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10/06/2021

Séquence sur le roman

Le Rouge et le Noir, STENDHAL

Livre Premier, chapitre IV, « La première apparition du héros »

Introduction :
• On est au 4ème chapitre du livre premier du roman.
• Le héros n’a pas encore été présenté, on sait seulement qu’il est le fils d’un
charpentier de Verrières.
• Le roman relate l’ascension sociale ainsi que la chute de Julien Sorel.
• Le titre du roman fait référence d’une part à l’armée avec la couleur rouge et au
clergé avec la couleur noire. On peut d’ores et déjà imaginer que ces deux couleurs
seront cruciales dans la vie et la carrière de Julien Sorel.
• La première apparition de Julien se fait dans la scierie de son père qui vient lui
annoncer que Mr de Rênal souhaite l’engager en tant que précepteur pour ses 3
enfants.
• Problème : Julien n’est pas en train de travailler comme il le devrait, ce-dernier est en
train de lire, isolé à l’écart du reste du monde.
• Stendhal fait un portrait peu héroïque du protagoniste.
• L’extrait peut être divisé en deux parties : partie narrative et partie descriptive.

Problématique : Comment Stendhal introduit-il Julien dans le roman ?

Mouvements du texte :
1. Ligne 1 à 34 : La partie narrative : Un lieu hostile et un portrait en action marqué par
l’opposition entre le père et le fils.
2. Ligne 35 à 55 : La partie descriptive : Un portrait physique et moral de Julien laissant
entrevoir un personnage ambigu.

I. Un lieu hostile et un portrait en action marqué par l’opposition entre le père et le


fils.

- « fut » , « appela » : passé simple marquant la succession d’actions en un laps de


temps très court.
- « donnait à son livre » : lecture qui apparaît comme une source de réconfort mais
Lignes 1 à
4. Idée : aussi comme une échappatoire pour Julien au monde qui l’entoure.
lieu très - « deux ou trois fois » : insistance sur le nombre de répétition.
bruyant et - « en vain » : locution adverbiale. ↠ Un indice sur le lieu qui est visiblement très
père bruyant, ou alors sur l’inattention de Julien qui n’entend pas son père. Impression
imposant
approuvée par la phrase suivante « le bruit de la scie » et le verbe au passé simple
« empêcha ». Ainsi que « terrible voix » ; l’adjectif « terrible » renvoie au verbe « terrifier »
et donc au sentiment de crainte, propre au registre tragique
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- « sauta » : passé simple. ↠ Julien est dans l’action et est sorti du mode statique.
« lestement » : adverbe de manière. Julien se déplace mais reste malgré tout très
calme, se déplace quasiment au ralenti.
- « action de la scie », ↠ Objets dangereux à proximité.
- « poutre transversale » : un lieu peu confortable, en hauteur qui peut être un danger
pour le protagoniste. Julien apparaît comme étant un individu à part, étranger au
monde qui l’entoure par sa position en hauteur.
- « un coup violent », « un second coup violent » : anaphore + « donné sur la tête » :
participe passé mettant en avant une succession de deux évènements malchanceux
pour Julien. ↠ Il n’est vraiment pas à son aise dans le milieu où il vit.
Lignes 5 à - « fit perdre l’équilibre » : passé simple, Julien est victime de son environnement et en
13. Idée :
danger.
lieu
hostile, - « allait » : imparfait de description, « douze ou quinze pieds » : insistance sur la
menaçant hauteur qui sépare Julien du sol et ce qu’il encoure s’il tombe.
et des - « leviers », « machines en action » : champs lexical de l’usine, relatif à un milieu
obstacles hostile. Le lecteur a peur pour le personnage tant son environnement proche est
matériels
menaçant.
nombreux
- « eussent brisé » : subjonctif plus que parfait. Une conséquence possible de le chute
de la poutre. Impression d’agressivité, menace omniprésente dans le lieu. Jeu avec le
lecteur : à peine aperçu, le personnage manque de mourir, agonie suggérée par les images
sanglantes que supposent « la machine en action », le verbe « briser » .
- « retint » : passé simple, Julien est sauvé de justesse : « in extremis » par son père.
Un père qui se présente en figure puissante et réactive tout le contraire de Julien,
comme souligné précédemment » + « tombait » : imparfait montrant que Julien est
passif.
➩ Père : incarne la présence physique.
Père et fils sont diamétralement opposés
➩ Fils : attitude intellectuelle : lecture.

- À la violence physique de la rencontre succède la violence verbale qui suscite un


sentiment de pitié :
- Tonalités exclamative et interrogative : leur emploi suggère les émotions fortes,
négatives de la part du père.
Lignes 14 - Le vocabulaire péjoratif « paresseux », « maudits livres » : effet inverse par rapport
à 22. à la figure paternelle habituelle qui est dans le cas présent, habitée par des
Idée : une sentiments d’agacement, de colère, de déception et de haine, tous négatifs. Ce sont
opposition des attaques verbales. ↠ Incite le lecteur à ressentir de la pitié pour Julien.
père fils
- « Lis-les » : impératif présent. ↠ Le père a l’ascendant sur son fils. Le père dénigre
les occupations de son fils, ils ne se ressemblent pas.
- Registre pathétique :
- Situation douloureuse, ici, d’un personnage maltraité, conspué par son père, en
butte à la violence : « étourdi par la force du coup ». + Comportement et gestuelle
exagérés : « les larmes aux yeux », « douleur physique ». Julien apparaît comme un
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personnage à la sensibilité exacerbée, ce que met en valeur l’emploi hyperbolique du


verbe « adorait ».

- « Descends animal » : impératif. L’ordre donné à l’impératif marque l’autorité du


père mais aussi la descente du personnage, l’abandon d’une position qui protège, et
suggère l’ambition du héros
- « animal » : nom commun. ↠ Insulte verbale extrêmement dure prononcée par un
père pour son fils.
- « Encore » : adverbe de répétition créant un parallélisme avec la situation énoncée
au début de l’extrait.
- La descente de Julien de la poutre concrétise la brutalité du monde réel par la
proposition subordonnée circonstancielle de temps, « à peine Julien… » et par des
verbes d’action qui marquent la violence : - « Le chassant rudement » : aspect
accompli d’un verbe d’action violente surenchéri par l’adverbe de manière qui traduit
la violence de la scène. - « Le poussa vers la maison » : passé simple. ↠ Aspect
Lignes 23 à
accompli de l’action.
34. Idée :
Une
- Julien apparaît en position d’objet, de chose. « le » : pronom personnel. ↠ Objet de
domination la violence du père, objet de la violence de la réalité. ↠ Julien est présenté comme ce
paternelle personnage qui s’accommode mal de son entourage, qu’il cherche à fuir par la
lecture : mouvement d’élévation et d’évasion.
- « Dieu sait ce qu’il va me faire » : narrateur omniscient. Le discours direct concrétise
l’impuissance du jeune homme : ↠ Modalités exclamatives d’un personnage en
proie à ses sentiments. ↠ Replace le père en position de sujet, et Julien en tant que
victime. Il apparaît comme un personnage à la fois craintif et stoïque, peu préparé à
se battre : un antihéros. Verbes liés à la vue « regarda tristement » : resserrement
focal sur les sentiments du personnage ; adverbe qui signale la mélancolie. ↠
Évocation des sentiments : « Il affectionnait », qui pourrait évoquer le héros
romantique : portrait moral qui semble se caractériser par l’inaction, voire la lâcheté.
- « Mémorial de Sainte-Hélène » La mention du livre révèle qu’à travers le personnage
du père, c’est toute une société, la Restauration , qui prend sa revanche contre le fils
de la Révolution, Bonaparte

II. Un portrait physique et moral de Julien laissant entrevoir un personnage ambigu.

Transition entre les 2 parties : on passe d’un passage narratif à de la description. Avec un
passage du passé simple au temps de l’imparfait de l’indicatif. Le but du portrait est de
présenter Julien au lecteur.
- « Il avait », « c’était ». → « Les joues pourpres et les yeux baissés » : timidité
marquée doublement par la rougeur et l’attitude humble. ↠ Imparfait permettant la
description du personnage. Première fois que l’on a des éléments de description
physique de Julien Sorel.
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- « faible en apparence » : adjectif péjoratif, encore une fois Julien est présenté
comme l’individu faible et timoré.
- « traits irréguliers, mais délicats et un nez aquilin » : apparence délicate et raffinée
de Julien.
- « mais » : conjonction de coordination permettant de contrebalancer le portrait qui
débute par des aspects péjoratifs.
→ Contraste entre des traits mélioratifs et péjoratifs qui structure toute la
présentation du personnage :
- Aspects négatifs :
 « faible » : sous-entend qu’il est fragile
 « des traits irréguliers » : une faille se dessine
− Aspects positifs :
 « en apparence » : suppose qu’il est plus fort intellectuellement que physiquement
 « délicat » : adjectif : à nouveau impression de fragilité du protagoniste
 « un nez aquilin » : caractéristique physique, force morale
 « grands yeux noirs » : Julien est un bel individu, profondeur
 « petit front » : constat / description

Traits moraux de Julien : « …de la réflexion et du feu » « …légèreté » « …air


extrêmement pensif » ↠ Positifs. / « …expression de la haine la plus féroce » « …air
méchant » « …moments de colère » ↠ Négatifs.

- L’énergie de l’âme est plus importante que la force purement physique. La faiblesse
physique chez Julien est synonyme d’élégance : « taille svelte ». ↠ Terme mélioratif.
- « grande pâleur » adjectif ↠ Rappel du romantisme.

Bilan de ce portrait : Le portrait n’est pas 100 % positif. Le héros n’est visiblement pas
sans failles et les critères classiques définissant la beauté sont bien loin. Il semble
relativement faible, il a quasiment une apparence qualifiable de « féminine ».
Néanmoins, sa force mentale surpasse sa force physique. Ensuite, même si Julien ne
dit rien il est expressif par le biais de son visage. Il retient l’attention.

- « objet des mépris de tous » : périphrase désignant Julien Sorel.


- « mépris » est au pluriel et « tous » est un pronom indéfini indiquant la totalité.
- « haïssait » : imparfait : Julien déteste son entourage.
- « …les jeux du dimanche » (l.38) : « jeux » est au pluriel, tandis que « dimanche »
indique que c’est un loisir de torturer Julien + aspect répétitif
- « …toujours battu » (l.39) : complément circonstanciel de temps : l’aspect répétitif
est montré par cet adverbe temporel.
- La délicatesse de Julien est en opposition avec la grossièreté de ses proches ( père +
frères ). ↠ Julien est une victime et le souffre-douleur de sa famille.

Conclusion :
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De la présentation de Julien, on peut retenir 2 aspects. Le 1er est que le héros est présenté
au cours du récit. Et, le deuxième est que Julien Sorel se sent étranger à sa famille. Le lecteur
devine qu’il va finir par quitter cet univers dans lequel il ne se sent pas à sa place.
Cependant, tout n’est pas positif dans la description du protagoniste qui se révèle bien plus
complexe que prévu. Julien attire néanmoins la sympathie du lecteur car ce-dernier incarne
une certaine idée de l’héroïsme.

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