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302 CHAPITRE 8.

MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

8.7.4.2 Calcul des forces généralisées

Dans l'étude d'une structure par la méthode des déplacements, la matrice de rigidité [[K]] et le vecteur second
membre [F ] apparaissent naturellement au cours des calculs et notamment lors de la phase dite d'assemblage
matriciel (voir algorithme en Ÿ.8.8).

La question abordée dans ce paragraphe est celle de l'évaluation, séparément, du vecteur second membre.
Cette question se pose lorsqu'une même structure est soumise à diérents cas de charges. Dans ce cas, la
matrice de rigidité est calculée en même temps que le vecteur second membre correspondant au premier cas
de charge. Mais est-il nécessaire de reprendre tous les calculs pour les cas de charge suivants ?

Examinons cette question sur un exemple. Il s'agit d'un portique articulé en pieds soumis à l'action d'une force
uniformément répartie sur le poteau EST (gure 8.7.2 à gauche). Les composantes des forces généralisées sont
représentées sur la structure équivalente (gure 8.7.2 à droite). L'équivalence partielle des deux chargements
concerne les déplacements mais non pas les sollicitations ni même l'énergie élastique, évidemment.

Figure 8.7.2  (a) La structure d'étude est soumise à un système de forces extérieures, ici une charge
répartie. Sont représentés les DDL retenus dans l'hypothèse où εk = 0 ∀k sont représentés. (b) Le système
de forces équivalent, c'est-à-dire les forces généralisées sont équivalentes du point de vue des déplacements
(mais pas des sollicitations).

Dans l'exemple proposé les DDL sont ΩB , ΩC , UB si les déformations d'eort normal sont négligées.

Le vecteur second membre est donc formé de 3 composantes notées CB , CC , FC .

METHODE 1 Généralisation puis instanciation du cas de charge.

Il s'agit de déterminer à la fois la matrice de rigidité et le vecteur second membre pour tout cas de charge.
Ce dernier vecteur peut ensuite être instancié. Pour cela on applique la méthode des déplacements comme
suit :
 Poutre AB :
8EI 4EI 24EI 0
M AB = ωA + ωB + (vA − vB ) + MAB =0
L L L2
4EI 8EI 24EI 0
M BA = ωA + ωB + (vA − vB ) + MBA
L L L2
donc :  
6EI 12EI 0 1 0
MBA = ΩB + UB + M BA − M
L L2 2 AB
 Poutre BC :
16EI 8EI 48EI 0
M BC = ωB + ωC + (vB − vC ) + MBC
3L 3L 9L2
8EI 16EI 48EI 0
M CB = ωB + ωC + (vB − vC ) + MCB
3L 3L 9L2
ou :
16EI 8EI 0
M BC = ΩB + ΩC + MBC
3L 3L
8EI 16EI 0
M CB = ΩB + ΩC + MCB
3L 3L
8.7. ASSEMBLAGE MATRICIEL 303

 Poutre CD :
8EI 4EI 12EI 0
M CD = ωC + ωD + (vC − vD ) + MCD
L L L2
4EI 8EI 12EI 0
M DC = ωC + ωC + (vC − vD ) + MDC =0
L L L2
ainsi :  
6EI 6EI 0 1 0
M CD = ΩC + 2 UB + MCD − MDC
L L 2
 Equation d'équilibre 1 :
MBA + MBC = 0
 Equation d'équilibre 2 :
MCB + MCD = 0
 Equation d'équilibre 3 :
2 1 qL
MBA + MCD = −
L L 2
Ré-écriture du système des 3 équations d'équilibre sous forme matricielle :
   

6EI 16EI 8EI 12EI
 0 1 0 0
+ − MBA − MAB − MBC
2
   
 L 3L 3L L2  ΩB   
 8EI 16EI 6EI 6EI   0 0 1 0 
 +   ΩC  =  −MCB − MCD − MDC 
3L 3L L L2  2
   
 12EI 6EI 24EI 6EI  UB    
+ 3
 qL 2 0 1 0 1 0 1 0 
L2 L2 L3 L − − MBA − MAB − MCD − MDC
2 L 2 L 2
 Instanciation :
0 0
 poutre AB , pas de charge donc MAB = MBA =0
0 0
 poutre BC , pas de charge donc MBC = MCB =0
2
0 qL 0 qL2
 poutre CD, charge uniforme donc MCD =+ et MDC = −
12 12
 Par conséquent le second membre s'écrit :
 
  0
CB  qL2 
 CC  =  − 
 8 
FC
 5qL 

8
 Le travail des forces est donc :

qL2
 
1 5qL
Ve = − ΩC − UB
2 8 8

METHODE 2 Eorts extérieurs ramenés aux noeuds

La méthode consiste à remplacer le chargement appliqué en travée des barres par un chargement équivalent,
du point de vue des déplacements des noeuds, appliqué aux noeuds. Diérents types de liaison doivent être
envisagés :

1. cas de la barre bi-encastrée


Dans ce cas on remplace le chargement appliqué en travée par l'opposé des eorts de blocage

2. cas de la barre encastrée-articulée


On cherche les eorts appliqués aux noeuds qui conduiraient aux mêmes déplacements vi − vj et ωi . A
l'extrémité relaxée, aucun couple n'est appliqué et on ignore la valeur de la rotation ωj correspondante.
Le moment Mij à l'extrémité Ai est donné par l'expression :
´
µi (x) · M0 (x) dx
Mij = ´ 2
µi (x) dx
x
expression dans laquelle µi (x) = −1 + L désigne le diagramme de moment échissant linéaire produit
par un couple unitaire appliqué en Ai et où M0 (x) est le moment isostatique produit par le chargement
en travée dans la poutre bi-articulée.
Les eorts transversaux aux extrémités Ai et Aj sont obtenus par de simples considérations d'équilibre
statique.
304 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

Figure 8.7.3  Forces extérieures ramenées aux noeuds dans le cas de barres bi-encastrées. Il s'agit ici de
l'opposé des eorts de blocage

Figure 8.7.4  Forces extérieures ramenées aux noeuds dans le cas de barres encastrées-articulées.

3. cas de la barre bi-articulée

Aucun couple n'est appliqué.

Application : dans l'exemple proposé, seule la barre CD est chargée par une force uniforme. De plus elle est
qL2
rigidement liée enC et relaxée en D. Le couple devant être appliqué en tête de poteau est donc CC = −
8
5qL
et l'eort FB = − . Comme les poutres AB et BC ne sont pas chargée, aucun autre eort ne doit être
8
appliqué de sorte que CB = 0. On retrouve ainsi le vecteur second membre déjà obtenu avec la méthode 1.

METHODE 3 Utilisation des eorts de blocage

Pour passer de la conguration (S) à la conguration (Seq ) les étapes suivantes, notées a et b, doivent être
considérées :
8.7. ASSEMBLAGE MATRICIEL 305

Figure 8.7.5  Forces extérieures ramenées aux noeuds dans le cas de barres encastrées-articulées.

Figure 8.7.6  En haut à gauche, l'ossature native. Au centre, (Sb ), sont superposés le chargement initial, les
forces de blocage et l'opposé de celles-ci. A droite, (Sc ), reste l'opposé des forces de blocage. Les déplacements
de l'ossature sont les mêmes à chaque étape.

Le travail des forces extérieures s'exprime initialement par :

ˆ
1
T = −q × v (x) dx
2
(CD)

et devient :
1 0 0 0ω

T = −TCD · UB − MCD · ΩC − MDC · ωD (8.7.2)
2
avec :

0 0 qL2
MCD = −MDC =
12
dans l'expression précédente, la rotation écrite en minuscule ωD est la rotation de l'extrémité de la barre
[CD] ; ce n'est pas un DDL. Il convient de condenser cette rotation en tenant compte de la liaison articulée
en D :
0 2EI 4EI 6EI
MDC = MDC + ωC + ωD + 2 (vC − vD ) = 0
L L L
306 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

comme ωC = ΩC , vC = UB et vD = 0 :

qL2 2EI 4EI 6EI


− + ΩC + ωD + 2 UB = 0
12 L L L
et, donc :
1 3UB qL3
ωD = − ΩC − +
2 2L 48EI
la rotation de l'extrémité de la barre [CD] est donc maintenant exprimée en termes de DDL. On injecte
cette relation dans l'expression du travail (8.7.2) :

qL2 qL2 qL3


  
1 qL 1 3UB
Ve = − · UB − · ΩC + · − ΩC − +
2 2 12 12 2 2L 48EI

de sorte que le travail soit désormais exprimé uniquement à l'aide des DDL :

qL2 q 2 L5
 
1 5qL
Ve = − UB − ΩC +
2 8 8 12 × 48EI

q 2 L5
Le terme est le supplément de travail qu'il faut fournir pour assurer la transition d sur la gure
12 × 48EI
8.7.6. A ce terme près on retrouve les eorts de blocage déjà obtenus :

 
0
 qL2 
[F ] = 
 − 
8 
 5qL 

8

8.8 Algorithme d'étude


La méthode des déplacements est complètement automatisable et constitue le c÷ur de nombre de logiciels de
calcul de structures. L'algorithme d'étude proposé dans ce paragraphe concerne les structures fonctionnant
en exion (des portiques) et l'hypothèse d'indéformabilité axiale est faite.

1. Analyse de la géométrie de la structure :

(a) choix d'un repère global {OXY } pour la dénition des DDL ;

(b) identication des n÷uds ;

i. désignation (lettre ou numéro) ;

ii. position dans le plan ;

iii. type d'appui le cas échéant ;

iv. identication de la mobilité de rotation Ω :

 si deux barres, au moins, sont rigidement liées, la rotation est un DDL ;


 sinon la rotation de ce n÷ud n'est pas une mobilité pertinente et ne doit pas être décomptée
en tant que DDL. C'est la situation du n÷ud totalement relaxé ;

v. identication et désignation des mobilités de translation U et V dans le repère global {OXY }


avec prise en compte des restrictions imposées par les conditions d'appui le cas échéant ;

vi. eorts concentrés éventuels FX , FY et C;


(c) identication des barres ou  éléments  ;

i. n÷ud origine, n÷ud extrémité et dénition du repère local {xy} ;


ii. caractéristiques (la raideur axiale est réputée innie : EA → ∞) :

A. longueur L;
B. module d'élasticité du matériau E;
C. inertie quadratique autour de Gz : I ;
8.8. ALGORITHME D'ÉTUDE 307

iii. actions en travée. Selon le cas : champ de température, charge répartie, charges concentrées,
etc... dans le repère local ou global ;

2. Réduction/dénombrement et identication des DDL :

(a) Toutes les rotations NR retenues à l'étape 1(b)iv sont à considérer en tant que DDL. L'hypothèse
ε=0 ne change pas le nombre d'inconnues en rotation ;

(b) Du nombre NT de mobilités en translation retenues à l'étape 1(b)v, déduire autant d'inconnues
qu'il y a de barres B inextensibles ;

(c) Choisir les NT − B degrés de liberté de translation parmi les mobilités indépendantes ;

(d) Exprimer les B relations εij = 0 ⇔ ui = uj en termes de degrés de liberté de translation ;

3. Écriture des équations intrinsèques pour chacune des B barres :

(a) Isoler et représenter la barre et les eorts qui s'exercent sur elle :

i. moments nodaux ;

ii. actions transversales ;

(b) reporter la longueur et l'inertie de exion EI ;


(c) Calculer les forces de blocage le cas échéant ;

(d) Exprimer les 2 équations intrinsèques en moment dans le repère local :

0 4EI 2EI 6EI


Mij − Mij = L ωi + L ωj + L2 (vi − vj )
0 2EI 4EI 6EI
Mji − Mji = L ωi + L ωj + L2 (vi − vj )

(e) Tenir compte des relaxations le cas échéant :

i. si l'origine Ai est relaxée alors Mij = 0 et condenser ωi . Il reste une seule équation intrinsèque :

0 1 0 3EI 3EI
Mji − Mji + Mij = ωj + 2 (vi − vj )
2 L L
ii. si la terminaison Aj est relaxée alors Mji = 0 et condenser ωj . Il reste une seule équation
intrinsèque :
0 1 0 3EI 3EI
Mji − Mij + Mji = ωi + 2 (vi − vj )
2 L L
iii. si les deux extrémités sont relaxées alors Mij = Mji = 0 et il n'y a plus d'équation intrinsèque.

(f ) Exprimer les équations intrinsèques en termes de DDL

4. Écrire les NR équations d'équilibre en moment des NR n÷uds comportant un DDL de rotation.
Reporter en second membre le couple agissant directement sur le n÷ud le cas échéant :

Σnj=1
i
Mij = Ci

5. Écrire les NT − B équations d'équilibre complémentaires, chacune étant associée à un DDL de trans-
lation. Pour chaque DDL de translation :

(a) caractériser le champ de vitesse virtuel rigidiant par morceau, continu et cinématiquement admis-
sible, du mécanisme en équilibre déduit de la structure réelle par insertion d'articulations virtuelles
et mobilisant un et un seul degré de liberté de translation pris unitaire ;

(b) appliquer le PPV∗ au mécanisme obtenu dans son propre champ de vitesse virtuel ;

(c) reporter au second membre la puissance virtuelle des forces externes ;

6. Procéder à l'assemblage matriciel en écrivant les équations obtenues aux étapes précédentes 4 et 5 en
remplaçant les moments nodaux par leur expression en termes de DDL :

(a) les classer dans le même ordre que les DDL ;


 
(b) former la matrice de rigidité [[K]] et le  vecteur second membre  F0 ;

(c) vérier que la matrice de rigidité obtenue est symétrique ; aucune contribution aux termes de la
diagonale ne peut être négative :
 0
F = [[K]] · [D]
308 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

7. Inverser le système matriciel obtenu à l'étape précédente et déduire les DDL :

−1
· F0
 
[D] = [[K]]

8. Calculer les moments nodaux à l'aide des équations intrinsèques établies à l'étape 3 ;

9. Tracer le diagramme de moment échissant (M ) ;


10. Déduire le diagramme d'eort tranchant (T ) par l'équilibre local :

dM
T =−
dx

11. Déduire les eorts normaux en écrivant l'équilibre en force des n÷uds :

(a) Le cas échéant ces équations permettent de déterminer également les réactions aux appuis ;

(b) Tracer le diagramme (N ) ;


12. Les déplacements et les sollicitations étant connus dans la structure, procéder aux calculs règlemen-
taires selon les Eurocodes.

8.9 Exemples
8.9.1 Petit treillis rectangulaire - prise en compte des εk

Figure 8.9.1  Petit treillis rectangulaire isostatique. A droite : bilan des forces pour équilibre des n÷uds
libres.

La gure 8.9.1 montre un treillis isostatique comportant quatre barres assemblées entre elles par des ar-
ticulations et soumis à des forces concentrées agissant sur les articulations. De ce fait toutes les barres
subissent un eet de traction/compression à l'exclusion de toute exion. Les eets de déformation axiales
εi , prépondérants dans le cas présent, ne peuvent pas être négligés.

L'étude de ce treillis par la méthode des déplacements s'opère comme suit. Par la suite on désigne par Ni
l'eort normal dans la barre i.
1. Analyse de géométrie :

(a) quatre n÷uds totalement relaxés A, B, C, D ;


(b) quatre barres bi-articulées AB, AD, CD, BD. Noter que LAD = L.
2. Degrés de liberté - uniquement en translation puisque tous les n÷uds sont relaxés :

(a) UB , V B , U D , V D
(b) pas de réduction possible puisque l'on prendra en compte toutes les déformations axiales.

3. Equations intrinsèques - uniquement en traction/compression :


8.9. EXEMPLES 309

2EA
(a) (AB) : NAB = −NBA = −N1 = 4 (uA − uB ) avec uA = 0 (appui) et uB = UB
5L

5 EA
N1 = + × UB (i)
2 L
EA
(b) (AD) : NAD = −NDA = −N2 = 3 (uA − uD ) avec uA = 0 et uD = UD cos α − VD sin α soit
5L
1
uD = 5 (4UD − 3VD )
1 EA
N2 = + (4UD − 3VD ) (ii)
3 L
2EA
(c) (CD) : NCD = −NDC == −N3 = 4 (uC − uD ) avec uC = 0 (appui) et uD = UD
5L

5 EA
N3 = + × UD (iii)
2 L
EA
(d) (BD) : NBD = −NDB = −N4 = 3 (uB − uD ) avec uB = −VB et uD = −VD
5L

5 EA
N4 = × (VB − VD ) (iv)
3 L
4. Equations d'équilibre des n÷uds (libres) :

(a) Noeud B :
 
−N1 = 0 (1) N1 = 0

−N4 − 2F = 0 (2) N4 = −2F
(b) Noeud D :
4
 
−N2 cos α − N3 − F = 0 (3) 5 N2 + N3 = −F

+N2 sin α + N4 = 0 (4) − 53 N2 − N4 = 0
5. Assemblage matriciel par substitution des eorts normaux dans les équations (1) à (4) et formatage
sous forme matricielle des quatre équations. A noter que les quatre équations et les quatre DDL sont
EA
homogènes ce qui permet facilement de factoriser la constante
L et former une matrice complètement
numérique :
5
     
2 0 0 0 UB 0
5
EA 
 0 3 0 − 35   VB   −2F 
16 5
 ·   =  
L  0 0 15 + 2 − 54   UD   −F 
0 − 53 − 54 3
5 + 3
5
VD 0
 5     
2 0 0 0 UB 0
5
 0
3 0 − 53 
  VB  = F L  −2 
   
4 ·
 107
 0 0 30 −5 UD  EA  −1 
0 − 53 − 45 34
15
VD 0
6. Résolution du système matriciel et détermination des DDL :

(a) la première ligne de la matrice permet de déduire immédiatement que UB = 0 ;


4 3
(b) la somme (2) + (4) conduit à − UD + VD
5 5 = −2 EA ce qui, combiné à (3) 107
FL 4
30 UD − 5 VD =
− EA permet de déterminer que : −4 × 54 +
FL 107 FL

3 × 30 UD = (−4 × 2 − 3 × 1) EA et donc UD =
FL
−1.467 EA
5 FL 107
− 45 −1 + 107 FL FL
 
(c) d'où on déduit : VD = −
4 − EA − 30 UD = 30 × 1.467 EA = −5.290 EA
6 FL FL
(d) puis : VB = VD −
5 EA = −6.490 EA
7. Détermination des eorts normaux par exploitation des équations (i) à (iv) (aux erreurs d'arrondi près) :

5
(a) N1 = 2 × EAL × UB = 0
(b) N2 = + 3 L (4UD − 3VD ) = 13 (4 × −1.467 − 3
1 EA
× −5.290) F = 3.333F
(c) N3 = + 52 × EA 5
L UD = 2 × −1.467F = −3.668F
(d) N4 = −2F
L'ossature étant isostatique, le lecteur pourra vérier aisément la valeur des eorts normaux par applica-
tion des équations de la statique
17 . Les déplacements, par exemple VD , s'en déduisent sans diculté par
application d'une méthode énergétique (voir le chapitre PPV∗).
17. Par la méthode graphique de Cremona par exemple.
310 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

8.9.2 Demi-portique soumis à un champ de température

Figure 8.9.2  Demi-portique hyperstatique soumis à un gradient de température sur la traverse.

1. Analyse de géométrie :

(a) 3 n÷uds A, B, C dont deux appuis articulés en A et C. Liaison rigide en B. Les rotations ΩA et
ΩC ne sont pas des DDL puisque ces n÷uds sont totalement relaxés. Par contre ΩC est DDL. De
plus il y aurait, a priori, deux mobilités de translation en B : UB et VB .
(b) 2 barres (AB) de longueur L et d'inertie de exion EI et (BC) de longueur 2L et d'inertie 2EI .
2. Réduction des mobilités par hypothèse d'inextensibilité des barres :

(a) εAB = 0 ⇒ uB = uA ⇒ VB = 0
(b) On ne prend pas en compte l'élongation thermique de la barre BC : εBC = 0 ⇒ uC = uB ⇒
UB = 0. Il ne reste aucune mobilité de translation et le système ne comporte donc qu'un seul DDL
en rotation ΩB .

3. Equations intrinsèques :

(a) Etude de (AB) :


4EI 2EI 6EI
MAB = 0 = ωA + ωB + 2 (vA − vB )
L L L
et
2EI 4EI 6EI
MBA = ωA + ωB + 2 (vA − vB )
L L L
avec ωA à condenser, ωB = ΩB , vA = vB = 0. Il reste :
3EI
MBA = ΩB (i)
L
(b) Etude de (BC) :

4 × 2EI 2 × 2EI 6 × 2EI λ∆T


MBC =
2L
ωB +
2L
ωC + 2 (vB − vC ) − 2EI × h
(2L)
et
2 × 2EI 4 × 2EI 6 × 2EI λ∆T
MCB = 0 = ωB + ωC + 2 (vB − vC ) + 2EI ×
2L 2L (2L) h
avec ωC à condenser, ωB = ΩB , vB = vC = 0. Il reste :

3EI λ∆T
MBC = ΩB − 3EI × (ii)
L h
4. Equation d'équilibre du noeud B :

MBA + MBC = 0 (1)


8.9. EXEMPLES 311

5. Assemblage matriciel (ici réduit à une seule équation ) - on substitue les moments nodaux obtenus
dans (i) et (ii) dans l'équation (1) :

EI λ∆T
6 ΩB − 3EI × =0
L h

6. Résolution :
1L
ΩB = λ∆T
2h
7. Moment nodal :
3 λ∆T
MBA = EI (8.9.1)
2 h
8. Moment échissant (gure 8.9.3).

Figure 8.9.3  Diagramme de moment échissant dans le demi-portique soumis à un champ de température.

NOTE : Si on avait voulu prendre en compte l'eet de l'élévation uniforme de température δT sur la
traverse tout en négligeant les déformations mécaniques axiales dues aux eorts normaux, on aurait admis
que :

UB = −λδT × 2L
par conséquent :

3EI 3EI 3EI 3EI 3EI 6EI


MBA = ΩB − 2 U B = ΩB + 2 × λδT × 2L = ΩB + · λδT
L L L L L L
et :
3EI
MBC = ΩB
L
comme MBA + MBC = 0, il vient :

ΩB = −λδT
et donc :
3EI
MB = MBA = −MBC = λδT (8.9.2)
L

Comparons les expressions 8.9.1 et 8.9.2 et remarquons que L  h : les moments induits par l'élévation
uniforme de température sur la traverse sont bien moindres que ceux produits par le gradient de température.

8.9.3 Portique à jambage - hypothèse εk = 0


On considère le portique dont la géométrie et le chargement sont décrits par la gure 8.9.4.
312 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

Figure 8.9.4  Portique à jambage soumis a un eort réparti agissant transversalement à la barre AB, un
eort concentré horizontal appliqué au noeud B, un autre eort double et vertical appliqué au milieu de BC
et à un couple agissant au noeud B.

Selon le plan d'étude proposé au Ÿ 8.8 :

1. Analyse de géométrie

(a) repère {XY } selon l'horizontale et la verticale ;

(b) Quatre n÷uds :

n÷ud A B C D

position 3 4 8 4
D 85 L, 52 L
  
O (0, 0) B 5 L, 5 L C 5 L, 5 L
appuis articulation - - encastrement
relaxation totale OUI - OUI -
mobilités - UB , VB , ΩB UC , VC -
eorts FB = qL - - -
CB = qL2
(c) Trois barres :

barre [AB] [BC] [CD]


repère local q voir la gure 8.9.4

longueur 3 2 4 2
LCD = 25 L
 
LAB =L 5 + 5 = LBC = L

° °
L
inclinaison α | ⇒ tan α = 43 0 -90
sin α = 45 , cos α = 3
5
inertie de exion EI 2EI EI
action en travée force transversale force transversale -
−q →

y1 centrée
−qL→

y2
2. Réduction des DDL :

(a) ΩB seul DDL de rotation ;

(b) εAB = 0 ⇒ uB = uA (le long de l'axe →−x 1 ). Or uA = 0 (appui) donc uB = 0. Par conséquent
−→ → − →
− →
− →
− →

uB = UB · x 1 = 0. Donc UB X x + VB Y x = 0. Donc UB cos α + VB sin α = 0. Par conséquent :
3
VB = − UB
4

− →
− →

(c) εBC = 0 ⇒ uB = uC (le long de l'axe x 2 ). Or x2 = X donc :

UC = UB
8.9. EXEMPLES 313


− →
− →

(d) εCD = 0 ⇒ uC = uD (le long de l'axe x 3 ). Or uD = 0 (appui) et x 3 = −Y donc :

VC = 0

(e) En n de compte il ne reste qu'un seul DDL de translation (mobilité de translation indépendante) :
UB .
(f ) La structure comporte donc 2 DDL : ΩB et UB .

3. Équations intrinsèques :

(a) barre [AB] :

(i)MAB − MAB 0
= 4EI 2EI 6EI
L ωA + L ωB + L2 (vA − vB )
(ii) 0 2EI
MBA − MBA = L ωA + L ωB + 6EI
4EI
L2 (vA − vB )
−→ → −
→
− 3→− →
avec MAB = 0 (articulation), vA = 0 (appui), vB = UB · y 1 = UB X − Y
4 ·−
y 1 donc
4 3 3 5 UB

vB = UB − 5 − 4 × 5 = − 4 UB (ou plus simplement vB = − sin α ) et ωB = ΩB (liaison rigide).
1
Procédons à la condensation statique de ωA en écrivant (ii) −
2 (i) :
 
3EI 3EI 5 0 1 0
MBA = ΩB + 2 × UB + MBA − MAB
L L 4 2

Les moments de blocage dans le cas d'une force uniformément répartie sont donnés au Ÿ 8.4.2.3 :
0 0
1 1
et MAB = + 12 qL2 et MBA = − 12 qL2 . Par conséquent :

3EI 15EI 1
MBA = ΩB + UB − qL2 (8.9.3)
L 4L2 8
Il n'y a qu'une seule équation intrinsèque pour la barre [AB].
(b) barre [BC] :

(iii) 0
MBC − MBC = 8EI 4EI 12EI
L ωB + L ωC + L2 (vB − vC )
0 4EI 8EI 12EI
(iv) MCB − MCB = L ωB + L ωC + L2 (vB − vC )
314 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

avec MCB = 0 vB = VB = − 34 UB , vC = VC = 0, ωB = ΩB (liaison rigide) et ωC à


(relaxation),
1
condenser (liaison relaxée). Procédons à la condensation statique de ωB en écrivant (iii) − (iv) :n
2

 
6EI 6EI 3 0 1 0
MBC = ΩB + 2 × − UB + MBC − MCB
L L 4 2

0
Les moments de blocage dans le cas d'une force centrée sont donnés au Ÿ 8.4.2.3 : et MBC =
0
+ 18 F L = 14 qL2 et MCB = − 14 qL2 . Par conséquent :

6EI 9EI 3
MBC = ΩB − 2
UB + qL2 (8.9.4)
L 2L 8

Il n'y a qu'une seule équation intrinsèque pour la barre [BC].

(c) barre [CD] :

(v) 0
MCD − MCD = 10EI 5EI 75EI
L ωC + L ωD + 2L2 (vC − vD )
(vi) 0 5EI
MDC − MDC = L ωC + L ωD + 75EI
10EI
2L2 (vC − vD )

avec MCD = 0 (relaxation), vB = UB , vC = 0 (appui), ωD = 0 (encastrement) et ωC à condenser


(liaison relaxée). Procédons à la condensation statique de ωC en écrivant (vi) − 21 (v) :

 
75EI 0 1 0
MDC = UB + MDC − MCD
4L2 2

Les moments de blocage sont nuls en absence d'action en travée. Par conséquent :

75EI
MCD = UB (8.9.5)
4L2

Il n'y a qu'une seule équation intrinsèque pour la barre [BC].

4. Équation d'équilibre associée à ΩB :

MBA + MBC = CB = qL2 (8.9.6)

5. Équation d'équilibre associée à UB :

On imagine le mécanisme virtuel (S ? ) obtenu par l'insertion d'articulations en B et en D ; on obtient


un mécanisme de panneau dont il faut caractériser le champ de vitesse virtuel {u? }.
8.9. EXEMPLES 315

Les rotations virtuelles des barres sont :

? VB? − VA? −3 5
ωAB = = 34 =−
XB − XA 5 L 4L

? VC? − VB? 0 + 43 3
ωBC = = =+
XC − XB L 4L
? UC? − UD?
1−0 5
ωCD =− =− 2 =−
YC − YD 5L
2L
Dans l'application du PPV∗au mécanisme de la gure précédente dans son propre champ de vitesse,
la somme des puissances des eorts extérieurs  y compris les moments nodaux  est nulle :

5 3 ? ? ?
qL × + ql × 1 + 2qL × + MBA ωAB + MBC ωBC + MDC ωCD =0
8 8
soit :
5 3 5 19
MBA − MBC + MDC = qL (8.9.7)
4L 4L 2L 8
6. Assemblage matriciel
On ré-écrit les équations 8.9.6 et 8.9.7 compte tenu des expressions 8.9.3, 8.9.4 et 8.9.5. Le système
est posé matriciellement :
 3EI 6EI 15EI 9EI 
+ − 
ΩB

 L L 4L2 2L2 
  =
5 3EI 3 6EI 5 15EI 3 9EI 5 75EI
 
UB
× − × × + × + ×
4L L 4L L 4L 4L2 4L 2L2 2L 4L2
 1 3 
qL2 + qL2 − qL2
 8 8 
 
19 5 1 2 3 3 2
 
qL + × qL + × qL
8 4L 8 4L 8
Soit :
 9EI 3EI    3 
− Ω
 qL2
 L 4L2  B  4 
  = 
3EI 879EI 45
   
UB
− qL
4L2 16L3 16
7. Calcul des DDL par inversion numérique du système matriciel :

qL3
ΩB = +0.087699
EI
qL4
UB = +0.052392
EI
316 CHAPITRE 8. MÉTHODE DES DÉPLACEMENTS

8. Calcul des moments nodaux (selon 8.9.3, 8.9.4 et 8.9.5) :

 
15 1
MBA = qL2 3 × 0.087699 + × 0.052392 − = 0.33457qL2
4 8
 
9 3
MBC = qL2 6 × 0.087699 − × 0.052392 + = 0.66543qL2
2 8
 
2 75
MDC = qL × 0.052392 = 0.98235qL2
4
9. Détermination du champ de moment échissant

 Le long de AB le moment est parabolique et varie de zéro à MB− = MBA = 0.33457qL2 - Le


moment à mi-portée est égal à :

 
1 0.33457
+ qL2 = 0.292285qL2
8 2

 Le long de de BC le moment est bilénéaire et varie depuis MB+ = −MBC = −0.66543qL2 . En B


2
il y a discontinuité du moment du fait de l'application du couple concentré C = qL . A l'aplomb
du point d'application de la force concentrée le moment vaut :

 
0.66543 2
− + qL2 = 0.167285qL2
2 4

 Le long de CD le moment est linéaire et varie de 0 à MD = MDC = 0.98235qL2


Voir le Ÿ.8.11 pour les diagrammes de sollicitations.

8.10 Non unicité du choix des DDL


Dans l'hypothèse de l'inextensibilité des barres d'une ossature εk = 0, il y a souvent pluralité de choix des
degrés de liberté. La question soulevée par cette pluralité de DDL porte sur les forces généralisées qui s'en
déduisent.

8.10.1 changement de base


Soit [q] un vecteur des DDL :
 
q1
 q2 
..
 
 
 . 
[q] =  

 qi 
 .. 
 . 
qN
soit [K] la matrice de rigidité associée à ce jeu de DDL, le potentiel élastique s'écrit (équation 8.7.1) :

1 T
Ve = [q] [K] [q]
2
La force généralisée dépend du chargement extérieur ; elle est associée au vecteur des déplacements et :

[F ] = [K] [q]

de sorte que le potentiel élastique s'écrive aussi :

1 t 1
Ve = [F ] [q] = (F1 q1 + F2 q2 + · · · + FN qN )
2 2

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