Vous êtes sur la page 1sur 6

Leonhardt–Clavecin

C’est une idée, de ne pas ordonner les chapitres dans le livre par ordre
chronologique d’écriture mais de rebrasser, à condition – il me semble – de
laisser les numéros de chapitres tels quels. On peut faire flèche de tout bois,
y compris des animaux sauvages qui vivent près de nous à ras de béton.
Synonymes de poseur, je pose ça là : affecté, esbroufeur, frimeur, pédant,
snob, m’as-tu-vu, avantageux, plastronneur, fanfaron, bêcheur, pontife,
minaudier, prétentieux, compassé.
Des titres de gloire. Embrayeurs. Les doigts sur le clavier ont besoin de
déclics.
Ça pourrait avoir de la gueule, ce livre composé de façon rigoureuse à partir
de chapitres (quadrilatères) coupés de leur chronologie, mais en gardant les n°
d’opus. La question non résolue consiste à déterminer que faire des doublons
(donc des quadrilatères à cinq ou six côtés).

19:02 Publié dans Fall in Love, Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien
permanent | Commentaires (0)

dimanche, 04 décembre 2016


Flush calvaire
Ce matin, j'ai jeté un (gros) œil à Flush de Virginia Woolf, pas lu depuis une bonne
dizaine d'années, et ce parce qu'on en a parlé avec Claire Placial. Horreur, contrairement
à mon souvenir, le chien d'Elizabeth Barrett Browning — qui donne son titre au livre
— n'y est pas narrateur, de sorte que j'ai dit n'importe quoi à Claire. Enfin, j'espère qu'elle
ne m'en voudra pas ; il y a plusieurs passages en point de vue interne.
En début d'après-midi, restant pendant une heure et demie — dans un certain froid —
accoudé à la rambarde qui entoure la patinoire éphémère (j'y veillais sur les jeux d'Oméga
et de son ami L*), j'ai enfin commencé la lecture de Calvaire des chiens. Le chien,
décidément. Une page, déjà, me rappelle Black Dogs d'Ian McEwan (qui est
postérieur). Magnifique début, en tout cas, entrecroisant les fils de la ville désemmurée,
du film à faire, de l'écriture de l'écriture du scénario, et last, not least, l'influence du
récit selon Thomas Bernhard, avec ce rapport très particulier à l'insertion (on ne peut
parler ni de transcription ni de reprise) de la langue allemande au sein de la langue
française.
Comme j'avais lu, le matin même, dans Contemporains, ce que François Bon a écrit de
Beckett et de Sarraute (mais aussi de Duras écrivant à partir des années 70 les romans
qu'écrirait Marguerite Duras), tout cela résonne (résonna).
Or, j'en suis revenu à ma conversation facebookienne avec Claire Placial, car dans les 40
premières pages de Calvaire des chiens (j'en suis là), il y a plusieurs allusions à Hofmann
— et Claire fait étudier à ses L1 Le chat Murr. Autre bestiole, cette fois narratrice. Il y a
aussi, je m'en avise, qu'avec Mathilde R. a fait récemment une allusion aux chiens
de Disgrace (à certaine remarque étonnante du metteur en scène de l'adaptation théâtrale
de Disgrâce, en fait) et moi, du coup, à Dog Heart de Breyten Breytenbach.
Bref, tout est dans beaucoup, sinon dans tout.
22:33 Publié dans Fall in Love, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 17 septembre 2016


Espadrilles sans arpenteur
Untung-untung
17 septembre 2014
Il faudrait ne porter d'espadrilles qu'absolument neuves, telles qu'elles enserrent
parfaitement le pied. La pointure, une ou deux en-dessous, souvent, de votre pointure
habituelle. Après un ou deux jours, parfois moins, l'espadrille se relâche autour du pied.
Cette mollesse, me dira-t-on, c'est la vie. Mais un pied chaussé n'est pas la vie.
L'espadrille est très à part — ce que j'ai écrit ne vaut que pour l'espadrille.
Tiens, ça me donne envie de relire Chaussure de Quintane.

17 septembre 2016
Ce matin, je découvre l'existence d'un forum Facebook aussi hétéroclite que foisonnant,
semble-t-il, “Sur les traces de Robert Walser”. Quelqu'un a-t-il étudié l'importance du pas
— comme du soulier — chez Robert Walser ? L'an prochain, fêtera-t-on le
centenaire de Der Spaziergang ? Me mettrai-je enfin un jour à reprendre Memory of Snow
and of Dust pour y débusquer la figure de Walser (et les échos des microgrammes
dans Mouroir) ?
07:19 Publié dans Fall in Love, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 11 novembre 2015


I:a ——{yeux explosés}
Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

Les yeux explosés, d'avoir trop écrit, ou lu, ou d'écrire encore, d'avoir encore à écrire,
il leva les yeux de cet écran, cet énième écran, et de cet énième accent aigu. Il lui
semblait que son cerveau était à l'arrêt, en prise avec quelque chose de nouveau, peut-être
une vieillesse acceptée. Un vers de Mallarmé, peut-être, mais la barque de Charon n'avait
pas grand rapport avec ce souvenir.
Parfois, en se regardant dans le miroir, il se trouvait blême, et d'autres fois rougeaud ou
bistre.
Il n'oublait pas d'où il venait, de Gouy-les-Groseillers. Il lui avait fallu refaire le chemin,
passer par-dessus de longues années d'amnésie pour réapprendre cela, aussi banal et terne
que ce fût, et pour s'en réapproprier les mots. D'ailleurs, encore aujourd'hui, il lui arrivait
de vérifier après avoir hésité à mettre un i après le double l de groseillers. On écrit, oui,
mais on n'écrit jamais assez.
Les yeux explosés, d'avoir trop réfléchi (à son teint), il leva les yeux, chercha dans le ciel
le vol de grues qu'il entendait par hallucination. Il devait chercher sa vie dans les
interstices. Il le ferait.
Écrire encore, d'avoir encore à écrire, autant de plis par où se perd la voix, que l'on
retrouve peut-être, au bout du chemin. Trop de peut-être. Il la retrouverait.

11:05 Publié dans Fall in Love, La 42e Clandestine, Les Murmures de Morminal | Lien
permanent | Commentaires (0)

lundi, 09 février 2015


Enquête du 7 février
[Le questionnaire se trouve ICI.]

1. Je n'ai pas d'avocat. (J'eus recours à une, brièvement, en 2009.)


2. Je n'aime pas du tout les films d'horreur.
3. Je ne reçois jamais de visites à l'improviste.
4. Si je donne rendez-vous à quelqu'un qui ne m'a jamais vu, j'indique que je suis
quadragénaire, dégarni, plutôt grand, que je fais plus vieux que mon âge, et surtout
j'indique quel livre je serai en train de lire.
5. Oui, j'ai déjà écrit de la poésie. [J'adore conserver le passé composé.]
6. Ma porte d'entrée est toujours fermée à clef en Touraine, mais pas souvent dans les
Landes.
7. Je n'ai pas mangé du poisson pané récemment.
8. Non, je ne pourrais pas être chef d'État.
9. Je me contredis occasionnellement.
10. Je n'ai pas du tout l'oreille musicale ; c'est un de mes seuls, mais très considérables,
regrets.

12:13 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 01 février 2015


Enquête du 31 janvier
[Le questionnaire se trouve ICI.]

1. Non.
2. Oui, j'ai une armoire à pharmacie.
3. Non.
4. Difficile à dire si on n'est pas au pied du mur.
5. Je me pose souvent la question du sens de ma vie ?
6. Le dernier voyage que j'ai fait, si on parle de l'Écosse, par exemple, je ne sais
comment on l'a choisi — en famille, surtout dans l'idée de faire voir du pays
(étranger) aux enfants.
7. À la sauvette, et je ne suis jamais devenu fumeur.
8. Je faisais souvent craquer les articulations de mes doigts quand j'étais jeune — plus
jamais.
9. Mal.
10. Non, pas d'argent de poche quand j'étais enfant ou adolescent.

12:22 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 02 décembre 2014


Divagations
Odeur de brume et de brûlé
près des troènes lourds de bruine

Le merle encore s'est nourri, tout le mardi,


des indéchiffrables fruits rouges

Sur le porte-serviettes près d'un des six lavabos,


j'ai remis, pointe vers le bas,
les vieux sabots.

Ces sabots, comme tout soulier, comme toute paire de souliers, ont une histoire. Je les ai
achetés une bouchée de pain, l'été 2009, à Dax, les ai ensuite portés, même à l'Université
mais jamais pour faire cours. Ils se sont très lentement, progressivement usés, abîmés...
toutefois increvables.

Odeur d'oreillers parfumés,


trop plats, on les rejette, on n'en veut pas.

Le pied se rappelle
la forme du sabot, que la prose
convoque, obsolète autant qu'oblique.

Contre les lattes de lambris


de cette chambre, j'éclate
mon regard qui n'a plus âme qui vive.

22:11 Publié dans Fall in Love, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 mai 2014
Filandreux
J'ai préparé et lavé les asperges (loudunoises) pour le déjeuner. Vingt-deux asperges,
la filandre n'a pas suivi le couteau, ergo elles ne sont pas filandreuses.
Puis je pars à pied jusqu'à la boulangerie.
Souvenirs d'Oxford — The Philanderer and Firkin. (Mais c'était dans un coin où je
n'allais quasi jamais.)
10:50 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 25 décembre 2013


╩ “Givre et sang” ╔
Mince, j'ai failli oublier d'écrire qu'il m'était venu un très beau quatrain de début de
sonnet en rangeant la vaisselle ce matin et qu'il s'est envolé, ça et Givre et sang qui ne
coûtait que deux euros hier aux Amours jaunes et que j'ai été assez idiot pour ne pas
acheter, perturbé que j'étais par l'échange téléphonique autour du Paysan parvenu (et là,
juste à l'instant, j'ai failli écrire “Paysan perverti”).
24.11.2013.
22:44 Publié dans Ex abrupto, Fall in Love, Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 23 décembre 2013


╠ slightly out of focus ╬
slightly out of focus
with a sigh that's in jest
lest the light should give way
to boredom and despair
this image you observed
this snap you scrutinized,
out of snobbery I'll
swear, is a sight for eyes
that have so far remained
far away from despair,
slightly out of focus
23.11.2013

22:40 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 11 juillet 2013


12 ans
Il y a douze ans,
À la minute près,
Tu naissais.

Moi aussi,
D'une certaine façon.

Un grand soleil rouge


Solennel.
21:45 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 10 mars 2013


Où est passé Kotik Letaïev ?
Suite à cette conversation, l'autre jour, avec Éric – il ne sait pas s'il pourrait relire Moby
Dick, qu'il porte au plus haut, et, de mon côté, je doute de pouvoir relire
intégralement Les Misérables comme à douze ans, ou les Dickens que j'aime, comme à
vingt – je me rappelle ne pas avoir réussi à continuer de lire Nostromo, une fois arrivé à
Pietermaritzburg (or, pourrais-je relire, à cette aune, Lord Jim ou The Secret Agent? ),
mais note qu'en revanche j'ai envie de relire Sarraute, et, relisant en ce moment deux
chapitres de la thèse d'une amie, je voudrais reprendre les grandes proses de Breton.
Lisant Calcutta, le dernier Chaudhuri, et Ma tête de l'autre (Sylvie Taussig m'évoque un
hybride subtil de Kotik Letaïev (tiens... tiens... que je ne retrouve pas sur mes étagères!!!),
de Kafka et de Virginia Woolf), je conçois aussi tout ce qu'il reste à arpenter (traverser ?
jalonner ?).

Vous aimerez peut-être aussi