Vous êtes sur la page 1sur 5

2. Introduction sur les nombres réels.

En mathématiques, on introduit successivement les ensembles des nombres suivants :

 L’ensemble des entiers naturels

ℕ = {0,1,2, … . },

servant au dénombrement.

 L’ensemble des entiers relatifs


ℤ = {… , −2, −1,0,1,2, … , 𝑛},

introduit pour résoudre les équations de la forme :

𝑎 + 𝑥 = 𝑏, 𝑎, 𝑏 ∈ ℕ,

La lettre ℤ est l’initiale du mot allemand « Zahl » qui signifie « nombre » en allemand.

 L’ensemble des nombres rationnels


𝑝
ℚ = { , 𝑝 ∈ ℤ, 𝑞 ∈ ℤ∗ },
𝑞

introduit pour résoudre les équations de la forme :

𝑎𝑥 = 𝑏, 𝑎, 𝑏 ∈ ℤ
𝑝
Tout nombre rationnel , où 𝑝 ∈ ℤ, 𝑞 ∈ ℤ∗ , peut s’écrire comme un développement décimal
𝑞
limité de la forme :
𝑝
= 𝛼0 , 𝛼1 𝛼2 … 𝛼𝑛
𝑞

ou bien un développement décimal illimité périodique (c’est à dire qu’à partir d’un certain
rang, un bloc de

décimales se répète indéfiniment) de la forme :


𝑝
= 𝛼0 , 𝛼1 𝛼2 … 𝛼𝑛 ⏟
𝛽1 𝛽2 … 𝛽𝑚 ⏟
𝛽1 𝛽2 … 𝛽𝑚 ⏟
𝛽1 𝛽2 … 𝛽𝑚 . . . ..
𝑞

où 𝛼0 ∈ ℤ, 𝛼1 , 𝛼2 , … 𝛼𝑛 , 𝛽1 , 𝛽2 , … , 𝛽𝑚 ∈ {0,1,2, . . . ,9}.|

La réciproque de cette assertion est vraie aussi : Tout nombre qui s’exprime sous la forme
d’un développement

décimal limité ou illimité périodique est un nombre rationnel.

 Ainsi, les nombres rationnels sont les nombres dont le développement décimal est
limité ou illimité périodique.
Exemples :
3
1) 𝑥 = (forme fractionnaire de 𝑥).
4

L’expression de 𝑥 sous forme de développement décimal limité est : 𝑥 = 0,75.


17
2) 𝑥 = (forme fractionnaire de 𝑥).
52

L’expression de 𝑥 sous forme de développement décimal illimité périodique est :


𝑥 = 0,32 692307
⏟ ⏟
692307 ⏟
692307 ….

3) 𝑥 = 3,125 (expression de 𝑥 sous forme de développement décimal limité).


3125 125
L’expression de 𝑥 sous forme fractionnaire est : 𝑥 = , ou encore 𝑥 = , après
1000 4
simplification.

4) 𝑥 = 7,8 513
⏟ 513
⏟ 513
⏟ …. (expression de 𝑥 sous forme de développement décimal
illimité périodique).

On a:

10𝑥 = 78, 513


⏟ 513
⏟ 513
⏟ …. (1)

En multipliant les deux membres de l’égalité (1) par 103 (3 représente le nombre de
décimales de la période), on trouve :

104 𝑥 = 78513, 513


⏟ 513
⏟ …. (2).

(2) - (1) implique

104 𝑥 − 10𝑥 = 78513, 513


⏟ 513
⏟ … . − 78, 513
⏟ 513
⏟ 513
⏟ … . = 78513 − 78 = 78435 ,

78435
et donc 𝑥(104 − 10) = 78435, c’est-à-dire 𝑥 = .
9990

78435 581
L’expression de 𝑥 sous forme fractionnaire est : 𝑥 = , ou encore 𝑥 = , après
9990 74
simplification.

 Les nombres décimaux sont des rationnels, dont le dénominateur peut s’écrire
comme une puissance de 10. Leur développement décimal alors donc limité.
L’ensemble des nombres décimaux est donc

𝑛
𝐼𝐷 = { , 𝑛 ∈ ℤ, 𝑝 ∈ ℕ}.
10𝑝
1 25 25 2 2.2 4
Exemples : = = , = = .
4 4.25 102 5 5.2 10

 L’ensemble des nombres réels ℝ introduit pour résoudre, entre autres, les équations
de la forme :
𝑥 2 = 2.
En effet, le nombre √2 ∉ ℚ (√2 est défini comme la solution de l’équation 𝑥 2 = 2).
Pour montrer cette affirmation, nous raisonnons par l’absurde. Nous supposons donc
𝑝
qu’il existe 𝑝 ∈ ℤ, 𝑝 ∈ ℤ∗ , tels que √2 = , où 𝑝 et 𝑞 sont premiers entre eux
𝑞
(PGCD(𝑝,𝑞) = 1). On a
𝑝 2
√2 = ⇒ √2𝑞 = 𝑝 ⇒ (√2𝑞) = 𝑝2 ⇒ 2𝑞2 = 𝑝2 .
𝑞
L’égalité 2𝑞 = 𝑝2 signifie que 𝑝2 est pair et donc 𝑝 est pair. Il existe alors un
2

entier 𝑘 tel que 𝑝 = 2𝑘. En remplaçant cette valeur de 𝑝 dans l’égalité 2𝑞2 = 𝑝2 , on
trouve 2𝑞2 = 4𝑘 2 , c’est à dire 𝑞2 = 2𝑘 2 . D’où 𝑞2 est pair et par suite 𝑞 est pair. On
vient de prouver que l’entier 2 est un diviseur commun de 𝑝 et 𝑞, ce qui est absurde
car PGCD(𝑝,𝑞) = 1. Donc, l’hypothèse de départ √2 ∈ ℚ est fausse et par conséquent
√2 ∉ ℚ .

Notons que :

ℕ ⊊ ℤ ⊊ 𝐼𝐷 ⊊ ℚ ⊊ ℝ,

Les éléments de ℝ qui ne sont pas rationnels sont appelés irrationnels.

Un nombre irrationnel est donc un nombre qui admet un développement décimal illimité
non périodique.

Exemple : √2 = 1,41421356237. .. .

Exercices :

1) Montrer que√3 est un nombre irrationnel.


𝑛
2) Montrer que si 𝑚, 𝑛 ∈ ℕ∗ , alors √𝑚 est soit un entier soit un irrationnel. Plus
𝑛
précisément, montrer que √𝑚
𝑛
est un entier si 𝑚 est un entier positif élevé à la puissance 𝑛, et √𝑚 est irrationnel, sinon.

En déduire que √𝑛 est un entier si n est un carré parfait et √𝑛 est un irrationnel, sinon.

(De cet exercice, on déduit directement que √2, √3, √5, √6,…. sont irrationnels).
3. Propriétés de l’ensemble ℝ.

A) (ℝ, +, .) est un corps commutatif (« + » et « . » sont respectivement l’addition et la


multiplication usuelles sur ℝ) car ℝ possède les propriétés suivantes :

1. ∀𝑥, 𝑦, 𝑧 ∈ ℝ, (𝑥 + 𝑦) + 𝑧 = 𝑥 + (𝑦 + 𝑧) , (associativité de l’addition).


2. ∃0 ∈ ℝ , ∀x ∈ ℝ, 𝑥 + 0 = 0 + 𝑥 = 𝑥, (0 est l’élément neutre pour l’addition).
3. ∀x ∈ ℝ, ∃ (−𝑥)∈ ℝ, 𝑥 + (−𝑥) = (−𝑥) + 𝑥 = 0, (−𝑥 est le symétrique ou
opposé de x pour l’addition).
4. ∀x, y ∈ ℝ, 𝑥 + 𝑦 = 𝑦 + 𝑥, (commutativité de l’addition).
5. ∀x, y, z ∈ ℝ, (𝑥. 𝑦). 𝑧 = 𝑥. (𝑦. 𝑧), (associativité de la multiplication).
6. ∀1 ∈ ℝ , ∀x ∈ ℝ, 𝑥. 1 = 1. 𝑥 = 𝑥, (1 est l’élément neutre pour la multiplication).
7. ∀𝑥 ∈ ℝ∗ , ∃𝑥 −1 ∈ ℝ∗ , 𝑥. 𝑥 −1 = 𝑥 −1 . 𝑥 = 1, (𝑥 −1 est le symétrique ou l’inverse de 𝑥
pour la multiplication).
8. ∀𝑥, y, z ∈ ℝ, 𝑥. (𝑦 + 𝑧) = 𝑥. 𝑦 + 𝑥. 𝑧, (distributivité de la multiplication par
rapport à l’addition).
9. ∀ 𝑥, y ∈ ℝ, 𝑥. 𝑦 = 𝑦. 𝑥, (commutativité de la multiplication).

B) ℝ est totalement ordonné, car ℝ possède une relation d’ordre totale (relation usuelle
sur ℝ), notée , qui vérifie (par définition) les propriétés suivantes :

1. ∀x, y ∈ ℝ, 𝑥 ≤ 𝑦 ou 𝑦 ≤ 𝑥.
2. ∀ 𝑥 ∈ ℝ, 𝑥 ≤ 𝑥, (réflexivité de ≤).
3. ∀ 𝑥, 𝑦, 𝑧 ∈ ℝ, 𝑥 ≤ 𝑦 et 𝑦 ≤ 𝑧 ⇒ 𝑥 ≤ 𝑧, (transitivité de ≤).
4. ∀ 𝑥, 𝑦 ∈ ℝ, 𝑥 ≤ 𝑦 et 𝑦 ≤ 𝑥 ⇒ x = y, (antisymétrie de ≤).

Notations :

1. 𝑥 ≤ 𝑦 se note aussi 𝑦 ≥ 𝑥.
2. 𝑥 ≤ 𝑦 et 𝑥 ≠ 𝑦 se note x < y ou y > x.

Propriétés :

1. ∀x, y ∈ ℝ, x ≤ y ⇒ x + z ≤ y + z, ∀z ∈ ℝ, (compatibilité de l’ordre avec l’addition).


2. ∀x, y ∈ ℝ, x ≥ 0 et y ≥ 0 ⇒ x.y ≥ 0, (compatibilité de l’ordre avec la multiplication).
3. De la propriété 2., on déduit (à faire en exercice)
𝑥. 𝑧 < 𝑦. 𝑧, 𝑠𝑖 𝑧 > 0
∀𝑥, 𝑦 ∈ ℝ, 𝑥 < 𝑦 ⟺ { .
𝑥. 𝑧 > 𝑦. 𝑧, 𝑠𝑖 𝑧 < 0

C) ℝ est valué.

ℝ est muni d’une application valeur absolue (on dit que ℝ est valué) définie comme suit :

Pour tout réel 𝑥,


𝑥, 𝑠𝑖 𝑥 ≥ 0
|𝑥 | = { .
−𝑥, 𝑠𝑖 𝑥 < 0
Exemple : |-3|=3, |5|=5.

L’application valeur absolue vérifie les propriétés suivantes :

1. |𝑥| = 0 ⟺ 𝑥 = 0.
2. |𝑥𝑦| = |𝑥||𝑦|, ∀𝑥, 𝑦 ∈ ℝ.
3. |𝑥 + 𝑦| ≤ |𝑥 | + |𝑦|, ∀𝑥, 𝑦 ∈ ℝ (inégalité triangulaire).

De la définition de la valeur absolue, on obtient immédiatement les inégalités suivantes :


Soit 𝑎 un réel positif strictement. On a pour tout réel 𝑥

1. ∀𝑥 ∈ ℝ, − |𝑥| ≤ 𝑥 ≤ |𝑥|.
2. |𝑥| = 𝑎 ⟺ 𝑥 = 𝑎 𝑜𝑢 𝑥 = −𝑎 .
3. |𝑥| ≥ 𝑎 ⟺ 𝑥 ≥ 𝑎 𝑜𝑢 𝑥 ≤ −𝑎.
4. |𝑥| ≤ 𝑎 ⟺ −𝑎 ≤ 𝑥 ≤ 𝑎.

D) ℝ satisfait l’axiome de la borne supérieure.

Avant d’énoncer l’axiome de la borne supérieure, donnons quelques définitions :

(a) Majorant et minorant d’une partie de ℝ.

Soit 𝐴 ⊂ ℝ, 𝐴 ≠ ∅.

– On dit qu’un réel M majore A, ou que M est un majorant de A, si :

∀x ∈ A, x ≤ M.

Notons donc que si M est un majorant de A et il existe un réel M’ tel que M ≤ M’, alors M’
est aussi un majorant de A.

Si l’ensemble des majorants de A est non vide, on dit que A est majoré.

– On dit qu’un réel m minore A, ou que m est un minorant de A, si

∀x ∈ A, m ≤ x.

Notons donc que si m est un minorant de A et il existe un réel m’ tel que m’ ≤ m, alors m’
est aussi un minorant de A.

Si l’ensemble des minorants de A est non vide, on dit que A est minoré.

– On dit que A est borné si A est majoré et minoré.


1 1 1
Exemple : 𝐴 = { , 𝑛 ∈ ℕ∗ } = {1, , , … . }.
𝑛 2 3

1
∀ 𝑛 ∈ ℕ∗ , 𝑛 ≥ 1 et donc 0 < ≤ 1, ∀ 𝑛 ∈ ℕ∗ . Donc A est majoré par 1 et minoré par 0.
𝑛
D’où A est borné.

Vous aimerez peut-être aussi