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Réf.

: BM5060 V1

Mécanique de la rupture
Date de publication :
10 avril 2014

Cet article est issu de : Mécanique | Fonctions et composants mécaniques

par Juan-Antonio RUIZ-SABARIEGO

Mots-clés Résumé Cet article donne une vision générale de la mécanique de la rupture à travers
défauts | fissuration | énergie | les définitions et les concepts de base permettant de mettre en oeuvre des analyses de
nucléaire | aéronautique |
transports nocivité des défauts et leur propagation sous l'effet d'un chargement thermomécanique,
pour des structures et assemblages. Il livre également des informations concernant les
problématiques industrielles et les règlementations de certification, en particulier dans le
domaine aéronautique, qui ont poussé les ingénieurs à intégrer de plus en plus la
mécanique de la rupture dans les cycles de conception.

Keywords Abstract This article gives an overview of the fracture mechanics through definitions and
defects | cracking | energy | basic concepts to implement life analyzes, based on the existence of a defect ? assumed
nuclear | aeronautics |
transports as a crack - and its propagation under the influence of thermomechanical loading, for
structures and assemblies. It is also accompanied by informations regarding industry
issues and certification regulations, especially in the field of aviation, which led engineers
to integrate increasingly fracturemMechanics in its design cycles.

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Mécanique de la rupture
par Juan-Antonio RUIZ-SABARIEGO
ENS Cachan, Agrégé de mécanique
Docteur Mécanique et Matériaux
Chef d’unité « Méthodes mécanique avancée »,
Département « Méthodologies et outils du développement »
Safran – Snecma , site de Villaroche

1. Principes importants de la mécanique de la rupture .................. BM 5 060 - 2


1.1 Contexte..................................................................................................... — 2
1.2 Exemples de causes classifiées de rupture ............................................ — 2
1.3 Contrôles non destructifs ......................................................................... — 3
1.4 Démarche de tolérance au dommage ..................................................... — 3
2. Mécanique linéaire de la rupture et facteurs
d’intensité des contraintes ................................................................. — 4
2.1 Définition de la mécanique linéaire de la rupture .................................. — 4
2.2 Calcul analytique du facteur d’intensité des contraintes ....................... — 6
2.3 Facteur d’intensité des contraintes critique ............................................ — 6
3. Modélisation de la propagation des fissures ................................ — 9
3.1 Loi de Paris ................................................................................................ — 9
3.2 Modèle d’Elber sur loi de Paris ................................................................ — 9
3.3 Solution analytique d’un calcul en propagation de fissure ................... — 9
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3.4 Simulation numérique de la propagation des fissures.......................... — 10


3.4.1 Approche énergétique de la mécanique linéaire de la rupture.... — 10
3.4.2 Méthodes de type éléments finis étendus (XFEM) ....................... — 11
4. Application à la conception des structures aéronautiques ...... — 12
4.1 Aspects réglementaires ............................................................................ — 12
4.2 Calcul de durée de vie en propagation plane
dans un alésage de rotor de turbomachine ............................................ — 13
5. Conclusion............................................................................................... — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BM 5 060

epuis le début de l’ère industrielle et jusqu’à la fin de la première moitié


D du XXe siècle, les ingénieurs ont été confrontés à des phénomènes de
rupture inexpliqués impliquant directement la sécurité des personnes.
Explosions de chaudières, d’appareils à gaz, ruptures brutales de part en part
de liberty-ships durant la Seconde Guerre mondiale, explosions en vol des
premiers avions commerciaux Comet équipés de turboréacteurs dans les
années 1950. Ces cas peuvent être considérés comme fondateurs de la méca-
nique de la rupture dont la théorie, basée sur la présence de fissures, a été
élaborée dans la première moitié du XXe siècle et les premières applications
dans l’industrie à partir des années 1960. Depuis, la mécanique de la rupture
est en plein essor et l’évolution de l’informatique, ouvrant la voie à des
méthodes numériques permettant de modéliser au plus près les fissures de
formes complexes avec des temps de simulations compatibles avec les cycles
de conception industriels, n’a fait que renforcer son application.
Dans cet article, nous rappellerons les principes importants à connaître dès
lors que l’on traite de mécanique de la rupture, puis nous présenterons les
concepts de la mécanique linéaire de la rupture qui permet à l’ingénieur de
traiter la propagation des défauts via le concept de facteur d’intensité des
contraintes et les lois décrivant les cinétiques de fissuration. Enfin, un focus sera
donné portant sur une application industrielle dans l’aéronautique, à travers des
informations sur les aspects règlementaires ou encore via la mise en œuvre
d’une étude de fissuration en fatigue pour une pièce de turbomachine.

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MÉCANIQUE DE LA RUPTURE _________________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles 1. Principes importants


Symboles Définitions de la mécanique
Longueurs physiques de la rupture
a Profondeur d’une fissure de surface
a/c Rapport de forme d’une fissure de surface 1.1 Contexte
c Longueur mesurée en surface d’une fissure La mécanique de la rupture est une étude qui met en jeu les
paramètres habituels de la mécanique à partir d’une discontinuité
da Avancée en profondeur d’une fissure de surface existante : fissure ou défaut. Elle permet dans certains cas de pré-
Avancée en surface d’une fissure voir, en fonction des dimensions d’une fissure et de l’état de char-
dc gement, la vitesse de propagation de la fissure et la dimension à
partir de laquelle cette fissure peut entraîner une rupture brutale.
Paramètres mécaniques Cette dimension, appelée couramment taille critique du défaut
E Module d’Young statique caractérise la nocivité du défaut, c’est-à-dire la dimension de la
fissure à partir de laquelle la structure mécanique n’est plus apte à
J Intégrale de contour l’emploi du fait de la perte de performance engendrée.
Kt Rapport de concentration de contraintes Dans ce contexte, il est légitime de se poser la question
(= σmax/σnom) suivante : pourquoi des accidents ont-ils néanmoins lieu (bien
que rares) ? Il existe plusieurs éléments de réponse. La pre-
K Facteur d’intensité des contraintes mière raison est bien entendu que les industriels ne
Ténacité du matériau connaissent parfaitement bien leurs pièces qu’après avoir accu-
KIC
mulé de l’expérience sur celles-ci, notamment afin de garantir
m et C Coefficients du modèle de propagation de Paris qu’à l’issue du cycle de fabrication, les pièces sont exemptes
de fissures détectables. Une autre raison est qu’il existe des
R0,2% Limite d’élasticité à 0,2 % de déformation causes de ruptures difficilement évitables (souvent liées à
Ru Résistance à la rupture l’environnement : agressions chimiques ou biologiques, rayu-
res ou usures, impacts...). L’initiation de fissures par fatigue est
Rσ Rapport de charge (= σmin/σmax) un phénomène, lui, bien maîtrisable et un risque qui survient
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assez tard dans la vie de la pièce. Cependant, l’erreur humaine


U Fonction d’ouverture de la fissure au sens reste possible, bien que rare, et une erreur de dimensionne-
d’Elber (= aRσ + b ) ment peut être une cause de rupture de pièces. Sur ce point,
il est donc nécessaire de tout engager pour éviter une erreur
∆K Amplitude de variation du facteur d’intensité de dimensionnement.
des contraintes (= Kmax – Kmin)
Phénoménologiquement, le risque de rupture peut schématique-
σ Contrainte élastique locale dans le sens ment être représenté comme indiqué sur la figure 1.
de la sollicitation
σmax Contrainte nominale maximale appliquée
1.2 Exemples de causes classifiées
σmin Contrainte nominale minimale appliquée
de rupture
σnom Contrainte nominale appliquée (1)
■ Problèmes de jeunesse
σouv Contrainte appliquée à l’ouverture de la fissure – action de réduction de coût hasardeuse ;
– nouvelle technologie sur laquelle on accumule une expérience
Acronymes
insuffisante ;
Sigles Définitions – choix d’un lubrifiant inadapté dans un contact ;
– niveau de chargement vibratoire excessif et mal connu en
PdF Propagation de fissure conditions de vol ;
MLR Mécanique linéaire de la rupture – erreur manifeste de dimensionnement ;

DVP Durée de vie prédite


DVA Durée de vie autorisée
Risque de rupture
IIIP Intervalle inter-inspections prédit
IIIA Intervalle inter-inspections autorisé Problème Causes aléatoires Causes liées au
FIC Facteur d’intensité des contraintes de jeunesse et rares vieillissement

FEM Finite Element Method


(ou méthode des éléments finis)
XFEM Extented Finite Element Method
(ou méthode des éléments finis étendue)
ER Extremely Remote (définit un risque
de défaillance autour de 10–8/cycle
0 Âge moyen
(1) Une composante du tenseur des contraintes, mais généralement ortho-
gonale au plan de fissuration dans les exemples qui seront mentionnés
dans la suite. Figure 1 – Évolution schématique du risque de défaillance
avec le temps

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– technologie de montage initialement inadaptée ; – les courants de Foucault ;


– choix d’un matériau inadapté aux conditions de fonctionnement ; – l’émission acoustique ;
– pollutions chimiques des matériaux (fragilisation hydrogène, – le TOFD (Time Of Flight Diffraction ) pour le contrôle des
combinaison de chlore et d’alliages de titane...) ; soudures ;
– traitements thermiques non maîtrisés. – etc.
On peut y remédier en éliminant la cause du problème, il y a La capacité de détection des sondes développées dépend de
alors nécessité d’engager un plan de réduction de risque jusqu’à différents facteurs comme : la technologie de la sonde, l’accessi-
résorption complète du problème. bilité de la zone contrôlée, le matériau constitutif contrôlé, la géo-
On peut également limiter les innovations technologiques mal métrie de la zone contrôlée, le traitement de surface de la zone
maîtrisées (grilles de maturité technologique). contrôlée, l’acuité de l’opérateur, les conditions climatiques.
Une technique consiste à suivre les pièces et structures en Caractériser la détectabilité d’un défaut est donc une opération
service les plus anciennes de très près, permettant de détecter au complexe.
plus tôt d’éventuelles anomalies de comportement. Ces suivis La quantification des capacités de détection des outillages CND
peuvent consister en des prélèvements périodiques de lots matière est difficile et impose d’explorer les paramètres actifs dans cette
directement sur les pièces série pour s’assurer par exemple de la capacité de détection. On procède, pour cela, à la mise en œuvre des
stabilité d’un procédé de fabrication. outils CND sur un lot d’éprouvettes dont certaines sont fissurées et
d’autres pas. L’analyse statistique des résultats des contrôles per-
■ Causes aléatoires et rares met d’obtenir une idée précise des qualités du contrôle CND. Il est
Ces causes sont : parfois possible d’améliorer la détection en augmentant le taux de
– inclusions, porosités, défauts rares dans les matériaux ; fausses alarmes, l’inconvénient est de rebuter des pièces non
– rayures et chocs d’usinage, de manutention et de maintenance ; endommagées (ce qui génère des surcoûts induits).
– impacts de corps étrangers. À titre purement indicatif, compte tenu des remarques ci-dessus,
On peut y remédier en contrôlant régulièrement la pièce ou en les profondeurs typiquement détectées par ces sondes et
limitant la fréquence de la cause (optimisation des opérations de techniques CND sont de :
maintenance via un travail sur les outillages, optimisation des pro- – 10 mm sur les ressuages. Dans de bonnes conditions et
cédés de fonderie, etc.). notamment lorsque la fissure est ouverte à l’arrêt, on a parfois
observé des détections de défauts de 15 µm, mais il arrive fré-
■ Causes liées au vieillissement quemment de ne pas voir des défauts de profondeur millimétrique
– ruptures de fatigue ; avec le ressuage. Cette technique CND peut être extrêmement per-
– corrosion ; formante en situation de contraintes résiduelles de traction ;
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– vieillissement des matériaux et perte des caractéristiques – 1,5 mm pour les ultrasons ;
nominales. – 0,75 mm pour les courants de Foucault ;
– 10 à 20 µm en lumière rasante. Avec la restriction que la
■ Ces courses ne sont, bien entendu, pas exhaustives et chaque surface de la zone explorée n’est en général pas très étendue et
incident nécessite d’importantes analyses afin de découvrir le qu’elle doit rester accessible à l’œil ou à l’endoscope.
facteur à l’origine de la fissuration ou de l’endommagement des La description précise de la capacité de détection est réalisée au
composants. travers d’une courbe POD (Probability Of Detection ). La figure 2
Les différentes périodes de la vie de la pièce ou de la structure est un exemple d’une telle courbe.
conduiront à différents niveaux d’analyse en prévision de durée de Ces contrôles non destructifs sont donc caractérisés par une
vie en propagation de fissure : taille dite POD au-delà de laquelle tout défaut est détecté et notée
– premiers calculs en fissuration pour la réalisation du dossier a90/95 (pour 90 % de détections avec 95 % de confiance). Si à la
de conception ou de certification ; suite d’un contrôle CND une fissure est détectée, la pièce est rebu-
– calculs souvent plus précis avec les outils les plus performants tée. Si, par contre, rien n’est détecté, on suppose alors que la pièce
pour le suivi des problèmes de jeunesse. Ces analyses doivent est fissurée et contient une fissure dont la taille est égale à la taille
cependant être anticipées au maximum afin d’améliorer la réacti- POD. L’industriel peut ainsi mettre en œuvre une politique de
vité en période de crise. La démarche utilisée est alors bien maintenance basée sur une démarche de tolérance au dommage.
souvent une démarche de tolérance au dommage (§ 1.4) pour
résorber l’incident.
– suivi, dès la conception, du risque de rupture des pièces sous 1.4 Démarche de tolérance au dommage
l’effet de causes aléatoires rares mais identifiées. Ces derniers
outils consistent en une approche probabiliste de la mécanique de La démarche de tolérance au dommage repose sur l’hypothèse de
la rupture. l’existence, à l’issue de chaque inspection suivie d’une non-détec-
tion, d’une fissure dont la taille (par exemple, la profondeur) est la
taille de fissure détectable déduite des courbes POD. Cette hypo-
1.3 Contrôles non destructifs thèse est conservative. Le calcul de propagation de fissure nous
donne alors l’évolution de cette taille en fonction du nombre d’heu-
Le principal apport de la mécanique de la rupture est d’amener à res de fonctionnement accumulées. Ce dernier calcul nous permet
une conception des pièces et structures qui permet d’obtenir des ainsi d’estimer la durée de vie prédite (DVP) donnant l’intervalle
tailles de défaut critique observables par des méthodes de inter-inspections prédit (IIIP). Cette durée de vie est utilisée pour cal-
contrôles non destructifs (CND). Autrement dit, les ingénieurs culer la durée de vie autorisée (DVA) donnant l’intervalle inter-ins-
conçoivent leur pièce puis garantissent une durée de vie basée sur pections autorisé IIIA :
la propagation d’une fissure dont la taille correspond au seuil de
détection des méthodes de contrôle CND. IIIA = score × IIIP (1)
Il existe différents outils de CND. On peut citer en particulier les Le score est un paramètre complexe offrant une notation à
techniques les plus souvent mises en œuvre pour le contrôle des l’ensemble des paramètres intervenant dans le calcul de la durée
pièces critiques : de vie en fissuration. Celui-ci peut augmenter au cours du temps
– le contrôle par ressuage ; pour différentes raisons : maturation des structures en service,
– le contrôle par ultrasons ; amélioration des analyses réalisées.

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POD moyenne (à 50 % de confiance) pour inspection par ressuage de surfaces usinées en finition

100

90
Utilisation : ML + 25 135 pénétrants
80
niveau 4 avec développeur de
poudre sèche (au minimum)
70

60
POD (%)

50

40

30
Inspection plein champ
20
Inspection localisée
10

0
10 20 100 200 1 000
Longueur de pénétration (mils)

Figure 2 – Courbe POD du ressuage pour un état brut d’usinage (extrait de l’AC 33.14-1 cf « Pour en savoir plus »)

« élastique » d’intensité des contraintes sous un chargement


Taille de la fissure a Dates des inspections uniforme. Le calcul du facteur d’intensité des contraintes (FIC),
Rebus véritable moteur de la fissuration, permet à terme de prédire les
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IIIP
cinétiques de propagation.
a critique

IIIA IIIA IIIA



2.1 Définition de la mécanique linéaire
a POD
de la rupture
La mécanique linéaire de la rupture considère l’évolution d’un
défaut modélisé par une fissure dans une structure soumise à un
0 DVA chargement mécanique externe. La représentation géométrique
Heures de fonctionnement d’une fissure ainsi que le système de coordonnées rattaché
permettant de décrire l’état de contraintes en pointe de fissure
Figure 3 – Représentation graphique de la politique de tolérance sont donnés figure 4.
au dommage
Dans le cas du problème plan en élasticité linéaire, les
contraintes sont singulières à la pointe de la fissure [1]. Suivant le
La figure 3 permet de représenter graphiquement la notion
problème étudié, trois types de propagations sont possibles
d’intervalles d’inspection dans le cadre d’un plan de maintenance.
(figure 5).
Bien entendu, l’IIIA d’une pièce est l’IIIA minimal de chacune de
ses zones critiques. L’objectif va donc être de déterminer la loi Le mode I est un mode de traction alors que les modes II et III
d’avancée de fissure en fonction des heures de fonctionnement sont respectivement des modes de cisaillement plan (ou glisse-
accumulées afin de déterminer l’IIIP sur un ensemble de zones ment) et anti-plan (ou déchirement). Ces trois modes élémentaires
critiques de la pièce suivie. peuvent se combiner en un mode mixte, mais dans la réalité, c’est
Les paramètres mécaniques actifs dans la propagation de fissure le mode I qui est en général responsable de la rupture des pièces.
sont nombreux et n’ont été mis en évidence que dans la seconde L’essor de la mécanique de la rupture est indissociable de la
moitié du XXe siècle. Nous décrirons par la suite une grandeur découverte en 1939 par Westergaard [2] d’une solution analytique
mécanique appelée facteur d’intensité des contraintes. Sa décou- en élasticité linéaire et petites déformations, pour un solide plan
verte comme mesure de la nocivité d’une fissure a rendu possible infini fissuré soumis à une contrainte uniforme. Un développement
le suivi du dommage au cours de la propagation de fissure. limité de cette solution au voisinage de la pointe de fissure indique
que le profil des contraintes dans cette zone est singulier et inva-
riable, pour un chargement en mode I. Le premier terme du déve-
2. Mécanique linéaire loppement asymptotique du champ des contraintes est universel
pour un mode donné à un facteur multiplicatif près. Une fissure
de la rupture et facteurs peut être considérée d’un point de vue mécanique comme une
entaille profonde de rayon de courbure nul à son extrémité et avec
d’intensité des contraintes un angle de séparation de ses faces nul. La contrainte en pointe
de fissure est, en hypothèse de comportement élastique linéaire,
La définition de la mécanique linéaire de la rupture (MLR) est théoriquement infinie. On montre qu’elle varie en 1/ r , en notant
faite à partir de la méthode permettant de calculer le facteur r la distance d’un point matériel à la pointe de fissure.

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Tableau 1 – Champs de contrainte et


de déplacement en pointe de fissure
y pour les trois modes de fissuration
σx
σyy (au premier ordre)
Mode I

σxx  θ 3θ 
σ  1− sin 2 sin 2 
τxy σθθ  
 xx  KI θ θ 3θ
τ xy  = cos  sin cos 
σxx   2 πr 2  2 2 
σ yy   θ 3θ 
1+ sin sin 
r
τrθ  2 2 
θ
x
 θ  θ 
ux  K I  cos  χ − 1+ 2 sin 2 
r  2  2 
 =
Figure 4 – Système de coordonnées et champ de contrainte local uy  2G 2π  θ  θ 
près de la pointe de fissure  sin  χ + 1− 2 cos2 
 2 2 

Mode II

 θ  θ 3θ 
− sin  2 + cos cos 
σ   2 2 2 
 xx  K II  θ  θ 3θ  
τ xy  =  cos  1− sin sin  
  2 π r  2  2 2  
σ
 yy   θ θ 3θ 
 sin 2 cos 2 cos 2 
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Mode I Mode II Mode III  

Figure 5 – Modes de propagation d’une fissure  θ  θ 


ux  K II  sin  χ + 1+ 2 cos2  
r  2 2
 =
Le tableau 1 donne les expressions des champs de contrainte et uy  2G 2π  θ  θ 
− cos  χ − 1− 2 sin 2 
de déplacements en pointe de fissure dans le système de  2 2 
coordonnées donné figure 4.
Mode III
Dans ce tableau :

• KI , KII , KIII sont les facteurs d’intensité de contrainte (FIC), res-  θ


pectivement pour les modes I, II, III. La formule générale de K est : τ xz  K − sin 2 
III
 =  
τ yz  2πr  θ
cos 
 2
K =α σ πa

avec α
K III r θ
facteur de forme. uz = 2 sin
G 2π 2
Des formules spécifiques aux différents types de fissures sont σ zz = 0 en contrainte plane
données plus loin dans les tableaux 2, 3 et 4 (§ 2.2). = ν (σ xx + σ yy ) en déformation plane
• L’unité SI de K est donc le MPa · m .

• G est le module de cisaillement du matériau :

Remarque 1 : à ce stade, il est important de ne pas confondre


E le facteur de concentration de contraintes, Kt , qui ne donne
G=
2(1+ ν ) qu’une information locale et directionnelle en pointe d’une
entaille de rayon non nul, et qui est sans unité, et le FIC, K, qui
décrit l’intensité de la singularité du champ de contrainte au
avec E module d’Young du matériau,
voisinage de la pointe de fissure. Cette définition du FIC est
ν coefficient de Poisson du matériau. également valable lors du traitement de problèmes tridimen-
sionnels. En théorie, le FIC doit être calculé en chaque point le
• Le coefficient χ vaut : long du front de la fissure. Dans la pratique, la forme de la
fissure étant très souvent de géométrie simple, on calcule le
FIC pour des points spécifiques du front de fissure. Par
χ = 3 − 4ν en déformation plane exemple, dans le cas d’une fissure demi-elliptique, les points A
χ = (3 − ν )/(1+ ν ) en contrainte plane et C servent de référence comme l’illustre la figure 6.

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σ∞

a
ϕ
C
2c
t
W

Figure 6 – Notations utilisées pour une fissure de surface


demi-elliptique dans une plaque finie

Remarque 2 : le facteur d’intensité des contraintes calculé au


point C est généralement faux. Au point A, tout va bien théori-
quement, l’hypothèse des déformations planes généralisées
permet de traiter ce cas. Au point C, les choses sont différentes,
en effet, afin de pouvoir utiliser des champs mécaniques similai- Figure 7 – Propagation de fissure semi-elliptique sur éprouvette
res à ceux du cas précédent tout en tenant compte du fait que ce technologique. Marquage thermique pour le front de fissure
point se trouve sur une surface libre, l’hypothèse des contraintes (source SNECMA)
planes est employée. Or, il se trouve que les solutions obtenues
ne respectent pas certaines équations de la mécanique des
milieux continus (équations de compatibilité), mais l’approxima- Un grand nombre de problèmes trouvent désormais leur
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tion donne tout de même des résultats acceptables. solution sous la forme d’une expression analytique obtenue de
façon exacte ou approchée. Ces expressions sont pour beaucoup
regroupées dans le Handbook des facteurs d’intensité des
Enfin, ajoutons que le facteur d’intensité des contraintes n’est contraintes de Murakami [3]. Les fissures sont considérées de
pas uniquement lié à l’intensité des champs mécaniques au voisi- forme géométrique parfaite, circulaire, elliptique, semi-elliptique
nage de la pointe de fissure. Il a également une signification éner- (figure 7), etc.
gétique via le taux de restitution d’énergie de Griffith (G ). Cette
grandeur est égale à l’opposé de la variation de l’énergie poten- Les tableaux 2, 3 et 4 donnent les formules pour le calcul des
tielle d’une structure rapportée à une variation infinitésimale de facteurs d’intensité des contraintes dans le cas de fissures
l’avancée de fissure [1]. Il se trouve que, du point de vue de la ther- elliptiques et semi-elliptiques, non traversantes ou traversantes et
modynamique, il est possible de relier la vitesse de propagation de dans le cas de fissures au bord d’un trou ou d’un alésage de
fissure v à la variation du taux de restitution d’énergie : chape.La figure 8 donne l’évolution des facteurs de correction α
dans le cas de fissures au bord d’un trou chargé ou sur un bord
K2 d’alésage de chape concentrique.
G= (1− v 2 ) en déformations planes (DP) (2)
E
Lorsque le problème n’a pas de solution analytique simple (géo-
métrie et chargement complexes), un calcul de l’intégrale de
K2 contour de Rice (intégrale J ) est utilisé pour remonter au calcul du
G= en contraintes planes (CP) (3)
E FIC (§ 3.4.1).
Cela permet d’expliquer la différence des vitesses de propaga-
tion de fissure par fatigue, à facteur d’intensité des contraintes
donné, entre le front d’une fissure débouchant en surface
(contraintes planes) et la partie de ce même front en profondeur 2.3 Facteur d’intensité des contraintes
(déformations planes généralisées que l’on peut tout de même critique
voir en première approximation comme une hypothèse de
déformations planes).
La ténacité du matériau KIC représente le « minimum
minimorum » des valeurs critiques KC qui dépend de l’épaisseur et
du mode de rupture. Elle permet de chiffrer l’aptitude du matériau
2.2 Calcul analytique du facteur à la résistance à la propagation instable de fissure (et donc à la
d’intensité des contraintes rupture brutale d’une pièce), et est considérée comme une
caractéristique intrinsèque du matériau dans un état bien défini
La détermination du FIC repose sur différentes méthodes. On (température, traitement thermique donné...).
distingue trois types de méthodes : les méthodes analytiques, les
méthodes numériques (par éléments finis) et les méthodes mixtes, La valeur critique sous chargement statique du facteur
comme la méthode des fonctions de poids. On s’intéressera dans d’intensité des contraintes est notée KC ; elle dépend de l’épaisseur
ce paragraphe uniquement aux approches analytiques du type de la pièce lorsque celle-ci est petite. La figure 9 représente
formulaire. Les méthodes numériques basées sur les calculs schématiquement l’évolution du facteur d’intensité des contraintes
d’intégrale de contour seront abordées dans le paragraphe 3.4. critique avec l’épaisseur de la pièce.

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Tableau 2 – Formulaire de calcul des FIC Tableau 3 – Formulaire de calcul des FIC pour une
pour une fissure elliptique interne fissure dans une plaque de largeur finie
et semi-elliptique superficielle et pour une fissure traversante sur bord libre
Fissure semi-elliptique Fissure dans une plaque Fissure traversante
Fissure elliptique interne
superficielle de largeur finie (courbe A) sur un bord libre (courbe B)

ϕ 2 pour une fissure interne


πa 
KI = σ avec Q =  ϕ 2
Q 1, 21 pour une fissure superficielle

1/ 2
π
 c 2 −a2  a 
165
, πa 1
ϕ = ∫ 2  1− sin 2 θ  dθ ≈ 1+ 1, 464   KI =ψ πa KI =σ avec Q =
0  c2  c  Q ψ2
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ri et re rayons respectivement interne et externe de la chape

a fissure sur un bord d’alésage de chape concentrique b fissure au bord d’un trou chargé

Figure 8 – Facteurs de correction dans le cas de fissures au bord d’un trou chargé ou sur un bord d’alésage de chape concentrique

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Tableau 4 – Formulaire de calcul des FIC pour une fissure au bord d’un trou ou d’un alésage
de chape droite concentrique
Type de fissure Description Expression de K

K = ασ πa
avec

Fissure au bord d’un trou dans un milieu a  0,8734


infini uniformément chargé α  = + 0,6762
r  a
0, 3246 +
r
(formule de Grant)

K = ασ πa
avec

Fissures diamétralement opposées dans un a  0,6866


milieu uniformément chargé α  = + 0,9439
r  a
0, 2772 +
r
(formule de Grant)

K = ασ m πa
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Fissure au bord d’un trou chargé (effort P )

K = ασ m πa
Fissure sur un bord d’alésage d’une chape
droite concentrique

L’épaisseur Bo à partir de laquelle on peut considérer que le


facteur d’intensité des contraintes critique est égal à la ténacité du
matériau en déformations planes est estimée par Bui [4] :
Facteur
d’intensité des 2
contraintes K 
B0 = 2, 5  IC  (4)
État de contrainte plane  σ0 

Faciès La valeur du facteur d’intensité des contraintes KIC va donc


varier en fonction de l’épaisseur de la pièce.
Le critère K < KIC peut s’appliquer de deux manières :
État de
déformation – pour une fissure de profondeur a donnée, on détermine la
plane contrainte maximale avant la rupture ;
– pour une contrainte donnée appliquée à la pièce, on détermine
KIC la profondeur a de la fissure qui entraîne la rupture (taille de
Épaisseur B
défaut critique).
Ainsi :
– si Kmax < KIC , la fissure est stable ;
Figure 9 – Facteur d’intensité des contraintes critique et ténacité en – si Kmax  K IC , la fissure est instable et la pièce se rompt
déformations planes brutalement.

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3. Modélisation 3.2 Modèle d’Elber sur loi de Paris


de la propagation Ce modèle [5] joue un rôle important dans l’analyse des charge-
ments complexes et notamment pour la prise en compte du
des fissures comportement élastoplastique cyclique en pointe de fissure. On a,
selon ce modèle :
da
3.1 Loi de Paris = C [∆K (a+ / −R + b )]m (6)
dN
La propagation de fissure peut être décrite suivant trois stades avec R = Kmin/Kmax ,
de propagation principaux :
a+/– = a+ si R > 0 et a+/– = a– si R < 0,
– stade I : micropropagation de fissure autour du seuil de fissu-
ration Ks ; b un des deux paramètres de la loi d’Elber.
– stade II : domaine de Paris ; Le formalisme d’Elber introduit la notion de fonction d’ouverture
– stade III : la propagation s’accélère car Kmax avoisine la valeur de la fissure U (U = a+/–R + b ) comme une fonction affine du
critique du FIC, KIC . Au-delà de KIC , il y a rupture instable. rapport de charge. On considère ainsi que l’ouverture élastique
La figure 10 décrit ces stades de la cinétique de propagation des lèvres de la fissure n’est pas effective pour la propagation et
obtenue lors d’essais de fissuration en fatigue sur éprouvettes que cette dernière est bien liée au comportement élastoplastique
standardisées. en pointe de fissure.
Les lois de propagation de fissure sont basées sur la relation
entre le facteur d’intensité de contraintes et l’avancée de la fissure. 3.3 Solution analytique d’un calcul
La plus simple est la loi de Paris donnée ci-dessous.
da Cette loi
exprime l’avancée de la fissure par cycle en fonction de en propagation de fissure
l’amplitude du facteur d’intensité des contraintesdN ∆K. Un cycle est
un motif de contraintes étalé sur une plage de temps et qui est Supposons les problèmes de fissuration suivant :
appelé à se reproduire de nombreuses fois : – fissure de surface dans un milieu infini ou semi-infini (absence
de bord donc) ;
da – la forme de la fissure n’évolue pas au cours du temps. Seule sa
= C ∆K m = C fgéom ∆σ m am / 2 (5) taille augmente ;
dN
– chargement cyclique d’amplitude et de rapport de charge
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avec a profondeur de la fissure, constants ;


– rupture par atteinte du KIC ;
N nombre de cycles,
– champ de température uniforme et isotherme ;
fgéom facteur géométrique, – fissure de géométrie 2D ou 1D.
C et m coefficients de la loi de Paris, qui correspondent au Soit  la longueur de fissure, sa cinétique de propagation est
matériau étudié. donnée par :
La loi de Paris permet de modéliser le stade II de propagation.
d
= C ∆K eff
m (7)
dN

10–4 ∆K eff = (a R + b )Y ∆σ (π) = (a R + b ) ∆K (8)

Soient  0 et  R les longueurs initiale et à rupture de la fissure.


L’intégration de la loi de propagation (6) donne le nombre de
10–5 cycles à rupture NR (on supposera n ≠ 2) :

1 R d
10–6
NR =
C [(aR + b)Y ∆σ π ]m
∫ 0 (  )n
da / dN (m/cycle)

(9)
 2−m − (  )2−m 
 2  (  R ) 0 
=
10–7  2 − m  C [(aR + b)Y ∆σ π ]m

Lorsque  est égale à  R , on a :


10–8
Kmax = Y σ max (π R) = K IC (10)

d’où :
10–9 2
 K IC  1
R =   (11)
 Y σ max  π
10–10
On obtient finalement :
1 10 100
∆K (MPa · m )  2−m 
 2  1 
NR =    1 K IC  − (  0 ) 2−m  (12)
Figure 10 – Courbe expérimentale de propagation de fissure  2 − m  C [(a R + b )Y ∆σ m 
π ]  π Y σ max  
de fatigue sur éprouvette (source SNECMA) 

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On peut simplifier l’expression en utilisant la relation qui suit : 3.4.1 Approche énergétique de la mécanique
linéaire de la rupture
∆σ
σ max = (13) En 1968, Rice [6] a introduit le concept d’intégrale indépendante
1− R du contour J. On parle alors d’intégrale de Rice J, définie de la
façon suivante si on considère une fissure dans la direction x1 :
d’où :
 ∂u 
 2  1 J = ∫ Wn1 − σ ik nk i  d s (16)
NR =  Γ ∂x1 
 2 − m  C [(aR + b)Y σ max (1− R ) π ]m
 2−m  (14) avec Γ contour orienté dans le sens anti-horaire autour de la

 1 K IC − (  0 )2−m 
pointe de fissure,
 
 π Y σ max  
  n normale unitaire sortante à Γ,
ui i-ème composante du champ de déplacement,
Une faible variation δσmax de σmax , implique donc la variation W énergie de déformation :
suivante sur le nombre de cycles à rupture :
ε ij
 2  1  W=∫ σ ij dε ij
0
δNR = 
 2 − m  C [(aR + b)(1− R )]m 
(15) où σij et εij sont les tenseurs des contraintes et des déformations.
 K 2-m 1 (  0 )2−m 1 
(m − 2) IC −m  δσ max Rice a alors montré l’égalité entre taux de restitution de
 πY 2 σ max
3
(Y π )m σ max
m +1
 l’énergie G et intégrale J.
Le calcul de cette intégrale de contour sert de base à la détermi-
nation des FIC dans le cadre des simulations 3D. L’extraction des
Application numérique : soit un matériau base nickel, présentant valeurs de FIC pour les trois modes de sollicitation est une opéra-
une fissure de longueur 0,4 mm, semi-elliptique, soumise à un char- tion numérique complexe qui fait appel à des calculs d’intégrales
gement de contrainte uniforme de 600 MPa (éprouvette sans entaille d’interaction [7].
en mode I) et à température uniforme de 400 oC. L’avancée de la
fissure calculée à partir d’un modèle Paris + Elber (§ 3.2) vaut : La figure 11 présente un exemple de calcul du facteur
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d’intensité des contraintes en mode I le long du front d’une fissure


dans une éprouvette en traction avec deux techniques différentes :
v1 = da /dN = 1, 7 × 10−8 m/cycle = 0, 017 µm/cycle – la méthode des éléments finis (FEM Finite Element Method)
intégrant un prétraitement de type « boîte à fissure » ;
Si l’on fait le même calcul en modifiant uniquement la taille de la – la méthode des élements finis étendus (XFEM eXtended Finite
fissure de 0,4 à 0,8 mm, on augmente de 2,7 fois l’avancée de fissure Element Method ) basée sur l’utilisation de fonctions de niveaux
initiale : (§ 3.4.2) [8].
L’importance croissante de la simulation numérique dans le
Taille de la fissure = 0, 8 mm → v2 = 0, 046 µm/cycle = 2, 7 v1 processus de conception industriel a entraîné une augmentation
importante du nombre de problèmes accessibles par les méthodes
numériques modernes. Que ce soit en simulation du phénomène
En modifiant cette fois uniquement le chargement de contrainte de de rupture ou dans d’autres domaines de la mécanique, la
600 à 800 MPa, on augmente de 2,4 fois la vitesse de fissure initiale : méthode des éléments finis a été largement développée et utilisée.
Elle est désormais capable d’aller bien au-delà des simulations sta-
Chargement = 800 MPa → v3 = 0, 040 µm/cycle = 2, 4 v1 tiques élastiques linéaires, et de traiter le cas des non-linéarités
matérielles ou comportementales, ainsi que les problèmes de
dynamique rapide.
L’effet le plus important est l’effet de la température, en effet, on
passant le chargement thermique isotherme de 400 à 650 oC, on Un certain nombre de problèmes sont cependant plus difficile-
augmente d’environ 10 fois l’avancée de fissure initiale : ment accessibles à la méthode des éléments finis, c’est notam-
ment le cas pour les problèmes à discontinuités mobiles. La
difficulté vient alors du fait que l’on doit représenter explicitement
Température = 650 o C → v4 = 0,180 µm/cycle = 10, 6 v1 la discontinuité à l’aide du maillage, et ce, quelle que soit sa nature
(interface entre deux matériaux, changement de phase, fissure,
interaction fluide-structure...). Un prétraitement fastidieux du pro-
blème s’impose alors et est d’autant plus délicat que la topologie
de la discontinuité est complexe. Cette opération est encore plus
3.4 Simulation numérique complexe lorsque la discontinuité est mobile, puisqu’il est prati-
de la propagation des fissures quement indispensable de procéder à des opérations de
remaillage dans ce cas. Bien que l’on puisse envisager des opéra-
Les progrès de la simulation numérique, liés à l’augmentation tions automatiques de remaillage pour les problèmes bidimen-
exponentielle de la puissance de calcul depuis les années 1990, sionnels, le coût numérique devient vite prohibitif dans le cas de
ont fait considérablement avancer les méthodes de prédiction problèmes tridimensionnels à géométries complexes. Au-delà de
basées sur la mécanique de la rupture. ces aspects purement géométriques, il faut également envisager le
problème du transfert d’information lors de la procédure de
Les méthodes numériques de modélisation des fissures de remaillage. Cette opération peut alors, en plus du coût numérique
formes complexes dans les milieux tridimensionnels permettent non négligeable, entraîner des problèmes théoriques fonda-
de tenir compte des variations spatiales du chargement et de la mentaux tels que la non-conservation de l’énergie et des variables
fissuration. non-linéaires entre les deux discrétisations.

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2,8 2,8
2,6 2,6
2,4 2,4
2,2 2,2
2 2
1,8 K1 K1
1,8
1,6
1,6
1,4
1,4
1,2
1,2
1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1
z (mm) 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
z (mm)

a FEM (boîte à fissure) b XFEM (fonctions de niveaux)

Figure 11 – Détermination du facteur d’intensité des contraintes le long d’un front de fissure (abscisse curviligne z ) sur modèle poutre fissurée
de type FEM et XFEM [7]
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a b c

Figure 12 – Calcul de propagation de fissure XFEM sur éprouvette technologique soumise à un chargement de fatigue – Visualisation des fronts
de fissure sur le plan de propagation (c, lignes vertes) (source Snecma)

3.4.2 Méthodes de type élements finis étendus La méthode XFEM est la seule méthode numérique en propaga-
(XFEM) tion de fissures qui permet d’assurer mathématiquement la
conservation de l’énergie [9].
C’est dans cette optique que de nouvelles méthodes numériques Les figures 12 et 13 illustrent des exemples de mise en œuvre
permettant de s’affranchir d’une description explicite des disconti- des calculs XFEM respectivement sur une éprouvette
nuités ont été récemment développées. Parmi celles-ci, la méthode technologique représentative d’une zone critique de rotor et dans
des éléments finis étendus (XFEM) : il s’agit d’une extension de la un carter sous pression de turbomachine.
méthode des éléments finis qui exploite la propriété de partition
de l’unité des fonctions de formes afin d’enrichir l’approximation. La figure 12 présente le calcul XFEM d’une éprouvette percée
On utilise alors des fonctions d’enrichissement permettant de intégrant un défaut de type semi-elliptique à l’intérieur du trou,
prendre en compte la solution quasi exacte du problème voulu et dans la zone de contrainte principale maximale en surface (a ). La
ainsi de représenter implicitement la discontinuité associée. Grâce méthode requiert un maillage extrêmement fin dans la zone enri-
à cela, il n’est plus nécessaire de conformer maillage et disconti- chie (b ). Après post-traitement des FIC, on est en mesure de repro-
nuité. L’autre avantage principal de cette méthode est que l’on duire la propagation de fissures avec une description complète de
peut modéliser la propagation de la discontinuité en adaptant les la géométrie du front de fissure (c ). On peut ainsi mettre en évi-
fonctions d’enrichissement tout en conservant un maillage dence les effets de bord liés aux transitions déformation plane/
identique, on s’affranchit alors du remaillage [8]. contrainte plane.

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Position initiale
de la fissure Propagation de la fissure

c
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Figure 13 – Calculs XFEM sur modèle carter sous pression pour différentes positions de la fissure (source Snecma)

Dans l’exemple de la figure 13, on présente une étude menée sur sous pression sont soumis à la directive européenne DESP (Direc-
la nocivité de la présence d’une fissure en fonction de son position- tive « Équipement sous pression ») et à l’arrêté du 12 décembre
nement sur un carter sous pression de turbomachine. La géométrie 2005 relatif aux équipements sous pression nucléaires.
complexe de la structure et la complexité du chargement thermo-
On détaillera ici l’exemple de la réglementation concernant les
mécanique ne permettent pas de prédire la trajectoire de la fissure
avions transportant des passagers.
et en particulier les effets liés à la présence des différents trous et
bossages. Les calculs (b) et (c) illustrent parfaitement la sensibilité L’objectif principal de cette règlementation est d’assurer la
de la trajectoire à la position initiale du défaut : la fissure peut ainsi sécurité des passagers et l’acceptabilité sociale (sécurité,
contourner un obstacle géométrique de la structure et continuer à nuisances) du transport aérien.
se propager (b), ou bien être « aspirée » par un trou, ce qui limitera
sa nocivité probable. On se rend bien compte alors que la mécani- Pour un concepteur européen opérant en Europe, l’autorité de
que de la rupture peut ainsi permettre d’optimiser la conception des certification EASA (European Aviation Safety Agence ) impose :
pièces tridimensionnelles complexes en s’appuyant sur des simula- – un règlement de procédures : Part 21 ;
tions de propagation de fissures. – un règlement technique intégrant les documents suivants :
Ces deux exemples mettent en évidence l’apport important des
• certification Specification – Engine CS-E (depuis 2001) (« Pour
techniques de simulation 3D pour la prédiction basée sur la méca-
en savoir plus »),
nique de la rupture ; elles permettent de rendre compte des effets
de structure, des effets de dissymétrie du chargement, là où des • acceptable Means of Compliance : méthodes recommandées
approches 2D seraient très conservatives voire inapplicables. pour vérification de la conformité.
Toutefois, la méthode XFEM augmente considérablement le La CS-E 510 est une analyse de sécurité (Safety Analysis )
nombre de degrés de liberté. De plus, il faut beaucoup d’éléments réalisée au niveau avion + moteur avec régulation :
pour approximer correctement l’intégrale J et donc les facteurs
d’intensité de contraintes. Les temps de calcul explosent donc par – identification des modes de défaillance d’une pièce :
rapport à un calcul FEM classique. • causes : défaillance propre, défaillance induite, panne
dormante simple ou multiple,
• classification selon la gravité des conséquences,
4. Application à la conception • probabilité maximale de défaillance à atteindre par
des structures aéronautiques conception spécifiée par le règlement ;
– objectif de fiabilité (moteur) : Extremely Remote (ER) :
4.1 Aspects réglementaires • événement craint : occurrence d’un événement dangereux
quand la pièce est utilisée jusqu’à sa limite d’utilisation,
Les structures mécaniques impliquant la sécurité des personnes
sont soumises à des réglementations. Par exemple les équipements • la quantification de chaque risque individuel est peu précise.

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Il est considéré que l’objectif ER est atteint si le risque d’événe-


ment dangereux de chaque cause primaire est inférieur à 10–8 par
heure de fonctionnement.
Des approches probabilistes doivent être employées pour
démontrer que la probabilité de rupture reste inférieure aux
exigences réglementaires. Ces approches, basées sur des calculs
en propagation de fissure, associent la probabilité de rupture de la
pièce ou structure à la probabilité de présence d’un défaut de taille
donnée présent dans le volume étudié.
Les organismes de certification peuvent parfois soutenir le déve-
loppement d’outils de calcul permettant de mener des analyses en
durée de vie (DDV) complètes (incluant les approches probabilis-
tes) afin de répondre aux exigences des différents points du règle-
ment concernant tous les types de défauts. Parmi eux; on peut
citer le logiciel DARWIN™ développé dans le cadre d’un projet de
collaboration entre le South West Research Institute (SWRI, San
Figure 14 – Définition géométrique de la fissure et du plan
Antonio, Texas) et la Federal Aviation Administration (FAA). Ce de fissuration
logiciel permet des analyses probabilistes en propagation de fissu-
res pour, par exemple, déterminer le risque lié aux défauts métal-
lurgiques dans les alliages de titane. On peut également citer la
plate-forme de calcul ESACRACK développée par l’ESA (European
Space Agency ) (cf « Pour en savoir plus »)

4.2 Calcul de durée de vie


en propagation plane
dans un alésage de rotor
de turbomachine
Dans le cadre de la certification d’un disque de rotor de
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turbomachine, on cherche à calculer l’IIIP pour une fissure située au


milieu de l’alésage. Cette fissure représente un choc possible lors
d’une opération de maintenance ou bien durant l’opération de mon-
tage de la pièce. Les différentes étapes du calcul sont les suivantes. Figure 15 – Projection du champ de contrainte EF sur le plan
de propagation
1. Définition géométrique de la fissure et du plan de fissuration
(figure 14) : on positionne sur le modèle éléments finis du disque
une grille représentant le plan de fissuration. Ce « barreau » repré- – atteinte des limites géométriques du plan de fissuration défini ;
sente les limites géométriques de la propagation. La fissure choi-
– atteinte par rupture statique du ligament de matière restant.
sie de forme semi-elliptique est définie par ses dimensions a et c ;
elle est située au milieu de l’alésage. Le résultat du calcul de propagation est donné dans le tableau 5.
2. Projection du champ de contrainte EF orthogonal au plan de
fissuration et lissage des contraintes pour le calcul du FIC Le calcul prédit une rupture par atteinte du KIC du matériau au
(figure 15) : le champ de contrainte permettant de faire propager bout de N = 3 010 cycles de fonctionnement. Le défaut final sera
la fissure en mode I est modélisé par un polynôme pour faciliter le semi-elliptique et de dimensions a = 7,520 mm et c = 3,560 mm.
calcul du FIC. Pour ce dernier, on considère un formulaire
analytique prenant en compte un gradient de contrainte 1D sur le Ces calculs de durée de vie en propagation plane 2D sont deve-
plan de propagation (qui varie uniquement suivant la profondeur nus quasi courants au sein des bureaux d’études dès lors que
du plan de fissuration). l’intégrité des structures doit être surveillée. Des approches basées
sur un calcul analytique du FIC ont l’avantage d’être extrêmement
3. Calcul du nombre de cycles à rupture à partir d’une loi de rapides à mettre en œuvre. Elles sont, la plupart du temps,
Paris, en fonction de différents critères d’arrêt : conservatives, ce qui pose problème dès lors que l’on cherche à
– atteinte de la ténacité KIC ; optimiser fortement une structure.

Tableau 5 – Résultat du calcul en propagation de fissures pour un alésage de disque


de turbomachine
Caractéris-
tiques Taille du défaut initial Taille du défaut final K initial K final IIIP
barreau

Ka Kc Ka Kc


Nom Nom a initial c initial a final c final initial initial final final N
étude barreau (mm) (mm) (mm) (mm) (cycles)
(MPa ⋅ m) (MPa ⋅ m) (MPa ⋅ m) (MPa ⋅ m)

Test Alésage 0,520 0,290 7,520 3,560 21,3 27,5 78,6 87,0 3 010

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MÉCANIQUE DE LA RUPTURE _________________________________________________________________________________________________________

5. Conclusion
La mécanique de la rupture est devenue un élément essentiel
dans les processus de dimensionnement des industriels. Le calcul
de durée de vie résiduelle en propagation de fissure permet de
définir des plans d’inspection pour des pièces intégrant des
défauts liés au processus de fabrication, au matériau même, aux
manipulations effectuées au montage, aux charges ou événements
subis durant le cycle de vie d’une structure mécanique. La mécani-
que linéaire de la rupture permet de répondre à la plupart des pro-
blématiques rencontrées et des modélisations plus complexes, et
des simulations numériques permettent de prendre en compte de
manière plus réaliste la physique du cas traité (plasticité, mul-
tiaxialité, couplages multiphysiques).
Parution : avril 2014 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200053212 - le mans universite // 195.221.243.137

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P
O
U
Mécanique de la rupture R

E
par Juan-Antonio RUIZ-SABARIEGO
ENS Cachan, Agrégé de Mécanique
N
Docteur Mécanique et matériaux
Chef d’unité « Méthodes mécanique avancée »,
Département « Méthodologies et outils du développement »
Safran – Snecma, site de Villaroche
S
A
V
Sources bibliographiques O
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face crack. Engineering fracture mechanics,
L
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the approximate analysis of strain [11]
nia (1973).
IRWIN (G.R.). – Relation of stresses near a [16]
vol. 15, no 12, p. 185-192 (1981).
RAJU (I.S.) et NEWMAN (J.C.). – Stress in- U
concentrations by notches and cracks. Jour- crack to the crack extension force. Internatio- tensity factors for circumferentially cracked
nal of Applied Mechanics, vol. 35, p. 379-386
(1968).
nal Congress of Applied Mechanics, Bruxel-
les, p. 245 (1926).
pipes and rods under tension and bending
loads. ASTM-STP 905, p. 789-805 (1986). S
À lire également dans nos bases
KOUTA (R.) et PLAY (D.). – Durée de vie d’un sys- KOUTA (R.) et PLAY (D.). – Durée de vie d’un sys- LIU (J.). – Fatigue des alliages ferreux – Facteurs
tème mécanique. Analyse de chargements tème mécanique – Étude de l’impact de sollici- d’influence. [BM 5 043] (2003).
aléatoires. [BM 5 030] (2007). tation aléatoire. [BM 5 032] (2008).
LIU (J.). – Fatigue des alliages ferreux – Exemples
KOUTA (R.) et PLAY (D.). – Durée de vie d’un sys- LIU (J.) et LIEURADE (H.-P.). – Concentration de
de calcul. [BM 5 044] (2003).
tème mécanique – Modélisation de charge- contraintes. [BM 5 040] (1998).
ments aléatoires. [BM 5 031] (2007). LIU (J.). – Fatigue des alliages ferreux – Définitions DUPRAT (D.). – Fatigue et mécanique de la rupture
et diagrammes. [BM 5 042] (2002). des pièces en alliage léger. [BM 5 052] (1997).

Outils logiciels
MorfeoCrack (Cenaero)/plugin for Samcef (LMS-Samtech) ESACRACK
http://www.cenaero.be/ http://www.esacrack.com
DARWIN™
http://www.darwin.swri.org

Événements
International Conference on Fracture and Damage Mechanics International Conference on Fatigue Damage of Structural Materials (Hyan-
nis, États-Unis)

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P MÉCANIQUE DE LA RUPTURE _________________________________________________________________________________________________________

O
U Normes et standards

R AC 33.14-1 Certification procedures for products and parts


advisory circular – Damage tolerance for high
energy turbine engine rotors US department of
Certification specifications
for engines CS-E 12-07 Amendment 1, European aviation safety
agency
transportation – Federal aviation administration http://www.easa.europa.eu/agency-
http://www.faa.gov/regulations_policies/ measures/docs/agency-decisions/2010/
advisory_cirulars/index.cfm/go/document.informa- 2010-015-R/CS-E_amendment%203/pdf
tion/documentID/22920
E
N Annuaire
Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs Laboratoire de mécanique des contacts et des solides (LaMCoS – UMR
(liste non exhaustive) CNRS 5514) INSA Lyon
http://www.lamcos.insa-lyon.fr
S SAFRAN – Snecma
Motoriste aéronautique civil, militaire et spatial
http://www.snecma.com Centre des Matériaux – Mines Paristech (CNRS UMR 7633)
http://www.mat.ensmp.fr
A Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive)
MECAMAT : Association française de mécanique et matériaux
http://www.mecamat.asso.fr/index.html Laboratoire de mécanique des sols, structures et matériaux (MSSMat,
V Laboratoires – Bureaux d’études – Écoles –
UMR 8579)
École Centrale Paris
http://www.mssmat.ecp.fr
Centres de recherche (liste non exhaustive)
O Laboratoire de mécanique et technologie de Cachan (LMT-Cachan, UMR
8535) ENS Cachan Southwest Research institute (SWRI, San Antonio, Texas)
http://www.lmt.ens-cachan.fr http://www.swri.org
I
R
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P
L
U
S

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