religieux
Charles G.Finney
Édition 1886
« De même aussi l’Esprit nous assiste dans nos faiblesses. Car nous ne savons pas comme il
faut ce que nous devons demander ; mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des soupirs qui
ne se peuvent exprimer. Mais Celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’affection de
l’Esprit; car il prie pour les saints, selon Dieu (Ro 8:25,26). »
Mon avant-dernier discours avait pour sujet la prière efficace ; et je fis observer alors que l’un
des attributs les plus importants de la prière efficace est la foi. Ce sujet est si vaste que je le
réservai pour un discours particulier, et qu’en conséquence je traitai, vendredi dernier, le sujet
de la foi dans la prière, ou, comme on dit, la prière de la foi.
Je m’étais proposé d’achever ce sujet en un seul discours ; mais, comme je fus obligé de me
resserrer excessivement sur certains points, il m’a semblé, de même qu’à quelques autres
personnes, que ce sujet fait naître certaines questions auxquelles il faut répondre plus
abondamment, vu surtout qu’il règne sur ce même sujet tant d’obscurité.
Un des grands objets de la prédication est d’exposer la vérité de manière à résoudre les
questions qui s’élèvent naturellement dans l’esprit de ceux qui lisent la Bible avec attention, et
qui désirent en connaître le vrai sens, afin de la mettre en pratique. Je me propose donc, en
expliquant mon texte, de montrer aujourd’hui : 1° Quel est l’esprit dont il est parlé dans ces
mots : « L’Esprit nous assiste dans nos faiblesses ; » 2° Ce que cet Esprit fait pour nous ; 3°
Pourquoi il le fait ; 4° Comment il le fait ; 5° Le degré de son influence sur l’esprit de ceux
qui sont soumis à son action ; 6° Comment on peut distinguer ses influences de celles des
mauvais esprits ou des suggestions du nôtre ; 7° Comment nous pouvons obtenir cette action
du Saint-Esprit ; 8° Qui sont ceux qui ont droit à s’attendre à ses influences, c’est-à-dire ceux
pour qui l’Esprit fait les choses indiquées dans notre texte.
Quelques-uns ont supposé qu’il s’agit là de notre propre esprit, de notre intelligence ; mais un
léger degré d’attention à notre texte montrera clairement que ce n’est pas là son sens. Sans
cela, nous aurions cette phrase : Que notre esprit nous assiste dans les faiblesses de notre
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esprit, et que notre esprit fait intercession pour notre esprit. Vous voyez que la chose n’a pas
de sens. Il résulte évidemment, de la manière dont notre texte est amené, qu’il s’agit ici du
Saint-Esprit. « Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de Dieu..... car
vous avez reçu l’Esprit d’adoption, etc. » Or, notre texte parle clairement du même Esprit.
Il intercède pour les saints. Il aide les chrétiens à prier selon la volonté de Dieu et à demander
les choses pour lesquelles Dieu veut qu’on le prie.
A cause de notre ignorance ; parce que nous ne savons pas comment ni pour quels objets nous
devons prier. Parce que nous ignorons tellement la volonté de Dieu, soit qu’il la révèle dans la
Bible, soit qu’il ne le fasse pas, que nous avons souvent besoin d’apprendre par Lui-même à
la connaître.
Le genre humain est dans une profonde ignorance sur les promesses et les
prophéties de la Bible ; il est aveugle quant aux directions de la Providence ; et
l’ignorance est encore plus profonde dans les points sur lesquels Dieu ne
s’explique que par les directions de son Esprit. Vous vous rappelez que j’ai
indiqué ces quatre moyens ou ces quatre sources pour y puiser la prière de la foi.
Quand tous nous manquent, l’Esprit vient pour nous diriger.
IV. Comment fait-il intercession pour les saints ? De quelle manière est-ce qu’il opère pour
nous soulager dans nos faiblesses ?
Ce n’est pas en priant pour nous, tandis que nous ne faisons rien. Il prie pour nous en excitant
notre action à nous-mêmes, non en nous suggérant immédiatement des paroles, ou en
dirigeant notre langage, mais en éclairant nos esprits, et en faisant que la vérité s’en empare ;
Il nous conduit à considérer l’état de l’Eglise et la condition des pécheurs autour de nous.
Nous ne pouvons dire la manière dont Il présente la vérité à nos esprits et l’y tient jusqu’à ce
qu’elle produise ses effets ; mais ce que nous savons, c’est qu’il nous conduit à une profonde
Les pécheurs ne peuvent échapper à de profondes émotions quand l’Esprit de Dieu leur
présente la vérité. Ils se sentent mal à l’aise aussi longtemps qu’ils restent impénitents. Quand
l’Esprit saint amène un sujet en contact avec un cœur chrétien, il est aussi impossible de ne
pas en éprouver une impression, qu’il le serait de ne pas sentir de la chaleur en mettant sa
main au feu.
Quand l’Esprit de Dieu conduit un homme à réfléchir sur des objets qui sont faits pour exciter
des sentiments pleins de puissance, si cet homme ne sent rien, c’est une preuve qu’il n’a
aucun amour pour les âmes et qu’il ne sait ce qu’est l’Esprit de Christ ni l’expérience
chrétienne.
2° L’Esprit apprend aux chrétiens à sentir le prix des âmes, et la culpabilité et le danger des
pécheurs inconvertis.
C’est une chose qui confond que de voir l’insensibilité et la stupidité de bien des chrétiens à
ce sujet. Oui! il y a des parents même chrétiens, qui laissent descendre leurs enfants droit en
enfer, sous leurs yeux et qui semblent à peine éprouver quelque chose à leur égard ou faire le
moindre effort pour les sauver !
Et pourquoi ? Parce qu’ils sont aveugles sur ce qu’est l’enfer, incrédules devant la Bible, et
ignorants quant aux promesses précieuses que Dieu a faites aux parents fidèles; ils repoussent
l’Esprit de Dieu à force de l’affliger; et il est inutile de leur dire de prier pour leurs enfants,
puisque l’Esprit de Dieu les a abandonnés.
C’est étonnant que jamais les chrétiens n’aient su appliquer pleinement les promesses de
l’Ecriture aux événements ordinaires de la vie. Ce n’est pas que ces promesses soient
obscures, elles sont assez claires ; mais on a toujours une disposition excessive à méconnaître
la lumière que les Ecritures répandent sur les événements de cette vie.
Combien les apôtres n’étaient-ils pas surpris de l’application que Christ se faisait à lui-même
de tant de prophéties ! On dirait qu’on les entend continuellement s’écrier : « C’est singulier !
Est-ce bien possible ? Jamais nous ne l’avions compris ! » Quel est l’homme qui, considérant
la manière dont ces apôtres, dirigés plus tard par le Saint-Esprit, appliquaient aux temps
évangéliques les passages de l’Ancien Testament, n’ait été surpris de la richesse de
signification que présentent les Ecritures ? Il en a été de même de plus d’un chrétien qui, plein
de l’esprit de prière, a vu des passages de l’Ecriture recevoir une application dont il ne s’était
auparavant jamais douté.
Il se remet donc à genoux, mais tout était encore ténébreux, et son cœur était aussi dur
qu’auparavant. Il était près de désespérer, et il s’écriait comme en agonie : « J’ai repoussé
l’Esprit de Dieu en le consistant, et il n’y a plus pour moi de promesses ! L’accès auprès de
Dieu m’est fermé ! » Mais comme il avait résolu de ne pas lâcher prise, il se remit à genoux.
Il n’avait prononcé que peu de paroles lorsque ce passage se présenta à son esprit aussi
nouveau et aussi frais que s’il venait de le lire : « Vous me chercherez et vous me trouverez
quand vous m’aurez recherché de tout votre cœur (Jer 29:13). » Il comprit que cette promesse,
quoique renfermée dans l’Ancien Testament et adressée aux Juifs, était aussi bien applicable à
lui-même qu’à eux et son cœur en fut brisé en un moment comme par le marteau de l’Eternel ;
il pria et se releva heureux en Dieu. (Conversion de Finney.
C’est ainsi qu’il arrive souvent aussi à des gens qui n’avaient guère que la profession de la
religion et qui prient pour leurs enfants. Ils prient d’abord dans l’obscurité et dans le doute, et
il leur semble qu’il n’y a aucun fondement pour leur foi à cet égard, aucune promesse spéciale
pour les enfants des fidèles. Mais, tandis qu’ils plaident avec Dieu, Dieu leur a montré le sens
étendu de quelque promesse qu’ils oubliaient, et leur âme s’appuie sur elle comme sur le bras
du Tout-Puissant.
J’ai entendu raconter qu’une veuve était vivement en peine au sujet de ses enfants, jusqu’à ce
que ce passage se présentât puissamment à son esprit : « Laisse tes orphelins et je leur
donnerai de quoi vivre. » Elle vit que cette déclaration était susceptible d’un sens étendu, et
elle fut rendue capable de saisir ce sens, et, pour ainsi dire, de mettre la main dessus. Dès lors
sa prière acquit de l’efficace et ses enfants furent convertis.
Le Saint-Esprit a été envoyé dans le monde par le Sauveur pour diriger son
peuple, pour l’instruire et pour lui remettre en mémoire les enseignements
divins, aussi bien que pour convaincre le monde de péché.
4° L’Esprit enseigne aux chrétiens à désirer et à demander les choses que la Parole écrite ne
spécifie aucunement.
Prenez le cas d’un individu. Que Dieu soit disposé à sauver, voilà une vérité générale. Il est
vrai de même qu’il est disposé à répondre aux prières. Mais comment connaîtrai-je la volonté
de Dieu, quant à cet individu, pour savoir si je puis prier avec foi et selon la volonté de Dieu,
pour la conversion et le salut de cet individu ou non ?
C’est ici qu’intervient l’action de l’Esprit. Quand nous ne savons pour quel objet prier,
l’Esprit nous apprend à insister sur tel ou tel objet, à en considérer les circonstances et la
valeur, à prier et à éprouver comme des douleurs d’enfantement en faveur de telle ou telle
J’ai eu beaucoup d’occasions de voir ce qu’il en était en certains lieux. J’ai connu un individu
qui avait coutume de tenir une liste des personnes pour lesquelles il s’intéressait spécialement,
et je sais une multitude de ces personnes qui furent immédiatement converties. Je l’ai vu prier
dans une espèce d’agonie pour certaines personnes portées sur sa liste et je sais qu’il
demandait même quelquefois à d’autres personnes de l’aider à prier pour tels ou tels.
Son esprit s’attachait, se cramponnait quelquefois à tel individu d’un caractère endurci et
désespéré qui ne pouvait sûrement être atteint par les voies ordinaires. Dans une ville du nord
de notre Etat, où était un réveil, il se trouvait aussi un adversaire violent et haineux de
l’Evangile. Il tenait un cabaret et il prenait plaisir à jurer d’une manière effroyable toutes les
fois qu’il pouvait être entendu par quelques chrétiens, afin de leur faire de la peine.
Il était tellement pervers qu’un de ses voisins songeait à vendre son établissement et à quitter
la ville pour fuir un jureur de cette force. Le chrétien dont je vous parle, passant par cette
ville, apprit ces choses et fut profondément affligé au sujet de l’impie. Il le prit sur sa liste
d’intercession ; le cas pesait sur son cœur, même pendant le sommeil, et il pensa à lui et il pria
pour lui pendant quelque temps. La première chose que nous apprîmes du malheureux jureur,
c’est qu’il vint peu après à une assemblée, qu’il se présenta pour confesser ses péchés, son
comptoir devint aussitôt le lieu où se tinrent les prières.
Voilà comment l’Esprit de Dieu conduit des chrétiens à prier pour des choses ou pour des
personnes auxquelles sans cet Esprit ils n’auraient pas songé, et comment on prie pour
certains objets « selon la volonté de Dieu ». Quelques-uns diront peut-être qu’on peut
accorder à une telle intervention de l’Esprit le nom de révélation.
Je sais qu’on a fait beaucoup de mal en usant pour ce cas-là de cette expression ; mais le
terme n’importe pas. Bien des gens seront effrayés de le voir employé dans ce cas, et ne
voudront pas même s’arrêter à rechercher ce qu’il signifie, et si l’Ecriture le justifie ou non.
Le fait est que l’Esprit porte un homme à prier ; et quand Dieu nous porte à prier pour un de
nos semblables, nous devons conclure avec la Bible que le dessein de Dieu est de sauver cet
homme. Si donc nous trouvons, en examinant l’état de notre âme selon les Ecritures, que nous
sommes conduits par l’Esprit à prier pour un individu, nous avons une bonne présomption
pour croire que Dieu veut le bénir.
5° L’Esprit guide encore les chrétiens, en leur donnant un discernement spirituel à l’égard
des mouvements et des actes de la Providence.
Des chrétiens dévots, gens de prière, voient souvent les choses avec une telle clarté, et si loin
devant eux, que c’est pour d’autres personnes un sujet d’étonnement; ces chrétiens semblent
quelquefois presque prophétiser. Sans doute on peut être trompé, et on l’est quelquefois en
s’appuyant sur sa propre intelligence, tandis qu’on croit être conduit par l’Esprit ; mais il n’y a
aucun doute qu’un chrétien ne puisse en venir à voir et à discerner clairement les signes du
temps, de manière à comprendre, par les voies de la Providence, ce à quoi il doit s’attendre, et
Il y avait, dans l’Etat de New-Jersey, une femme qui avait eu un réveil dans son endroit, et qui
était assurée qu’il allait y en avoir un autre, Elle répétait qu’on avait eu les pluies de la
première saison et qu’on allait avoir celles de l’arrière-saison. Elle demandait qu’on tînt ce
que nous appelons des conférences.
Mais le pasteur et les anciens, ne voyant rien qui les encourageât à cet égard, ne voulaient rien
faire. Elle, au contraire, voyait qu’ils étaient aveugles, et elle alla en avant. Elle demanda à un
charpentier de lui faire des bancs, parce qu’elle voulait avoir des assemblées dans sa maison,
qu’il y aurait certainement un réveil.
A peine avait-elle ouvert les portes de ses assemblées que l’Esprit de Dieu descendit avec
grande puissance ; et les membres endormis du troupeau se virent entourés tout à coup de
pécheurs ébranlés ; de sorte qu’ils ne pouvaient que s’écrier : « Certainement l’Eternel était en
ce lieu, et nous ne le savions pas ! »
— La raison pour laquelle des personnes de ce genre discernent les indices de la volonté de
Dieu n’est point une sagesse supérieure qu’elles possèdent, mais l’action de l’Esprit de Dieu
qui leur apprend à voir les signes du temps. Ce n’est pas une révélation, elles apprennent à
voir converger en un seul point différentes directions de la Providence, ce qui leur suffit pour
conclure, avec raison, à un résultat assuré.
V. En quel degré devons-nous nous attendre à voir l’Esprit de Dieu agir sur l’esprit des
croyants ?
Notre texte répond que «l’Esprit intercède par des soupirs qui ne peuvent s’exprimer.»
J’entends par là que l’Esprit excite des désirs trop grands pour qu’ils puissent s’exprimer
autrement que par des soupirs: c’est quelque chose que le langage ne peut rendre, l’âme est
trop pleine pour pouvoir mettre en paroles ce qu’elle éprouve. Le chrétien, dans ce cas, ne
peut que soupirer; et Dieu entend ce langage du cœur.
VI. Comment pouvons-nous connaître si c’est l’Esprit de Dieu qui agit sur notre esprit ou
non ?
1° D’abord ce n’est pas en nous apercevant qu’il y a quelque influence ou quelque action
extérieure qui s’applique à notre intelligence.
Il ne faut pas nous attendre à sentir nos esprits en un contact pour ainsi dire physique avec
Dieu ; si pareille chose peut avoir lieu, nous ne savons absolument pas de quelle manière elle
pourrait nous devenir sensible. Nous savons que nous exerçons notre esprit librement et que
Souvent on éloigne l’Esprit en le contristant, parce qu’on ne reçoit et ne cultive pas ses
influences avec soin. Les hommes inconvertis tombent souvent dans cette faute sans s’en
douter ; ils supposent que, s’ils étaient sous quelque conviction, de l’Esprit, ils éprouveraient
telle ou telle sensation mystérieuse, ils recevraient un choc sur lequel ils ne pourraient se
méprendre.
Et même un grand nombre de chrétiens ignorent tellement ce que sont les influences de
l’Esprit, et ont si peu réfléchi sur ce que c’est que d’avoir son assistance dans la prière, que,
lorsqu’ils en ont quelque chose, ils ne le savent pas, ils n’en prennent pas soin, et ils ne cèdent
pas à ces mouvements pour les entretenir.
La vérité est que, dans ce cas, nous ne nous apercevons de rien que de l’effet produit sur notre
esprit: il n’y a rien autre que l’on puisse sentir. Nous apercevons seulement que nos pensées
s’appliquent avec intensité à un certain objet.
Les chrétiens s’inquiètent et s’égarent souvent sur ce point, dans la crainte mal fondée qu’ils
n’ont pas l’Esprit de Dieu. Ils éprouvent des sentiments intenses, et ils ne savent reconnaître
d’où ces sentiments leur viennent. Souvent ils s’occuperont des pécheurs impénitents pendant
tout le jour, et ils seront en détresse à leur sujet ; or, le fait seul que vous pensez ainsi à ces
êtres est une preuve que l’Esprit de Dieu vous conduit.
Ne savez-vous pas réfléchir que la plupart du temps ces pensées ne vous affectent pas de la
même manière, et que vous n’êtes pas toujours également inquiets sur l’état des pécheurs ?
Leur salut a toujours la même importance ; et, cependant, il y a des temps où, ayant tout le
loisir de réfléchir sur ce sujet, vous vous sentez profondément indifférents.
Lors donc qu’à d’autres époques vous vous occupez du sort éternel de vos semblables au
milieu même de vos occupations les plus pressantes, quand vous priez avec ardeur pour eux
au sein de travaux qui, en d’autres temps, auraient absorbé toute votre attention, d’où vient
que toutes vos pensées reviennent ainsi à demander grâce pour les ennemis de Dieu ?
C’est que leur cas se présente à vous sous un point de vue qui vous frappe. Et d’où vient ce
changement dans vos dispositions, si ce n’est de l’Esprit de Dieu ? Ce ne sont pas les démons
qui nous les inspireraient. Si donc vos dispositions portent le caractère de la bienveillance
chrétienne, vous devez les considérer comme le produit du Saint-Esprit, qui vous pousse à
prier pour des objets qui sont « conformes à la volonté de Dieu ».
Quelquefois les gens sont trompés par de singulières imaginations et par de misérables idées.
Si vous les comparez fidèlement à la Bible, vous ne serez jamais séduits ; vous pourrez
toujours connaître si vos sentiments sont produits par l’Esprit, en comparant vos désirs avec
Jésus dit : « Si vous donc qui êtes méchants savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. » Si
quelqu’un de vous disait qu’il a prié pour l’obtenir et qu’il ne vient pas, je lui dirais que c’est
parce qu’il ne prie pas comme il faut. « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que
vous demandez mal, afin de l’employer dans vos convoitises. »
Souvent des motifs impurs se mêlent même à notre insu à nos prières. Un homme qui
professait hautement la piété, et qui était l’un des principaux membres de son église,
demandait un jour à un ministre ce qu’il pensait de son cas. « J’ai prié, » lui dit-il, pendant des
semaines pour l’Esprit et je n’ai rien obtenu. » Le ministre lui demanda quel était le motif qui
le portait à la prière. — C’est pour être heureux.
Je sais que ceux qui ont reçu l’Esprit sont heureux. — Oh ! Dit le ministre, le diable pourrait
prier ainsi. C’est par égoïsme. — L’homme se détourna en colère, pour le moment. Il vit qu’il
n’avait encore jamais su ce que c’était que de prier. Il fut convaincu qu’il avait été jusque-là
un hypocrite, et que ses prières étaient toutes égoïstes.
David demandait à Dieu que son esprit d’affranchissement le soutînt, « afin qu’il
pût enseigner les transgresseurs et convertir les pécheurs à Dieu. » Un chrétien
devrait demander l’Esprit, afin de devenir plus utile et de glorifier Dieu
davantage, et non pour être lui-même plus heureux. L’homme dont je vous parle
vit clairement son erreur et fut converti. Peut-être en avez-vous fait autant que
lui. Il faut vous examiner, et voir si vos prières ne sont pas toutes encore teintes
et entachées d’égoïsme.
2° Usez des moyens propres à exciter vos esprits à ce sujet et à y fixer votre attention.
Si un homme demande l’Esprit et se détourne ensuite vers des objets temporels, s’il n’use pas
d’autres moyens à côté de la prière, mais qu’après l’avoir faite il aille s’occuper à des objets
mondains, il tente Dieu, il abandonne son but, et ce serait un miracle s’il obtenait ce qu’il
demande.
Prenez la Bible, parcourez les passages qui montrent la condition et la perspective des
mondains ; jetez les yeux sur l’humanité, sur vos enfants, sur vos voisins. Voyez l’état où ils
se trouvent aussi longtemps qu’ils persévèrent dans leurs péchés, et persévérez dans la prière
et dans vos efforts, jusqu’à ce que vous obteniez la grâce que l’Esprit de Dieu demeure en
vous. C’est là sans doute le moyen qu’employait le docteur Watts pour entrer dans les
sentiments qu’il décrivait dans le cantique II de son second livre, que vous ferez bien de lire
chez vous quand vous serez de retour.
« Mes pensées roulent sur des sujets solennels, le trépas et la damnation. Quelles horreurs
s’emparent d’une âme coupable sur le lit de mort ! »
« Languissant sur les rives d’ici-bas, l’âme du pécheur voudrait ne les jamais quitter. Mais la
mort, comme un torrent dévastateur, vient entraîner le misérable. »
« Alors, avec la vitesse de la foudre, il descend vers l’étang de feu parmi des ennemis qu’il
déteste et qui s’effraient à leur tour de son apparition. »
« Là gisent des masses innombrables de méchants liés dans des chaînes d’obscurité. Ils crient
dans les tortures du désespoir, en prévoyant des peines plus horribles encore. »
« Toute leur angoisse et leur sang est insuffisant pour expier leur impiété passée, et les
compassions de Dieu n’écoutent plus leur gémissement. »
« Grâce ineffable qui m’a conservé la vie et qui a retenu mon âme ici-bas, jusqu’à ce que j’aie
appris à connaître la mort de mon Sauveur et que je me sois assuré de son amour ! »
Regardez, pour ainsi dire, à travers un télescope qui vous rapproche les objets, regardez en
enfer et écoutez-en les gémissements; puis tournez vos instruments vers les cieux, et voyez-y
les saints dans leurs robes blanches avec des harpes dans les mains ! Écoutez-les chanter le
cantique de l’amour d’un rédempteur, et demandez-vous à vous-mêmes : Serait-il possible
que je pusse être vainqueur de l’Eternel et porter par mes prières un pécheur jusqu’à cette
gloire ? Faites cela, et si vous n’êtes pas un misérable entièrement étranger à Dieu, vous
obtiendrez bientôt de l’Esprit de prière autant que votre corps pourra en supporter.
3° Il vous faut joindre la vigilance à votre prière, vous tenir en vigie et voir si Dieu vous
accorde la bénédiction que vous lui demandez.
Quelquefois les gens prient sans regarder si Dieu les exauce. Ayez soin aussi de ne point
contrister l’Esprit de Dieu; confessez et abandonnez vos péchés. Jamais Dieu ne vous guidera
comme un de ses intimes et ne vous admettra dans ses secrets avant que vous ayez confessé et
abandonné vos péchés.
Ne passez pas votre vie à confesser toujours et à n’abandonner jamais ; mais confessez et
abandonnez. Redressez tous les torts que vous pouvez avoir commis ; vous ne pouvez vous
attendre à recevoir d’abord l’esprit de prière et à vous repentir ensuite. Ce n’est pas là le
En d’autres termes, n’ayez aucune communion avec le péché ; visez à vivre entièrement au-
dessus du monde. « Soyez parfaits comme votre Père qui est au ciel est parfait. » Si pourtant
vous péchez, que ce soit votre affliction journalière. L’homme qui ne se propose pas ce but
consent à vivre dans le péché, et puisqu’il n’est pas sincère dans le désir de garder tous les
commandements de Dieu, il ne doit pas s’attendre à sa bénédiction.