Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
Département de physique
PHY 2476
Physique expérimentale
Notes de travaux pratiques
Hiver 2022
Introduction iii
1 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
2 Déroulement des laboratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
3 Cahier de laboratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
4 Rédaction des rapports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
1 Lignes de transmission 1
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 Propagation d’une onde dans un câble coaxial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3 Représentation en circuit équivalent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
4 Impédance caractéristique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
5 Coefficients de réflexion et de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
6 Questions préparatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 Émission thermoionique 7
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 Description d’une diode thermoionique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3 Émission thermoionique en présence d’un champ magnétique . . . . . . . . . . . 9
4 Questions préparatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3 Effet photoélectrique 13
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2 Description d’une cellule photoélectrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3 Source de lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4 Questions préparatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5 Référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5 Analyse de Fourier 23
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2 Instrumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3 Reconstruction de signaux électriques et évolution des coefficients . . . . . . . . . 24
Annexes 37
C Calcul d’erreur 55
1 Propagation des erreurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2 Ajustement par moindres carrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3 Régression linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4 Ajustement avec un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5 Incertitudes sur x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
6 Vérification de l’ajustement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
7 Fonction polyajus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
8 Ajustement par moindre carrés d’une fonction quelconque . . . . . . . . . . . . . 59
Remerciements
Ces notes de travaux pratiques sont le résultat d’efforts de nombreuses personnes répartis sur
plusieurs années. Parmi les contributeurs qui nous ont précédés, il nous faut mentionner John
Brebner, Robert Cochrane, Hannes Jérémie, Raynald Laprade, Richard Leonelli, Paul Lorrain
et Carlos Silva. Merci également aux nombreux démonstrateurs qui ont contribué à ces notes.
iii
Introduction
1 Objectifs
Les objectifs d’un laboratoire comme celui-ci sont multiples. Bien entendu, les laboratoires
devraient vous permettre d’améliorer votre perception et compréhension de certains concepts
de base en physique. Cependant, l’objectif principal est d’améliorer votre démarche scientifique
d’expérimentateur en physique. Ainsi, à la fin du trimestre, vous devriez :
avoir appris comment utiliser des appareils et profiter au mieux de leurs fonctions ;
savoir extraire l’information pertinente de données expérimentales de manière optimale ;
savoir estimer l’imprécision sur la mesure due à la méthode de mesure ou à l’appareil
utilisé ;
avoir réalisé qu’aucun instrument de mesure n’est parfait, et appris à reconnaître et corriger
(sans tricher) les failles ou limitations de ceux-ci ;
avoir compris que les théories qui vous sont proposées pour interpréter vos résultats ont
des limites de validité que vos conditions expérimentales ne rencontrent pas toujours ;
avoir appris à rédiger un rapport de laboratoire sur le modèle d’un article scientifique.
Par dessus tout, nous espérons que vous aurez acquis de nouvelles aptitudes qui vous per-
mettront de mieux aborder un problème de physique expérimentale et de réaliser que celle-ci
nécessite de la patience et de la méticulosité, mais aussi de l’imagination et un sens critique
développé.
Les laboratoires se dérouleront exclusivement au local B-1431. Leur durée hebdomadaire est
de 3 heures. Aucun retard ni dépassement de l’heure finale ne sera toléré.
On doit arriver au laboratoire avec une idée précise de ce qu’on vient y faire. Ceci signifie
une lecture approfondie du syllabus avant l’arrivée au laboratoire. Les professeurs et les
démonstrateurs sont en droit de vous poser des questions pour évaluer votre compréhension
et d’en tenir compte dans leur évaluation individuelle. Ils vous interrogeront sur ce que
vous pensez pouvoir mesurer et comment.
Lorsque possible, il est fortement recommandé de tracer des esquisses des données en cours
de séance. Ceci vous permettra d’ajuster les mesures (par exemple, le nombre de points)
et de commencer à réfléchir à leur signification.
Plusieurs expériences sont réparties sur 2 semaines pour une durée totale de 6 heures.
Pour éviter des désagréments, il est obligatoire d’analyser les résultats obtenus lors de la
première séance avant d’aborder la seconde. Si des problèmes s’étaient posés, il serait alors
possible de reprendre des mesures lors de la seconde séance. Si les mesures sont terminées
iv
avant la fin des trois heures prévues, nous vous encourageons à demeurer dans le cours
afin de commencer à analyser les résultats, voire à rédiger le rapport.
Les expériences sont réalisées par groupes de 2, exceptionnellement 3 sur proposition des
professeurs. Chaque partenaire doit participer à toutes les étapes (prises des
mesures, rédaction, analyse. . . ). Cependant, un seul rapport sera remis par équipe. Il
est fortement conseillé de former une équipe harmonieuse. En cas de conflit majeur et
irréversible entre les membres de l’équipe, nous vous suggérons d’en parler rapidement aux
professeurs qui prendront les mesures adéquates pour désamorcer la situation.
Il est interdit de manger ou de boire dans les laboratoires. Cependant, on peut y rire et
y parler dans des limites raisonnables, c’est-à-dire sans causer de désagrément aux autres
étudiants.
3 Cahier de laboratoire
Chaque étudiant doit posséder un cahier de laboratoire pour y noter toute l’infor-
mation relative à la démarche en laboratoire. Les professeurs et démonstrateurs peuvent exiger
de voir ces cahiers de laboratoire en tout temps et d’en tenir compte dans leur correction. Il est
conseillé d’inscrire le maximum d’informations sur son cahier. Celui-ci est personnel et pourra
éventuellement être utilisé pour l’analyse des données, pour montrer les données brutes sur
demande et, s’il y a lieu, pendant la période d’examen. Ce que vous devriez noter comprend entre
autres les explications des enseignants, le schéma détaillé du montage que vous avez effectivement
réalisé, les informations pertinentes sur les appareils, et bien sûr les données expérimentales (avec
les unités de mesure), incertitudes, etc. L’idée de base est la suivante : si le cahier n’est ouvert
que quelques mois après que l’expérience ait été réalisée, sera-t-il encore possible de comprendre
ce qui a été fait, pourquoi et quels ont été les résultats ?
Votre rapport devrait être compréhensible par des collègues qui ont une formation scientifique
semblable à la vôtre, mais qui n’ont pas encore fait l’expérience. Vous devez considérer si l’objectif
de l’expérience, le contexte scientifique (théorique), la méthode expérimentale, les résultats,
l’analyse et les conclusions sont présentés d’une façon telle qu’un étudiant de premier cycle
(pas juste votre démonstrateur) serait capable de comprendre.
Le rapport n’a pas besoin d’être long ; notamment il n’est pas nécessaire d’y inclure un
développement détaillé des aspects théoriques. L’accent doit être mis sur l’objet du laboratoire,
c’est-à-dire la partie expérimentale. Le rapport doit être concis et précis. Il ne faut pas oublier
qu’il s’agit d’un travail d’équipe et le rapport doit donc être cohérent du début à la fin. Il est
inadmissible qu’un des partenaires de l’équipe ne soit pas au courant de ce qu’a fait
l’autre. Même si les tâches sont partagées, il est impératif que chacun soit partie
prenante dans la totalité du rapport.
Votre rapport doit contenir les sections identifiées ci-dessous. Tout manquement à ce plan
peut être pénalisant.
Résumé
Le rapport commence normalement par un très bref résumé, dans lequel vous faites un som-
maire concis du but de l’expérience, les méthodes principales que vous avez utilisées, les résultats
(sous forme synthétique), et les conclusions principales. Le résumé n’a pas à contenir de valeurs
sauf si celles-ci ont une importance physique majeure (comme des constantes fondamentales par
exemple). Le résumé ne devra pas dépasser environ 100 mots.
Introduction
Le rapport doit contenir une introduction dans laquelle on explique le contexte scientifique
(sujet amené), le but de l’expérience et les objectifs spécifiques visés (sujet posé) et les éléments
distinctifs qui seront abordés dans le rapport (sujet divisé).
Éléments théoriques
Résultats expérimentaux
Il est impératif dans le contexte de ce cours de présenter les données brutes et de les distinguer
des valeurs qui en sont dérivées. Si cela s’avère approprié, les données brutes peuvent être tabulées
en annexe. Cependant, on vous demande autant que possible de présenter vos résultats sous forme
de graphiques ou de tableaux. Les graphiques et tableaux font partie intégrante des résultats
expérimentaux et doivent donc être insérés dans le texte présentant ces résultats, plutôt que
comme des entités indépendantes. Chaque graphique et tableau doit être identifié (par
exemple, figure 1) et commenté dans le texte. En particulier, il est impératif de d’abord
décrire les données de manière qualitative. Une fois analysés, les résultats peuvent être présentés
soit dans la section résultats expérimentaux, soit dans une discussion. C’est une matière de
jugement personnel. Évaluez de façon réaliste les incertitudes sur vos mesures sans rentrer dans
le détail des calculs de propagation. Lorsque vous devez extraire une valeur d’un ensemble de
données (par exemple, calculer la pente d’une droite), précisez les subtilités de votre démarche
et évaluez toujours l’incertitude sur cette valeur (voir annexe C).
Les graphiques constituent une partie tellement importante d’un rapport qu’il vaut la peine
de s’attarder sur ce sujet. Si cela ne nuit pas à la clarté, placez plusieurs courbes qui décrivent
un même phénomène sur le même graphique. Différenciez vos diverses courbes ou ensembles de
points par des lignes ou des symboles différents et clairement distinguables.
Assurez-vous que chaque graphique que vous présentez dans le rapport est utilisé
dans l’analyse ou pour arriver à une conclusion. Vous devez décider quels graphiques sont
essentiels pour montrer les résultats et l’analyse, sans présenter de graphiques vides d’information
ou redondants. Un graphique sur lequel on n’a rien à dire est inutile.
Ne reliez jamais vos points par des segments de droite. Le cas échéant, ne vous
contentez pas de calculer les valeurs théoriques uniquement aux valeurs d’abscisses
où vous avez effectué vos mesures. Au contraire, il vous faut calculer suffisamment de points
pour pouvoir tracer une courbe qui mette en évidence tous les détails prévus par la théorie.
Enfin, à chaque fois que cela est possible, essayez de trouver un moyen de présenter vos
résultats sous forme de graphiques linéaires facilement identifiables visuellement.
L’œil différencie mal une courbe exponentielle amortie d’une hyperbole, alors qu’une relation
linéaire dans un graphique semilog ou loglog nous renseigne immédiatement sur le type de
fonction.
Discussion
La discussion doit compléter la partie expérimentale. S’il y a lieu, répondez aux questions
qui vous sont posées dans le syllabus. Comparez vos résultats à la théorie et commentez. Vos
résultats corroborent-ils la théorie ou laissent-ils planer de sérieux doutes sur celle-ci ou sur
l’approche expérimentale que vous avez suivie ? Dans ce dernier cas, mettez en lumière les causes
d’erreur possibles en précisant leur importance relative, sans toutefois chercher à tout prix « LA »
raison précise qui explique votre « échec ». Il faut se rappeler que le désaccord entre théorie et
expérience est souvent essentiellement dû à deux causes : la théorie n’est pas tout à fait adaptée à
la situation physique étudiée (par exemple par qu’elle résulte d’une approximation géométrique
pas tout à fait réaliste) ou les erreurs sont sous-estimées. Posez-vous toujours la question de
savoir si la théorie est bien adaptée à votre expérience ou si votre analyse est correcte plutôt que
de remettre en cause la prise de mesures brutes.
À cet égard, l’anecdote suivante est instructive. Millikan a été le premier à déterminer la
charge de l’électron à partir de la fameuse expérience des gouttelettes d’huiles. Or, il s’avère que
vii
la valeur présentement admise de e se trouve légèrement en dehors des marges d’erreur évaluées
par Millikan sur sa mesure. Par la suite, plusieurs autres chercheurs se sont attachés à diminuer
cette incertitude par des montages plus sophistiqués. Malgré tout, durant plusieurs années, la
valeur publiée de e concorda avec celle de Millikan jusqu’au jour où on se rendit compte que la
valeur de la viscosité de l’huile utilisée par Millikan n’était pas la bonne. Du jour au lendemain, les
expériences se mirent à converger vers la valeur actuelle de la charge de l’électron. L’explication
de ce phénomène réside dans le fait que lorsque des chercheurs obtenaient un résultat proche de
la vraie valeur et donc en dehors des marges d’erreur fixées par Millikan, ils trouvaient toujours
mille et une excellentes raisons de rejeter leur expérience tandis que lorsque celle-ci, par hasard
ou par erreur, concordait avec celle de Millikan, les résultats étaient publiés sans hésitation.
Évitez de trop spéculer et méfiez vous des explications farfelues qui discréditent votre
travail. Vous pouvez avancer des hypothèses à condition de pouvoir les soutenir par des arguments
sérieux s’appuyant sur des principes physiques et des références. Évitez aussi de rejeter la faute
sur les appareils. Le meilleur des équipements ne peut pas concurrencer un bon expérimentateur.
Conclusion
Concluez en résumant en quelques lignes votre démarche et en reprenant les faits saillants de
votre discussion. Essayez de nous prouver que vous avez appris quelque chose en évitant les lieux
communs tels que « Nous avons beaucoup appris au cours de cette expérience » qui ne veut rien
dire et ne prouve rien. En principe, souvenez-vous que la seule lecture de l’introduction et de la
conclusion devrait donner une idée claire du contenu du rapport.
En résumé, trois mots-clés, concision, précision et clarté, et deux règles d’or : mettez-
vous à la place du lecteur de votre rapport de laboratoire et relisez votre rapport au moins une
fois avant de le remettre.
Barème approximatif
Le barème suivant vous permettra d’estimer quelles sont les sections et quelle importance
leur donner. Il vous est donné à titre indicatif seulement. Des ajustements fins seront effectués
en fonction du type de laboratoire, selon l’importance de la prise de mesures et de l’analyse des
données.
Résumé 5 points
Introduction 5 points
Concepts théoriques 10 points
Méthodologie 30 points
Schémas expérimentaux et description des appareils (15)
Méthodes de mesure (15)
Résultats expérimentaux et discussion 45 points
Présentation et description des données brutes (10)
Qualité, présentation et signification des graphiques (10)
Analyse des données (10)
Comparaison avec la théorie et discussion (15)
Conclusion 5 points
viii
Autres remarques
Votre analyse semble correcte. Toutefois, vous ne devez pas joindre les points expé-
rimentaux. La courbe théorique devrait apparaître de manière continue et les calculs
effectués pour d’autres abscisses que celles des points expérimentaux. C’est dommage
car cela vous enlève des points. Quelle est l’incertitude sur la mesure ?
1
Laboratoire 1
Lignes de transmission
Objectifs
Comprendre ce qu’est une ligne de transmission et son emploi en laboratoire et dans la vie
courante.
Initiation à la théorie des ondes en milieu limité (ondes guidées).
Comprendre le concept de circuit équivalent comme description alternative à l’approche
électromagnétique complète.
Examiner comment s’effectue le transport d’une impulsion dans une ligne.
Mesurer certaines propriétés électromagnétiques d’une ligne de transmission (α, Z0 , vg ).
1 Introduction
Une ligne de transmission est un système permettant de transporter une onde de manière
guidée d’un endroit à un autre. Il existe une grande variété de lignes à transmission (guides
d’ondes métalliques, fibres optiques, lignes bifilaires, etc.).
Un exemple de ligne à transmission extrêmement utilisé est le câble coaxial. Il consiste en
deux conducteurs concentriques de forme cylindrique séparés par une couche diélectrique très
faiblement conductrice. Dans la vie courante, on utilise des câbles coaxiaux dans les réseaux
câblés TV, entre une carte électronique Wi-Fi et son antenne, pour les liaisons téléphoniques
interurbaines, les câbles sous-marins, etc. On les rencontre bien évidemment dans les laboratoires
de recherche, par exemple pour relier divers appareils de mesure. Selon la longueur relative des
câbles, ils peuvent aussi servir à retarder des signaux les uns par rapport aux autres. Une photo
de câble coaxial dénudé est présentée sur la figure 1.1.
Pour comprendre comment une onde est transportée dans une ligne à transmission, il faut
être en mesure de calculer ses caractéristiques de propagation (vitesse de phase et/ou de groupe,
distribution spatiale du champ électromagnétique, etc.). Comme pour toute ligne à transmis-
sion, les caractéristiques de propagation d’une onde électromagnétique dans un câble coaxial
peuvent être déterminées en résolvant les équations de Maxwell. Ce système de 4 équations
différentielles couplées peut être résolu en considérant une onde de variation spatio-temporelle
exp(jωt ± γz) dans chacun des milieux et en raccordant les solutions aux interfaces entre
les différents milieux (conducteur central-diélectrique et diélectrique-conducteur externe). Ici,
γ représente le nombre d’onde 1 et ω la pulsation (fréquence angulaire). Comme pour tout
système d’équations différentielles avec conditions aux frontières, les valeurs de γ qui satisfont les
conditions aux frontières sont discrètes (c’est-à-dire que seules certaines valeurs sont permises).
Elles constituent les valeurs propres du système et sont chacune associées à une forme spécifique
du champ électromagnétique (les fonctions propres). Chaque valeur de γ permise associée au
champ électromagnétique correspondant constitue un mode propre. Pour un système de géométrie
cylindrique, les fonctions propres sont des combinaisons de fonctions de Bessel.
Dans le cas du câble coaxial, chaque mode propre est identifié par une nomenclature spéci-
fique, soit TEM (mode transverse électrique et magnétique) pour le mode dit fondamental, soit
TEnm (transverse électrique) ou TMnm (transverse magnétique) pour tous les autres modes, n et
m étant des entiers correspondant à l’ordre du mode. Le mode fondamental TEM se caractérise
par un champ électrique et un champ magnétique tous les deux perpendiculaires à la direction de
propagation de l’onde. C’est sur ce mode que nous fonctionnerons expérimentalement. Ce mode
ne présente aucune coupure, c’est-à-dire qu’il se propage à n’importe quelle fréquence. Les autres
modes n’apparaissent que lorsque la fréquence devient suffisamment élevée.
Bien que la résolution électromagnétique complète soit une méthode générale et puissante
permettant d’obtenir une description détaillée du champ dans les différents milieux, il s’agit
d’un formalisme assez lourd. Quand cela est approprié, notamment lorsqu’une description fine
n’est pas utile, il peut être intéressant d’utiliser un formalisme beaucoup plus simple. Dans ce
laboratoire, on va exploiter le concept de circuit équivalent. Il consiste à modéliser le câble comme
s’il s’agissait d’un circuit électrique linéaire. La figure 1.2 montre le schéma du circuit électrique
associé au câble coaxial par unité de longueur.
Figure 1.2 : Schéma du circuit électrique associé au câble coaxial par unité de longueur (à gauche)
et vue en coupe du câble (à droite).
1. Notons que γ est généralement complexe et défini comme γ = α + jβ où la partie réelle représente
l’atténuation subie par l’onde dans le milieu et β, le nombre d’onde (propagation).
LABORATOIRE 1. LIGNES DE TRANSMISSION 3
d2 V h
2
i
= RG + (RC + LG)jω − LCω V (z) . (1.5)
dz 2
On peut introduire dans l’équation (1.5) l’impédance par unité de longueur, Z, qui tient
compte de la résistance et de l’inductance qui sont en série :
Z = R + jωL , (1.6)
d2 i
= [ZY ] i(z) . (1.9)
dz 2
Dans cette approximation, on trouve aussi que la vitesse de groupe de l’onde est indépendante
de la fréquence, soit :
∂ω 1
vg = =√ . (1.14)
∂β LC
L’onde de tension qui se propage dans la ligne s’exprime sous la forme :
Le terme en ωt − βz représente une onde qui se propage dans la direction positive de z alors
que celui en ωt + βz est caractéristique d’une onde qui se propage dans la direction négative de z.
Les constantes V1 et V2 sont déterminées par les conditions aux frontières. Si on suppose qu’une
onde est générée en z = 0, alors l’onde qui se propage dans la direction positive de z est l’onde
incidente et celle qui se propage dans la direction négative de z est une onde qui a été réfléchie
à l’extrémité de la ligne.
4 Impédance caractéristique
De manière générale, la ligne est fermée à son extrémité par une impédance ZL quelconque
qu’on appelle impédance de charge laquelle donne lieu à une onde réfléchie. Z0 correspond à
l’impédance qu’on pourrait mesurer aux bornes de la ligne à transmission si elle était de longueur
LABORATOIRE 1. LIGNES DE TRANSMISSION 5
infinie. Toutes les lignes de transmission ont besoin d’être « terminées » par des terminateurs
correspondants à cette impédance caractéristique, de sorte que le signal incident se perd dans le
terminateur, comme si la ligne continuait à l’infini, et ne se réfléchit donc pas, ce qui risquerait
de causer des interférences.
Quand on veut transmettre un signal sur une ligne, deux problèmes principaux se posent :
d’une part, on veut que la ligne présente le moins de pertes possibles, et d’autre part, si on veut
transmettre des puissances élevées, on aimerait que la tension de claquage dans le diélectrique
soit la plus grande possible. On peut montrer que l’atténuation dans le câble est minimale pour
un rapport b/a égal à 3.59 ce qui conduit à une impédance caractéristique de 77 Ω. Par ailleurs,
le rapport b/a pour lequel on peut faire passer un maximum de puissance est de 1.65, ce qui
donne une impédance de 30 Ω environ. L’industrie a donc choisi une valeur moyenne de 50 Ω, qui
est un compromis entre pertes minimales et puissance transmissible maximale. Les installations
TV travaillent à 75 Ω car on cherche à minimiser les pertes pour une ligne donnée, mais il n’est
pas nécessaire de transmettre de grandes puissances.
V VR (l, t) ZL − Z0
CR = = (1.18)
VI (l, t) ZL + Z0
où l’indice R dénote l’onde réfléchie, tandis que celui pour le courant s’écrit
I iR (l, t) ZL − Z0 V
CR = =− = −CR . (1.19)
iI (l, t) ZL + Z0
ZL → ∞ V =1
CR CTV = 2
ZL = 0 V = −1
CR CTV = 0
ZL = Z0 V =0
CR CTV = 1
On peut vérifier d’après les résultats exposés dans cette section que la loi de conservation
de l’énergie est bien vérifiée dans tous les cas, c’est-à-dire que la puissance transmise ne dépasse
jamais la puissance incidente.
6 Questions préparatoires
Comment fait-on pour produire des impulsions à partir d’un générateur de fonction ?
Comment fait-on pour obtenir les cas limites ZL → ∞, ZL → 0 et ZL → Z0 à la sortie
d’un câble coaxial ?
Quel instrument pourrait-on utiliser pour caractériser la propagation et l’atténuation
d’impulsions dans une ligne à transmission ?
7
Laboratoire 2
Émission thermoionique
Objectifs
Comprendre le fonctionnement d’une diode thermoionique.
Caractériser les mécanismes donnant lieu à un courant dans une diode thermoionique en
présence de champs électrique et magnétique.
Apprendre à se servir d’une sonde de Hall et caractériser le champ magnétique à l’intérieur
d’une bobine en fonction de l’intensité du courant et de la distance.
Déterminer expérimentalement le rapport e/m de l’électron.
1 Introduction
À toute température T > 0 K, il existe à l’intérieur d’un métal une faible fraction des électrons
libres qui ont une énergie cinétique suffisante pour leur permettre de s’échapper de la barrière de
potentiel du solide associée à la fonction de travail du matériau. Cette fraction est extrêmement
petite à la température de la pièce mais augmente rapidement avec la température. Ce phénomène
s’appelle émission thermoionique et est utilisé dans la fabrication de diodes thermoioniques. De
plus, en couplant ces diodes à des champs électrique et magnétique, il est possible de déterminer
certaines propriétés fondamentales du système comme le rapport e/m de l’électron.
On étudie dans cette expérience le mouvement des électrons dans une diode thermoionique
de type Ferranti GRD7 illustrée sur la figure 2.1.
Les électrodes de cette diode sont fabriquées en tungstène afin de résister aux hautes tempé-
ratures lors du fonctionnement. De plus, la température du filament Tf est reliée empiriquement
au courant le traversant If par l’équation Tf = 925+750If où Tf est en kelvins et If en ampères.
pour éviter d’endommager la diode, le courant du filament ne doit jamais dépasser
2.2 A.
Les deux cylindres aux bouts sont appelés anneaux de garde et sont maintenus au même
potentiel que l’anode (le cylindre central) sans être connectés directement à ce dernier. Ainsi,
ils minimisent les effets de bord près des bouts du cylindre central et rendent le champ interne
presque le même que s’il s’agissait d’un cylindre infini.
8
Figure 2.1 : Schéma de la diode thermoionique de type Ferranti GRD7. Les diamètres φ de
l’anode et de la cathode sont indiqués.
Dans cette diode, les électrodes actives sont scellées sous vide, et la cathode est chauffée à
une température élevée, de l’ordre de 2500 K, par le passage d’un courant. L’application d’une
différence de potentiel entre la cathode et l’anode fournit un champ électrique externe qui accélère
les électrons émis par la cathode vers l’anode et produit un courant électrique.
L’amplitude du courant entre la cathode et l’anode est contrôlée par l’un ou l’autre de deux
mécanismes distincts :
Si la différence de potentiel entre l’anode et la cathode est faible, les électrons émis ont
tendance à s’accumuler près de la cathode et forment ainsi une région de charge d’espace.
Cette charge négative déforme le champ électrique près de la cathode et a tendance à
repousser les électrons vers la cathode. Dans ce cas, on est en régime limité par la charge
d’espace. Étant donné la géométrie de la lampe utilisée, on peut démontrer que le courant
I et la différence de potentiel V sont reliés par la relation suivante :
3
I = CV 2 (2.1)
où C est une constante. Cette relation s’appelle la loi de Langmuir-Child et est aussi valable
pour d’autres géométries simples, telles que des plaques parallèles. Quand le potentiel
augmente, les électrons au bord de la région de charge d’espace parviennent à s’échapper
vers l’anode : l’effet de charge d’espace diminue et le courant augmente. À un certain
point, aucun des électrons n’est repoussé vers la cathode de sorte que le courant devient
déterminé uniquement par l’émission d’électrons de la cathode. Une fois cette valeur de V
atteinte, I devient indépendant de toute augmentation ultérieure de V .
Dans le régime limité par l’émission d’électrons, le courant maximal est donné par l’équation
de Richardson-Dushman :
φ
I = AT 2 exp − . (2.2)
kB T
Ici, A est une constante, T la température absolue (en kelvin) de la cathode, kB la constante
de Boltzmann et φ la fonction de travail de la cathode. La quantité kB T est l’énergie
caractéristique associée à l’agitation thermique.
LABORATOIRE 2. ÉMISSION THERMOIONIQUE 9
Pour analyser ces phénomènes. il est possible d’enregistrer des caractéristiques courant-
tension en réalisant le montage de la figure 2.2. Ici, Vf est l’alimentation du filament et Vp est
la tension d’accélération des électrons de la cathode vers l’anode. Les courbes caractéristiques
d’une diode Ferranti GRD7 sont présentées sur la figure 2.3. Une application évidente de cette
diode est son fonctionnement comme redresseur. Les électrons peuvent passer de la cathode à
l’anode, mais non pas dans la direction inverse. Le magnétron, un oscillateur haute fréquence,
constitue une application plus sophistiquée de ce dispositif.
Figure 2.3 : Courbes du courant anodique versus le voltage anodique d’une diode thermoionique
GRD7 à différentes températures (données du manufacturier Ferranti). La courbe en pointillé
représente la relation théorique de Langmuir-Child.
En plus du champ électrique lié à l’application d’une tension entre la cathode et l’anode, il
peut être intéressant d’appliquer un champ magnétique pour ajuster le transport des électrons.
Dans ce contexte, supposons que l’on ajoute au champ électrique, un champ magnétique uniforme
B, le long de l’axe des cylindres de la diode GRD7. Quand les électrons quittent la cathode et
commencent à accélérer vers l’anode, ils subissent alors la force magnétique F~ = −e~v × B ~ qui
les fait dévier dans le plan perpendiculaire à B (voir les figures dans la référence Preston et
Dietz.) Ainsi, il est possible de définir une valeur du champ magnétique critique Bc tel que les
électrons ne parviennent plus à l’anode et à ce point le courant circulant entre la cathode et
l’anode diminue abruptement.
10
Bc augmente avec Vp parce que le champ électrique (∝ Vp ) accélérant les électrons augmente
1
plus rapidement que ne le fait la vitesse des électrons (∝ Vp2 ).
8 m
Bc2 = Vp (2.3)
b2 e
où m est la masse de l’électron et b, le rayon de l’anode. Une dérivation détaillée peut se trouver
dans la référence Preston et Dietz.
Pour étudier ce phénomène, il est possible de recourir à une bobine dont l’intensité du champ
magnétique en fonction de la distance z par rapport au centre est donnée par :
!
L + 2z L − 2z
B(z) = µ0 nI p + p (2.4)
2 (L + 2z)2 + D2 2 (L − 2z)2 + D2
L’effet Hall est une conséquence de la force de Lorentz sur les charges mobiles à l’intérieur
d’un conducteur en présence des champs électrique et magnétique. Le champ électrique dans la
sonde provoque un courant de sonde,
Is = Js A = nevA (2.5)
où A est la section de l’échantillon, v, la vitesse des charges de densité n par unité de volume,
e, la valeur algébrique de la charge des porteurs (e > 0 pour trous et e < 0 pour électrons). Ces
charges sont assujetties à la force de Lorentz
F~ = e~v × B
~ (2.6)
RH est appelée la constante de Hall et, pour les matériaux non-magnétiques, est reliée à la densité
des porteurs de charge par la relation :
1
RH = . (2.8)
ne
RH
VH = Is B = KIs B (2.9)
t
où t est l’épaisseur de l’échantillon, B, la composante du champ perpendiculaire à la surface,
et K, une constante pour chaque échantillon. Il est évident par les équations (2.7) et (2.8) que
l’effet Hall est d’autant plus important que la densité de porteurs est faible et que l’échantillon est
mince. Par exemple, des mesures dans les métaux, où on a des densités de porteurs très élevées,
requièrent des échantillons très minces. Par contre, pour des semi-conducteurs, où la densité de
porteurs est faible, on peut utiliser des échantillons relativement épais.
La relation (2.9) indique que VH est proportionnel au courant de sonde et à l’intensité du
champ magnétique B. Pour déterminer la constante K, il est possible de fixer Is et de varier B
ou encore de varier Is pour un B connu.
En pratique, il est à noter que la tension entre les contacts de Hall comprend, d’une part,
la tension de Hall, fonction impaire du courant et du champ magnétique et, d’autre part, une
composante résistive, fonction impaire du courant, mais paire du champ (la magnétorésistance).
Cette dernière tension existe du fait qu’en absence du champ il est presque impossible de placer
les sondes de Hall sur une surface équipotentielle. Même si les contacts sont parfaitement alignés,
une différence de potentiel peut aussi être présente due à un potentiel thermoélectrique ou un
potentiel de contact, les deux ne dépendant ni du courant ni du champ. Il faut donc tenir compte
de ceci lors de la mesure de VH .
La tension (VAB ) lue aux bornes de la sonde Hall contient deux contributions, VΩ , la tension
résistive qui est une fonction paire par rapport du champ magnétique, et VH , la tension de Hall
qui est une fonction impaire. Afin de séparer les tensions résistive et de Hall, on peut se servir de
la variation de VAB en fonction du champ B. Par exemple, en inversant le champ magnétique,
on aurait :
et donc
1
VH = [VAB (+B) − VAB (−B)] . (2.12)
2
4 Questions préparatoires
Comment serait-il possible de valider les notions d’émission thermoionique dans le régime
du courant limité par la charge d’espace ? Et dans le régime du courant limité par l’émission
d’électrons ?
Comment serait-il possible de “linéariser” les deux régimes de courant ?
Comment serait-il possible de déterminer Bc expérimentalement ?
En mesurant Bc pour plusieurs valeurs de Vp , quelle valeur fondamentale pouvons-nous
trouver ?
12
5 Références
Preston and E.R. Dietz, The Art of Experimental Physics, John Wiley & Sons, 1991.
Kittell, Introduction to Solid State Physics, John Wiley & Sons, 6e édition, 1986.
Lorrain et Corson, Electromagnetic Fields and Waves, 3e édition, Freeman, 1988.
13
Laboratoire 3
Effet photoélectrique
Objectifs
Se familiariser avec les caractéristiques courant-tension de matériaux photosensibles.
Déterminer la relation entre l’énergie cinétique des électrons éjectés et l’énergie des photons
incidents sur les matériaux.
1 Introduction
L’effet photoélectrique décrit l’éjection d’électrons de la surface d’un matériau par des pho-
tons incidents. Ce phénomène, qui transforme de la lumière en électricité, est à la base des
spectroscopies de photoémission modernes.
Einstein fut le premier, en 1905, à expliquer l’effet photoélectrique en invoquant la quantifi-
cation de l’énergie électromagnétique, telle que postulée par Planck cinq années auparavant. Son
explication lui a d’ailleurs valu le prix Nobel en 1921.
Comme dans toutes les expériences où les électrons doivent se déplacer librement, cet effet
est habituellement observé dans un tube sous vide. Pour l’étudier, on illumine une photocathode
avec une lumière monochromatique et l’on mesure le courant produit par l’émission des photo-
électrons en fonction de la tension V appliqué entre l’anode et la photocathode. Les observations
expérimentales importantes sont les suivantes :
L’énergie cinétique des photoélectrons est indépendante de l’intensité de l’illumination,
mais varie linéairement avec l’énergie hν des photons de fréquence ν. Pour un matériau
donné, les électrons émis sont d’autant plus énergétiques que les photons le sont. On
peut déterminer l’énergie cinétique des photoélectrons en mesurant la tension nécessaire
et suffisante pour les repousser.
Au-delà d’une longueur d’onde maximale (donc en dessous d’une énergie minimale, puisque
l’énergie des photons est inversement proportionnelle à leur longueur d’onde), l’illumina-
tion ne provoque plus aucune émission. Cette longueur d’onde maximale dépend de la
composition de la photocathode. Ceci signifie simplement que les photons doivent avoir
une énergie minimale pour arracher des électrons.
14
Ainsi, la mesure de V0 en fonction de la fréquence des photons fournira les valeurs de h/e et
φ/e (h est la constante de Planck et e la charge électronique).
Une photocathode est caractérisée par sa sensibilité spectrale ou son efficacité quantique. La
sensibilité spectrale décrit l’amplitude du photocourant par unité de puissance du rayonnement
incident. Quand à l’efficacité quantique, elle est donnée par le rapport entre le nombre d’électrons
émis et le nombre de photons incidents. Par exemple, pour un tube Hamamatsu R414 (réponse
spectrale S4) formé d’une photocathode recouverte du semiconducteur Cs3 Sb, son efficacité
quantique atteint 15% à λ = 400 nm tel qu’indiqué sur la figure 3.1.
Figure 3.1 : Réponse spectrale de quelques semiconducteurs. Les courbes en pointillé indiquent
des lignes de pourcentage d’efficacité quantique constante. Prendre note de l’échelle semi-
logarithmique pour la valeur des sensibilités spectrales. Les efficacités quantiques sont rarement
supérieures à 25% pour des photocathodes mais peuvent atteindre 80% pour des photodiodes
(voir laboratoire 4).
Le courant total mesuré I(V ) dans une cellule photoélectrique est donc la somme de deux
contributions : le courant I0 (V ) provenant de la photocathode et un second, beaucoup plus faible,
provenant de l’anode, qui n’influencera que les faibles courants mesurés en polarisation négative.
Lorsque la tension est plus négative que V0 , il ne reste que le courant anodique.
Le courant I(V ) atteindra une valeur maximale lorsque la cathode sera saturée rendue à une
certaine tension appliquée puisque tous les électrons susceptibles d’être éjectés le seront déjà. On
appellera cette valeur Imax . Il sera intéressant d’étudier le comportement de cette valeur selon la
longueur d’onde et la distance entre la source lumineuse et la photocathode.
On trouvera plus de détails sur cette expérience dans l’ouvrage de Preston et Dietz.
3 Source de lumière
ATTENTION
Il ne faut jamais regarder la lampe directement !
À cause de l’intensité de la radiation ultra-violette émise par la source, les yeux
peuvent être endommagés de façon permanente !
Par exemple, les raies peuvent être isolées en plaçant entre la lampe et le détecteur, des
filtres passe-bande qui ne laissent passer qu’un petit intervalle de longueurs d’onde. La figure 3.3
présente les courbes de transmission des différents filtres passe-bande à votre disposition et la
position en longueur d’onde des raies du mercure (en pointillé).
Il faut attendre au moins 10 minutes pour que la lampe au mercure se stabilise avant
d’entreprendre des mesures détaillées.
16
Figure 3.3 : Spectres de transmission des filtres passe-bande. La position des raies d’émission de
la lampe au mercure est indiquée par des lignes en pointillé.
4 Questions préparatoires
Pourquoi la relation entre V0 et ν est-elle linéaire ?
Pourquoi le Cs3 Sb n’a pas une sensibilité spectrale constante sur toutes les longueurs
d’onde ?
Comment pourrait-on linéariser la mesure de V0 en fonction de λ ? Quelles valeurs fonda-
mentales pourrait-on alors trouver ?
Quel pourrait être le rôle de la lumière ambiante ?
5 Référence
D.W. Preston and E.R. Dietz, The Art of Experimental Physics, Wiley, 1991, p. 166.
17
Laboratoire 4
Objectifs
Se familiariser avec les caractéristiques courant-tension de photodiodes.
Étudier l’influence de l’intensité d’éclairage, de la grosseur des cellules et de la mise en
circuit (en série ou en parallèle) de plusieurs cellules sur les paramètres fondamentaux de
dispositifs photovoltaïques.
1 Introduction
Le fonctionnement d’une photodiode est généralement basé sur l’absorption des photons
provenant du soleil par un ensemble de cristaux semi-conducteurs dopés que l’on nomme jonction
p-n. La fabrication des premières cellules solaires photovoltaïques utilisant des matériaux semi-
conducteurs et le rayonnement du soleil date de la fin des années 1800. Atteignant un rendement
de 1%, cette cellule reposait sur des matériaux coûteux (or et sélénium). De nos jours, plusieurs
activités de recherche visent à augmenter l’efficacité de conversion énergétique, diminuer le prix
de l’énergie solaire et améliorer la fiabilité et la durée de vie.
Dans un cristal, les niveaux d’énergie que peut occuper un électron sont représentés par des
bandes, par opposition aux niveaux d’énergie discrets d’un atome. La distinction entre un métal,
un semiconducteur et un isolant réside dans le remplissage des différentes bandes par les électrons,
tel qu’illustré à la figure 4.1. La séparation en énergie entre la bande de valence (dernière bande
complètement remplie) et la bande de conduction (la suivante) joue un rôle important. Pour les
métaux, les bandes de valence et de conduction se chevauchent en énergie, les porteurs sont donc
libres de se déplacer dans le matériau. Dans le cas des semiconducteurs et des isolants, ces bandes
sont séparées par une bande interdite (ou gap), il faut alors fournir une énergie de seuil pour
faire passer un électron de la première à la seconde. Dans le cas des isolants, la bande interdite
est large (≥ 4 eV) alors que dans les semiconducteurs, cette bande est plus étroite : un électron
dans la bande de conduction peut être promu dans la bande de valence en absorbant un photon
par exemple, il laisse alors un trou dans la bande de valence qui agit comme une charge positive.
Le niveau de Fermi (indiqué à la figure 4.1) correspond à l’énergie maximale qu’un électron peut
18
Figure 4.1 : Schéma représentant le remplissage des bandes de conduction par les électrons dans
des matériaux métallique, isolant et semiconducteur (intrinsèque, dopé n ou dopé p). La ligne
tireté indique le niveau de Fermi.
Par ailleurs, un semiconducteur est dit dopé lorsqu’une impureté est intentionnellement
implantée dans le matériau de manière à modifier ses propriétés électriques. Un semiconducteur
est dit dopé n lorsque l’impureté ajoutée (par exemple du phosphore) possède plus d’électrons que
le semiconducteur (silicium) pour ainsi augmenter la densité d’électrons libres dans le matériau.
L’impureté est alors appelée donneur. De façon analogue, un semiconducteur dopé p est produit
lorsqu’un accepteur (par exemple du bore) est implanté dans le but d’augmenter la densité de
trous libres (absences d’électron) dans le matériau. Le semiconducteur dopé reste néanmoins
neutre puisque le donneur ou l’accepteur est un atome neutre.
Lorsque l’on met ces deux matériaux en contact pour former une jonction p-n (figure 4.2a),
les électrons libres du type n diffuse vers le type p laissant derrière eux des donneurs ionisés
(positivement) et inversement pour les trous du type p vers le type n qui laisse derrière eux des
accepteurs ionisés (négativement). L’accumulation de charges provenant de ces dopants ionisés
crée un champ de charge d’espace dans la jonction et entraine une dérive des porteurs dans
la direction opposée à la diffusion (figure 4.2b). Lorsque les courant de diffusion et de dérive
s’équilibrent, la jonction p-n est formée. Il apparaît alors un potentiel interne φi qui dépend de
la différence en énergie entre la fonction de travail du matériel de type n et celle du type p.
LABORATOIRE 4. CELLULES SOLAIRES PHOTOVOLTAÏQUES 19
Figure 4.2 : Schéma du processus de formation d’une jonction p-n. a) les matériaux sont mis en
contact et les charges libres diffuses d’un matériau à l’autre ; b) la charge d’espace résultant de
l’accumulation de centres dopants ionisés à la suite de la diffusion des porteurs libres induit un
courant de dérive qui compensera pour le courant de diffusion ; c) diode en polarisation inverse ;
diode en polarisation directe.
Lorsque l’on applique une tension externe sur une diode, on se trouve soit à augmenter, en
polarisation inverse (figure 4.2c), soit à diminuer, en polarisation directe (figure 4.2d), la barrière
que doit franchir les porteurs pour traverser la jonction. Dans l’approximation de la diode idéale,
nous obtenons alors l’équation de Schokley qui relie le courant à la tension appliquée :
eVa
I = Is exp −1 (4.1)
kB T
où Is est le courant de saturation, e, la charge électronique, Va , la tension appliquée, kB la
constante de Boltzmann et T , la température. L’allure générale de la courbe I − V est présentée
à la figure 4.3.
Une cellule solaire photovoltaïque est un dispositif à l’état solide formé par une jonction
semiconductrice p-n. La jonction p-n se trouve très près de la surface illuminée de sorte que
les photons sont absorbés près de la jonction. Un semiconducteur pur est transparent pour
des photons dont l’énergie est inférieure à celle de la bande interdite et est opaque, c’est-à-
dire absorbant, pour les autres. La radiation est absorbée progressivement en pénétrant vers
l’intérieur depuis la surface frontale créant des paires électron-trou dans la région de la jonction.
Un contact ohmique en forme de ligne à laquelle se rattache une série de doigts est placé sur la
surface illuminée et un deuxième contact ohmique est placé sur la surface non illuminée comme
indiqué sur la figure 4.4. Sous l’influence du champ électrique fourni par la jonction elle-même
(zone de déplétion), ces porteurs de charge sont contraints à se déplacer vers le circuit externe.
Puisque le rayonnement solaire contient une large gamme de photons de différentes énergies, le
courant et la tension délivrés par le dispositif varient selon l’illumination et le type de circuit
employé.
Figure 4.4 : Structure d’une cellule solaire. Les paires électrons-trous créés par les photons
incidents dans la jonction p-n sont entraînés par le champ interne vers les électrodes.
La cellule solaire est un dispositif relativement complexe qui peut toutefois être représenté
de façon équivalente par un circuit constitué uniquement de composantes électriques simples. Le
circuit équivalent d’une cellule solaire photovoltaïque est indiqué sur la figure 4.5. Il comprend
une source de courant, Icc , en parallèle avec une diode et deux résistances internes, Rs et Rp .
Ici, Rp représente la perte d’énergie dans la jonction p-n tandis que Rs décrit la résistance des
semiconducteurs et des électrodes.
Ainsi, en plaçant un élément électrique de résistance RL aux bornes de la cellule, le courant
qui y circulera sera une somme du courant d’une diode ainsi que celui résultant de la génération
de paires électron-trou par la source de lumière.
Va + IRs
I = Icc + Id − (4.3)
Rp
LABORATOIRE 4. CELLULES SOLAIRES PHOTOVOLTAÏQUES 21
Le courant Id dans la diode est obtenu en utilisant une expression modifiée de l’équation de
Schokley pour une diode idéale (4.1) :
e(Va + IRs )
Id = Is exp −1 (4.4)
nkB T
où n est un facteur d’idéalité de la diode (n = 1 si elle est effectivement idéale mais vaut
généralement entre 1 et 2). Dans le cas d’une cellule idéale, Rs devrait avoir une valeur nulle
(aucune résistance des semiconducteurs et des électrodes) alors que Rp devrait être infinie (aucune
perte dans la jonction p-n). Dans ce cas l’expression du courant total devient :
I = Icc + Id (4.5)
eVa
I = Icc + Is exp −1 (4.6)
nkB T
Ainsi, Is peut être déterminé dans la limite où Va → −∞ sans éclairage (Icc = 0) et le facteur
d’idéalité n peut être déterminé en trouvant la pente sur un graphique, avec un choix d’axe
judicieusement choisi, dans la limite où Va → ∞.
Pour mesurer les caractéristiques courant-tension, il est possible d’utiliser une unité de source
et de mesure (SMU). Cet appareil agit comme générateur de tension en même temps d’être un
voltmètre et un ampèremètre.
Figure 4.6 : Courbe I − V d’une cellule solaire : Vco , est le voltage circuit ouvert, Icc , le courant
court-circuit, Vpm et Ipm , le voltage et courant qui donnent la puissance maximale Pmax .
La figure 4.6 présente un exemple de courbe I − V d’une cellule solaire illuminée. On note
plusieurs paramètres d’intérêt : le courant de court-circuit Ic c, la tension en circuit ouvert Vco ,
le courant et la tension menant à la puissance maximale Ipm , Vpm , Pmax , et les résistances en
22
parallèle et en série Rp et Rs . Il est aussi possible de déduire le courant de saturation Is ainsi que
le facteur d’idéalité n. Ces caractéristiques peuvent être obtenues sur des cellules individuelles
(petite et grande tailles) mais aussi combinées (en série et en parallèle).
4 Questions préparatoires
Quelles sont les significations physiques de Icc et de Vco ?
Qu’attendez-vous comme comportement pour des petites et des grandes cellules ? Et pour
les cellules en série et en parallèle ?
5 Références
S.M. Sze, Semiconductor Devices Physics and Technology, John Wiley & Sons, 1985
Kittel, CHARLES. Introduction to Solid State physics, John Wiley and sons inc. 2005.
http://www.ni.com/white-paper/7230/en/
23
Laboratoire 5
Analyse de Fourier
Objectifs
Vérifier le pouvoir de l’analyse de Fourier pour reconstruire des signaux électriques pério-
diques. Tester les limites de cette technique.
Se familiariser avec la déconvolution en fonction de la fréquence de signaux avec un
amplificateur à détection synchrone.
1 Introduction
Une série de Fourier est une façon élégante de représenter une fonction périodique f (t) avec
une période T selon un développement de la forme
∞
X
an cos(nωt) + bn sin(nωt)
n=0
f (t) = ∞ (5.1)
X
cn cos(nωt + φn )
n=0
2 T
Z T
1
Z
an = f (t) cos(nωt)dt ; a0 = f (t)dt (5.2)
T 0 T 0
2 T
Z
bn = f (t) sin(nωt)dt (5.3)
T 0
q bn
cn = a2n + b2n ; φn = arctan (5.4)
an
Des exemples importants de l’application de la série de Fourier se trouvent dans l’analyse des
circuits électriques. Pour tout circuit linéaire, l’application d’une tension sinusoïdale de fréquence
f donne lieu à une réponse (c’est-à-dire un courant) qui est aussi une fonction sinusoïdale à la
même fréquence. Ce constat est effectivement la base de l’analyse en fréquence de ces circuits.
24
Les résistances, les capacitances et les inductances sont les éléments linéaires qui sont traités
selon les méthodes standards comme indiqué dans l’annexe B de ce cahier. La réponse de l’in-
ductance et de la capacitance dépend de la fréquence. Par conséquent, une onde non-sinusoïdale
(carrée, triangulaire, etc.) appliquée à un circuit incorporant ces éléments provoque un courant
dont la forme change avec la fréquence fondamentale. De plus, si le circuit contient des éléments
non-linéaires (par exemple diode, transistor, etc.) l’application d’une tension sinusoïdale donne
naissance à une infinité d’harmoniques à des fréquences qui sont les multiples de la fréquence de
base.
2 Instrumentation
L’instrument principal utilisé dans cet exercice est un amplificateur à détection synchrone
(ADS) dont le fonctionnement est décrit en détail dans l’annexe D du cahier. Il permet de
mesurer tous les harmoniques de l’onde périodique jusqu’à la fréquence maximale d’opération,
soit 100 kHz.
L’ADS est un voltmètre vectoriel qui peut fonctionner selon un mode X-Y ou un mode R-
Θ. Une correspondance peut être établie entre ces modes et les expressions « cartésienne » et
« polaire » de la série de Fourier. À des fins d’analyse, l’expression polaire sera ici employée.
La prise de mesures avec l’ADS consiste à récolter les valeurs de Vs (n) et φs (n) (voir
l’annexe D), pour plusieurs formes de signaux électriques. Ces mesures permettent de reconstruire
expérimentalement les signaux en se servant de l’analyse de Fourier. Il est à la discrétion des
étudiants de déterminer le nombre d’harmoniques nécessaires à une reconstruction appréciable
du signal. Les formes suivantes peuvent être analysées :
Onde sinusoïdale
Onde carrée
Onde triangulaire
Circuit simple R-C alimenté par une onde carrée
En plus de la reconstruction des signaux, il est aussi intéressant de comparer les valeurs de
Vs (n) et φs (n) avec celles prédites par les équations (5.2) à (5.4).
Questions préparatoires
Combien d’harmoniques sont nécessaires pour construire un sinus ?
Pourquoi est-il impossible d’obtenir une reconstruction parfaite d’une onde carrée ?
Pour une onde carrée et en se servant d’arguments de symétrie, peut-on déterminer que
certains harmoniques seront nécessairement nuls ?
Quelles régions sont particulièrement difficiles à reconstruire ?
Peut-on linéariser les expressions de cn en fonction de n ?
25
Laboratoire 6
Détermination de la densité
électronique d’un plasma produit par
une onde électromagnétique de
surface
Objectifs
Se familiariser avec la propagation d’ondes électromagnétiques dans des milieux dissipatifs.
Déterminer le profil axial de la densité électronique et étudier l’influence de la puissance
et de la pression sur ce profil.
Calculer la valeur du paramètre θ pour chaque condition et étudier l’influence de la
puissance et de la pression sur cette valeur.
1 Introduction
Il existe de nombreux moyens de créer des plasmas en laboratoire, mais tous se résument
au fait que pour maintenir cet état de la matière, il faut un apport externe d’énergie. Dans ce
laboratoire, le plasma qui nous intéresse est créé par des ondes électromagnétiques de surface. Un
générateur de hautes fréquences (915 MHz ou 600MHz) émet une onde que l’on transmet via un
câble coaxial à un dispositif appelé excitateur (ou surfatron). Le rôle du surfatron est de convertir
le rayonnement électromagnétique fourni par le générateur en une onde guidée susceptible de se
coupler au plasma. Cette onde est appelée onde de surface et elle n’existe que pour dans une
structure constituée à la fois d’un plasma et d’un diélectrique (ici le tube contenant le plasma).
On place le surfatron autour d’un tube diélectrique de bonne qualité (par exemple, silice
fondue) transparent aux ondes électromagnétiques, c’est-à-dire absorbant faiblement l’énergie
HF. Un gaz est introduit dans le tube et l’allumage initial du plasma (s’il ne se fait pas tout
seul) est effectué au moyen d’une bobine Tesla générant un faisceau d’électrons que l’on dirige
vers le tube au voisinage du surfatron.
Une fois la décharge amorcée, l’onde de surface peut commencer à se propager et elle entretient
alors le plasma. L’état stationnaire est atteint en quelques microsecondes. La longueur totale de
la décharge est dictée par différents facteurs : la pression et la nature du gaz, les dimensions
radiales du tube, la fréquence de l’onde et la puissance incidente à l’excitateur. En fait, c’est
ce dernier paramètre qui est le plus significatif : en augmentant la puissance, on observe que le
plasma s’allonge.
Il existe plusieurs manières de déterminer la densité électronique d’un plasma. Dans le cas des
plasmas produits par des ondes de surface, on peut utiliser les caractéristiques de propagation de
ces ondes. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’onde de surface est guidée par le plasma qu’elle
entretient. Elle se propage à la fois dans le plasma et dans le milieu diélectrique extérieur ; son
champ électrique existe donc dans le plasma, dans le tube diélectrique contenant le plasma et
dans l’air environnant (le tube diélectrique n’est d’ailleurs pas nécessaire. Il n’est utilisé que pour
contenir le gaz servant à créer le plasma). Par raison de continuité des composantes tangentielles
du champ électromagnétique à l’interface plasma-diélectrique et diélectrique-air, la valeur du
nombre d’onde axial k est la même dans les trois milieux (c’est une valeur propre du système).
Or, ce nombre d’onde (ou de manière équivalente la longueur d’onde de l’onde de surface :
λ = 2π/k) dépend de façon non-linéaire de la densité électronique locale (moyennée sur une
section de plasma) via une fonction appelée diagramme de phase, c’est-à-dire un diagramme
(ω/ωpe , k) où ωpe est la fréquence plasma électronique :
s
ne e2
ωpe = . (6.3)
me 0
Ce diagramme de phase est présenté à la figure 6.1 ; il est aussi fourni en tant qu’annexe en
ligne. En mesurant la longueur d’onde le long de la direction z et en utilisant le diagramme de
phase, on peut donc déterminer ne (z). Si on mesure également la puissance incidente nette
(puissance incidente - puissance réfléchie) et si on fait l’hypothèse que cette puissance est
intégralement absorbée par le plasma (on suppose donc qu’il n’y a pas de pertes de puissance
par rayonnement ou par chauffage des éléments), on peut alors déterminer le paramètre θ.
6 Instrumentation spécifique
Avant de commencer, il vous est conseillé de lire l’annexe E sur les systèmes à vide. Le
système de pompage comprend une pompe mécanique et une pompe turbomoléculaire, ainsi que
des jauges permettant de mesurer la pression dans l’enceinte lorsqu’on y introduit du gaz et la
pression résiduelle en absence de gaz. La bouteille de gaz contient de l’argon de très haute pureté
connectée à un manomètre à deux cadrans. Le second cadran doit être réglé autour de 40 psi
(livres par pouce carré) afin de permettre au gaz d’être distribué par le débitmètre massique. Pour
régler la pression dans le tube, on peut jouer sur le débit au moyen du contrôleur de débitmètre
massique et sur l’ouverture d’une valve.
Dispositif de mesure
Il se compose pour l’essentiel d’un mixeur qui reçoit, d’une part, le signal prélevé par une
petite antenne se déplaçant le long du tube et d’autre part le signal de référence de faible
puissance provenant du générateur. En déplaçant la position de l’antenne le long du tube, on
devrait obtenir un signal ayant la forme d’une sinusoïde amortie de période variable.
Mise en garde : Ce laboratoire vise à vous faire partir de concepts et d’équations admis pour
en arriver à interpréter les phénomènes que vous observerez. Ainsi, votre rapport de laboratoire
devrait être axé sur votre explication des phénomènes à partir de la théorie fournie plutôt que
sur une validation de cette théorie.
7 Questions préparatoires
Pourquoi peut-on considérer l’état plasma comme étant le 4e état de la matière ?
Qu’est-ce qui distingue généralement les plasmas de laboratoire du Soleil ?
Quelles espèces retrouve-t-on dans un plasma ?
Pourquoi θ est susceptible de varier avec les conditions opératoires ?
8 Annexe
L’excitateur, en l’occurrence un surfatron dont le schéma est présenté sur la figure 6.3, est
composé de trois parties métalliques distinctes, un manchon intérieur, un manchon extérieur et
une antenne (câble coaxial terminé par une petite plaque métallique). Les manchons intérieur et
extérieur sont espacés vers l’avant du surfatron de 1 à 2 mm : c’est ce qu’on appelle l’interstice
de lancement et c’est à cet endroit qu’est excitée l’onde de surface. L’antenne sert quant à elle à
transporter l’énergie HF du générateur au surfatron.
30
L’ensemble des composantes allant du générateur à l’antenne constitue une ligne à trans-
mission (voir expérience 1) dont l’impédance doit s’adapter à celle du plasma. Cette adaptation
d’impédance permet de maximiser le couplage entre l’onde de surface et le plasma, c’est-à-
dire le pourcentage d’énergie transférée au plasma. Contrairement aux lignes à transmission
classiques où l’impédance de charge fermant la ligne peut être modifiée, dans le cas du plasma,
son impédance ne peut être changée car elle dépend des conditions de décharge (nature du gaz,
pression, puissance absorbée, etc.). Il faut donc trouver un moyen d’adaptation d’impédance
excluant le plasma. Or, l’ensemble constitué par la plaque terminant l’antenne et le manchon
interne du surfatron forme un condensateur dans une représentation en circuit équivalent : on
dit que le couplage de l’onde au plasma est de type capacitif.
L’adaptation d’impédance est réalisée en modifiant la valeur de la capacitance de ce conden-
sateur, c’est-à-dire la distance entre la plaque et le manchon intérieur. On sait que l’impédance
est adaptée lorsque le transfert onde-plasma est optimisé, ce qui se manifeste de deux façons :
1. pour une puissance incidente donnée, la puissance réfléchie est minimale et
2. la longueur du plasma augmente.
Par ailleurs, pour que le surfatron fonctionne de manière optimale, il faut que sa longueur
soit de l’ordre d’un quart de longueur d’onde dans le vide. Le court-circuit fermant l’arrière du
surfatron est parfois mobile, ce qui permet de fonctionner dans une plage de fréquences étendue.
31
Laboratoire 7
Objectifs
Se familiariser avec les appareils de spectroscopie d’émission optique.
Caractériser le spectre d’émission optique d’un corps chauffé à une température T sur une
gamme étendue de longueurs d’onde.
1 Introduction
de loi de Stefan :
P = σT 4 (W m−2 ) (7.1)
où P est la puissance totale rayonnée par un corps noir par unité de surface et σ = 5.67 × 10−8
W m−2 K4 est la constante de Stefan-Boltzmann. En 1893, W. Wien montra de plus que
ν
P ∝ ν 3g (7.2)
T
où ν = c/λ est la fréquence du rayonnement de longueur d’onde λ. Mais malgré tous leurs efforts,
les physiciens de l’époque ne purent déterminer la forme exacte de la fonction g à partir des lois
de la thermodynamique classique.
Max Planck s’attaqua à ce problème en 1897. En premier lieu, il idéalisa le problème en
supposant que les parois du corps noir étaient constituées d’oscillateurs hertzien (cela était permis
puisque le rayonnement d’un corps noir ne dépend pas de la nature exacte de sa constitution). En
second lieu, il généralisa l’expression empirique proposée par Wien (g(ν, T ) = Aν 3 exp(−αν/T ))
et trouva l’entropie des oscillateurs requise pour obtenir cette loi à partir de la thermodynamique.
Il communiqua cette expression le 19 octobre 1899 à Berlin et la même nuit, H. Rubens et F.
Kurlbaum vérifièrent que la loi de Planck était parfaitement satisfaite par leurs expériences.
Finalement, il utilisa les lois d’une nouvelle science, la mécanique statistique, pour donner
une interprétation physique à son résultat. Afin d’utiliser les méthodes de calcul de l’analyse
combinatoire, Planck trouva utile de diviser l’énergie d’un oscillateur en une quantité petite
mais finie. Il s’attendait à ce que cette quantité puisse être rendue arbitrairement petite. A sa
grande surprise, il montra qu’au contraire l’énergie d’un oscillateur ne pouvait être qu’un nombre
entier de fois la valeur hν, où h était une constante universelle maintenant connue sous le nom
de constante de Planck. Dans un article publié dans Annalen der Physik 4, 553 (1900), il exposa
la loi de Planck, qui donne la densité d’énergie d’un corps noir par unité de volume dans un
intervalle de fréquence dν :
8πν 3 h
DCN dν = dν (J m−3 ) (7.3)
c3 hν
exp −1
kB T
où c est la vitesse de la lumière et kB la constante de Boltzmann. Il montra de plus que la constante
de Stefan-Boltzmann était donnée par σ = 2π 5 kB 4 /15c2 h3 et trouva les valeurs numériques de h et
Il est à noter que la longueur d’onde λmax où RCN atteint un maximum est donnée par :
0.2014 hc
λmax = (m) . (7.5)
T kB
3 Sources de lumière
Pour vérifier les lois de Planck et de Stefan, il est nécessaire de recourir à des sources
lumineuses pouvant simuler l’émission optique d’un corps noir. Pour ce faire, on peut utiliser
un globar, une tige de carbure de silicium chauffée par un courant électrique. La température du
globar peut monter à plus de 1000 K, il faut donc faire très attention de ne pas y toucher ! Il
est à noter que le globar est, en fait, un corps gris dont l’émissivité s’avère assez constante pour
les longueurs d’onde entre 1 et 10 µm.
Figure 7.1 : Température de la tige Globar (modèle Newport 6363) en fonction de la puissance
électrique dissipée par effet Joule.
Il est aussi possible d’utiliser une ampoule munie d’un filament de tungstène. Dans ce cas,
l’élévation de température liée à la dissipation de l’énergie électrique est associée à un changement
de la résistance électrique du filament :
4 Spectromètres et détecteurs
Quant au détecteur de lumière il s’agit d’un pyromètre optique qui transforme tout le
rayonnement reçu en courant. Le courant est fonction de la réponse spectrale du système de
mesure qui dépend, par exemple, de la sensibilité du détecteur, de l’ouverture, de la résolution et
de l’efficacité de l’analyseur spectral. Avec l’introduction d’un secteur tournant comme le montre
la figure 7.3, la lumière est modulée à une fréquence de l’ordre de 20 Hz et, par conséquent, le
courant du détecteur aussi. Ce courant est faible et nécessite la sensibilité de l’ADS (amplificateur
à détection synchrone ou amplificateur) dont le fonctionnement est décrit dans l’annexe D du
manuel de laboratoire.
Figure 7.3 : Montage pour la mesure de la distribution de Planck. D, détecteur ; L, lampe ; ST,
secteur tournant.
Dans le visible, il est aussi possible d’utiliser des spectromètres munis d’un réseau et d’un
système de caméras matricielles pour mesurer le spectre d’émission optique. Cependant, la
réponse spectrale de ces spectromètres varie selon la longueur d’onde de sorte qu’une correction
des données brutes est requise avant de les comparer à la loi de Planck. Un exemple de réponse
spectrale pour le spectromètre Flame d’Ocean Optics muni de sa fibre optique (Ocean Optics
QP400) est donné à la figure 7.4.
LABORATOIRE 7. RAYONNEMENT DU CORPS NOIR 35
5 Questions préparatoires
Sur quels principes physiques reposent les spectromètres à prisme et à réseau ?
Les spectres d’émission optique sont typiquement fournis en unité de courant (avec le
pyromètre) ou en unité de comptes par seconde (avec la caméra matricielle). Comment
est-ce possible de les comparer avec les prédictions théoriques en W/m2 ?
Pour une fréquence de modulation du secteur tournant de 20 Hz, quel critère devrait être
pris pour le choix de la constante de temps sur l’ADS ?
Comment pourrait-on linéariser les lois de Stefan et de Planck ?
6 Références
D.W. Preston et E. R. Dietz, The Art of Experimental Physics, Wiley, 1991, p. 152.
A. Adkins, Classical Thermodynamics, McGraw-Hill, New York, 2e éd. 1988.
F. Reif, Fundamentals of Statistical and Thermal Physics, McGraw-Hill, New York, 1965.
S. Segrè, From X-Rays to Quarks : Modern Physicists and Their Discoveries,
W. H. Freeman, San Francisco, 1980, chapitre 4 (aussi disponible en français chez Fayard).
36
Table 7.1 : Indice de réfraction par rapport à l’air du NaCl à 20 ◦ C. Ces données sont aussi
disponibles comme fichier matlab.
Annexes
39
Annexe A
Valeurs recommandées par le National Institute of Standards and Technology of United States
(NIST). Les chiffres entre parenthèses donnent les incertitudes sur les deux derniers chiffres de
la valeur de la constante (voir le site http://physics.nist.gov/cuu/Constants/).
Annexe B
Cette annexe donne de façon succincte les notions de base permettant de comprendre la
réponse d’un circuit électrique linéaire sur lequel on applique une tension. De nombreux volumes
contiennent plus de détails sur le sujet dont Electromagnetic Fields (2nd Edition), par R. K.
Wangsness.
1 Définitions
L’étude théorique d’un circuit est basée sur les lois de l’électromagnétisme. Dans le cadre
d’une théorie des circuits linéaires, les grandeurs physiques recherchées sont habituellement le
courant i qui circule dans un élément et la tension e (ou différence de potentiel) aux bornes de
cet élément. Un élément de circuit linéaire satisfait à la relation :
Dans cette annexe, nous utiliserons la convention suivante : soit A et B deux points qui
bornent un élément de circuit ; soit i le courant qui circule dans l’élément de A vers B et soit vn
le potentiel au point n. La différence de potentiel e aux bornes de l’élément est alors
e ≡ vB − vA (B.2)
v ≡ vA − vB (B.3)
(cette convention est quelque peu différente de celle qui se retrouve dans Wangsness, où l’on
n’introduit que la différence de potentiel, notée V ).
Tout élément d’un circuit linéaire peut s’écrire comme une combinaison de trois éléments de
base : résistance R, capacitance C et inductance L. Le tableau B.1 donne les définitions de ces
quantités et leurs relations avec le courant et la tension.
Un courant sera normalement activé dans un circuit lorsqu’une tension e y est appliquée. Si
e varie avec le temps, de même v et i dépendront du temps. Dans cette annexe, les grandeurs
qui varient dans le temps seront désignées par des lettres minuscules (v, i, e). Les grandeurs
constantes seront quant à elles désignées par des lettres majuscules.
42
Table B.1 : Définitions des quantités qui interviennent dans la théorie des circuits électriques
linéaires
2 Principes de base
Loi d’Ohm
La loi d’Ohm établit la relation entre le courant circulant dans une résistance pure R et la
tension aux bornes de cette résistance. Si i est le courant qui, à l’instant t, traverse R, la chute
de tension aux bornes de R est
v = vA − vB = Ri (B.4)
Lois de Kirchhoff
n
X
ip = 0 (B.5)
p=1
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 43
La deuxième loi de Kirchhoff est une application de la loi de conservation de l’énergie. Si l’on
déplace une charge le long d’une maille d’un circuit et qu’on la ramène à son point de départ, la
somme des changements de potentiel ressentis par cette charge doit être nulle. La prochaine figure
représente une telle maille entrant dans la constitution du circuit où A, B, C et D représentent
des noeuds. Les petits rectangles sont les éléments du circuit. Nous avons également fait figurer
des sources de tension externes e (cercle). Supposons qu’il y a n éléments dans la maille. Un
nombre l de ceux-ci sont associés à une différence de tension ep et un nombre m à une chute de
tension vq , avec l + m = n.
Pour tout temps t, la seconde loi de Kirchhoff s’écrit :
l
X m
X
ep − vq = 0 (B.6)
p=1 q=1
c’est-à-dire que la somme des différences de potentiel est égale à la somme des chutes de tension
pour tout trajet fermé.
Comme énoncé plus haut, tout circuit linéaire peut être représenté comme une combinaison
de résistances, capacitances et inductances pures. La loi d’Ohm s’applique aux résistances mais
pas aux deux autres sortes d’éléments, qu’on appelle éléments réactifs.
Un condensateur est un élément constitué de deux plaques métalliques sur lesquelles se
retrouve respectivement une charge q et −q. Le condensateur est donc globalement neutre. Si on
applique une différence de potentiel ec entre les deux plaques d’un condensateur de capacitance
C, alors
q = Cvc = −Cec (B.7)
Une inductance est un autre élément de circuit aux bornes de laquelle une tension e est
induite lorsqu’elle est traversée par un flux d’induction Φ variable. La loi de Faraday donne :
dΦ
e(t) = − . (B.10)
dt
44
Le flux Φ peut être considéré comme la somme algébrique d’un flux Φ1 produit extérieurement
et d’un flux Φ2 dû au passage du courant dans ce circuit. Dans cette annexe, on considérera qu’il
n’y a pas d’induction dans un élément du circuit provenant d’un autre élément de ce circuit. On
peut alors caractériser chaque élément inductif du circuit par son inductance (ou coefficient de
self-induction) L telle que
Φ2 = Li (B.11)
Résistance
vA − vC = vA − vB + vB − vC
= R1 i + R2 i = (R1 + R2 )i . (B.13)
vA − vB = R1 ii = R2 i2 = Rt i . (B.15)
On en tire que :
R1 R2 1 1 1
Rp = ou = + . (B.16)
R1 + R2 Rp R1 R2
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 45
Condensateurs
q1 q2 q
q = q1 + q2 d’où vA − vB = = (B.19)
C1 C2 Cp
on tire : Cp = C1 + C2 . (B.20)
Inductances
di
vA − vB = L1
dt
di
vB − vC = L2
dt
di di
et donc vA − vC = Ls = (L1 + L2 )
dt dt
Ls = L1 + L2 . (B.21)
i = i1 + i2
di1 di2 di
d’où v A − v B = L1 = L2 = Lp
dt dt dt
1 1 1
on tire = + . (B.22)
Lp L1 L2
46
vB − vC = R2 i
et e = vA − vC = (R1 + R2 )i
R2 e
d’où vR2 = . (B.23)
R1 + R2
4 Régime transitoire
Les relations entre courant et tension pour les éléments réactifs L et C font intervenir des
dérivées ou des intégrales par rapport au temps. De ce fait, l’équation d’un circuit comprenant
de tels éléments seront intégro-différentielles. La solution de ces équations avec l’application de
conditions initiales appropriées permet de décrire les changements d’états du système en régime
transitoire.
Premier exemple
Comme application des lois fondamentales, nous allons calculer l’état du circuit schématisé
ci-dessous soumis à une excitation extérieure transitoire. Cette excitation est représentée par la
tension externe e d’un générateur que nous supposerons de résistance négligeable (si ce n’était
pas le cas, il faudrait effectuer la transformation R1 → R10 = R1 + Rg , où Rg est la résistance
interne du générateur).
i = i1 + i2 . (B.24)
Aux bornes de C
q dv
v= et i2 = C . (B.25)
C dt
La loi d’Ohm pour la résistance R2 s’écrit v = R2 i1 et la deuxième loi de Kirchhoff donne
e = R1 i + v. En combinant ces équations on trouve facilement
dv R1
e = R1 C + 1+ v. (B.26)
dt R2
Supposons maintenant que l’excitation est un signal échelon qui advient au temps t = 0 :
(
0 pour t ≤ 0
e= (B.27)
E pour t > 0 .
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 47
dv 1 + R1 /R2
=− v (B.28)
dt R1 C
d’où
1 + R1 /R2
v = D1 exp − t + D2 . (B.29)
R1 C
Les constantes D1 et D2 doivent être déterminées par un examen des conditions initiales. À
t = 0, un courant sera mis en branle, mais aucune charge n’aura encore eu le temps de s’accumuler
sur le condensateur. Donc,
v(0) = 0 . (B.30)
E
D1 = −D2 = − . (B.31)
1 + R1 /R2
E 1 + R1 /R2
v= 1 − exp − t . (B.32)
1 + R1 /R2 R1 C
L’état de transition, qui correspond à une charge du condensateur C, est décrit par la fonction
exponentielle. La constante de temps de charge est
R1 C
τ= . (B.33)
1 + R1 /R2
Lorsque t = τ ,
E 1
v(τ ) = 1− = 0.63Vmax . (B.34)
1 + R1 /R2 e
de d2 i di i
=L 2 +R + (B.37)
dt dt dt C
dans laquelle on a effectué la substitution i = dq/dt.
48
Ce qui permet de déduire en tout temps la valeur du courant qui circule dans le circuit.
5 Régime alternatif
Parmi les excitations et les signaux que l’on considère dans la théorie des circuits, les signaux
alternatifs forment une classe importante. Ceux-ci font eux-mêmes partie d’une classe plus vaste
de signaux dits signaux périodiques.
Signaux périodiques
Par définition, un signal périodique x de période T reprend la même valeur avec le même
sens de variation après un intervalle de temps T . La fréquence f du signal est
1
f= (B.41)
T
et sa pulsation s’écrit ω = 2πf . La valeur crête Xm du signal est sa valeur maximum.
On définit aussi la valeur moyenne
Z T
1
hXi = x(t)dt (B.42)
T 0
et la valeur efficace Xeff qui représente la valeur de la tension constante qui dissiperait la même
puissance dans une résistance donnée
s
Z T
1
hXeff i = [x(t)]2 dt . (B.43)
T 0
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 49
Signaux alternatifs
où x(t) est la valeur du signal à l’instant t, A est la valeur crête (ou amplitude), ω est la pulsation
(ou fréquence angulaire) et ϕ est la phase.
Pour fixer les idées, supposons le circuit LRC discuté en deuxième exemple dans la section
précédante. L’équation (B.37) est toujours valide avec
e = E cos(ωt) (B.45)
i = I cos(ωt + ϕ) (B.46)
où e est la tension fournie par le générateur et i est le courant qui circule dans le circuit. L’état
du système sera spécifié par une connaissance de i et ϕ pour une pulsation ω donnée. Afin de
trouver ces valeurs, on remplace ces valeurs dans l’équation (B.37) et on trouve ainsi :
I
− ωE sin(ωt) = −Lω 2 T cos(ωt + ϕ) − RωI sin(ωt + ϕ) + cos(ωt + ϕ) . (B.47)
C
Cette égalité doit tenir pour tout temps t, et en particulier pour t = 0 et on déduit :
I 1 1
2
0 = −Lω T cos ϕ − RωI sin ϕ + cos ϕ tan ϕ = − ωL . (B.48)
C R ωC
I
− ωE = Lω 2 I sin ϕ − RωI cos ϕ − sin ϕ (B.49)
C
dont on tire : s 2
E 1
= R2 + − ωL . (B.50)
I ωC
6 Impédance complexe
La méthode décrite ci-dessus pour connaître l’état d’un système en régime alternatif est
exacte mais peut rapidement devenir très lourde. Il est, de façon générale, préférable d’introduire
la notion d’impédance complexe.
Un nombre complexe à (noté dans cette annexe par le symbole ˜ peut s’écrire sous la forme
√
à = X + jY avec j = −1 . (B.51)
X = <{Ã} est appelé partie réelle et Y = ={Ã} partie imaginaire du nombre complexe Ã.
La norme A du nombre complexe à s’écrit :
p
A = |Ã| = X2 + Y 2 . (B.52)
50
Ã∗ = X − jY (B.53)
d’où on tire : p
A= ÃÃ∗ . (B.54)
(jθ)2 (jθ)3
ejθ = 1 + jθ + + + ...
2! 3! !
θ2 θ4 θ3 θ5 (B.55)
=1− + + ... + j θ − + ...
2! 4! 3! 5!
= cos θ + j sin θ .
ejθ + e−jθ
cos θ = (B.56)
2
ejθ − e−jθ
sin θ = . (B.57)
2
En comparant ces dernières équations on voit que tout nombre complexe à = X + jY peut
se mettre sous la forme à = Aejθ . En fonction de A et θ, on a que X et Y sont donnés par
Autrement dit, un signal alternatif est mathématiquement représenté par une exponentielle
complexe, avec la convention que le signal mesurable correspond à la partie réelle
de l’expression complexe. Tout opérateur linéaire (addition, multiplication par une quantité
indépendante du temps, différentiation ou intégration par rapport au temps, etc.) peut être
appliqué à la représentation complexe d’un signal alternatif sans perdre la correspondance avec
le signal mesurable. En effet,
<{x̃} + <{ỹ} = <{x̃ + ỹ} . (B.63)
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 51
De même,
dx
= −ωA sin(ωt + ϕ) (B.64)
dt
et
dx̃
= jωAej(ωt+ϕ) = −ωA sin(ωt + ϕ) + jωA cos(ωt + ϕ) (B.65)
dt
de telle sorte que
dx dx̃
=< . (B.66)
dt dt
On est ainsi amené à introduire la notion d’impédance complexe Z̃, définie par la relation :
ṽ = Z̃(ω)ĩ . (B.75)
Les expressions de Z̃ pour les différents éléments de circuit sont données dans le tableau B.2.
Table B.2 : Expression de l’impédance complexe pour les éléments de base d’un circuit.
L’introduction des impédances complexes des trois éléments de base (résistance, capacitance
et inductance) permet de simplifier la résolution de l’état d’un circuit en régime alternatif. En
effet, les impédances complexes des divers éléments d’un circuit se combinent de
la même façon que si ces éléments étaient des résistances pures. Pour deux éléments
quelconques en série,
Z̃t = Z̃1 + Z̃2 (B.76)
tandis que pour deux éléments en parallèle,
1 1 1
= + . (B.77)
Z̃t Z̃1 Z̃2
Attention : il est important de remarquer qu’on ne peut pas multiplier deux signaux
alternatifs en représentation complexe, parce qu’il ne s’agit pas là d’une opération linéaire.
En effet, si i = I cos(ωt + ϕi ) et v = V cos(ωt + ϕv ), alors
Reprenons maintenant le calcul effectué dans la section 5 pour le circuit LRC en régime
alternatif. La deuxième loi de Kirchhoff nous donne :
ẽ = Z̃ ĩ (B.86)
1
où Z̃ = Z̃L + Z̃C + Z̃R + Z̃RL = Rt + j ωL − (B.87)
ωC
avec Rt = R + RL .
ANNEXE B. CIRCUITS ÉLECTRIQUES LINÉAIRES 53
Deuxième exemple
Reprenons en régime alternatif le même circuit que celui traité au premier exemple de la
section 4. L’impédance complexe Z̃2 équivalente aux éléments R2 et C en parallèle est
1 1
= + jωC (B.96)
Z̃2 R2
d’où
R2
Z̃2 = . (B.97)
1 + jωCR2
L’impédance totale est donc
R2
z̃ = Rt + Z̃2 = R1 + (B.98)
1 + jωCR2
ce qui permet de calculer ṽ puisque ẽ = Z̃ ĩ :
R1
ẽ 1 + − jωCR1
Z̃2 ẽ ẽ R2
ṽ = = = . (B.99)
Z̃ R1 R1 2
1+ + jωCR1 1+ + (ωCR1 ) 2
R2 R2
55
Annexe C
Calcul d’erreur
Dans cette section, les résultats principaux d’une analyse de la propagation des erreurs et
de la détermination des meilleurs paramètres d’une fonction théorique à ajuster à des données
expérimentales sont donnés succinctement. Pour plus de détails, référez-vous à « Data Reduction
and Error Analysis for the Physical Sciences, 2nd Edition » par P. R. Bevington et D. K. Robinson
(McGraw-Hill, New York, 1992). Avant d’effectuer une analyse d’erreur, il importe toutefois
d’avoir en tête qu’aucune analyse statistique, aussi sophistiquée soit-elle, ne peut compenser un
prise de données déficiente.
Soit f (x, y, z) une fonction des valeurs mesurées x ± ∆x, y ± ∆y et z ± ∆z. Si on suppose que
les incertitudes sur x, y et z ne sont pas corrélées, l’intervalle statistique donne pour l’incertitude
sur f : q
δf = δfx2 + δfy2 + . . . (C.1)
où δfx et δfy sont les différentes composantes de δf en fonction des paramètres x et y et sont
données par :
Les expressions (C.2) peuvent être évaluées numériquement ou via l’approximation du premier
ordre si les intervalles de confiance sont suffisamment petits. On obtient alors :
s 2 2 2
∂f ∂f ∂f
δf = ∆x + ∆y + ∆z . (C.3)
∂x ∂y ∂z
56
Soit N points expérimentaux (xi , yi ) qui semblent satisfaire une relation y = f (x, ak ) qui
contient les m paramètres ak . On désire connaître la meilleure valeur de ces paramètres au sens
des moindres carrés, c’est-à-dire les valeurs des ak qui minimisent la fonction dénotée χ2 définie
par :
m
X 1
χ2 = 2
2 [yi − f (xi , ak )] . (C.4)
i=1
σi
Le plus souvent, on suppose les valeurs xi connues avec précision et les valeurs yi connues
avec une incertitude, ou variance, σi . On verra plus loin que faire si les incertitudes sur x ne sont
pas négligeables. De plus, très souvent, les incertitudes sur les valeurs yi sont identiques et on
pose alors σi = σ.
3 Régression linéaire
l’ajustement par moindre carrés porte le nom de régression linéaire. Il est à noter que le mot
linéaire se réfère ici à la dépendance linéaire sur les paramètres ak et non à une dépendance
linéaire de y sur x. Le minimum du χ2 peut alors être déterminé en posant chacune de ses
dérivées partielles par rapport aux m paramètres ak à zéro :
m
( " #)
∂χ2 X fl (xi ) X
= −2 y i − ak fk (xi ) =0. (C.6)
∂al i
σi2 k=1
On peut de plus montrer que les éléments de la matrice = α−1 sont les variances et
covariances des paramètres ak : kl = σa2k al , où
X ∂ak ∂al
σa2k al = σi2 . (C.11)
i
∂yi ∂yi
Les incertitudes des paramètres ak sont donc données par la racine carrée des éléments diagonaux
de , qui porte d’ailleurs le nom de matrice d’erreur.
ANNEXE C. CALCUL D’ERREUR 57
L’obtention des meilleurs coefficients d’un polynôme de degré n sur un ensemble de points
(xi , yi ) s’obtient à partir des équations (C.7) à (C.11) en posant
n+1
X
yi = ak xn+1−k . (C.12)
k=1
5 Incertitudes sur x
Que faire si, lors de la mesure, les incertitudes sur la variable indépendante x ne sont pas
négligeables face à celles de la variable dépendante y ? On doit alors adapter les équations qui
précèdent en posant
2
∂y
σi2 = σy2i + σx2i . (C.13)
∂x x=x
i
Bien entendu, il faut concevoir une procédure itérative où les paramètres de l’ajustement sont
initialement déterminés sans mettre les incertitudes en x afin d’obtenir une première évaluation
du polynôme et donc de sa dérivée.
6 Vérification de l’ajustement
Il existe plusieurs critères pour vérifier si l’ajustement a été un succès. Le plus fondamental
d’entre eux consiste à calculer le chi carré réduit χ2ν :
χ2
χ2ν = , (C.14)
ν
où ν = N − m est le nombres de degrés de liberté dans l’ajustement (m = n + 1 dans le cas d’un
ajustement avec un polynôme de degré n). Compte tenu de la définition du χ2 , on devrait avoir
χ2ν ' 1. Si χ2ν 1, le modèle utilisé est faux ou les incertitudes ont été surestimées. Inversement,
si χ2ν 1, les incertitudes ont été grossièrement surestimées.
7 Fonction polyajus
La fonction listée ci-dessous utilise les équations données dans les sections précédentes afin
d’obtenir un ajustement polynomial de degré quelconque, y compris de degré 1 (droite). Cette
routine fonctionne bien mais, avec un peu d’effort, sans doute réussirez-vous à l’améliorer.
f u n c t i o n [ p , dp , chi2n , e p s i l o n ]= p o l y a j u s ( x , y , n , s i g y , s i g x )
% f u n c t i o n [ p , dp , chi2n , e p s i l o n ]= p o l y a j u s ( x , y , n , s i g y , s i g x )
%
% a j u s t e m e n t p o l y n o m i a l d ’ o r d r e n : y=p ( 1 ) ∗x^n+p ( 2 ) ∗x ^( n−1) + . . . + p ( n ) ∗x+p ( n+1)
%
% ENTRÉE :
% x , y : donn é e s ;
% n : o r d r e du polyn ôme ;
% s i g y : i n c e r t i t u d e s sur y ; s i é gales , e n t r e r l e c h i f f r e seulement ;
% s i i n c o n n u e s , ne r i e n m e t t r e ;
58
n p o i n t s=l e n g t h ( x ) ;
t e s t =1;
i t e r a t i o n =0;
while t e s t
i f n a r g i n==3
s i g 2 =1;
t e s t =0;
e l s e i f n a r g i n==4
s i g 2=s i g y . ^ 2 ;
t e s t =0;
e l s e i f i t e r a t i o n ==0
s i g 2=s i g y . ^ 2 ;
else
s i g 2=s i g y . ^ 2 +s i g x . ^ 2 . ∗ p o l y v a l ( p ( 1 : n−1) , x ) . ^ 2 ;
i f i t e r a t i o n ==2
t e s t =0;
end
end
b e t a=z e r o s ( 1 , n+1) ;
a l p h a=z e r o s ( n+1,n+1) ;
f o r i =1:n+1
b e t a ( i )=sum ( y . ∗ x . ^ ( n+1− i ) . / s i g 2 ) ;
f o r j=i : n+1
a l p h a ( i , j )=sum ( x . ^ ( n+1− i ) . ∗ x . ^ ( n+1−j ) . / s i g 2 ) ;
a l p h a ( j , i )=a l p h a ( i , j ) ;
end
end
e p s i l o n=i n v ( a l p h a ) ;
p=( b e t a ∗ e p s i l o n ) ’ ;
i t e r a t i o n=i t e r a t i o n +1;
end
c h i 2 n=sum ( ( y−p o l y v a l ( p , x ) ) . ^ 2 . / s i g 2 ) / ( n p o i n t s −n−1) ;
i f n a r g i n==2
e p s i l o n=e p s i l o n ∗ c h i 2 n ;
end
dp=s q r t ( d i a g ( e p s i l o n ) ) ;
% f i n de l a f o n c t i o n p o l y a j u s
ANNEXE C. CALCUL D’ERREUR 59
Si la dépendance de la fonction à ajuster sur les paramètres d’ajustement n’est pas linéaire,
il faut généralement utiliser une procédure d’optimisation qui consiste à trouver les valeurs des
paramètres qui minimisent le χ2 à partir de valeurs de départ proches des valeurs optimisées.
Plusieurs procédures d’optimisation de degrés de complexité différents existent dans tout bon
logiciel de calcul numérique, y compris Matlab (« curvefit » dans Matlab 5.2 ou « lsqcurvefit »
dans Matlab 5.3). Les incertitudes sur les paramètres peuvent encore être obtenues de la matrice
d’erreur :
où {ak } représente le jeu de paramètres optimisés et ∂f /∂ak peut être calculé analytiquement,
si la fonction à ajuster est suffisamment simple, ou numériquement selon
∂f f (. . . , ak + ∆ak , . . .) − f (. . . , ak , . . .)
' . (C.18)
∂ak ∆ak
61
Annexe D
L’amplificateur à détection synchrone (ADS), souvent désigné par son vocable anglais am-
plificateur « lock-in », est un appareil polyvalent utilisé dans un grand nombre de montages
expérimentaux. En particulier, il permet d’effectuer :
des mesures de la réponse d’un circuit en fonction de la fréquence ;
des mesures où le signal, à une fréquence fixe, est petit devant un signal parasite à d’autres
fréquences ;
des mesures de spectroscopie de modulation.
1 Principe de fonctionnement
Le fonctionnement d’un ADS nécessite l’entrée d’un signal de référence à une fréquence fixe en
plus du signal à mesurer. Les deux signaux sont amplifiés séparément. La détection est effectuée
en deux étapes : la multiplication des deux signaux amplifiés suivi par le passage du produit par
un filtre passe-bas dont la constante de temps détermine la bande de fréquences détectées par
l’ADS (bande passante, ∆ω).
On peut comprendre l’effet de ce traitement en supposant les signaux d’entrée, es , et de
référence, er , de forme sinusoïdale. De façon fonctionnelle,
es = S0 sin(ωs t + φs ) (D.1)
er = R0 sin(ωr t + φr ) (D.2)
En effectuant le produit Vs = es er :
S0 R0 n o
Vs = cos (ωs − ωr )t + (φs − φr ) − cos (ωs + ωr )t + (φs + φr ) . (D.3)
2
Le signal Vs passe ensuite par un filtre RC passe-bas. Si la constante de temps τ de ce circuit
est telle que τ = RC T = 2π/ωr , la sortie de l’ADS sera quasiment nulle sauf si ωs = ωr ,
auquel cas :
√S0
1 T cos(φs − φr ) si ωs = ωr
Z
hVs i = Vs dt = 2 (D.4)
T 0 0 si ωs 6= ωr
62
√ √
Ici, on a choisi R0 = 2, ce qui donne la valeur efficace (Seff = S0 / 2) de l’amplitude du
signal à l’entrée, la convention en force pour les ADS disponibles au laboratoire. Le signal de
sortie dépend de l’amplitude de es et de la différence entre la phase du signal d’entrée et celle de
la référence. Remarquons que ce signal de sortie est en continu et mesurable avec un voltmètre
analogique ou numérique.
Si le signal d’entrée comprend plusieurs composants à différentes fréquences, uniquement celle
à la fréquence du signal de référence sera détectée. Ainsi, sépare-t-on un signal recherché d’un
bruit ayant un spectre de fréquences. Plus précisément, uniquement les signaux à l’entrée dont les
fréquences tombent à l’intérieur de la bande passante, définie par la constante du temps du filtre,
contribuent à Vs . Typiquement, avec un constante de temps de 1 seconde, la bande passante a
une largeur de l’ordre de 1 hertz.
Au laboratoire, nous nous servons des ADS de la compagnie Stanford Research Systems, les
modèles SRS830 surtout. Ces instruments de la plus récente génération sont les ADS doubles,
c’est-à-dire qu’ils incorporent deux détecteurs distincts alimentés par deux signaux de référence
décalés en phase par π/2, l’un est alimenté avec une référence sinus (Vx ) et l’autre avec une
référence cosinus (Vy ).
Pour ωs = ωr , on a :
Annexe E
Cette annexe n’a pas pour but d’expliquer en détail le fonctionnement des instruments que
l’on retrouve sur les systèmes à vide. Il s’agit d’un simple exposé des outils qui permettent
de s’assurer de la qualité de la pression résiduelle dans les enceintes fonctionnant sous vide. Il
existe une abondante littérature technique qui explique le principe de fonctionnement des divers
instruments.
1 Systèmes de pompage
Lorsqu’on désire créer un plasma à pression réduite (c’est-à-dire au dessous de la pression at-
mosphérique), il est nécessaire de recourir à un dispositif d’étanchéité qui assure le différentiel de
pression avec l’extérieur. De tels systèmes sont utilisés dans grand nombre d’autres applications
physiques (par exemple, les accélérateurs de particules). On utilise alors un groupe de pompage
dont la qualité dépend de la qualité du vide résiduel qu’on veut assurer. Pour un fonctionnement
dans le domaine du torr (environ un millième de la pression atmosphérique) et afin d’assurer une
propreté suffisante du gaz dans l’enceinte à vide, on a recours à un double système de pompage
constitué d’une pompe primaire et d’une pompe secondaire.
La pompe primaire, aussi appelée pompe mécanique, sert à assurer un vide grossier (au
minimum, le dixième de mtorr pour les meilleures pompes) et la pompe secondaire, à raffiner
le vide. Les pompes mécaniques sont des pompes à palettes rotatives qui évacuent le gaz vers
l’extérieur, un peu comme un aspirateur.
Il existe plusieurs types de pompes secondaires (par exemple, pompes turbomoléculaires,
pompes cryogéniques . . . ). Le choix de la pompe dépend de plusieurs facteurs comme la pression
résiduelle que l’on souhaite assurer. Les pompes turbomoléculaires permettent d’atteindre des
pressions de base de l’ordre de 10−11 torr. Bien sûr, la performance d’un système de pompage
dépendra aussi de l’étanchéité de l’enceinte à vide laquelle est déterminée par le choix des
matériaux de fabrication, la qualité des joints d’étanchéité, etc.
2 Mesure de pression
La pression dans le système est mesurée de différentes façons. Pour les pressions supérieures
au dixième de mtorr, on peut utiliser une jauge de type pirani ou une jauge à membrane capacitive
(jauge baratron). Bien que la jauge capacitive couvre une plage pression réduite (≈ 3 décades),
elle a l’énorme avantage de donner une lecture de pression indépendante du gaz mesuré. Pour
64
les très basses pressions (par exemple, pour mesurer la pression résiduelle avant l’introduction
contrôlée d’un gaz dans l’enceinte), on peut utiliser une jauge à cathode chaude (à ionisation) ou
à cathode froide (penning). Il existe aussi des jauges double combinant généralement une jauge
pirani et une jauge penning ce qui permet de couvrir une très large gamme de pression.
Comme l’étanchéité des systèmes physiques n’est jamais parfaite, lorsqu’on arrête le pompage,
l’air pénètre progressivement dans l’enceinte. Afin d’assurer une qualité constante du gaz contenu
dans l’enceinte, il est donc souhaitable de maintenir le pompage en permanence. En pratique,
cela signifie que le gaz contenu dans le système doit être constamment renouvelé. Bien sûr, il
existe des enceintes scellées contenant un gaz (par exemple, les tubes fluorescents). Cependant,
la réalisation de ces tubes requiert un grand savoir-faire et leur durée de vie est limitée. De
plus, pour certaines applications, la pureté du gaz contenu dans l’enceinte n’est pas suffisante.
Le gaz se pollue progressivement en fonction du temps suite au dégazage des parois. Enfin, cette
technique n’assure aucune flexibilité : une fois le tube scellé, on ne peut plus changer la pression.
C’est donc tout à fait inapplicable pour des expériences en laboratoire.
Dans la pratique, le système de pompage évacue l’enceinte en permanence et lorsque l’on
souhaite augmenter la pression dans l’enceinte, il faut y injecter un flux de gaz. Il faut donc
équilibrer vitesse de pompage et débit de gaz afin de maintenir la pression désirée dans l’enceinte.
Généralement, on choisi d’abord le débit de gaz souhaité pour l’expérience en cours puis on ajuste
la vitesse de pompage afin d’obtenir la pression de fonctionnement désirée.
Pour un contrôle précis de la quantité de gaz pénétrant dans le système, on utilise des
contrôleurs de débit (que l’on appelle à tort débimètres qui, comme le nom l’indique ne fait
que de mesurer un débit). Un contrôleur de débit permet donc de contrôler le flux de gaz entrant
dans l’enceinte.
Pour contrôler la vitesse de pompage, comme il est généralement impossible de modifier la
vitesse de pompage de la pompe elle-même, on réduit le pompage en plaçant une vanne entre
la pompe et l’enceinte et dont on contrôle l’ouverture que ce soit manuellement ou en utilisant
un système avec une vanne papillon asservie qui permet de régler automatiquement le pompage
pour maintenir une pression de consigne choisie.