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MASTER 1 MEEF

Métiers de l'Enseignement, de l’Éducation et de la Formation

Mention 2nd degré

Année universitaire 2021-2022

BCCB

Dossier

Semestre 1
session 1

Intitulé de la question professionnelle : la gestion de l’hétérogénéité en classe de


langue vivante.

Prénom et Nom de l’étudiant : Gauthier Scoth

Parcours et site universitaire : Parcours Espagnol - Université Lille Pont de Bois

Nom du formateur EC-B2 : Cédric Parent

Direction
365 bis rue Jules Guesde – BP 50458 – 59658 Villeneuve d’Ascq cedex
inspe-lille-hdf.fr / 03 20 79 86 00
SOMMAIRE

INTRODUCTION 3
L'hétérogénéité 4
Partie théorique 4
Définition 4
Origines de l’hétérogénéité 5

Les différents profils d’élèves 6


Des facteurs multiples 6
Facteur socio-culturel 6
Facteur cognitif 6
Facteur motivation 7

La gestion de l’hétérogénéité 8
La différenciation pédagogique 8
Qu’est ce que c’est ? 8
Quoi et comment différencier ? 9
La différenciation des contenus 9
La différenciation des processus 9
La différenciations des structures 9
La différenciation des productions 10
La différenciation pédagogique dans un cours de langue vivante 10
Le travail en groupe 10
Varier les supports 11
Le tutorat 12
L’évaluation 12

Les limites de la pédagogie différenciée 13


CONCLUSION 14

BIBLIOGRAPHIE 15

SITOGRAPHIE 16

2
INTRODUCTION

Tous les individus sont par nature hétérogènes et c’est évidemment le cas dans un
groupe-classe. De l’école maternelle jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire, en passant par
les classes élémentaires, les enseignants sont confrontés à cette diversité des élèves favorisée par
des facteurs connus tels que l’immigration et d’autres dont nous ne savons pas grand-chose.
Ajouté à cela la grande priorité de l’éducation nationale qui est d’assurer l’égalité des chances de
réussite pour tous les élèves. Tout au long de sa carrière, l’enseignant doit prendre en compte les
différences de chaque élève en adaptant sa pédagogie afin de les amener à la réussite scolaire.

La question que nous pouvons nous poser est celle de savoir s’il existe des réponses à
l’hétérogénéité. Comment l’enseignant peut-il faire pour gérer la diversité ? Quelles solutions
didactiques peuvent être mises en place pour garantir le bon fonctionnement du groupe classe ?
Les activités en classe et hors de la classe doivent-elles être les mêmes pour tout le monde ?
Quelle est la place de l’évaluation ?

Cette question de l’hétérogénéité interroge aussi l’intégration de l’apprenant au sein d’un groupe
hétérogène. Comment faire de sa différence un atout ? Concernant les élèves étrangers, la langue
maternelle et la culture sont-elles des obstacles supplémentaires ?

Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, nous définirons premièrement le terme de
l’hétérogénéité avant de déterminer ses origines. Dans un deuxième temps, nous tenterons
d’identifier les différents profils d’élèves qui peuvent constituer le groupe-classe. Ensuite, nous
détaillerons ce qu’est la différenciation pédagogique, l’une des solutions permettant de prendre
en compte cette diversité. Pour finir, nous présenterons les limites de cette stratégie
d’enseignement.

3
I. L'hétérogénéité

A. Partie théorique
1. Définition

Tout d’abord, il me semble intéressant de donner la définition du mot hétérogène.


D’après le dictionnaire Larousse, le mot hétérogène vient du grec « heterogenês » et signifie
de nature différente, qui manque d’unité.

Tous les individus sont par nature hétérogènes. En effet, un groupe ne peut pas être formé de
personnes identiques puisque chacun d’entre nous est différent. La classe est donc un groupe
composé d’individus tous différents.

Il convient de se demander ensuite comment se manifeste l’hétérogénéité dans les salles de


classe. Tous les élèves n’apprennent pas de la même façon et au même rythme. De plus,
chaque élève est différent selon ses acquis, son comportement et ses intérêts. Cette diversité
des élèves et la nécessité d’en tenir compte ont été résumées par Robert Burns dans ses
postulats, au nombre de sept, qui ont été édités dans « Essor des didactiques et des
apprentissages scolaires » de Jean-Pierre Astolfi :

Il n’y a pas deux apprenants qui apprennent de la même manière ;


Il n’y a pas deux apprenants qui apprennent à la même vitesse ;
Il n’y a pas deux apprenants qui soient prêts à apprendre en même temps ;
Il n’y a pas deux apprenants qui utilisent les mêmes techniques technique d’étude ;
Il n’y a pas deux apprenants qui résolvent les problèmes de la même manière ;
Il n’y a pas deux apprenants qui possèdent le même profil d’intérêt ;
Il n’y a pas deux apprenants qui soient motivés pour atteindre les mêmes buts.

De nos jours, il est clair qu’il n’existe plus d’homogénéité dans les écoles. Mais quelles sont
les raisons de la disparition de l’homogénéité ? Comment est apparue la notion
d’hétérogénéité dans les classes ? C’est ce que nous allons voir ensuite.

4
2. Origines de l’hétérogénéité

Depuis la réforme Haby de 1975, les enseignants sont confrontés à l’hétérogénéité des
élèves. Cette loi, à l’origine du « collège unique », est donc fondamentale dans le passage de
classes homogènes vers des classes hétérogènes. Cette loi s'inscrit d’ailleurs dans la continuité
des lois votées sous Jules Ferry qui rendent l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Par
conséquent, toutes les classes sociales sont désormais représentées à l’école.

La constitution de groupes-classes avec un niveau homogène semble être préconisée par


beaucoup d’enseignants encore aujourd’hui. En effet, le regroupement d’élèves dits «
homogènes » permettrait à l’enseignant de répondre aux besoins individuels qui seraient les
mêmes pour tous. De plus, il est important d’ajouter que les élèves se sentent plus à l’aise
avec d’autres qui avancent au même rythme. Néanmoins, cette homogénéisation des classes
est contestée par beaucoup de spécialistes qui estiment que les effets seraient plutôt négatifs.
C’est le cas notamment de Jean-Michel Zakhartchouk qui affirme que « les élèves faibles
auraient tout à perdre à être scolarisés dans une classe homogène de faible niveau ».

De toute évidence, cette hétérogénéité des classes représente un enjeu incontournable pour les
enseignants qui sont obligés de s’adapter à cette nouveauté. Cette tendance à l’hétérogénéité
répond d’ailleurs à l'une des compétences communes à tous les professeurs qui accorde une
place importante à la prise en compte de la diversité des élèves. C’est la compétence 3 «
construire, mettre en œuvre et animer des situations d’enseignement et d’apprentissage
prenant en compte la diversité des élèves ». Cette compétence permet d’identifier l’un des
rôles majeurs de l’enseignant : il doit adapter son enseignement en fonction des besoins des
élèves. De plus, il doit être capable de faire acquérir aux élèves des savoirs (savoir-faire) en
recourant à diverses stratégies d’enseignement et en utilisant les outils mis à sa disposition.

5
II. Les différents profils d’élèves

A. Des facteurs multiples

Cette partie consiste à repérer les différents profils d’élèves d’une classe hétérogène.
La connaissance de ses élèves est une étape importante pour l’enseignant afin d’adapter son
enseignement en conséquence. Divers facteurs sont à l’origine de la naissance de
l’hétérogénéité à l’école.

● Facteur socio-culturel

Il est clair que tous les adolescents ne baignent pas dans le même environnement.
L’influence et le comportement des parents conditionnent l’adolescent et son rapport à l’école.
dans un environnement favorisé culturellement. Pour certains parents, l’école est un sujet
tabou. C’est le cas des parents qui ont fait peu d'études et qui ont arrêté l’école très jeune.
Pour d’autres, en revanche, la réussite à l’école est synonyme d’avenir et de consécration des
projets.
Pour les adolescents issus de milieux favorisés culturellement, il est courant d'aller à la
bibliothèque, de fréquenter les musées et les cinémas. Pour les autres, c’est plus difficile
d’accéder à ces espaces culturels afin de profiter de ces moments. Cependant, cette différence
se ressent lorsque ces élèves se retrouvent dans la même classe. En effet, les adolescents issus
d’environnements favorisés culturellement arriveront plus facilement à identifier la référence
culturelle d’un document contrairement aux adolescents issus d’environnements défavorisés
culturellement. Cette inégalité culturelle entre les élèves est de plus en plus visible dans les
établissements français. Cela est sûrement dû au désintérêt de certains élèves pour la société
dans laquelle nous vivons. Le rôle de l’école, par le biais des enseignants, est donc de donner
à chacun le bagage nécessaire pour vivre dans cette société.

● Facteur cognitif

Tous les adolescents n’ont pas le même rythme et les mêmes stratégies
d’apprentissages. Selon Antoine de La Garanderie, il existe divers profils pédagogiques qu’il
détaille dans son œuvre intitulé Profils pédagogiques. Certains élèves nécessitent plus de
temps que d’autres pour assimiler une connaissance. L’enseignant doit réexpliquer plusieurs
fois en diversifiant les stratégies. Dans son ouvrage L’école, mode d’emploi, Philippe Meirieu
ajoute que certains élèves ont également besoin d’un guidage de l’enseignant puisqu’ils ne
peuvent pas concevoir un apprentissage sans que « leur activité intellectuelle soit encadrée
voire dirigée » pendant que d’autres comprennent tout du premier coup. De plus, il convient
de préciser que certains ont besoin d’écrire pour mémoriser, d’autres y arrivent seulement par
l’écoute. Autrement dit, deux types de mémoire s’opposent : visuelle et auditive. Dans la

6
même logique, alors que certains préfèrent travailler seuls, d’autres optent pour le travail en
groupe. C’est à l'élève de construire sa propre méthode d’apprentissage.

● Facteur motivation

Le facteur à ne pas oublier lorsque nous parlons d’hétérogénéité est celui de la


motivation. Afin de motiver les élèves, les enseignants doivent varier les activités et les
supports. Les élèves ont alors plus envie de participer et l’enseignant a plus de facilité à leur
faire acquérir des connaissances. Nous avons parlé plutôt des parents et il me semble
également qu’ils ont un rôle à jouer dans la motivation de leurs enfants. En effet, quand les
parents suivent de près la scolarité de leurs enfants et qu’ils les félicitent lorsqu’ils ont eu une
bonne note, les adolescents le ressentent fortement et cela a un impact non seulement sur leur
motivation mais aussi sur leur réussite. Plus un élève est fier de soi, plus il a confiance en lui
ce qui lui permet de réaliser de belles choses. Pour favoriser la motivation des élèves,
l’enseignant pourra proposer des situations d’apprentissages en fonction des besoins de
chacun. L’objectif étant de placer l’élève en condition de réussite.

Ainsi, nous avons établi une typologie des profils d’élèves selon trois facteurs. Il
existe bien évidemment d’autres profils mais nous avons choisi ceux qui vont avoir un intérêt
pour notre travail. À présent, nous allons voir quelles méthodes pédagogiques peut mettre en
place l’enseignant pour faire face à cette hétérogénéité.

7
III. La gestion de l’hétérogénéité
A. La différenciation pédagogique
1. Qu’est ce que c’est ?

Après tout ce que nous avons vu précédemment, nous pouvons conclure que la
composition de classes homogènes est aujourd’hui illusoire. La prise en compte de
l'hétérogénéité des élèves est désormais la tâche quotidienne de tous les enseignants. Il faut
donc que l’enseignant s’adapte et différencie ses pratiques. L’une des solutions qui s’offre à
lui est la pédagogie différenciée.

Pour Philippe Perrenoud1, différencier c’est « placer régulièrement chaque élève dans une
situation optimale et de la ou de le confronter aux situations didactiques les plus fécondes
pour elle ou lui ». En d’autres termes, Philippe Perrenoud précise qu’il est indispensable de
mettre en œuvre une méthodologie variée et diversifiée afin de conduire chaque élève aussi
loin et aussi haut qu’il peut accéder.

Sabine Laurent2 définit elle la différenciation pédagogique comme « une pratique qui consiste
à organiser la classe de manière à permettre à chaque élève d’apprendre dans les conditions
qui lui conviennent le mieux ». Elle ajoute que la pédagogie différenciée c’est « mettre en
place dans une classe ou dans une école des dispositifs de traitement des difficultés des élèves
pour faciliter l’atteinte des objectifs d’enseignement ».

Philippe Meirieu3 a également beaucoup travaillé sur ce thème. Il précise notamment qu’il
faut adapter son enseignement aux stratégies d’apprentissage des élèves. Pour cela,
l’enseignant doit varier les outils mis à sa disposition ainsi que les situations d’apprentissage.
Il définit les outils d’apprentissage comme des « médiations » : il s’agit de la parole de
l’enseignant et des camarades, le tableau, les différents documents, le cahier et sans oublier
les outils numériques. Tous les outils sont utiles à l’enseignant pour mettre en œuvre la
pédagogie différenciée dans ses classes.
De plus, Philippe Meirieu identifie trois situations d’apprentissage. Premièrement, il s’agit de
la situation collective qui consiste à transmettre les mêmes connaissances à tous les élèves.
Ces derniers pourront les réutiliser ensuite dans leurs recherches. La classe constitue alors un
tout. Ensuite, il fait référence à la situation individuelle qui vise à se concentrer sur un élève.
L’enseignant lui donne un exercice spécifique selon ses besoins et le laisse travailler seul
pendant quelques minutes. Il peut ensuite venir l’aider si besoin. La dernière situation appelée
interactive consiste à faire travailler les élèves en petits groupes. L’enseignant peut décider de

1
Pédagogie différenciée : des intentions à l’action, 1997
2
Pédagogie différenciée, 2001
3
Apprendre en groupe (volume 1), Itinéraires des pédagogies de groupe, Pédagogie
formation, 1996

8
former les groupes ou laisser les élèves choisir avec qui ils veulent travailler. Cela dépend des
objectifs de l’enseignant.

2. Quoi et comment différencier ?

Dans son ouvrage Apprivoiser les différences, Jacqueline Caron dévoile les quatre
aspects que l’on peut différencier : il s’agit des contenus, des processus, des productions et
des structures.

➔ La différenciation des contenus

Les contenus renvoient à ce que les élèves doivent développer (les compétences), ce
qu’ils doivent apprendre (les notions), ce qu’ils doivent connaître (les faits), ce qu’ils doivent
comprendre (les concepts et principes) et ce qu’ils doivent savoir faire (habilités).
L'enseignant propose aux élèves de travailler individuellement ou en groupes sur des contenus
différents.

➔ La différenciation des processus

Différencier les processus, c’est varier les façons dont va se faire l’apprentissage des
élèves. L’enseignant a donc recours à diverses stratégies d’enseignement en fonction des
lacunes et des difficultés de chacun. Par exemple, l’enseignant peut proposer un même
support pour tous les élèves mais avec des entrées différentes. Il peut également proposer aux
élèves de faire des recherches en groupe sur un sujet et ensuite produire un exposé à présenter
devant toute la classe.

➔ La différenciations des structures

Cette différenciation débute dès que le groupe-classe hétérogène éclate afin de donner
naissance au décloisonnement et à des groupes d’élèves répartis selon des critères définis.
Cette différenciation des structures alterne des moments collectifs et des moments de travail
en groupe. Les consignes de travail sont données en collectif pour que les élèves puissent
travailler ensuite en groupes. À l’issue du temps imparti, l’enseignant rassemblera les élèves
pour une mise en commun.

9
➔ La différenciation des productions

L’enseignant offre aux élèves la possibilité de démontrer ce qu’ils ont appris par la
réalisation d’une tâche. On remarquera l’utilisation de plusieurs outils d’expression. Certains
auront utilisé les outils numériques, d’autres auront réalisé leur tâche manuellement. Les
goûts de chacun entrent en compte dans la réalisation de la tâche.

Nous allons maintenant voir comment on peut mettre en œuvre cette pédagogie
différenciée au sein d’un groupe-classe hétérogène dans un cours de langue vivante.

B. La différenciation pédagogique dans un cours de


langue vivante
1. Le travail en groupe

Cette forme de différenciation consiste à former des groupes d’élèves qui travaillent
sur un objectif du cours. Chaque groupe travaille en même temps avec des outils et des
supports adaptés à leurs besoins. Pour que cette méthode soit efficace, c’est à l’enseignant de
former les différents groupes à partir des échecs et des réussites constatés lors d’un exercice
précédent ou même une évaluation. De plus, il faut ajouter que le fait de travailler en groupe
favorise la participation des élèves les plus timides, ceux qui n’osent pas forcément prendre la
parole en classe entière. C’est un moyen d’exprimer leurs idées lorsqu’ils se retrouvent en
petit groupe. Comme le préconise Louis Legrand, dans son ouvrage intitulé La différenciation
pédagogique, il est nécessaire d’intégrer ces travaux de groupe dans les classes pour garantir
les apprentissages et les progressions de chaque élève. En effet, il affirme que le travail en
groupe est « utile pour ceux qui ont besoin de discussions entre pairs pour se rassurer et
progresser ».

Alors qu’une classe est naturellement hétérogène, les enseignants qui ont recours à la
différenciation pédagogique s’adaptent aux besoins des élèves en créant des groupes
homogènes. Plusieurs types de groupes peuvent être mis en place par l’enseignant de langue
vivante. Premièrement, il peut s’agir de groupes de niveau : ces groupes sont alors homogènes
et ressemblent à des ateliers. Dans un cours de langue, il est possible pour l’enseignant de
distribuer le même document pour tous les groupes mais de donner des consignes différentes
selon les groupes. En d’autres termes, certains élèves réalisent une activité différente par
rapport à d’autres. Si l’enseignant estime qu’un élève a réalisé des progrès, ce dernier devra
changer de groupe en cours d’année.

Bien que la différenciation pédagogique soit associée à la mise en place de groupes


homogènes, il ne faut pas pour autant exclure l’idée de créer des groupes hétérogènes. Ces
groupes permettent d’associer des élèves médiateurs et des élèves plus en difficultés. Les
élèves médiateurs peuvent alors aider les élèves en difficultés en les poussant vers le haut.

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C’est une manière aussi de motiver l’élève qui a des lacunes ; il aura envie de réussir comme
son camarade et de ne pas le « pénaliser ».

Pour terminer, l’enseignant peut utiliser la présence de l’assistant de langue pour qu’il prenne
en charge des petits groupes d’élèves ou même en individuel. L’assistant peut apporter son
aide aux élèves et revoir avec eux un point qu’ils n’auraient pas compris avec l’enseignant.
Une explication venant d’un tiers permet parfois à des élèves de remédier à des difficultés et
d’assimiler des connaissances.

2. Varier les supports

Nous savons maintenant qu’il faut varier les pédagogies pour faire face à
l’hétérogénéité des élèves. Pour que ce soit une véritable classe de langue vivante, il faut que
les élèves expriment et partagent leurs idées et opinions avec leurs camarades. Dans cette
optique, il est important de varier les supports sur lesquels vont travailler les élèves. En effet,
certains auront plus de facilité avec un document écrit pendant que d’autres préfèreront
s’exprimer à partir d’un document iconographique. Ne pas utiliser le même type de document
permet de ne pas décourager les élèves et d’utiliser les points forts de chacun. De plus, en
variant les documents, l’enseignant présente aux élèves les différentes manières d’entrer dans
un document. On peut par ailleurs travailler les différentes compétences, c'est-à-dire la
compréhension écrite et orale. C’est important de travailler toutes ces compétences tout au
long de l’année.

Lorsqu’on distribue un document, il est indispensable de laisser un temps de préparation après


une consigne. Effectivement, comme chaque élève travaille à son rythme, il faut donner la
possibilité à chacun de trouver des informations et de répondre à la consigne. L’enseignant
veillera à solliciter au préalable les élèves qui ne lèvent pas la main, ce sont souvent les élèves
qui ont le plus de difficultés. Ils pourront donner les informations les plus simples. C’est un
moyen pour l’enseignant de valoriser ces élèves qui ont bien souvent un manque de confiance
en eux.

Lors du stage, ma professeur d'accueil a proposé à sa classe de première de travailler sur le


film Campeones de Javier Fesser. Pour cela, elle leur a distribué un document avec la
couverture du film et une photo des acteurs célébrant leur victoire à la cérémonie des Goyas
et elle a également diffusé la bande-annonce du film. En proposant ces deux documents, son
objectif était de contenter tous les élèves et de mettre en avant toutes les compétences des
élèves face à un document écrit, visuel ou audio.

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3. Le tutorat

Il s’agit de mettre en place une situation où un élève « fort » aide un élève plus « faible
». Cette association a un double effet : elle permet au tuteur de valoriser ses acquis et de les
transmettre à son camarade. Pour l’élève en difficulté, l’échange lui conforte l’idée qu’il peut
réussir. Il lui redonne confiance et l’incite à continuer ses efforts. De plus, l’avantage du
tutorat est que l’élève plus « faible » peut avoir plus de facilité à comprendre les explications
d’un camarade que celles de l’enseignant comme c’est le cas avec l’assistant de langue. Le
tutorat est très intéressant dans les différents niveaux de classe et dans beaucoup de
disciplines.

4. L’évaluation

L’évaluation est un autre débat lorsqu’un enseignant pratique la différenciation


pédagogique. L’enseignant doit mettre en place une évaluation formative, qui a lieu en cours
d’apprentissage, pour vérifier les acquis et les connaissances des élèves. Ce type d’évaluation
permet aux élèves d’évaluer leurs progrès et de repérer leurs difficultés. En fonction des
résultats des évaluations, l’enseignant peut ensuite intervenir différemment pour faire
progresser les élèves. J’ajouterai également que l’évaluation doit être la même pour tous pour
ne pas créer des inégalités et des tensions entre les élèves.

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IV. Les limites de la pédagogie différenciée

La différenciation pédagogique n’est pas une pratique infaillible. Autrement dit, il ne


faut pas toujours différencier. Même si chaque élève est différent, les programmes scolaires ne
sont pas faits en fonction du niveau des élèves mais selon le cycle dans lequel ils se trouvent.
La pédagogie différenciée pose tout d’abord un problème éthique. En effet, différencier c’est
rompre avec le principe d’égalité de traitement des élèves. D’une part, il faut faire attention de
ne pas ralentir les élèves les plus « forts ». D’autre part, il ne s’agit pas de délaisser les élèves
les plus « faibles ». Selon François Galichet4, le choix revient à l’enseignant. L’auteur
distingue deux types d’enseignants. Il y a ceux qui « dispensent un enseignement efficace et
inéquitable. Ils améliorent le niveau de tous, mais de certains beaucoup plus que d’autres » et
d’autres qui « dispensent un enseignement efficace et équitable. Ils font monter nettement le
niveau de tout le monde, et en outre restreignent les écarts ».

Qu’il s’agisse d’un travail en groupe étant composé d’élèves plutôt homogènes ou plutôt
hétérogènes, il faut veiller à ce que chaque élève trouve sa place dans le groupe. Il faut
également s’assurer que tous les élèves du groupe travaillent et pas seulement un ou deux. Ce
sont des travaux en groupe et non individuels. L'enseignant doit fixer en amont ce qu’il attend
d’un travail de groupe et les former si nécessaire. Cependant, comme nous l’avons dit plus tôt,
il ne faut pas hésiter à associer les élèves selon les affinités pour obtenir de bons travaux.

La différenciation pédagogique représente un danger de ségrégation et de séparation des bons


et mauvais élèves. L’enseignant doit rester vigilant lorsqu’il s’agit de répartir ses élèves en
groupes puisque cette pratique peut avoir des effets négatifs comme ne pas favoriser les
progrès de tous les élèves ou seulement de quelques-uns. De plus, l’enseignant ne pourra pas
toujours mettre en place des travaux de groupe dans toutes ses classes. Il est parfois
impossible dans certaines classes de faire travailler les élèves ensemble. Enfin, pendant toute
l’année scolaire, l’enseignant est contraint de respecter le temps qui lui est fixé pour chaque
classe qu’il a à sa disposition.

4
Éthique et déontologie de l’enseignement, 2002

13
CONCLUSION

Tous les enseignants ont un objectif commun qui est de garantir la réussite scolaire de tous les
élèves. Cependant, cet objectif est mis en péril à cause de l’hétérogénéité des élèves. Pour
faire face à cette diversité, l’enseignant doit différencier ses pédagogies et les apprentissages.
La différenciation pédagogique existe sous différentes formes mais il convient d’abord
d’évaluer les acquis et les difficultés des élèves afin de répondre à leurs besoins en
diversifiant les situations d’apprentissage pour que chacun réussisse et atteigne ses objectifs.

Nous pouvons identifier quelques limites à cette pratique. Il ne faut pas sous-estimer les
élèves en difficulté et se concentrer davantage sur les élèves « forts ». De même, il ne faut pas
ralentir les élèves plus « forts » en travaillant uniquement avec les élèves plus « faibles ». En
faisant cela, on risque de tomber dans l’individualisation.

L’hétérogénéité ne doit pas être vue comme un obstacle pour l’enseignant mais comme une
richesse où il tente d’utiliser les différences des élèves pour organiser son enseignement. La
confrontation et l’échange entre des élèves permet de prendre en compte les qualités de
chacun.

Finalement, tout ce que nous avons développé renvoie à plusieurs attendus de fin de
formation. Il s’agit de l’attendu A15 « conduit un enseignement explicite, attentif aux besoins
de chaque élève, en recourant à la coopération et à la différenciation » et de l’attendu A13 «
assure la progression dans les apprentissages de tous les élèves au regard des objectifs fixés ».

14
BIBLIOGRAPHIE

● ASTOLFI Jean-Pierre, Essor des didactiques et des apprentissages scolaires,


1995.

● ZAKHARTCHOUK Jean-Michel, Enseigner en classes hétérogènes, ESF


éditeur : Cahiers pédagogiques, 2014.

● DE LA GARDERIE Antoine, Les profils pédagogiques, discerner les aptitudes


scolaires, Bayard éditions, 1993.

● MEIRIEU Philippe, L’école, mode d’emploi : des « méthodes actives » à la


pédagogie différenciée, ESF éditeur, 1995.

● MEIRIEU Philippe, Apprendre en groupe (Volume 1), itinéraires des


pédagogies de groupe, pédagogie formation, 1996.

● PERRENOUD Philippe, Pédagogie différenciée : des intentions à l’action, ESF


éditeur, 1997.

● LAURENT Sabine, Pédagogie différenciée, 2001.

● CARON Jacqueline, Apprivoiser les différences : guide sur la différenciation


des apprentissages et la gestion des cycles, Érasme, 2003.

● LEGRAND Louis, La différenciation pédagogique, Scarabée cemea, 1986.

● GALICHET François, Éthique et déontologie de l’enseignement, 2002.

15
SITOGRAPHIE

● La pédagogie différenciée : historique, problématique, cadre conceptuel et


méthodologie de mise en œuvre Plan de la conf

● À l'écoute de chaque élèves grâce à la différenciation pédagogique : guide de


mise en oeuvre (Partie 1)

● LA PEDAGOGIE DIFFERENCIEE

● Les postulats de Burn - La boite à outils du prof débutant

● Devoir d'éthique professionnelle - Site de sociophilo ! (jimdofree.com)

● Prendre en compte la diversité des élèves : la différenciation pédagogique -


neo.snuipp.fr

● Le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l'éducation |


Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et des Sports

● Former aux métiers du professorat et de l'éducation au 21e siècle - Devenir


enseignant

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