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Julie Scholler
Table des matières
1
TABLE DES MATIÈRES
2
Chapitre 0
Suites numériques
Une suite réelle u = (un )n∈N est une fonction dont l’ensemble de départ est N (ou Jn0 , +∞J avec
n0 ∈ N)
u : N −→ R, n 7−→ un .
un est appelé le terme général de la suite. Son indice ou rang est n.
On peut aussi définir des suites indexées sur l’ensemble Jn0 , +∞J des entiers supérieurs ou égaux à un entier
n0 .,Une telle suite est notée (un )n>n0 . En pratique, on commence souvent à 0 ou à 1.
Pour ne pas alourdir les énoncés, nous considérons dans ce cours des suites définies sur N, si rien de particulier
n’est précisé. La généralisation aux autres suites est triviale.
Remarque.
Il ne faut jamais oublier les parenthèses qui permettent de faire la différence entre une suite (un )n∈N et son
terme général un qui est un réel.
Remarque.
Une suite peut être définie de différentes façons :
3
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Exemple.
nn
Étudions le sens de variation de la suite (un )n∈N définie pour tout entier naturel n par .
n!
On donne deux méthodes.
• Soit n dans N? . On prend n > 0 pour de pas se retrouver par une division par 0.
(n+1)n+1 n n
un+1 (n + 1)n+1 n! (n + 1)(n + 1)n n! n+1 1 n+1
(n+1)!
= nn = n
= n
= (n + 1) = >1
un n!
n (n + 1)! n (n + 1)! n n+1 n
n+1
car > 1, ce qui prouve que la suite est strictement croissante à partir de l’indice 1.
n
De plus, u0 = 1 = u1 donc la suite est croissante.
• Soit n dans N.
et un+1 − un > 0 si n > 0. ce qui prouve que la suite est croissante et strictement croissante à partir de
l’indice 1.
4
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
∃M ∈ R, ∀n ∈ N, un 6 M.
∃m ∈ R, ∀n ∈ N, un > m.
• On dit qu’une suite (un )n∈N est bornée si elle est minorée et majorée :
∃m ∈ R, ∃M ∈ R, ∀n ∈ N, m 6 un 6 M.
ou de manière équivalente
∃M ∈ R, ∀n ∈ N, |un | 6 M.
Exemple.
(−1)n
Montrons que la suite (un )n∈N définie pour tout entier naturel n par un = est bornée.
n+1
1 1
Pour tout n ∈ N, on a n + 1 > 1 donc 6 1 puisque la fonction x 7→ est décroissante sur [1, +∞[.
n+1 x
Par ailleurs, on a |(−1)n | = 1 donc finalement, |un | 6 1.
Ainsi, (un )n∈N est bornée.
Ainsi, une suite converge vers ` si, quelque soit ε (aussi petit +
que l’on veut), on peut trouver un rang n0 (dépendant de ε) à
partir duquel tous les termes de la suite sont dans l’intervalle +
`+ + + +
]` − ε, ` + ε[. + + +
`
+ +
Si la suite converge, alors à partir du rang n0 , tous les termes `− + + + +
sont dans la bande de largeur 2ε. +
Si on diminue ε, alors le rang à partir duquel les termes sont
dans la bande sera supérieur ou égal à n0 . n0
5
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Remarque.
La réciproque est fausse : il existe des suites bornées qui ne convergent pas.
Exemple.
La suite (un )n∈N définie par
∀n ∈ N, un := (−1)n
est bornée par −1 et 1 mais ne converge pas.
• est divergente si et seulement si elle admet pour limite +∞ ou −∞ ou n’admet pas de limite.
Ainsi, une suite diverge vers +∞ si, quelque soit le réel A, + ++++
A +++
il existe un rang n0 (dépendant de A) à partir duquel les ++
termes de la suite sont supérieurs à A. ++
+
Si on augmente A, alors le rang à partir duquel les termes +
seront supérieurs à A sera supérieur ou égal à n0 . +
n0
Remarque.
Il ne faut pas confondre la notion de suite divergente et de suite n’admettant pas de limite.
Il existe des suites divergentes qui admettent une limite, auquel cas la limite est infinie.
Proposition.
• Toute suite qui tend vers +∞ est minorée.
• Toute suite qui tend vers −∞ est majorée.
6
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
2.3. Généralités
3. Propriétés de limites
3.1. Opérations sur les limites
Remarque.
Si (un )n∈N tend vers +∞ et (vn )n∈N tend vers −∞, alors on ne peut rien dire a priori.
C’est une forme indéterminée : il n’existe pas de théorème général mais la limite peut exister.
Exemple.
• Si pour tout entier naturel n, un = n et vn = −n + `, où ` désigne un réel, alors un + vn −−−−−→ `.
n→+∞
2
• Si pour tout entier naturel n, un = n et vn = −n, alors un + vn −−−−−→ +∞.
n→+∞
7
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Remarque.
Pour toute suite (un )n∈N , si λ = 0, alors la suite (λun )n∈N est nulle donc admet pour limite 0.
Remarque.
On ne peut rien dire a priori sur la somme de deux suites divergentes.
Exemple.
Montrons que dans le cas de la forme indéterminée « 0 × +∞ », tous les cas peuvent se présenter.
`
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = , où ` désigne un réel, et vn = n, alors un vn −−−−−→ `.
n n→+∞
1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = et vn = n, alors un vn −−−−−→ 0+ .
n2 n→+∞
1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = − et vn = n, alors un vn −−−−−→ 0− .
n2 n→+∞
1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = et vn = n2 , alors un vn −−−−−→ +∞.
n n→+∞
1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = − et vn = n2 , alors un vn −−−−−→ −∞.
n n→+∞
(−1)n
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = et vn = n, alors un vn = (−1)n n’admet pas de limite.
n
8
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Exemple.
1
Dans le cas de la forme indéterminée « », les différentes possibilités sont +∞, −∞ ou pas de limite.
0
1 1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = , alors lim = lim n = +∞.
n n→+∞ un n→+∞
1 1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = − , alors lim = lim −n = −∞.
n n→+∞ un n→+∞
(−1)n 1 n+1
• Si pour tout entier naturel n non nul, un = , alors la suite de terme général = n’admet
n+1 un (−1)n
pas de limite.
Remarque.
On peut retenir
1 1 1
« = +∞ », « = −∞ » et « = 0 »,
0+ 0− ∞
mais ces abréviations ne doivent pas être utilisées dans la rédaction d’une solution.
9
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Soient (un )n∈N une suite réelle et (vn )n∈N une suite réelle qui ne s’annule pas à partir d’un certain
rang.
Soient ` un réel et `0 un réel non nul.
un `
1. Si (un )n∈N converge vers ` et (vn )n∈N converge vers `0 , alors la suite converge vers 0 .
vn n∈N `
2. (a) Si (un )n∈N converge vers ` et (vn )n∈N converge vers 0 et si tous ses termes (
sont strictement
un +∞ si ` > 0
positifs à partir d’un certain rang, alors la suite converge vers .
vn n∈N −∞ si ` < 0
(b) Si (un )n∈N converge vers ` et (vn )n∈N converge vers 0 et si tous ses termes
(
sont strictement
un −∞ si ` > 0
négatifs à partir d’un certain rang, alors la suite converge vers .
vn n∈N +∞ si ` < 0
un
3. (a) Si (un )n∈N tend vers ±∞ et (vn )n∈N converge vers `0 , alors converge vers
vn n∈N
±∞ si `0 > 0
(
.
∓∞ si `0 < 0
(
minorée par une constante strictement positive
(b) Si (un )n∈N tend vers ±∞ et (vn )n∈N est ,
majorée par une constante strictement négative
(
un ±∞
alors la suite converge vers .
vn n∈N ∓∞
Remarque.
∞ 0 ∞
Les formes indéterminées sont « », « » et « » (pour le dernier, si le quotient n’est pas de signe
∞ 0 0
constant à partir d’un certain rang, alors il n’y a pas de limite).
∞ ∞
En revanche, « + » et « − » ne sont pas des formes indéterminées.
0 0
Exemple.
+∞
Dans le cas de la forme indéterminée « », tous les cas non négatifs peuvent se présenter.
+∞
un
• Si pour tout entier naturel n, un = `n, où ` est dans R?+ , et vn = n, alors −−−−−→ `.
vn n→+∞
un
• Si pour tout entier naturel n, un = n et vn = n2 , alors −−−−−→ 0+ .
vn n→+∞
un
• Si pour tout entier naturel n, un = n2 et vn = n, alors −−−−−→ +∞.
vn n→+∞
un
• Si pour tout entier naturel n, un = n (2 + (−1)n ) et vn = n, alors la suite de terme général = 2+(−1)n
vn
n’a pas de limite.
10
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Exemple.
• Soit (un )n∈N une suite qui tend vers ` (un réel ou +∞ ou −∞).
+∞
si ` = +∞
un `
Alors la suite (e )n∈N tend vers e si ` ∈ R
si ` = −∞
0
Théorème.
Soient (un )n∈N , (vn )n∈N et (wn )n∈N trois suites réelles.
• Si les suites (un )n∈N et (wn )n∈N admettent la même limite réelle ` et si
∀n ∈ N, un 6 vn 6 wn .
∀n ∈ N, un 6 vn ,
∀n ∈ N, un 6 vn ,
Exemple.
−1 (−1)n 1
Pour tout entier n dans N? , on a −1 6 (−1)n 6 1 donc 6 6 .
n n n
1 −1
Or les suites et convergent vers 0.
n n∈N? n n∈N?
(−1)n
Ainsi, d’après le théorème de convergence par encadrement, la suite converge, et sa limite est
n n∈N?
0.
Pour tout entier naturel n, n − 1 6 n + (−1)n .
Or la suite (n − 1)n∈N tend vers +∞.
D’après le théorème de divergence par minoration, on en déduit que la suite (n + (−1)n )n∈N tend vers +∞.
11
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Remarque.
Ce théorème ne donne pas la limite de la suite mais est utilisé pour prouver l’existence de la limite.
Remarque.
Pour montrer qu’une suite est divergente, il suffit de déterminer une sous-suite divergente ou deux sous-suites
qui convergent vers des limites différentes.
Remarque.
Pour tout entier naturel n, le terme qui suit u2n dans la suite (u2n )n∈N est u2(n+1) = u2n+2 .
Pour tout entier naturel n, le terme qui suit u2n+1 dans la suite (u2n+1 )n∈N est u2(n+1)+1 = u2n+3 .
Exemple.
• La suite ((−1)n )n∈N , qui est bornée par −1 et 1, n’admet pas de limite.
En effet, la suite des termes d’indices pairs est constante et prend la valeur 1 donc converge vers 1.
12
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
La suite des termes d’indices impairs est constante et prend la valeur −1 donc converge vers −1.
Comme les limites de deux suites extraites sont différentes, la suite diverge sans limite.
• La suite (n(−1)n )n∈N , qui n’est pas bornée, n’admet pas de limite.
En effet, la suite (2n)n∈N des termes d’indices pairs tend vers +∞.
La suite (−(2n + 1))n∈N des termes d’indices impairs tend vers −∞.
Comme les limites de deux suites extraites sont différentes, la suite diverge sans limite.
na bn na n!
• lim = 0, • lim = 0, • lim = 0, • lim = 0.
n→+∞ n! n→+∞ n! n→+∞ bn n→+∞ nn
Remarque.
Par ordre de prépondérance croissante on a ainsi :
• les suites puissances strictement positives ;
• les suites exponentielles de base a > 1 ;
• la suite factorielle ;
• la suite de terme général nn .
4. Suites usuelles
4.1. Suites arithmétiques
On appelle suite arithmétique de raison r ∈ R toute suite (un )n∈N telle que
∀n ∈ N, un+1 = un + r.
Une telle suite est entièrement déterminée par sa raison et par son premier terme (ou n’importe quel terme).
Exemple.
La suite (un )n∈N définie par
u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 = un + 3
est l’unique suite arithmétique de premier terme 1 et de raison 3.
Remarque.
Si r = 0, alors la suite est constante égale à son premier terme.
Pour montrer qu’une suite (un )n∈N est arithmétique, on montre que pour tout entier naturel n, la
différence un+1 − un est constante, c’est-à-dire ne dépend pas de n.
Le réel ainsi trouvé est la raison de la suite arithmétique.
13
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Démonstration.
∀n ∈ N, un+1 − un = un + r − un = r.
×
× × × × × × × ×
× ×
×
× ×
× ×
× ×
u0
u1
u0 u1 u2 u3 u4 u5 u5 u4 u3 u2 u1 u0 u2
Remarque.
Toute suite arithmétique de raison strictement positive est minorée et non majorée.
Toute suite arithmétique de raison strictement négative est majorée et non minorée.
un = u0 + nr.
Démonstration.
C’est trivial par récurrence sur l’entier n.
1. Initialisation : u0 = u0 + 0 × r.
2. Hérédité : soit n un entier naturel tel que un = u0 + nr. Alors
un+1 = un + r par définition de la suite (un )n∈N
= u0 + nr + r d’après l’hypothèse de récurrence
= u0 + (n + 1)r.
Plus généralement, on obtient facilement que pour tous entiers naturels p 6 n, un = up + (n − p + 1)r.
Soit (un )n∈N une suite arithmétique de raison r ∈ R. Alors pour tout entier naturel n,
premier terme dernier terme
n n z}|{ z}|{
X u0 + un X up + un
uk = (n+1) et ∀p ∈ Jn, +∞J, uk = (n − p + 1) .
k=0
2 k=p
| {z } 2
nombre de termes
14
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
Démonstration.
n n n n
X X X X n(n + 1) u0 + un
uk = (u0 + kr) = u0 + r k = (n + 1)u0 + r = (n + 1) .
k=0 k=0 k=0 k=0
2 2
Théorème.
Toute suite arithmétique (un )n∈N admet une limite, qui dépend du signe de sa raison r.
• Si r est strictement positif, alors la limite de la suite (un )n∈N existe et vaut +∞.
• Si r est strictement négatif, alors la limite de la suite (un )n∈N existe et vaut −∞.
• Si r est nul, alors la suite est constante égale à son premier terme.
On appelle suite géométrique de raison q ∈ R toute suite (un )n∈N telle que
∀n ∈ N, un+1 = q un .
Une telle suite est entièrement déterminée par sa raison et par son premier terme (ou n’importe quel terme).
Exemple.
La suite (un )n∈N définie par
u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 = 3un
Remarque.
• Si q = 1, alors la suite est constante.
• Si q = 0, alors la suite est stationnaire : elle est nulle à partir du rang 1 (ou 0 si u0 = 0).
Pour montrer qu’une suite (un )n∈N (dont tous les termes sont non nuls) est géométrique, on montre
un+1
que pour tout entier naturel n, le quotient est constant, c’est-à-dire ne dépend pas de n. Le réel
un
ainsi trouvé est la raison de la suite géométrique.
15
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
u0 u0 u0
u1
u1u2 u3 u4 u5 u5 u4 u3 u2u1 u2
× ×
×
× ×
× × ×
× ×
u4 u4
u3 u2 u1 u0 u0 u1 u2 u3 u1 u3u5 u4 u2 u0
16
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
q = −1 q < −1
×
× × × ×
×
×
× × × ×
×
u1 u0
u3 u1
u5 u2 u5 u3 u1 u0u2 u4
Remarque.
Une suite géométrique non nulle de raison q ∈ R est bornée si et seulement si −1 6 q 6 1.
un = q n u0 .
Démonstration.
C’est trivial par récurrence sur l’entier n.
1. Initialisation : u0 = q 0 u0 .
2. Hérédité : soit n un entier tel que un = q n u0 . Alors
Théorème.
Soit (un )n∈N une suite géométrique non nulle de raison q ∈ R.
• Si |q| < 1, alors la suite (un )n∈N admet une limite, égale à 0.
• Si q = 1, alors la suite (un )n∈N est constante égale à son premier terme.
• Si q > 1, alors la suite (un )n∈N admet une limite, égale à +∞ ou −∞, selon le signe de u0 .
• Si q 6 −1, alors la suite (un )n∈N n’admet pas de limite.
Remarque.
Soit (un )n∈N une suite géométrique non nulle de raison q < −1.
n
Alors la suite u0 q 2n = u0 q 2 est géométrique de raison q 2 > 1 de premier terme u0 donc tend
( n∈N n∈N
+∞ si u0 > 0
vers
−∞ si u0 < 0
n
La suite u0 q 2n+1 = u0 q q 2 est géométrique de raison q 2 > 1 de premier terme u0 q de signe
n∈N n∈N
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CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
(
+∞ si u0 < 0
opposé à u0 donc tend vers
−∞ si u0 > 0
Comme les limites de deux suites extraites sont différentes, la suite diverge sans limite.
Démonstration.
Le cas où x = 1 est trivial. Si x est différent de 1, il suffit de développer
(1 − x)(1 + x + · · · + xn ) = 1 + x + x2 + · · · + xn
− x − x2 − · · · − xn − xn+1
= 1 − xn+1 .
Plus généralement, par la même démonstration, pour tous entiers naturels n et p tels que p 6 n, on a
p n+1
n
X x −x
si x 6= 1
xp + · · · + xn = xk = 1−x
k=p n−p+1
si x = 1
Soit (un )n∈N une suite en progression géométrique de raison q 6= 1. Pour tous entiers naturels p 6 n,
nombre de termes
z }| {
n
X q p − q n+1 1−q n−p+1
up + · · · + un = uk = u0 = up .
k=p
1−q |{z} 1−q
premier terme
18
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
• Conclusion : la suite (un )n∈N est bien définie et tous ses termes sont compris strictement entre -1 et
0.
2. On introduit la suite (vn )n∈N définie par
1
∀n ∈ N, vn = .
un + 1
Pour tout entier naturel n, un + 1 6= 0 donc la suite (vn )n∈N est bien définie.
3. Calculons les premiers termes de la suite (vn )n∈N .
1 6 11 1 6 11 16
On a u0 = 4, u1 = , u2 = − , u3 = − . Donc v0 = , v1 = , v2 = et v3 = .
6 11 16 5 5 5 5
1
4. On peut conjecturer que la suite (vn )n∈N est arithmétique de raison 1 et de premier terme . Montrons-le.
5
Pour tout entier n on a
1 1 1 1 1 1
vn+1 − vn = − = 1 − = un +2−1 −
un+1 + 1 un + 1 − un +2 + 1 un + 1 un +2
u n+1
un + 2 1 un + 1
= − = = 1,
un + 1 un + 1 un + 1
1 1
ce qui prouve que la suite (vn )n∈N est arithmétique de raison 1 et de premier terme v0 = = .
4+1 5
On en déduit
1
∀n ∈ N, vn = + n
5
5. On déduit de l’expression de vn une expression de un .
Or pour tout entier naturel n,
1 1 1
vn = ⇐⇒ un + 1 = ⇐⇒ un = − 1.
un + 1 vn vn
Pa conséquent,
1
∀n ∈ N, un = 1 −1
5 +n
6. Finalement on constate que la suite (un )n∈N converge vers −1.
19
CHAPITRE 0. SUITES NUMÉRIQUES
20
Chapitre 1
On dit qu’une suite (un )n∈N est une suite récurrente d’ordre p ∈ N? s’il existe une fonction f telle
que
∀n ∈ N, un+p = f (un+p−1 , un+p−2 , . . . , un , n)
L’ordre d’une suite récurrente linéaire est la profondeur de la relation de récurrence : c’est le nombre de
termes précédents dont on a besoin pour calculer un terme.
Définition.
On appelle suite récurrente linéaire du premier ordre à coefficients constants et second membre constant
une suite vérifiant une relation de récurrence de la forme
yt+1 = ayt + b, ∀t ∈ N
ou
un+1 = aun + b, ∀n ∈ N,
avec a et b des constantes réelles.
Cas où a = 0.
L’équation devient yt+1 = b. Les solutions sont les suites constantes égales à b à partir du rang 1 et dont le
terme de rang 0 est quelconque.
21
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Cas où b = 0.
L’équation devient un+1 = aun . Les solutions sont les suites géométriques de raison a.
Cas où a = 1 et b = 0
L’équation devient un+1 = un . Les solutions sont les suites constantes.
Cas où a = 1 et b 6= 0.
Les solutions sont les suites arithmétiques de raison b.
Définition.
On appelle ces suites : suites arithmético-géométriques.
Exemple.
1. Compte épargne : u0 = 100 et pour tout entier n, un+1 = (1 + t)un + 10 avec t le taux de rémunération
du compte et 10 le montant du dépôt supplémentaire à chaque période ;
2. Évolution de capital : Kn+1 = (1 − δ)Kn + I avec 0 < δ < 1 le taux de dépréciation et I l’investissement
(constant) à chaque période.
Soit (un )n∈N une suite arithmético-géométrique telle que pour tout n ∈ N, un+1 = qun + r, avec q 6= 1.
On pose ` l’unique solution de l’équation ` = q` + r.
Alors la suite de terme général un − ` est une suite géométrique de raison q.
Puis, pour tout entier n positif ou nul, on a
Démonstration.
r
Comme q 6= 1, l’équation ` = q` + r admet bien une unique solution et ` = .
1−q
On soustrait l’équation ` = q` + r à la relation un+1 = qun + r et on obtient
Par conséquent la suite de terme général un − ` est une suite géométrique de raison q et vérifie, pour tout
entier n dans N, un − ` = q n (u0 − `). Finalement,
∀n ∈ N, un = q n (u0 − `) + `
Pour déterminer le terme général d’une suite arithmético-géométrique dont le terme général est défini
par un+1 = qun + r, avec q 6= 1, on effectue les étapes suivantes.
1. On cherche le réel ` tel que ` = q` + r (penser à la limite finie éventuelle de la suite).
2. On considère la suite auxiliaire (vn )n∈N de terme général vn := un − ` et on montre que c’est une
suite géométrique de raison q.
3. On en déduit l’expression du terme général de la suite (vn )n∈N puis celui de la suite (un )n∈N .
22
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Exemple.
On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 8 et ∀n ∈ N, 2un+1 = −un + 9.
L’unique réel ` tel que 2` = −` + 9, c’est-à-dire tel que 3` = 9 est ` = 3.
1
La suite auxiliaire (vn )n∈N définie par ∀n ∈ N, vn = un − 3 est géométrique de raison − car
2
1 9 1 3 1 1
∀n ∈ N, vn+1 = un+1 − 3 = − un + − 3 = − un + = − (un − 3) = − vn
2 2 2 2 2 2
n
1
Comme son premier terme est v0 = u0 − 3 = 8 − 3 = 5, on en déduit ∀n ∈ N, vn = 5 − .
2
Finalement, comme pour tout entier naturel n, un = vn + 3, on obtient
n
1
∀n ∈ N, un = 5 − + 3.
2
Remarque.
On peut y voir un théorème de structure : toute suite arithmético-géométrique vérifiant la relation
un+1 = qun + r est la somme d’une suite géométrique vérifiant la relation un+1 = qun (géométrique
de raison q) et d’une suite particulière vérifiant la relation un+1 = qun + r : la suite constante qui prend la
r
valeur .
1−q
Équilibre et limites
Définition.
Le point d’équilibre ou la valeur stationnaire d’une équation aux différences finies est la valeur de
u0 pour laquelle le système est stationnaire, c’est-à-dire un+1 = un , pour tout entier positif n.
Soit la suite arithmético-géométrique (un )n∈N telle que pour tout n ∈ N, un+1 = qun + r.
r
Alors, si q 6= 1, le point d’équilibre est ` = .
1−q
Si q = 1, il n’y a pas de situation d’équilibre possible.
Remarque.
On pose f la fonction x 7→ qx + r. Alors le point d’équilibre est un point fixe de la fonction f , c’est-à-dire
f (x) = x.
23
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Proposition.
Soit (un )n∈N une suite arithmético-géométrique telle que pour tout n ∈ N, un+1 = qun + r, avec q 6= 1.
La suite (un )n∈N converge si et seulement si |q| < 1.
r
Si elle converge, alors sa limite est ` = .
1−q
Bien que la convergence soit garantie dès que |q| < 1, le chemin que prend la suite vers sa limite diffère selon
que q soit nul, strictement positif ou strictement négatif.
×
× Cas a = −1 : × × ×
Cas a = 1 : ×
× divergence oscillatoire, `
divergence régulière
× oscillations entretenues
× × × ×
Cas généraux
b
Si |a| > 1, alors (un ) diverge. Si |a| < 1, alors (un ) converge vers l = .
1−a
• a > 1 et u0 > ` : • 0 < a < 1 et u0 < ` :
u
u12 ` ×
u3 × × u1
u4 × u
u234
× u 5
6 ×
u5
× ×
× ×
u6 ×
× `
u6 u5 u4 u3uu2u10 uuu54u3 2u1 u0
• a < −1 : • −1 < a < 0 :
24
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
2.1. Introduction
L’expression générale d’une équation aux différences finies non linéaire d’ordre un est
Cependant on ne considèrera que des équations homogènes, c’est-à-dire qui ne dépendent pas explicitement
de n.
Définition.
On appelle équation aux différences finies non linéaire homogène d’ordre un toute équation de la forme
yt+1 = f (yt ), ∀t ∈ N
ou
un+1 = f (un ), ∀n ∈ N,
avec f : I → R, I ⊂ R.
Remarque.
Nous ne considèrerons que des fonctions f continues sur I.
Définition.
Soit f une fonction telle que f : D → R avec D ⊂ R.
f (I) ⊂ I.
Proposition.
Si l’intervalle I est stable par f et si le premier terme u0 appartient à l’intervalle I, alors pour tout
entier naturel n, le terme un existe et appartient à I.
Démonstration.
Posons, pour tout entier naturel n, l’hypothèse de récurrence
Hn : « un existe et un appartient à I »
25
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Exemple.
Soit (un )n∈N la suite définie par ∀n ∈ N, un+1 = uαn avec α ∈ R∗ .
Si α > 0, R et R+ par exemple sont des intervalles stables, mais également [0; 1] et [1; +∞[.
Si α < 0, l’intervalle ]0, +∞[ est stable, mais aussi ] − ∞; 0[ quand α est un entier impair.
∀n ∈ N, un+1 = f (un ),
où f est une fonction continue sur un intervalle I qui est stable par f et qui contient u0 , ce qui prouve que la
suite est bien définie et que tous les termes appartiennent à l’intervalle I.
Que peut-on dire de son comportement asymptotique ? des valeurs possibles de sa potentielle limite ?
Définition.
Soit f une fonction telle que f : D → R avec D ⊂ R.
f (x) = x.
Théorème.
Soit (un )n∈N une suite définie par
∀n ∈ N,
un+1 = f (un )
,
u0 ∈ I
Démonstration.
On a
∀n ∈ N, un+1 = f (un ).
Comme la suite (un )n∈N converge vers un réel `, la suite (un+1 )n∈N converge vers ce même réel `.
Comme la fonction f est continue au point `, la suite (f (un ))n∈N converge vers le réel f (`).
En passant à la limite en +∞ dans l’égalité précédente, on obtient
` = f (`).
Remarque.
• La fonction f peut posséder aucun, un ou plusieurs points fixes.
• Quel que soit le nombre de points fixes, la suite peut être divergente.
Exemple.
Revenons à l’exemple.
un+1 = uαn , α > 0, n ∈ N.
26
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
un+1 = uαn , n ∈ N.
u5
u4
u3
u
u21
u1
u2
u3
u4
u5
uuu
012u3 u4 u4 u3 u2 u1u0
1
Cas où α = (0 < α < 1).
2
u1
u2
u3
u54
u5
u4
u3
u2
u1
u0 u1 u2 u3 u4 uu43u2 u1 u0
Comment peut-on rigoureusement, sans se reposer uniquement sur une représentation graphique, affirmer
des convergences ou divergences ?
27
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Remarque.
Soient f une fonction croissante sur l’intervalle I, stable par f et (un )n∈N une suite vérifiant un+1 = f (un ),
pour tout entier naturel n. Alors
1. si u0 6 u1 , la suite (un )n∈N est croissante ;
2. si u0 > u1 , la suite (un )n∈N est décroissante.
Cela se démontrer aisément par récurrence.
Démonstration.
1. Posons, pour tout entier naturel n
Hn : un 6 un+1
Hn : un > un+1
28
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
Méthode.
• Si la suite (un )n∈N est croissante et majorée par un réel M , alors elle converge vers un point fixe `
de f tel que ` 6 M .
• Si la suite (un )n∈N est décroissante et minorée par un réel m, alors elle converge vers un point fixe
` de f tel que ` > m.
• Si la suite (un )n∈N est croissante et ne semble pas majorée, on peut raisonner par l’absurde en
supposant que la suite converge vers un réel ` et on essaie de trouver une contradiction concernant
`. Dans ce cas, la suite ne converge pas et puisqu’elle est croissante, elle diverge vers +∞.
• Si la suite (un )n∈N est décroissante et ne semble pas minorée, on peut raisonner par l’absurde en
supposant que la suite converge vers un réel ` et on essaie de trouver une contradiction concernant
`. Dans ce cas, la suite ne converge pas et puisqu’elle est décroissante, elle diverge vers −∞.
u4
u3
u5
u4
u2
u2
u1
u3
u3 u1u0u2 u4 u0 u2 u4 u3 u1
Si f est décroissante sur l’intervalle I (stable par f ), alors on étudie les suites des termes pairs et impairs :
∀n ∈ N, an = u2n et bn = u2n+1 .
On a alors
an+1 = u2(n+1) = u2n+2 = f (u2n+1 ) = f (f (u2n )) = (f ◦ f )(an )
Donc la suite a vérifie une relation de récurrence donnée par :
an+1 = (f ◦ f )(an )
La fonction f ◦ f est croissante sur I et I est un intervalle stable par f ◦ f car f ◦ f (I) ⊂ f (I) ⊂ I.
On montre alors comme précédemment que la suite (an )n∈N est monotone et admet donc une limite.
De même, la suite (bn )n∈N est définie par la relation :
bn+1 = (f ◦ f )(bn )
et on procède de la même façon que pour la suite (an )n∈N .
On montre alors comme précédemment que la suite (bn )n∈N est monotone et admet donc une limite.
Les suites (an )n∈N et (bn )n∈N sont de monotonie contraire.
On compare ensuite leurs limites.
29
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
yt+1 = ryt (1 − ty )
√ fixes de la√fonction f .
1. On commence par rechercher les éventuels points
3
f (x) = x équivaut à x = 10x d’où 3 solutions, 10, 0 et + 10.
2. On a donc donc que si u0 est l’un de ces points fixes alors la suite (un )n∈N est constante. En particulier,
si u0 = 0 alors un = 0 pour tout n ∈ N.
i √ i
3. Commençons par étudier le cas où u0 ∈ 0, 10 .
√ √
(a) En étudiant la dérivée de f , on constate ique f est strictement icroissante sur ] − 10; 10[. De plus
√ √ √ i √ i
f (0) = 0 et f ( 10) = 10. Ainsi, ∀x ∈ 0, 10 , on a f (x) ∈ 0, 10 .
i √ i
Donc l’intervalle 0, 10 est stable par f .
√ i √ i √
(b) L’intervalle ]0, 10] étant stable et u0 ∈ 0, 10 , on a que un ∈]0, 10] pour tout n.
(c) Pour tout entier n, on a
1 3 1 3 un
un+1 − un = −un + 30un − 20un = −un + 10un = (10 − u2n ) > 0
20 20 20
La suite (un )n∈N est donc croissante.
(d) La suite
√ (un )n∈N est croissante et majorée. Par conséquent, la suite (un )n∈N converge vers un nombre
` ∈]0, 10]. La fonction f étant continue,
√ ` est√nécessairement un point fixe de f .
L’unique point fixe de f √ sur ]u0 , 10] est ` = 10.√
En conclusion, si u0 ∈]0, 10] alors lim un = 10.
n→+∞
h √ h
4. Intéressons nous maintenant à la situation où u0 ∈ − 10, 0 .
h √ h
(a) Avec le même genre d’arguments que précédemment, on constate que l’intervalle − 10, 0 est stable
par f .
h √ h h √ h h √ h
(b) L’intervalle − 10, 0 étant stable par f et un appartenant à − 10, 0 , on a que un ∈ − 10, 0
pour tout n.
on a cette fois un+1 − un 6 0. Ainsi la suite est décroissante et minorée. Donc
(c) Pour tout entier n, √
elle converge vers − 10.
n √ √ o
5. Observons ce qui se passe si u0 ∈ − 50, 50 .
√ √
Si u0 = 50 √ou u0 = −√ 50, on observe que u1 = −u0 et u2 = u0 . Ainsi, la suite va osciller entre les
deux valeurs 50 et − 50. Elle n’admettra donc pas de limite dans ce cas.
i √ h i√ h
6. Maintenant voyons ce que l’on peut dire dans le cas où u0 ∈ −∞, − 50 ∪ 50, +∞ .
(a) Tout d’abord, une étude de la fonction f montre que
i √ h i √ h i √ h i √ h
f −∞, − 50 = + 50, +∞ et f ( + 50, +∞ = −∞, − 50 .
i √ h i√ h
Par conséquent l’ensemble E = −∞, − 50 ∪ 50, +∞ est stable par f .
30
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
i √ h i√ h
(b) Si u0 ∈ E, alors par stabilité de E, on a un ∈ −∞, − 50 ∪ 50, +∞ pour tout n ∈ N.
L’ensemble E ne contenant aucun point fixe de f , la suite (un )n∈N ne peut donc pas converger. En
conclusion, si u0 ∈ E alors la suite (un )n∈N diverge.
√ √ √ √
(c) La situation où u0 ∈] − 50, − 10[∪] 10, 50[ est plus difficile à étudier (et √ n’est pas attendue).
On peut montrer que (un )n∈N converge toujours vers l’une des deux valeurs ± 10. En revanche, le
√ de u0 et la valeur de la limite est très complexe. En fait, plus u0 se rapproche
liens entre la valeur
des extrémités ± 50, plus le comportement est sensible aux valeurs de u0 (c’est un phénomène
chaotique, on trouve une structure fractale).
31
CHAPITRE 1. SUITES RÉCURRENTES D’ORDRE UN
32
Chapitre 2
Une telle suite est entièrement déterminée par les coefficients a et b et par ses deux premiers termes.
Exemple.
La suite (un )n∈N définie par
Cherchons s’il existe des suites géométriques non nulles à partir du rang 1 qui vérifient cette relation.
Soit (un )n∈N une suite géométrique de raison q 6= 0 et de premier terme u0 6= 0 telle que
Or
∀n ∈ N, un = u0 q n .
Alors pour tout entier naturel n, on a
On appelle équation caractéristique d’une suite récurrente linéaire d’ordre 2 dont le terme général
vérifie la relation un+2 + aun+1 + bun = 0, l’équation du second degré r2 + ar + b = 0, d’inconnue r.
33
CHAPITRE 2. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE DEUX
∀n ∈ N, un = αr1n + βr2n .
• Si l’équation caractéristique associée possède une unique solution (réelle) r0 , alors il existe un
unique couple de réels (α, β) tels que
∀n ∈ N, un = (α + nβ)r0n .
• Si l’équation caractéristique associée possède deux récines complexes (non réelles) conjuguées
distinctes r1 = ρeiθ et r2 = r1 = ρe−iθ (avec ρ dans R?+ et θ dans R) et il existe un unique couple
de réels (α, β) tels que
∀n ∈ N, un = α cos(nθ) + β sin(nθ) ρn .
Remarque.
L’ensemble des solutions de (R) est un espace vectoriel, plus précisément un sous-espace vectoriel de dimension
2 de l’espace vectoriel des suites réelles RN .
Exemple.
On considère la suite (un )n∈N définie par ses deux premiers termes u0 = 12 et u1 = 31, et par la relation de
récurrence
∀n ∈ N, un+2 = 5un+1 − 6un
L’équation caractéristique√associée est r2 − 5r√ + 6 = 0 et a pour discriminant ∆ = (−5)2 − 4 × 6 = 1.
5− 1 5+ 1
Ses racines sont r1 = = 2 et r2 = = 3.
2 2
Ainsi pour toute suite (un )n∈N vérifiant la relation de récurrence, il existe deux réels α et β tels que
∀n ∈ N, un = α × 2n + β × 3n .
12 = α × 20 + β × 30 = α + β et 31 = α × 21 + β × 31 = 2α + 3β.
∀n ∈ N, un = 5 × 2n + 7 × 3n .
Exemple. √
On considère la suite (vn )n∈N définie par ses deux premiers termes v0 = 3 et v1 = 1, et par la relation de
récurrence √
∀n ∈ N, vn+2 − 2 3vn+1 + 4vn = 0.
√
• L’équation caractéristique associée est x2 − 2 3x + 4 = 0 et a pour discriminant
√
∆ = (2 3)2 − 4 × 4 = 12 − 16 = −4 = (2i)2 < 0
34
CHAPITRE 2. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE DEUX
nπ nπ
∀n ∈ N, un = 2n α cos + β sin .
6 6
La technique pour la résolution des équations de second ordre avec second membre consiste à découper le
problème en deux : trouver les solutions générales de l’équation sans second membre et trouver une solution
particulière de l’équation avec second membre.
35
CHAPITRE 2. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE DEUX
Théorème.
On considère l’équation suivante
∀n ∈ N, un = upn + uhn
Solution particulière
c
Si a + b 6= −1, la suite constante égale à est une solution particulière de (R).
1+a+b
36
CHAPITRE 2. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE DEUX
Pour conclure,
2
• si β 6= 1, la suite constante égale à vérifie (R).
1−β
• si β = 1, la suite de terme général un = n2 , ∀n ∈ N, vérifie (R).
2. Recherche des solutions de l’équation homogène associée.
L’équation caractéristique associée est donnée par
(EC) x2 − 2βx + β = 0
On a ∆ = 4β 2 − 4β = 4β(β − 1).
37
CHAPITRE 2. SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES D’ORDRE DEUX
• Si β > 1, alors on a ∆ > 0 et l’équation caractéristique admet deux racines réelles distinctes
q q
r1 = β − β(β − 1) et r2 = β + β(β − 1)
Du coup, l’ensemble des suites vérifiant l’équation homogène associée à (R) ont leur terme général
de la forme
q n q n
un = A β − β(β − 1) +B β+ β(β − 1) , ∀n ∈ N, avec A, B ∈ R
38
Chapitre 3
Une équation différentielle est une équation dont l’inconnue est une fonction dérivable et qui fait intervenir
la fonction et ses dérivées. Résoudre une telle équation, c’est trouver l’ensemble des fonctions qui vérifient
cette équation.
Les équations différentielles ordinaires font intervenir les dérivées d’une fonction et ce sont les fonctions
vérifiant l’équation qui en sont solutions.
Il n’est pas toujours évident de déterminer la solution générale d’une équation différentielle. On peut alors
être amené à représenter graphiquement (à l’aide d’un ordinateur) ces solutions par des approximations
successives.
1. Équations « primitives »
Il s’agit de la forme la plus simple d’équation différentielle :
y 0 (t) = g(t).
Résoudre cette équation revient à trouver les fonctions donc la dérivée est la fonction g. La résolution revient
à une recherche de primitive.
Exemples.
5
• Une solution de l’équation différentielle y 0 = −10t3 est la fonction x 7→ − t4 définie sur R.
2
2x
• Une solution de l’équation différentielle y 0 (x) = 2 est la fonction x 7→ ln(1 + t2 ) définie sur R.
x +1
Méthode.
Lorsque l’équation différentielle peut être mise sous la forme
y 0 (t) = g(t)
et si G est une primitive de g, alors les solutions de l’équation proposée sont les fonctions de la forme
y(t) = G(t) + C, C ∈ R.
Exemples.
• L’ensemble des solutions de l’équation différentielle y 0 = −10t3 est l’ensemble des fonctions définie sur R
5
de la forme x 7→ − t4 + C, avec C un réel.
2
2x n o
• L’ensemble des solutions de l’équation différentielle y 0 (x) = 2 est x 7→ ln(1 + t2 ) + C; C ∈ R .
x +1
39
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
2.1. Généralités
On appelle équation différentielle linéaire du premier ordre toute équation de la forme y 0 +ay =
b:
∀t ∈ I, y 0 (t) + a(t)y(t) = b(t). (E)
Si la fonction a est constante, alors on dit que l’équation différentielle est à coefficients constants.
La fonction b est appelée le second membre.
Si b est la fonction nulle, alors on dit que l’équation, qui s’écrit sous la forme y 0 + ay = 0, c’est-à-dire
est homogène.
Exemple.
1. L’équation y 0 + 3y = 2, que l’on peut également noter y 0 (t) + 3y(t) = 2, est une équation linéaire du
premier ordre à coefficients constants et second membre constant.
2. L’équation 2y 0 + 3y = 5t est une équation linéaire du premier ordre à coefficients constants et second
3 5t
membre non constant. Elle est équivalente à l’équation y 0 + y = .
2 2
0 0
3. L’équation y + 3ty = 2 que l’on peut également noter y (t) + 3ty(t) = 2 est une équation linéaire du
premier ordre mais n’est pas à coefficients constants car la fonction t 7→ 3t n’est pas constante. Son
second membre est constant.
Exemple.
La fonction
2
f : R → R, t 7→ e−3t +
3
0
est une solution sur R de l’équation différentielle y + 3y = 2 car elle est dérivable sur R et
2
∀t ∈ R, f 0 (t) + 3f (t) = −3e−3t + 3 e−3t + = 2.
3
40
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Démonstration.
• La fonction nulle est clairement solution de l’équation homogène y 0 + ay = 0.
• Soient f1 et f2 deux solutions de l’équation homogène y 0 + ay = 0.
Alors les fonctions f1 et f2 sont dérivables et elles vérifient f10 + af1 = 0 et f20 + af2 = 0.
Soit λ un élément de R.
Alors la fonction λf1 + f2 est dérivable, comme combinaison linéaire de fonctions dérivables, et on a
Remarque.
Cette démonstration ne dépend pas de l’ordre de l’équation différentielle, mais seulement de sa linéarité.
Remarque.
Nous verrons que si a n’est pas la fonction identiquement nulle alors l’ensemble des solutions de l’équation
y 0 + ay = 0 est un espace vectoriel de dimension 1.
L’ensemble des solutions de l’équation différentielle homogène (EH ) : y 0 + ay = 0 sur l’intervalle I est
I →
R,
SH := ,λ ∈ R ,
t
7→ λe−A(t)
Démonstration.
• Pour tout réel λ, la fonction
f : I → R, t 7→ λe−A(t)
est solution de l’équation y 0 + ay = 0 car
41
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
I → R, t 7→ eA(t) f (t)
∃λ ∈ R, eA(t) f (t) = λ.
Finalement, il existe un réel λ tel que pour tout réel t dans I, f (t) = λe−A(t) .
Remarque.
Comme la fonction a est continue, elle admet nécessairement une primitive A, mais il n’est pas toujours
possible d’obtenir une expression explicite pour cette dernière.
Remarque.
Si une fonction est une solution non identiquement nulle d’une équation différentielle linéaire homogène
d’ordre 1, alors elle ne s’annule pas.
L’ensemble des solutions sur R de l’équation différentielle linéaire homogène à coefficients constants
(EH ) : y 0 + ay = 0, où a est un réel, est
→ R
R
SH := ,λ ∈ R .
t
7→ λe−at
Exemple.
L’ensemble des solutions sur R de l’équation différentielle linéaire y 0 + 3y = 0 est
R →
R
S := ,λ ∈ R .
t
7→ λe−3t
42
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
S = {f0 + f, f ∈ SH } ,
Démonstration.
• Dans le sens direct, la fonction f0 est solution de l’équation y 0 + ay = b donc
f00 + af0 = b
f 0 + af = 0
g 0 + ag = b
Cette démonstration ne dépend pas de l’ordre de l’équation différentielle, mais seulement de sa linéarité.
Remarque.
Si f1 est une autre solution de l’équation différentielle y 0 + ay = b, alors {f0 + f, f ∈ SH } = {f1 + f, f ∈ SH }.
À l’aide de la résolution de l’équation homogène faite précédemment et en déterminant une solution particulière,
on obtient l’ensemble des solutions de manière explicite.
43
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Démonstration.
On a
f10 + af1 = b1
donc
λf10 + λaf1 = λb1
et
f20 + af2 = b2
c’est-à-dire
(λf1 + f2 )0 + a(λf1 + f2 ) = λb1 + b2 .
Cette démonstration ne dépend pas de l’ordre de l’équation différentielle, mais seulement de sa linéarité.
Exemple. R →
R
0
L’ensemble des solutions de l’équation y + 3y = 2 est 2 ,λ ∈ R .
t 7→
+ λe−3t
3
44
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Démonstration.
Soit λ un scalaire dans R.
• La fonction f : R → R, t 7→ λemt est dérivable sur R et vérifie
1
Si m 6= −a, alors la fonction f : t 7→ emt est solution de l’équation y 0 (t) + ay(t) = emt .
m+a
Si m = −a, alors aucune fonction de cette forme n’est solution de l’équation y 0 (t) + ay(t) = e−at .
• La fonction f : R → R, t 7→ λte−at est dérivable sur R et vérifie
Remarque.
Plus généralement, si l’équation est de la forme y 0 + ay =
P (t)emt où P est un polynôme de degré n, alors
t 7→ Q(t)emt
si m 6= −a
il existe un polynôme Q de degré n tel que la fonction soit une solution
t 7→ tQ(t)emt si m = −a
particulière.
Remarque.
Ces résultats ne sont pas à connaître par cœur.
Exemple.
1. On considère l’équation y 0 + y = e2t .
Comme 2 6= −1, on cherche une solution particulière sous la forme f : t 7→ λe2t .
45
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
f0 (t) = λ(t)e−A(t) ,
pour obtenir une fonction λ qui convient et donc une solution particulière x 7→ λ(x)e−A(x) de l’équation avec
second membre.
Exemple.
2 t2
On cherche une solution de l’équation y 0 − ty = 3tet sous la forme f0 (t) = λ(t)e 2 .
t2 t2 t2 t2
En dérivant, on a f00 (t) = λ0 (t)e 2 + xλ(t)e 2 = λ0 (t)e 2 + tf0 (t), c’est-à-dire f00 (t) − tf0 (t) = λ0 (t)e 2 .
t2 t2 2
Si λ0 (t) = 3te 2 , alors λ0 (t)e 2 = 3tet et donc f0 est solution de l’équation.
t2
En intégration, on obtient λ(t) = 3e 2 + C (on prend C = 0).
t2 t2 2
Finalement, la fonction f0 : t 7→ 3e 2 e 2 = 3et est une solution de l’équation.
46
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Remarque. y 0 + ay = 0
L’unique solution du problème de Cauchy est la fonction f : t 7→ y0 e−A0 (t) , où la fonction
y(t0 ) = y0
Z t
t 7→ A0 (t) := a(t)dt est la primitive de la fonction a qui s’annule en t0 .
t0
Remarque.
Soient f1 et f2 deux solutions de l’équation (E) : y 0 + ay = b.
S’il existe un réel t tel que f1 (t) = f2 (t), alors les fonctions f1 et f2 sont égales.
Exemple. y 0 + 3y = 2
On cherche à résoudre le problème de Cauchy .
y(0) = 2
→R
R
Or l’ensemble des solutions de l’équation y 0 + 3y = 2 est 2 , λ ∈ R .
t 7→ + λe−3t
3
2
L’unique solution du problème de Cauchy est donc de la forme f : t 7→ + λe−3t .
3
Pour déterminer le réel λ, on utilise la condition de Cauchy
2 4
f (0) = 2 ⇐⇒ + λe−3×0 = 2 ⇐⇒ λ= .
3 3
4 2
Finalement, le problème de Cauchy admet pour unique solution la fonction t 7→ e−3t + .
3 3
47
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
3.1. Introduction
L’expression générale d’une équation différentielle non linéaire d’ordre un est
y 0 (t) = f (yt , t) .
Cependant on ne considèrera que des équations dites autonomes, c’est-à-dire qui ne dépendent pas explicite-
ment de t.
Soient deux intervalles I et J et une fonction continue f : J → R.
Définition.
On appelle équation différentielle non linéaire autonome d’ordre un toute équation de la forme
y 0 (t) = f y(t) ,
∀t ∈ I
avec f : I → R, I ⊂ R.
Remarque.
Les fonctions y vérifiant cette équation sont des fonctions de I dans J.
Exemple.
q
y 0 (t) = 2 y(t), ∀t ∈ R
Les fonctions t 7→ 0 et t 7→ t2 × 1R+ (t) sont des solutions. De plus, elles vérifient toutes les deux la condition
initiale y(0) = 0.
On n’a donc pas forcément unicité de la solution d’une équation différentielle autonome d’ordre un avec une
condition initiale.
48
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Si la fonction f est de classe C 1 sur J, alors il existe un intervalle ouvert contenant t0 (de la forme
]t0 − ε; t0 + ε[) tel qu’il existe une unique solution au problème de Cauchy (P ) définie sur cet intervalle.
Exemple.
Notre exemple introductif,
q
y 0 (t) = 2 y(t), ∀t ∈ R, et y(0) = 0
admet plusieurs solutions (en fait une infinité). Il ne vérifie pas les hypothèses du théorème précédent car la
fonction f n’est pas dérivable en 0 qui correspond à la valeur requise pour la fonction au temps initial.
Proposition. Conséquence
Remarque.
Graphiquement cela signifie que les courbes représentatives de deux solutions différentes de la même équation
ne peuvent pas s’intersecter.
En particulier, si la fonction identiquement nulle est une solution, alors toutes les autres solutions sont de
signe constant.
Proposition.
Il existe un intervalle maximal T contenant t0 tel que (P ) admet une unique solution sur T .
Exemples.
• y 0 (t) = y(t) et y(0) = 1
La fonction y de R dans R définie par y(t) = et est une solution maximale du problème précédent.
49
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
Un point d’équilibre est un état d’équilibre. Si une solution maximale démarre à un point d’équilibre, alors
elle y reste et, en fait, elle y a toujours été.
Proposition.
Soit y une solution maximale de (E). On suppose que f est de classe C 1 sur J.
S’il existe t ∈ T tel que y(t) = y ∗ , alors y(t) = y ∗ , pour tout t ∈ T .
Ainsi, si on ne démarre pas à un point d’équilibre, on ne peut pas l’atteindre. On dit que « les solutions ne
peuvent pas traverser les points d’équilibre ».
Proposition. Limites possibles
Soit y une solution maximale de (E) définie sur ]t− ; +∞[.
Si la fonction y converge, alors elle converge vers un point d’équilibre.
50
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
0 a
b
a
La fonction f admet deux points d’équilibre 0 et . Donc si y0 = 0, l’unique solution est la fonction constante
b
a a a
6 0 et y0 6= ,
égale à 0 et si y0 = , alors l’unique solution est la fonction constante égale à . Sinon, si y0 =
b b b
a
la solution ne prendra jamais la valeur 0 ou la valeur .
b
a
Cas où y0 ∈ 0; .
b
On note y la solution
maximale et I son intervalle de définition.
a
Comme y0 ∈ 0; , que y est continue et qu’une solution ne peut pas traverser les point d’équilibre, on a,
b
a
pour tout t, y(t) ∈ 0; . Ainsi la solution y est bornée, c’est-à-dire y(I) est bornée. Par conséquent I = R,
b
la solution y est donc définiesur tout R.
a a
Pour tout t ∈ R, y(t) ∈ 0; et pour tout x ∈ 0; , f (x) < 0, on a ainsi y 0 (t) < 0 pour tout t. La fonction
b b
y est par conséquent strictement décroissante. La fonction y étant de plus minorée, elle converge. Or les
seules limites possibles sont les états d’équilibre. On obtient lim y(t) = 0.
t→+∞
Cas où y0 < 0.
On note y la solution maximale et I son intervalle de définition.
Comme y0 < 0, que y est continue et qu’une solution ne peut pas traverser les points d’équilibre, on a, pour
tout t, y(t) < 0.
Or pour tout x < 0, f (x) > 0, on a ainsi y 0 (t) > 0 pour tout t. La fonction y est par conséquent strictement
croissante.
Comme y est croissante et majorée par 0, elle est bornée au-delà de t0 . Par conséquent I = R, la solution
y est donc définie sur tout R et elle converge. Or les seules limites possibles sont les états d’équilibre. On
obtient lim y(t) = 0.
t→+∞
a
Cas où y0 > .
b
On note y la solution maximale et I son intervalle de définition.
a
Comme y0 > , que y est continue et qu’une solution ne peut pas traverser les point d’équilibre, on a, pour
b
51
CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
a
tout t, y(t) > .
b
a
Or pour tout x > , f (x) > 0, on a ainsi y 0 (t) > 0 pour tout t. La fonction y est par conséquent strictement
b
croissante.
D’après le théorème de la limite monotone, soit elle tend vers +∞, soit elle converge. Or si elle converge,
c’est forcément vers un état d’équilibre ce qui est impossible dans ce cas. Donc on a que y tend vers +∞.
Cependant on ne sait pas si c’est en +∞ ou avant, c’est-à-dire si on est en présence d’une explosion en temps
fini.
52
Chapitre 4
Dans tout ce chapitre, a est un réel non nul, b et c sont deux réels et d est une fonction continue sur I.
1. Généralités
ay 00 + by 0 + cy = 0, (EH )
Exemple.
L’équation
y 00 − 3y 0 − 4y = et + 1
53
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
S = {f0 + f, f ∈ SH } ,
(EH ) : ay 00 + by 0 + cy = 0.
Exemple.
Pour résoudre l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = et + 1,
• on commence par trouver l’ensemble des solutions de l’équation homogène y 00 − 3y 0 − 4y = 0
• on ajoute à chacune de ces solutions une solution particulière de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = et + 1.
Exemple.
En additionnant
• une solution de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = et ;
• une solution de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = 1 ;
on obtient une solution de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = et + 1.
54
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
aX 2 + bX + c.
Proposition.
Soit λ un élément de R.
La fonction f : R → R, t 7→ eλt est solution de l’équation ay 00 + by 0 + cy = 0 si et seulement si λ est
racine du polynôme caractéristique aX 2 + bX + c, c’est-à-dire aλ2 + bλ + c = 0.
Démonstration. La fonction f est deux fois dérivable sur R de dérivées successives f 0 : t 7→ λeλt et
f 00 : t 7→ λ2 eλt . Ainsi
f est solution de ay 00 + by 0 + cy = 0 ⇐⇒ af 00 + bf 0 + cf = 0
⇐⇒ ∀t ∈ R, a λ2 eλt + bλeλt + ceλt = 0
⇐⇒ ∀t ∈ R, aλ2 + bλ + c eλt = 0
⇐⇒ aλ2 + bλ + c = 0 en divisant par eλt 6= 0
55
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
−b
2. Si ∆ = 0, alors le polynôme admet une unique racine réelle : λ0 = .
2a
L’ensemble SH des solutions de l’équation homogène est
→ R
R
SH := , (A, B) ∈ R2 .
λ0 t
t
7→ (At + B)e
Remarque.
b
Dans le cas où ∆ < 0, remarquez que la constante multiplicative dans l’exponentielle, − , correspond à la
2a
partie réelle des racines complexes du polynôme caractéristique et la constante multiplicative dans le sinus et
le cosinus correspond, éventuellemnt au signe près, à la partie imaginaire des racines complexes du polynôme
caractéristique.
Remarque.
Dans les trois cas, l’ensemble des solutions d’une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2 est un
sous-R-espace vectoriel de dimension 2 de l’ensemble des fonctions deux fois dérivables.
Exemple.
1. L’équation différentielle linéaire d’ordre 2
y 00 − 3y 0 − 4y = 0
56
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
y 00 − 2y 0 + 4y = 0
√ √
a pour polynôme caractéristique X 2 − 2X + 4 de racines 1 + i 3 et 1 − i 3.
L’ensemble des solutions de cette équation est est
→ R
R
SH := √ √ , (A, B) ∈ R2 .
t
t
7→ e A cos 3t + B sin 3t
Cas où ∆ > 0
Les solutions sont de la forme f (t) = Aeλ1 t + Beλ2 t avec A et B deux nombres réels.
On suppose que A et B ne sont pas nuls.
• Si les deux racines du polynôme caractéristique sont strictement négatives, alors les solutions vont tendre
vers 0 en +∞.
• Si une des deux racines du polynôme caractéristique est strictement positive, alors les solutions vont
tendre vers l’infini (+ ou − selon le signe de la constante A ou B correspondant) en +∞.
Cas où ∆ = 0
Les solutions sont de la forme f (t) = (A + Bt) eλ0 t avec A et B deux nombres réels.
On suppose que A et B ne sont pas nuls.
• Si la racine du polynôme caractéristique est strictement négative, alors les solutions vont tendre vers 0
en +∞.
• Si la racine du polynôme caractéristique est strictement positive, alors les solutions vont tendre vers
l’infini (+ ou − selon les signes des constantes A et B) en +∞.
Cas où ∆ < 0
√ ! √ !
b
− 2a t 4ac − b2 4ac − b2
Les solutions sont de la forme f (t) = e A cos t + B sin t avec A et B deux
2a 2a
nombres réels.
On suppose que A et B ne sont pas nuls.
b
• Si − < 0, alors les solutions vont tendre vers 0 en +∞ (en oscillant).
2a
b
• Si − > 0, alors les solutions vont osciller de façon explosive quand t tend vers +∞.
2a
b
• Si − = 0, c’est-à-dire b = 0, alors les solutions vont osciller avec une amplitude entretenue quand t
2a
tend vers +∞.
57
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
Remarque.
La solution particulière constante s’interprète comme étant la situation d’équilibre égale à la limite de
n’importe quelle solution convergente lorsque (le temps) t tend vers +∞.
Exemple.
L’ensemble des solutions de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = 1 est
f : R →
R
SH := 1 , (A, B) ∈ R2
−t 4t
t 7→ − + Ae + Be
4
1
car la fonction constante égale à − est une solution de l’équation y 00 − 3y 0 − 4y = 1.
4
Remarque.
d
1. Si c est nul et que b est non nul, alors la fonction linéaire t 7→ t est une solution de l’équation différentielle
b
ay 00 + by 0 + cy = d.
d 2
2. Si b et c sont nuls, alors la fonction t 7→ t est une solution de l’équation différentielle ay 00 + by 0 + cy = d.
2a
5. Problème de Cauchy
58
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
Remarque.
Il ne suffit pas de donner deux conditions quelconques sur la fonction.
Il n’est pas surprenant qu’il faille deux conditions pour obtenir une unique solution car l’ensemble des
solutions est un plan.
Exemples.
• Le problème de Cauchy y 00 + y = 0 avec conditions y(0) = 0 et y(2π) = 0 admet une infinité de solutions.
En effet, pour tout réel A, la fonction t 7→ A sin(t) convient.
Exemple.
y 00 (t) − 3y 0 (t) − 4y(t) = 8
On cherche à résoudre le problème de Cauchy y(0) = 0
y 0 (0) = 1
• Les solutions de l’équation homogène sont toutes les fonctions de la forme t 7→ Ae−t + Be4t , où A et B
sont des réels.
• La fonction constante égale à −2 est une solution particulière donc les solutions de l’équation avec second
membre sont toutes les fonctions de la forme t 7→ Ae−t + Be4t − 2, où A et B sont des réels.
• On cherche à déterminer les réels A et B à l’aide des conditions de Cauchy y(0) = −2 et y 0 (0) = 1.
y(0) =
0 Ae−0 + Be4×0 − 2 =
−2
⇐⇒
y 0 (0) =
1 −Ae−0 + 4Be4×0
= 1
A+B = 0
⇐⇒
−A + 4B = 1
1
A = −
⇐⇒ 5
B
4
=
5
1 4
Finalement, l’unique solution du problème de Cauchy est la fonction t 7→ − e−t + e4t − 2.
5 5
59
CHAPITRE 4. ÉQUA. DIFF. LINÉAIRES DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
60