Il faut pourtant faire la différence entre les chrétiens orientaux et les orthodoxes. Même
si les orthodoxes ne sont pas considérés comme des chrétiens « occidentaux », tous les
chrétiens d’Orient ne sont pas les orthodoxes !
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L’empereur Constantin I a donné la qualification « le Deuxième Rome » à la nouvelle capitale impériale
fondée par lui – Constantinople.
Empire romain partagé (IVe siècle)
L’autocéphalie est toujours accordée par une Église Mère, dans la majorité des cas par
le Patriarcat de Constantinople, et doit toujours être ratifiée par celui-ci. Donc, l’autocéphalie
est l’acte canonique sous la forme d’un décret patriarcal intitulé « tomos », accordé à une
Église locale ou nationale, par le patriarcat de Constantinople. Cela ne signifie pourtant pas
que le patriarche de Constantinople exerce le pouvoir sur les autres patriarches, ou qu’il est le
chef spirituel de tous les chrétiens orthodoxes dans le monde. Il est seulement PRIMUS
ENTRE PARES – « premier parmi ses pairs », et il a une prééminence honorifique sur les
autres églises autocéphales.
LISTE DES ÉGLISES AUTOCEPHALES :
1. Patriarcat de Constantinople ;
2. Patriarcat de Jérusalem ;
6. Patriarcat de Serbie ;
7. Patriarcat de Moscou ;
8. Patriarcat de Roumanie ;
9. Patriarcat de Géorgie ;
10. Église de Chypre ;
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Les autocéphalies qui ne sont pas reconnues par l’ensemble des autres églises autocéphales mais dont
l’Orthodoxie est indiscutable.
2. Les fondements de la pensée orthodoxe ;
le contexte historique et les événements qui ont précédé le Grand schisme
Durant le premier millénaire les conciles œcuméniques ont toujours été convoqués par
l’empereur qui invitait par écrit le pape et l’ensemble des autres patriarches. Aucun pape n’a
pas présidé d’un de ces conciles œcuméniques.
Le Premier concile œcuménique : Concile de Nicée I (325) : convoqué par l’empereur
Constantin le Grand eut à débattre de la question de l’arianisme (hérésie qui niait la divinité
de Jesus Christ). La confession de foi est établie par ce concile, constituant le "Symbole de
Nicée". Le concile également décida sur la question de la date des Pâques, qui à cette
occasion est fixée, selon le calendrier julien, le dimanche suivant la fête juive de Pessa’h.
La crise iconoclaste
À part de ces conciles œcuméniques, les autres conciles ont eu lieu durant la période
concernée, comme par exemple le Troisième concile de Tolède, en 589, quand un synode
occidental introduit dans la version latine du Credo (du symbole de Nicée-Constantinople) la
notion du Filioque : « le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ». Du point de vue de l’Église
orientale il s’agissait d’une hérésie. Or, pour les orthodoxes, « le Père qui est la source unique
de la Divinité, qui engendre éternellement sans commencement ni fin le Fils, et dont l’Esprit
procède éternellement, tout ce qui Père possède, le fils le possède et l’Esprit Saint le possède.
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Michel Laroche, Petit lexique pour comprendre l’orthodoxie, Paris : Érick Bonnier, 2017, p. 53.
Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu, cependant ce ne sont pas trois
Dieux mais un seul Dieu » - Donc, pour les orthodoxes, la Trinité est faite de trois Personnes
(hypostases) qui partagent une même essence (ou la suressence divine). Le Père, le Fils et le
Saint-Esprit sont d’égale dignité.
D’après certains historiens, c’est sous Charlemagne qu’a lieu l’introduction formelle
du Fillioque. En fait, Charlemagne, dans l’impossibilité de se faire reconnaître par Byzance,
tente d’utiliser des arguments théologiques pour démontrer le caractère subordonné de
l’Empire et de l’Église d’Occident. En 809, au Concile d’Aix la Chapelle, Charlemagne a
obligé le Pape Léon III à reconnaître l’usage liturgique de cette formule. Parallèlement, les
divergences apparaitront sous la forme de querelles portant sur des questions relatives aux
rites tels que l’usage du pain sans levain, le célibat des prêtres etc.
4
Michel Laroche, Petit lexique pour comprendre l’orthodoxie, Paris : Érick Bonnier, 2017, p. 81.
5
D’après Ibid. p. 83.
6
Voir : David Knowles et Dimitri Obolensk, « Nouvelle Histoire de l'Eglise » , vol. 2, Seuil, 1968.
Cependant, les différences socioculturelles et linguistiques (l’usage du latin en
Occident et du grec en Orient) précèdent les différences d’ordre politique et théologique. Le
règne des Merovingiens en Occident, de plus chaotique, qui a à plusieurs reprises fait du pape
le seul élément stable, renforce l’autorité juridique du primat romain auquel ne revenait
jusqu’alors, qu’une primauté d’honneur. L’une des causes essentielles de future séparation, -
du schisme - est la volonté des papes de transformer une primauté morale au sein des Églises
locales en un pouvoir juridique sur ces Églises, c’est-à-dire, d’imposer partout la volonté de
Rome.