DELF B1 ● Cadre européen commun de référence pour les langues

DOCUMENT DU CANDIDAT

COMPRÉHENSION DES ÉCRITS

PRODUCTION ÉCRITE

Fermoselle, le village où il n’y a plus d’enfants

Le problème de Fermoselle, un village à 63
kilomètres de Zamora et à 8 kilomètres de la
frontière avec le Portugal, c’est qu’il n’a pas
d’enfants. Les balançoires restent presque
inutilisées, le gazon du terrain de football est brouté
par des brebis.
Si l’Espagne a enregistré le plus faible taux de
natalité de ces vingt dernières années, Fermoselle
détient un triste record : c’est la plus grande
municipalité d’Espagne
parmi celles qui n’ont
pas enregistré une seule
naissance ces deux
dernières années. “Nous
sommes la capitale d’une
Espagne qui se vide”, se
vantent les habitants,
comme s’ils avaient été
choisis pour accueillir les
Jeux olympiques. En
2018, il n’y a eu aucun
nouveau-né dans le
village, et en 2019 une
fillette est morte quelques jours après sa naissance.
“À ce rythme-là, nous allons finir par disparaître”,
déplore le maire. “On nous colle toutes les étiquettes
: nous sommes l’Espagne vidée, l’Espagne rurale,
l’Espagne oubliée, l’Espagne sans enfants, se plaint le
maire. Quelle est la solution ? Si nous ne mettons pas
en marche l’usine à enfants…” Il rit et montre sur
l’écran de son téléphone portable. En 1950, 4.300
personnes vivaient à Fermoselle, aujourd’hui la
population atteint à peine 1.200 habitants, dont
seulement 50 mineurs. Ici, il ne naît personne.
Cette courbe n’est pas très différente de celle que
propose l’Institut national de la statistique pour
toute l’Espagne. En 2018, 372.777 enfants sont nés
dans notre pays, le chiffre le plus bas depuis vingt
ans. Au premier semestre de cette année-là, on a
enregistré 170.004 naissances, le pire chiffre depuis
1941. Nous n’avons jamais eu moins d’enfants
qu’aujourd’hui. L’année dernière, les femmes
espagnoles ont mis au monde en moyenne 1,26
enfant.
Ce n’est pas propre aux
zones rurales, ce n’est même
pas un problème
spécifiquement espagnol.
Dans presque tous les pays
développés, la natalité
baisse. Les causes ne sont
pas économiques, mais
sociales. Il y a des pays dont
l’économie se porte à
merveille, et ils ont le même
problème. En Espagne, les
15 villes au taux de chômage
le plus important ont le même nombre d’enfants par
femme que les 15 villes au chômage le moins
important. La grande différence, c’est qu’il s’est
produit un gros changement de valeurs : on a évolué
vers une société où avoir des enfants a cessé d’être
important, où fonder un foyer est devenu quelque
chose de secondaire.
À Fermoselle, le calendrier a des noms d’enfants.
Il y a l’année d’Erica, celle de Carlitos, celle de
Ricardo… comme si chaque accouchement était un
événement municipal. La garderie n’accueille que
deux enfants, Carolina (1 an) et Sergio (2 ans).

Vu d’ailleurs – Le Japon. Société la plus vieillissante du monde, le Japon a connu en 2019 sa plus faible natalité
depuis cent vingt ans. Une baisse plus rapide que celle prévue par les statisticiens. Avec un taux de fécondité de
1,42 enfant par femme, la population japonaise diminue depuis treize années consécutives. Le nombre de
mariages est également à la baisse (583 000 en 2019, un record pour l’après-guerre), quand celui des divorces
n’en finit plus d’augmenter.
D’après Courriel international, no 1527