (financement de l’actif
long par des passifs longs) disparaît, mais le BFR est très présent. Ce bilan révèle la structure
financière de l’entreprise. Il met en avant le célèbre couple rentabilité / risque et non la sécurité de
la trésorerie.
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2. Les retraitements en comptes sociaux
Les retraitements diffèrent selon l’approche du bilan utilisée par les analystes financiers.
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Les actifs fictifs sont des non valeurs, c'est-à-dire des éléments de l’actif qui n’ont pas de valeur de revente sur
un marché.
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• Reclassement
o Les provisions, les immobilisations, l’actif circulant, les charges et produit constatés
d’avance, et les dettes sont à reclasser en fonction du critère à plus ou moins d’un
an.
o Les comptes courants d’associés sont à reclasser en capitaux propres pour la partie
bloquée du compte.
o Le capital souscrit non appelé est reclassé en actif à court terme.
o Le résultat net est partagé entre les postes de réserves (autofinancement) et de dettes
à court terme (dividendes).
o Les intérêts courus sont assimilés à des dettes à moins d’un an.
o Concernant les écarts de conversion actif, la part de la perte de change latente non
couverte est éliminée de l’actif et des capitaux propres.
o Les écarts de conversion passif correspondant aux gains de change sont ajoutés aux
capitaux propres.
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• Les reclassements à effectuer sont les suivants :
o Immobilisations: emplois durables à retenir en valeur brute
o Amortissements et provisions pour dépréciation (charges non décaissées donc
ressources de financement): éliminer de l’actif et ajouter aux ressources propres
o Intérêts courus non échus sur emprunts et prêts: à rattacher aux emplois et dettes
circulants hors exploitation
o Stocks: emplois d’exploitation
o Créances clients et avances sur commandes: emplois d’exploitation
o Autres créances: à classer en exploitation si relatifs à l’exploitation ou hors
exploitation sinon
o Capital souscrit appelé non versé: trésorerie active
o VMP: trésorerie active
o Charges constatées d’avance: à reclasser selon leur nature en emplois circulants
d’exploitation ou hors exploitation
o Charges à répartir sur plusieurs exercices: ajouter aux emplois stables et à retenir en
valeur brute
o Emprunts auprès des établissements de crédit = ressources stables
o Dettes fournisseurs et avances sur commandes = ressources circulantes
d’exploitation
o Dettes fiscales et sociales = ressources circulantes d’exploitation
o Dettes sur immobilisations = ressources circulantes hors exploitation
o Capitaux propres = ressources stables
o Comptes courants d’associés = ressources stables s’ils sont bloqués ou CBC
o Provisions pour risques et charges = capitaux propres + dette circulante (impôt
latent) si non justifiées ou dette circulante si justifiées
o Autres dettes = selon leur nature à classer en ressources circulantes d’exploitation
ou hors exploitation
o Produits constatés d’avance: à reclasser selon leur nature à classer en ressources
circulantes d’exploitation ou hors exploitation
o Concours bancaires courants : à retrancher des dettes financières et à ajouter à la
trésorerie passive
o Écarts de conversion: à éliminer afin de ramener créances et dettes à leur valeur
initiale
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L’approche économique a pour objectif de mesurer les rentabilités et les niveaux de
risque associés à l’entreprise. Pour cela, il va falloir retraiter différents postes du bilan. La liste des
différents retraitements à pratiquer pour obtenir un bilan économique est la suivante :
• Immobilisations :
o En valeurs nettes
o Suppression des actifs fictifs
o Suppression du capital souscrit non appelé
o Retirer de l’actif économique et des capitaux propres les actions auto-détenues
o Réintégrer le crédit bail
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• BFR = stocks + créances de l’actif circulant (dont les charges constatées d’avance) – dettes
non financières (dont les produits constatés d’avance)
• Trésorerie = disponibilités + VMP
• Capitaux propres :
o Après répartition du résultat de l’exercice (rattacher aux dettes circulantes la part du
bénéfice distribuée sous forme de dividendes)
o Suppression des actifs fictifs
o Diminuer de la valeur des actions de la société qui sont détenues par elle-même
(auto-détenues) ou par certaines de ses filiales (autocontrôlées)
• Dettes financières :
o Transfert des intérêts courus des dettes financières vers les dettes circulantes
o Comptes courants d’associés
▪ Dette financière si blocage ou stabilité dans le temps
▪ Sinon CBC
• Provisions pour risques et charges :
o Si non justifiées : en CP et en dette circulante (impôt latent)
o Si justifiées : dettes circulantes.
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− Les actifs biologiques : plantes et animaux vivants détenus par le groupe.
− Les actifs et passifs destinés à être cédés ou abandonnés: actifs et passifs des filiales sur le
point d’être cédés ou abandonnés.
− Les impôts différés : dettes ou créances d’impôt liées à des décalages dans le temps entre la
constatation comptable de certains produits ou charges et leur prise en compte dans le
résultat imposable.
La structuration du bilan est différente et est effectuée en distinguant les éléments courants
(se transforment en trésorerie dans les 12 mois) des éléments non courants (normes IFRS).
De plus certains éléments d’actifs comme les immeubles de placement, les actifs
biologiques et certains actifs financiers sont directement comptabilisés en valeurs de marché et non
plus à leur valeur historique (c'est-à-dire leur coût d’achat).
Plusieurs divergences existent entre les règles de consolidation françaises (CRC 99-02) et
internationales IFRS. Les acquisitions d’entreprises sont traitées en norme IFRS à leur juste valeur
avec la présence d’écart d’acquisition. Selon les normes françaises, il est possible de le faire en valeur
comptable donc sans faire apparaître d’écart d’acquisition. Le crédit bail est réintégré au bilan selon
les normes IFRS tandis que selon les normes françaises, son apparition au bilan est préférer mais
non obligatoire. Concernant les engagements de retraites, en IFRS est comptabilisé au passif
l’engagement non couvert sous la forme d’une provision, en CRC il y a possibilité de ne pas
comptabiliser de provision ou de ne la faire figurer que pour un montant partiel.
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Les capitaux employés correspondent aux actifs liés à l’exploitation (immobilisations
d’exploitation, besoin en fonds de roulement et trésorerie et aux actifs hors exploitation.
Les capitaux investis regroupent les capitaux propres, les minoritaires ainsi que les dettes
financières qui incluent en plus des emprunts les provisions pour retraite et le crédit bail s’il n’a pas
déjà été retraité.
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Points de discussion :
1. L’endettement est brut et non net comme on peut le voir dans certains ouvrages (Vernimmen) :
la trésorerie de l’actif n’est pas déduite des dettes financières. Le faire reviendrait à sous-évaluer le
niveau d’endettement de l’entreprise et à surévaluer le coût de la dette.
2. Le Good Will doit-il être retenu pour son montant brut ou son montant net ? Cela peut modifier
fortement l’estimation de la rentabilité d’une société en gonflant artificiellement l’actif économique
et en baissant le résultat (dotation aux amortissements). Les normes IFRS retienne le GW pour son
montant net.
3. Selon les normes de consolidation françaises, il est possible de ne pas réintégrer le crédit. Selon
les normes IFRS, c’est impossible.
La solution IFRS est préférée car le crédit bail est un mode de gestion et de financement pour
l’entreprise !
Impacts de son intégration : hausse de l’actif économique donc baisse des rentabilités et hausse du
taux d’endettement.
5. Les impôts différés proviennent de la différence entre les valeurs comptables et les valeurs
fiscales des actifs et des passifs. En matière de consolidation, les impôts sur les résultats regroupent
tous les impôts assis sur le résultat qu’ils soient exigibles ou différés. L’analyste financier doit
vérifier si ces impôts sont récupérables ou non et les conséquences qu’ils pourront avoir dans le
futur :
- si non, les impôts différés sont assimilés à des actifs fictifs ou des non valeurs ;
- si oui, il faut les classer en dette hors exploitation.
6. La règle française classe les frais de recherche en charges et les frais de développement en actif.
Selon les normes IFRS, c’est l’inverse. Quant aux normes américaines les frais de recherche et de
de développement sont des charges tous les 2. L’analyste financier doit homogénéiser tout cela
pour avoir une base comparable.
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