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HAJ 16/1/09
1. A savoir, des traités de nature doctrinale sur la foi et le dogme chrétien, des
commentaires du texte biblique, des écrits polémiques contre les hérétiques, ainsi que
des sermons et des pièces liturgiques chantées – hymnes, antiennes, répons – récurrant
dans toute sorte de livres liturgiques (bréviaires, antiphonaires, processionnaires, missels,
lectionnaires, ordinaires, sacramentaires...). Dans la constitution d’un corpus de textes
exégétiques nous avons largement mis à profit les avantages des moyens informatiques
en puisant dans l’édition informatisée de la Patrologie Latine de Migne (J.-P. MIGNE,
Patrologiae Cursus completus. Series Latina, Biblioteca Apostolica Vaticana, édition
informatisée Database, 5 CD rom, dorénavant citée P.L.). Chaque attribution a été
systématiquement contrôlée sur les tables du père Glorieux: P. GLORIEUX, « Pour
revaloriser Migne. Tables rectificatives », Mélanges de Science Religieuse, IXe année,
supplément Lille, 1952. D’autres sources ont été tirées de l’édition informatisée de
Corpus Christianorum (Corpus christianorum - Series Latina / Corpus Christianorum
Continuatio Medievalis, Turnhout: édition informatisée Cetedoc Library of Christian
Latin Texts CLCLT, 2000, Louvain, 2 CD rom, dorénavant cité C.C.S.L. et
C.C.C.M.) et d’études particulières. Chaque référence a été comparée avec la version
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2 NATACHA PIANO
Ambroise de Milan
imprimée. La recherche des sources liturgiques a été menée sur la base de répertoires et
d’études spécifiques qui seront cités au fur et à mesure. Nous avons également contrôlé
chaque référence aux Ecritures sur une Vulgata Vetus (R. WEBER, Biblia Sacra iuxta
vulgatam versionem, Stuttgart, 1994 (1969)) et recherché certaines expressions en utilisant
les concordances bibliques de Dutripon (F.-P. DUTRIPON, Concordantiae bibliorum
sacrorum Vulgatae editionis, Paris, 1838) ainsi que la recherche par mots-clé dans la Vulgata
Vetus éditée dans la version informatisée de Corpus Christianorum.
2. B. DE MEYER, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, Paris, II, pp.
1105-1106. Ambroise a parlé de la porte close aussi dans une de ses épîtres (P.L. 16,
1126).
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Christus intravit in hunc mundum, quando virginali fusus est partu [...]. Est
enim et porta ventris. Unde ait Job sanctus: Intenebrescant, inquit, stellae
noctis illius; quia non conclusit portas ventris matris meae (Job. III, 9, 10) [...]
Porta ergo clausa virginitas est: et hortus clausus virginitas: et fons signatus
virginitas est. Audi, virgo, diligentius apertis auribus, et clauso pudore, aperi
manus, ut te pauper agnoscat: claude ostium, ne temerator irrepat: aperi
mentem, serva signaculum 3.
4 NATACHA PIANO
documenta. Series maior, 7-12), t. III, p. 508, dorénavant cité C.A.O.), tandis que celle
du Christ porte sera intégrée dans l’office du dimanche de Pentecôte: voir C.A.O. III,
196.
6. Dans l’Exposition sur l’Apocalypse d’Ambroise, la Vierge porte close devient la
porte orientale de la Jérusalem Céleste, alors que les autres portes de la vision d’Ezéchiel
sont identifiées avec la porte des Juifs (porte méridionale) et la porte des Gentils (porte
septentrionale). Cette trilogie des points de passage confère à l’image de la porte une
fonction protectrice contre les doctrines antitrinitaires: nullum intra ecclesiam ingredi posse,
nisi per confessionem sanctae Trinitatis, conclut Ambroise. AMBROSIUS MEDIOLANENSIS, In
Apocalypsin expositio. De visione septima, in P.L. XVII, coll. 949.
7. RUFINUS AQUILEJENSIS, Commentarius in symbolum apostolorum, IX, in P.L. XXI,
coll. 349-350. Voir aussi F. BILBILLE, J.-C. GAVEN, Rufin. Explication du Credo des apôtres.
Fortunat, Exposé du Credo, Paris, 1997, p. 41. Le Concile de Nicee fut convoqué par
Constantin en 325 afin de combattre l’arianisme et élaborer le Crédo de la foi unique
qui aurait garanti l’unité religieuse de son Empire.
8. [...] Fit porta Christi pervia / referta plena gratia / transitque Rex et permanet / clausa
ut fuit per saecula/ Genus superni numinis/ processit aula virginis/ sponsus, redemptor, conditor/
suae gigas ecclesiae [...]. AMBROSIUS MEDIOLANENSIS, Hymni, in P.L. XVII, coll. 1171.
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y soit aussi inclue (vv. 46-47) doit nous mettre en garde face à
cette attribution, puisque cette dernière pièce chantée n’apparaît
que durant la seconde moitié du VIe siècle 9. Par ailleurs, ni
Jacques Fontaine ni Manlio Simonetti ne la citent dans leurs
éditions critiques des hymnes ambrosiennes 10. Nous retiendrons
de cela que, vers la fin de l’époque paléochrétienne, la prophétie
mariale de la porte close entre tout naturellement dans les offices
de l’Avent, de Noël et de l’Annonciation. Ce lien avec la liturgie
célébrant les moments forts de l’Incarnation accompagnera
toujours cette image mariale.
Jérôme
9. Le texte « canonique » est: Virgo Dei Genitrix, quem totus non capit orbis, in tua se
clausit viscera factus homo: H. BARRE, « Antiennes et répons de la Vierge », in Marianum,
29 (1967), fasc. 91-93, pp. 181-183. Voir aussi C.A.O. cit. (note 5) IV, p. 85.
10. M. SIMONETTI, Ambrogio. Inni, Firenze, 1988, pp. 38-39. Voir aussi, plus
récemment, J. FONTAINE, Ambroise de Milan. Hymnes, Paris, 1992, pp. 663-695. Quoi
qu’il en soit, nous avons encore retrouvé ce chant dans le breviarium gothicum (antérieur
au IXe siècle) et dans l’office de l’Annonciation de deux manuscrits du Xe siècle et chez
Raban Maur. Voir respectivement PL 86, 889, R. LAURENTIN, “L’interprétation de
Genèse 3.15 dans la tradition jusqu’au début du XIIIe siècle”, in Etudes Mariales. La
Nouvelle Eve, vol. 3 (1956), pp. 79-156, p. 125 et C. BLUME, G. DREVES, Analecta hymnica
medii aevi, New York, London, t. 27, n° 82, pp. 118-119. Voir aussi RABANUS MAURUS,
Carmina, II: Hymni, XIII, in P.L. CXII, coll. 1658-1659.
11. HIERONIMUS STRIDONENSIS, Commentariorum in Ezechielem, XIII, in P.L. XXV,
coll. 427-430.
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locutus est [0428D] ad latronem, Hodie mecum eris in paradiso (Luc. XXIII,
43), statim velum templi scissum est, et aperta sunt omnia [...]. [...] Haec igitur
porta, quae omnibus clausa est (vir enim non transibit per eam), erit clausa
principi, sive duci, et illius adventu reserabitur, qui sedebit in ea, ut comedat
panem coram Domino[...] Tantaeque bonitatis est, et clementiae princeps
noster, ut cum solus sedeat in porta, quae clausa est, et panem coram Domino
comedat [...] Ipse [0429D] per eamdem vestibuli portam ingreditur et egreditur
[...] ingrediensque per portam, ut secum introducat eos, qui absque doctrina et
ejus auxilio intrare non possunt; et egrediens, ut rursum alios introducat; et
loquatur eis qui difficiliora non capiunt 12.
15. Par exemple Jean Cassien et Ennodius (473-521). Voir P.L. L, col. 256 et P.L.
LXIII, col. 332.
16. FAUSTUS REJENSIS, Sermones in Annuntiatione b. V. Mariae, in P.L. XXXIX, coll.
1984-1987. Pour la paternité du texte voir GLORIEUX, Pour revaloriser Migne cit. (note 1),
p. 26. D’autres récurrences in P.L. III, vol. II, coll. 496-498 et P.L. III, vol. II, coll.
549-552.
17. RUFINUS AQUILEIENSIS, Commentarius in symbolum apostolorum, ed. cit., in P.L.
XXI, col. 349 et BILBILLE, GAVEN, Rufin. cit. (note 7), p. 42.
18. Quodvultdeus († av. 454) rapproche quant à lui la prophétie d’Ezéchiel à
l’apparition du Christ aux disciples à travers la porte close (Jn 20, 26), thème qui aura lui
aussi des prolongements dans les siècles à venir: QUODVULTDEUS, De Accedentibus ad
gratiam, in PLS III, vol. I, coll. 275-276.
19. QUODVULTDEUS, Liber de Promissionibus et praedicationibus Dei, XXXVI, vv.
444-450, in P.L. LI, coll. 812-813. Plus récemment voir Quodvultdeus. Il libro delle
promesse e delle predizioni di Dio, éd. L. DATTRINO, Città del Vaticano, 2002, pp. 358-360.
20. C. HECK, L’échelle céleste dans l’art du Moyen Age: une image de la quête du ciel, Paris,
1997, p. 184.
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8 NATACHA PIANO
quae est coelestis porta; ipsa enim portat regem gloriae, novo luminis subsistit
Virgo, adducens in manibus Filium ante luciferum, quem accipiens Symeon in
ulnis suis. Praedicavit populis Dominum eum esse, vitae et mortis, et
Salvatorem mundi 26.
26. Ibid., col. 653, R.-J. HESBERT, Antiphonale Missarum Sextuplex, Rome, 1985, pp.
LXXXVII-LXXXIX. BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), pp. 207-208.
27. M. DEJONGUE, Roma santuario mariano, Bologna, 1969, pp. 84-86; M.-L. THEREL,
A l’origine du décor du portail occidental de Notre Dame de Senlis: le triomphe de la
Vierge-Eglise. Sources historiques, littéraires et iconographiques, Paris, 1984, pp. 231-236; D.
RUSSO, “Les représentations mariales dans l’art d’Occident au Moyen Age. Essai sur la
formation d’une tradition iconographique”, in Marie. Le culte de la Vierge dans la société
médiévale, Paris, 1996, pp. 190-208.
28. Par exemple Agobard de Lyon († 840) et Haymon d’Auxerre († 860-865), qui
revendiquant l’authenticité biblique des chants liturgiques. Voir BARRE, Antiennes et
répons cit. (note 9), p. 169.
29. AGOBARDUS LUGDUNENSIS, Liber de Correctione Antiphonarii, XIX, in P.L. CIV,
col. 338. Voir BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), n° 28, p. 169. Entre 650 et 750
environ, sous l’impulsion de papes d’origine orientale, l’église romaine accueille quatre
nouvelles fêtes mariales: la Purification, l’Assomption, l’Annonciation et la Nativité de
la Vierge. Voir E. CATTANEO, Il culto cristiano in Occidente. Notizie storiche, Roma, 1992,
pp. 133-136.
30. Voir note 23.
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10 NATACHA PIANO
Venance Fortunat
35. C.A.O. cit. (note 5), IV, p. 517. Pour la date, voir C.A.O., I, pp. XVII-XVIII.
36. Pour l’exégèse de la Vierge nouvelle Eve, voir H. COATHALEM, Le parallélisme
entre la Vierge et l’Eglise dans la tradition latine jusqu’à la fin du XIIe siècle, Roma, 1954, pp.
43-46, 51-52. Voir aussi H. BARRE, « Le mystère d’Eve à la fin de l’époque patristique en
Occident », in Etudes Mariales. La Nouvelle Eve, vol. 2 (1955), pp. 61-97; H. BARRE, « La
Nouvelle Eve dans la pensée médiévale d’Ambroise Autpert au pseudo-Albert », in
Etudes Mariales. La Nouvelle Eve, vol. 3 (1956), pp. 1-26; T. CAMELOT, « Marie, la
nouvelle Eve dans la patristique grecque du Concile de Nicée à saint Jean Damascène »,
in Etudes Mariales. La Nouvelle Eve, vol. 1 (1954), pp. 157-172; LAURENTIN, L’interprétation de
Genèse cit. (note 10), pp. 79-156.
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12 NATACHA PIANO
Le sermon “Castissimum”
37. Il s’agit du répons Descendit de coelis missus est ab arce Patris, que Venance introduit
dans son hymne Pange Lingua (P.L. CI, col. 13880). Ce répons contient le thème
romain de la porte dorée: Descendit de coelis missus est ab arce Patris. Introivit per aurem
virginis in regionem nostram indutus sola purpurea et exivit per auream portam lux et decus
universae fabricae mundi. Il s’agit cependant d’une porte générique se mêlant au thème
« oriental » de l’Incarnation par l’oreille. Voir BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), pp.
169-170, 186.
38. H. BARRE, Prières anciennes de l’Occident à la Mère du Sauveur, Paris, 1963, pp.
26-27.
39. Ses vers 162-164 « egressus cuius stat sine principio / cuius diffusa in labiis est gratia
florens / speciosus forma prae genitis hominum /...deviendront deux antiennes différentes
chantées dans la liturgie de l’Assomption de la Vierge ». Voir M. REYDELLET, Venance
Fortunat. Poèmes. Livres IX-XI, tome III, Paris, 2004, pp. 165, 171 (coll. Des Université
de France). Pour les antiennes du IXe siècle, voir C.A.O. cit. (note 5), III, 393 et note
57.
40. L’expression procedat formosus de utero tuo, tamquam sponsus de thalamo évoque
l’antienne In sole posuit tabernaculum suum et ipse tamquam sponsus procedens de thalamo suo
(Ps 18, 6), chantée à Sainte Marie Majeure depuis le IXe siècle dans la messe et l’office
du jour de Noël et son octave. Voir AMALARIUS METENSIS, Liber de Ordine antophonarii,
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XV: De nativitate Domini, in P.L. CV, col. 1270. Voir aussi C.A.O. cit. (note 5), III, pp.
278 et 500, H. BARRÉ, Les premières prières mariales, in Marianum, vol. 21 (1959), 177-17.
La présence de pièces romaines n’est pas étonnante en soi, vu la diffusion extraordinaire
de la liturgie de Rome dans le monde occidental: c’est surtout la date précoce de ce
document qui est remarquable. Une mention concernant la Vierge Portière se trouve
aussi chez Bède le Vénérable (672-735), PL 94, 482.
41. PSEUSO-AUGUSTINUS, Sermones, CXCV, 3, in P.L. XXXIX, coll. 2107-2109. Le
texte fut copié par « un anonyme ancien peu lettré »: GLORIEUX, Pour revaloriser Migne
cit. (note 1), p. 26.
42. Son influence aura un impact très fort sur les chants liturgiques des offices de
Noël et des fêtes mariales tout au long du Moyen Age. Il apparaît au VIIIe siècle dans les
homiliaires d’Alain de Farfa (†769) et de Fleury-sur-Loire, vers 750 (respectivement ms
853 de la Biliothèque de Troyes, 154 (131) de la Bibliothèque Municipale d’Orléans et
Lat 1598 de la BNF, n. Acq.). Voir J. LECLERC, « Tables pour l’inventaire des homiliaires
manuscrits », in Scriptorium, II (1948), pp. 195-198, et R. GREGOIRE, Les homéliaires du
Moyen Age. Inventaire et analyse des manuscrits, Roma, 1966, n° 5, pp. 17-18, 29 et n°1,
pp. 115, 117. Selon R. Grégoire, l’homiliaire d’Alain de Farfa reprend l’ancien
homéliaire romain. Celui de Fleury, d’origine probablement africaine, pourrait
remonter au VIe siècle. Pour cette question voir H. BARRE, « Sermons marials inédits In
Natale Domini », in Marianum, XXV (1963), p. 61. Voir aussi R. FAVREAU, « Le thème
épigraphique de la porte », in Cahiers de Civilisation Médiévale, 34 (1991), nos 3-4, p. 270.
Le sermon Castissimum est encore attesté à l’époque gothique, dans les livres de
Saint-Marc de Venise et dans l’ordinaire d’Innocent III (1198-1216), où il passait pour
une homélie d’Augustin. Voir G. CATTIN, Musica e liturgia a San Marco. Testi e melodie
delle ore dal XII al XVII secolo. Dal graduale tropato del Duecento ai graduali cinquecenteschi,
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14 NATACHA PIANO
dans une pièce relative aux vêpres de la même fête, une antienne
attestée à Rome et à Compiègne vers 860-880 43. Nos propos
n’entendent pas désigner le sermon Castissimum comme la source
directe de ces antiennes. Mais par rapport aux textes dont nous
disposons actuellement, il représente la première apparition de
cette formule dans la liturgie. Par ailleurs, ce chant apparaît dans
bon nombre d’illustrations figurées de la Vierge porte close 44.
Milon de Saint-Amand
Venezia, 1990, vol II, p. 183. et S. VAN DIJK, The Ordinal of the papal court from Innocent
III to Boniface VIII and related documents, Fribourg, 1975, p. 381. Innocent III avait utilisé
l’image de la porte close dans un sermon pour la Purification: INNOCENTIUS III, Sermones,
XII, in P.L. CCXVII, col. 509.
43. Il s’agit de l’antienne: l’antienne Vidi portam in domo Domini clausam et dixit ad me
angelus: solus Dominus veniet, ingrediens et egrediens, et erit semper clausa, in C.A.O., III, p.
537, BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), p. 244.
44. Voir FAVREAU, Le thème épigraphique de la porte cit. (note 42), pp. 267-279.
45. BARRE, La Nouvelle Eve cit. (note 36), pp. 7-8.
46. MILONIS ELNONENSIS, Carmina, II: De Sobrietate, vv. 4-18, in M.G.H. Poetae, vol.
III, p. 645.
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du très haut, louange du monde, gloire du ciel, par toi se répand la grâce dans le
monde entier, fontaine scellée des eaux, très pure source du salut, jardin
clôturé d’ou procède la source salutaire, cèdre, cyprès, platane, noix, myrthe,
olive, myrrhe, roseau, encens, baume, cannelle, narde, onyx, cristal, émeraude,
bérille, jaspe, porte close, maison dont seul le fondateur est sorti, tu ouvres les
portes du Paradis qu’Eve avait fermé en cueillant la pomme vénimeuse de
l’arbre interdit. Mais par le fruit du salut suspendu aux branches [de la Croix],
par la progéniture de ta chair, par l’assistance de tes gémissements, par lesquelst
la joie vient au monde, tu conduis les enfants adoptifs au faîte des cieux, dont
tu as retrouvé la clé) 47.
47. La traduction du fragment l’assistant de tes pleurs par lesquels la joie vient au monde
est reprise d’une version de R. Laurentin, cité par THEREL, A l’origine cit. (note 27), p.
124.
48. BARRE, Le mystère d’Eve cit. (note 36), pp. 62-68; H. COATHALEM, Le parallélisme
entre la Vierge et l’Eglise... cit., pp. 24-27, 39,58, 62-63, 67.
49. H. COATHALEM, Le parallélisme entre la Vierge et l’Eglise... cit., pp. 43-44, 61-78.
Cette « migration » de thèmes trouve sa parfaite expression chez Rupert de Deutz, qui
applique clairement à la Vierge les prérogatives qu’avait l’Eglise nouvelle Eve au
Calvaire en se basant sur les mots de Jean sous la Croix: Mulier, ecce filius tuus; deinde dicit
ad discipulo: ecce mater tua (Jn 19, 26), R. WEBER, Biblia Sacra... cit., pp. 1693-1694.
COATHALEM, Le parallélisme entre la Vierge et l’Eglise cit. (note 36), pp. 84, 115; PL 169,
155.
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16 NATACHA PIANO
56. C.A.O. cit. (note 5), III, 393, BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), p. 225, PL
78, 799 D, D. FRENAUD, « La Nouvelle Eve dans les liturgies latines du VIe au XIIIe
siècles », in Etudes Mariales. La Nouvelle Eve, vol. 2 (1955), p. 110.
57. Pour la première antienne voir C.A.O. cit. (note 5), III, 393, BARRE, Antiennes
et répons cit. (note 9), p. 225, PL 78, 799 D. Pour la seconde FRENAUD, La Nouvelle Eve
cit. (note 56), p. 110.
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18 NATACHA PIANO
A-C.), t. II, n° 961, pp. 390-391, n° 1606, pp. 658-659, 690-691, 728-729. THEREL, A
l’origine cit. (note 27), p. 238. Enfin, dans un manuscrit de la fin du Xe-début du XIe
siècle appartenu à l’église St-Nazaire de Carcassonne (BNF Lat. 619, fol. 256) et
contenant des sermons d’Haymon d’Auxerre († 866), l’expression per te paradisi portae
nobis apertae sunt reprend l’antienne Paradisi portae per te nobis apertae sunt, quae hodie cum
angelis triumphans Henri BARRÉ, « Prières mariales du Xe sièècle », in Ephemerides
Mariologicae 10 (1960), pp. 216-217. BARRE, Antiennes et répons cit. (note 9), n° 103, p.
225.
61. Nous la retrouvons dans l’antiphonaire de Saint-Pierre et chez les cisterciens: D.
FRENAUD, « La nouvelle Eve... », art. cit., p. 110 et C. MAITRE, « Les antiennes
cisterciennes des nocturnes de la fête de l’Assomption », in La Vierge et la tradition
cistercienne, 54e Session de la Sociéé Française d’Etudes Mariales, abbaye de Notre-Dame
d’Orval, 1998, Paris, 1999, pp. 137-158, p. 145: NAL 1412, fol. 90 (antiphonaire de la fin
du XIIe siècle) et BNF Lat 10162, fol. 60 (bréviaire de la seconde moitié du XIIIe
siècle). Henri Barré en signale la récurrence dans le Mariale de Saint-Evrault (vers 1160)
et dans l’office de l’Assomption de Marmoutier (fin XIIe siècle): BARRE, Le mystère
d’Eve cit. (note 36), p. 6, BNF Lat 12412, fol. 130v. Cet usage est attesté encore dans les
Consuetudines canonicorum regularium ord. Arroasiensis Constitutiones du XIIe siècle (CM
20, 275, 17), dans un codex grec du XIIe siècle: AH 35, n° 13, p. 189 et dans un psautier
du XIIIe siècle à l’usage d’une église de Liège (BNF Lat. 1077, fol. 202v): V. LEROQUAIS,
Les livres d’heures manuscrits de la Bibliothèque Nationale, Mâcon, 1943, t. I, p. 57.
62. Rupert assimile la tournure déjà ancienne porta coeli à la même expression
7XX20.HAJ 16/1/09
20 NATACHA PIANO
désignant l’échelle de Jacob dans le texte biblique. La Vierge devient une figure
équivalente de la pierre de Bethel, qui est elle-même une image de l’Eglise: RUPERTUS
TUITIENSIS, De Divinis Officis, XVI-XVIII, in P.L. CLXX, coll. 75-77.
63. Ambroise avait déjà amorcé la métaphore du Soleil de Justice: AMBROSIUS
MEDIOLANENSIS, De institutione virginis, VIII., in coll. P.L. XVI, 319-321 et QUERE,
HAMMAN, Mariage et virginité cit. (note 3), pp. 123-124.
64. Comme dans les vitraux de la cathédrale de Lyon, de l’église des dominicains de
Wimpfen-am-Neckar (Rhénanie) et de l’église Saint-Etienne à Mulhouse. Dans la
mosaïque absidale de Torcello, une superbe Hodegitria, l’inscription porta salutis
surmonte une fenêtre axiale ingénieusement intégrée dans le programme figuré. Pour
ces oeuvres voir: L. BEGULE, Monographie de la cathédrale de Lyon, Lyon,
Mougin-Rousand, 1880 et La cathédrale de Lyon. Vitraux du XIIe au XVIe siècle, Paris,
Laurens, 1911. Corpus Vitrearum Les Vitraux de Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes,
Paris, C.N.R.S., 1986, pp. 293-305. F.-V. ARENS, “Die Inschriften des Stedt
Wmpfen-am-Neckar”, in Die Deutschen Inschriften, IV, Stuttgart, Druckenmüuller,
1958, pp. 7-8. F.-X. KRAUS, Die Christlichen Inschriften der Rheinland, zweiten Teil, 1894.
FAVREAU, Le thème épigraphique de la porte cit. (note 42), pp. 267-279. I. ANDREESCU, Les
mosaïques de Torcello, thèse de 3e Cycle, Paris, 1975 et “Torcello III. La chronologie
relative des mosaïques pariétales”, in Dumbarton Oaks Papers, 30 (1976), pp. 247-341. O.
DEMUS, “Studies among the Torcello mosaics. III”, in The Burlington Magazine,
85/497 (1944), pp. 195-200. N. PIANO, “I mosaici della cattedrale di Torcello:
l’interazione fra architettura e iconografia attraverso il tema della porta”, in Arte Veneta,
62 (2005), pp. 6-13.
65. HILDEBERTUS COENOMATENSIS, Sermones, LV, LVI et CI, in P.L. CLXXI, coll.
605, 615 et 811. YVO CARNOTENSIS, Sermones, XV, in P.L. CLXII, coll. 583-586.
7XX21.HAJ 16/1/09
22 NATACHA PIANO
SZÖVERFFY, Marianische Motivik des Hymnen. Ein Beitrag zue Geschichte der marianischen
Lyrik im Mittelalter, Leyden, 1985, p. 31.
73. Comme l’Acathiste, l’hymne Ave Maris Stella était naturellement chantée pour
les offices de Noël, de l’Annonciation et de la Purification de la Vierge. On la trouve
très rarement dans ceux de l’Assomption. Voir G. G. MEERSSEMAN, L’hymne acathiste en
l’honneur de la Mère de Dieu, Fribourg, 1958, pp. 7-22, MEERSSEMAN, Der Hymnos
Akathistos cit. (note 72), vol. I, pp. 36-66, SZÖVERFFY, Marianische Motivik cit. (note 72),
pp. 31-33 et J. SZÖVERFFY, Die Annalen der laeinischen Hymnendichtung. Ein Handbuch,
Berlin, 1956, t. I, 212. C.A.O. cit. (note 5), IV, p. 509.
74. Par exemple, le vers Ave, que portas portantem omnia évoque l’antienne romaine
Adorna ainsi que le jeu de mot porta-portare. L’acathiste vénitien connaît déjà le double
sens descendant et ascendant du thème: Ave, scala celestis, per quam descendit Deus / Ave
pons transducens terrenos in celum. Voir MEERSSEMAN, Der Hymnos Akathistos cit. (note 72),
pp. 104-106. De surcroît, la tournure scala celestis, per quam descendit Deus semblent citer
Ambroise Autpert et le Pseudo-Alcuin: Facta est Maria scala caelestis. Scala, inquam, coeli,
constiutur, per quam Deus descendit ad terras. Voir AMBROSIUS AUTPERTUS, Sermo In
Assumptione beatae Mariae, in P.L. XXXIX, col. 2133. PSEUDO-ALCUINUS, Sermones,
Homilia III, in P.L. CI, col. 1305.
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patefactam Mariam 75. Nous ne saurions ici passer sous silence les
liens répétés que l’évêque avait entretenu avec Rome 76. C’est
justement dans les textes relatifs à l’Assomption que le thème du
Couronnement de la Vierge trouvait sa justification théologique
en tant qu’expression du triomphe glorieux de la Mère de Dieu à
la fin de sa vie terrestre 77. L’arcade entourant la Vierge, cachetée
par de jolis fermoirs recouvrant l’inscription Porta paradisi, ménage
l’entrée de Dieu dans le monde, pendant qu’un entrebâillement
d’un bleu profond situé sur le côté gauche de la porte promet aux
hommes le parcours en sens inverse – de la terre vers le ciel – dans
un véritable jeu de va-et-vient entre les deux faces du thème.
C’est alors l’arcade toute entière qui est désignée comme étant à la
fois la porte close de la virginité et la porte ouverte du Paradis, ce
qui nous fait constater à quel point deux images, apparement
opposées, parviennent à se superposer parfaitement, dans l’art, au
lendemain de l’an Mil.
CONCLUSION
75. Voir E. GULDAN, Eva und Maria cit. (note 52), pp. 13-14. M. BRANDT, Das
Kostbare Evangeliar des heiligen Bernward, Müuchen, 1993. W. VON-DEM-KNESEBECK,
« Die Weisheit hat sich ein Haus gebaut. Bilder, Buchkunst und Buchkultur in
Hildesheim während des 12. Jahrhunderts », in M. BRANDT, Abglanz des Himmels.
Romanik in Hildesheim, Katalog zur Ausstellung des Doms-Museums Hildesheim,
Hildesheim, 2001, p. 27. THEREL, A l’origine cit. (note 27), pp. 237-238. Marlis STÄHLI,
Die Handschriften im Domschatz zu Hildesheim, Wiesbaden, 1984, p. 17.
76. THANGMARUS, Vita Bernwardi episcopi Hildesheimensis, in M.G.H. Scriptores IV,
col. 1841 (1968), pp. 767-770. W. GOETZ, “Italien zur Zeit Bernwards”, in Bernward von
Hildesheim un das Zeitalters der Ottonien, 2 vol., Hildesheim-Mainz, pp. 131-132. U.
MENDE, Die Bronzetüren des Mittelalters. 800-1200, München, 1994pp. 28-29. GULDAN,
Eva und Maria cit. (note 52), p. 13.
77. THEREL, A l’origine cit. (note 27), pp. 228-229.
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