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Introduction

L’article 1er de l’acte uniforme du 15 décembre 2010 définit le champ


d’application des dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial
général. À cet effet, le texte distingue d’un côté les personnes physiques et de
l’autre les personnes morales c’est-à-dire les groupements de personnes
auxquels s’appliquent les dispositions de l’acte uniforme. Il s’agit en effet de
personnes physiques appelées « commerçants » ou « entreprenants » ou bien
de personnes morales qui exercent une activité commerciale dans l’un des
États partis au traité relatif à l’harmonisation des droits des affaires (c’est-à-
dire l'OHADA). À côté de cette catégorie de personnes soumises aux
dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial général, il y a aussi
les sociétés commerciales dans lesquelles un État ou une personne de droit
public est associée et également tout groupement d’intérêt économique dont
l’établissement ou bien le siège social est situé sur le territoire de l'un des
États partis au traité.
L’article 1er cité ci-dessus définit certes son champ d’application et de cette
définition, il faut retenir essentiellement le caractère supranational des
dispositions de l’acte uniforme. En ce qui concerne les personnes soumises à
ces dispositions et également au lieu auquel ces dispositions sont appliquées.
Toutefois, il faut reconnaître que ce texte (l’article 1er) admet un
tempérament au principe de supranationalité des dispositions de l’acte
uniforme. Le tempérament consiste à dire que certes, le commerçant ou
l’entreprenant est soumis aux règles de l’acte uniforme portant droit
commercial général mais, il demeure régit également par les dispositions
commerciales nationales de son État d’origine qui demeure non contraire aux
dispositions de l’acte uniforme. Autrement dit, les lois nationales
commerciales de l’État parti où se situe le siège social de la personne morale
ou bien l’établissement de la personne physique commerçant et qui sont non
contraires aux dispositions de l’acte uniforme restent en vigueur. Il faut
rappeler qu’au moment de l’avènement de l’acte uniforme portant droit
commercial général, il avait été imparti un délai de 2 ans, délai qui comportait
des dispositions transitoires pour permettre aux commerçants personnes
physiques ou morales de se mettre en harmonie avec la nouvelle
réglementation communautaire en droit commercial général. Passé ce délai,
on pouvait obliger toute personne physique ou morale qui ne s’y était pas
conformé à se mettre à jour.
Il faut retenir de l’article 1er de l’acte uniforme ci-dessus qu’à côté des
dispositions de l’acte uniforme, il existe un ensemble de règles juridiques qui
s’applique de façon spéciale aux commerçants personnes physiques ou
morales, aux groupements d’intérêts économiques, aux entreprenants, aux
contrats commerciaux et aux opérations commerciales. Donc pour l’article
1er, c’est l’ensemble de ces règles qui constitue le droit commercial général.
On peut à présent considérer que de façon générale, le droit commercial
général, c’est l’ensemble des règles qui s’appliquent à l’activité des
commerçants ou des entreprenants. Cependant, il est important de faire
observer que toute l’activité des commerçants ou des entreprenants n’est pas
réglementée par les règles du droit commercial parce qu’en réalité, l’activité
des commerçants peut dans certains cas être réglementée par d’autres règles
(que le droit commercial). Autrement dit, il faut retenir que le droit
commercial s’applique à certains domaines, mais pas à tout ce qui est en
rapport avec l’activité du commerçant parce que dans la réalité, des règles du
droit commun (du droit civil) s’applique également à des activités du
commerçant. À titre d’exemple, le commerçant peut être propriétaire d’un
immeuble ou d’une machine dont il se sert pour son activité commerciale.
Aussi, si celui-ci doit justifier sa qualité de propriétaire de l’immeuble ou de la
machine qu’il exploite pour l’exercice de son activité commerciale va-t-il
recourir à l’application des règles de droit civil en droit de la propriété et
nullement aux règles du droit commercial. De même, lorsque dans l’exercice
de son activité commerciale, un commerçant cause un préjudice à autrui, peu
importe que la victime soit un commerçant ou un non commerçant. Ce sont
sans aucun doute les règles de droit civil en matière de responsabilité civile
qui vont s’appliquer, voire dans certains cas, les règles du droit pénal si un
délit en est résulté.
D’un point de vue pratique, on considère que le droit commercial s’étend à
toute activité économique, à l’exception des entreprises artisanales, des
exploitations agricoles, des professions libérales et des professions salariées.
Ceci dit, il faut admettre qu’il est difficile en réalité de délimiter le domaine
commercial parce que la frontière entre le droit commercial et le droit
commun n’est pas rigide en ce sens que la définition du droit commercial est
assez complexe puisqu’elle ne cesse de se modifier sous l’influence de
l’évolution économique qui fait apparaître de nouvelles activités prises en
compte par le droit commercial. L’explication étant que l’extension du droit
commercial est mieux adaptée à l’évolution économique que le droit civil.
Cette précision faite, il n’empêche que le droit commercial présente des
caractéristiques qu’il convient de noter :
- La fréquence et la rapidité des transactions commerciales : ceci signifie
que le droit commercial est orienté vers la mobilité des opérations
entre les personnes et les biens. À cet effet, dans le commerce, les
marchandises doivent circuler aussi vite que possible car dans le
commerce ou dans l’activité commerciale, le temps est précieux. Au
contraire, en droit civil, on a besoin de temps, de précaution pour
garantir les transactions ;
- Les procédures en matière commerciale doivent être rapides et moins
coûteuses : en conséquence, les litiges doivent être réglés avec rapidité
parce qu’il faut faciliter le crédit (sans crédit, pas d’activité
commerciale). En effet, les règles du droit commercial sont de nature à
faciliter l’octroi du crédit tandis qu’en droit civil, elles sont plutôt
lourdes ;
- Les règles du droit commercial ont pour finalité de mieux protéger le
créancier (parce que c’est la créance qui permet d’exercer l’activité
commerciale. Or, en droit civil, c’est le débiteur qui est mieux protégé) ;
Il reste à poser la question de savoir quelles sont les sources du droit
commercial ? À cette question, on répond qu’il existe 3 sources à savoir :
- Les dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial général
(l’acte uniforme en vigueur étant celui du 15 décembre 2010) ;
- Les sources classiques : ce sont les lois, les règlements et la
jurisprudence ;
- Les dispositions d’autres actes uniformes qui s’appliquent
également en droit commercial : par exemple, les dispositions
relatives au recouvrement des créances principales, de même les
dispositions issues des procédures collectives d’apurement du
passif.
Les actes uniformes constituent donc les sources essentielles des règles du
droit commercial général. Ceci dit, il ne reste qu’à donner quelques précisions
sur les sources classiques du droit commercial qui sont :
- Le droit civil : en tant que droit commun, régissant les relations
entre les particuliers, à ce titre, il s’applique aussi aux relations
commerciales. Par exemple, le droit civil comporte des règles
générales qui déterminent le statut des personnes et des biens. À
cet effet, ces règles s’appliquent en matière commerciale. En
conséquence, il faut comprendre que le droit commercial en tant
que règle spécifique applicable à la matière commerciale constitue
donc une dérogation aux règles du droit commun.
- Les usages : les usages sont des pratiques qui ont été adoptés par le
commerçant et qui, à force de répétition et de généralisation, sont
devenus des règles de droit. En effet, les usages occupent une place
importante en droit commercial et de façon générale en droit des
affaires. En ce qui concerne les usages, on distingue les usages de
droit des usages conventionnels encore appelés usages de fait. Les
usages de droit sont ceux qui présentent tous les caractères de la
règle de droit à savoir un caractère général, impersonnel, obligatoire
et soumis à des sanctions en cas de non-respect. Quant à l’usage
conventionnel, il est considéré comme une pratique ayant une
application limitée à un groupe de professionnels à une catégorie de
professionnels déterminée. On peut donner comme exemple
d’usage devenu une règle de droit en matière commerciale la règle
relative à la mise en demeure. La mise en demeure est définie
comme un acte par lequel un débiteur est sommé de payer sa dette.
Cette règle n’est pas en effet appliqué de la même façon en droit
civil qu’en droit commercial. Ainsi, en droit civil, la mise en demeure
se fait nécessairement par un acte d’huissier. Tandis qu’en droit
commercial, l’usage est que le créancier peut sommer son débiteur
de payer sa dette par tous les moyens notamment par appel
téléphonique, par message écrit etc…
- La jurisprudence : c’est l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions étatiques dans le domaine commercial. On considère en
effet que les juridictions ont un rôle dans l’élaboration du droit
parce que les juges ont pour mission d’interpréter et d’appliquer les
règles de droit.
C’est le lieu d’indiquer que l’acte uniforme du 15 décembre 2010 portant
droit commercial général est composé en réalité de plusieurs matières
notamment le statut du commerçant et de l'entreprenant, les règles relatives
au régime du commerce et de l’immatriculation. Mais toutes ces matières ne
sauraient être étudiées dans le cadre d’un cours magistral, aussi est-il
nécessaire de faire un choix parmi ces matières ? À cet effet, notre étude va
porter sur le commerçant en tant qu’acteur de l’activité commerciale.
Cependant, le commerçant, se définissant lui-même par rapport aux actes de
commerce qu’il accomplit dans l’exercice de son activité professionnelle, il
importe de définir donc les actes de commerce. Par ailleurs, il est utile
d’évoquer des obligations qui sont mis à la charge du commerçant dans
l’exercice de son activité professionnelle étant donné que certaines d’entre
elles sont considérées comme des conditions d’accès à la profession de
commerçant.
TITRE I : LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE
L’article 2 de l’acte uniforme portant droit commercial général du 15
décembre 2010 définit le commerçant comme la personne qui fait de
l’accomplissement des actes de commerce par nature sa profession. 2 idées
essentielles ressortent de cette définition à savoir la notion du commerçant
et la notion d’acte de commerce par nature.
Ce sont les articles 3 et 4 de l’acte uniforme portant droit commercial général
du 15 décembre 2010 qui définissent les actes de commerce que peut
accomplir un commerçant dans l’exercice de sa profession. L’article 3 est
relatif à l’acte de commerce par nature tandis que l’article 4 porte sur l’acte
de commerce par la forme. Cette distinction textuelle des actes de commerce
implique donc la nécessité d’étudier les 2 types d’actes de commerce. À titre
d’observation, il faut noter que ces 2 types d’actes de commerce mentionnés
par les articles 3 et 4 ci-dessus ne sont pas suffisants pour appréhender la
totalité des actes accomplis à titre commercial par le commerçant. Dès lors,
l’étude sur les actes de commerce suppose que l’on mentionne aussi les
critères définis par la doctrine et la jurisprudence et qui permettent de
désigner également d’autres actes considérés comme des actes commerciaux
en dehors de ceux indiqués par les articles 3 et 4.
Chapitre 1 : Les actes de commerce par nature et par la forme
Les actes de commerce par nature et par la forme prévus successivement par
les articles 3 et 4 sont certainement des actes qui caractérisent le
commerçant dans l’exercice de son activité professionnelle. Mais, au sens de
l’article 3, le commerçant est le professionnel qui accomplit des actes de
commerce ainsi définis. Dès lors, il faut se poser la question de savoir en quoi
consiste les actes de commerce par nature ?
Section 1 : Les actes de commerce par nature
Aux termes de l’article 3 de l’acte uniforme : « l’acte de commerce par nature
est celui par lequel, une personne s'entremet dans la circulation des biens
qu’elle produit ou acheté ou par lequel elle fournit des prestations de service
avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire ». Il ressort de cette définition
notamment la notion d'entremise qui repose sur l’idée selon laquelle l’acte
de commerce suppose un acte qui tient compte de ce qu’un bien ou un
service est censé connaître un circuit dans l’exercice de l’activité
commerciale. En effet, tout bien, qu’il soit produit ou acheté par le vendeur
ne va entrer dans l’activité commerciale que lorsqu’il va connaître un
parcours qui commence d’un point donné par exemple chez le producteur
pour aboutir à un autre point donné à savoir le consommateur. C’est en effet
l’illustration de la pratique selon laquelle un bien qui est produit sera vendu à
un intermédiaire qui à son tour va le revendre à un consommateur. C’est
donc le schéma selon lequel l’acte de commerce est l’acte par lequel un
produit va évoluer depuis la production jusqu’à la consommation. Ainsi est
donc caractérisé comme acte de commerce, l’acte intermédiaire n’est ni l’acte
de départ, ni l’acte d’arrivée.
L’article 3 de l’acte uniforme donne cependant une énumération des actes de
commerce par nature que l’on peut en regroupe en 2 catégories qui sont : les
actes de commerce à titre isolé et les autres actes de commerce.
Paragraphe 1 : Les actes de commerce à titre isolé
Sont considérés comme actes de commerce à titre isolé :
L’achat et la revente, les actes de commerce en raison de leur objet et qui
sont accomplis de manière isolée par exemple, l’achat et la revente de biens
meubles. Il y a de ce point de vue des marchandises dont l’achat et la revente
constituent par excellence un acte de commerce par nature accompli de
façon isolée. Il est bon de préciser que la catégorie des actes de commerce
par nature accomplis à titre isolé présente certains caractères qui sont les
suivants :
- L’existence préalable d’un achat avec l’intention de revendre : en
conséquence, tout bien vendu, sans qu’il y ait eu achat de celui-ci,
ne constitue pas un acte de commerce. Par exemple, la vente de
tubercules par le cultivateur n’est pas un acte de commerce. La
vente des œuvres d’art par l’artiste n’est pas un acte de commerce.
- L’intention de revendre doit nécessairement exister au moment de
l’achat : l’article 3 traduit cette idée en ces termes : « achat de biens
meubles et immeubles en vue de les revendre ».
Mais d’un point de vue pratique, il se pose le problème de la justification de
l’intention de revendre devant exister au moment de l’achat. Cette preuve
est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’un élément psychologique.
Pour résoudre cette difficulté de preuve de l’intention de revendre qui doit
exister à l’achat, la tendance des tribunaux est de se référer à des
circonstances c’est-à-dire à des éléments de faits. Ce sont donc les
circonstances qui entourent l’acte d’achat et de revente du bien concerné.
Ainsi pour qualifier par exemple un acte d’achat et de revente d’acte de
commerce, les tribunaux déduisent parfois l’intention de l’activité
professionnelle de l’acheteur. De ce fait, le tribunal saisi de litige va apprécier
le comportement de l’acheteur. Il va donc chercher à comprendre si la
personne a acheté le bien litigieux pour le revendre ou pour sa propre
consommation. A priori, un bien acheté pour la consommation ne saurait
impliquer un acte de commerce. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une personne
dont l’activité professionnelle consiste à acheter et à revendre des biens, le
juge va naturellement déduire de cette activité professionnelle l’intention de
revendre aussi va-t-il conclure que le bien acheté fait l’objet d’un acte de
commerce. Dans une autre hypothèse, le juge va par exemple tirer la preuve
de l’intention de revendre dans la quantité de biens achetés. Ainsi, en-cas de
litige, la décision du juge va reposer sur l’analyse de la quantité achetée.
Ainsi, si l’achat porte sur une petite quantité, le juge a tendance à déduire
qu’il s’agit d’un acte de nature civile (et non un acte de commerce). En
revanche, lorsqu’il s’agit d’un achat d’une importante quantité de biens, le
juge va en déduire qu’il y a intention de revendre. Aussi va-t-il considérer
qu’il s’agit d’un acte de commerce.
Selon l’article 3 de l’acte uniforme, il faut souligner que les biens qui font
l’objet d’un achat et d’une revente peuvent être soit des biens non
transformés par exemple l’achat et la revente de manioc ou encore des biens
déjà transformés voire semi-transformés par exemple l’achat et la revente de
chaussures, l’achat et la revente de l’ananas.
Pour l’article 3 de l’acte uniforme, il faut comprendre que l’intention de
revendre traduit une volonté de spéculation c’est-à-dire une volonté de
réaliser un profit. C’est pourquoi, lorsque dans certains achats, l’intention de
rechercher le profit n’existe pas, l’acte n’est pas considéré comme un acte de
commerce. Par exemple, les actes d’achat et de revente des biens par les
associations ou les coopératives ne sont nullement qualifiés d’actes de
commerce parce que l’on considère que l’idée de recherche de profit n’existe
pas dans ces cas. S’agissant des associations et des coopératives, il faut
considérer donc que les achats de biens transformés ou pas, destinés aux
membres de l’association de la coopérative ne sont pas qualifiés d’actes de
commerce (ils sont plutôt considérés comme des actes civils) parce que l’idée
qui sous-tend la revente aux membres n’est nullement une intention de profit
mais plutôt une intention d’entraide.
Il est important de retenir que les actes de commerce par nature isolée
concerne également les activités industrielles qui se caractérisent par un
achat de matières premières transformées en produits finis ou semi-finis puis
vendus (c’est l’exemple de manufactures). Mais, ces activités industrielles ne
sont pas considérées comme des actes de commerce :
- Les ventes portant sur les biens n’ayant pas fait l’objet d’un achat :
par exemple la vente des biens produits par l’agriculteur parce que
les produits agricoles ne font pas l’objet d’achat préalable (on
constate ici effectivement que le premier critère de l’acte de
commerce définit par l’achat et la revente n’existe pas ici c’est-à-
dire l’achat préalable ;
- Les activités intellectuelles, littéraires et artistiques : toutes ces
activités sont exclues de la catégorie des actes de commerce parce
que la vente de produits tirée de ces activités ne font pas l’objet
d’un achat préalable. Ainsi l’artiste qui vend ses œuvres n’accomplit
pas d’acte de commerce. Il faut retenir la solution générale selon
laquelle tous les produits qui émanent de l’intellect, de la science,
de l’art ne peuvent pas être considérés comme des actes de
commerce. Ainsi lorsqu’un enseignant vend son cours, il ne fait pas
d’acte de commerce car on considère qu’il vend son savoir. De
même pour le chirurgien qui dans une clinique accomplit des actes
de soins ne fait pas des actes de commerce mais des actes civils car
on considère qu’il vend sa science.
Au sens de l’article 3 de l’acte uniforme, il faut retenir que l’achat de bien en
vue de la revendre (considéré comme tel acte de commerce) conserve autant
les biens meubles que les biens immeubles. Cependant, les biens immeubles
qui n’ont pas fait l’objet d’un achat préalable et qui sont vendus sont
considérés comme des actes civils. Ainsi un promoteur immobilier qui vend
les immeubles qu’il a construit n’accomplit pas des actes de commerce.
À côté des actes de commerce par nature à titre isolé, il existe aussi des actes
de commerce qui sont accomplis dans le cadre d’une entreprise,
l’accomplissement de tels actes suppose donc une organisation tant humaine
que matérielle en vue d’exercer une activité. Par exemple, c’est le cas des
entreprises de manufactures qui repose sur une organisation humaine à
savoir le personnel de main d’œuvre et matériel, les machines. L’activité
étant de transformer la matière première en produit fini ou semi-fini en vue
de la vente. Ce dernier exemple nous montre qu’il peut donc exister d’autres
actes de commerce mais qui ne sont pas accomplis à titre isolé.
Paragraphe 2 : Les autres actes de commerce
L’article 3 de l’acte uniforme qui donne une énumération des actes de
commerce par nature a prévu d’autres types d’actes de commerce que ceux
évoqués ci-dessus. Ces actes de commerce consistent dans un ensemble
d’opérations qui sont mentionnées dans l’article 3 et qui sont considérés
comme tels des actes de commerce. Il s’agit en effet d’opérations suivantes :
les opérations de transport, les opérations de bourse, les opérations de
change, les opérations de banque, les opérations de courtage, les opérations
d’assurance, les opérations de vente d’immeubles, les opérations de
manufactures, les opérations de télécommunications, les opérations des
intermédiaires de commerce.
1 – Les opérations de banque
Les opérations de banque sont considérées comme des opérations de
commerce. Parmi ces opérations de banque, il y a les opérations de crédit, les
opérations de dépôt, les opérations de titre, les opérations relatives à
l’escompte, les effets de commerce. L’escompte est une opération par
laquelle une personne détentrice d’un titre par exemple un chèque ou une
lettre de change plutôt que d’attendre la date d’échéance pour se faire payer
le montant du titre va remettre le titre à une banque qui en devient
propriétaire et qui va remettre immédiatement au premier détenteur du titre
le montant du titre déduit des frais de l’opération. C’est cette opération qui
est appelée une escompte.
2 – Les opérations de transport
L’article 3, en mentionnant les opérations de transport qualifiées d’actes de
commerce, a vraisemblablement fait allusion aussi bien au transport de
personnes qu’au transport de biens. En conséquence, toute personne
physique ou morale dont l’activité consiste à déplacer des personnes ou des
marchandises d’un lieu à un autre moyennant rémunération accomplit donc
des actes de commerce au sens de l’article 3 de l’acte uniforme. Par exemple,
dans la ville d'Abidjan, les personnes qui utilisent régulièrement les véhicules
personnels pour transporter d’autres personnes notamment à l’occasion des
sorties de bureaux moyennant un prix accomplissent de ce fait un acte de
commerce. A fortiori, les propriétaires de « wôrô wôrô » dont l’activité est de
transporter les clients d’un quartier à un autre accomplit certainement des
actes de commerce.
3 – Les opérations d’assurance
L’opération d’assurance est l’opération par laquelle un assuré se fait
promettre moyennant paiement d’une prime une prestation en cas de
réalisation d’un risque. Dans cette opération, l’assureur est considéré comme
un intermédiaire en ce sens qu’il encaisse la prime de l’assuré et il prend le
risque à sa charge ou bien il répartit ce risque entre lui et le sinistré. Ainsi
l’assureur est une personne qui cherche à réaliser un profit sur les capitaux
qui passent par ses caisses.
4 – Les opérations des intermédiaires de commerce
Les intermédiaires de commerce sont : les commissaires, les agents
commerciaux et les courtiers.
- Les commissaires : ce sont des mandataires qui sont chargés
d’accomplir des opérations d’achat ou de vente de biens mais au
plan juridique, ils accomplissent ces opérations en leur nom propre
mais pour le compte d’un tiers appelé commettant. Le commissaire
accomplit des opérations d’intermédiaire moyennant rémunération
que l’on appelle commission et les commissions qu’il accomplit sont
donc qualifiées d’actes de commerce ;
- Le courtier : c’est un intermédiaire de commerce qui a pour
profession de mettre en rapport des personnes qui désirent nouer
des relations contractuelles dans le but soit de réaliser, soit de
faciliter une transaction. Il faut retenir qu’au plan juridique, le
courtier ne représente guère la personne qui l’a sollicité car il a
simplement pour mission de rapprocher les parties en vue de la
conclusion d’un contrat ;
- L’agent d’affaire : l’agent d’affaire est un intermédiaire de
commerce. C’est quelqu’un à qui on confie en général la gestion de
certaines affaires. Par exemple, il peut être sollicité pour gérer ou
administrer des biens d’autrui, de même il peut être sollicité pour
suivre un procès pour le compte d’une personne qui l’a sollicité.
Section 2 : Les actes de commerce par la forme
Sont qualifiés actes de commerce par la forme des actes prévus par les
dispositions de l’acte uniforme c’est-à-dire les articles 3 et 4 selon lequel les
actes mentionnés sont qualifiés actes de commerce par la forme quelque soit
leur but même s’ils sont accomplis par un non commerçant il demeure acte
de commerce par la forme dès lors qu’ils prennent la forme indiquée par les
dispositions de l’acte uniforme (c’est-à-dire les articles 4 et 5. 2 types d’actes
de commerce par la forme ont été retenus. Ce sont :
- Les actes de commerce par la forme prévus par l’article 4 de l’acte
uniforme portant droit commercial général ;
- Les actes de commerce prévus par les articles 4 et 5 de l’acte
uniforme portant droit des sociétés commerciales
Paragraphe 1 : Les actes de commerce par la forme prévus par l’article 4 de
l’acte uniforme portant droit commercial général
Au terme de l’article 4 de l’acte uniforme portant droit commercial général,
sont considérés comme des actes de commerce en raison de leur forme : la
lettre de change, le billet à ordre, le warrant. Tous ces titres sont appelés des
effets du commerce et l’acte qui consiste à établir un de ces titres est
considéré comme un acte de commerce.
1 – La lettre de change
La lettre de change est un effet de commerce (un titre) par lequel un
créancier appelé tireur donne l’ordre à un débiteur appelé tiré de payer à une
autre personne appelée le bénéficiaire ou le porteur une somme déterminée
à une date qui est fixée : l’échéance. Le simple fait de signer une lettre de
change est considéré comme un acte de commerce quelque soit la nature de
l’opération qui a donné naissance à la créance entre le tireur et le tiré.
2 – Le billet à ordre
C’est un titre par lequel une personne s’engage à payer une somme
déterminée au profit des bénéficiaires. Le billet à ordre et la lettre de change
présente tous les deux des similitudes au plan formel et ces deux titres sont
considérés comme des actes de commerce.
3 – Le warrant
Le warrant est également un acte de commerce. Le warrant est donc un titre
qui constante l’existence d’un bien ou d’une marchandise par exemple que
l’on entrepose dans un magasin et qui constitue la garantie d’un paiement de
crédit. Ainsi, en cas d’inexécution par le débiteur de son obligation de dettes,
le créancier sur la base du titre appelé warrant aura un droit de propriété sur
les biens (les marchandises entreposées) qui constituent donc la garantie du
paiement de la dette.
Paragraphe 2 : Les actes de commerce prévus par les articles 4 et 5 de l’acte
uniforme portant droit des sociétés commerciales
Les articles 4 et 5 combinés de l’acte uniforme portant droit des sociétés
commerciales considèrent comme actes de commerce par la forme :
- La Société en Nom Collectif (S.N.C) ;
- La Société en Commandite Simple (S.C S) ;
- La Société à Responsabilité Limitée (S.A.R.L) ;
- Les Sociétés Anonymes (S.A) ;
- Les Sociétés par Action Simplifiée (S.A S) ;
À partir de cette énumération tirée des articles 4 et 5 ci-dessus, on peut déjà
faire observer que la liste des actes de commerce donnée ou indiquée par les
articles 3 et 4 de l’acte uniforme portant droit commercial général n’est pas
exhaustive en ce qu’elle ne permet pas d’appréhender l’ensemble des
activités à caractère commercial. Dans le même sens, il faut souligner qu’il
existe encore d’autres actes de commerce qui ne sont guère évoqués par un
texte, il y a en effet les actes de commerce par accessoire et les actes dits
mixtes.
Section 3 : Les actes de commerce par accessoire et les actes mixtes
Les actes de commerce par accessoire ne sont pas mentionnés par les articles
3 et 4 de l’acte uniforme portant droit commercial général pourtant ces actes
présentent les caractères d’actes de commerce à certains égards d’où l’intérêt
de les étudier et la question essentielle qui se pose concernant ces actes est
de savoir à quel moment il doit être soumis au droit commercial (parce qu’il
présente les caractères d’actes de commerce, et à quel moment il reste
soumis au droit commun).
Paragraphe 1er : Les actes de commerce par accessoire
Des actes seront qualifiés actes de commerce par accessoire par application
du principe selon lequel l’accessoire suit le principal. Ainsi, un acte de nature
civile accomplit par le commerçant sera considéré comme un acte de
commerce lorsqu’il se rattache à l’exercice de l’activité commerciale de celui-
ci. En d’autres termes, on dit également que l’acte est accompli pour les
besoins de l’activité du commerçant. Il faut retenir donc simplement que
l’acte de commerce par accessoire est l’acte qui à l’origine est un acte de
nature civil mais il devient un acte de commerce par sa finalité. Il en sera
ainsi, de l’acte d’achat d’un véhicule par le commerçant pour la livraison de
ses marchandises. Cet acte ainsi accompli est un acte de commerce par
accessoire parce que l’achat d’un véhicule étant un acte de la vie courante, de
ce fait, c’est un acte civil par nature mais le commerçant ayant acheté le
véhicule pour les besoins de son commerce, on va donc considérer que le lien
qui existe entre l’achat de véhicules et l’activité économique permet de
déduire que l’activité commerciale a alors imprimé sa qualification d’acte de
commerce sur l’acte d’achat du véhicule (acte de nature civile) qui devient
alors un acte de commerce par accessoire.
Le raisonnement ci-dessus permet de comprendre que l’acte de commerce
par accessoire est un acte de commerce subjectif car il faut savoir que sa
qualification dépend essentiellement de la qualité ou du type de la personne
qui l’accomplit.
La jurisprudence a donc dégagé 2 conditions qui permettent de déterminer
l’acte de commerce par accessoire. Ce sont :
- L’auteur de l’acte doit être nécessairement un commerçant
(personne physique ou personne morale) ;
- L’acte doit être accompli pour les besoins de l’activité commerciale
de son auteur.
Ainsi, les achats de biens notamment les denrées alimentaires faits par le
commerçant pour son usage personnel ne sont guère considérés comme des
actes de commerce par accessoire. De même, par rapport à l’exemple de
l’achat d’un véhicule par le commerçant, il faut admettre que si le
commerçant avait acheté le véhicule par exemple pour des besoins autres
que son activité commerciale notamment pour des mesures de transport de
madame et des enfants, alors, l’acte d’achat doit garder sa qualification
d’origine c’est-à-dire un acte civil par nature.
La détermination de l’acte de commerce par accessoire soulève des difficultés
que le juge rencontre à l’occasion de litige car le juge peut être soumis au
problème de savoir si l’acte litigieux dont il est saisi est un acte de commerce
par accessoire ou un acte civil par nature. Pour résoudre cette difficulté, les
juges ont donc recours à l’application d’un principe appelé « la présomption
de commercialité des actes accomplis par le commerçant ». Ce principe
signifie que tout acte accompli par le commerçant est présumé acte de
commerce mais cette présomption ayant un caractère simple, il est donc
possible au commerçant concerné de rapporter la preuve du contraire (de
combattre la présomption), c’est-à-dire de démontrer que l’acte litigieux
n’est pas accompli pour les besoins de son activité professionnelle mais
plutôt pour d’autres besoins par exemple des besoins personnels. Du point de
vue du droit judiciaire, l’intérêt de la présomption de commercialité des actes
accomplis par le commerçant est de renverser la charge de la preuve en cas
de contestation sur la qualification d’un acte accompli par un commerçant. En
effet, l’application de cette présomption met à la charge du commerçant
l’obligation de prouver que l’acte contesté demeure un acte civil par nature
(et non un acte de commerce). De ce fait, il reste soumis aux règles du droit
commun.
Paragraphe 2 : Les actes mixtes
L’acte mixte est un acte hybride parce qu’il demeure acte de commerce pour
l’une de parties et acte civil pour l’autre partie. Tel est le cas de l’acte d’achat
et de revente accompli par le commerçant détaillant au consommateur. En
effet, le commerçant détaillant accomplit certainement un acte de commerce
en ce sens qu’il achète et revend les marchandises (acte qualifié d’acte de
commerce par nature). Alors que le consommateur achète la marchandise
pour son usage personnel (cet acte d’achat est civil par nature). C’est donc le
caractère hybride qu’il s’agit de considérer comme un acte mixte. La
détermination de l’acte mixte pose le problème de l’application de régime
juridique retenu pour un tel acte. Le problème du régime applicable à l’acte
mixte va se poser à l’occasion d’une contestation portant sur cet acte. Pour
résoudre la difficulté, la jurisprudence a retenu la solution selon laquelle le
régime juridique applicable à l’acte mixte doit être déterminée par rapport à
la qualité du défendeur au litige. Pour illustrer cette solution, il est
intéressant d’évoquer une hypothèse de contestation en la matière. Par
exemple, un commerçant a livré des marchandises à un autre commerçant et
à cette occasion l’acquéreur a signé un bordereaux de livraisons. Mais
plusieurs mois se sont écoulés sans que l’acquéreur ait exécuter son
obligation de dette et au moment où le vendeur vient réclamer le paiement
du prix de ses marchandises, il se voit opposer une contestation de la part de
l’acquéreur qui remet en cause l’existence même de la dette. Ainsi, il se pose
le problème de preuve de la livraison de la marchandise qui est la cause de
l’existence de la dette. À cette difficulté, s'ajoute une autre : le fait que les
règles de preuve diffèrent en matière commerciale et en matière civile.
En effet, en matière commerciale, la preuve est libre car l’on peut prouver par
tous les moyens (témoignages, commencement de preuve par écrit, par
messages, etc…). Au contraire, en droit civil, la preuve doit se faire par écrit
ou par défaut par un commencement de preuve par écrit. Dans un tel cas, la
solution consiste à se demander si l’acte litigieux doit être établi contre le
commerçant ou le non commerçant. Si l’acte litigieux doit être établi contre le
non commerçant, ce sont donc les règles de preuve en matière civile qui
s’appliquent. Ceci signifie que c’est donc le commerçant qui agit en justice et
qui veut prouver l’existence de la dette contre le non commerçant. En
conséquence, le commerçant doit apporter la preuve par écrit ou par un
commencement de preuve par écrit, ces allégations.
Au contraire, si la preuve doit être établie contre le commerçant, cela signifie
que c’est le non commerçant qui agit en justice et qui veut prouver donc
contre le commerçant. Dans ce cas, le non commerçant va appliquer les règles
de preuve en droit commercial. Or, en droit commercial, c’est le principe de la
liberté de preuves qui prévaut. En conséquence, le non commerçant pourra
utiliser les moyens suivants : le témoignage, l’appel téléphonique, le message
téléphonique, l’écrit ou tout autre moyen.
La résolution du cas d’espèces permet de comprendre que pour les actes
mixtes, les règles applicables notamment les règles de preuves sont fonctions
de la qualité du défendeur.
Il est important de souligner que l’article 3 de l’acte uniforme portant droit
commercial général qui donne l’énumération des actes de commerce par
nature contient un terme évocateur : « notamment » qui traduit l’idée selon
laquelle l’énumération par nature n’est pas exhaustive, n’est pas définitive.
Ainsi, ce terme laisse supposer une incertitude quant à la définition des actes
de commerce par nature. C’est vraisemblablement cette incertitude qui a
conduit les tribunaux ainsi que la doctrine à dégager des critères de définition
des actes de commerce, critères qui permettent d’appréhender d’autres actes
de commerce qui ne figurent pas dans l’énumération de l’article 3.
Chapitre 2 : Les critères de définition des actes de commerce par nature
L’interprétation de l’article 3 de l’acte uniforme a permis de comprendre qu’il
y a la possibilité d’envisager d’autres actes de commerce que ceux énumérés
par l’article 3. C’est ce qui a conduit les juges et la doctrine à dégager des
critères de définition des actes de commerce. La question reste donc de
savoir quels sont ces critères et quels sont les conséquences qui résultent de
leur application ?
Section 1 : Définition des critères de détermination des actes de commerce
par nature
3 critères retenues permettent de déterminer les actes de commerce par
nature, ce sont : le critère de spéculation, le critère de l’entreprise et enfin le
critère de la circulation ou de l’entremise des richesses.
Paragraphe 1 : Le critère de la circulation ou de l’entremise des richesses
Selon le critère de la circulation ou de l’entremise des richesses, l’acte de
commerce est l’acte qui s’interpose dans la circulation des richesses entre le
producteur et le consommateur. Au contraire, l’acte accompli
immédiatement entre le producteur et le consommateur ne répond pas à ce
critère, dès lors, il demeure un acte civil par nature. De même si l’on
considère séparément chacun des deux actes à savoir l’acte de producteur
d’une part et l’acte du consommateur, tous les deux restent des actes civils
par nature. Par exemple, l’agriculteur qui récolte ses produits qu’il vend
accomplit un acte de nature civile, le consommateur qui achète des denrées
pour sa consommation accomplit également un acte de nature civile. Au
contraire, l’acte ou les actes qui ont permis au produit de circuler entre les
deux extrémités en passant par des intermédiaires à savoir le grossiste et le
détaillant sont des actes de commerce. En effet, ce sont des actes accomplis
par les intermédiaires qui sont considérés comme des actes de commerce car
en réalité, il s’agit de ses intermédiaires qui ont accompli des actes d’achat en
vue de la revendre et qui sont donc qualifiés actes de commerce par nature.
Ce critère a été considéré comme pertinent car il permet de déterminer des
actes de commerce en dehors de l’énumération de l’article 3. Mais, la
principale critique qui a été faite à ce critère est qu’il n’est pas absolu parce
que par exemple les associations, les coopératives ou les mutuelles sont des
intermédiaires qui interviennent aussi dans la circulation des richesses.
Cependant, il est admis que ceux-ci accomplissent pas des actes de commerce
mais plutôt des actes civils. Cette critique a donc conduit à réfléchir sur
d’autres critères.
Paragraphe 2 : Le critère de spéculation
Le critère de spéculation repose sur l’idée selon laquelle l’acte de commerce
se définit comme l’acte accompli dans le but de réaliser un profit : c’est un
acte de spéculation. L’application de ce critère a pour conséquence :
- L’acte gratuit reste en dehors du commerce ;
- L’intention de rechercher le profit reste essentiel dans la définition
de l’acte de commerce : ceci signifie que même si dans la réalité,
l’acte accompli est demeuré déficitaire, cela importe peu car il faut
admettre donc que c’est la loi du marché qui se traduit par
l’expression populaire suivante : « gagné gagné, perdu perdu ».
Ainsi le commerçant qui vend à perte ne peut pas soutenir que n’ayant pas
tiré profit de son opération de vente, de ce fait, il n’y a pas un acte de
commerce.
Contre ce critère, il y a eu également des critiques et la critique essentielle a
consisté à dire que certains actes, bien qu’étant de nature civile se
caractérisent par la recherche de profit. L’insuffisance de ce critère a conduit
à la recherche d’un autre critère : le critère de l’entreprise.
Paragraphe 3 : Le critère de l’entreprise
La notion d’entreprise repose sur 2 idées essentielles. D’abord l’idée
d’organisation. Ensuite, l’idée de la répétition des actes. En effet, une
définition de l’entreprise dit que l’entreprise est une unité de production de
biens ou de services. De ce fait, l’entreprise suppose une organisation aussi
bien maternelle et humaine. Aussi, l’organisation a pour objet
l’accomplissement d’une activité autrement dit la répétition d’actes qui
caractérise cette activité. Mais ce critère de l’entreprise a également fait
l’objet de critique. Par exemple, on a pu relever que certains commerçants
par exemple, les spéculateurs en bourse n’ont pas nécessairement
d’entreprise. De même, il faut savoir que toutes les entreprises
n'accomplissent pas nécessairement une activité commerciale. Par exemple,
un cabinet d’avocat est une entreprise mais il n’accomplit pas des actes de
commerce. L’évocation de ces 3 critères de définition des actes de commerce
et les critiques faites à chacun de ces critères montre qu’aucun critère n’est
suffisant à lui seul pour appréhender des actes de commerce. Ainsi la solution
retenue est que pour qu’un acte soit admis comme acte de commerce,
chaque critère dégagé doit être appliqué de façon combinée avec les autres
critères. Aussi la conclusion retenue est-elle que pour qualifier un acte de
commercial, il suffit que 2 au moins des critères énoncés puissent s’appliquer.
Autrement dit, il faut qu’un acte puisse répondre à 2 des critères pour qu’il
soit qualifié d’acte de commerce.
À titre de rappel, l’intérêt de la détermination des actes de commerce se
trouve dans le régime applicable à ces actes. Par exemple, en matière
commerciale, les délais de prescription des actes de commerce sont plus
courts qu’en matière civile. En conséquence, dans un litige, lorsque va se
poser le problème de la prescription d’un acte litigieux, il sera nécessaire de
qualifier au préalable cet acte et en fonction de sa nature juridique, il faudra
appliquer donc les règles juridiques qui conviennent.
Section 2 : Les conséquences de l’accomplissement des actes de commerce
L’accomplissement des actes de commerce permet de savoir dans les cas
litigieux si l’exercice d’une profession doit être considéré comme faisant
partie du droit des affaires car il est important de distinguer le commerçant
d’autres professionnels dans l’intérêt de l’application du régime juridique
approprié. L’exercice préalable de la qualification de la profession est
nécessaire car il n’est pas toujours facile de distinguer le commerçant lors de
l’exercice de son activité professionnelle.
Paragraphe 1 : Distinction du commerçant de l’industriel et de l’artisan
La distinction de l’artisan du commerçant n’est pas toujours aisée et cette
question entraîne des difficultés à l’occasion des procédures collectives de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens car contrairement à
l’artisan qui y échappe, le commerçant est obligatoirement soumis à la
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens en cas de
cessation de paiement.
Pour définir l’artisan, 2 conceptions ont été retenus à savoir une définition
d’ordre administratif de l'artisan puis une définition d’ordre juridique de
l’artisan.
La définition d’ordre administratif de l’artisan repose sur 3 critères :
- Il y a le critère de l’entreprise en ce sens que certaines entreprises
appartiennent aux secteurs des métiers. Par exemple, il y a l’activité
exercée dans le cadre des prestations des services ;
- Le critère relatif à la dimension de l’entreprise : Ici on oppose
l’entreprise artisanale à l’entreprise industrielle par rapport au
critère de dimension parce qu’on considère que l’entreprise
artisanale est limitée dans sa dimension en ce sens qu’elle utilise
peu de collaborateurs et utilise également peu de matériels
produisant également en petite quantité ceci étant contraire à
l’entreprise industrielle ;
- Le critère de la qualification professionnelle : Ce critère signifie que
l’artisan qui a reçu une formation théorique et pratique et qui
présente aussi des garanties pour l’exercice de son métier.
La définition de l’artisan du point de vue administratif mérite d’être connue.
Cependant, c’est la définition juridique de l’artisan qui doit être retenue car
c’est celle-ci qui est appliquée par les tribunaux pour résoudre les litiges.
Cette définition qui résulte en réalité de la jurisprudence repose également
sur 3 éléments qui sont :
- La nature de l’activité : C’est par application de ce critère que les
tribunaux ont pu décider que l’artisan est un travailleur manuel. Ce
critère permet de distinguer aussi l’artisan des personnes qui exerce
une profession libérale car celle-ci exerce une activité
essentiellement intellectuelle. Il est bon de souligner que certes,
l’artisan est un travailleur manuel, cela ne signifie pas pour autant
que l’artisan ne peut pas recourir à l’usage de machines ;
- L’artisan est un travailleur qui effectue des œuvres de petite
quantité et en général, il y a une personnalisation des produits ou
des services de l’artisan ;
- L’artisan est un chef d’entreprise de dimensions modestes parce
qu’il emploie peu de salariés et dans l’exercice de son métier, il ne
dispose pas de stock de matières premières important.
Il est important de souligner que dans l’exercice de sa profession, l’artisan
n’accomplit pas des actes de commerce. Il vend des produits de son art.
Toutefois, si l’artisan revend en l’état les objets qu’il acquiert (c’est-à-dire
qu’il achète), dans ce cas, il y a acte de commerce sauf si l’achat de ces objets
est nécessairement lié à l’exercice de son activité principale et constitue aussi
une fraction minime de son chiffre d’affaire. Dans ce cas, l’acte d’achat et de
revente sera qualifié d’acte civil par accessoire. Tel est le cas du coiffeur qui
achète un parfum ou shampooing qu’il revend à ses clients.
Paragraphe 2 : Distinction du commerçant de l’industriel et de l’agriculteur
De façon classique, l'on considère que l’agriculteur n’est pas un commerçant
parce que la vente de ses récoltes ne procède pas d’un achat préalable. De
plus, on tient compte que l’agriculteur vend ce qu’il produit du solde. En
conséquence, l’acte de vente de ses récoltes est un acte civil par nature. Peu
importe la taille de l’exploitation et les méthodes employées pour les
produire. Mais aujourd’hui, du fait de la modernisation des techniques
agricoles, la question a été posée de savoir si certains agriculteurs ne sont pas
devenus des commerçants. La question s’est posée par exemple par rapport à
l’agriculteur qui transforme les produits agricoles des terres qu’il cultive afin
de faciliter la vente des produits. La réponse à cette question à conduire les
tribunaux à faire un raisonnement en tenant compte des circonstances dans
lesquelles l’agriculteur s’accorde à la transformation de produits agricoles. La
solution a consisté à dire que si la transformation par l’agriculteur de sa
production a simplement eu pour but de faciliter la vente de sa production.
Dès lors, l’activité demeure une activité civile et non une activité
commerciale. Au contraire, selon la jurisprudence, la transformation des
produits agricoles peut devenir une activité commerciale lorsque l’activité de
transformation devient l’activité prépondérant de l’agriculteur. Il en sera ainsi
selon les tribunaux lorsque l’agriculteur, en plus de sa propre production,
achète et transforme une quantité importante des produits achetés à des
tiers. Dans ce cas, on constate que c’est l’activité de transformation (de
manufacture) qui l’emporte sur l’activité de production. Compte tenu de ce
déséquilibre, les tribunaux considèrent que c’est l’activité de transformation
(de manufacture considéré comme acte de commerce) qui devient l’activité
principale et l’activité de production devient l'activité secondaire.
Dans une autre hypothèse, le même raisonnement que celui qui précède a
été fait par rapport à l’activité d’élevage d’un éleveur pour aboutir aussi à la
conclusion selon laquelle l’activité de spéculation de l’éleveur l’emportait sur
l’activité d’élevage qui est considéré comme un acte de commerce par
nature. En effet, il faut savoir que l’activité d’élevage est assimilé à l’activité
agricole partant de ce que l’éleveur vend en principe sa production en ce
sens, c’est lui qui nourrit et engraisse ses jeunes animaux avec des aliments
qu’il trouve. De ce fait, la vente de ses animaux suffisamment engraissés est
considéré comme un acte civil par nature. En effet, dans le cas d’espèce, les
tribunaux ont soutenu que tant que l’éleveur élève et nourrit les animaux
avec les produits dans laquelle ils sont nés et les vend par la suite n’est pas un
acte de commerce (c’est plutôt un acte civil) parce que selon les termes des
juges, il n’y a pas achat et revente. Cependant, la solution est différente
lorsque l’éleveur achète de jeunes animaux qu’il nourrit avec des produits
achetés à des tiers. Dans ce cas, l’éleveur fait de la spéculation en ce sens
qu’en achetant les produits avec les tiers pour engraisser les animaux, il va
certainement dégager une marge bénéficiaire qui va prendre en compte le
prix d’achat de la nourriture. En effet, l’éleveur va récupérer sur le prix de
vente de ses animaux le prix payé pour la nourriture de ses animaux.
Paragraphe 3 : Distinction du commerçant des membres des professions
libérales
Les professions libérales sont considérées comme des professions de nature
intellectuelle de ce fait elles sont analysées comme des activités civiles par
nature. Sont considérées comme professions libérales par exemple la
profession d’avocat, la profession de conseiller juridique, la profession de
médecin, etc…
Selon la jurisprudence, les professions libérales sont des professions civiles
par nature. Cependant, elles peuvent devenir des activités commerciales. On
peut retenir l’exemple d’un chirurgien qui exploite une clinique dont l’activité
est civile par nature car elle consiste à soigner les malades, c’est une activité
qui relève de la science. Ainsi comme les autres activités qui relèvent de la
littérature, de l’art et de l’intellect, elles sont toutes civiles par nature. Mais,
cette activité du chirurgien-dentiste peut devenir une activité commerciale si
notamment en plus de soigner ses patients, il accomplit des actes de
commerce et que cette 2ème activité devient prépondérante. Tel sera le cas si
le chirurgien achète du matériel et des produits qu’il revend à ses clients ainsi
qu’à d’autres personnes que ses clients. En effet, le raisonnement que l’on
peut faire est le suivant, l’acte d’achat de matériels et de produits pour la
revente est un acte de commerce par nature au sens de l’article 3 de l’acte
uniforme portant droit commercial général. Ainsi, si l’activité d’achat et de
revente aux tiers l’emporte sur l’activité qui consiste à procurer des soins aux
malades, la tendance de la jurisprudence est de considérer que le chirurgien
peut être qualifié de commerçant.
Paragraphe 4 : Distinction de l’activité commerciale de l’activité immobilière
Avant l’avènement de l’acte uniforme portant droit commercial général, seul
l’achat et la revente des immeubles bâtis et des immeubles non bâtis étaient
considérés comme des actes de commerce, mais depuis l’avènement de cet
acte uniforme, toutes les opérations portant sur les immeubles sont
considérés comme des actes de commerce. Ainsi, le promoteur immobilier
qui construit des immeubles en série (en grande quantité) et les vend
accomplit donc des actes de commerce.
TITRE II : LE COMMERÇANT ET L’ENTREPRENANT
L’acte uniforme du 15 décembre 2010 portant droit commercial a introduit
une innovation en réglementant l’activité professionnelle de l’entreprenant.
Ainsi, désormais, en plus du commerçant, l’entreprenant est régie par les
mêmes dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial général.
Cependant, il faut savoir qu’une distinction existe entre le commerçant et
l’entreprenant sur plusieurs points. Aussi, est-il nécessaire d’étudier l’un
après l’autre.
Chapitre 1 : Le commerçant
À titre de rappel, il faut savoir que c’est l’article 2 de l’acte uniforme du 15
décembre 2010 qui définit le commerçant. Il est bon de préciser que dans la
définition donnée par l’article 2 ci-dessus, le législateur a précisé que seul
l’accomplissement des actes de commerce par nature (et non les actes de
commerce par la forme) a titre de profession qui permet de qualifier la
personne concernée de commerçant. Cette définition textuelle du
commerçant a été complétée par la jurisprudence qui a ajouté aux 2 éléments
textuels de définition un 3ème élément à savoir l’indépendance du
commerçant. Cet élément permet de retenir que le commerçant est un
travailleur indépendant. Il reste donc à préciser les 3 éléments de la définition
qui caractérisent le commerçant.
Section 1 : L’accomplissement d’actes de commerce par nature et à titre
indépendant
Il faut rappeler qu’au sens de l’article 3 de l’acte uniforme, le commerçant est
la personne qui accomplit donc des actes de commerce par nature à titre
professionnel. Mais la jurisprudence considère que les actes de commerce
doivent être accomplis de manière professionnelle et de façon indépendante.
Ce critère d’indépendance permet donc de distinguer le commerçant d’autres
professionnels qui ne peuvent pas être qualifiés de commerçants dès lors
qu’elles n’agissent pas de façon indépendante.
Paragraphe 1 : Les mandataires et les représentants
Il est notable que le texte de définition du commerçant n’indique pas de
même le caractère indépendant du commerçant. Or, en réalité, ce critère
permet de distinguer le commerçant d’autres professionnels. Ainsi, la
personne qui accomplit des actes de commerce pour le compte d’autrui n’est
pas indépendant dès lors qu’il n’est pas commerçant. Il y a l’exemple du
salarié qui est lié au commerçant par un contrat de travail, de ce fait, il n’a
pas la qualité de commerçant mais seulement employé. De même, le fondé
de pouvoir des sociétés commerciales qui ont un pouvoir de direction n’ont
pas pour autant la qualité de commerçant. Toutefois, dans certains cas, des
représentants de commerçants peuvent être considérés comme des
commerçants, tel est le cas des intermédiaires de commerce cité par l’article
3 de l’acte uniforme portant droit commercial général.
Paragraphe 2 : Les personnes en situation économique subordonnées
Les personnes en situation économique subordonnées sont des personnes
qui, au plan juridique, exercent leur activité de façon indépendante, mais,
elles sont placées dans une situation économique de co-contractants qui sont
plus puissants qu’elles. On peut citer en exemple les concessionnaires, ce
sont des professionnels qui vendent les seuls produits de fabricants auxquels
elles sont liées par un contrat et la caractéristique essentielle de ce contrat
c’est qu'au plan économique, ces professionnels ne sont pas indépendants
pour le renouvellement de leur concession en ce sens que ce renouvellement
dépend du co-contractant (le fabricant) et en cas de non-renouvellement de
la concession, il y a de ce fait perte de la clientèle, ce qui signifie arrêt « ipso
facto » de l’activité (puisque sans de clientèle, pas d’activité). C’est celui des
gérants libres de stations de service, ceux-ci dans l’exercice de leur activité
qui consiste à recevoir du carburant qu’ils vendent aux créants des sociétés
pétrolières de qui ils reçoivent du carburant et à qui ils sont liés par leurs
décisions. Lorsqu’on analyse l’activité du gérant libre de station, aux yeux des
tiers, le gérant apparaît comme un commerçant dans la mesure où il acquiert
du carburant qu’il vend alors que dans la réalité, il n’est pas indépendant au
plan économique en ce sens que pour l’exercice de son activité, non
seulement il est lié aux décisions de la société pétrolière notamment en ce
qui concerne les modalités de vente du carburant, mais en retour il bénéficie
de certaines garanties à l’instar des salariés auxquels il peut s’assimiler de ce
fait.
Section 2 : L’accomplissement d’actes de commerce par nature à titre de
profession
Sans aucun doute, un particulier peut accomplir des actes de commerce mais
cela ne suffit pas pour être considéré comme un commerçant car, au sens de
l’article 2 de l’acte uniforme, pour acquérir la qualité de commerçant, il faut
accomplir des actes de commerce par nature à titre professionnel.
La question qui mérite d’être posée à présent est de savoir quel sens donner
à la profession de commerçant ? D’un point de vue juridique, la tendance est
de considérer que la profession, c’est l’activité de laquelle l’on retire
l'essentiel de ses ressources. Ceci dit, il faut admettre aussi que selon l’article
2, la notion de profession renvoie également à l’idée d’habitude c’est-à-dire
la constance dans l’exercice de l’activité.
Paragraphe 1 : La notion de commerçant
Dans le langage courant, la profession est une occupation déterminée de
laquelle on peut tirer les moyens de subsistance. Ceci signifie donc que le
professionnel, c’est une personne nantie d’une certaine compétence et qui
bénéficie d’une organisation dans l’exercice de son activité. Les tribunaux ont
quelquefois rencontré des difficultés pour déterminer la qualité (le titre)
d’une personne qui exerce à la fois une profession civile et une profession
commerciale. Une telle difficulté est résolue selon 3 axes :
- Lorsque la profession commerciale demeure la profession principale
parce qu’elle procure l’essentiel des moyens de subsistance de la
personne concernée, les tribunaux ont tendance à considérer cette
personne comme un commerçant ce qui signifie que l’activité civile
demeure l’activité accessoire ;
- Lorsque l’activité commerciale est secondaire et qu’elle n’a aucun
lien avec l’activité civile, les tribunaux considèrent que la personne
concernée n’a pas la qualité de commerçant. Tel est l’exemple de
directeur d’établissement qui se fait fournir des produits
alimentaires qu’il revend à ses élèves sous la forme de repas servi à
la cantine. Sans aucun doute, l’achat des produits alimentaires
transformés en repas et vendus aux élèves est un acte de commerce
par nature mais ici, cette activité reste accessoire à la profession
principale (l’enseignement de nature civile qu’exerce le directeur).
Aussi pour les tribunaux, dans cette hypothèse, l’activité considérée
comme accessoire (l’achat et la revente de nourritures) ne saurait
attribuer la qualité de commerçant au directeur dans le cas
d’espèce ;
- Dans certains cas, l’activité commerciale est le complément
nécessaire d’une activité non commerciale. Même dans ce cas, la
personne qui agit ainsi n’est pas pour autant qualifié de
commerçant, tel est le cas du chirurgien-dentiste : celui-ci exerce
une profession libérale qui consiste à prodiguer des soins aux
malades. Par conséquent, son activité est par nature civile ; mais
dans l’exercice de son activité professionnelle, il achète des
appareils dentaires pour les revendre à ses patients après les avoir
adaptés.
Certes, l’achat et la revente des appareils dentaires demeure un acte de
commerce par nature mais, cette activité reste accessoire à l’activité de
nature civile qu’exerce le chirurgien-dentiste ex-qualité.
Paragraphe 3 : La notion d’habitude
Contrairement aux dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial
général abrogé par les dispositions de l’acte uniforme du 15 décembre 2010,
l’article 2 actuel n’a pas repris dans la définition du commerçant le qualificatif
« habitude » qui signifie la constance voire la régularité ou la répétition des
actes de commerce, parce que vraisemblablement, le terme « profession »
sous-entend ce qualificatif. Cette observation permet donc d’affirmer que la
notion d’habitude est implicite car l’exercice de la profession commerciale se
caractérise par un élément matériel à savoir l’accomplissement des actes de
commerce de façon répétée.
Chapitre 2 : L’entreprenant
La notion d’entreprenant a été évoqué pour la 1ère fois dans les dispositions
de l’acte uniforme du 15 décembre 2010. C’est dans l’article 1 alinéa 3 du
chapitre préliminaire de l’acte uniforme du 15 décembre 2010 qu’il ait fait
d’abord allusion à l’entreprenant. Ce texte dispose en effet que : « en outre,
tout commerçant ou entreprenant demeure soumis aux lois non contraires,
au présent acte uniforme qui sont applicables dans les États parties où se
situe son établissement ou son siège ». Ce texte exprime simplement l’idée
selon laquelle que le commerçant aussi bien que l’entreprenant sont tous les
deux soumis aux mêmes dispositions du présent acte uniforme portant droit
commercial général, ainsi qu’aux lois nationales non contraires de l’État
partie où l’entreprenant a son siège ou son établissement. Il y a également
l’article 30 de l’acte uniforme qui évoque également l’entreprenant, mais, en
tout état de cause, les dispositions de cet acte uniforme ne donnent guère à
une définition précise de l'entreprenant. Toutefois, il est nécessaire
d’interroger ces dispositions pour avoir un éclairage sur la notion
d’entreprenant. À cet effet, des 3 questions suivantes méritent d’être
posées :
- Qui peut avoir la qualité d’entreprenant ?
- Peut-on perdre la qualité d'entreprenant ?
- Quelles sont les obligations mises à la charge de l'entreprenant ?
Section 1 : Qualité de l’entreprenant
C’est l’article 30 du 15 décembre 2010 qui donne une notion de
l’entreprenant plutôt que de donner une définition claire et précise. Ce texte
permet de déterminer la qualité de l’entreprenant en ce sens qu’il indique
simplement la législation applicable à l’entreprenant.
Paragraphe 1 : Tentative de la définition de l’entreprenant
L’article 30 de l’acte uniforme qui répond à la question de savoir qui peut
avoir la qualité de l’entreprenant dispose que : « l'entreprenant est un
entrepreneur individuel personne physique qui sur simple déclaration prévue
dans le présent acte uniforme exerce une activité professionnelle civile,
commerciale, artisanale ou agricole ». Pour comprendre donc la notion
d’entreprenant, il faut interpréter l’article 30 ci-dessus dont la lecture permet
de faire certaines observations. Dans ce sens, on peut dire que la notion
d’emploi utilisée implicitement dans ce texte conduit à 2 idées essentielles à
savoir l’idée d’entreprise (organisation tant matérielle qu’humaine en vue de
l’exercice d’une activité professionnelle) ainsi qu’à l’idée de profession qui
suppose la répétition d’actes juridiques qui traduisent l’idée d’existence
d’une activité. En des termes simples, il ressort de l’article 30 que
l’entreprenant est un professionnel qui exerce une activité dans le cadre
d’une entreprise de laquelle il va naturellement tirer profit. L’article 30 donne
un aperçu sur le statut d’entreprenant mais ce texte ne donne nullement des
conditions spécifiques permettant d’accéder à cette activité. Aussi, selon
l’article 30, toute personne physique à l’exclusion naturellement des
personnes frappées d’incapacité est habilité à devenir un entreprenant. Par
ailleurs, l’alinéa 1er de l’article 30 ci-dessus indique que l’entreprenant du
point de vue du régime applicable bénéficie d’une législation spéciale qui le
distingue donc du commerçant.
Paragraphe 2 : Législation spéciale applicable à l’entreprenant
Il ressort de la lecture de l’article 30 alinéa 5 que l’entreprenant est un
professionnel qui bénéficie d’une réglementation spéciale favorable. En effet,
le texte dispose que : « l’entreprenant est dispensé de l’immatriculation au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (R.C.C.M) ». Au contraire,
l’immatriculation au R.C.C.M reste une obligation essentielle mise à la charge
de tout commerçant et elle est assortie de sanctions car le commerçant qui
contreviendrait à une telle règle engagerait sa responsabilité en ce sens que
le non-respect de cette règle est considérée comme une faute. L’entreprenant
échappe à l’application de cette règle. Aussi, l’entreprenant se contente-il
d’une simple déclaration de son activité professionnelle auprès de
l’administration compétent afin de bénéficier du statut d'entreprenant. Par
ailleurs, selon l’acte uniforme, l’entreprenant bénéficie également de
mesures incitatives dans l’exercice de son activité professionnelle notamment
en matière d’imposition fiscale et d’assujettissement aux charges sociales. De
même, il faut relever que l’entreprenant est une personne physique
contrairement au commerçant qui peut être une personne physique ou
morale. Puis, il faut faire observer que la nature de l’activité de
l’entreprenant est variée car elle peut être commerciale, civile, artisanale ou
agricole. Quant à l’objet de l’activité de l’entreprenant, il peut s’agir
indifféremment de la production de biens ou de la fourniture de biens ou
encore de toute autre prestation de service. En résumé, l’article 2 alinéa 1
traduit toute la facilité avec laquelle un individu devient un entreprenant en
ce sens qu’aucune condition d’exercice de l’activité de l’entreprenant
contrairement au commerçant qui doit nécessairement obéir à des conditions
d’accès sans lesquelles il ne peut exercer une activité commerciale. C’est le
lieu de faire observer que contrairement au commerçant qui doit
obligatoirement accomplir des actes de commerce par nature à titre
professionnel, l’entreprenant bénéficie d’une liberté de choix de sorte que
même s’il accomplit des actes de commerce, il garde sa qualité
d'entreprenant et bénéficie de ce fait des règles souples, favorables qui sont
applicables à l’entreprenant.
Section 2 : La perte de la qualité de l’entreprenant
La question de la perte de la qualité d’entreprenant peut se poser a priori par
rapport à l’entreprenant qui exerce une activité commerciale. Autrement dit,
par rapport à la définition du commerçant tirée de l’article 2 de l’acte
uniforme, on peut se poser a priori la question de savoir si l’entreprenant qui
exerce des actes de commerce à titre de profession doit-il être considéré
comme un commerçant ? La réponse à cette question est clairement donnée
par l’article 2 de l’acte uniforme car selon ce texte quelque soit la nature de
l’activité exercée par l’entreprenant ce qui est essentiel c’est l’importance du
chiffre d’affaires qui est fondamental, qui est déterminant. À cet effet, il est
affirmé que l’entreprenant conserve son statut si le chiffre d’affaires généré
par son activité pendant 2 exercices successifs n’excède pas le seuil fixé dans
l’acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprenants. A contrario, il faut comprendre que l’entreprenant perd son
statut si durant 2 années d’exercices consécutifs, son chiffre d’affaires excède
les limites fixées par son activité par l’État partie où il a son siège ou
établissement et selon les dispositions de l’acte uniforme, dans un tel cas,
l’entreprenant est désormais tenu dès le 1er jour de l’année suivante avant
même la fin du 1er trimestre de cette année de respecter toutes les charges et
obligations applicables à l’activité exercée car il perd la qualité
d’entreprenant et ne bénéficie plus de ce fait du régime spécial qui lui a été
applicable en qualité d’entreprenant.
Section 3 : Les obligations mises à la charge de l’entreprenant
Les obligations mises à la charge de l’entreprenant sont définies en fonction
des règles favorables dont il bénéficie. À cet effet, il ne pèse pas sur
l’entreprenant par exemple, les mêmes obligations comptables que celles
mises à la charge du commerçant. C’est ce que l’article 31 de l’acte uniforme
du 15 décembre 2010 exprime en ces termes : « l’entreprenant est tenu
d’établir dans le cadre de son activité au jour le jour un livre mentionnant
chronologiquement l’origine et le montant de ces ressources ». Ce livre, c’est
le livre journal et selon les termes de l’article 31, c’est uniquement le livre
journal qui est imposé à l’entreprenant alors que pour le commerçant
notamment, d’autres livres comptables s’imposent à lui.
Selon les dispositions de l’acte uniforme, l’entreprenant doit tenir le livre
journal pendant une durée de 5 années d’exercice au moins, ce qui signifie
qu’il doit se conformer pendant cette durée à la réglementation en vigueur
dans la matière, sinon il commet une faute qui sera sanctionnée. Ainsi, il
pourra être contraint par la juridiction compétente de se conformer à la
tenue du journal et en cas de négligence ou de refus, il sera probablement
soumis au prélèvement d’une amende. Par ailleurs, l’article 32 de l’acte
uniforme indique que l’entreprenant qui exerce des activités de vente de
marchandises, de fournitures, de denrées, etc… doit tenir un registre
récapitulé par année et qui présente les détails des achats, tout en précisant
leur mode de règlement, ainsi que les références des pièces justificatives qui
doivent être conservées.
TITRE III : LES CONDITIONS D’EXERCICES DU COMMERCE ET LES OBLIGATIONS
À LA CHARGE DU COMMERÇANT
L’exercice du commerce nécessite le respect de certaines conditions. Par
ailleurs, lorsque l'on y a accédé, des obligations sont mises à la charge du
commerçant. Ainsi, il reste à évoquer les conditions d’exercices du commerce
(conditions d’accès au commerce) et d’autres part les conditions mises à la
charge du commerçant.
Chapitre 1 : Les conditions d’exercices du commerce
Elles sont relatives au commerce elle-même c’est-à-dire les personnes
désireuses d’exercer cette activité. Ces conditions d’exercices résultent
naturellement de l’article 2 de l’acte uniforme qui définit le commerçant en
ces termes : « c’est la personne qui accomplit des actes de commerce par
nature à titre professionnel » mais ces deux conditions ne sont points
suffisantes car il est exigé du commerçant une certaine capacité. À côté de ses
conditions à caractère subjectif, il existe également des conditions à caractère
objectif parce que dans le souci d’assainir la profession commerciale, les
personnes qui présentent par exemple les personnes qui présentent une
honnêteté douteuse doivent être écartées de l’exercice de la profession
commerciale. Ce constat permet d’affirmer donc que tout le monde ne peut
pas devenir commerçant car même si le principe de la liberté du commerce et
de l’industrie caractérise cette activité. Ce principe est toutefois tempéré par
des dispositions d’ordre réglementaire ayant pour but soit de protéger le
commerçant lui-même, soit de protéger le public. C’est dans ce sens que
l’article 6 de l’acte uniforme dispose que : « nul ne peut accomplir des actes
de commerce à titre de profession s’il n’est juridiquement capable ». Il reste
donc à s’arrêter aux conditions d’ordre subjectif et aux conditions d’ordre
objectif mentionnés ci-dessus et en outre à évoquer les conditions spécifiques
qui concernent le mineur qui voudrait exercer l’activité commerciale.
Section 1 : Les dispositions d’ordre objectif : dispositions d’ordre public
Les dispositions d’ordre objectif relatives à l’exercice du commerce sont des
conditions de moralité d’une part et des conditions d’incompatibilité.
Paragraphe 1 : Les conditions de moralité : les déchéances et les interdictions
L’accès à la profession commerciale ainsi que l’exercice de certaines activités
commerciales sont interdites à certaines personnes qui ne présentent pas par
exemple des garanties d’honorabilité. Par ailleurs, il faut souligner que pour
les dispositions de l’acte uniforme, l’interdiction d’exercer le commerce peut
être soit définitive, soit temporaire. Par ailleurs, en la matière, il y a la
possibilité de prononcer à la fois une peine principale et une peine
secondaire, voire une peine principale seulement. À titre d’exemple, il faut
savoir que sont interdits d’exercer leur activité les commerçants qui, par leur
activité, sont susceptibles de compromettre la santé publique notamment le
commerçant qui se livrerait au commerce de stupéfiants. De même, sont
interdits les commerçants dont l’activité est susceptible de porter atteinte à
la sécurité et à la défense nationale ainsi les crimes commis en matière
économique et financière peuvent aboutir à l’interdiction du commerce pour
les auteurs. Par ailleurs, les activités qui relèvent du monopole de l’État sont
également interdites par exemple la vente de termes fiscaux.
Outre les interdictions, il y a les déchéances qui sont des sanctions
prononcées contre des commerçants indélicats. La déchéance consiste donc
dans la défense faite à une personne de moralité douteuse, d’exercer le
commerce pour son compte ou pour celui d’autrui. Elle est prononcée
généralement contre les personnes ayant subi une sanction pénale, une
condamnation pour crime de droit commun ou une condamnation pour crime
en matière économique et financière.
Paragraphe 2 : Les incompatibilités
C’est certainement l’article 8 de l’acte uniforme qui mentionne cette sanction
c’est-à-dire l’incompatibilité à exercer le commerce, mais c’est plutôt l’article
9 de l’acte uniforme qui énumère les personnes dont la profession est
incompatible avec l’exercice du commerce. Ce texte dispose qu'en effet :
« l'exercice d’une activité commerciale est incompatible avec l’exercice des
fonctions ou professions suivantes : fonctionnaires et personnels des
collectivités publiques et des entreprises à participation publique, officiers
ministériels et auxiliaires de justice (avocats, huissiers), experts-comptables
agréés et comptables agréés.
Plus généralement, toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une
réglementation interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice d’une
profession commerciale ». En ce qui concerne le douanier par exemple,
l’interdiction qui lui est faite d’exercer le commerce est justifiée parce que lui
permette d’exercer le commerce alors qu’il est collecteur d’impôts pour le
compte de l’État pourrait aboutir à une perte de fond parce qu’il répugnerait
à se taxer lui-même. Relativement à l’interdiction d’exercer le commerce faite
à certaines professions, la question importante qui peut se poser est de savoir
quel sera le sort des actes de commerce accomplis par une personne qui
malgré l’interdiction qui s’est livré à l’exercice du commerce ? La réponse
apparente à cette question est de dire que la personne qui a enfreint la règle
de l’incompatibilité doit en assumer toutes les conséquences, de ce fait il
encourt des sanctions disciplinaires par exemple la suspension ou la
révocation. À la suite de cette question surgit également une autre qui est de
savoir quelle est la valeur juridique des actes accomplis par une personne qui
n’était pas habilité à exercer le commerce. La question de la valeur juridique
des actes ainsi accomplis présente tout son intérêt à l’égard des tiers. Les
tribunaux donnent une solution ou bien répondent à cette question de 2
manières :
- Tantôt ils considèrent que le tiers est de bonne foi en ce sens qu’il
ignorait que son co-contractant était interdit d’exercer le commerce,
dans un tel cas, la jurisprudence considère que l’activité litigieux
reste valable à l’égard du tiers. Ceci veut dire que l’acte va produire
les effets juridiques qui lui sont attachés. En conséquence, le tiers
est autorisé à considérer que l’acte litigieux est un acte commercial
à son égard qui sera donc soumis aux règles du droit commercial.
Cette solution est fondée sur l’application de la règle de l’apparence.
- Tantôt, les tribunaux partent du fait que le tiers est de mauvaise foi
parce qu’il savait que son co-contractant n’était pas habilité à
exercer le commerce (il n’avait pas la qualité de commerçant). En
conséquence, l’acte ainsi accompli n’est pas juridiquement valable
et le tiers ne peut pas s’en prévaloir, il ne saurait en tirer aucune
conséquence juridique.
Section 2 : Les dispositions spéciales relatives aux incapables et à la femme
mariée
Parmi les incapables, il y a le mineur qui est soumis à des dispositions
relatives à sa capacité d’exercer le commerce, il y a également le majeur
incapable, celui-ci est interdit d’exercer le commerce pendant la période qui
établit son incapacité. Quant à la femme mariée, le problème qui se pose est
celui de l’acquisition par elle de la qualité de commerçant car cette
acquisition va dépendre de la situation dans laquelle la femme mariée va
accomplir des actes de commerce.
Paragraphe 1 : Les dispositions relatives à l’incapacité du mineur et à la
situation du majeur incapable
Qu’il s’agisse du mineur ou du majeur incapable, tous les deux sont
juridiquement inaptes à exercer le commerce mais pas pour les mêmes
raisons.
A – Le mineur incapable
Aux termes de l’article 7 de l’acte uniforme : « le mineur, sauf s’il est
émancipé, ne peut avoir la qualité de commerçant et exercer le commerce ».
En évidence, ce texte fait une distinction assez claire entre le mineur
émancipé et le mineur non émancipé mais la question délicate à laquelle ni le
texte, ni d’autres textes ne donnent de réponses. C’est la question de savoir
qui est mineur émancipé et qui ne l’est pas. La détermination des règles
donnant la solution au problème de l’émancipation du mineur est
dépendante des lois nationales de chaque État partie. En effet, la question de
l’émancipation relève du droit commun. Ceci ressort de l’article 6 relatif au
droit des obligations, ce texte affirme que les questions relatives à l’état des
personnes et à leur capacité relèvent de la loi nationale de chaque pays. Par
application de ce texte, la question de la capacité des mineurs de nationalité
ivoirienne sera résolue par les dispositions nationales ivoiriennes. Autrement
dit, pour savoir si un mineur ivoirien est émancipé, ce qui l’habilite à exercer
le commerce, il faut interroger les dispositions du droit intérieur ivoirien en
matière de minorité notamment l’article 27 de la loi n°70-483 du 30/08/1970
relative à la minorité. Selon cet article, le mineur non émancipé est incapable
de contracter, toutefois, il peut être représenté pour tous les actes de la vie
civile. Ce texte n’est pas pour autant satisfaisant pour résoudre le problème
posé par l’article 7 de l’acte uniforme. Pour apprécier la difficulté que soulève
l’article 7 de l’acte uniforme, on peut s’appuyer sur une hypothèse par
exemple celle-ci : si un mineur reçoit un fonds de commerce par voie
successorale, il ne pourra pas exploiter le fonds de commerce lui-même, de
même son représentant légal ne pourra pas exploiter le fond au nom du
mineur sauf si celui-ci est émancipé. Dans un cas pareil, la seule option qui
s’offre au mineur c’est soit la vente du fonds de commerce, soit la location
gérance du fonds de commerce (il s’agit de la gérance libre qui s’oppose à la
gérance salariée). À partir de cet exemple, il faut savoir qu’au sens de l’article
7 de l’acte uniforme, l’émancipation est la condition essentielle d’exercer le
commerce, autrement dit l’incapacité du mineur est un obstacle pour celui-ci
à l’exercice d’une activité commerciale. Cependant, il ne s’agit pas d’un
obstacle insurmontable car il suffit d’émanciper le mineur concerné pour qu’il
accède à l’exercice du commerce. Aussi, s’agissant d’un mineur ivoirien, doit-
on se référer aux dispositions nationales ivoiriennes relatives à
l’émancipation car ce sont elles qui vont permettre d’affranchir le mineur de
son incapacité afin d’exercer le commerce. Une intrusion au regard sur le
droit ivoirien en matière d’émancipation nous permette de retenir que
l’émancipation s’obtient en droit ivoirien soit par autorisation, soit par le
droit du mariage.
Autrement dit, selon une interprétation, des dispositions de droit ivoirien sur
la question de l’émancipation mineur, certains interprètes ont soutenu qu’en
droit ivoirien, le mariage, du mineur ou l’autorisation parentale donnée au
mineur comme moyen d’émancipation ne devrait pas suffire pour conférer au
mineur l’émancipation au sens de l’article 7 de l’acte uniforme c’est-à-dire ne
suffit pas au mineur de donner la capacité commerciale. Tout au plus, il
s’agirait de l’obtention de la seule émancipation de droit commun qui permet
au mineur d’accomplir tous les actes de la vie civile notamment
l’administration d’un bien. En conséquence, l’émancipation au sens de
l’article 7 de l’acte uniforme suppose d’autres conditions que le mineur
émancipé selon le droit commun que le mineur doit remplir, ces conditions
sont :
- L’article 114 de la loi de 1970 sur la minorité pour que le mineur soit
émancipé, il doit avoir au moins 18 ans mais il faut s’empresser de
dire, d’affirmer, de soutenir que cette condition d’âge n’est plus
acceptable car désormais la majorité est estimée à 18 ans ;
- Le mineur émancipé doit avoir une autorisation spéciale des pères
et mères ou du conseil de famille, pour exercer le commerce
laquelle autorisation spéciale doit être inscrite aussi au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier
Selon les tenants de cette solution, en droit ivoirien, il faut distinguer donc
l’émancipation de droit commun que le mineur obtient soit par la voie du
mariage, soit par l’autorisation parentale. Cette émancipation considérée
comme une émancipation du droit commun confère uniquement la capacité
de droit commun mais en plus de cette capacité de droit commun, il y a la
capacité commerciale, c’est celle-là qui est évoquée par l’article 7 de l’acte
uniforme et s’obtient en plus des 2 conditions que nous venons d’énumérer.
Désormais, la majorité en Côte d’Ivoire étant de 18 ans, cette condition d’âge
n’est plus d’application. De ce fait, on peut soutenir que la capacité pour le
mineur ivoirien d’exercer le commerce suppose qu’en plus de l’émancipation
de droit commun qui confère la capacité de droit commun, il est nécessaire
que le mineur émancipé obtienne une autorisation spéciale des pères et
mères ou du conseil de famille à exercer le commerce laquelle autorisation
spéciale doit être inscrite au R.C.C.M. Dès lors, le mineur acquiert la capacité
de droit commercial.
B – Le majeur incapable
En droit ivoirien, est qualifié majeur incapable la personne qui se trouve dans
un état, dans une situation de démence, de fureur ou d’imbécilité et pour
laquelle une interdiction judiciaire a été prononcé. Si tel est le cas, cette
personne devient incapable d’exercer donc le commerce et ses représentants
légaux ne peuvent pas exercer également le commerce en son nom. En
conséquence, les actes de commerce accomplis par le majeur incapable ou
par ses représentants en son nom sont nuls. De ce fait, il ne peut produire
d’effets juridiques à son égard.
Paragraphe 2 : La situation de la femme mariée
La situation de la femme mariée pose le problème de la possibilité pour celle-
ci d’acquérir la qualité de commerçant à l’occasion de l’accomplissement des
actes de commerce. A priori, il est important de souligner que la femme au
même titre que l’homme jouit de la capacité commerciale. À cet effet, la
femme est libre d’exercer le commerce sans même demander l’autorisation à
son conjoint, mais ce principe général tirée de la liberté d’exercice du
commerce et de l’industrie. Ce principe connaît un tempérament en droit
ivoirien en ce qui concerne la femme mariée. En effet, selon certaines
dispositions relatives au mariage non encore abrogées par les lois récentes
(2013, 2017 et 2019), il y a un tempérament à au principe de la liberté
d’exercer le commerce par la femme mariée. Selon ces dispositions, il est
affirmé que l’intérêt de la famille doit prévaloir en toutes circonstances
notamment à l’occasion de l’exercice de la profession commerciale séparé par
l’épouse. Autrement dit, l’exercice du commerce séparé par l’épouse voire par
l’époux doit tenir compte de l’intérêt de la famille. L’application de la règle de
l’intérêt de la famille permet donc en Côte d’Ivoire à un époux ou a une
épouse de s’opposer à l’exercice du commerce de sa femme ou de son époux
mais à la seule condition de rapporter la preuve que cette activité est
contraire à l’intérêt de la famille. La difficulté d’application de cette règle est
qu’elle n’a pas été définie par le législateur. En conséquence, il revient aux
tribunaux ivoiriens de dégager une définition de cette notion. À cet effet, les
décisions de justice intervenues en la matière montrent que les tribunaux
font une appréciation concrète de cette notion en ce sens qu’ils s’appuient sur
les circonstances qui entourent le litige pour lequel ils sont saisis. Ceci signifie
que l’intérêt de la famille est donc définie au cas par cas (atteintes au
patrimoine/pécunier ou intérêt d’ordre moral/psychologique).
Donc en conclusion, il faut retenir qu’en droit ivoirien, le principe de la liberté
d’exercice du commerce et de l’industrie est tempéré/assoupli par la règle de
l’intérêt de la famille.
En pratique, lorsque les 2 époux exercent ensemble une activité commerciale,
la question s’est posée de savoir si la femme mariée peut avoir la qualité de
commerçant. La question présente un intérêt au plan juridique en référence
au critère de définition du commerçant, critère selon lequel le commerçant
est un travailleur indépendant. En application de ce critère, lorsque 2 époux
exercent ensemble une activité commerciale, la question est de savoir qui des
2 a donc la qualité de commerçant. Sous l’empire de la loi sur le mariage
abrogée dont l’une des dispositions reconnaissait le mari comme chef de
famille, lorsque 2 époux exerçaient ensemble une activité commerciale,
implicitement le mari en tant que chef de famille avait la qualité de
commerçant ainsi l’on considérait que l’épouse aidait simplement son mari
dans l’exercice de son commerce. Cependant, dans la législation actuelle sur
le mariage, la notion de chef de famille ayant été supprimé au profit du
principe d’égalité des époux, on ne peut plus donc conférer automatiquement
la qualité du commerçant à l’époux. Par conséquent en cas de litige, il
incombe aux tribunaux de rechercher dans les circonstances qui entourent
l’exercice de l’activité commerciale par les 2 époux, lequel des 2 acteurs a
réellement la qualité de commerçant. À cet effet, les tribunaux vont apprécier
les différents actes accomplis par chacun des 2 époux dans l’exercice de cette
activité.
Par exemple, en référence à une jurisprudence classique, il a été retenu que
l’épouse qui se contente de vendre simplement les marchandises contenues
dans le fonds de commerce ne peut pas être considéré comme un
commerçant. Ainsi on en déduit que celle-ci apporte juste son aide ou sa
collaboration dans l’exercice de l’activité commerciale de don époux qui est le
véritable commerçant.
Par contre dans une autre hypothèse où il était établi que l’épouse était celle
qui accomplissait les actes des activités essentielles notamment la tenue de la
comptabilité, la commande des marchandises, le paiement des employés etc.
Les juges avaient donc considéré que compte tenu de l’importance des actes
entrepris par l’épouse, ceux-ci ne pouvaient pas être considéré comme une
simple entraide. En conclusion, c’est la femme qui accomplissait réellement
l’essentiel de l’activité commerciale de son époux et donc c’est à elle qu’il
fallait attribuer la qualité de commerçant. Pour illustrer l’importance de cette
question, on peut retenir un cas de litige dans lequel un tiers cocontractant
des époux qui exploitent ensemble un fonds de commerce réclament le
paiement d’une créance. Une telle situation présente un intérêt seulement
dans la situation de 2 époux mariés sous le régime de la communauté des
biens.
Le premier intérêt est donc pécuniaire car il pose la question de savoir quel
patrimoine va supporter les dettes générées par l’exercice de l’activité
commerciale.
Le deuxième intérêt pose la question de savoir en cas de faillite par exemple
qui des 2 époux va supporter les sanctions inhérentes à la qualité de
commerçant. En effet, en la matière le principe veut que seul le commerçant
soit soumis aux règles de la faillite. Dans notre hypothèse, la question est
donc de savoir qui des deux époux va subir cette sanction.

Chapitre 2 : Les obligations du commerçant

Les dispositions de l’acte uniforme imposent au commerçant des obligations


majeures : ce sont l’obligation de s’inscrire au R.C.C.M. puis l’obligation de
tenir des livres comptables. À ces deux obligations majeurs s’ajoutent
l’obligation de loyale concurrence.

Section 1 : Les obligations comptables

La tenue des livres de commerce encore appelés livres comptables est une
obligation pour tout commerçant. Cette obligation consiste essentiellement à
tenir une comptabilité qui doit rester conforme aux règles du code
SYSCOHADA. Ainsi, l’obligation comptable qui pèse sur le commerçant
comprend donc la tenue de livre comptable de catégories différentes. En
effet, on distingue de grandes catégories de livres comptables à savoir les
livres obligatoires et les livres facultatifs.
Les livres de commerce sont donc des documents dont le commerçant se sert
dans l’exercice de son activité commerciale. Sont considérés comme livres
obligatoires le grand livre, le livre journal, et le livre inventaire. Concernant
ces livres, l’article 13 alinéa 1 dispose que : « Le commerçant doit tenir tous
les livres de commerce conformément aux dispositions de l’acte uniforme
relatif à l’organisation et à l’harmonisation de la comptabilité des entreprises
». En outre, le commerçant doit se conformer à la comptabilité des sociétés
commerciales.
Les livres obligatoires évoqués sont au nombre de 3 :
- Le grand livre est celui que le commerçant doit tenir. C’est dans celui-ci
qu’il enregistre au jour le jour toutes les opérations commerciales qu’il
accomplit notamment les opérations de commande ou de livraison ;
- Le livre journal : c'est dans ce livre que le commerçant regroupe toutes
les opérations qu’il accomplit avec une personne déterminée. Ainsi ce
livre comprend un tableau dans lequel apparaisse les créances et les
dettes de chacune des personnes avec lesquelles le commerçant est
entré en relation d’affaires ;
- Le livre inventaire : c’est dans ce livre que le commerçant établit un
inventaire du passif et de l’actif de son activité afin d’arrêter les
comptes des pertes et des profits.

À titre de rappel, la tenue des livres obligatoires doit se faire dans le respect
des dispositions de l’acte uniforme par exemple les livres obligatoires doivent
être tenues dans un ordre chronologique sans plans, ni ratures, ni surcharges.
En outre, ces livres doivent être numérotés, côtés et paraphés par le président
de la juridiction compétente avec l’insertion du numéro du R.C.C.M.
L’inobservation des règles qui régissent les livres obligatoires est considérée
comme une faute de la part du commerçant contrevenant aussi celui-ci est-il
passible de sanction.
Quant aux livres facultatifs, ceux-ci sont laissés à l’initiative du commerçant
qui apprécie l’opportunité de la tenue d’autres livres (autres que ceux
obligatoires). Ils appartient donc au commerçant de décider s’il va recourir à
des livres facultatifs pendant l’exercice de son activité. Sont considérés
comme livres facultatifs par exemple les livres de caisse, le livres des effets de
commerce (titres, chèques) puis les livres brouillons. En conclusion, le recours
et la gestion des livres facultatifs sont laissés à l’initiative du commerçant.
C’est pourquoi parmi les livres facultatifs, le commerçant va faire le choix de
ceux qu’il juge utiles pour le bon fonctionnement de son activité
commerciale.

Section 2 : L’intérêt de la tenue des livres comptables et les sanctions


applicables
Sans aucun doute, la tenue des livres comptables présente un intérêt
important pour le commerçant car ces livres servent de moyens de preuve
pour le commerçant dans l’exercice de son activité. Il sert de preuve dans les
relations entre commerçants eux-mêmes puis dans la relation entre
commerçant et non commerçant. C’est pourquoi si les livres comptables sont
irrégulièrement tenus, ils donnent lieux à des sanctions.

Paragraphe 1 : Les livres comptables comme moyens de preuve


À l’occasion des litiges qui pourraient opposer un commerçant à un autre
commerçant ou un commerçant à un non commerçant, les livres comptables
servent comme moyens de preuve au profit du commerçant. Mais, ces livres
peuvent également servir comme moyens de preuve contre le commerçant
lui-même. L’article 5 alinéa 4 de l’acte uniforme dispose que : « Les livres
comptables et les états financiers constituent des moyens de preuve. » Ceci
dit, il faut souligner que les livres comptables ne servent de moyens de
preuve qu’à la condition d’être régulièrement tenus. C’est en effet à la
résolution des litiges que le commerçant va invoquer les documents
comptables dans le but de rapporter la preuve d’un droit dont il bénéficie.
En effet, en la matière il faut retenir le principe selon lequel toute personne
en conflit est habilitée à recourir aux documents comptables en vu de prouver
ou de contester l’existence d’un droit. Vu l’importance des documents
comptables au regard de leur force probatoire, l’article 5 de l’acte uniforme
dispose que le juge lui-même à l’occasion d’un litige a la faculté d’ordonner
d’office la représentation des livres comptables afin d’apporter la preuve du
droit contesté ou réclamé. Par ailleurs, il faut savoir que la tenue des livres
comptables présente également un intérêt fiscal d’autant plus que le système
fiscal ivoirien est un système déclaratif selon lequel il appartient au
commerçant lui-même de déclarer l’assiette de son impôt auprès de
l’administration fiscale. Il faut savoir qu’un tel système est sujet à des
contradictions parce que les informations que le commerçant (contribuable)
va fournir peuvent être erronées. L’administration fiscale est habilitée à
analyser les documents comptables du commerçant dans le but de rapporter
une preuve contraire aux allégations faites par le commerçant. Ceci va donc
permettre de rétablir la réalité.

Paragraphe 2 : Les sanctions de la tenues des livres comptables

Par application de l’article de l’acte uniforme, les livres comptables doivent


être régulièrement tenus car ils peuvent être présentés à la demande du Juge
au cours d’un procès. Dès lors, la question posée est de savoir quelle sanction
s’applique en cas de tenue irrégulière des livres comptables. Les articles 15 et
16 de l’acte uniforme de 1997 abrogé donnaient une réponse claire à cette
question mais l’acte uniforme du 15 décembre 2010 est resté muet. Par
ailleurs, il n’a pas répondu de façon expresse à cette question dans les
dispositions. Par conséquent, il est possible de rechercher la réponse à cette
question dans le droit positif ivoirien. Ceci conduit au raisonnement suivant :
Si la tenue des livres comptable est une obligation mise à la charge du
commerçant, cela implique donc que l’absence de ces livres comptables ou
bien la tenue irrégulière de ces livres est constitutif de faute devant donner
lieu à des sanctions notamment des sanctions pénales telles que les amendes
sans préjudice de sanctions d’ordre administratif (ex : confiscation du fonds
de commerce du commerçant fautif qui de surcroît peut être interdit d’exercer
le commerce).
Il est important de s’interroger sur les dispositions de l’acte uniforme pour
savoir quel est le régime juridique qui s’applique donc à la prescription des
obligations comptables.

Paragraphe 3 : La prescription des obligations comptables


S’interroger sur le régime juridique de la prescription des obligations
comptables revient à répondre aux questions relatives à la nature et aux
effets de la prescription des obligations comptables puis à s’interroger
également sur les actes susceptibles de suspendre ou d’interrompre la
prescription des obligations comptables.
A - La nature et les effets de la prescription des obligations comptables
Aux termes de l’article 16 alinéa 2 et de l’article 33 de l’acte uniforme, les
obligations nées à l’occasion de l’exercice des activités entre commerçants
eux-mêmes ou entre commerçants et non commerçants ainsi que les
obligations nées des activités entre entreprenants eux-mêmes ou entre
entreprenant et non entreprenant peuvent se prescrire : il s’agit ici d’une
prescription extinctive. Celle-ci fait donc perdre les droits ou privilèges qui
sont liées au respect de obligations mis à la charge du commerçant ou de
l’entreprenant. Les articles 16 alinéa 1 et 33 alinéa 1 précisent que les
obligations comptables se prescrivent par 5 ans sauf ci elles sont soumises à
des prescriptions plus courtes (en effet, il est possible que la loi nationale
interne des pays membres dans lequel le pays commerçant exerce son
activité peut prévoir un délai plus court que celui de 5 ans mentionné par les
textes de l’acte uniforme.)
Pour la compréhension de la règle relative à l’extinction, il faut savoir que le
commerçant ou l’entreprenant doit respecter les obligations liées à l’exercice
de son activité par exemple les obligations comptables dans un délai de 5 ans
faute de quoi, il va subir des sanctions par exemple il va perdre le bénéfice
des droits inhérents à sa qualité de commerçant ou d’entreprenant.

Ceci signifie que le commerçant ne pourra pas se prévaloir des règles de droit
commercial pour justifier un droit auquel il prétend. De même, l’entreprenant
fautif ne pourra se prévaloir des règles spéciales favorables prévues pour
l’entreprenant. En ce qui concerne la question de la prescription, il s’agit de
comprendre que le commerçant ou l’entreprenant dispose d’un délai de 5 ans
au-delà duquel faute de s’être exécuté par exemple, faute de ne pas se
soumettre à une obligation dans ce délai ou de ne pas revendiquer un droit
qui lui est reconnue, il perd le bénéfice des privilèges liés à sa qualité, par
exemple, il perd le droit auquel il aurait pu prétendre. Ceci pose par ailleurs la
question de savoir quel est le point de départ de la prescription prévue par les
textes. La réponse à cette question se trouve dans le combiné des articles 17,
18 et 19. L’article 17 affirme que le point de départ de la prescription des
droits auquel pouvait prétendre le commerçant ou l’entreprenant qui n’aurait
respecté les obligations mises à sa charge à l’occasion de l’exercice de son
activité est le jour où le titulaire du droit a connu ou aurait dû connaître les
faits lui permettant d’exercer son action.
L’article 17 en plus d’indiquer le point de départ de la prescription évoque
également le délai de forclusion (la forclusion, c’est l’impossibilité d’agir en
justice tandis que la prescription extinctive dans le cas d’espèce signifie la
perte d’un droit, la perte d’un privilège. Ces 2 délais sont différents et n’ont
les mêmes effets car une chose est de perdre un droit, un privilège, une autre
est d’être forclos c’est-à-dire de ne pas pouvoir agir en justice sans que pour
autant le droit soit affecté. Aux termes de l’article 18 de l’acte, la prescription
se fait par jour et non par heure et elle est acquise lorsque le dernier jour du
fait est accompli.

Important : Le droit cambiaire (délai de 2 ans) est plus rigoureux que le droit
commercial et ses délais sont brefs.

Quant à l’article 19, la prescription ne court pas à l’égard d’une créance qui
dépend d’une condition jusqu’à ce que la condition arrive ou bien à l’égard
d’une créance à terme jusqu’à ce que le terme soit arrivé.
Sur cette question, il y a lieu d’évoquer également l’article 26 de l’acte
uniforme qui dispose que : « Les juges ne peuvent soulever d’office le moyen
résultant de la prescription. Sauf renonciation, la prescription peut être
opposée en tout état de cause même en appel ». Ce texte fait ressortir 2 idées
essentielles qui sont :
- Il n’appartient pas au juge au cas où l’un des justiciables n’auraient pas
élevé ce cas, n’auraient pas élevé ce moyen au bénéficie de l’une des
parties. Autrement dit, l’initiative du recours du moyen de prescription
appartient aux seules parties au procès c’est-a-dire le défendeur ou le
demandeur ;
- Il est possible de renoncer à une prescription. Dès lors, il est possible de
permettre à l’autre partie de revendiquer et de bénéficier du droit qui
serait prescrit du fait de l’arrivée de la durée de prescription.
Et en ce qui concerne la renonciation, l’article 26 précise que seule une
prescription acquise est susceptible de renonciation. Cela signifie qu’on ne
peut pas renoncer de façon anticipée à une prescription. Ainsi, un paiement
effectué pour éteindre une dette ne saurait être répétée au seul motif que le
délai de prescription était expirée. Cette solution montre que selon le texte, la
prescription peut être expresse ou être tacite. Cette renonciation tacite va
résulter des circonstances qui vont traduire la volonté univoque du
bénéficiaire de la prescription de ne pas s’en prévaloir. En la matière, l’article
28 de l’acte uniforme affirme que : « Celui qui ne peut par lui-même exercer
ses droits ne peut pas renoncer seul à la prescription ».

B) Les actes susceptibles de suspendre ou d’interrompre la prescription des


obligations comptables
La suspension de la prescription est une notion évoquée à l’article 20 de l’acte
uniforme qui dispose que : « la suspension de la prescription a pour effet d’en
arrêter le cours sans effacer le délai déjà couru ». Ceci signifie que si un
événement ou un acte juridique vient suspendre la prescription, celle-ci
s’arrête pendant un certain temps. Cependant le temps qui s’est écoulé avant
l’arrêt temporaire est pris en compte pour le calcul de la durée normale de la
prescription fixé par le texte. En conséquence, selon l’article 21 alinéa 1 : « la
prescription ne court pas, elle est suspendu à l’égard de celui qui est dans
l’impossibilité d’agir par suite d’un empêchement résultant de la loi, de la
convention ou de la force majeure ».
C’est l’article 22 de l’acte uniforme qui définit l’interruption en ces termes :
« l’interruption de la prescription a pour effet d’effacer le délai de
prescription acquis, elle fait courir un nouveau délai que l’ancien ».
La difficulté au plan juridique est de pouvoir déterminer quels sont les actes
interruptifs de prescription et les actes suspensifs de prescription. La réponse
à cette question se retrouve dans les textes qu’il faut consulter, qu’il faut lire.

En ce qui concerne les actes suspensifs de prescription, nous nous renvoyons


à l’article 21.

En ce qui concerne les actes d’interruption, ce sont les articles 23, 24 et 25 qui
les énoncent. Par exemple, à l’article 23, il y a 1 hypothèse dans laquelle
survient 1 contestation quant à la reconnaissance des droits de créance d’un
individu. Ainsi, le refus de reconnaître va entraîner un arrêt de l’exécution de
l’obligation de sorte que si le débiteur vient à reconnaître les droits de
créance de l’autre partie, il y a donc interruption de la prestation.

Section 3 : L’obligation de s’inscrire au R.C.C.M. : L’immatriculation

Selon les dispositions de l’acte uniforme de l’immatriculation au R.C.C.M n’est


imposé qu’au seul commerçant car en ce qui concerne l’entreprenant, c’est
une simple déclaration d’activité qui lui est demandée.

Le R.C.C.M est tenu par les juridictions nationales de chaque État partie et
l’immatriculation a pour finalité aux termes de l’article 34 de l’acte uniforme :
«
- de permettre aux assujettis à la formalité de l’immatriculation au
R.C.C.M de faire leur demande d’immatriculation, d’obtenir dès le
dépôt de leur demande leurs numéros d’immatriculation et d’accomplir
les autres formalités prévues par l’acte uniforme ;
- de permettre l’accès des assujettis et des tiers aux informations
conservées par le R.C.C.M ;
- de permettre, de satisfaire aux exigences de sécurité, de célérité, de
transparence et de loyauté nécessaire au développement des activités
économiques ;
- de recevoir les inscriptions relatives au contrat de crédit-bail et aux
sûretés prévues par l’acte uniforme ».

L’article 35 de l’acte uniforme précise l’objet de l’acte uniforme en 10 points


essentiels (1 – recevoir les demandes d’immatriculation notamment pour les
personnes physiques ayant la qualité de commerçant, les sociétés
commerciales, les sociétés civiles par la forme mais les commerciales par leur
objet, etc…

L’immatriculation donne lieu à l’attribution des le dépôt de sa demande pour


l’assujetti d'un numéro d’immatriculation qui est personnel à chaque
personne immatriculée.

2 – Recevoir la déclaration d’activité de l’entreprenant, lui délivrer dès le


dépôt de sa déclaration son numéro de déclaration d’activité, recevoir ses
déclarations modificatives et prendre acte de sa déclaration de cessation
d’activité ;

3 – Recevoir le dépôt des actes et pièces puis mentionner les informations


précisées par les dispositions du présent acte uniforme par celles de l’acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales, par l’acte uniforme
portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises, par
tout autre disposition légale, etc…)

L’idée essentielle qu’il faut retenir de l’immatriculation au R.C.C.M est de dire


que cet acte consiste à mettre à la disposition des partenaires de commerçant
des informations sur l’état, la capacité et la nature de l’activité de celui-ci. En
effet, le commerce étant basé sur le crédit, il est important que ceux qui
veulent accorder leur confiance aux commerçants puissent le faire à partir
d’informations fiables.

L’immatriculation est certes une obligation mise à la charge du commerçant


mais elle peut s’analyser aussi comme un acte juridique. C’est pourquoi pour
sa validité, elle nécessite des conditions. Ces conditions sont appréciées
relativement aux pièces exigées du commerçant, relativement à la procédure
à laquelle le commerçant est soumis et enfin il y a une condition relative à
l’inscription complémentaire, à l’inscription rectificative et enfin relative à la
radiation du R.C.C.M.

Le R.C.C.M. est une institution, de ce point de vue, elle est organisée. Ce sont
les articles 36 à 40 de l’acte uniforme qui donne des informations sur
l’organisation du R.C.C.M. Il est essentiel que le R.C.C.M est basé sur une
organisation pyramidale : il y a à la base des registres locaux au-dessus, on a
des fichiers nationaux et au sommet on a le fichier régional. Ainsi, dans
chaque État partie, on a une multiple de registres locaux.

Lorsque les conditions d’immatriculation sont remplies, l’immatriculation


produit des effets juridiques, mais en même temps, il est susceptible
d’engendrer des contestations par exemple, il peut se lever une opposition
quant à la véracité ou à la régularité d’une mention portée sur un Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier.

En ce qui concerne les effets juridiques de l’immatriculation, ils sont précisés


dans les articles 59 à 61 de l’acte uniforme. Par exemple, l’article 59 alinéa 1
dispose que : « toute personne immatriculée au R.C.C.M est présumée, sauf
preuve du contraire, avoir la qualité de commerçant au sens du présent acte
uniforme ».

Enfin, l’immatriculation au R.C.C.M peut donner lieu à des contestations. Il


existe en effet un contentieux de l’immatriculation car l’immatriculation peut
conduire à des responsabilités. En effet, selon les dispositions de l’acte
uniforme, les greffiers en charge du R.C.C.M doit s’assurer sous sa
responsabilité que les demandes sont complètes puis il doit vérifier la
conformité de leur énonciation aux pièces justificatives produites. Ainsi, ce
constat des inexactitudes (ou des difficultés) dans l’accomplissement de sa
mission, il en saisit la juridiction compétente. De même, il peut exister une
contestation entre le requérant et le greffier devant la juridiction compétente
si le requérant constate des irrégularités.

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