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Cours Tunnels

Chapitre I

1. Introduction
Dès le début de l’humanité, l’homme n’a fait qu’utiliser les facilités que la nature avait mises
à sa disposition. Car l’origine des premiers ouvrages souterrains est bien la nature : les grottes
et les cavernes sont le résultat d’actions naturelles. Mais certains impératifs ont amené
l’homme à s’installer dans ces cavités naturelles, notamment pour éviter les rigueurs du climat
et les agressions

La construction des tunnels est l'une des premières activités d'ingénierie qui ait laissé des
traces importantes sur l’histoire récente de la civilisation humaine.

Aujourd'hui, cette branche du génie civil est en pleine expansion, soutenue par une série
d'innovations technologiques et par les soucis écologiques dont témoignent les politiques de
transport et d'urbanisme. Les civilisations modernes ont élargi le génie des souterrains afin de
répondre aux besoins croissants de communication, de transport (marchandise, eau), mais
aussi pour assurer le stockage de matières dangereuses (pétrole, gaz), pour décongestionner la
surface des villes (parkings souterrains) ou pour loger des unités de production
d’énergie(centrales enterrées).

1. Définitions
Dans le langage courant, le mot tunnel désigne un ouvrage linéaire souterrain ouvert à la
circulation, le plus souvent ferroviaire ou routière.

Le mot galerie est employé de préférence pour les ouvrages hydrauliques (adductions d'eau,
égouts), pour des ouvrages de petite section (galeries de reconnaissance), d'accès ou de
service (passages de câbles).

Un ouvrage souterrain utilisé seulement par les piétons sera un passage souterrain.

On désigne par ouvrages souterrains des espaces fermés situés sous la surface du sol. Ils
peuvent avoir été construits soit en souterrains, soit à l'air libre puis recouverts de remblais
(tranchées couvertes). Leur utilisation est très diverse : usines électriques, parcs à voitures,
entrepôts, abris à usages multiples, stockage de fluides ou de déchets radioactifs, etc.

Les puits sont des excavations profondes, verticales, relativement étroites.

Un tunnel est une galerie souterraine livrant passage à une voie de communication (chemin
de fer, canal, route, chemin piétonnier). Sont apparentés aux tunnels par leur mode de
construction les grands ouvrages hydrauliques souterrains, tels que les aqueducs et collecteurs

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destinés soit à l'amenée, soit à l'évacuation des eaux des grands centres et certaines conduites
établies en liaison avec les barrages et usines hydro-électriques

--UN TUNNEL peut être utilisé pour permettre le passage de personnes (piétons, cyclistes,
trafic routier, trafic ferroviaire, canal)...

D'autres tunnels avaient fonction d‘aqueduc, construits uniquement pour transporter de l'eau :
destinée à la consommation, à l'acheminement des eaux usées ou à l'alimentation de barrages
hydroélectriques alors que d'autres encore sont creusés pour acheminer des câbles de
télécommunication, de l'électricité, des hydrocarbures etc.

– AUSCULTATION : instrumentation et mesure de grandeurs physiques permettant de


comprendre et de maîtriser d’une part le comportement de l’ouvrage, d’autre part son
incidence sur l’environnement (terrain, tunnel, ouvrages voisins).

--ABATTAGE : Opération de défonçage et de désagrégation de la roche, provoquant sa


chute au pied de la paroi attaquée où les déblais sont repris par les engins de marinage.

--ATTAQUE : Toute méthode mise en œuvre pour réaliser l’abattage

– BLINDAGE : enfilage de plaques métalliques ou de planches en bois entre les cintres de


soutènement. Le blindage sert souvent de coffrage perdu lorsqu’il est accompagné d’un
remplissage béton, il a également un rôle structurel de maintien.

– BOUCLIER : système de protection et de soutènement d’un tunnelier constitué le plus


souvent d’un tube métallique épais à peu près du diamètre de la section excavée.

--CAQUOIDE: Forme particulière de section de tunnel inventée par Albert Caquot et utilisée
dans la plupart des grands tunnels actuels

– CALOTTE : partie supérieure d’un tunnel dans une excavation par demi-sections (section
supérieure).

-– CINTRE : profilé métallique normalisé (IPE, HEA, HEB...) cintré selon la géométrie du
tunnel et qui sert à soutenir le terrain.

-– DECONFINEMENT : réorganisation des contraintes autour du tunnel, de part et d’autre


du front de taille. On dit que le terrain est entièrement déconfiné lorsqu’il a atteint son
équilibre final.

-– DECOUSU : zone de terrain proche du front de taille non soutenue.

-– EXHAURE : évacuation des eaux qui s’infiltrent naturellement dans le tunnel ou qui sont
utilisées pour les besoins du chantier.

– FRONT DE TAILLE : zone où l’excavation se réalise, fin provisoire du tunnel en


creusement. Le front de taille est une surface plane dont le contour forme le profil du tunnel.

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-– INJECTION : terme générique désignant les techniques de substitution et de comblement


des vides dans les terrains par un coulis durcissant. Les injections ont deux utilités :
augmenter la résistance et/ou étancher.

-– PAS D’AVANCEMENT : longueur de terrain excavée en une seule phase.

-- TIR : Opération consistant à mettre à feu l'explosif

--PLAN DE TIR : plan du front de taille où figurent les trous de forage

--MARINAGE : évacuation des marins issus de l’excavation.

-- MARINS : déblais formés par l’excavation d’un pas d’avancement.

--RAMEAU : galerie reliant deux ouvrages souterrains.

-- STABILISATION (des sols): Application de toute technique de soutènement ou autre,


visant à améliorer la nature et les capacités du terrain.

-- STROSS : Parois latérales de la galerie à excaver pour installer les piédroits. De façon plus
étendue, désigne aujourd’hui la moitié inférieure de la section à creuser, entre les piédroits.

-- TUNNELIER : machine pleine section destinée à réaliser des tunnels, pouvant aller du
creusement à la pose du revêtement final. On parle aussi de TBM (Tunnel Boring Machine).

-- VOLEE : pas d’avancement d’un tunnel creusé à l’explosif. La volée correspond à la


longueur de forage des trous pour les explosifs.

-- VOUSSOIR : écaille de béton armé préfabriquée. Plusieurs voussoirs forment un anneau,


et plusieurs anneaux forment le revêtement de certains tunnels.

--VOUTE : En termes de techniques de creusement, désigne diverses formes de soutènements


temporaires :

-- PRE-VOUTE : Voûte de protection réalisée par l’injection de béton dans une saignée
pratiquée sur la couronne du front de taille.

-- VOUTE PARAPLUIE : S’utilise comme protection dans les terrains particulièrement


friables. On pose un cintre métallique au-dessus duquel des trous parallèles, horizontaux ou
légèrement inclinés, pouvant atteindre 25 m de profondeur, sont creusés sur la couronne du
front de taille. On y glisse ensuite des tubes métalliques dans lesquels on coule du béton.

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Description d’un tunnel


La figure ci après présente les termes couramment associés à l’excavation d’un puits ou
d’un tunnel. Le terrain se déforme à deux endroits : au front de taille on parle d’extrusion et
en parois on parle de convergence

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1. Introduction
Pour ce qui concerne le Génie Civil, l'opération de conception d'un tunnel prend en compte
trois types de contraintes qui sont liés respectivement :
• à la partie fonctionnelle retenue,
• à l'environnement de l'ouvrage,
• au terrain encaissant.
Ces facteurs interviennent en priorité dans la définition du profil en travers de l'ouvrage et
dans le choix des procédés de construction.
Rappelons d'autre part que le tracé et le profil en long de l'ouvrage sont eux-mêmes définis
en tenant compte des contraintes liées à l'environnement et au terrain.

a) Partie fonctionnelle
Les conditions d'utilisation du tunnel en service déterminent le volume utile nécessaire :
• à la circulation des véhicules, tel que défini dans le document "Géométrie",
• aux différents équipements assurant l'éclairage et la sécurité,
• à la ventilation,
• aux conduites transitant par l'ouvrage (caniveaux d'évacuation d'eau, égouts, câbles,
etc...).

b) Environnement
Les contraintes liées à l'environnement concernent essentiellement :
 la sensibilité aux déformations et vibrations des ouvrages, constructions, sites naturels
à proximité des travaux de creusement ;
 la présence de nappe aquifère (niveau à maintenir et qualité des eaux à conserver).

c) Terrain
La connaissance de la réaction du terrain au creusement est bien sûr fondamentale. En
particulier les problèmes et les solutions sont de nature très différente selon que l'on a
affaire à:
• des massifs rocheux globalement stables où le soutènement n'intervient que pour
s'opposer à d'éventuelles chutes de blocs,
• des terrains dans lesquels le front de taille est stable mais qui nécessitent un soutènement
proche du front,

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• des terrains dans lesquels le front de taille est instable ou bien dans lesquels il faut
parfaitement maîtriser les mouvements pour respecter des contraintes de tassement en
surface.

2.Classifications
1) Classification par rapport à leur objet:
 Les tunnels de communication :
 les tunnels ferroviaires,
 les tunnels routiers,
 les tunnels de navigation ;

 Les tunnels de transport :


 adductions d’eau,
 galeries hydrauliques,
 Egouts,
 galeries de canalisations ;

 Les tunnels et cavités de stockage :


 garages et parkings,
 stockages liquides ou gazeux,
 dépôts.

2) Classification par rapport à leur mode d’exécution :


 Les tunnels ou cavités construits à ciel ouvert ;
 Les tunnels construits en souterrain à faible ou forte profondeur;
 Les tunnels construits par éléments immergés.
 Tunnel construit à ciel ouvert

Pour ce qui concerne le Génie Civil, l'opération de conception d'un tunnel prend en compte
trois types de contraintes qui sont liés respectivement :
• à la partie fonctionnelle retenue,
• à l'environnement de l'ouvrage,
• au terrain encaissant.

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Ces facteurs interviennent en priorité dans la définition du profil en travers de l'ouvrage et


dans le choix des procédés de construction.
Par ailleurs, le tracé et le profil en long de l'ouvrage sont eux-mêmes définis en tenant
compte des contraintes liées à l'environnement et au terrain.

3. Choix de la section
La définition géométrique du profil en travers excavé résulte de la recherche de la forme
optimale permettant de satisfaire les exigences relatives :
• aux dispositions constructives induites par le respect de la partie fonctionnelle ;
• aux conditions de stabilité imposées par la qualité géotechnique du terrain encaissant ;
dans un terrain très déformable ou soumis à des contraintes importantes, il sera recherché
la forme la plus circulaire possible ; alors que dans un terrain où l'excavation au rocher est
autostable, il pourra être adopté un profil en travers en voûte surbaissée à plusieurs rayons ;

• au procédé d'exécution : l'emploi d'un tunnelier implique un profil circulaire alors que
dans le cas de tranchées couvertes réalisées depuis la surface, le profil en travers est
quasiment toujours rectangulaire.
Les variations longitudinales de lithologie et de qualité mécanique des matériaux
encaissants peuvent conduire à des changements de méthode ou de section d'excavation
(ou des deux en même temps) au cours de l'avancement. Pour des raisons d'économie et
d'esthétique, il convient d'adopter un profil, le plus uniforme possible, tout au long de
l'ouvrage.

4. Choix du procédé de construction


Le choix résulte d'un compromis entre les exigences :
 du terrain encaissant,
 du site et de l'environnement,
 de la géométrie,
 du procédé de construction lui-même.
Le processus de raisonnement doit aboutir à une appréciation du bilan économique
d'ensemble de l'investissement (y compris accès, expropriations, bilan de l'usager, etc...).
Selon la complexité du projet étudié, on aboutit à 2 ou 3 variantes techniques possibles.
L'étude de ces 2 ou 3 procédés de construction, doivent assurer le mieux possible :

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• la sécurité de l'ouvrage, pendant et après sa construction;


• une uniformité de méthode sur toute la longueur de l'ouvrage (tout changement
nécessitera l'amenée de nouveaux matériels qui seront plus longs et coûteux);
• la souplesse d'emploi (pouvoir s'adapter aux difficultés imprévisibles);
• la limitation des nuisances engendrées sur l'environnement en site urbain notamment.
Lors de la consultation des entreprises et du choix définitif, vont intervenir de nouveaux
critères liés à la conjoncture, à la technicité propre des entreprises, à l'économie du projet,
etc...

5.Techniques de construction de tunnels


Il existe plusieurs méthodes pour creuser un tunnel. On distingue deux grandes tendances :
 – Le creusement conventionnel (ou traditionnel) ;
 – Le creusement au tunnelier
Les techniques dites « traditionnelles » ou « conventionnelles » en travaux souterrains :
principe Tâches élémentaires se succédant selon un enchaînement cyclique:
A- Cinématique au front
1) excavation: abattage mécanique (pelle, fraise), explosif
2) marinage: traction thermique, traction électrique, par convoyeur à bande
3) soutènement: cintres métalliques, béton projeté, boulons radiaux
4) compléments: amélioration du terrain, pré-soutènement

B- Cinématique à l’arrière du front


1) étanchéité: géomembrane
2) revêtement: béton coulé en place

Entre le moment où la première pelletée enlevée modifie l'équilibre d'une masse de terrain
en place et celui où le revêtement achevé offre toute sa résistance, il est nécessaire, pour la
sécurité des équipes au travail et pour le maintien aux dimensions données de l'excavation,
de s'opposer par un dispositif approprié aux poussées plus ou moins intenses qui tendent à
la fermeture de la cavité créée. On y parvient ordinairement par des systèmes d'étais
reposant sur le sol des galeries, soit par un système d’ancrage par boulonnage ou de cintres
provisoires. Après achèvement, le soutènement d’un tunnel est constitué soit de ces

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ancrages associés ou non à du béton projeté, soit d’anneaux de béton ou métalliques qui
constituent ainsi une coque.
Toute construction dépend du lieu où elle va être réalisée. Pour les tunnels, il faut donc
prendre en compte diverses données, comme le type de sol, la stabilité de celui-ci, la
profondeur à laquelle on souhaite arriver, etc. C’est ainsi que les techniques de
construction doivent tenir compte de l’hydrologie et la géologie du sol.

Creusement des souterrains


Le choix d’une méthode de creusement est fonction du type de soutènement provisoire ou
même du revêtement définitif, il est conditionné surtout par les caractéristiques
géotechniques et hydrogéologiques du massif traversé.
Nous distinguerons trois catégories de travaux, à savoir, le creusement, le soutènement
provisoire des parois et le revêtement définitif.
Les tunnels peuvent être creusés dans différents types de matériaux, depuis l'argile
jusqu'aux roches les plus dures, et les techniques d'excavation dépendent de la nature du
terrain.
Ces méthodes de creusements sont basées sur deux critères :
1. Critères techniques
•Le type de terrain
•La géométrie de l’ouvrage
•La réglementation
2. Critères économiques
•La longueur de l’ouvrage
•Le délai
•Le coût

Comparaison entre les méthodes de creusement conventionnelles ou le tunnelier :


Avantages Conventionnelle/ Tunnelier:
 Emploi de matériels standards et réutilisable indépendamment de la section du Tunnel;
 Adaptable au Terrain
 Possibilité d’intervention au front
Inconvénients:
 Généralement moins rapide
 Plus exposé (chutes de blocs)
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 Plus pénible pour le personnel


 Plus nuisant (bruits, vibrations)

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A. Stabilité des ouvrages souterrains


1. Introduction
Les efforts supportés par le soutènement et/ou le revêtement d’un tunnel dépendent à la
fois :
— de l’état de contraintes préexistant dans le massif avant le creusement de l’ouvrage;
— du comportement mécanique de ce massif ;
— de l’action de l’eau dans le massif ;
— des phases successives et du calendrier de l’exécution;
— de la raideur du soutènement ou du revêtement.
Pour procéder au « calcul » d’un ouvrage souterrain on devrait quantifier, pour un
ouvrage déterminé, les paramètres qui définissent l’ensemble de ces phénomènes et à en
déduire, grâce à un modèle mathématique capable de les intégrer tous, le
fonctionnement réel de l’ouvrage, donc, par approches successives, son
dimensionnement optimal.
Il faut savoir qu’aucun type de calcul n’est applicable dans tous les cas, et qu’aucun
n’apporte une réponse rigoureuse. L’interprétation et l’expérience demeurent
indispensables.

2. Méthodes de calcul
Il existe plusieurs méthodes de calcul :
a) La méthode de Terzaghi
Calcul du soutènement à partir d’une hauteur de terrain décomprimée (cloche) au-
dessus de la voûte

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Les dimensions de la cloche sont en fonction des caractéristiques du terrain.


Avec pour les milieux rocheux
Hp = Hauteur de la surcharge de terrain au-dessus de la voûte
B = Largeur de l’ouverture de l’ouvrage
Ht = Hauteur de la galerie
K = coefficient variable suivant la nature du terrain

b) Méthode des actions et des réactions (ou des réactions hyperstatiques)


Dans ces méthodes, on étudie le comportement du revêtement sous l’action de charges
extérieures. On distingue des charges dites « actives », qui sont indépendantes de l’état
de déformation du revêtement (poids des terrains, charges et surcharges intérieures et
extérieures, etc…), et des charges dites « passives », qui sont des réactions
hyperstatiques du terrain dépendant de sa déformation. Puis, on détermine ces réactions
hyperstatiques en écrivant que les déformations du terrain auxquelles elles
correspondent sont égales aux déformations du revêtement sous l’effet de l’ensemble
des charges actives et passives.

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c) Méthode du solide composite

Dans ce type de méthodes, on utilise un modèle mathématique dans lequel le terrain et


le revêtement de l’ouvrage sont considérés comme ensemble un solide composite,
avec des comportements mécaniques différents.

d) Méthode convergence-confinement

La méthode convergence-confinement privilégie l’aspect tridimensionnel des


déformations du terrain. Elle prend notamment le contre-pied de la méthode des
réactions hyperstatiques en étudiant non pas le comportement du soutènement sous
l’action de charges représentatives du terrain, mais le comportement du terrain sous
l’action d’une pression intérieure fictive, dite pression de confinement, qui schématise
l’action du revêtement (ou du soutènement)

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e) Méthodes empiriques

Des méthodes empiriques existent, elles sont basées sur les résultats obtenus sur un
nombre important de chantiers variés, elles permettent, en partant de paramètres
simples, de définir un soutènement en principe approprié.

Ces méthodes concernent généralement le soutènement provisoire.

B. Techniques de construction de tunnels


Entre le moment où la première pelletée enlevée modifie l'équilibre d'une masse de terrain en
place et celui où le revêtement achevé offre toute sa résistance, il est nécessaire, pour la sécurité
des équipes au travail et pour le maintien aux dimensions données de l'excavation, de s'opposer
par un dispositif approprié aux poussées plus ou moins intenses qui tendent à la fermeture de la
cavité créée. On y parvient ordinairement par des systèmes d'étais reposant sur le sol des
galeries, soit par un système d’ancrage par boulonnage ou de cintres provisoires. Après
achèvement, le soutènement d’un tunnel est constitué soit de ces ancrages associés ou non à du
béton projeté, soit d’anneaux de béton ou métalliques qui constituent ainsi une coque.
Toute construction dépend du lieu où elle va être réalisée. Pour les tunnels, il faut donc prendre
en compte diverses données, comme le type de sol, la stabilité de celui-ci, la profondeur à
laquelle on souhaite arriver, etc. C’est ainsi que les techniques de construction doivent tenir
compte de l’hydrologie et la géologie du sol.

Le choix d’une méthode de creusement est fonction du type de soutènement provisoire ou


même du revêtement définitif, il est conditionné surtout par les caractéristiques géotechniques
et hydrogéologiques du massif traversé.
Nous distinguerons trois catégories de travaux, à savoir, le creusement, le soutènement
provisoire des parois et le revêtement définitif.
Les tunnels peuvent être creusés dans différents types de matériaux, depuis l'argile jusqu'aux
roches les plus dures, et les techniques d'excavation dépendent de la nature du terrain.
Deux procédés permettent de construire sous terre : la tranchée généralement effectuée dans
des sites à faible couverture et le creusement à l'explosif ou à la machine ponctuelle employé en
sol profond.

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a) Techniques d’exécution à ciel ouvert.


Les procédés d'exécution varient suivant quatre critères :
• la place disponible en surface ;
• la nature du terrain ;
• le niveau de la nappe aquifère par rapport au chantier ;
• la proximité de construction à fondations précaires.
Avant l’exécution, il faut dévier les canalisations de toute nature situées à l'emplacement de
la future ligne.
 Tranchée ouverte ou Fouille talutée ouverte
C’est la solution la moins onéreuse. Elle consiste en l’excavation d’une tranchée dont les parois
sont soit des talus réglés suivant une pente dépendant des caractéristiques géotechniques du
terrain et telle que la stabilité soit assurée naturellement pendant les travaux.
Les mauvais terrains, schistes et argiles, nécessitent de prendre des dispositions particulières
adaptées à chaque site. Si les pentes de talus sont trop faibles, il faut remplacer les talus par des
parois verticales en prévoyant un soutènement.
Lorsque l’on applique cette méthode, l’entièreté de l’ouvrage est réalisée puis la tranchée est
recouverte.

 Tranchée couverte
Lorsque l'ouvrage est à construire dans une artère à grand trafic et qu'il importe donc de réduire
significativement les entraves à la circulation, il est préférable d’utiliser cette méthode.
Après avoir dévié les égouts, les câbles et les canalisations des services publics situés dans les
limites de l’ouvrage, on construit successivement les piédroits comme on le ferait en tranchée
ouverte. La dalle de toiture est réalisée à même le sol. Une fois la dalle terminée, on rétablit
définitivement la voirie et on effectue les terrassements à l'abri de la dalle, le radier étant
bétonné en dernier.
Les murs verticaux des parois de la fouille sont taillés verticalement. Plusieurs méthodes
peuvent être employées pour assurer la stabilité des parois.
Ce blindage est réalisé par :
• des murs en béton construits en fouilles blindés ;
• des parois moulées dans le sol ;
• des rideaux de palplanches métalliques, récupérables ou non ;
• des pieux sécants en béton ;
• des parois en éléments préfabriqués

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b) Techniques d’exécution des ouvrages profonds


Quatre principales méthodes d'exécution des tunnels peuvent être utilisées. Le choix est
fonction en particulier de la nature du terrain à creuser :
• méthode traditionnelle à l'explosif
• méthode par attaque ponctuelle
• méthode par pré découpage mécanique
• méthode de creusement au tunnelier

Différents types de profils d’excavation


Le choix du type de profil d’excavation est commandé par les dimensions de la section et par la
qualité du terrain. De ce fait, L'excavation peut se faire suivant différents modes d'attaque:
 Méthode à pleine section
 Méthode à demi-section
 Méthode à sections divisées

1) Méthode à pleine section


Cette méthode de creusement consiste à excaver la totalité de la section transversale du tunnel
en une seule phase. Elle est couramment utilisée pour la plupart des tunnels creusés dans des
roches de bonne ou d’assez bonne tenue, lorsque leur section n’est pas trop importante, pour
être couverte par un jumbo ou une machine à attaque ponctuelle.
La rapidité de cette méthode facilite l'organisation du chantier, car elle permet de séparer
nettement les équipes de creusement et celles du revêtement.

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2) Méthode à demi-section
Cette méthode consiste à creuser la section du front de taille en deux temps, en premier temps
la demi section supérieure du tunnel ( CALLOTE ), on la met en sécurité avec la pose d’un
soutènement provisoire (cintres et bétonnage) puis en deuxième temps, on creuse la moitié
inférieure (STROSS). Elle est conseillée pour les tunnels de grande dimension. Le revêtement
définitif est généralement mis en place après que l'excavation de la totalité de la section ait été
réalisée.

3) Méthode à sections divisées


Cette méthode est utilisée lorsque la section à excaver est importante, ou dans le cas d'un
mauvais terrain qui ne permet pas d'assurer la stabilité du front de taille avec une ouverture en
demi section.
Son application est longue et coûteuse. Elle ne se justifie que s’il n’est pas possible d’utiliser
une autre méthode.

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A. SOUTENEMENTS PROVISOIRES

1. Introduction
D’une façon générale, le principal danger qu’entraîne le creusement d’un tunnel est un
relâchement ou une relaxation des terrains le surmontant qui tendent à combler
l’excavation en cours. Ce phénomène dénommé décompression se manifeste par un
fléchissement des couches supérieures et des parois latérales. Ce phénomène peut
s’avérer dangereux pour le tunnel lui-même ainsi que pour le personnel qui y travaille.
Afin de palier aux problèmes causés par la décompression du terrain et assurer la
stabilité des parois d’excavation lors du creusement du tunnel, on a généralement
recours à l’utilisation d’un soutènement provisoire qui reprend les efforts dus à la
libération des contraintes dans le sol à court terme.

2. Classifications
Le soutènement provisoire est une structure qui permet d’assurer la stabilité des parois
d’une cavité souterraine pendant le temps qui s’écoule entre son creusement et la mise
en place éventuelle du revêtement définitif.
Si l’on classe les soutènements provisoires en fonction de leur mode d’action par
rapport au terrain, on peut en distinguer quatre catégories différentes :

— les soutènements agissant par confinement du terrain encaissant; ce sont


essentiellement :
• le béton projeté seul,
• le béton projeté associé à des cintres légers ;

— les soutènements agissant à la fois par confinement et comme armature du terrain


encaissant ; il s’agit du boulonnage sous diverses formes, qu’il soit ou non associé au
béton projeté, aux cintres légers ou aux deux dispositifs simultanément :
• boulons à ancrage ponctuel (à coquille ou à la résine),
• boulons à ancrage réparti (scellés à la résine ou au mortier),
• barres foncées ;

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— les soutènements agissant par supportage :


• cintres lourds,
• cintres légers,
• plaques métalliques assemblées,
• voussoirs en béton,
• tubes préforés (voûte parapluie),
• boucliers ;

— les soutènements agissant par consolidation du terrain et modification de ses


caractéristiques géotechniques ou hydrologiques:
• injections de consolidation,
• air comprimé,
• congélation.

3. Le béton projeté
Le béton projeté est un béton mis en œuvre à l’aide d’une lance, par projection sur une
paroi sous l’impulsion d’un jet d’air comprimé.
Il existe deux techniques de projection : par voie sèche ou par voie humide.
La différence entre les deux techniques est liée à la manière dont l’eau de gâchage du
béton est introduite (soit lors de la fabrication du béton, soit lors de l’application du béton).

Projection par voie sèche: le mélange sec (granulats, ciment et éventuellement accélérateurs
de prise et adjuvants) est fabriqué dans un malaxeur. Il est propulsé par de l’air comprimé le
long d’une tuyauterie vers la lance de projection. L’eau arrive, séparément à la lance, en
quantité nécessaire et réglable pour assurer l’humidification du mélange, juste au moment de la
projection sur la paroi.

Projection par voie humide: le mélange granulats-ciment -eau est malaxé dans une centrale
puis stocké dans une trémie. Il est ensuite pompé le long d’une tuyauterie jusqu’à la lance de
projection. La projection est assurée par de l’air comprimé, éventuellement associé à des
adjuvants liquides.

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Le béton projeté est utilisé en travaux neufs ou en réparation d’ouvrages anciens (réparations
locales, confortements d’ouvrages, renforcement de structures).

Les principaux modes de fonctionnement du béton projeté


Selon la nature du terrain et les caractéristiques géométriques de l’ouvrage, la technique du
béton projeté peut assurer trois principaux types de soutènement.

• Peau protectrice: dans le cas d’ouvrages réalisés dans des terrains suffisamment résistants, le
soutènement est constitué d’une faible épaisseur de béton projeté, mis en place à la surface de
l’excavation et pouvant être renforcé par un treillis soudé ou des fibres.
La peau protectrice a pour rôle de protéger les terrains en place contre une altération
superficielle en assurant le jointoiement des grains du sol.

• Peau résistante: le béton projeté permet un renforcement local du terrain, dans le cas
d’ouvrages réalisés dans des terrains peu résistants. Le béton s’oppose, dans ce cas, aux
ruptures et déplacements locaux éventuels. Le soutènement est constitué d’une peau de béton
projeté, associé à un treillis soudé, un boulonnage ou des cintres.

• Anneau de structure: le soutènement est constitué d’une coque épaisse en béton projeté. Cette
coque joue un rôle structurel, participe à la stabilité d’ensemble de l’excavation. Le béton
projeté est armé, fibré ou non armé

Les constituants du béton projeté


Le béton projeté est constitué d’un mélange:
• de ciment
• de granulats
• d’eau ;
• d’adjuvants: on utilise des adjuvants pour béton (super plastifiants) et des
accélérateurs de prise
• de fibres: les fibres utilisées sont essentiellement métalliques (parfois synthétiques).
• d’additions: des fumées de silice.

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4. Le renforcement du front de taille par boulonnage


On appelle boulonnage le renforcement du terrain encaissant au moyen de barres généralement
métalliques et de longueur comprise entre 1,50 et 5 m, placées à l’intérieur du terrain à partir de
la surface libre.
Avec cette technique, les boulons utilisés sont en fibre de verre. Ceux-ci se présentent sous
forme de tubes disposés autour d'un tube central servant à l'injection. Il s'agit de boulons passifs
scellés au terrain par un coulis de ciment.
La force résistante des boulons et le schéma de boulonnage doivent être adaptés à la nature du
terrain.

5. Les injections

Le procédé consiste à injecter, par des forages, des coulis appropriés qui, après durcissement et
polymérisation, consolident et étanchent le terrain

Il y a trois types de coulis utilisables suivant la perméabilité du terrain :

- les coulis à base de ciment, sables et argiles pour les terrains très perméables, tels que
les roches fissurées, les graviers et les gros sable ;

- les coulis à base de silicate de soude et réactif, appelé gel de silice, pour des terrains de
perméabilité moyenne ;

- les coulis à base de résine qui ont une viscosité initiale très faible et permettent
d'injecter des sables argiles des sables très fins et compacts.

6. Le jet grouting

On désigne par « jet grouting » un procédé de construction utilisant un jet de fluide à haute
énergie cinétique pour déstructurer un terrain et le mélanger avec un coulis liquide.

Le jet grouting fait appel, séparément ou en combinaison, à trois phénomènes physiques:

- déstructuration du terrain par un jet à très grande vitesse;

- extraction d'une partie du terrain jusqu'à la surface par les fluides de jetting ;

- incorporation d'un liant apporté par le coulis

Le procédé du jet grouting s'applique aux terrains difficilement injectables par les procédés
classiques.

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7. La voûte parapluie

La voûte parapluie est un structure de soutènement, obtenue par des tubes micro-pieux enfilés
en subhorizontal au contour de la section du tunnel à excaver. Des cintres métalliques
soutiendront ces micro-pieux au fur et à mesure de l'avancement du creusement.

Le procédé consiste en la mise en place, préalablement au creusement de l’ouvrage, d’une


prévoûte située immédiatement au contact de son extrados futur. Cette dernière, constituée de
tubes métalliques de forte tenue, a pour objectifs essentiels :

 d’assurer la stabilité de la travée en cours d’excavation (et même de remplacer le


soutènement provisoire) ;

 d’améliorer la stabilité du front par réduction des contraintes agissant en avant de celui-
ci ;

 De limiter les tassements

8. La congélation du terrain

La congélation des terrains aquifères instables est un procédé ancien, à caractère provisoire,
employé pour le creusement de fouilles, de puits ou de galeries. Elle rend le sol étanche et
résistant.

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B. SOUTENEMENTS DEFINITIFS

Le soutènement provisoire assure la stabilité des convergences mais sa fonction ne lui permet
pas d’assurer la stabilité des parois (stopper les convergences) à long terme.

Pour cela un revêtement définitif vient se poser au tour de l’excavation après le creusement. Le
revêtement matérialise le caractère définitif et durable de l’ouvrage vis-à-vis des exigences à
respecter pour que l’ouvrage soit stable et apte à l’usage auquel il est destiné.

1. Le rôle de soutènement joué par le revêtement

Lors de la construction du revêtement, le soutènement est assuré par le soutènement initial de


l’excavation réalisé au front. Le revêtement ne reprend aucun autre effort que son propre poids

En revanche, dans la vie de l’ouvrage, le revêtement va jouer un rôle de soutènement plus ou


moins important:

Il va prendre le relais du soutènement initial,

Il va reprendre des poussées de terrain augmentant avec le temps, lorsque le massif encaissant a
un comportement différé actif.

2. Les différents types de revêtement

On distingue deux principales techniques de réalisation des revêtements selon le procédé


d’excavation utilisé:

• Revêtement en béton coffré non armé.

• Revêtement en voussoirs préfabriqués en béton armé

Les revêtements des tunnels sont en général réalisés en béton non armé en section courante
mais peuvent être localement renforcé notamment au droit des niches de sécurité et au
croisement du tunnel principal et des ouvrages transversaux.

Le revêtement joue un rôle important dans l'étanchement de l'ouvrage :

- soit qu'il l'assure à lui seul (voussoirs préfabriqués avec joints par exemple),

- soit qu'il assure l'étanchéité de surface (béton coffré dont seuls les joints de reprise sont traités
en joints d'étanchéité),

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- soit qu'il joue le rôle de support pour une étanchéité d'intrados ou de soutien et de protection
pour une étanchéité d'extrados

L'étanchement et le revêtement sont souvent mis en œuvre après que l'excavation du tunnel ait
été réalisée.

La qualité de l'étanchement et du revêtement conditionne directement la qualité du service


rendu à l'usager, ce qui veut dire que leur conception et leur coût dépendent directement de la
qualité que l'on veut obtenir et donc de la classe de l'itinéraire et du volume de trafic.

Enfin étanchement et revêtement sont dans la plupart des cas dépendants l'un de l'autre, le
revêtement contribuant à l'étanchement de l'ouvrage.

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